Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-05-20
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 mai 1852 20 mai 1852
Description : 1852/05/20 (Numéro 141). 1852/05/20 (Numéro 141).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 141.
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au tableau qui sera puMié.4aiis le joarna!,
les 10 e «• de ohaquff mol*.
Lu Rionmmsns datent de* 1" et 16
de chaque, omit, ■
Bl'RfSJkflX. Ae Wal&ls iPalal^Boyal), n* fd.
B 1852.-JEUDI 20 MAI.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UMYEÏISEL
..... ..... ^ -v - f - • ^ •• i- ■ . : ■- ... ■- ... i ;
S'adresser, franco, .pcwr la rédaction, dftl. C cçhevax -G laeignt^ r'iehcttlir en cht>,1 i On s'abonne, dam les'dêpartemens, aux Messagerie» et aux Directions depo&tr-A Laiiim, tkex MMï Côwiî et FiisT I
L bï article» déposé» m «odt pas rendus! ^ - | - } < ^AStrasb
• l
JB'adretter, franco^ pour FadminittratiaRyâ M. D en MM, directeur.
Les annonces sont reçue» au bureau du Journal; et ohexM.PANlS, régisseur, 10, place de la Eoorsé
PARIS, 19 MAI.
La mort de M. Pinelli a eu pour consé
quence immédiate une crise ministérielle en
Piémont. Ainsi se trouvent justifiés les re
grets unanimes qui ont accueilli la fin pçéÀ
njaturée de cet homipe. distingué, d'un ca
ractère libéral et conciliant, sincèrement-dé
voué à son roi et a son pays, et qui faisait
tourner au profit de l'Etat sa légitime popu
larité.
La chambre des députés de Turin est
divisée 'en ' quatre fractions, la première
est la droite," formée des hommes op
posés par principe au régime constitua,
tionnel et qui regrettent la monarchie ab
solue. Tout.récemment encore le "comte
Solar de la Margherita s'est rendu l'organo
des vues de es parti dans une hrochiire qui
a eu au-delà des Alpes le pluS' grand re
tenti ssemen t. La droite ne compté. gué
quelques voix dans la chambre. Le centre
droit en est au contraire la fraction la
plus nombreuse, sans être assez fort pour
faire à lui seul une majorité.; II recon
naissait peur ehef M. Pinelli: Il se com
pose de tous les hommes Çui sont dévoués
aux principes constitutionnel-» età la mai
son-de Savoie, mais qui,- sans cacher leUrg
sympathies pour la liberté italienne, font
passer avant tout l'affermissement du : Sta-
tuto et de la monarchie piémontaise. Us
voient dans le rétablissement des finan
ces, dans le développement'de la prospérité
intérieure, dans la bonne harmonie >aveb les
puissances étrangères, dans ' là paix ' en im
mot, une nécessité indispensable pour le
Piémont. Us-sont donc opposés à toute pro
pagande, à'toute politique qui, en éveillant
les inquiétudes de l'Àutriçhe et les défiances •
de l'Europe jP Ourrait compromettre dé nout-
veau la trâ^tillrté et' les liberté^ de -Heur
pays. ' : ■■■■•■ ■
Le centre gauche se déclare également dé- j
voué aux principes constitutionnels; 1 mais
dans ce'parti, il est de règle de ne pas se di- ;
re Piémoatais , on s'intitule Italien. On se,
prétend plus royaliste " que le centre droit, ^
parce qu'on rêve pour la maison de Savoie
la monarchie italienne. L'état de chose actuel
n'est qu'une-étape vers la délivrahçécomplè-
/ te de i'Italie j c'est à cé but ultérieur qu'il
faut sacrifier le présent. Il importe doije peu
d'obérer.les finances du paj's pour l'e»tfe|je,n. v
d'une armée trop consi'lérahle ;:.,L'ésfentid i
est-de se tenir toujoursprêtàentrerenlutte;
toute la'politique doit'tendre à entretenir \
dans, l'es cœurs italiens la perspective d'u
ne revanche de. 1848. Secours, aux réfu
giée, naturalisation des proscrits, démonstra
tions à lai tribune.et dans if*,pressé, * tout cé
qui peut éveiller: les- susceptibilités autri
chiennes est' regardé comme de bènne guer
re" par le .centre, |auçhe.',;Ce^ parti a pour *
chef l'avocat Urbano Rattazzi. On se souvient
que M. Rattaz^i fut avec MM. Tecchio >1 Si-
ne'o l'ame du ministère, qui, fentrjtfpà le Pié
mont dans sa seconde guerre avec V Autri
che et qui pTtfvocrua feiîisi le désastre de No-
:•* • ; ; M » Tare. , : : ... . . .. ... ■ •
La gauche, dont .MM. Valerio et Brofferio.
sent ■ les" orateursj ne - compte que quelques
membres,? doftt"l , miiqué : ëtùde fcsijIç'p'aroT '
dw la • Montagne (ie la dernière Assemblée-
législative. Oriy est républicain, voire'roême
• - - - » ■- . wnil-' -:-v>
membres de ce partidéclarait, il y quelques
joijrs,qu'il avaitppur principe de yotercontrê
tous lés impôts^ quelle qu^.eu fût la natur ; e ;
mais ces mêmes hommes qui refusent systé-
mStiquemt'nt àu'pduvoir lés moyens dè goû-
•ve£n^r, spnt préts a déclaré/ la guerre à
l'Europe entière ! ' . •v'1.
4 Le ministère'de M;'d'Azfglio a toujours
trouvé dans le centre droit un appui" iné-
tranlabl& ÊL IltMJIi, pu être mi
nistre, avait préféré le poste de président
de la chambre des députés; et il employait
à fortifier le pouvoir son influence per
sonnelle, qui ' était très grands?, et celle
iqu'il devait à son éœinente position. Néan-
inais le cabinet* n'avait pas une majorité i
assez assurée pour n'être pas obligé de sou- !
tenir des luttes très vives et très acharhéesau
sein du parlement : c'est là ce qui décida
M. d'Azeglio à s'adjoindre le comte Ca-
jmille Gavour. M. Cavour est un des hom
mes les plus distingués du Piémont; spirituel,
instruit , éloquent , ^ infatigable au travail,
(l'une activité extrême, il a beaucoup des
qualités d'un homme d'Etat. 11 n'était pas
Seulement le fondateur du Risorgîmento de
Turin, il en était aussi le rédacteur prin
cipal, et il en avait fait le journal le plus
lu et le plus inflûenfdu Piémont. Au sein
de la chambre des députés, M. Cavour était
iéavec le centre gauche, mais il marqua
)ientôt une tendance à se rapprocher du
:entre droit, et le jour où il entradans le ca
binet avec le portefeuille de la marine, le
Risargimento devint lo défenseur le plus ha
bile et le plus résdlu du ministère. '
M. Cavour, indépendamment de sa valeur,
personnelle, apportait aiTministère un ap-
pomt important. Il était demeuré en rela
tions avec un certain nombre des députés
du centre gauche, et avec M. Ratazzi lui-mê
me ; il servit de lien entre les deux centres,
ét son intervention assura une majorité au
çabinet dans toutes les questions de politique
Intérieure. La position de M. Cavour s'en for
tifia d'autant,- et le jour où il désira échanger
le porteféùille de la marine contre celui des
ènances, M. d'Azeglio ne put le lui refuser,
è'est ainsi que M. Cavour; partisan décidé
<^u libre-échange, a pu meltré en pratique
ses théories commerciales dans une série de
traités avec les grandes puissances. Le cen-
tre' gauche'a'Voté ces traités par sympathie
pour le ministre . qu'il ; regardé comme son
précurseur aux affaires; le centre droit s'y
«st résigné pour ne pas compromettreTexis-
"itence du tabinet. ; ... "
t M. Cavour était tenu en échec, au sein.du
gouvernêment; pat l'influence de;MÏ Pinelli,
îchvfMre' persévérant ,'de.la pôiii^que. pro
pagandiste dàH. Rattâzzi ; ; fnai?, depuis la
ijaort de M. Pirillli ï l'ambition du jeune mi
nistre s'est trouvée sans contrepoids. M. Rat
tâzzi'^ aspiré ouvertement à remplacer son
^ncien: antagoniste dans la présidence de la
chûtnbve'dos députés,' et' pour prix des ser
vices "que ses amis'.ayâiçnt rendue* à M.'
avour,. il a demandé l'appui du ministre
es finaneçs. Le centre droit a voté ens masse
ouf M. Boncompagnï, la droite à^èrdu ses
oix; et M. Ratazzi, qui avait pour lui le centra
gauche et quelques amis de M. Cavour, a pas-
^é au troisième tour de scrutin, parce que la
gauche areporté sûr lui les voix qu'elle avait'
d'abord données à M. Tecchio. .
, M, d'A?eglio a immédiatement donné sa
Rémission. Il a vu avec raison un échec dans
l'élection de M. Ratazzi. C'est à l'aide des
^otï radicales ! qu'on lui imposait lé chef
e l'opposition. Cette majorité, qui s'é.-
it formée sur .un nom, propre, pouvait,
se former également sur des questions
politiques , et il'dépendrait de 14- Çavour
de faire- la loi à ses collègues en «'unissant
âi M. Rattazzi/ Les autres ministres ont suivi
l'exemple de M. d'Azeglio, et 1 M. Cavour a
c|éposè.IjiiVmême /spii portefeuillé, inàis en
açssurant, qu'il voulait avant tout déterminer
là. d'Azeglio à gatder le'pouvoir. ' 1 :
' Nous verrioîis avec là plus grande peine
' M- d'Azeglio quitter les affaires:- Quoique ses
souffrances, ne lui permettent de prendre
- qu'une î>art très restreinte aux débats parler
mentaires, son nom seul est ulie'garantit
¥
-pour l'Europe et pour le Piémont. Personne,*-
ne^peut mettre en doute la fidélité de' c£F
"héroïque soldat de la liberté iaux convictions
de foute sa vie, et sa loyauté est également
au-dessus de toute atteinte. M. d'Azeglio '
premier ministre, cela veut dire pour tout le
monde que la foi des traités sera respectée,
qu'auc«ne tentative ne sera faite pour trou- '
bler la paix de l'Europe, que la Charte du
Piémont sera exécutée, et que ce petit Etat
continuera à marcher dars les voira d'unj
sâge liberté. '
Le nom seul de M. d'Azeglio est donc line
foree pour le gouvernement dont il fait par
tie; et tous ceux qui désirent l'affermissement
des idées libérales doivent faire des vœux pour '
qiie le roi de Sirdaigne refusela démission de .
M; d'Azeglio. Mais on doit reconnaître avec le-l
RisorgimentOy qui sô sépare nettement de son
ancien fondateur, que M. Rattazzi président ,
de la chambre, ou M. Rattazzi ministre, c'est
tout un.' Le pouvoir doit aller où est la ma
jorité; Tout dépend donc de cè que fera
M. Cavour.
Si M. Cavour est ambitieux, s'il veut par
dessus tout être premier ministre, il re
fusera d'abandonner M. Rattazzi ni de lui ;
demander aueune concession. M. d'Azeglioet
ses collègues se retireront alçr Sj et M. C avQu r,
sera maître de forcâer, de concert avec M.
Rattazzi, un cabinet dont la présidence lui
revientincontestablement. ÎJousnedisonspas
qu'un tel cabinet soit impossible, ni même
qu'il soit bien dangereux; M. 1 Cavour a trop
d'honneur pour être jamais révolutionnaire,
et M. Ratlazzj lui-même a fait bien du che
min depuis qu'il s'est séparé de M; Tecchio;
mais ce eabinet nouveau n'aura, ni en Pié
mont, ni en Europe, l'autorité morale dont',
celui de M. d'Azeglio était investi, et qui a
été si profitable à'la Sardaîgne.
' Un tel'ministère ne sauraitse borner à con
tinuer l'œuvre de M. d'Azeglio sans démentir
son origine ; il ne saurait même subsister
qu'en inclinant de plus en plus vers la gau
che ; et chaque'pas de ce côté dimiùueraitles
sympathies qu'il;rencontrerait à l'intérieur
ët au dehors. Il ne tarderait pas à ouvrir
jour lë^Pi'émonf la.carrière des crises mi- »
nistériellës, des' remânîemens et des agi-,
talions sans fin. Une tellé perspective doit
donner à réfléchir à M. Cavour et à M. Rat-
iazzi'lui : m^me. Evidemment, ce n'est-pas ■
entrer au pouvoir par une bonne porte. M. ;
Rattazzi, qui est un esprit vif et distingué, '
qûf "a, ùne belle carrière devant* lui, ' et "
à - qui- les enseignemens du- passé ont ■
qiies qu'il court en acceptant trop tôt une *
part du pouvoir» Le Risorgimento lui de- '
mande de répudier la couleur révolution- '
pairé' que l'appui de la gauche a donné à son |
élection, et de faire une déclaration de prin
cipes qui rassure 1® parti conservateur. Cette ;
déclaration pourrait seule déterminer M. \
d'Azeglio à revenir sur sadémissjon.' La conr
duitede M. Cavour eât donc*toule tracée?
»u obtenir une déclaration de M. Rat -
tazzi, ou suivre^Ms^'Azeglio dans sa retrai
te* s'il ne fait ni ï'un ni l'autre, c'est qu'il y ,'
a çhe^ lui parti pris de sacrifier seà collègues ;
à i'ambition d'être premier ministre. > i
■ CCÊtlEYAt-CUIllGNT.'.
La dépêche télégraphique suivante est ar
rivée aujourd'hui à Paris/ à deux heures :
- ' « Turin,,le 17"mai.
» La démis&iun de M. CaYonr èt de ses collèi<
gues tst'acceptée. * '■ ' !
; » M. d'Azeglio & rèçu du xoi'l'ordre de'compo-
ser an nouveap cibinét.»' *'
Il nous est arrivé fréquemment d'insister
sur la nécêesvté d'organiser, poiir le service
de nôtre fltitte," un corps de matelots exer
cés à manifir le, fusil. Dans un article ré- 1
cent où "nous lavons parlé d'une brochure'
nïr sur cette question importante. Des ob
jections étaient élevées contré l'introduction,;
dans le $ein de l'armée de mer, de tr.oupes:
spéciale^, commandées par des offrciers
étrangers à la profession maritime, et dis- 4 ;
tingueesparuauniforme particulier. L'auteur
de la brochure les a écartées en proposant
.de clioisir, parmi les matelots mêmes du
bord, ceux qui paraissent Jes plus aptes à
devenir de bons fusiliers, sans les distinguer -
du reste de l'équipage par aucun^ signe ou
aucun privilège.
Un autre capitaine de vaisseau, le com
mandant du" Èenri-IV, vient dé publier un.
travail où la" même question se. trouve trai
tée avec de nouveaux développement Cet
écrit, intitulé : Organisation du Personnel à
bord, tend à démontrer une vérité que l'ex
périence de chaque jour constate, et dont on
ne saurait trop se pénétrer, c'est que le ma
rin, pas plus que le soldat, n'est un homme
universel, et qu'on ne saurait dèmander rai
sonnablement au même individu de se dis
tinguer à la fois comme gabier, dans la ma
nœuvre d'un navire; comme canonnier, dans
le chargement et le pointage d'une pièce ;
comme fusilier, dans le tir du fusil et dans
certains exercices d'infanterie.
Onnedemande pourtant rien de moins que
ces aptitudes diverses à chacun des marins
employés au servjce de l'Etat.JL'ordonnaiiçe,
du 11 octobre'1836, rendue pourTôrganisa-
tiondece qu'on appelle : les équipages de
ligne, porte que tous les marins, soit qu'ils*
proviennent ae l'inscription maritime, du
recrutement ou des engagemens volontaires,
seront exercés indistinctement, aux travaux
d'armement, de garnitures et de mouvemens
des bâtimens; au canonnage, au maniement
du fusil et aux manœuvres d'infanterie. C'est
beaucoup trop; Quand bien même les ma
telots embarqués Se livreraieût' sans au 1 - ;
cune répugnance à tous ces exercices in
distinctement, ils ne parviendraient pas à s'y
perfectionner, parce que c'est embrasser trop
d'études à la fois. Mais en outre, il existe
chez les hommes qui composent l'équipage
d'un bâtiment des répugnances presque in
vincibles pour telje eu telle partie du servi
ce. Le gabier a la plus.vive antipathie contre
les manœuvres d'infanterie; au contraire
l'homme "qui provient du recrutement mon
tre beaucoup plus de goût pour l'exercice -
du fusil que pour le service des hunes. Ce
sont des instincts dont il faut tenir compte
et dont on peut tirer partit.
L'ordonnance sur ^organisation des équi-,
, pages de ligne n'inspire évidemmentiaueuh
enthousiasme au commandant du Henri-1 V\ ■ »
M. le comte de Gueydon croit-qu'on a com
mis une erreur en assimilant le corps des
ae.
sme
service, ceux-là "ont" au contraire des fonc
tions multiples. L'équipage d'un bâtiment
est, à lui seul, un petit corps d'armée qui
comprend artillerie, -infanterie, et manœu
vres das voiles. Or, personne n'a j'amais son
gé, dans L'armée de terre, à exiger d'un fan
tassin, qu'il se rende également propre à
servir les canons, ; à monter à cheval, et à
mettre en prati que" les préceptes de l'école du
peloton. On adivisé nos troupes en artilleurs,
cavaliers, fantassins,chargés chacun d'un ser
vice spécial. Il doit en être ainsi dans l'armée
de mer- Que "le gabier se perfectionne dans
la;manœuvre des voiles; que le canonnière
marin acquière cette justesse de tir si difficile
à obtenir sur un élément mobile comme la
mer ; que le matelot demandé à la conscrip
tion, et venant de l'intérieur, apprenne à faire
avec.'calme un usage sûr decefiisil que tout
Français manie, di^'on, d'instinct. 'On déter
minera ainsi le plus 'grand développement
possibl^des facultés de chacun, etles diverses
parties .du-service se trôuveront remplies
avec une égale supériorité, "i
1 Est-ce à dire qu'il, convienne, de diviser
l'équipage en .groupes tellement distincts
que chacun se cantonne dans sa ' spécialité?
Non, cert' s. Le,nombre des hommes à bord ,
d'un bâtiment- est trop peu considérable
pour que- tous les bras, en certaines occa-
i sions, ne soient pas-employés au même gen-
re de manœuvre. Seulement; il convient que
! les heimmes, suivant la spécialité* laquelle
! ils" doivent être ' "réservés, dirigent ceux qui
auront été exercés plus particulièrement dans
i une'autre partie du serviee. «S'agit-il, dit M.
' Gueydon,demanœavrer les veîW les ga biers ,,
hommes de là spécial ité, rem plîSserrtiùû'CSIrS"
; fonctions importantes, et les canonniers, les
; fusiliers ouautres ne sont employés que com
me auxiliaires. S'agit-ilde manœuvrer les ca
rions îles canonniers chargent et pointent; les
autres homme» ne font que rouler les pièces.
S'agit-il d'opérer une descente? les fusiliers
deviennent à leur tour les hommes essentiels
et encadrent les gabiers, canonniers ou autres
qui leur apportent ce qui leur manque t la
force du nombre. .Chacun enfin, doit être, à
son .tour, et suivant les exigences du moment,
la tête ou le bras. » ' .
Une partie du travail de M. de Gueydon est
consacrée à déterminer le nombre des hom
mes de chaque spécialité qu'il convient d'em
barquer en proportion de la force totale des
équipages. L'auteur entre, à ce sujet, dans
des développemens intelligibles seulement
piour les hommes du métier, et-qui ne se
raient pas ici à leur place. Mais les offi
ciers tels que le commandant du Henri-IV<
écrivent moins pour émouvoir l'esprit pu
blic que pour attirer l'attention de l'auto
rité sur les améliorations qu'ils ont conçues.
Les pages de sa brochure qui ne s'adressent
pas au commun des lecteurs seront'lues avec
profit par ceux qui, à tous les degrés de la
hiérarchie , exercent une action quelcon--
que sur les destinées de la marine. "»
< Dans l'état actuel, les marins levés pour le,
service de la flotte, sont, à leur arrivée au
port, incorporés dans une compagnie des
équipages de ligne et exercés tantôt à terre,
tantôt à bord de bâtimens spécialement af
fectés à leur instruction. M.' de Gueydon
voudrait que ce système fût abandonné et
que les marins fussent répartis dans des éco
les de gabiers, de fusiliers et de eanonniers,
selon l'aptitude qu'ils montreraient pour
■l'uA ou l'autre de ces services. Le gouverne
ment a déjà établi, d'abord sur une corvet
te, ensuite sur une frégate, une école de ca
nonniers qui a forme de bons pointeurs :
c'est une épreuve qu'il faudrait généraliser.
En ce qui concerne les fusiliers; il est d'au
tant plus nécessaire de prendre de promptes
mesures, que la flotte, où se trouvent en
grand nombre "des gabiers et des canonniers
habiles, manque totalement d'hommes exer
cés au maniement du fùSil et aux manœu
vres d'infanterie; Cependant l'invention des
bâtimens à vapeur rendra de plus en plus
fréquens, dans les guerres maritimes, les
abordages et les débarquemens ; dans les,
deux cas, il est nécessaire que nos comman-
dans disposent d'une bonne irifanteïie capa
ble d'opposer à l'ennemi un front solide; et-
de le déconcerter par des feux réguliers et
bien dirigés, La marine àvvapeur donna de
grands avantages à.une puissance? comme
la France, qui n'a qu'un nombre insuffisant
(3e vrais matelots. La vapeur peut remplir,
dans nus armées navales,le même dïïïcé que
pes grapins de fer inventés par les Romains
pour combattre sur' mer leurs ennemis les
plus redoutables : les Carthaginois. "Sachons
d'avance mettre à profit cette révolution
opérée dans l'art de la navigation. ! Np nous
bornons pas à une stérile imitation des autres
peuples. Nous n'avons pas besoin, Dieu merci,.
comme les Américains,de soldats à bord de nos
bâtimens pour maintenir la discipline parmi
les équipages. Approprions à la fois nos ins
titutions maritimes au génie de la nation et
fiux progrès de la - science navale. Tel est le
double caractère des propositions contenues
dans l'écrit de M. de Gueydon. C'est ce qui
nous a. portés à. l'analyser. : denaih.
> • • • .- . »•
' Nous sfvons reçu la lettre suivante :
' -Parig, le 18 mai 18S2.
! À Monsieur le rédacteur en chef du Constitu
tionnel. ; > 1 1 '
< Monsieur^ ' ; i
3e lis dans le Constitutionnel de ce jour, un »r-
(iele où woa nom se trouve mêlé de Ja plus indi
gne manière à des faits que je déelare complète-
taent eontrouvÉs 1 . Jamais je n'ai-assisté à-la réu-
nion aux Tuileries dont'parle cet article', et j'af
firme qu'à ma connaissance ri 'ri de semblable n'a"
èxifetéi'-Quant, au rôle de dénonciateur qu'on me
fait jouer en sortant de cetté réunion, je ne dirai
qu'un mot, c'est une infâme calomnie dont ma
vie entière suffit à me défendre. D'ailleurs, je l'a
jouterai, tant d'audace dans lîinjure, d'emporte
ment dans l'outrage, nuit .à la cause qu'on pré-
! tend servir. La France n'oublie guère les ser
vi cos.- qu'an lui.retod, Biais si die pouvait ces-
' ser d3 sê les raptieler, l'insulte et'le dénigrement-
s effrépés en feraient à l'instant revivre le souvenir 1
dans sa mémoire et dans son cœur. Ce n'est paf
certes de moi ni de ma carrière que je viens par
ler ainsi ; ce sont les réflexions qu'a fait surgir-
dans mon ame la lecture de l'article intitulé :>
i/. Changftrnier et M. de La Morictère.
. .Je vous prie, Monsieur le rédacteur en chef,
d'insérer cette lettre 4ans votre plus prochain nu
méro. - I
j'ai l'honneur d'être votre très humble T
e,t obéissantsServiteur, molê. -
Il y a deux choses - dans " cette lettre : Des
injures et une dénégation; • .
M. le comte Molé est dans une de ces si
tuations où l'on est bien forcé de tolérer, de
sa part, toutes les exagérations d'injures; et
h c'est pour cela peut-être qu'il a tort dè se les;
' permettre. . .;!
Quant à la dénégation, il y aurait une fa?
çon fort simple et fort pSremptoire d'y ré-,
pondre : .
Ce serait de nommer le personnage, fort,
intéressé dans le débat, auquel M. le comte
Molé a porté sa révélation, et de direqùfl'
jôur, à quelle heure et dan-? quel salon cette
•révélation a été faite. — Entre ces deux af
firmations et ces deux noms, le public j u-
gerait. ' ,
, Nous croyons néanmoins qu'il y a une
ananière encore plus simple et tout à fait '
suffisante de répondre à M. le comte Aloléj
^ c'est de lui dire qu'il a bien peu de mé
moire! GRANIER DE CASSAGNA6.
Yénte de la galerie de Tableaux
DU MARÉCHAL SOULT.
, (PREJIIÈHE JOURNEE.) i
■ C'est aujourd'hui dans la salle Lebrun, rue du '
Sentier, qu'a commencé la vehté dé la magnifique :
galerie du maréchal Soult. On sait ique e^tte gale
rie était sugout célèbre par uiLgrand nombre de
tableaux appartenant à Pénale espagnole. Hors de '>
l'Espagne, elle.était.la. seûle, parmi-les musées
bomme parmi les collections particulières,'qui ren
fermât autant d'œuvres des grands maîtres de cette
école. On y comptait quinze_tableaux de Mnritlo,
parmi lesquels des chefs-d'œuvre, comme la Con
ception, le Saint. Pierre aux liens, la Fuite en
Egypte, .la Nativité deHa Vierge, etc., etc.; -dix-
huit de Zurbaran, sept'd'Âlonzo'Can^i, deux toiles
capitaUs de Fernandez de Navarette et d'Herrcra-
le-Yieux, et un çbef-d'œuvre de Moratè?, surnom-
pié le Divin. L'école italienne y était représentée
par un Christ-magnifique de Sébastien dcl Piombo
èt par le Denier dé César du Titien,
i Pendant les derniers jours, le .public s'est press é
enfouie à l'exposition de cette galerie dont les
tableaux allaient ' être disséminés. Les amateurs
Venaient les admirer une dernière fois. Les ache
teurs cherchaient 1i les estimer, et l'on remarquait,
parmi les pretendans, un certain nombre d'étran
gers accourus tout exprès des différentes parties
de l'Europe. t
i L33 portes de la salle Lebrun ont été ouvertes
aujourd'hui à une heure tt demie. Mais une
queue s'était.formée longtemps à l'avance, abso- !>
lument comme un jour de grande représentation
à l'Opéra, et elle était rangée sur le trottoir le
iohg de la riie du Sentier, Aussitôt que le public
été admis', il y a eu irruption , et la salle a tté
pvahiç en, moins d'une demi-heure..Toutes les
précautions ^avaient d'ailleurs été prises -pour
inaintenir' l'ordre, et le silence s'est établi de lui-
tnème lorsque le commissaire-priseur, M. Bonne-
Ions Lavialle a annoncé,, à deux heures, le coie-
naencement de la vente.
' Parmi les tibleaux qui ont été mis aujourd'hui
& l'enchère, nous citerons Sabord trois toiles d'A-
lonzo Gano, toutes les trois de petite dimension,
et dont les sujets sont tirés de l'Apocalypse. La
de Saint-Jean apercevant l'agneau céleste
k été' payée S,280 fr.; la Vision 3e Saint-Jean '■
çontemplant le Père Eternel dans sa gloire, 3,700
francs, Mais le prix p|us élevé a été atteint par la
Vision de Saint-Jean enlevé' sur. une haute mon
tagne par un ange qui lui montre la Jérusalem
çéleste. Ce tableau, que deux amateurs se sont vi- '
Vement disputé, a été adjugé 12,000 fr. On se de-
(nande, enîprégeÈce de 'ce dernier prix, combien
Sera payé' l'Evêqui donnant la eommunion à une
jeune fille, oeuvre charmante d'Alonzo Cane, qui
FECflXÏTOS JDTj 'ÇONSTîrC^ôîil^^ |0 iAl. j!
AC-DESSCS Dp LAMEJÎ.
f , ' ■ - - .hmmmrnmmm- - -■ f
"«• - ■ "J j! Ï ' v .,
PSGBD1S VOX.OMB.
: IJISE; îsÈpiiqTiQîî..
-'J-,:?',. : *■ : t~y ' »- Xf à î-" • -
Pendant mon séjoùr à Rome; ©n s'occupait
dans le nlcfnde diplomatfq d'une aventure
arrivée peu de temps auparavant'à Un prince
étranger, un dompatriote'à vbUs/Mehsiêut'lff
conseiller, héritier présomptifrf'uiifedespriri-
cipaûtéslilliputiennes de votr»'Confédération
"germanique,'cotniâe celui "doint vous avez
eu l'honneur de faire 1-éducation. Jê vous
demande la grâce de' taire son nom, qui ne
m'a 1 été confié que sous le sceau dusecretv
Vous compreneiz qûèf'té ne "Veux «pas risquer
de me brouîllèr avee desi hautes puissances:
Tout ce que je puis dire, c'est que l'altesse
sérénissime dont il est qu» 6tion, se nommait '
Rodolphe,^cdinme tous les Allemands. '- '"
Le prince Rodolphe avait vingt ans'; mais
otf ne lui en' aurait pas donné seize,.tant il
était peu développé. On eût dit une fille dé
guisée en garçon .'Il avait les cheveux -blonds,
les yeux bleui,>le' teint rosé et blanc; Bien
fait du reste, quoiqu'un peu gauche; très
timide, très modeste, un peu' triste, parlant ■
à peine ; rougissant comme uûe demoiselle,
et- n'ayant, jusqu'alors, connu l'amour que
dans les auteurs; au demeurant, 1 an excellent;
jeune homme»*' : -> n-; ;: '
Il avait 'été parfaitement élevé, savait par
cœur ses classiques 1 , et venait en Italie iponr-
complé'iteF^driiéduftition. Il én était à sonpré-
mier voyage, et c'était* ^première foffe qu'il 1
quittait la cour de son père où la princesse
sa mère Tarait.:couvé soùasoh aile comme
un poussin. Il était accompagné de son gou-
augustes pa'rens; :
! Le prince demeurait à Rome, cpmme tout
1$ monde, sur la placé d'Espagne, sorte de
Square européen où l'on se donne rendt z-
vouâ des quatre points cardinaux, et où l'on
parle toutes 1 les langues, ll'vivaii fort retiré.
Accompagné partout.de son gouverneur, de
son fidus Achates — pardonj comtesse, c'est
du latin, mais c'est ainsi qu'ill'avait baptisée
ai èoûvenir du fidèje compagnon d'Enee, —
il passait toutes ses journées dans les Musées,
dans 'les galeries," au"-milieu des ruinés,
voyant tout, notant tout, croquait tout;
il employait ses' soirées à remémorer ses,
journées, et rédigeait le' journal le 1 plus cohs-
'cietcieuxTjue jamaiss touriste ait écrit. ' *
" . J'ai trôp présënte'ala mehioirél'inquiétude
que. la' comtesse a manifestée' au colonel Ru-
®ntz, à proposdès riiiiies'd'Anféddnia, pour
d'en pas faire mon profit; je jure ici solennelle
ment,par tous les dieux de l'Olympe, et par
tous les saints duParadis, quebien qu'à Rome
je sauterai à pieds'joints par dessus le cha
pitre des antiquités. J'en suis moi-même
tellement sature,.j'ai été si impitoyablement
Îierséçuté, d'uh hoùt à l'autre de l'Italie, par
ps'antiquaires' et, leurs, éfernejs avartzi, que.
je syhapiilliists à l'effroi" d'aulrui: 3'espère,
Madamé," que cette' déclaration de principes
dsf dé naturé à vous rassurer et qu'elle me
conciliera votre indulgence." * *
i — : Je ne prends aùcnn engagement, dit la
comtesse; on verra plus tard cé, qu'on aura
faire. Mais revenons, s'il.tous pl^ît, à votre
blond Rodolphe.
j — Mon blond Rodolphe ne fréquentait, ut
encore à de longs intervalles; par convenance
plus,que par goût, que'que.iques'salo'ns di-
plôbjâtiques. Comme il n'y a pas de. cour à
Romé, ce sont les ambassadeurs qui en tien
nent'Ijeu. Son gouverneur obéîssait en cela
sjux'injonctions particulières de là mère de
sop él.ere. La prinpesse était une femme sé
vère, de foceurs antiques, et qui avait nourri
$on fils dans un? austérité égale à: la sjpnne;
çllg avait renepptré danâ.lç préœçteur p^aoé
aui rès de lui un' homme "entièremént con- s
forme à' sej- yues. Tous deux', à l'envi,
avaient inspiré au "jeune homme le res- ;
pect et la pratique absolue du septième
commandement,'et tousles deux, la mere sur
tout, redoutaient pour lui, comme. l'enfer,.
des terribles : Italiennes, que la princesse se.
représentait , .du fond de fon Allemagne,
comme des anges de perdition.-Qu'une seule
attachât sur son fils ses noires' prunelles, et'
c'en était fait de lui*. '
I Le gouverneur partageait ces préjugés, ces ,
terreurs ; autant de ; soq propre mouve
ment que p&ur'se conformer aux, instruc
tions maternélles,' il entourait son élève d'un
véritable cordon sanitaire etl'éloiguait de tou
tes' les "màisprii du pays," â moins que ce ne 1
fussent des prélats ou des cardinaux ; si bien
! que Rodolphe n'avait pas adressé la parole à
une seule femme depuis qu'il était à Rome.
Jamais fille à marier ne fut surveillée par
urie mère dévote avec plus de sollicitude et
de rigueur. Ce gouverneur pouvait- être un '
fort savant professeur, mais il savait mieux
ce qui se passait à Rôme au siècle d'Auguste
que cé qui s'y passait soùs ses propres yeux;
il déchiffrait eonramment-un texte, une ins-r
cription"; mais lé cœur humain était livre
clos pour lui, et le monde un pays inconnu; .
i) ignoraii les .hommes et surtout les fem-
ihès. " * '
I Rome offre tant de ressources à ceux qui ;
aiment les.arts, et qui n'ont pas peur des an-
, tîq'uités^ que l'on s'y passe à merveille de la
société. On' court tout le jour, on rentre au
. lpgls,harassé, et le soir on n'a besoin que de
repos. Lelçndemain on recommence,, et l'on i
peut faire ce métier-là des mois, des années, !
domine cet Anglais de "ma connaissance
qui était venu, à Rsme pour y passer un,
mois, et qui y est encore aujourd'hui après
tingt-deux ans. Ajoutez à cela, s'il vous ,
plàît, qu'il s'est fait païen, mais païen prati- >
quant et.convaincu. J'ai vu dans son oratoire;
un fort beau Jyipiter, auquel il adresse, soir
et'matin, seS prières et ses sacrifices. C'est la,'
premièrè fois, j'imagine, que Jupiter, est in-,
toqué dans la lan^^ç ;dt) }prd Byron,; '
Sans,pousser jusque-là le fanatisme del'an-
/tiquité, le .Télémaque allemand et son sage
s Mentor vivaient tout entiers dans le commerce
sdes anciens, etpà la religion près, aux mœufs
■aussi, il faut le dire pour être juste, tou-
ites leurs occupations,"'toutes leurs ad-
'mirations étaient, exclusivement païennes.,
i Vous sayez' tous, puisque vous avez été à
'Rome, que la plaie delà ville éternelle est la
classe innombrable desciceroni. Nuit et jour
embusqués sur le passage des étrangers, ils
•les détroussent le mieux du inonde sous pré-
i texte d'archéologie ; il y en a pour toutes les
•bourses et pour tous les, rangs, depuis le
«pauvre diable à quelques pauls.par jour, jus-
f qu'aux Nibby et aux Féa, ces deux rivaux
I acharnés, qui font payer cher leur prétendu
\ savoir et. leur rivalité. J'avais pris Féa ; ym '
fdè mes amis avait pris Nibby; nous nous
rencontràn)es un jour au Colysée et là, à
i propos du niveau de l'ancien pavé, les hos
tilités commencèrent/à 4el point que,., sans
notre intervention, ces messieurs.en seraient
venus aux mains, ni plus ni moins que deux
fd< hini du temple d'Antonin.
Le cicérone échu en partage au jeune
I prince, — car personne n'échappe au fléau
icommun,—était un signpr Galeotto, dont le.j
rôle était bien facile et se bornait à celui
d'un simple guide, attendu que legouver-
' neur de Rodolphe en aurait remontré à tous
; les antiquaires de Rome et savait par cœur,
même avant d'y ' arriver, sa ville aux Sept-
Collines. Il disait : A tel endroit il y a .telle
; pierre, et sur cette pierre telle inscription.
— On y allait : la pierre et. l'insCription se
i.: ! " »•! ■ 4 » t 1 r. • ' >
1 trouvaient juste au point qu'ilavail désigné.
Signor Galéotto, pendez-vous 1 Avec d^, pa
reils cliens on va droit à l'hôpital,., . ;
Cependant Galéotto ne se pendait pas ; il
employait rtiieux son temps ; n'ayant rien à
, faire, puisque sa charge était une sinécure,
; il se.mit à observer et a réfléchir ; tandis que
les deux étrangers étudiaient les pierres, il
étudiait, lui, les dèux étrangers. Il ne ! fut
. pas long-temps sans doute à les juger, à lés
connaître ; il devina -l'inexpérience pratique
du .docte allemand; l'innocence, fabulçns^ à
. ^ j ,
Rome, de ce beau jeune homme dé vingt
ans, qui était riqhe, qui était prince, prince
souverain, et avec,cette pénétration italienne,
à laquelle rien n'échappa, il comprit que
tant d'innocence était le fruit de l'éducation
plus que de la nature. Si le gouverneur
en. çût.-remontré à bien d'autres qu'à Ga
léotto en matière d'autiquités, Galéotto en
eût remontré en sagacité, en diplomatie,
non pas au gouverneur seulement, mais a
Machiavel lui-même. C'était un de ces Ita
liens madrés qui mettent en pratique ce pro^-
verbe de leur natiop : J .-
Conarte tt eoh inganno,
î t Si vive'mezzo Vanno ■ •
< : : Con ingmno e coh a/rte, ih !
} . Si vive l'ultra parte. s _» :
< Il songea tout de suite à utiliser sa, décou-
yerte à son profit, ne fût-ce que pour rem
plir ses loisirs et ses poches. Il se proposa,
en un mot, de terminer l'éducation du prin
ce, ou, pour mieux diré, de la commencer,
quant à la partie que sa mère çt son précep
teur avaient systématiquement négligée. Son
plan une fois arrêté, il prit la ehose de loin,
Galéotto, et, changeant de rôle mentalement
avec la souplesse d'un insaisissable Protée,
d'antiquaire il se fit./, serpent. Il marcha
dès-lors à son but comme César Borgia mar
chait au sien.
i II commença par aveugler le gouverneur
à force de flatteries, et il n'en fallut pas beau
coup; le bon. Allemand avait.-trop peu l'ex-
périence du monde et des hommes pour se
douter seulement du piège que lui tendait
l'artificieux Italien; il y tomba.tête baissée et
i... ____ _ '
pas
facile. L'extjpêmè innocence déconcerte l'ex
trême corruption, et ta naïveté véritable est
souvent la plus sure de toutes les égides.
; Galéotto ne changea-point ses manières
avec le prince; il resta vis-à-vis de lui ce
: • • 1 **.» t l f 11.1 . —j-.:-
11 ae plaisait ni né déplaisait ^Rodolphe : il
lui étfiit indifférent. Cependant, à force de ;
l'avoir auprès d? lui, puisqu'il les accompa- ,
Îjnait;dans toutes leurs explorations et toutes
eurs promenades,il avait fini par s'habituer
à lui, comme à une chose qu'on voit tous les -
jours. S'il lui arrivait, une fois par hasard ,
de sortir sans lui, il én faisait la remarque et
demandait :-rOù donc est Galéotto? Galéotto
ne vient-il point?—Clétait "déjà une habitu
de, et beaucoup de moralistes prétendent que
I'hahitudeest le giment unique de tout atta* ,
chement." " , •<
: Galéotto ne parlait pas, mais il agissait.
Grâce à la confiance que le gouverneur avaitea' -
lui, c'était luiiseul qui réglait chaque matin/
à peu près sans contrôle, les courses à faire, ;
les objets à voir," en un mot, le programme
de la journée."En abdiquant le sceptre d'an- :
tiquaire, il avait pris, en manière de com
pensation,la baguette de majordome. Ilchoi-
sissait 'maintenantde préférence les galeries et
les musées où se trouvaient des peintures
et des statues faites pour éveiller au cœur
du jeune bomme des émotions de son âge.:
la Sibylle du palais Borghèse, la Psyché du
Capitole, la Venus victorieuse dé Caaova, la
quelle n'est autre qu'une illustre princesse,
laquelle posa devant l'artiste, onsait dans quel
négligé ; tant d'autres marbres enfin, tant
d'autres toiles où le génie a divinisé la beauté. :
Le gouverneur ne se doutait et ne se dé
fiait de rien ; dans son arùour de l'art pour
|'art, il ne voyait dans tout cela qHe des li
gnes et des couleurs; Rodolphe y voyait à
çon insti davantage : de subites rougeurs lui";
. . . . - w — - c j —mwvuu uu jiu«
échappait, le séducteur jouissait en secret de
son artifice; le lendemain; il redoublait la
dose,etle philtre agissait avec d'autant plus,
de puissance çue personne n'en ayait cons
cience, excepté lui;
Un jour ^u'il le, vit plus troublé que de
coutume, en sortant de je ne sais quelle ga-
Jefie r il le eonduisitj toujours escorté du fi
dèle et iftutiïç A'chate,- chez un statuaire da
m*»:*!»* *" fcttaurèlgssnc...
T aris. .13 *. tas. twùkstsê ^
dspaetemexs. 43 f. v— , •'
NUMÉRO : S® cmuass.-'.: r
roua lbs pats étkakgkbs , 53 reporter ..
au tableau qui sera puMié.4aiis le joarna!,
les 10 e «• de ohaquff mol*.
Lu Rionmmsns datent de* 1" et 16
de chaque, omit, ■
Bl'RfSJkflX. Ae Wal&ls iPalal^Boyal), n* fd.
B 1852.-JEUDI 20 MAI.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UMYEÏISEL
..... ..... ^ -v - f - • ^ •• i- ■ . : ■- ... ■- ... i ;
S'adresser, franco, .pcwr la rédaction, dftl. C cçhevax -G laeignt^ r'iehcttlir en cht>,1 i On s'abonne, dam les'dêpartemens, aux Messagerie» et aux Directions depo&tr-A Laiiim, tkex MMï Côwiî et FiisT I
L bï article» déposé» m «odt pas rendus! ^ - | - } < ^AStrasb
• l
JB'adretter, franco^ pour FadminittratiaRyâ M. D en MM, directeur.
Les annonces sont reçue» au bureau du Journal; et ohexM.PANlS, régisseur, 10, place de la Eoorsé
PARIS, 19 MAI.
La mort de M. Pinelli a eu pour consé
quence immédiate une crise ministérielle en
Piémont. Ainsi se trouvent justifiés les re
grets unanimes qui ont accueilli la fin pçéÀ
njaturée de cet homipe. distingué, d'un ca
ractère libéral et conciliant, sincèrement-dé
voué à son roi et a son pays, et qui faisait
tourner au profit de l'Etat sa légitime popu
larité.
La chambre des députés de Turin est
divisée 'en ' quatre fractions, la première
est la droite," formée des hommes op
posés par principe au régime constitua,
tionnel et qui regrettent la monarchie ab
solue. Tout.récemment encore le "comte
Solar de la Margherita s'est rendu l'organo
des vues de es parti dans une hrochiire qui
a eu au-delà des Alpes le pluS' grand re
tenti ssemen t. La droite ne compté. gué
quelques voix dans la chambre. Le centre
droit en est au contraire la fraction la
plus nombreuse, sans être assez fort pour
faire à lui seul une majorité.; II recon
naissait peur ehef M. Pinelli: Il se com
pose de tous les hommes Çui sont dévoués
aux principes constitutionnel-» età la mai
son-de Savoie, mais qui,- sans cacher leUrg
sympathies pour la liberté italienne, font
passer avant tout l'affermissement du : Sta-
tuto et de la monarchie piémontaise. Us
voient dans le rétablissement des finan
ces, dans le développement'de la prospérité
intérieure, dans la bonne harmonie >aveb les
puissances étrangères, dans ' là paix ' en im
mot, une nécessité indispensable pour le
Piémont. Us-sont donc opposés à toute pro
pagande, à'toute politique qui, en éveillant
les inquiétudes de l'Àutriçhe et les défiances •
de l'Europe jP Ourrait compromettre dé nout-
veau la trâ^tillrté et' les liberté^ de -Heur
pays. ' : ■■■■•■ ■
Le centre gauche se déclare également dé- j
voué aux principes constitutionnels; 1 mais
dans ce'parti, il est de règle de ne pas se di- ;
re Piémoatais , on s'intitule Italien. On se,
prétend plus royaliste " que le centre droit, ^
parce qu'on rêve pour la maison de Savoie
la monarchie italienne. L'état de chose actuel
n'est qu'une-étape vers la délivrahçécomplè-
/ te de i'Italie j c'est à cé but ultérieur qu'il
faut sacrifier le présent. Il importe doije peu
d'obérer.les finances du paj's pour l'e»tfe|je,n. v
d'une armée trop consi'lérahle ;:.,L'ésfentid i
est-de se tenir toujoursprêtàentrerenlutte;
toute la'politique doit'tendre à entretenir \
dans, l'es cœurs italiens la perspective d'u
ne revanche de. 1848. Secours, aux réfu
giée, naturalisation des proscrits, démonstra
tions à lai tribune.et dans if*,pressé, * tout cé
qui peut éveiller: les- susceptibilités autri
chiennes est' regardé comme de bènne guer
re" par le .centre, |auçhe.',;Ce^ parti a pour *
chef l'avocat Urbano Rattazzi. On se souvient
que M. Rattaz^i fut avec MM. Tecchio >1 Si-
ne'o l'ame du ministère, qui, fentrjtfpà le Pié
mont dans sa seconde guerre avec V Autri
che et qui pTtfvocrua feiîisi le désastre de No-
:•* • ; ; M » Tare. , : : ... . . .. ... ■ •
La gauche, dont .MM. Valerio et Brofferio.
sent ■ les" orateursj ne - compte que quelques
membres,? doftt"l , miiqué : ëtùde fcsijIç'p'aroT '
dw la • Montagne (ie la dernière Assemblée-
législative. Oriy est républicain, voire'roême
• - - - » ■- . wnil-' -:-v>
membres de ce partidéclarait, il y quelques
joijrs,qu'il avaitppur principe de yotercontrê
tous lés impôts^ quelle qu^.eu fût la natur ; e ;
mais ces mêmes hommes qui refusent systé-
mStiquemt'nt àu'pduvoir lés moyens dè goû-
•ve£n^r, spnt préts a déclaré/ la guerre à
l'Europe entière ! ' . •v'1.
4 Le ministère'de M;'d'Azfglio a toujours
trouvé dans le centre droit un appui" iné-
tranlabl& ÊL IltMJIi, pu être mi
nistre, avait préféré le poste de président
de la chambre des députés; et il employait
à fortifier le pouvoir son influence per
sonnelle, qui ' était très grands?, et celle
iqu'il devait à son éœinente position. Néan-
inais le cabinet* n'avait pas une majorité i
assez assurée pour n'être pas obligé de sou- !
tenir des luttes très vives et très acharhéesau
sein du parlement : c'est là ce qui décida
M. d'Azeglio à s'adjoindre le comte Ca-
jmille Gavour. M. Cavour est un des hom
mes les plus distingués du Piémont; spirituel,
instruit , éloquent , ^ infatigable au travail,
(l'une activité extrême, il a beaucoup des
qualités d'un homme d'Etat. 11 n'était pas
Seulement le fondateur du Risorgîmento de
Turin, il en était aussi le rédacteur prin
cipal, et il en avait fait le journal le plus
lu et le plus inflûenfdu Piémont. Au sein
de la chambre des députés, M. Cavour était
iéavec le centre gauche, mais il marqua
)ientôt une tendance à se rapprocher du
:entre droit, et le jour où il entradans le ca
binet avec le portefeuille de la marine, le
Risargimento devint lo défenseur le plus ha
bile et le plus résdlu du ministère. '
M. Cavour, indépendamment de sa valeur,
personnelle, apportait aiTministère un ap-
pomt important. Il était demeuré en rela
tions avec un certain nombre des députés
du centre gauche, et avec M. Ratazzi lui-mê
me ; il servit de lien entre les deux centres,
ét son intervention assura une majorité au
çabinet dans toutes les questions de politique
Intérieure. La position de M. Cavour s'en for
tifia d'autant,- et le jour où il désira échanger
le porteféùille de la marine contre celui des
ènances, M. d'Azeglio ne put le lui refuser,
è'est ainsi que M. Cavour; partisan décidé
<^u libre-échange, a pu meltré en pratique
ses théories commerciales dans une série de
traités avec les grandes puissances. Le cen-
tre' gauche'a'Voté ces traités par sympathie
pour le ministre . qu'il ; regardé comme son
précurseur aux affaires; le centre droit s'y
«st résigné pour ne pas compromettreTexis-
"itence du tabinet. ; ... "
t M. Cavour était tenu en échec, au sein.du
gouvernêment; pat l'influence de;MÏ Pinelli,
îchvfMre' persévérant ,'de.la pôiii^que. pro
pagandiste dàH. Rattâzzi ; ; fnai?, depuis la
ijaort de M. Pirillli ï l'ambition du jeune mi
nistre s'est trouvée sans contrepoids. M. Rat
tâzzi'^ aspiré ouvertement à remplacer son
^ncien: antagoniste dans la présidence de la
chûtnbve'dos députés,' et' pour prix des ser
vices "que ses amis'.ayâiçnt rendue* à M.'
avour,. il a demandé l'appui du ministre
es finaneçs. Le centre droit a voté ens masse
ouf M. Boncompagnï, la droite à^èrdu ses
oix; et M. Ratazzi, qui avait pour lui le centra
gauche et quelques amis de M. Cavour, a pas-
^é au troisième tour de scrutin, parce que la
gauche areporté sûr lui les voix qu'elle avait'
d'abord données à M. Tecchio. .
, M, d'A?eglio a immédiatement donné sa
Rémission. Il a vu avec raison un échec dans
l'élection de M. Ratazzi. C'est à l'aide des
^otï radicales ! qu'on lui imposait lé chef
e l'opposition. Cette majorité, qui s'é.-
it formée sur .un nom, propre, pouvait,
se former également sur des questions
politiques , et il'dépendrait de 14- Çavour
de faire- la loi à ses collègues en «'unissant
âi M. Rattazzi/ Les autres ministres ont suivi
l'exemple de M. d'Azeglio, et 1 M. Cavour a
c|éposè.IjiiVmême /spii portefeuillé, inàis en
açssurant, qu'il voulait avant tout déterminer
là. d'Azeglio à gatder le'pouvoir. ' 1 :
' Nous verrioîis avec là plus grande peine
' M- d'Azeglio quitter les affaires:- Quoique ses
souffrances, ne lui permettent de prendre
- qu'une î>art très restreinte aux débats parler
mentaires, son nom seul est ulie'garantit
¥
-pour l'Europe et pour le Piémont. Personne,*-
ne^peut mettre en doute la fidélité de' c£F
"héroïque soldat de la liberté iaux convictions
de foute sa vie, et sa loyauté est également
au-dessus de toute atteinte. M. d'Azeglio '
premier ministre, cela veut dire pour tout le
monde que la foi des traités sera respectée,
qu'auc«ne tentative ne sera faite pour trou- '
bler la paix de l'Europe, que la Charte du
Piémont sera exécutée, et que ce petit Etat
continuera à marcher dars les voira d'unj
sâge liberté. '
Le nom seul de M. d'Azeglio est donc line
foree pour le gouvernement dont il fait par
tie; et tous ceux qui désirent l'affermissement
des idées libérales doivent faire des vœux pour '
qiie le roi de Sirdaigne refusela démission de .
M; d'Azeglio. Mais on doit reconnaître avec le-l
RisorgimentOy qui sô sépare nettement de son
ancien fondateur, que M. Rattazzi président ,
de la chambre, ou M. Rattazzi ministre, c'est
tout un.' Le pouvoir doit aller où est la ma
jorité; Tout dépend donc de cè que fera
M. Cavour.
Si M. Cavour est ambitieux, s'il veut par
dessus tout être premier ministre, il re
fusera d'abandonner M. Rattazzi ni de lui ;
demander aueune concession. M. d'Azeglioet
ses collègues se retireront alçr Sj et M. C avQu r,
sera maître de forcâer, de concert avec M.
Rattazzi, un cabinet dont la présidence lui
revientincontestablement. ÎJousnedisonspas
qu'un tel cabinet soit impossible, ni même
qu'il soit bien dangereux; M. 1 Cavour a trop
d'honneur pour être jamais révolutionnaire,
et M. Ratlazzj lui-même a fait bien du che
min depuis qu'il s'est séparé de M; Tecchio;
mais ce eabinet nouveau n'aura, ni en Pié
mont, ni en Europe, l'autorité morale dont',
celui de M. d'Azeglio était investi, et qui a
été si profitable à'la Sardaîgne.
' Un tel'ministère ne sauraitse borner à con
tinuer l'œuvre de M. d'Azeglio sans démentir
son origine ; il ne saurait même subsister
qu'en inclinant de plus en plus vers la gau
che ; et chaque'pas de ce côté dimiùueraitles
sympathies qu'il;rencontrerait à l'intérieur
ët au dehors. Il ne tarderait pas à ouvrir
jour lë^Pi'émonf la.carrière des crises mi- »
nistériellës, des' remânîemens et des agi-,
talions sans fin. Une tellé perspective doit
donner à réfléchir à M. Cavour et à M. Rat-
iazzi'lui : m^me. Evidemment, ce n'est-pas ■
entrer au pouvoir par une bonne porte. M. ;
Rattazzi, qui est un esprit vif et distingué, '
qûf "a, ùne belle carrière devant* lui, ' et "
à - qui- les enseignemens du- passé ont ■
part du pouvoir» Le Risorgimento lui de- '
mande de répudier la couleur révolution- '
pairé' que l'appui de la gauche a donné à son |
élection, et de faire une déclaration de prin
cipes qui rassure 1® parti conservateur. Cette ;
déclaration pourrait seule déterminer M. \
d'Azeglio à revenir sur sadémissjon.' La conr
duitede M. Cavour eât donc*toule tracée?
»u obtenir une déclaration de M. Rat -
tazzi, ou suivre^Ms^'Azeglio dans sa retrai
te* s'il ne fait ni ï'un ni l'autre, c'est qu'il y ,'
a çhe^ lui parti pris de sacrifier seà collègues ;
à i'ambition d'être premier ministre. > i
■ CCÊtlEYAt-CUIllGNT.'.
La dépêche télégraphique suivante est ar
rivée aujourd'hui à Paris/ à deux heures :
- ' « Turin,,le 17"mai.
» La démis&iun de M. CaYonr èt de ses collèi<
gues tst'acceptée. * '■ ' !
; » M. d'Azeglio & rèçu du xoi'l'ordre de'compo-
ser an nouveap cibinét.»' *'
Il nous est arrivé fréquemment d'insister
sur la nécêesvté d'organiser, poiir le service
de nôtre fltitte," un corps de matelots exer
cés à manifir le, fusil. Dans un article ré- 1
cent où "nous lavons parlé d'une brochure'
nïr sur cette question importante. Des ob
jections étaient élevées contré l'introduction,;
dans le $ein de l'armée de mer, de tr.oupes:
spéciale^, commandées par des offrciers
étrangers à la profession maritime, et dis- 4 ;
tingueesparuauniforme particulier. L'auteur
de la brochure les a écartées en proposant
.de clioisir, parmi les matelots mêmes du
bord, ceux qui paraissent Jes plus aptes à
devenir de bons fusiliers, sans les distinguer -
du reste de l'équipage par aucun^ signe ou
aucun privilège.
Un autre capitaine de vaisseau, le com
mandant du" Èenri-IV, vient dé publier un.
travail où la" même question se. trouve trai
tée avec de nouveaux développement Cet
écrit, intitulé : Organisation du Personnel à
bord, tend à démontrer une vérité que l'ex
périence de chaque jour constate, et dont on
ne saurait trop se pénétrer, c'est que le ma
rin, pas plus que le soldat, n'est un homme
universel, et qu'on ne saurait dèmander rai
sonnablement au même individu de se dis
tinguer à la fois comme gabier, dans la ma
nœuvre d'un navire; comme canonnier, dans
le chargement et le pointage d'une pièce ;
comme fusilier, dans le tir du fusil et dans
certains exercices d'infanterie.
Onnedemande pourtant rien de moins que
ces aptitudes diverses à chacun des marins
employés au servjce de l'Etat.JL'ordonnaiiçe,
du 11 octobre'1836, rendue pourTôrganisa-
tiondece qu'on appelle : les équipages de
ligne, porte que tous les marins, soit qu'ils*
proviennent ae l'inscription maritime, du
recrutement ou des engagemens volontaires,
seront exercés indistinctement, aux travaux
d'armement, de garnitures et de mouvemens
des bâtimens; au canonnage, au maniement
du fusil et aux manœuvres d'infanterie. C'est
beaucoup trop; Quand bien même les ma
telots embarqués Se livreraieût' sans au 1 - ;
cune répugnance à tous ces exercices in
distinctement, ils ne parviendraient pas à s'y
perfectionner, parce que c'est embrasser trop
d'études à la fois. Mais en outre, il existe
chez les hommes qui composent l'équipage
d'un bâtiment des répugnances presque in
vincibles pour telje eu telle partie du servi
ce. Le gabier a la plus.vive antipathie contre
les manœuvres d'infanterie; au contraire
l'homme "qui provient du recrutement mon
tre beaucoup plus de goût pour l'exercice -
du fusil que pour le service des hunes. Ce
sont des instincts dont il faut tenir compte
et dont on peut tirer partit.
L'ordonnance sur ^organisation des équi-,
, pages de ligne n'inspire évidemmentiaueuh
enthousiasme au commandant du Henri-1 V\ ■ »
M. le comte de Gueydon croit-qu'on a com
mis une erreur en assimilant le corps des
ae.
sme
service, ceux-là "ont" au contraire des fonc
tions multiples. L'équipage d'un bâtiment
est, à lui seul, un petit corps d'armée qui
comprend artillerie, -infanterie, et manœu
vres das voiles. Or, personne n'a j'amais son
gé, dans L'armée de terre, à exiger d'un fan
tassin, qu'il se rende également propre à
servir les canons, ; à monter à cheval, et à
mettre en prati que" les préceptes de l'école du
peloton. On adivisé nos troupes en artilleurs,
cavaliers, fantassins,chargés chacun d'un ser
vice spécial. Il doit en être ainsi dans l'armée
de mer- Que "le gabier se perfectionne dans
la;manœuvre des voiles; que le canonnière
marin acquière cette justesse de tir si difficile
à obtenir sur un élément mobile comme la
mer ; que le matelot demandé à la conscrip
tion, et venant de l'intérieur, apprenne à faire
avec.'calme un usage sûr decefiisil que tout
Français manie, di^'on, d'instinct. 'On déter
minera ainsi le plus 'grand développement
possibl^des facultés de chacun, etles diverses
parties .du-service se trôuveront remplies
avec une égale supériorité, "i
1 Est-ce à dire qu'il, convienne, de diviser
l'équipage en .groupes tellement distincts
que chacun se cantonne dans sa ' spécialité?
Non, cert' s. Le,nombre des hommes à bord ,
d'un bâtiment- est trop peu considérable
pour que- tous les bras, en certaines occa-
i sions, ne soient pas-employés au même gen-
re de manœuvre. Seulement; il convient que
! les heimmes, suivant la spécialité* laquelle
! ils" doivent être ' "réservés, dirigent ceux qui
auront été exercés plus particulièrement dans
i une'autre partie du serviee. «S'agit-il, dit M.
' Gueydon,demanœavrer les veîW les ga biers ,,
hommes de là spécial ité, rem plîSserrtiùû'CSIrS"
; fonctions importantes, et les canonniers, les
; fusiliers ouautres ne sont employés que com
me auxiliaires. S'agit-ilde manœuvrer les ca
rions îles canonniers chargent et pointent; les
autres homme» ne font que rouler les pièces.
S'agit-il d'opérer une descente? les fusiliers
deviennent à leur tour les hommes essentiels
et encadrent les gabiers, canonniers ou autres
qui leur apportent ce qui leur manque t la
force du nombre. .Chacun enfin, doit être, à
son .tour, et suivant les exigences du moment,
la tête ou le bras. » ' .
Une partie du travail de M. de Gueydon est
consacrée à déterminer le nombre des hom
mes de chaque spécialité qu'il convient d'em
barquer en proportion de la force totale des
équipages. L'auteur entre, à ce sujet, dans
des développemens intelligibles seulement
piour les hommes du métier, et-qui ne se
raient pas ici à leur place. Mais les offi
ciers tels que le commandant du Henri-IV<
écrivent moins pour émouvoir l'esprit pu
blic que pour attirer l'attention de l'auto
rité sur les améliorations qu'ils ont conçues.
Les pages de sa brochure qui ne s'adressent
pas au commun des lecteurs seront'lues avec
profit par ceux qui, à tous les degrés de la
hiérarchie , exercent une action quelcon--
que sur les destinées de la marine. "»
< Dans l'état actuel, les marins levés pour le,
service de la flotte, sont, à leur arrivée au
port, incorporés dans une compagnie des
équipages de ligne et exercés tantôt à terre,
tantôt à bord de bâtimens spécialement af
fectés à leur instruction. M.' de Gueydon
voudrait que ce système fût abandonné et
que les marins fussent répartis dans des éco
les de gabiers, de fusiliers et de eanonniers,
selon l'aptitude qu'ils montreraient pour
■l'uA ou l'autre de ces services. Le gouverne
ment a déjà établi, d'abord sur une corvet
te, ensuite sur une frégate, une école de ca
nonniers qui a forme de bons pointeurs :
c'est une épreuve qu'il faudrait généraliser.
En ce qui concerne les fusiliers; il est d'au
tant plus nécessaire de prendre de promptes
mesures, que la flotte, où se trouvent en
grand nombre "des gabiers et des canonniers
habiles, manque totalement d'hommes exer
cés au maniement du fùSil et aux manœu
vres d'infanterie; Cependant l'invention des
bâtimens à vapeur rendra de plus en plus
fréquens, dans les guerres maritimes, les
abordages et les débarquemens ; dans les,
deux cas, il est nécessaire que nos comman-
dans disposent d'une bonne irifanteïie capa
ble d'opposer à l'ennemi un front solide; et-
de le déconcerter par des feux réguliers et
bien dirigés, La marine àvvapeur donna de
grands avantages à.une puissance? comme
la France, qui n'a qu'un nombre insuffisant
(3e vrais matelots. La vapeur peut remplir,
dans nus armées navales,le même dïïïcé que
pes grapins de fer inventés par les Romains
pour combattre sur' mer leurs ennemis les
plus redoutables : les Carthaginois. "Sachons
d'avance mettre à profit cette révolution
opérée dans l'art de la navigation. ! Np nous
bornons pas à une stérile imitation des autres
peuples. Nous n'avons pas besoin, Dieu merci,.
comme les Américains,de soldats à bord de nos
bâtimens pour maintenir la discipline parmi
les équipages. Approprions à la fois nos ins
titutions maritimes au génie de la nation et
fiux progrès de la - science navale. Tel est le
double caractère des propositions contenues
dans l'écrit de M. de Gueydon. C'est ce qui
nous a. portés à. l'analyser. : denaih.
> • • • .- . »•
' Nous sfvons reçu la lettre suivante :
' -Parig, le 18 mai 18S2.
! À Monsieur le rédacteur en chef du Constitu
tionnel. ; > 1 1 '
< Monsieur^ ' ; i
3e lis dans le Constitutionnel de ce jour, un »r-
(iele où woa nom se trouve mêlé de Ja plus indi
gne manière à des faits que je déelare complète-
taent eontrouvÉs 1 . Jamais je n'ai-assisté à-la réu-
nion aux Tuileries dont'parle cet article', et j'af
firme qu'à ma connaissance ri 'ri de semblable n'a"
èxifetéi'-Quant, au rôle de dénonciateur qu'on me
fait jouer en sortant de cetté réunion, je ne dirai
qu'un mot, c'est une infâme calomnie dont ma
vie entière suffit à me défendre. D'ailleurs, je l'a
jouterai, tant d'audace dans lîinjure, d'emporte
ment dans l'outrage, nuit .à la cause qu'on pré-
! tend servir. La France n'oublie guère les ser
vi cos.- qu'an lui.retod, Biais si die pouvait ces-
' ser d3 sê les raptieler, l'insulte et'le dénigrement-
s effrépés en feraient à l'instant revivre le souvenir 1
dans sa mémoire et dans son cœur. Ce n'est paf
certes de moi ni de ma carrière que je viens par
ler ainsi ; ce sont les réflexions qu'a fait surgir-
dans mon ame la lecture de l'article intitulé :>
i/. Changftrnier et M. de La Morictère.
. .Je vous prie, Monsieur le rédacteur en chef,
d'insérer cette lettre 4ans votre plus prochain nu
méro. - I
j'ai l'honneur d'être votre très humble T
e,t obéissantsServiteur, molê. -
Il y a deux choses - dans " cette lettre : Des
injures et une dénégation; • .
M. le comte Molé est dans une de ces si
tuations où l'on est bien forcé de tolérer, de
sa part, toutes les exagérations d'injures; et
h c'est pour cela peut-être qu'il a tort dè se les;
' permettre. . .;!
Quant à la dénégation, il y aurait une fa?
çon fort simple et fort pSremptoire d'y ré-,
pondre : .
Ce serait de nommer le personnage, fort,
intéressé dans le débat, auquel M. le comte
Molé a porté sa révélation, et de direqùfl'
jôur, à quelle heure et dan-? quel salon cette
•révélation a été faite. — Entre ces deux af
firmations et ces deux noms, le public j u-
gerait. ' ,
, Nous croyons néanmoins qu'il y a une
ananière encore plus simple et tout à fait '
suffisante de répondre à M. le comte Aloléj
^ c'est de lui dire qu'il a bien peu de mé
moire! GRANIER DE CASSAGNA6.
Yénte de la galerie de Tableaux
DU MARÉCHAL SOULT.
, (PREJIIÈHE JOURNEE.) i
■ C'est aujourd'hui dans la salle Lebrun, rue du '
Sentier, qu'a commencé la vehté dé la magnifique :
galerie du maréchal Soult. On sait ique e^tte gale
rie était sugout célèbre par uiLgrand nombre de
tableaux appartenant à Pénale espagnole. Hors de '>
l'Espagne, elle.était.la. seûle, parmi-les musées
bomme parmi les collections particulières,'qui ren
fermât autant d'œuvres des grands maîtres de cette
école. On y comptait quinze_tableaux de Mnritlo,
parmi lesquels des chefs-d'œuvre, comme la Con
ception, le Saint. Pierre aux liens, la Fuite en
Egypte, .la Nativité deHa Vierge, etc., etc.; -dix-
huit de Zurbaran, sept'd'Âlonzo'Can^i, deux toiles
capitaUs de Fernandez de Navarette et d'Herrcra-
le-Yieux, et un çbef-d'œuvre de Moratè?, surnom-
pié le Divin. L'école italienne y était représentée
par un Christ-magnifique de Sébastien dcl Piombo
èt par le Denier dé César du Titien,
i Pendant les derniers jours, le .public s'est press é
enfouie à l'exposition de cette galerie dont les
tableaux allaient ' être disséminés. Les amateurs
Venaient les admirer une dernière fois. Les ache
teurs cherchaient 1i les estimer, et l'on remarquait,
parmi les pretendans, un certain nombre d'étran
gers accourus tout exprès des différentes parties
de l'Europe. t
i L33 portes de la salle Lebrun ont été ouvertes
aujourd'hui à une heure tt demie. Mais une
queue s'était.formée longtemps à l'avance, abso- !>
lument comme un jour de grande représentation
à l'Opéra, et elle était rangée sur le trottoir le
iohg de la riie du Sentier, Aussitôt que le public
été admis', il y a eu irruption , et la salle a tté
pvahiç en, moins d'une demi-heure..Toutes les
précautions ^avaient d'ailleurs été prises -pour
inaintenir' l'ordre, et le silence s'est établi de lui-
tnème lorsque le commissaire-priseur, M. Bonne-
Ions Lavialle a annoncé,, à deux heures, le coie-
naencement de la vente.
' Parmi les tibleaux qui ont été mis aujourd'hui
& l'enchère, nous citerons Sabord trois toiles d'A-
lonzo Gano, toutes les trois de petite dimension,
et dont les sujets sont tirés de l'Apocalypse. La
de Saint-Jean apercevant l'agneau céleste
k été' payée S,280 fr.; la Vision 3e Saint-Jean '■
çontemplant le Père Eternel dans sa gloire, 3,700
francs, Mais le prix p|us élevé a été atteint par la
Vision de Saint-Jean enlevé' sur. une haute mon
tagne par un ange qui lui montre la Jérusalem
çéleste. Ce tableau, que deux amateurs se sont vi- '
Vement disputé, a été adjugé 12,000 fr. On se de-
(nande, enîprégeÈce de 'ce dernier prix, combien
Sera payé' l'Evêqui donnant la eommunion à une
jeune fille, oeuvre charmante d'Alonzo Cane, qui
FECflXÏTOS JDTj 'ÇONSTîrC^ôîil^^ |0 iAl. j!
AC-DESSCS Dp LAMEJÎ.
f , ' ■ - - .hmmmrnmmm- - -■ f
"«• - ■ "J j! Ï ' v .,
PSGBD1S VOX.OMB.
: IJISE; îsÈpiiqTiQîî..
-'J-,:?',. : *■ : t~y ' »- Xf à î-" • -
Pendant mon séjoùr à Rome; ©n s'occupait
dans le nlcfnde diplomatfq d'une aventure
arrivée peu de temps auparavant'à Un prince
étranger, un dompatriote'à vbUs/Mehsiêut'lff
conseiller, héritier présomptifrf'uiifedespriri-
cipaûtéslilliputiennes de votr»'Confédération
"germanique,'cotniâe celui "doint vous avez
eu l'honneur de faire 1-éducation. Jê vous
demande la grâce de' taire son nom, qui ne
m'a 1 été confié que sous le sceau dusecretv
Vous compreneiz qûèf'té ne "Veux «pas risquer
de me brouîllèr avee desi hautes puissances:
Tout ce que je puis dire, c'est que l'altesse
sérénissime dont il est qu» 6tion, se nommait '
Rodolphe,^cdinme tous les Allemands. '- '"
Le prince Rodolphe avait vingt ans'; mais
otf ne lui en' aurait pas donné seize,.tant il
était peu développé. On eût dit une fille dé
guisée en garçon .'Il avait les cheveux -blonds,
les yeux bleui,>le' teint rosé et blanc; Bien
fait du reste, quoiqu'un peu gauche; très
timide, très modeste, un peu' triste, parlant ■
à peine ; rougissant comme uûe demoiselle,
et- n'ayant, jusqu'alors, connu l'amour que
dans les auteurs; au demeurant, 1 an excellent;
jeune homme»*' : -> n-; ;: '
Il avait 'été parfaitement élevé, savait par
cœur ses classiques 1 , et venait en Italie iponr-
complé'iteF^driiéduftition. Il én était à sonpré-
mier voyage, et c'était* ^première foffe qu'il 1
quittait la cour de son père où la princesse
sa mère Tarait.:couvé soùasoh aile comme
un poussin. Il était accompagné de son gou-
augustes pa'rens; :
! Le prince demeurait à Rome, cpmme tout
1$ monde, sur la placé d'Espagne, sorte de
Square européen où l'on se donne rendt z-
vouâ des quatre points cardinaux, et où l'on
parle toutes 1 les langues, ll'vivaii fort retiré.
Accompagné partout.de son gouverneur, de
son fidus Achates — pardonj comtesse, c'est
du latin, mais c'est ainsi qu'ill'avait baptisée
ai èoûvenir du fidèje compagnon d'Enee, —
il passait toutes ses journées dans les Musées,
dans 'les galeries," au"-milieu des ruinés,
voyant tout, notant tout, croquait tout;
il employait ses' soirées à remémorer ses,
journées, et rédigeait le' journal le 1 plus cohs-
'cietcieuxTjue jamaiss touriste ait écrit. ' *
" . J'ai trôp présënte'ala mehioirél'inquiétude
que. la' comtesse a manifestée' au colonel Ru-
®ntz, à proposdès riiiiies'd'Anféddnia, pour
d'en pas faire mon profit; je jure ici solennelle
ment,par tous les dieux de l'Olympe, et par
tous les saints duParadis, quebien qu'à Rome
je sauterai à pieds'joints par dessus le cha
pitre des antiquités. J'en suis moi-même
tellement sature,.j'ai été si impitoyablement
Îierséçuté, d'uh hoùt à l'autre de l'Italie, par
ps'antiquaires' et, leurs, éfernejs avartzi, que.
je syhapiilliists à l'effroi" d'aulrui: 3'espère,
Madamé," que cette' déclaration de principes
dsf dé naturé à vous rassurer et qu'elle me
conciliera votre indulgence." * *
i — : Je ne prends aùcnn engagement, dit la
comtesse; on verra plus tard cé, qu'on aura
faire. Mais revenons, s'il.tous pl^ît, à votre
blond Rodolphe.
j — Mon blond Rodolphe ne fréquentait, ut
encore à de longs intervalles; par convenance
plus,que par goût, que'que.iques'salo'ns di-
plôbjâtiques. Comme il n'y a pas de. cour à
Romé, ce sont les ambassadeurs qui en tien
nent'Ijeu. Son gouverneur obéîssait en cela
sjux'injonctions particulières de là mère de
sop él.ere. La prinpesse était une femme sé
vère, de foceurs antiques, et qui avait nourri
$on fils dans un? austérité égale à: la sjpnne;
çllg avait renepptré danâ.lç préœçteur p^aoé
aui rès de lui un' homme "entièremént con- s
forme à' sej- yues. Tous deux', à l'envi,
avaient inspiré au "jeune homme le res- ;
pect et la pratique absolue du septième
commandement,'et tousles deux, la mere sur
tout, redoutaient pour lui, comme. l'enfer,.
des terribles : Italiennes, que la princesse se.
représentait , .du fond de fon Allemagne,
comme des anges de perdition.-Qu'une seule
attachât sur son fils ses noires' prunelles, et'
c'en était fait de lui*. '
I Le gouverneur partageait ces préjugés, ces ,
terreurs ; autant de ; soq propre mouve
ment que p&ur'se conformer aux, instruc
tions maternélles,' il entourait son élève d'un
véritable cordon sanitaire etl'éloiguait de tou
tes' les "màisprii du pays," â moins que ce ne 1
fussent des prélats ou des cardinaux ; si bien
! que Rodolphe n'avait pas adressé la parole à
une seule femme depuis qu'il était à Rome.
Jamais fille à marier ne fut surveillée par
urie mère dévote avec plus de sollicitude et
de rigueur. Ce gouverneur pouvait- être un '
fort savant professeur, mais il savait mieux
ce qui se passait à Rôme au siècle d'Auguste
que cé qui s'y passait soùs ses propres yeux;
il déchiffrait eonramment-un texte, une ins-r
cription"; mais lé cœur humain était livre
clos pour lui, et le monde un pays inconnu; .
i) ignoraii les .hommes et surtout les fem-
ihès. " * '
I Rome offre tant de ressources à ceux qui ;
aiment les.arts, et qui n'ont pas peur des an-
, tîq'uités^ que l'on s'y passe à merveille de la
société. On' court tout le jour, on rentre au
. lpgls,harassé, et le soir on n'a besoin que de
repos. Lelçndemain on recommence,, et l'on i
peut faire ce métier-là des mois, des années, !
domine cet Anglais de "ma connaissance
qui était venu, à Rsme pour y passer un,
mois, et qui y est encore aujourd'hui après
tingt-deux ans. Ajoutez à cela, s'il vous ,
plàît, qu'il s'est fait païen, mais païen prati- >
quant et.convaincu. J'ai vu dans son oratoire;
un fort beau Jyipiter, auquel il adresse, soir
et'matin, seS prières et ses sacrifices. C'est la,'
premièrè fois, j'imagine, que Jupiter, est in-,
toqué dans la lan^^ç ;dt) }prd Byron,; '
Sans,pousser jusque-là le fanatisme del'an-
/tiquité, le .Télémaque allemand et son sage
s Mentor vivaient tout entiers dans le commerce
sdes anciens, etpà la religion près, aux mœufs
■aussi, il faut le dire pour être juste, tou-
ites leurs occupations,"'toutes leurs ad-
'mirations étaient, exclusivement païennes.,
i Vous sayez' tous, puisque vous avez été à
'Rome, que la plaie delà ville éternelle est la
classe innombrable desciceroni. Nuit et jour
embusqués sur le passage des étrangers, ils
•les détroussent le mieux du inonde sous pré-
i texte d'archéologie ; il y en a pour toutes les
•bourses et pour tous les, rangs, depuis le
«pauvre diable à quelques pauls.par jour, jus-
f qu'aux Nibby et aux Féa, ces deux rivaux
I acharnés, qui font payer cher leur prétendu
\ savoir et. leur rivalité. J'avais pris Féa ; ym '
fdè mes amis avait pris Nibby; nous nous
rencontràn)es un jour au Colysée et là, à
i propos du niveau de l'ancien pavé, les hos
tilités commencèrent/à 4el point que,., sans
notre intervention, ces messieurs.en seraient
venus aux mains, ni plus ni moins que deux
fd< hini du temple d'Antonin.
Le cicérone échu en partage au jeune
I prince, — car personne n'échappe au fléau
icommun,—était un signpr Galeotto, dont le.j
rôle était bien facile et se bornait à celui
d'un simple guide, attendu que legouver-
' neur de Rodolphe en aurait remontré à tous
; les antiquaires de Rome et savait par cœur,
même avant d'y ' arriver, sa ville aux Sept-
Collines. Il disait : A tel endroit il y a .telle
; pierre, et sur cette pierre telle inscription.
— On y allait : la pierre et. l'insCription se
i.: ! " »•! ■ 4 » t 1 r. • ' >
1 trouvaient juste au point qu'ilavail désigné.
Signor Galéotto, pendez-vous 1 Avec d^, pa
reils cliens on va droit à l'hôpital,., . ;
Cependant Galéotto ne se pendait pas ; il
employait rtiieux son temps ; n'ayant rien à
, faire, puisque sa charge était une sinécure,
; il se.mit à observer et a réfléchir ; tandis que
les deux étrangers étudiaient les pierres, il
étudiait, lui, les dèux étrangers. Il ne ! fut
. pas long-temps sans doute à les juger, à lés
connaître ; il devina -l'inexpérience pratique
du .docte allemand; l'innocence, fabulçns^ à
. ^ j ,
Rome, de ce beau jeune homme dé vingt
ans, qui était riqhe, qui était prince, prince
souverain, et avec,cette pénétration italienne,
à laquelle rien n'échappa, il comprit que
tant d'innocence était le fruit de l'éducation
plus que de la nature. Si le gouverneur
en. çût.-remontré à bien d'autres qu'à Ga
léotto en matière d'autiquités, Galéotto en
eût remontré en sagacité, en diplomatie,
non pas au gouverneur seulement, mais a
Machiavel lui-même. C'était un de ces Ita
liens madrés qui mettent en pratique ce pro^-
verbe de leur natiop : J .-
Conarte tt eoh inganno,
î t Si vive'mezzo Vanno ■ •
< : : Con ingmno e coh a/rte, ih !
} . Si vive l'ultra parte. s _» :
< Il songea tout de suite à utiliser sa, décou-
yerte à son profit, ne fût-ce que pour rem
plir ses loisirs et ses poches. Il se proposa,
en un mot, de terminer l'éducation du prin
ce, ou, pour mieux diré, de la commencer,
quant à la partie que sa mère çt son précep
teur avaient systématiquement négligée. Son
plan une fois arrêté, il prit la ehose de loin,
avec la souplesse d'un insaisissable Protée,
d'antiquaire il se fit./, serpent. Il marcha
dès-lors à son but comme César Borgia mar
chait au sien.
i II commença par aveugler le gouverneur
à force de flatteries, et il n'en fallut pas beau
coup; le bon. Allemand avait.-trop peu l'ex-
périence du monde et des hommes pour se
douter seulement du piège que lui tendait
l'artificieux Italien; il y tomba.tête baissée et
i... ____ _ '
pas
facile. L'extjpêmè innocence déconcerte l'ex
trême corruption, et ta naïveté véritable est
souvent la plus sure de toutes les égides.
; Galéotto ne changea-point ses manières
avec le prince; il resta vis-à-vis de lui ce
: • • 1 **.» t l f 11.1 . —j-.:-
11 ae plaisait ni né déplaisait ^Rodolphe : il
lui étfiit indifférent. Cependant, à force de ;
l'avoir auprès d? lui, puisqu'il les accompa- ,
Îjnait;dans toutes leurs explorations et toutes
eurs promenades,il avait fini par s'habituer
à lui, comme à une chose qu'on voit tous les -
jours. S'il lui arrivait, une fois par hasard ,
de sortir sans lui, il én faisait la remarque et
demandait :-rOù donc est Galéotto? Galéotto
ne vient-il point?—Clétait "déjà une habitu
de, et beaucoup de moralistes prétendent que
I'hahitudeest le giment unique de tout atta* ,
chement." " , •<
: Galéotto ne parlait pas, mais il agissait.
Grâce à la confiance que le gouverneur avaitea' -
lui, c'était luiiseul qui réglait chaque matin/
à peu près sans contrôle, les courses à faire, ;
les objets à voir," en un mot, le programme
de la journée."En abdiquant le sceptre d'an- :
tiquaire, il avait pris, en manière de com
pensation,la baguette de majordome. Ilchoi-
sissait 'maintenantde préférence les galeries et
les musées où se trouvaient des peintures
et des statues faites pour éveiller au cœur
du jeune bomme des émotions de son âge.:
la Sibylle du palais Borghèse, la Psyché du
Capitole, la Venus victorieuse dé Caaova, la
quelle n'est autre qu'une illustre princesse,
laquelle posa devant l'artiste, onsait dans quel
négligé ; tant d'autres marbres enfin, tant
d'autres toiles où le génie a divinisé la beauté. :
Le gouverneur ne se doutait et ne se dé
fiait de rien ; dans son arùour de l'art pour
|'art, il ne voyait dans tout cela qHe des li
gnes et des couleurs; Rodolphe y voyait à
çon insti davantage : de subites rougeurs lui";
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échappait, le séducteur jouissait en secret de
son artifice; le lendemain; il redoublait la
dose,etle philtre agissait avec d'autant plus,
de puissance çue personne n'en ayait cons
cience, excepté lui;
Un jour ^u'il le, vit plus troublé que de
coutume, en sortant de je ne sais quelle ga-
Jefie r il le eonduisitj toujours escorté du fi
dèle et iftutiïç A'chate,- chez un statuaire da
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