Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-04-22
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 22 avril 1852 22 avril 1852
Description : 1852/04/22 (Numéro 113). 1852/04/22 (Numéro 113).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
WMËflO 115.
»ÏUS OS VABOKÏïSaiXM*
PARIS 1Î Ï; tAIt TiUMEST&E.
. DÉPABTEilENS. 18 F- . — © ■
Jfl NUMÉRO : *3 centimes;.
K>ua les pats ÉTBiscïH», m reporter*
tu taisieau (pji sera publié dans le journa',
les 19 et da chaque moi*. ' ~|
Lu aboimesnenr datent du l" et 16
4* abaque tncit.
^'adresser, franco, pour ia rédaction, . ïm articles déposés ne sont pas rendusj
BtiREillIX : rue «Je r
185-2. JEUDI 331 AVRIL.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
! I Oa/tiojw, dont Us département, aux Messageries tiau$ flirectiont deposte.—ALortdnes, ckesMîi, CcMIff bîls* f
| . , • , • — A Strasbourg, chei M. AiAXANBEïjTKntr l'AMemaj,ne. •• ■ i |l
S'adresser, franco, pour Fadministration*, à M. feuiitf, directeur!
Les aonor ces sont réçuësTau bureau du lournal; pt chei.M; fJUW? régisseur^ i»; plaoc de là B outs # •
PMtlS, m^TOfclL.
Les pessimistes ont vu toutes leurs sinis
tres prédictions-en matière de finances rece
voir successivement le démenti le plus éner
gique, gfràce au développement général des
affaires et à l'affermissement du crédit pu--
jblic.
Lorsque le gouvernement décréta le" rem
boursement ou la conversion des rentes 3
0/0, on prétendit que l'opération était pré
maturée, qu'il y avait trop peu de temps
que les cours dépassaient le pair, et que l'on
préparait à nos fipances des embarras , ëî*
même des dangers dont elles auraient pèi-
; ne à sortir. L'événement, n'a pas lardé, à
répondre. Cette grande opération, si bien
conduite par M. Bineau, a été réalisée avec
un succès qui a dépassé toutes.les espéran
ces. On n'a pas eu i besoin dç/Tecourir à
la faculté des remboursemenè--par séries^
que M. le ministre ides finances avait dû
-se réserver pour être en mesure de parer,
à toutes r les éventualités. Aujourd'hui,,, le
5 0/0 n'existe plus. Notre budget est défini
tivement allégé d'Une somme de 18 millions:
On disait également que l'impulsion don-.'
liée aux. transactions, industrielles et com-
jnerciales, par l'acte de salut du 2 'décem
bre, pétait arrêtée ; que la langueur avait
succédé presque partout à un prêmier mou
vement- d'activité. Les chiffres officiels^se
sont, chargés de faire juslice de ces fausses
rumeurs. L'augmentation-de près de 5 mil-
lionsj que le produitdes impôts indirects pré
sente pendant le seul mois de mars, a montré
nettement qjiô la prospérité publiques," loin
de se ralentir? marchait, en. quelque sorte-à"
pas de géant. Lesdistricls manufacturiers,
sont accablés dé commandes ; les .affaires
prennent un essor comparable à celui de nos
, meilleurs jours; là consommation s'accroît
en même: temps .que la production. Il de
meure évident qtraïSTësrTîhepériode de dé
fiance et de compression,"/qui a duré.près "de
quatre années, hous entrons dans une ère
nouvelle, dans une ère de calme et de sécu
rité, où les forces vives du pays doivent se'
développer avec' toute leur puissance d'ex
pansion. i ...
. Que n'a-t-on pas dit encore, lorsque le
gouvernement,.'voyant;Jç crédit çublic se re
lever, ..concéda les derniçrés lignes de che
mins de fer ? On l'accusa d'aller trop vite, de
trop entreprendre à la fois, de dépasser la
proportion des capitaux disponibles, fct de
préparer une crise financière en jetani sur
la place une masso de. valeurs qui ne de
vaient pas trouver à se classer. Cependant au
cune de ces craintes ne" s'est réalisée; le mar
ché des chemins'de fer slest soutenu, et la si
tuation n'a fait que s'améliorér. On prétendit
ensuite .que les'embarras étaient Seulement;
différés, que, si les affairés ne s'en étaient;
pas encore ressenties, c'est que .les-noiiveiies,
entreprises n'existaient; en* gr an de. partie que
sur-le papier jMais -que les difficultés se ma
nifesteraient aussitôt .qu'elles passeraient 1 a
. l'esécutiouiet qu'elles feraient sérieusement
appi>l- abx capitaux. Que voTOiïs-noùs cepen
dant? Les compagnies annoncent simultané
ment l'érnîssion d'obligations montant à des
sommes considérables, et aussitôt les actions
qui dogrirnt droit à -'tes dbligHtions éprou
vent une nouvelle hausse. Ainsi, ces fàcluu-
ses prophéties sont démenties comme -les.
auires-.
C'est qu'en effet le gouvernement, en con
cédant 1 (!S dernières lignes destinées à com
pléter noire réseau de chemins-de, fer,
n'a pas trop présumé des forces aocumu-
'làes pendant unè longue période, de ré
serve et d'inactivité. A combien s'élèvent,
en définitive., les travaux ^restant à faire
sur les' chemins nouvellement accordés;
à l'industrie .privée ? A. moins de. .500 .mil
lions, gar- lesquels plu& de. 100 millions
sont encore à" la chargé de" l'Etat. Ce n'est
certes-pas un semblable fardeau quif réparti
sur plusieurs années, pouvait être suscepti
ble d'écraser la situation.'Qu'on interroge le
dernier compte-rendu de la Banque, et Ton
verra qu'il y a chez elle une somme de 200
millions en comptes-eourans particuliers,
qui n'attend qu'une occasion pour se placer
utilement, et à laquelle les chemins de fer
doivent ouvrir un emploi.
: Tous ces démentis, donnés successivement
aux alarmes répandues par les pessimistes,
doivent rassurer à la l'ois les esprits et les
intérêts. La confiance fait chaque jour de
nouveaux progrès , et elle deviendra iné
branlable - lorsqu'on verra les institutions
actuelles, après les premiers frottemèns
qu'Une machine nouvelle éprouve toujours
au moment de sa mise en train, fonctionner
d'une manière régulière, et produire tous
leurs fruits. • • •
J. CURAT.
. Un grand nombre de- .personnes,s'imagine,
et répète que l'Empire doit' être, proclamé à
l'occasion d'une- fête. Supposer ainsi au gou
vernement le désir d'un prétexte pour chan
ger l'ordre, de choses^ étabij, c'est se faire..
une bien fausse idée de la.manièré dont il
envisage ses devoirs. Si la"'nécessité ame
nait'jamais une semblable "résolution", elle ne
pourrait s'accomplir que sur1'inï|,iative des
pouvoirs constitués et avec l^assen liment du
peuple tout entier.
. Quant aux acclamations de l'armée,'elles
.siont, il est. vrai, pour Je chef de l'Etatun
'témoignage précieux des sentimens. dont
elle est animée, mai£ ellçs ce sauraient pro
duire un résultat politique. Aussi, à la céré
monie du JO mai prochain, les.soixante mille
hommes réunis au Champ-de-Mars auraient
beau saluer le Préaident du nom d'«mpe-
{reur® que le rétablissement de j'Empire n'en
serai t pas avancé d'une heurp;
: . . . , ' (Communiquéj)
i La commission chargée d'examiner le pro
jet de loi sur la réhabilitation s'est réunie
aujourd'hui de'deux heures-à cinq heures.
"Elle se réunira de nouveau demain à deux
' heures; ., . ,. s . ' .
. t>n assure que le Corps Législatif sera pro
chainement saisi d'un projet .(Je loi dont s'oc
cuperait en -ce moment le conseil : d'Efit
et qui a pour, objet ds modifier lés'àrt.'S, fi
et -7,du Code d'iustruclion criminelle. Ces ar 7
tiçles sont relatifs aux crimes commis par
des Français en pays étranger. Le nouveau
projet aurait notamment pour but de com
pléter la législation, en l'appliquant non plus
seulement aux crimes mais encore à certains
délits (par exemple aux délits' de presse)
q'ommis à l'étranger. ,, '. (
; J x 1 v v
. Les prévisions que ■ nous, avons récem-
rhent exprimées fur la situation dé l'Es
pagne se trouvent aujourd'hui justifiées.
Nos lettres de Madrid nous annoncent qu'il
est qiïestion de réformer la loi électorale et
de iiaire quelques modifications à la Çonsti-
tutiou. . - . :
Lu nouvelle loi sur la presse que le mi
nistère'Bravo-Murido a publiée, faisait voir
que le. gouvernement espagnol,'so sentant
mal à l'aise dans le cercle parlementaire
' éù il est aujourd'hui renfermé, se prépa
rait'à essayer'n'en sortir. Ce premier.pas
'lui a très bien réussi, surtout depuis que
la reine isabell cœur élevé, a eu la noble inspiration de faire
suivre la nouvelle loi d'unè amnistie générafe
pour tous lesdélits deprèsseanténeurs à eette
législation. Le public aires bien aecaeilli lès
deuxlmcsures, et elles commencent -à pro-
durrê.d 6 très bons rësultiats.
' Ea eûet, -depuis quelques semaines, les
journaux", espagnols,- abandonnant les dis
cussions purement politiques, dans, les-
qiîelles ils ne bnllaii'nt ni par la modéra- 1
lion ni. par la connaissance des faits, ont
entrepris avec ardeur, et. .même avec au- -
tant de- lucidité que d'intelligence, l*â" dis
cussion des améliorations matérielles dont,
le pays a si grand besoin. C'est par là qu'ils ■
pourront éclairer lè gouvernement et venir •
en aide au grand mouvement de progrès qui -.i
se fait sentir aujourd'hui dans la Péninsule.
Les fonublics viennent en hausse jour
nellement, et sont déjà' arrivés ; à des, prix,
qu'ils n'avaient jamaiaatleints jusqu'à pré
sent. :. ', - -
Peu-de pays ont autant combattu que l'Es
pagne pour arriver à avojr Un régime cons
titutionnel , mais l'opposition a toujours été
si - acharnée d'ûn côté, et -l'indifférence si
grande de la part du peuple, que jamais les
-fermes parlementaires n'Ont pu ni bien ser-
Vir .les intérêts du pays ni satisfaire les mas
ses. De là tant de changemens de Constitu
tions et tant de résistances. v '
Les ministères ont souventlépuisé leur ,
courage devant des chambres passionnées et
inintelligentes et, de guerre lasse, voyant,
qu'il leur était impossible de rien avancer,
les ont tantôt prorogées et tantôt dissoutes
plusieurs fois danslois les plus simples, devenaient des œu
vres impossibles -à force de débats inuti- .
les,.d'amendeméns malveillans et de chi
canerie politique. vAussi lisait-on rarement
dans les comptes - rendus 1 des cortès des •
discours même prononcés par \des pra -
leurs de grande réputation; qui eussent
rapport à des sujets spéciaux et aux ques
tions d'intérêt-matériel. L'éloquence dé -'
bordait au moindre prétexte politique: onse
taisait et on votait contre le gouvernement,
lorsque celui-Ci voulait parler d'affaires.
On n'aurait dnne pas lieu d'être surpris si
les réformes qu 'on nous annonce se réali
saient, et si le gouvernement espagnol, afiu
de gpuvoir marcher plus rapidement dans
les voies de progrès ou il est entré et où on
lui suscite tant d'obstacles, cherchait à or r
ganiser jine meilleure législation, dans l'in
térêt du pays et pour l&bonheuf de là mo
narchie. . '
. Maintenant une seule question nous paraît :
moins facile à résoudre : c'est 'celle du choix '
des personnes auxquelles il cdnviendrait;de
confier cette modification d u syétème parle
mentaire,et c'estaux conseillers intimes de
la reine Isabelle à y bien réfléchir.
, i.L. B QNIFACK. . -
Le président et les secrétaires; du Corps
Législatif-ont. eu l'honneur d'être reçus hier
par le prince-Président de la République> et
lui ont présenté le projet de loi relatif à la r
refonte dès monnaies",de «uivre, adopté par
le Corps Législatif dans sa séance d'hier.,
Le gouvernement'espérait que la distribu
tion desdrapeauxde la garde nationale pour- ^
fait se faire "en mèmë-temps que'belle'qui "
doit avoir lieu pour l'armée, le 10 mai pro
chain. Mais la réorganisation de la garde nar
tioriale n'est point assez avancée..Dans "l'état
4ctiiel, ' on ne, pourrait réuni r .'à la garde
nationale de Paris que des détachemèns
de troig où quatre de nos priripipales villes, ,
et Jft gouvernement ft dû renoncer à son pro
jet. Il a préféré attendre que çfttteVéorgani- •>
sation fût. complètement terminée, afin que
la garde nationale .tout, entière , pût être,,
comme l'armée, re'préseptéç à }a distribu
tion de ses aigles, et il a fixé, èn cpnséquen-
çe, cette dernière solennité au t5 aoû.t pro
chain. - -(Moniteur.)'
Si nous en croyons les nouvel lest données
par la -Gazette de fiâle du -19 , r ;leS radi-.
caiix auraient essuyé un échec à Berne,'et
n'auraient pu obtenir la révision tle Ja Cons
titution. "Il • est vivement à désirer que
cette nouvelle se confirmé. La victoire du
parti conservateur à Befne pourrait. être
pour ta Suisse le point de départ d'un re
tour aux idées modéréfes et sagement libé
rales. , CuCHEVAL-CLAniGNY,
On lit dans h. Gazette de Bâh : •
« A Berne, il y avait-Mer, 2,9'J2 voiï coi'tre la
révocation, t-t 1^98 pour. Dans la ville de Burg-
dorf, tes.radicaux ont remporié la vifetoire. Dans
les environs dé Berne, les ojaservateurs ont eu
t,875 voix cnutre 5M. D.ins les autres communes .
du centre,. il y -a eii 3,880 vpix contre tt 1,800
pour. Le résultat de3 votes connus jusqu'à ce
jour est de 13,200 contre et de 9,S00 poui" M ré
vocation. En comparant ce -vole avec celui du mois.
i d'octobrfl, on est porté à çrolre tfue l'opinion des
^'luérvjteurs a gagné 4a terrain. -L'activité de-
-, plây.écpar les autorités bernoises à singulièrement
coritribuéà ceTésultat/-» • •- -
Nous trouvons dans le Morning-Herald,
dont les relations avec ' le nouveau cabinet
anglais sont bien connues, un article qui
contient une appréciation très juste de la
■ situation de la France, et dès immenses ser
vices que Louis-Napoléon a rendus à la so
ciété. . * • CuCITEVAl-CtAKIGNY.
Il n'eft pas- de maux actuth, quelque grands
.qu'ils soient, qui peuvent un se"l instant soutenir la
» comparaison avec ceux dont la société, en France,
! était menacée, Sans le coup d'Jitat du. 2 décembre,
'le .mois d'avril, dont, on ne se plaint "que parce
que le temps est trop beau, ne se serait pas
■ passé dans la jouissance des vacances de Pâques.
, La désorganisation morale qui avait affligé la
{ société aussitôt après l'enthousiasme irréfléchi de
; février 1848, avait dégénéré en combinaisons per-
< verse» pour la réalisation, des rèv-tries qui'eussent
: dû,être oubliées une fois l'ivresse passée. Cette dé-
i sorganisation toujours croissante^ à mesure que la
; fatale année, de. 1.852 -approchait, avait pris une
" intensité rapide qui ne pouvait être arrètée'qne com
me elle l'a été, ou'par une résistance qui eût étendu
les jours de bataille de juin 1818 à'ia majeure par
tie du paysj avec des chances bien moindres ; pour:
: lfs amis de-l'ordre. Les travaux des commissaires-
, du gouvernement, MM. Quentin Bauchart, colonel
Espinasse et général Csnrobert sont instructifs. Il
, est difficile de nier que .lasocicté.ea France ait été.
sauvée pafc.l'actt, du 2 décembre. . •
Nous croyons que bien des.hommes regardés
comme des chefs, politiques actifs dans l'Assemblée
natieualeet qui étaient eîfrayésdesconséquencesd'u-
ne tyrannie ténébreuse à laquelle ils ne pouvaient
pas échapper, se sont sentis plus soulagés qu'ils
n'auraient eu le courage de l'avouer en^trouvant
affranchis par un bras lort, môme au prix'd'une
dignité onéreuse et d'une importance pûrëmentsu-
perlicielle. Des hommes respectables qui croyaient
leurs compatriotes, ^nonobstant leur effervescence
et leur impatience du contrôle personnel, suscep
tibles de se gouverner, cl qui s'étaient imaginé
qu'une forme de gouvernement exigeant d'u Viésin-
"téressement et de la vertu pourrait être établie sans
ses bases essentielles, ont depuis ouvert les yeux et
' confessé leur erreur. Ces hommes se rallieraient aux
formes bien équilibrée;! du -gouvernement constitu
tionnel, et ils fortifieraient les partis monarchistes
libéraux; qui en doute? Il y a peu d'hommes d'un
• esprit -élevé et d'une intelligenceiéclairéepour qui
le gouvernement despoiiquepuiss^ être autre chose
qu'onéreux et humiliant, parce qy'il détruit l'in-,
dépendance individuelle-: mais quand môme l'his
toire n'abonderait pas en exemples pour notre
instruction, il.ne faudrait que le simple bon sens
pour découvrir que la force de -l'action" conservatri-
.«ce doit être concentroe dan» la proportion de l'é
tendue de laitésofganisation ét'deTanàrchie': "
_ Une assemblée divisée, mais réunie uniquement
par un .sentiment de -répugnance - contre le pou-^
; voir exécutif, n'aurait pas pu, sans arme entrêses"
mains, conjurer l'orage[ ; quv^amoncelait sur 1832.
Ce qui prouve l'évidence dé cette vérité, c'est la
résignation chagrine des partis eux-mêmes qui, la
■"ÀfeiHe du -2 décèmhre, luttaient e-vetf- impuissance-
..Wnire l'autorité seule en état ds les' sauver des
dangers sur lesquels ils fermaient volont ûrement
les yeux.' " ,v ■ ■'
Ils acceptent aveè résignation cet interrègne de
repos. Si la.liberto^est, circon.-crite, du moins les
saturnales de la licence ont été écartée.-*. -La pro
priété est protégée, et l'industrie reçoit des encoil-
; ragemens,.Le-gouver nement profite .habilement de
; l-i .direction,prisé par l'énergie irrésistible de la na
tion, pour aider et stimuler les entreprises com
merciales etigagn^r de la popularité par (i sym
pathie avec l'ai/le du tJmps-. Il marche- sur -ljt-
Savoie et le Rhône ave'c des tarifs.et dg^ traités,
au liau de.s'amùler avec, la cavalerie et 1e canon.
Ce ujest, pàà cesser d'être 'Anglais qii'e de ' dhër-'
cher à.peser avec calme et impartialité les circons
tances dans lesquelles à « été placée la France, et
' de rendre justice'à l'homme qui, s'il n'a pas cru
! devoir-rendre aux corps représentatifs l'indépen-
idatice bidn mesurée dont ils jouissaient sous 1 la-
monarchie, a cependant sauvé le pays d'une hor
rible anarchie, contre laquelle seul il pouvait
lutter.
Les journaux des Etats-Unis ont, à plu
sieurs reprises, entretenu leurs lecteurs de
préparatifs militaires qui se poursuivaient
dans l'Amérique centrale, et dont l'objet de
meurait inconnu. Ce mystère est aujour
d'hui dissipé.'Cette expédition est.dirigée par
le général Flores, qui, pour là secondé fois,
' tente de ressaisir paf la fpree le go.uvern 5-
!mentde la république de riïquateur. ,
Flores a acheté de la compagnie pour la
navigation à vapeur dans l'Océan-Paciîique ?
.le-bateau à vapeur le Chili, et ila enrôlé
de deux mille à deux mille cinq cents hom-
; jnes, la plupart émigrans allemands et irlan:
dais.,Ude' escadrille de cinq ou'six bâtimèns
armés.a quitté" Callaq le 7 niars, et elle a été
rejointe en pleini' mèr par un navire portânl'
200 Chiliens qui font partie de rexpédition. T
. Le Chili, après avoir embarqué du charbon j
de# provisions,-huit canons et des" munitions
considérables, a' dû sortir *de Callao le 10
mars; aller toucher à Ancon, pour v y pren
dre -Flores êt "son état-major, et rejoindre
l'escadre en rade de Tumbes, c'est-à-dire à
quelques milles au sud de l'embouchure du
Guyaquil. .Aussitôt l'arrivée de Flores, on
devait remonter là rivière,-et attaquer la
ville de Guyaquil., • - '
; Flores a .enrôlé un certain nombre. d'An
glais et d'Américains, auxquels il a donné
des commandemens dans son expédition. Le
gouvernement péruvien, sur le territoire
duquel Flqres a fait tous les préparatifs, a
fermé les yeux sur celte infraction aux lois
.de la neutralité : il passe même pour avoir
favorisé de tout son pouvoir les projets
du général. Nous ne tarderons pas à connaître
le résultat de cette tentative aventureuse,
car le paquebot américain la Bolivie, faisant
le service entre ValparaisoetPanania, a ren
contré, le 13 mars^ devant Tumbès, l'escadre
"de Flores. La'Bolivie a trbuvé, le 1-i, Guya
quil dans là; plus grande agitation, les rues
barricadées, ■et environ quinze cents hom
mes bivouaquaient sur la place., te consul*
français avait retenu daus le port la corvette
de l'Etat la Prudente, afin qu'elle fût en me
sure de protéger nos nationaux; t .
CUCHEVAL-CLAIUGNÏ. ,
LA. GUERRE DES lilRSIAlVS.
La .guerre dans laquelle les Anglais se
trouvent aujourd'hui -engagés avec les Bir
mans, et qui se terminera nécessairement
par un nouveau: triomphe de la-politique
.britannique dans l'Inde, fournit une occa-
, sion naturelle de rappeler les diverses pha
ses des relations qui, dépuis vingt-cinq ans,
qnt existé entre le, gouvernement de l'Inde
anglaise et la cour d'Ava. L'empire des -Bir
mans est aujourd'hui'l'Etat le plus puissant
de l'Inde transgangétique, et la éompagnie a
toujours étudié très atténtivement la situa- '
tion intérieure de.oe pays,' qui est destiné à,
suivre, tôt ou tard, le sort de tous les empi
res indiens, et a "devenir tributaire, sinon,
sujet de l'Angleterre. i •_
Lorsque, en 18M,,lord Hastiûgs quitta le .
gouvernement général de l'Inde anglaise, il
légua à son successeur, "lord Amherst, les
embarras d'une première guerro avec; les
Birman.?; Ceux-ci prétendaient à. la souve
raineté ,dq divers districts, situés sur leur
frontière, et ils monacèrent d'envahir Dacca,.
placé depuis plusieurs années sous, la domi
nation anglaise: Le 10 mai, une: expédition,
commandée par le major-général sir Archi-
-batd-Cffmpbell,-débarqua dovaatrft«igétt^ , -
qui fut pris sans coup férir. Avant la fin de
1824, la côte entière des' Birmans se trouva
conquise ; la fcour d'Ava repliait ses forces
dans l'intérieur du pays, où elle attendait ,
les Anglais. -, « .
La lutte se prolongea pendant le cours de
l'année 1825; partout les forces britanniques ;
obtinrent l'avantage, mais elles eurent beau
coup à souffrir de l'intempérie des saisons".
Ce fut le 1 er décembre que se livra la ba
taille décisive-entre-l'armée birmane,- forte
de 60,000 hommes, et lès forces de sir Ar -v
chibald Campbell. La lutte dura deux jours;
après une vive résistance, la Victoire demeu
ra aux Anglais qui poursuivirent active
ment l'ennemi et le forcèrent à signer , '
le 3 janvier 1826,1e traité d'Yandàbo; Lès-
hostilités furent cependant reprises par la ;
cour d'Ava,' qui . refusa'une preiùîère fois
d'cchanger les ratifications de ce traité : les
Anglais gagnèrent une seconde bataille; et 1^
paix fut définitivement concluele 24 février:
1826. Les Birtnans devaient céder à la com- -
pagnie des Indes les territoires d'Arakan,
Merguy, Tavoy 'et Yeh : ils s'engagèrent, en
outre, à payer une indemnité de vingt-cinq
millions,de francs et à négocier, soUs un bret
délai, une."convention -commerciale. Cette
Convention fut, en effet, signée le §4 novein-
;br.e 1826 par "les plénipotentiaires birmans
et par M . Crawford, qui représentait la com
pagnie. Elle accorde aux négocianâ- anglais
la liberté de commeree dans toute l'étendue
de l'empire et leur garantit le traitement de
la-nation privilégiée.
. Le traite d'Yandabo autorisait en outre J.a
compagnie à établir un résident à-poste fixe?
à la cour d'Ava ;' le major Burney fut le pre-
tniçr titulaire de celte fonction delicate, qu'il.
remplit, d'abord pendant deux ans, puis de
1833 à 1838, sous le règne du prince Thara-
Àvaddy. On sait ;que, pour entretenir des re
lations suivies avec les' souverains de l'Inde,
là compagnie place habituellement auprès
d'eux un officier chargé de surveiller la poli
tiqueintérieure etde faire prévaloir en toutes
circonstances l'influence britannique. Le plus
souvent cet officier, sous le titre assez vague de
résident, devient le véritable ministre, et pré
pare ainsi les voie3 à une domination com
plète. C'est .par ce procédé que la compagnie
s'est successivement emparée de la plupart
des royaumes de l'Inde. Les résidens qu'elle -
envoya à la cour d'Ava ne purent toutefois
réussir à intervenir activement, comme leurs
instructions le prescrivaient, dans les affai
res intérieures du pays. Ils ne furent reçus
qu'avec défiance, et se virent fréquemment
•exposés à subir des humiliations qui au
raient fourni de sérieux prétextes de guer
re, si la compagnie, vivement préoccupée
çles événemens beaucoup plus graves qui se
préparaient dans le Scinde et dans le Ca
boul, n'avait cru "devoir apporter dans ses
relations avec les;Birmans là plus grande
réserve. - Le commerce demeura régi par: lès
stipulations .générales,: .du traité de- 1826 ;-
mais on supprima l'emploi de résident à
Rangoun ; et,, s'il n?y avait pas encore hosti
lité Ouverte entre le gouvernement de Calr
cutta et lès BirmanSj du moins les rapports
étaient de part et d'autre peu brenveillans,
et, au premier moment, une iiouVelle guer
re pouvait éclater. . ,
L'occasion se présenta au inois.de juin'
18S0; un sujet anglais, établi à Rangoun, se
plaignit d'exactions dont il prétendait avoir
été victime, et-la cour d'Ava ayant "refusé "de
donner satisfaction, la' compagnie dut re
courir auxmoyénscoërcitifs. Nous avons ren
du compte de? divers événement qui se sont
passés à-Rangoun pendant, ces derniers mois;
des. négociations infructueuses entamées par
le commodore Lambert, des hostilités qui se
sont engagées devant Rangoun, et de l'envoi
d'uncorpsdetroupesde 6,000 Anglais,en vue
d'un débarquement. Ces préparatifs considé
rables annoncent' que'là compagnie, aprèk
avoir quelqùe texnp,ë Késité sur l'opportunité
d'une.luttequi doit^çQÛtér de fortes sommes,
s'est décidée à agir -aype une grande vigueur,
et il ne serait pas surprenant que, pour eû
finir; elle réclamât la cession du port de
Rangoun. Dès qu'elle aura mis le pied sur
cette partie de la côte -des Birmans, on peut
prédire, qu'elle ne tardera pas, à pratiquer,
avec son habileté accoutumée,' la- politique '
d'annexion-qiiiiuftrd^à-'conquis'de-sivas-*
tes territoires. Au point de vue commercial -
et maritime^ ràcquisitiow de Rangoun serait
très importante pour le? Anglais. L'empire
des Birmans, <îe -même que.tous-ies empires
asiatiques, présente à l'intérieur le spectacle
d'un parfait désordre administratif : les. prin
ces, les gouverneurs de province et les tala-
poim, ou prêtres du pays, se livrent chaque
jour aux plus monstrueuses exactions qui
arrêtent le développement de. toutes les.ri- :
chesses naturelles. Sous un. gouvernemênt
régulier, le royaume d'Ava, qui compte trois
à; quatre millions d!habitans et dont le sol
est très fertile, pourrait ouvrir un débouché
très profitable aux produits européens dans
l'extrême Orient , et la compagnie dçs Indes
saisira sans doute avec empressement l'occa
sion de s'assurer la première " place sur ce
marché et de prévenir la concurrence des.
Américains.,
Au temps de sa puissance dans l'ïnde, le
pavillon français se montrait assez fréquem
ment sur lès côtes des Birmans; ces tradi
tions se sont peu à_ jeu .effacées., JJn 1843,
un navire. dç guerre français, la Fortune,
commandé par M. Leconte, qui' a éprit''une
relation intéressante de son voyagé, à visité
le port de Rangoun, où il fut assez ! fâvôra-
blementaccueilli parlegouverneur.Mais, jus
qu'à cejoiir,-notre commerce n'a pu renouer
ses anciennes! relations avec un pays que sa
atuation géographique place- complètement
soUs l'influence britannique;'Nous çn som-
.mes donc réduits a assister,- comme specta
teurs trop désintéresses, à la lutte qui vient
de s'engager entre la compagnie dés Indes et
là cour d'Ava. Le résultat de cette Lutte ne
jurait être douteux ; nous aurons prochar-
riement à enregistrer une 'nouvelle conquête
des armes britanniques.^;^ D jenj ^ is . .
FKU1LLBTOS D0 CONSTITUTIONNEL, 22 A\R.
XA. VÏE'-A-BEBÔGAS*
AteMêMλ,
8ECON9 VOLOUG.
■ * .xxi. ; ; , r ' J'" , J
' OU LES ÉVÉNEMENS SE PRESSENT.
Avant de chercher un appui en dehors des
sien?, Àdrienne eut'à eséuyer'des combats
intérieurs et a vaincre dès scrupules obsti
nés. Et qu'on rie Vy !raépien'gfe pas y ce p'é-
tail. de sa.part ni ..prud^rib, ni sechéresse, de
ccèui'/ aucune, femmie n'avait plus de natu
rel, ni une sensibilité plus exquise. Mais au-,
cuue-aus£i h'exei'çait5strr elle, quaud il s'a-
gissâit d'un devoir^ un. empiré plus'grand et
n'écartait avec plus C.e soin tout .ce qui pou
vait .répandre, des .rçuages sur sa conduite.
Visa vis du princ^elleen éUiit là, et, à l'ex
cès même-de la. défense, on pouvait jugër
" qu'elle avait, p&ur la pousser aussi loin', de
sécrels et impérieux'motifs.
' Ce scrupule l'eiSipècha long-temps de re-
courir au seul moyen qui lui parût avoir
quelque-efficacité; avant de-s'y décider, elle
voulut épuiser tousses autres. On a vu quelle
insistance elle mit auprès de l'oncle Séverin;
ses dernières lettres étaient empreintes'd'une
douleur, qui. eût amolli, le marbre. Elle lui
rappelait rentr'evïiie~Ô& ils' s'étaient promis
de surveiller désormais Armand,de l'arrêter
sur cette pente où l'entraînait l'esprit du
* La reproduction est interdite
i]nal,T;t 'OÙ devaient périr l'hounfiur de son
nom, 'es biens de sa famille et le repos des.
siens. Quand le -malheureux oncle rece
vait de' ces dépêches, il en perdait l.pen-'
dant trois jours le sommeil et l'appétit;
chaque mot. ! lui allait à l'ame comme l'ai
guillon d'un remords. U prenait alors de
grandes résolutions de réforme, dans lesquel
les il enveloppait son lieveu, et se proposait
de lui faire jun eours de morale capable de
rarùener le pécheur le plus endurci, Mais, à -
la première réflexion, ce beau feu tombait ;
il Comprenait que de pareilles sorties se
raient déplacées dans sa bouche et qu'Ar
mand pourrait lui renvoyer là leçon avec
ùa incontestable à-pi ! opos. U se taisait donc
èt n'osait pas même se.prêter au concours
qu'Adrienne attendait cte-1 ui. • '
; Celle-ci ne faiblit pas pour, cela; elle ne re
tourna pas à *sa résignation silencieuse.
Quand elle eut désespéré de l'oncle Séverin,
Èe fut à Armand qu'elle s'en prit; tous les
quatre jours une lettre partait dés Ageux 'à
son adresse. Ces lettres n'exhalaient aucune
plainte; rien n'y annonçait qu'ellefûtau
çourànt des désordres de son mari; mais la
jeune femme s'y armait de la promesse que
celui-ci lui avait faite, et demandait avec
instance d'aller le. rejoindre à Paris. Pour
la ^première fois elle se plaignit de la vie
Isolée qu'elle menait dans-ce vieux châ
teau, poussa les .qhôses jusqu'à dire qu'une
Semblable existence ne convenait ni à son
âge ni à ses goûts, et que d'ailleurs sa place
(l'était pas là-dès qu'Armand semblait avoir
fisé-son séjour ailleurs. De lapàrtd'AcTrienne
icé langage étaitliouveau,. et, moins préoccu
pé, Courtenay eut compris qu'ii cachait un
commencement, de révolte. Mais, au milieu
du tourbillon qui l'emportait et des embar
ras sans^nombre dont il était assiégé, quelle ;!
impression.pouvaient lui causer les lettres-
de sa femme? A peine-y jetait-il un coup-d'œil
fugitif, et, quand il y répondait, c'était en ■
dés termes vagues et de manière à gagner du
temps. li se retranchait derrière la nécessité
de:prendre d'abord les dispositions néces
saires pour qu'Adrienne trouvât, à son arri
vée, autre chose qu'un logement de garçon
et un ménage d'étudiant; et il ajoutait qu'à
produire Madame Courtenay, il fallait que
les choses se fissent sur un pisd convenable^
digne d'elle et de lui. Telle fut Ta satisfac
tion qu'il accorda aux premières lettres d'A-
drie'nne, et, quand elle insista et revint à là
charge, il ne répondit plus.. -
Ainsi, elle était battue de deux côtés, du
côté de son oncle, du côté de son mari ; elle ;
ne trouvaitdiez les siens que subterfuges ou î
dédains.. C'était à ulcérer le cœur. Elle se dé
fendit 'pourtant Ud ces revanches qui bles
sent ceui qui en usent, comme des armes à i
deux tranchàns ; elle ne céda ni au découra- \
gement,*ni à la vanité ; elle se sentait au- ~
dessus, bien-au-dessus de pareilles atteintes.
Mais, à . défaut de ses appuis naturels, où s'a- j
Presser? A qui démander un conseil '/Com
ment savoir où en étaient les choses? Elle «
voyait bien un ami sûr, qui s'était sponta
nément offert, à qui même elle avait enga
gé sa parole, et pourtant, aux combats de
son esprit, elle comprenait que.c'était lij
une ressource extrême, dont ni ne fallait ;
user qù'à défaut de toute autrè, et.-dans un •'
cas désespéré. Pourquoi tàat de circonspect ;
tion,?. C'était un compte à régler .entre elle?
et sa conscience.- Demandez à la sensitive ce :=
qui lui fait replier ses feuilles au ; plus léger
contact! • . . .-.•i i /> 'n }
Cependant il était temps de prenne un
parti ; les révélations arrivaient de-tous cô-
; tés.- Le vieux Rémy ; n'avait pas pû^garder-
" plù's long-temps le secret des embarras judir
ciairos qui .pesaient sur le domaine des Ageux
et le vouaient'désormais aux serres dés gens
de justice et des usuriers. Dans le cours d'une
.visite chez le, fermier, Adrienne avait reçu,
des mains mêmes du porteurjun acte qui lui
était destiné,: et qui, celte fois, arriva, sui-;
vant les termes Usuels, directement» la perr
sonne. U n'en fallut pas davantage pour là
mettre sur lés traces de cet ensemble de sair; ;
sieset de significations qui changeaient la;,
propriété de mains , et en faisaient une-
proie où les parts seules restaient à ré
gler. Alors bon gré mal gré, maître Rémy
: s'exécuta ; il livra, la collection accablante:
dont il. était-dépositaire ; il raconta ce qu'il
avait fait,-,.dè3 -'l'origine ,' pour- empêcher
gue lé mal n'empirât, son voyage avec Ma
dame de Beaufort et les circonstances qui'
l'avaient acccoinpagné,. la visite chez le no
taire de la famille et. les détails qu'ils y
avaient,recueillies, ênfin tout ce qu'il savait;
de la situation d'Armand èt de ses embarras
chaque jour aggravés. Ainsi Adrienne voyait
peu à peu Les choses s'éclaircir.et se concen
trer entre- ses mains les preuves évidentes et
irrécusables de sa ruine.
■ Ce qui la frappa- sûrtout dans les révéla
tions de maître Rémy, ce fut la présence à
Pai'is d'un notaire, ami de la famille, et char-
* -gé dépuis longrlbmps d'en administrer les
intérêts. A l'instant même, elle bâtit là-des
sus un plan tout entier. Qu'avait-elle besoin
de recourir à des conseils étrangers? Elle
; avait là un . conseiller naturel, accrédité,
: discret et zélé par éîat, réunissant toutes les
, conditions pour, mener à bien une affaire
délicate. Par lui elle apprendrait plu& d'un
détail et saurait comment il fallait agir. C'é
tait là une illusion; mais on/eût dit qu'A-;
drienne en cherchait à dessein pour ajour
ner une réalité qui lui portait ombrage^
Elle agit donc sur l'esprit du vieux lîémy, fit
un appel à ses sentimens, le supplia tant et
si bien, que celui-ci consentit à se 1 déplacer .
encore une fois et à se rendre auprès du no
taire dont il avaUdéjàréclamé les soins obli- ;
geans. Tout se bornait à prier cet officier pu-,
blic de compléter par de, nouvelles informa- ;
lions celles qu'il avait déj àfournies; Or, ce pro-,
gramme si modeste ne put pas même être
rempli. A sonarrivée dans l'étude, le fermier
«apprit qu'elle venait de changer de titulaire.:,
l'ancien s'était retiré à la campagne, dans un,
départementvoisin , et, le nouveau, en fonc
tion depuis un mois, n'était-pas encore au s
courant des choses. U y a d'ailleurs une cer
taine confiance, qui s!attache à, la personne -
plus qu'au titre, et c'était ici le'cas. Maître
Rémy .en fut pour, un voyage infructueux.
A.insi la fatalité poussait Ad.rienne vers le
grince. Ce qu'elle faisait pour s'en éloigner
rendait plus sensible le besoin qu'elle avait
de son concours. Lui seul pouv.ait, s'il l'eût;
bien voulu, prendre sur Courtenay l'ascen»
dant nécessaire; pour le remettre dans le
droit ebéminj et indiquer à la jeune femme
la part qui devait lui-échoir^dans cette œu
vre de réparation et.de salut. Cependant elle?
hésitait, .et cette hésitation se fût prolongée
sans doute, si une circonstance imprévue
n'était venue la déterminer. . . \
Un matin, au moment où elle descendait
pour lè déjeûner, il se fit à la porte des:
Ageiix un bnlit qui en troubla les habi tudes
paisibles. Elle-jeta un coup d'œil au dehors,
et aperçut près des bâtimens de la ferme un
groupe de journaliers formé autour d'un
villageois étranger à la maison. Cet homme :
gesticulait) »et désignait le château Comme
pour indiquer-le but de sa;coui'se;.le3géns
du groupet avaient, l'air de s'opposer à ce
qu'il pénétrât ainsi sans être annoncé ni pré- ■
cédé. Adrienne envoya savoir, de quoi il s'a-
jissait;-c'étaitun-messager-arrivant.de Ver-.>
beriej où Madame .de Beaufort avait repris
son domicile .depuis plus d'un mois, il entra .
et expliqua l'objet , de- sa mission : -elle était
fort sérieuse.' La veille au soir,îâprès le ré- >
pas, la grand'mère d'Adrienne ' avait été su- :
bitement, frappée d'ime indisposition qui '
donnait des inquiétudes au médecin de la lo
calité. Dans les premières heures ; du mal,
elle avait perdu connaissance, et ne l'avait •
retrouvée qu'après'un temps eides 'soins ip'- '
finis. Revenue à elle, son premier mot, avait
été pour sa petite-fille ; elle avait- prié les
personnes qui eniouraient son, lit de lui en
voyer un exprès sur-le-champ; etde l'infor- .
mer_ de son état ; elle n'avait eu de repos '
qu'après avoir vu Fexprès de ses yeux, lu >
avoir .donné quelques instructions,-, et s'être-
assurée'de son départ. . . ,
Adrienne, ne voulut point entrer dans
d'autres détails ; ce qu'elle avait appris lui «
suffisait. A l'âgé de: sa grand'mère, toute mi
nute -de retard pouvait être fatale, et l'ins
tance que celle-ci avait mise à la faire préve- -
nir, semblait indiquer chez la malade même ■
la conscience d'un danger imminent. La ;
jeune femme fit atteler son meilleur, cheval,
èt quitte les Ageux peu de mômens après
que Ja . fâcheuse nouvelle Jui fut parve
nue. Sa pensée allait au-devant des faits'
et cherchait à .en- apprécier la. gravité ;
tantôt elle se demandait si quelques .cau
ses n'avaient pas -précédé et amené l'acci
dent; tantôt L elle .craignait d'arriver trop
»ÏUS OS VABOKÏïSaiXM*
PARIS 1Î Ï; tAIt TiUMEST&E.
. DÉPABTEilENS. 18 F- . — © ■
Jfl NUMÉRO : *3 centimes;.
K>ua les pats ÉTBiscïH», m reporter*
tu taisieau (pji sera publié dans le journa',
les 19 et da chaque moi*. ' ~|
Lu aboimesnenr datent du l" et 16
4* abaque tncit.
^'adresser, franco, pour ia rédaction, . ïm articles déposés ne sont pas rendusj
BtiREillIX : rue «Je r
185-2. JEUDI 331 AVRIL.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
! I Oa/tiojw, dont Us département, aux Messageries tiau$ flirectiont deposte.—ALortdnes, ckesMîi, CcMIff bîls* f
| . , • , • — A Strasbourg, chei M. AiAXANBEïjTKntr l'AMemaj,ne. •• ■ i |l
S'adresser, franco, pour Fadministration*, à M. feuiitf, directeur!
Les aonor ces sont réçuësTau bureau du lournal; pt chei.M; fJUW? régisseur^ i»; plaoc de là B outs # •
PMtlS, m^TOfclL.
Les pessimistes ont vu toutes leurs sinis
tres prédictions-en matière de finances rece
voir successivement le démenti le plus éner
gique, gfràce au développement général des
affaires et à l'affermissement du crédit pu--
jblic.
Lorsque le gouvernement décréta le" rem
boursement ou la conversion des rentes 3
0/0, on prétendit que l'opération était pré
maturée, qu'il y avait trop peu de temps
que les cours dépassaient le pair, et que l'on
préparait à nos fipances des embarras , ëî*
même des dangers dont elles auraient pèi-
; ne à sortir. L'événement, n'a pas lardé, à
répondre. Cette grande opération, si bien
conduite par M. Bineau, a été réalisée avec
un succès qui a dépassé toutes.les espéran
ces. On n'a pas eu i besoin dç/Tecourir à
la faculté des remboursemenè--par séries^
que M. le ministre ides finances avait dû
-se réserver pour être en mesure de parer,
à toutes r les éventualités. Aujourd'hui,,, le
5 0/0 n'existe plus. Notre budget est défini
tivement allégé d'Une somme de 18 millions:
On disait également que l'impulsion don-.'
liée aux. transactions, industrielles et com-
jnerciales, par l'acte de salut du 2 'décem
bre, pétait arrêtée ; que la langueur avait
succédé presque partout à un prêmier mou
vement- d'activité. Les chiffres officiels^se
sont, chargés de faire juslice de ces fausses
rumeurs. L'augmentation-de près de 5 mil-
lionsj que le produitdes impôts indirects pré
sente pendant le seul mois de mars, a montré
nettement qjiô la prospérité publiques," loin
de se ralentir? marchait, en. quelque sorte-à"
pas de géant. Lesdistricls manufacturiers,
sont accablés dé commandes ; les .affaires
prennent un essor comparable à celui de nos
, meilleurs jours; là consommation s'accroît
en même: temps .que la production. Il de
meure évident qtraïSTësrTîhepériode de dé
fiance et de compression,"/qui a duré.près "de
quatre années, hous entrons dans une ère
nouvelle, dans une ère de calme et de sécu
rité, où les forces vives du pays doivent se'
développer avec' toute leur puissance d'ex
pansion. i ...
. Que n'a-t-on pas dit encore, lorsque le
gouvernement,.'voyant;Jç crédit çublic se re
lever, ..concéda les derniçrés lignes de che
mins de fer ? On l'accusa d'aller trop vite, de
trop entreprendre à la fois, de dépasser la
proportion des capitaux disponibles, fct de
préparer une crise financière en jetani sur
la place une masso de. valeurs qui ne de
vaient pas trouver à se classer. Cependant au
cune de ces craintes ne" s'est réalisée; le mar
ché des chemins'de fer slest soutenu, et la si
tuation n'a fait que s'améliorér. On prétendit
ensuite .que les'embarras étaient Seulement;
différés, que, si les affairés ne s'en étaient;
pas encore ressenties, c'est que .les-noiiveiies,
entreprises n'existaient; en* gr an de. partie que
sur-le papier jMais -que les difficultés se ma
nifesteraient aussitôt .qu'elles passeraient 1 a
. l'esécutiouiet qu'elles feraient sérieusement
appi>l- abx capitaux. Que voTOiïs-noùs cepen
dant? Les compagnies annoncent simultané
ment l'érnîssion d'obligations montant à des
sommes considérables, et aussitôt les actions
qui dogrirnt droit à -'tes dbligHtions éprou
vent une nouvelle hausse. Ainsi, ces fàcluu-
ses prophéties sont démenties comme -les.
auires-.
C'est qu'en effet le gouvernement, en con
cédant 1 (!S dernières lignes destinées à com
pléter noire réseau de chemins-de, fer,
n'a pas trop présumé des forces aocumu-
'làes pendant unè longue période, de ré
serve et d'inactivité. A combien s'élèvent,
en définitive., les travaux ^restant à faire
sur les' chemins nouvellement accordés;
à l'industrie .privée ? A. moins de. .500 .mil
lions, gar- lesquels plu& de. 100 millions
sont encore à" la chargé de" l'Etat. Ce n'est
certes-pas un semblable fardeau quif réparti
sur plusieurs années, pouvait être suscepti
ble d'écraser la situation.'Qu'on interroge le
dernier compte-rendu de la Banque, et Ton
verra qu'il y a chez elle une somme de 200
millions en comptes-eourans particuliers,
qui n'attend qu'une occasion pour se placer
utilement, et à laquelle les chemins de fer
doivent ouvrir un emploi.
: Tous ces démentis, donnés successivement
aux alarmes répandues par les pessimistes,
doivent rassurer à la l'ois les esprits et les
intérêts. La confiance fait chaque jour de
nouveaux progrès , et elle deviendra iné
branlable - lorsqu'on verra les institutions
actuelles, après les premiers frottemèns
qu'Une machine nouvelle éprouve toujours
au moment de sa mise en train, fonctionner
d'une manière régulière, et produire tous
leurs fruits. • • •
J. CURAT.
. Un grand nombre de- .personnes,s'imagine,
et répète que l'Empire doit' être, proclamé à
l'occasion d'une- fête. Supposer ainsi au gou
vernement le désir d'un prétexte pour chan
ger l'ordre, de choses^ étabij, c'est se faire..
une bien fausse idée de la.manièré dont il
envisage ses devoirs. Si la"'nécessité ame
nait'jamais une semblable "résolution", elle ne
pourrait s'accomplir que sur1'inï|,iative des
pouvoirs constitués et avec l^assen liment du
peuple tout entier.
. Quant aux acclamations de l'armée,'elles
.siont, il est. vrai, pour Je chef de l'Etatun
'témoignage précieux des sentimens. dont
elle est animée, mai£ ellçs ce sauraient pro
duire un résultat politique. Aussi, à la céré
monie du JO mai prochain, les.soixante mille
hommes réunis au Champ-de-Mars auraient
beau saluer le Préaident du nom d'«mpe-
{reur® que le rétablissement de j'Empire n'en
serai t pas avancé d'une heurp;
: . . . , ' (Communiquéj)
i La commission chargée d'examiner le pro
jet de loi sur la réhabilitation s'est réunie
aujourd'hui de'deux heures-à cinq heures.
"Elle se réunira de nouveau demain à deux
' heures; ., . ,. s . ' .
. t>n assure que le Corps Législatif sera pro
chainement saisi d'un projet .(Je loi dont s'oc
cuperait en -ce moment le conseil : d'Efit
et qui a pour, objet ds modifier lés'àrt.'S, fi
et -7,du Code d'iustruclion criminelle. Ces ar 7
tiçles sont relatifs aux crimes commis par
des Français en pays étranger. Le nouveau
projet aurait notamment pour but de com
pléter la législation, en l'appliquant non plus
seulement aux crimes mais encore à certains
délits (par exemple aux délits' de presse)
q'ommis à l'étranger. ,, '. (
; J x 1 v v
. Les prévisions que ■ nous, avons récem-
rhent exprimées fur la situation dé l'Es
pagne se trouvent aujourd'hui justifiées.
Nos lettres de Madrid nous annoncent qu'il
est qiïestion de réformer la loi électorale et
de iiaire quelques modifications à la Çonsti-
tutiou. . - . :
Lu nouvelle loi sur la presse que le mi
nistère'Bravo-Murido a publiée, faisait voir
que le. gouvernement espagnol,'so sentant
mal à l'aise dans le cercle parlementaire
' éù il est aujourd'hui renfermé, se prépa
rait'à essayer'n'en sortir. Ce premier.pas
'lui a très bien réussi, surtout depuis que
la reine isabell
suivre la nouvelle loi d'unè amnistie générafe
pour tous lesdélits deprèsseanténeurs à eette
législation. Le public aires bien aecaeilli lès
deuxlmcsures, et elles commencent -à pro-
durrê.d 6 très bons rësultiats.
' Ea eûet, -depuis quelques semaines, les
journaux", espagnols,- abandonnant les dis
cussions purement politiques, dans, les-
qiîelles ils ne bnllaii'nt ni par la modéra- 1
lion ni. par la connaissance des faits, ont
entrepris avec ardeur, et. .même avec au- -
tant de- lucidité que d'intelligence, l*â" dis
cussion des améliorations matérielles dont,
le pays a si grand besoin. C'est par là qu'ils ■
pourront éclairer lè gouvernement et venir •
en aide au grand mouvement de progrès qui -.i
se fait sentir aujourd'hui dans la Péninsule.
Les fon
nellement, et sont déjà' arrivés ; à des, prix,
qu'ils n'avaient jamaiaatleints jusqu'à pré
sent. :. ', - -
Peu-de pays ont autant combattu que l'Es
pagne pour arriver à avojr Un régime cons
titutionnel , mais l'opposition a toujours été
si - acharnée d'ûn côté, et -l'indifférence si
grande de la part du peuple, que jamais les
-fermes parlementaires n'Ont pu ni bien ser-
Vir .les intérêts du pays ni satisfaire les mas
ses. De là tant de changemens de Constitu
tions et tant de résistances. v '
Les ministères ont souventlépuisé leur ,
courage devant des chambres passionnées et
inintelligentes et, de guerre lasse, voyant,
qu'il leur était impossible de rien avancer,
les ont tantôt prorogées et tantôt dissoutes
plusieurs fois dans
vres impossibles -à force de débats inuti- .
les,.d'amendeméns malveillans et de chi
canerie politique. vAussi lisait-on rarement
dans les comptes - rendus 1 des cortès des •
discours même prononcés par \des pra -
leurs de grande réputation; qui eussent
rapport à des sujets spéciaux et aux ques
tions d'intérêt-matériel. L'éloquence dé -'
bordait au moindre prétexte politique: onse
taisait et on votait contre le gouvernement,
lorsque celui-Ci voulait parler d'affaires.
On n'aurait dnne pas lieu d'être surpris si
les réformes qu 'on nous annonce se réali
saient, et si le gouvernement espagnol, afiu
de gpuvoir marcher plus rapidement dans
les voies de progrès ou il est entré et où on
lui suscite tant d'obstacles, cherchait à or r
ganiser jine meilleure législation, dans l'in
térêt du pays et pour l&bonheuf de là mo
narchie. . '
. Maintenant une seule question nous paraît :
moins facile à résoudre : c'est 'celle du choix '
des personnes auxquelles il cdnviendrait;de
confier cette modification d u syétème parle
mentaire,et c'estaux conseillers intimes de
la reine Isabelle à y bien réfléchir.
, i.L. B QNIFACK. . -
Le président et les secrétaires; du Corps
Législatif-ont. eu l'honneur d'être reçus hier
par le prince-Président de la République> et
lui ont présenté le projet de loi relatif à la r
refonte dès monnaies",de «uivre, adopté par
le Corps Législatif dans sa séance d'hier.,
Le gouvernement'espérait que la distribu
tion desdrapeauxde la garde nationale pour- ^
fait se faire "en mèmë-temps que'belle'qui "
doit avoir lieu pour l'armée, le 10 mai pro
chain. Mais la réorganisation de la garde nar
tioriale n'est point assez avancée..Dans "l'état
4ctiiel, ' on ne, pourrait réuni r .'à la garde
nationale de Paris que des détachemèns
de troig où quatre de nos priripipales villes, ,
et Jft gouvernement ft dû renoncer à son pro
jet. Il a préféré attendre que çfttteVéorgani- •>
sation fût. complètement terminée, afin que
la garde nationale .tout, entière , pût être,,
comme l'armée, re'préseptéç à }a distribu
tion de ses aigles, et il a fixé, èn cpnséquen-
çe, cette dernière solennité au t5 aoû.t pro
chain. - -(Moniteur.)'
Si nous en croyons les nouvel lest données
par la -Gazette de fiâle du -19 , r ;leS radi-.
caiix auraient essuyé un échec à Berne,'et
n'auraient pu obtenir la révision tle Ja Cons
titution. "Il • est vivement à désirer que
cette nouvelle se confirmé. La victoire du
parti conservateur à Befne pourrait. être
pour ta Suisse le point de départ d'un re
tour aux idées modéréfes et sagement libé
rales. , CuCHEVAL-CLAniGNY,
On lit dans h. Gazette de Bâh : •
« A Berne, il y avait-Mer, 2,9'J2 voiï coi'tre la
révocation, t-t 1^98 pour. Dans la ville de Burg-
dorf, tes.radicaux ont remporié la vifetoire. Dans
les environs dé Berne, les ojaservateurs ont eu
t,875 voix cnutre 5M. D.ins les autres communes .
du centre,. il y -a eii 3,880 vpix contre tt 1,800
pour. Le résultat de3 votes connus jusqu'à ce
jour est de 13,200 contre et de 9,S00 poui" M ré
vocation. En comparant ce -vole avec celui du mois.
i d'octobrfl, on est porté à çrolre tfue l'opinion des
^'luérvjteurs a gagné 4a terrain. -L'activité de-
-, plây.écpar les autorités bernoises à singulièrement
coritribuéà ceTésultat/-» • •- -
Nous trouvons dans le Morning-Herald,
dont les relations avec ' le nouveau cabinet
anglais sont bien connues, un article qui
contient une appréciation très juste de la
■ situation de la France, et dès immenses ser
vices que Louis-Napoléon a rendus à la so
ciété. . * • CuCITEVAl-CtAKIGNY.
Il n'eft pas- de maux actuth, quelque grands
.qu'ils soient, qui peuvent un se"l instant soutenir la
» comparaison avec ceux dont la société, en France,
! était menacée, Sans le coup d'Jitat du. 2 décembre,
'le .mois d'avril, dont, on ne se plaint "que parce
que le temps est trop beau, ne se serait pas
■ passé dans la jouissance des vacances de Pâques.
, La désorganisation morale qui avait affligé la
{ société aussitôt après l'enthousiasme irréfléchi de
; février 1848, avait dégénéré en combinaisons per-
< verse» pour la réalisation, des rèv-tries qui'eussent
: dû,être oubliées une fois l'ivresse passée. Cette dé-
i sorganisation toujours croissante^ à mesure que la
; fatale année, de. 1.852 -approchait, avait pris une
" intensité rapide qui ne pouvait être arrètée'qne com
me elle l'a été, ou'par une résistance qui eût étendu
les jours de bataille de juin 1818 à'ia majeure par
tie du paysj avec des chances bien moindres ; pour:
: lfs amis de-l'ordre. Les travaux des commissaires-
, du gouvernement, MM. Quentin Bauchart, colonel
Espinasse et général Csnrobert sont instructifs. Il
, est difficile de nier que .lasocicté.ea France ait été.
sauvée pafc.l'actt, du 2 décembre. . •
Nous croyons que bien des.hommes regardés
comme des chefs, politiques actifs dans l'Assemblée
natieualeet qui étaient eîfrayésdesconséquencesd'u-
ne tyrannie ténébreuse à laquelle ils ne pouvaient
pas échapper, se sont sentis plus soulagés qu'ils
n'auraient eu le courage de l'avouer en^trouvant
affranchis par un bras lort, môme au prix'd'une
dignité onéreuse et d'une importance pûrëmentsu-
perlicielle. Des hommes respectables qui croyaient
leurs compatriotes, ^nonobstant leur effervescence
et leur impatience du contrôle personnel, suscep
tibles de se gouverner, cl qui s'étaient imaginé
qu'une forme de gouvernement exigeant d'u Viésin-
"téressement et de la vertu pourrait être établie sans
ses bases essentielles, ont depuis ouvert les yeux et
' confessé leur erreur. Ces hommes se rallieraient aux
formes bien équilibrée;! du -gouvernement constitu
tionnel, et ils fortifieraient les partis monarchistes
libéraux; qui en doute? Il y a peu d'hommes d'un
• esprit -élevé et d'une intelligenceiéclairéepour qui
le gouvernement despoiiquepuiss^ être autre chose
qu'onéreux et humiliant, parce qy'il détruit l'in-,
dépendance individuelle-: mais quand môme l'his
toire n'abonderait pas en exemples pour notre
instruction, il.ne faudrait que le simple bon sens
pour découvrir que la force de -l'action" conservatri-
.«ce doit être concentroe dan» la proportion de l'é
tendue de laitésofganisation ét'deTanàrchie': "
_ Une assemblée divisée, mais réunie uniquement
par un .sentiment de -répugnance - contre le pou-^
; voir exécutif, n'aurait pas pu, sans arme entrêses"
mains, conjurer l'orage[ ; quv^amoncelait sur 1832.
Ce qui prouve l'évidence dé cette vérité, c'est la
résignation chagrine des partis eux-mêmes qui, la
■"ÀfeiHe du -2 décèmhre, luttaient e-vetf- impuissance-
..Wnire l'autorité seule en état ds les' sauver des
dangers sur lesquels ils fermaient volont ûrement
les yeux.' " ,v ■ ■'
Ils acceptent aveè résignation cet interrègne de
repos. Si la.liberto^est, circon.-crite, du moins les
saturnales de la licence ont été écartée.-*. -La pro
priété est protégée, et l'industrie reçoit des encoil-
; ragemens,.Le-gouver nement profite .habilement de
; l-i .direction,prisé par l'énergie irrésistible de la na
tion, pour aider et stimuler les entreprises com
merciales etigagn^r de la popularité par (i sym
pathie avec l'ai/le du tJmps-. Il marche- sur -ljt-
Savoie et le Rhône ave'c des tarifs.et dg^ traités,
au liau de.s'amùler avec, la cavalerie et 1e canon.
Ce ujest, pàà cesser d'être 'Anglais qii'e de ' dhër-'
cher à.peser avec calme et impartialité les circons
tances dans lesquelles à « été placée la France, et
' de rendre justice'à l'homme qui, s'il n'a pas cru
! devoir-rendre aux corps représentatifs l'indépen-
idatice bidn mesurée dont ils jouissaient sous 1 la-
monarchie, a cependant sauvé le pays d'une hor
rible anarchie, contre laquelle seul il pouvait
lutter.
Les journaux des Etats-Unis ont, à plu
sieurs reprises, entretenu leurs lecteurs de
préparatifs militaires qui se poursuivaient
dans l'Amérique centrale, et dont l'objet de
meurait inconnu. Ce mystère est aujour
d'hui dissipé.'Cette expédition est.dirigée par
le général Flores, qui, pour là secondé fois,
' tente de ressaisir paf la fpree le go.uvern 5-
!mentde la république de riïquateur. ,
Flores a acheté de la compagnie pour la
navigation à vapeur dans l'Océan-Paciîique ?
.le-bateau à vapeur le Chili, et ila enrôlé
de deux mille à deux mille cinq cents hom-
; jnes, la plupart émigrans allemands et irlan:
dais.,Ude' escadrille de cinq ou'six bâtimèns
armés.a quitté" Callaq le 7 niars, et elle a été
rejointe en pleini' mèr par un navire portânl'
200 Chiliens qui font partie de rexpédition. T
. Le Chili, après avoir embarqué du charbon j
de# provisions,-huit canons et des" munitions
considérables, a' dû sortir *de Callao le 10
mars; aller toucher à Ancon, pour v y pren
dre -Flores êt "son état-major, et rejoindre
l'escadre en rade de Tumbes, c'est-à-dire à
quelques milles au sud de l'embouchure du
Guyaquil. .Aussitôt l'arrivée de Flores, on
devait remonter là rivière,-et attaquer la
ville de Guyaquil., • - '
; Flores a .enrôlé un certain nombre. d'An
glais et d'Américains, auxquels il a donné
des commandemens dans son expédition. Le
gouvernement péruvien, sur le territoire
duquel Flqres a fait tous les préparatifs, a
fermé les yeux sur celte infraction aux lois
.de la neutralité : il passe même pour avoir
favorisé de tout son pouvoir les projets
du général. Nous ne tarderons pas à connaître
le résultat de cette tentative aventureuse,
car le paquebot américain la Bolivie, faisant
le service entre ValparaisoetPanania, a ren
contré, le 13 mars^ devant Tumbès, l'escadre
"de Flores. La'Bolivie a trbuvé, le 1-i, Guya
quil dans là; plus grande agitation, les rues
barricadées, ■et environ quinze cents hom
mes bivouaquaient sur la place., te consul*
français avait retenu daus le port la corvette
de l'Etat la Prudente, afin qu'elle fût en me
sure de protéger nos nationaux; t .
CUCHEVAL-CLAIUGNÏ. ,
LA. GUERRE DES lilRSIAlVS.
La .guerre dans laquelle les Anglais se
trouvent aujourd'hui -engagés avec les Bir
mans, et qui se terminera nécessairement
par un nouveau: triomphe de la-politique
.britannique dans l'Inde, fournit une occa-
, sion naturelle de rappeler les diverses pha
ses des relations qui, dépuis vingt-cinq ans,
qnt existé entre le, gouvernement de l'Inde
anglaise et la cour d'Ava. L'empire des -Bir
mans est aujourd'hui'l'Etat le plus puissant
de l'Inde transgangétique, et la éompagnie a
toujours étudié très atténtivement la situa- '
tion intérieure de.oe pays,' qui est destiné à,
suivre, tôt ou tard, le sort de tous les empi
res indiens, et a "devenir tributaire, sinon,
sujet de l'Angleterre. i •_
Lorsque, en 18M,,lord Hastiûgs quitta le .
gouvernement général de l'Inde anglaise, il
légua à son successeur, "lord Amherst, les
embarras d'une première guerro avec; les
Birman.?; Ceux-ci prétendaient à. la souve
raineté ,dq divers districts, situés sur leur
frontière, et ils monacèrent d'envahir Dacca,.
placé depuis plusieurs années sous, la domi
nation anglaise: Le 10 mai, une: expédition,
commandée par le major-général sir Archi-
-batd-Cffmpbell,-débarqua dovaatrft«igétt^ , -
qui fut pris sans coup férir. Avant la fin de
1824, la côte entière des' Birmans se trouva
conquise ; la fcour d'Ava repliait ses forces
dans l'intérieur du pays, où elle attendait ,
les Anglais. -, « .
La lutte se prolongea pendant le cours de
l'année 1825; partout les forces britanniques ;
obtinrent l'avantage, mais elles eurent beau
coup à souffrir de l'intempérie des saisons".
Ce fut le 1 er décembre que se livra la ba
taille décisive-entre-l'armée birmane,- forte
de 60,000 hommes, et lès forces de sir Ar -v
chibald Campbell. La lutte dura deux jours;
après une vive résistance, la Victoire demeu
ra aux Anglais qui poursuivirent active
ment l'ennemi et le forcèrent à signer , '
le 3 janvier 1826,1e traité d'Yandàbo; Lès-
hostilités furent cependant reprises par la ;
cour d'Ava,' qui . refusa'une preiùîère fois
d'cchanger les ratifications de ce traité : les
Anglais gagnèrent une seconde bataille; et 1^
paix fut définitivement concluele 24 février:
1826. Les Birtnans devaient céder à la com- -
pagnie des Indes les territoires d'Arakan,
Merguy, Tavoy 'et Yeh : ils s'engagèrent, en
outre, à payer une indemnité de vingt-cinq
millions,de francs et à négocier, soUs un bret
délai, une."convention -commerciale. Cette
Convention fut, en effet, signée le §4 novein-
;br.e 1826 par "les plénipotentiaires birmans
et par M . Crawford, qui représentait la com
pagnie. Elle accorde aux négocianâ- anglais
la liberté de commeree dans toute l'étendue
de l'empire et leur garantit le traitement de
la-nation privilégiée.
. Le traite d'Yandabo autorisait en outre J.a
compagnie à établir un résident à-poste fixe?
à la cour d'Ava ;' le major Burney fut le pre-
tniçr titulaire de celte fonction delicate, qu'il.
remplit, d'abord pendant deux ans, puis de
1833 à 1838, sous le règne du prince Thara-
Àvaddy. On sait ;que, pour entretenir des re
lations suivies avec les' souverains de l'Inde,
là compagnie place habituellement auprès
d'eux un officier chargé de surveiller la poli
tiqueintérieure etde faire prévaloir en toutes
circonstances l'influence britannique. Le plus
souvent cet officier, sous le titre assez vague de
résident, devient le véritable ministre, et pré
pare ainsi les voie3 à une domination com
plète. C'est .par ce procédé que la compagnie
s'est successivement emparée de la plupart
des royaumes de l'Inde. Les résidens qu'elle -
envoya à la cour d'Ava ne purent toutefois
réussir à intervenir activement, comme leurs
instructions le prescrivaient, dans les affai
res intérieures du pays. Ils ne furent reçus
qu'avec défiance, et se virent fréquemment
•exposés à subir des humiliations qui au
raient fourni de sérieux prétextes de guer
re, si la compagnie, vivement préoccupée
çles événemens beaucoup plus graves qui se
préparaient dans le Scinde et dans le Ca
boul, n'avait cru "devoir apporter dans ses
relations avec les;Birmans là plus grande
réserve. - Le commerce demeura régi par: lès
stipulations .générales,: .du traité de- 1826 ;-
mais on supprima l'emploi de résident à
Rangoun ; et,, s'il n?y avait pas encore hosti
lité Ouverte entre le gouvernement de Calr
cutta et lès BirmanSj du moins les rapports
étaient de part et d'autre peu brenveillans,
et, au premier moment, une iiouVelle guer
re pouvait éclater. . ,
L'occasion se présenta au inois.de juin'
18S0; un sujet anglais, établi à Rangoun, se
plaignit d'exactions dont il prétendait avoir
été victime, et-la cour d'Ava ayant "refusé "de
donner satisfaction, la' compagnie dut re
courir auxmoyénscoërcitifs. Nous avons ren
du compte de? divers événement qui se sont
passés à-Rangoun pendant, ces derniers mois;
des. négociations infructueuses entamées par
le commodore Lambert, des hostilités qui se
sont engagées devant Rangoun, et de l'envoi
d'uncorpsdetroupesde 6,000 Anglais,en vue
d'un débarquement. Ces préparatifs considé
rables annoncent' que'là compagnie, aprèk
avoir quelqùe texnp,ë Késité sur l'opportunité
d'une.luttequi doit^çQÛtér de fortes sommes,
s'est décidée à agir -aype une grande vigueur,
et il ne serait pas surprenant que, pour eû
finir; elle réclamât la cession du port de
Rangoun. Dès qu'elle aura mis le pied sur
cette partie de la côte -des Birmans, on peut
prédire, qu'elle ne tardera pas, à pratiquer,
avec son habileté accoutumée,' la- politique '
d'annexion-qiiiiuftrd^à-'conquis'de-sivas-*
tes territoires. Au point de vue commercial -
et maritime^ ràcquisitiow de Rangoun serait
très importante pour le? Anglais. L'empire
des Birmans, <îe -même que.tous-ies empires
asiatiques, présente à l'intérieur le spectacle
d'un parfait désordre administratif : les. prin
ces, les gouverneurs de province et les tala-
poim, ou prêtres du pays, se livrent chaque
jour aux plus monstrueuses exactions qui
arrêtent le développement de. toutes les.ri- :
chesses naturelles. Sous un. gouvernemênt
régulier, le royaume d'Ava, qui compte trois
à; quatre millions d!habitans et dont le sol
est très fertile, pourrait ouvrir un débouché
très profitable aux produits européens dans
l'extrême Orient , et la compagnie dçs Indes
saisira sans doute avec empressement l'occa
sion de s'assurer la première " place sur ce
marché et de prévenir la concurrence des.
Américains.,
Au temps de sa puissance dans l'ïnde, le
pavillon français se montrait assez fréquem
ment sur lès côtes des Birmans; ces tradi
tions se sont peu à_ jeu .effacées., JJn 1843,
un navire. dç guerre français, la Fortune,
commandé par M. Leconte, qui' a éprit''une
relation intéressante de son voyagé, à visité
le port de Rangoun, où il fut assez ! fâvôra-
blementaccueilli parlegouverneur.Mais, jus
qu'à cejoiir,-notre commerce n'a pu renouer
ses anciennes! relations avec un pays que sa
atuation géographique place- complètement
soUs l'influence britannique;'Nous çn som-
.mes donc réduits a assister,- comme specta
teurs trop désintéresses, à la lutte qui vient
de s'engager entre la compagnie dés Indes et
là cour d'Ava. Le résultat de cette Lutte ne
jurait être douteux ; nous aurons prochar-
riement à enregistrer une 'nouvelle conquête
des armes britanniques.^;^ D jenj ^ is . .
FKU1LLBTOS D0 CONSTITUTIONNEL, 22 A\R.
XA. VÏE'-A-BEBÔGAS*
AteMêMλ,
8ECON9 VOLOUG.
■ * .xxi. ; ; , r ' J'" , J
' OU LES ÉVÉNEMENS SE PRESSENT.
Avant de chercher un appui en dehors des
sien?, Àdrienne eut'à eséuyer'des combats
intérieurs et a vaincre dès scrupules obsti
nés. Et qu'on rie Vy !raépien'gfe pas y ce p'é-
tail. de sa.part ni ..prud^rib, ni sechéresse, de
ccèui'/ aucune, femmie n'avait plus de natu
rel, ni une sensibilité plus exquise. Mais au-,
cuue-aus£i h'exei'çait5strr elle, quaud il s'a-
gissâit d'un devoir^ un. empiré plus'grand et
n'écartait avec plus C.e soin tout .ce qui pou
vait .répandre, des .rçuages sur sa conduite.
Visa vis du princ^elleen éUiit là, et, à l'ex
cès même-de la. défense, on pouvait jugër
" qu'elle avait, p&ur la pousser aussi loin', de
sécrels et impérieux'motifs.
' Ce scrupule l'eiSipècha long-temps de re-
courir au seul moyen qui lui parût avoir
quelque-efficacité; avant de-s'y décider, elle
voulut épuiser tousses autres. On a vu quelle
insistance elle mit auprès de l'oncle Séverin;
ses dernières lettres étaient empreintes'd'une
douleur, qui. eût amolli, le marbre. Elle lui
rappelait rentr'evïiie~Ô& ils' s'étaient promis
de surveiller désormais Armand,de l'arrêter
sur cette pente où l'entraînait l'esprit du
* La reproduction est interdite
i]nal,T;t 'OÙ devaient périr l'hounfiur de son
nom, 'es biens de sa famille et le repos des.
siens. Quand le -malheureux oncle rece
vait de' ces dépêches, il en perdait l.pen-'
dant trois jours le sommeil et l'appétit;
chaque mot. ! lui allait à l'ame comme l'ai
guillon d'un remords. U prenait alors de
grandes résolutions de réforme, dans lesquel
les il enveloppait son lieveu, et se proposait
de lui faire jun eours de morale capable de
rarùener le pécheur le plus endurci, Mais, à -
la première réflexion, ce beau feu tombait ;
il Comprenait que de pareilles sorties se
raient déplacées dans sa bouche et qu'Ar
mand pourrait lui renvoyer là leçon avec
ùa incontestable à-pi ! opos. U se taisait donc
èt n'osait pas même se.prêter au concours
qu'Adrienne attendait cte-1 ui. • '
; Celle-ci ne faiblit pas pour, cela; elle ne re
tourna pas à *sa résignation silencieuse.
Quand elle eut désespéré de l'oncle Séverin,
Èe fut à Armand qu'elle s'en prit; tous les
quatre jours une lettre partait dés Ageux 'à
son adresse. Ces lettres n'exhalaient aucune
plainte; rien n'y annonçait qu'ellefûtau
çourànt des désordres de son mari; mais la
jeune femme s'y armait de la promesse que
celui-ci lui avait faite, et demandait avec
instance d'aller le. rejoindre à Paris. Pour
la ^première fois elle se plaignit de la vie
Isolée qu'elle menait dans-ce vieux châ
teau, poussa les .qhôses jusqu'à dire qu'une
Semblable existence ne convenait ni à son
âge ni à ses goûts, et que d'ailleurs sa place
(l'était pas là-dès qu'Armand semblait avoir
fisé-son séjour ailleurs. De lapàrtd'AcTrienne
icé langage étaitliouveau,. et, moins préoccu
pé, Courtenay eut compris qu'ii cachait un
commencement, de révolte. Mais, au milieu
du tourbillon qui l'emportait et des embar
ras sans^nombre dont il était assiégé, quelle ;!
impression.pouvaient lui causer les lettres-
de sa femme? A peine-y jetait-il un coup-d'œil
fugitif, et, quand il y répondait, c'était en ■
dés termes vagues et de manière à gagner du
temps. li se retranchait derrière la nécessité
de:prendre d'abord les dispositions néces
saires pour qu'Adrienne trouvât, à son arri
vée, autre chose qu'un logement de garçon
et un ménage d'étudiant; et il ajoutait qu'à
produire Madame Courtenay, il fallait que
les choses se fissent sur un pisd convenable^
digne d'elle et de lui. Telle fut Ta satisfac
tion qu'il accorda aux premières lettres d'A-
drie'nne, et, quand elle insista et revint à là
charge, il ne répondit plus.. -
Ainsi, elle était battue de deux côtés, du
côté de son oncle, du côté de son mari ; elle ;
ne trouvaitdiez les siens que subterfuges ou î
dédains.. C'était à ulcérer le cœur. Elle se dé
fendit 'pourtant Ud ces revanches qui bles
sent ceui qui en usent, comme des armes à i
deux tranchàns ; elle ne céda ni au découra- \
gement,*ni à la vanité ; elle se sentait au- ~
dessus, bien-au-dessus de pareilles atteintes.
Mais, à . défaut de ses appuis naturels, où s'a- j
Presser? A qui démander un conseil '/Com
ment savoir où en étaient les choses? Elle «
voyait bien un ami sûr, qui s'était sponta
nément offert, à qui même elle avait enga
gé sa parole, et pourtant, aux combats de
son esprit, elle comprenait que.c'était lij
une ressource extrême, dont ni ne fallait ;
user qù'à défaut de toute autrè, et.-dans un •'
cas désespéré. Pourquoi tàat de circonspect ;
tion,?. C'était un compte à régler .entre elle?
et sa conscience.- Demandez à la sensitive ce :=
qui lui fait replier ses feuilles au ; plus léger
contact! • . . .-.•i i /> 'n }
Cependant il était temps de prenne un
parti ; les révélations arrivaient de-tous cô-
; tés.- Le vieux Rémy ; n'avait pas pû^garder-
" plù's long-temps le secret des embarras judir
ciairos qui .pesaient sur le domaine des Ageux
et le vouaient'désormais aux serres dés gens
de justice et des usuriers. Dans le cours d'une
.visite chez le, fermier, Adrienne avait reçu,
des mains mêmes du porteurjun acte qui lui
était destiné,: et qui, celte fois, arriva, sui-;
vant les termes Usuels, directement» la perr
sonne. U n'en fallut pas davantage pour là
mettre sur lés traces de cet ensemble de sair; ;
sieset de significations qui changeaient la;,
propriété de mains , et en faisaient une-
proie où les parts seules restaient à ré
gler. Alors bon gré mal gré, maître Rémy
: s'exécuta ; il livra, la collection accablante:
dont il. était-dépositaire ; il raconta ce qu'il
avait fait,-,.dè3 -'l'origine ,' pour- empêcher
gue lé mal n'empirât, son voyage avec Ma
dame de Beaufort et les circonstances qui'
l'avaient acccoinpagné,. la visite chez le no
taire de la famille et. les détails qu'ils y
avaient,recueillies, ênfin tout ce qu'il savait;
de la situation d'Armand èt de ses embarras
chaque jour aggravés. Ainsi Adrienne voyait
peu à peu Les choses s'éclaircir.et se concen
trer entre- ses mains les preuves évidentes et
irrécusables de sa ruine.
■ Ce qui la frappa- sûrtout dans les révéla
tions de maître Rémy, ce fut la présence à
Pai'is d'un notaire, ami de la famille, et char-
* -gé dépuis longrlbmps d'en administrer les
intérêts. A l'instant même, elle bâtit là-des
sus un plan tout entier. Qu'avait-elle besoin
de recourir à des conseils étrangers? Elle
; avait là un . conseiller naturel, accrédité,
: discret et zélé par éîat, réunissant toutes les
, conditions pour, mener à bien une affaire
délicate. Par lui elle apprendrait plu& d'un
détail et saurait comment il fallait agir. C'é
tait là une illusion; mais on/eût dit qu'A-;
drienne en cherchait à dessein pour ajour
ner une réalité qui lui portait ombrage^
Elle agit donc sur l'esprit du vieux lîémy, fit
un appel à ses sentimens, le supplia tant et
si bien, que celui-ci consentit à se 1 déplacer .
encore une fois et à se rendre auprès du no
taire dont il avaUdéjàréclamé les soins obli- ;
geans. Tout se bornait à prier cet officier pu-,
blic de compléter par de, nouvelles informa- ;
lions celles qu'il avait déj àfournies; Or, ce pro-,
gramme si modeste ne put pas même être
rempli. A sonarrivée dans l'étude, le fermier
«apprit qu'elle venait de changer de titulaire.:,
l'ancien s'était retiré à la campagne, dans un,
départementvoisin , et, le nouveau, en fonc
tion depuis un mois, n'était-pas encore au s
courant des choses. U y a d'ailleurs une cer
taine confiance, qui s!attache à, la personne -
plus qu'au titre, et c'était ici le'cas. Maître
Rémy .en fut pour, un voyage infructueux.
A.insi la fatalité poussait Ad.rienne vers le
grince. Ce qu'elle faisait pour s'en éloigner
rendait plus sensible le besoin qu'elle avait
de son concours. Lui seul pouv.ait, s'il l'eût;
bien voulu, prendre sur Courtenay l'ascen»
dant nécessaire; pour le remettre dans le
droit ebéminj et indiquer à la jeune femme
la part qui devait lui-échoir^dans cette œu
vre de réparation et.de salut. Cependant elle?
hésitait, .et cette hésitation se fût prolongée
sans doute, si une circonstance imprévue
n'était venue la déterminer. . . \
Un matin, au moment où elle descendait
pour lè déjeûner, il se fit à la porte des:
Ageiix un bnlit qui en troubla les habi tudes
paisibles. Elle-jeta un coup d'œil au dehors,
et aperçut près des bâtimens de la ferme un
groupe de journaliers formé autour d'un
villageois étranger à la maison. Cet homme :
gesticulait) »et désignait le château Comme
pour indiquer-le but de sa;coui'se;.le3géns
du groupet avaient, l'air de s'opposer à ce
qu'il pénétrât ainsi sans être annoncé ni pré- ■
cédé. Adrienne envoya savoir, de quoi il s'a-
jissait;-c'étaitun-messager-arrivant.de Ver-.>
beriej où Madame .de Beaufort avait repris
son domicile .depuis plus d'un mois, il entra .
et expliqua l'objet , de- sa mission : -elle était
fort sérieuse.' La veille au soir,îâprès le ré- >
pas, la grand'mère d'Adrienne ' avait été su- :
bitement, frappée d'ime indisposition qui '
donnait des inquiétudes au médecin de la lo
calité. Dans les premières heures ; du mal,
elle avait perdu connaissance, et ne l'avait •
retrouvée qu'après'un temps eides 'soins ip'- '
finis. Revenue à elle, son premier mot, avait
été pour sa petite-fille ; elle avait- prié les
personnes qui eniouraient son, lit de lui en
voyer un exprès sur-le-champ; etde l'infor- .
mer_ de son état ; elle n'avait eu de repos '
qu'après avoir vu Fexprès de ses yeux, lu >
avoir .donné quelques instructions,-, et s'être-
assurée'de son départ. . . ,
Adrienne, ne voulut point entrer dans
d'autres détails ; ce qu'elle avait appris lui «
suffisait. A l'âgé de: sa grand'mère, toute mi
nute -de retard pouvait être fatale, et l'ins
tance que celle-ci avait mise à la faire préve- -
nir, semblait indiquer chez la malade même ■
la conscience d'un danger imminent. La ;
jeune femme fit atteler son meilleur, cheval,
èt quitte les Ageux peu de mômens après
que Ja . fâcheuse nouvelle Jui fut parve
nue. Sa pensée allait au-devant des faits'
et cherchait à .en- apprécier la. gravité ;
tantôt elle se demandait si quelques .cau
ses n'avaient pas -précédé et amené l'acci
dent; tantôt L elle .craignait d'arriver trop
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