Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-04-23
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 23 avril 1852 23 avril 1852
Description : 1852/04/23 (Numéro 114). 1852/04/23 (Numéro 114).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 114.
-I*
BUREAUX. : rue de Valol « (Palais^Eloyi
ûl.
©;
B 485$. - VENDREDI 25 AVRIL.
■&S31
PRIZCEX'ASONNSOIEHT
paris tif. pau trimesteèj
départemens. 16 f. —
un numéro : «o centimes»
pour ljes pats &ika1hgbrs, s6 reporici
a tableau qui sera publié dans le jouirai,
les 10 etîs de chaque mois.
' lu abonnement datent des 1" et 16
idt chaque vwit, *
S'adresser , franco, pour la rédaction , à M; C ucheval- C larign
. Les articles déposés ne sont pas rendu,
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL,
chef. ' On s'abonne, dan% les départemens, aux Messageries et atue bireetiom de poste',—A Londres, chex MM]j-COWIX et inuK| S'adresser t franco^ pour l'administration, d M. Dïrus», directeur!
I — À Strasbourg, chez M. A xsxandbï, pour l'AUemaine, (Les annonces sont reçues au bureau du Journa}; et obéi M, FANIS, régisseur, le, place de la feou/"
PARIS, ^2 AVRIL.
Nous avons sous les yeux un mémoire que
la chambre de commerce de Nantès a con
sacré à l'examen des causes de l'infériorité,
de notre marine nationale. C'est un exposé
succinct, net,conçu au pointde vue de la pra
tique, tel, en un mot, qu'une expérience
consommée était seule capable de le dicter.
La chambre de commerce de Nautes n'est
pas libre-échangiste. Elle pense, avec la plu
part des gens de bon sens, que le moyen de
fortifier notre marine marchande n'est pas
de l'exposer à la concurrence écrasante de là
navigation étrangère. Les conclusions de
son mémoire sont en faveur d'un régime de
protêction efficace pour notre pavillon. Elle
est donc loin de partager l'erreur surpre
nante, si toutefois elle est volontaire, d'une
partie des négocians de no? principaux ports
qui paraissent entichés de çè romantisme
commercial qu'on appelle le iibre-échange.
Leur opinion fournit un argument.spé
cieux aux apôtres de la liberté absolue en
matière d'échanges. Le commerce, dit-on, est
très clairvoyant quand il s'agit de ses inté
rêts^ des négocians auHavre, à Bordeaux,à
Marseille, acceptent la concurrencé des pa
villons étrangers, c'est qu'elle doit leur profi
ter. D'accord : mais comment en tireront-ils
profit? Au prix de la ruine complète et défi-
tive de notre navigation nationale. Plusieurs
marines étrangères" sont en étal d'opérer le
transport des marchandises à meilleur mar j
ché que les bàtimens français. On calcule qu'a
près la suppression des droits de navigation
qui pèsent sur ces marines, elles pourraient
. abaisser encore le prix du fret. Bon nombre de
négocians,séduits par cette perspective, sem
blent regarder aujourd'hui la marine natio
nale comme .un obstacle au développement
et au succès de.leurs transactions. Ils la con
damnent donc in petto , car c'est là un de ces
sacrifices qu'on peut fafre, mais qu'on doit
rougir d'avouer.
S'ils sont ïibçe-écliangistes, ce n'est donc
pas dans l'intérêt de notre navigation, c'est à
ses dépens. Et ainsi leur opinion ne peut pas
être invoquée â l'appui des théoriciens qui,
par mesure radicale, voudraient soumettre
toutes nos industries à une,concurrence dé
réglée et sans limites. Les commerçans libre-
échangistes de nos ports entendent-ils bien
môme les seuls intérêts qu'ils songent à ser
vir'/n'ont-ils pas ; à cet égard, la vue courte?
et pour réaliser immédiatement un petit pro
fit, ne sacrifient-ils pas les bénéfices car tains
qu'assure au commerce d'un pays la prospé
rité et l'activité dé sa navigation nationale?
C'est notre avis, et nous le motiverons plus
loin.
Lps armateurs de Nantes ne croient pas
avoir besoin d'exagérer les causes d'infério
rité de notre navigation. Ils reconnais-'
sent tout d'abord que les frais de cons
truction > d'armement et d'exploitatibn des
navires sont à peu près les mêmes pour. l'es
principales marines, c'est-à-dire celles de
l'Angleterre, de l'Amérique, de la Hollan- «
lande et de la France. Les Américains ont
chez eux le bois de construction; les An-
gî'is, le fer ; les Français qui n'ont, à bon
marché, ni le fer ni le bois, trouvent, dans
le bas prix de la main-d'œuvre, une com
pensation de l'avantage acquis aux deux ma- ;
rines rivales. Les salaires de nofe équipages
sont moins élevés que ceux des marins amé
ricains et anglais. Mais les Américains sont
fréquemment embarqués sur des bâtiment
djts de tempérance , où, pour toute boisson,
on leur distribue de l'eau et du thé. Quant à
l'Angleterre, elle compense par son système
d'apprentissage, ce que lu\ coûte l'élévation
de. la paie de ses matelots. .
. Admettons, du reste y que les dépenses
d'exploitation de nos bàtimens nationaux
soient un peu plus considérables que celles
de nos rivaui.-ilela suffirait-il p_our_arrêter
l'essor d'une marine qui, du reste , se
rait suffisamment protégée par l'Etat, et
favorisée "par les particuliers? Non-, cer
tes. Donnez à notre flotte marchande ce
qui fait la prospérité de la marine an
glais y, c'est-à-dire, une multitude de mar
chés coloniaux à approvisionner sur tous les
points du globe ; donnez-lui, comme à la
marine américaine, un nombre considérable
d'articles d'exportation faisant encombrement:
les bois, le coton, les tabacs, les farines, les
lards salés, ou bien encore placez-la, comm
cette même marine de l'Union, dans le voisi
nage des lieux de grandes pêches av-^; tous les
avantages qu'assure la possession d'unevaste
étendue de côtes poissonneuses et la proxi
mité de vastes centres de réparations, croyez-
vous que la différence de quelques centaines
de francs dans le prix de la navigation, de
quelques milliers de francs dans celui de la
construction et de l'armement, sera un obs
tacle sérieux au développement d'une ma
rine dotée de tels privilèges ?
Par exemple les navires suédois, norvé
giens, danois, russes, naviguent bien plus
économiquemènt que ceux des trois premiè
res puissances maritimes. L'abobdance des
bois, du goudron, des chanvres, des cuivres,
des fers, des toiles, des mâtures, donnentaux
armateurs de ces nations de très grands avan
tages. En outre, les équipages se contentent
d'un salaire très faible et d'une nourriture
composée de poisson sec,-d'orge, de biscuit
et de thé. Mais ces marines n'ayant aucun
marché réservé à approvisionner au delà
des mers,'-restent languissantes malgré le
bon marché de leur armement et de leur na-
vigalion.
Qu'on ne donc dise pas que la navigation
française est en décadence à eause des dépen
ses qu'entraînent la construction et l'exploita
tion de nos hâtimens nationaux, et qu'on ne
se figure pas pouvoir porter remède à ce dé
périssement par l'admission en France, avec
abaissement de droits, de quelques produits
d'industries étrangères. Une telle; mesure-fe-
rait grand tort au travail national, sans faire
grand bien à notre marine marchande..Non,
ce n'est pas cette voie qu'il faut suivre. Il faut
aller aux racines du mal. Les deux princi
pales sont : l'insuffisance de nos colonies; le
caractère de nos produits d'exportation.
Le ma.ché colonial, restreint, après 1815,
à la Martinique et à la Guadeloupe., car,
dans nos autres possessions, tout était à fai
re, a été, pendant de longues années, la,
ressource presque unique de notre pavillon. <
Ces deux colonies ont conservé l'existence à
notre marine marchande, mais elles ne pou- '
vaient- pas lui fournir assez d'aliment pour ,
a développer et la rendre prospère. Au temps i
où nous possédions le Canada, la Louisiane,
'Inde et l'Ile de France, notre navigation ;
avait beaucoup d'activité, et nos flottes de ;
guerre battaient les Anglais. Pour réfuter les -
théories de ceux qui croient à l'inutilité des
colonies, il suffit de leur montrer ce qu'était
notre marine, quand la France possédait un
grand empire coloùial, et ce qu'elle est de
venue après la perle de la plupart des pos
sessions françaises d'outre-mer. N'est-ce pas -
à ses colonies que l'Angleterre doit de voir sa
navigation florissante? Nier que les colonies
soient encore la ressource laplussûre de no
tre marine marchande, c'est contester la vé
rité la plus évidente, une véritématliématique
dont tous les tableaux de douane fournis
sent la preuve. Depuis 1815, notre pays a
jeté les bases de quelques colonisations nou
velles : à la Guyane, en Algérie, à la côte
d'Afrique. D'urt autre côté, l'île de la Réu
nion a augmènté sa population, et grâce à
'introduction d'ouvriers étrangers de race
noire ou indienne, elle a pris, par ses -pro
duits, une grande part au mouvement de no
tre navigation. Espérons que l'on ne s'en
tiendra pas là. Dans tous les cas, les colonisa
tions ne se tont pas en un jour. Le germe de
colonies que ces derniers temps ont vu jeter
en Algérie et à la Guyane, produira des fruits :
pour notre marine; si la mobilité française
et le libre-échaEge le permettent.
Quant au caractère de nos articles d'ex
portation, c'est le moins favorable à la ma
rine qu'il soit possible d'imaginer. Les vins
sont notre seule marchandise cTeficombremcnt
qui pénètre dans les 'pays étrangers. Les
soieries, les articles-Paris suffisent à peine à
former le lest de quelques navires. Il eût été
prudent, en conséquence, de réserver à notre
pavillonledroitd'introduireceuxdesproduils
étrangers nécessaires â notre consommation
qui occupent un grand espace à bord ou qui
sont d'un grand poids : par exemple, les
houilles anglaises, les tabacs et les cotons
américains. Les traités dits de réciprocité,
conclus en 1822 et en 1826 avec l'Angleterre
et l'Amérique, nous Ont fait perdre le trans
port de ces objets; mais ces traités sont de
puis long-temps expirés. On craint.de'les
dénoncer, parce qu'on redoute pour notre
commerce des représaillesetune guerre de ta
rifs. Cependant l'Angleterre et l'Amérique
ne consentiraient pas facilement à se fermer
même provisoirement un marché de 35 mil
lions d'hommes. L'Angleterre elle-même,
par son nouveau bill de navigation, a chan
gé les conditions dans lesquelles les deux
pays se trouvaient à l'époque de la conclu
sion du traité de réciprocité. Au sur
plus, nous ne nous appesantirons pas sur
ce sujet délicat. Le gouvernement est seul
bon juge de ce qu'il est possible de faire à
cet égard. Il n'est pas douteux d'ailleurs, qu'il
ne s'efforce au moins de réserva-, autant que
possible, à notre pavillon les approvisionne-
mens faits pour le compte de l'Etat.
La chambre de commercé de Nantes dè-
œanâe qu'on n'admette, dans aucun cas, les
tiers-pavillons au droit d'importer en France
les produits étrangers à leur pays ou d'ex
porter les nôtres à destination des pays avec
lesquels nous avons des traités dé récipro
cité, autrement que sous la protection d'un
droit de sortie en faveur de notre pavillon..
C'est un point capital. Entre le pavillon
de la puissance d'où provient la marchan
dise et le tiers-pavillon, il existe cette diffé
rence que l'un emporte au retour quel
ques-uns de nos produits, tandis que l'au
tre introduit chez nous les marchandises
des peuples étrangers, sans leur rien ra-
porter des nôtres. Il ruine notre marine,
et il fait une concurrence redoutable à notre
industrie. Mais celle-ci est indulgente pour
lui, parce qu'à l'occasion il prend pour tel
ou tel pays étranger du fret en France à
meilleur marché que nos propres armateurs.
C'est ce que font les navires du Nord quand
ils arrivent dans nos ports. Mais c'est encore
moins par des surtaxes qu'il faut éloigner
de nos ports le tiers-pavillon que f ar la ré
pulsion volontaire de nos négocians. Règle
générale : toute industrie doit faire ses af
faires elle-même et n'attendre du gouverne
ment qu'une protection générale. Là déca-
'dence de notre marine tient moins aux trai
tés et aux autres mesures gouvernementales,
qu'à l'indifférence du commerce pour notre
pavillon. Il faut qu'un patriotisme intelligent
combatte et vainque cette indifférence; il
faut que le commerce apprenne â se servir
de préférence de la marine nationale, même
au prix de quelques sacrifices, même quand
il devrait momentanément payer le fret plus
cher. C'est son devoir, c'est aussi son inté
rêt. Un officier ds marinefortinstru.it en ces
matières, et qui a publié, sur ce sujet, des
dès travaux remarquables, écrivait en 1847
ce passage, par lequel nous terminerons ;
o Croit-on que des hommes momentané
ment en passage dans .des ports qu'ils ne
rèïerront peut-être jamais, tels que les ca-
.gitaines étrangers, puissent s'intéresser bien
i. vivement, à un-produit cfu'ils acceptent le
1 plus souvent pour éviter de retourner sur
lest dans leur pays, où bien encore afin d'oc
cuper leurs loisirslorsque l'ouvrage manque
chez eux? Dù moment où ils ont perçu le
pri^ de leur chargement, peu leur importe
t: qu'il reste invendu. Ils ont atteint leur des
tination. La marchandise est déposée à terre;
leur mission bien ou mal remplie, ils. vont
chercher fortune ailleurs; tandis que le ma
rin national,' toujours attentif, toujours dé
voué, protège jusqu'au dernier momentles in
térêts de la maison qu'il représente, et, tout
en vaquant aux affaires dont il est chargé, il
cherche à se créer pour l'avenir de nouvelles
relations commerciales, ne fût-il animé dans
ses recherches ijue par le désir de se procu-
^r un fret de retour. Le commerce français
a besoin, plus qu'aucun autre, d'agens aciifs
et fidèles pour maintenir ses rapports à l'ex
térieur, puisque, malheureusement, il ne
possède pas hors de chez lui de grands éta-
blissemens commerciaux. Ausâi, ne saurait-
on trop lui recommander, dans son propre
intérêt, de se rattacher à nos capitaines au
long «ours. ».
Ajoutons que le jour où le commerce, par
indifférence, aura laissé périr la marine na
tionale, il sera livré, sans appel, .à la merci
des autres pavillons, soumis à tous les préju
gés, à toutes les exigences des nationalités
rivales, et Obligé de subir la plus dure de
toutes les lois, celle de l'étranger, denain.
La loi des comptes de 1848, que le Corps
Législatif doit examiner dans une de ses pro
chaines séances, ne saurait donner lieu à dé
longs débats. Ce n'est pas que le sujet ne
prête à des-observations sérieuses et ne
renferme de graves enseignemens. Que d'ir-
. régularités, que de gaspillages à signa
ler ! Mais on ne saurait aujourd'hui prendre
intérêt à des faits qui sont déjà si loin de
nous, et dont les auteurs ont disparu de la
"scène politique. Que sont devenus le gou
vernement provisoire, sorti de l'émeute,
la commission exécutive qui lui a succé
dé pendant quelques jours, la dictature
du général 'Cavaignac proclamée au mi
lieu des journées de. juin? Tout cela est
maintenant de l'histoire ancienne, et les ir-
îégulantés de dépenses, qu'on pourrait re
lever dans la gestion de ces gouvernans de
hasard, sont certainement bien peu de chose
à-côté de& maux qu'ils ont causés au pays.
Qn avu, sous un pouvoir qui s'était an
noncé avec la prétention d'alléger le sort des
contribuables, les charges publiques por-
téesau chiffre de .1,757 millions ; la pro-
- priélé surchargée d'un impôt extraordi -
naire de 45 centimes ; les dépôts des caisses
d'épargne et les bons du trésor, qu'il était
devenu impossible de rembourser, consoli
dés en rentes aux conditions les plus oné
reuses pour l'Etat ; la dette publique ac
crue d'un, cinquième. Et à quelle société
demandait-on de semblables sacrifices?
A une société qu'on avait ruinée, à des
agriculteurs qui ne pouvaient vendre leurs
produits, à des industriels dont les ùsines
chômaient, à des ouvriers en proie à la plus
affreuse misère. Tristes temps, et cependant
moins trist p s que ceux qui nous attendaient,
si le Président de la République ne nous eût
sauvés par ce coup d'Etat merveilleux du 2
décembre.
La commission de l'Assemblée législative,
dans son rapport déposé l'année dernière,
avait cru devoir, malgré toute son indulgen
ce, malgré tout son désir de ne pas rallumer
des discussions irritantes, repousser certaines
dépenses montant à 200,000 fr. seulement.
Le principal article que la commission pro
posait de rejeter , £tait une allocation de
123,000 francs accordée par M. Ledru-Rol-
lin au citoyen Longepied,membre du club de
la Révolution, présidé par Barbès. Le citoyen
Longepied avait été chargé de recruter dans
les clubs de Paris ces' fameux missionnaires
qui furent envoyés dans les départemens pour
républicani'ser la France et pour la pré
parer à de bonnes élections, moyennant le
paiement des frais de route et une indem
nité quotidienne de 6 à 10 francs. Les choix,
comme on .sait, portèrent sur les hommes
les plus violens, parce que l'on comptait da
vantage sur leur énergie, et peut-être aussi, il
faut bien le dire, parce que M. Ledru-Rollin
lui-même n'était pas fâché de les éloigner
de Paris, où il commençait à les trouver em-
barrassans. Oh comprend que la commission
n'avait pu se résoudre à sanctionner une dé
pense employée à jeter le. trouble dans le
.pays êt à essayer de violenter la souveraineté
nationale dans sa manifestation.
Les autres dépenses que là commission
proposait de ne pas reconnaître, portaient
sur les frais des commissaires extraordinai
res qu'on avait placés à la tête de nos dépar
tement. Il y en a un, entre autres, qui
à touché, comme ayant deux départemens
sous ses ordres, une double indemnité
de 20 fr., c'est-à-dire un traitement de 40 fr.
par jour, et qui a refusé de rendre compte
de l'emploi d une somme de 21,500 fr. Mais
qu'est-ce que tous ces menus détails? La
commission ne déclarait-elle pas que les re
jets eussent ete bien autrement considéra
bles, si elle s etaitrigoureusement conformée
aux injonctions législatives?
Le nouveau 1 gouvernement et le conseil '
d'Etat se sont trouvés d'accord pour recon
naître qu'il valait mieux ne pas rouvrir, en
1852, sur les actes de 1848, une discussion
désormais Sans objet comme sans résultai
possible. « Lés actes et les doctrines de
Î848; dit le conseil d'Etat dans l'exposé des
motifs envoyé àu Corps Législatif, sont
connus et jugés, et ne doivent rester que
comme enseignement. La lutte a cessé. Le j
gouvernement qui a rétabli l'ordre dans le
pays, a pour mission de ramener le calmé
dans les esprits, de rallier les hommes
égarés, de donner aux forces vives de la
France, si longtemps perdues dans r.ne
agitation stérile et dans. des débats sans
terme, une nouvelle et féconde direc
tion. » Soit; passons l'éponge sur le pas
sé, bien que notre caractère national ne soit
déjà que trop naturellement porté à l'oubli.
D'ailleurs, comme le.fait remarquer l'exposé
des motifs que nous venons de citer, cette
réduction de 200,000 fr. sur une dépense
de plus de 1,750 millions, ce blâme portant
sur trois ou quatre articles dés comptes de
1848, n'eût été qu'une bien faible expiation
à meitre en baîanceaveclesmalheurspublics
et les désordres de cette épôque. Mieux vaut
être complètement généreux que de se
contenter d'une réparation dérisoire et hors
de toute proportion avec l'étendue du mal.
J. BUIIA.T.
Voyage du prmce-Présidciit en Sologae.
Nous avons annoncé que les préfets des trois
départemens du Loiret, de Loir-et-Cher et du
Cher, avaient été reçus en audience particu
lière par le Président, et qu'ils avaient eu
l'honneur d'appeler le bienveillant intérêt
du prince sur la situation* de la Sologae,
cette partie si malheureuse du centre de la
France, qui forme un désert à quelques lieues
de Paris et au milieu desplus riches contrées.
Le prince dont la sollicitude- s'étend sur tout
ce qui peut contribuer à la prospérité dupays
et au bien-être des populations, répondit aux
trois fonctionnaires que son gouvernement
s'était déjà préoccupé des moyens proposés
pour assainir cette contrée, qu'une alloca
tion de fonds assez considérable était portée
dans ce but au budget de 1853, et que, du
reste, il avait l'intention de se rendre lui-
même sur les lieux, afin de voir par ses yeux
l'état du pays, et d'apprécier quels remèdes
pouvaientiêtre apportes à la déplorable si
tuation qui lui a été faite par la nature.
La réalisation de Cette promesse ne s'est
pas long-temps fait attendre. Le Président a
quitté Paris hier, comme nous l'avons dit,
pour entreprendre un rapide voyage au tra- ;
vers des marécages de la Sologne. •
Le prince est arrivé un peu ayant cinq
heures du soir â la gare du chemin de fer
d'Orléans; il était accompagné de deux dé
ses aides-de-camp, M. le-général deGoyon et
M. le colonel de Béville, et d'un de ses 'of
ficiers d'ordonnance , M. le commandant
Lepic. Dans une des salles, d'attente, se
trouvaient réunis M. Abbatucci, garde-des-
sceaux, ministre de la justice; M. Lefeb-
vre-Duruflé, ministre des travaux publics;
M. de Persigny, ministre de, l'intérieur, du
commerce.et de l'agriculture; MM. Dumas,
Regnauld et Becquerel, membres de l'Insti
tut; M. Chatelux, directeur au ministère
des travaux publics, et plusieurs chefs de
service de cette administration.
Quoique le voyage du prince ne fut pas
connu, l'arrivée de la livrée qui l'avait pré
cédé, avait promptement répandu la nou
velle de son départ dans le quartier du cue-
min de fer, et les abords de .là gare étaient,
encombrés d'une foule d'ouvriers qui ont
fait l'accueil le plus sympathique aù chef dé
l'Etat. .
Après avoir salué les personnes présentes,
le prince est monté dans un wagon de céré- -
monie avec ses aides-de-camp, les ministres
et les hommes spéciaux qui devaient l'ac
compagner , et presqu'immédiatement le
couvoi s'est mis en marche. Il se composait
de quatre wagons ; l'ingénieur en chef de la
ligne d'Orléans Conduisait lui-même la ma
chine. Le train, mené à grande vitesse, a
parcouru, en deux heures, là distance qui sé-!
pare Paris d'Orléans; on ne s'est arrêté que
quelques secondes à Etampes pour prendre
e l'eau.
A sept heures, on arrivait à 'Orléans. M.
Dubessey, préfet du Loiret et M. le général
Cœur, commandant le département, s'étaient
rendus au débarcadère, où ils ontreçuleprin-
ce à sa sortie de chemin de fer. Quoique l'ar
rivée du Président, çui a voulu faire ce voya
ge incognito, eût été tenue aussi secrète que
possible, les abords de la gare étaient garnis
d'une foule compacte qui, par son attitude
respectueuse et son empressement, a témoi
gne sa sympathie et son dévouement à l'hôte
illustre que la ville- d'Orléans recevait ,âans
ses murs.
-Le prince s'est rendu avec les personnes
de sa suite à l'hôtel de la piéfecture, où se
trouvaient réunis M. le procureur-général
Leserrurier, M. de Vauzelles, premier prési
dent, M. de Barrai, préfet du Cher, M. le
préfet de Loir-et-Cher, les membres du con
seil de piéfecture, le maire et .les principales
autorites de la ville. Mme Dubessey a fait au
prince les honneurs de l'hôtel avec une grâ
ce charmante. •
Après avoir pris quelques instans de repos
dans les appàrtemens qui avaient été prépa
rés pour lui, le prince-Président est descen
du dans un des salons de l'hôtel, où se trou
vaient réunis les officiers de la garnison.
Après leur avoir parlé ouelque temps, il a
donné à quatre d'entre eux, signalés par
leur bons et longs services, la croix de là
Légion-d'Honneur. Un de cés officiers, com-
mandant dé gendarmerie, compte vingt-neuf ■
années de service ; M. le général de Goyon, *
qui a été son camarade d'école, a réclamé
et obtenu l'honneur d'attacher lui-même
le ruban à sa boutonnière ; le prince a
donné la croix d'officier à un chef de
bataillon d'infanterie, et a remis les in
signes de l'ordre à deux autres officiers dé
corés il y à çeu de jours. Après la distribu-
tion de ces récompenses honorifiques, M. le
général de Goyon a présenté.au Président un
Polonais, ancien: officier de l'Empire, aujour
d'hui surveillant au chemin de fer, dontla si
tuation précaire est digne du plus vif intérêt.
Leprinceaàccueillicevieuxdèbris de no^ar-
mées avec sa bonté habituelle, et a ordonné
à son aide-de-camp de 1 ui remettre un secours
de/iOO f. ; lepauvrehomme a voulu remercier
le Président, mais l'émotion a trahi sa vo
lonté, ifr n'a pu que s'incliner et embrasser
avec effusion la main de son bienfaiteur. Au
moment où le prince rentrait dans le salon
de réception, on lui a amené un soldat qui
avait demandé à lui parler, et qui, mis en «a
présence, a lait appel à sa munificence en
FEUILLETON DU C ONSTITUTIO NNEL, 23 AVRIL
LA VIE A REBOURS
A El IIAIW.
second volume.
XXII.
une vie d'enfer.
A peu près vers le même temps où l'on
disposait du sort de Courtenay dans un. sa
lon de Verberie, voici de quelle façon il se
gouvernait lui-même sans écouter de leçons
ni recevoir de conseils de qui que ce fût.
Le malheureux inclinait de plus en plus
du côté où il devait tomber. Il avait com
mencé par prendre la vie du fils de famille
aussi haut que possible, dans les régions
où elle couvre la trivialité par la richesse
çt le pervertissement par l'éclat; il eja était
peu à peu conduit, degré par degré, chute
par chute, à la limite inévitable où cette
existence quitte sa dépouille d'emprunt
e.l reste ce qu'elle devrait toujours être,,
ce qu'elle est au fond, nue et repoussante,
sans fard 'ni oripeaux. On l'a vu, au dé
but , marcher à sa ruine par les grands
procédés, l'éducation du cheval, l'art des
paris, le commerce des divinités do théâtre
et des nymphes de l'Olympe inférieur ; le
voici maintenant dénué, blasé, ne sachant
où se rattacher au milieu de ce qui lui
échappe, changeant & T àppùi â mesure que
tout cède sous ses pieds, et finissant, en dé-
* La reproduction est interdite.
sespoir de cause, par demander au démon
du jeu des ressources et des émotions.
C'est là qu'en était arrivé Armand ; de ses
penchans, de ses travers, celui-ci seul était
resté et avait pris des proportions redouta
bles. Il avait joué sans doute, dès son otrée
dans ce monde de dissipateurs, joué beau
coup etsouvent, engagé des sommes énormes
sur les jambes et l'haleine d'un animal; mais
ce jeu était celui d'un homme que l'occasion
entraîne et qui n'y attache pas un intérêt ex
clusif, d'unhommequi peut perdre sans gêne
ce qu'il aventure sar.s y regarder; on pouvait
y voir un goût, une fantaisie, un vice mê
me ; mais ce n'était point encore une pas
sion. Non, Armand n'avait alors aucun des
signes auxquels sè reconnaît le véritable
joueur, l'idée fixe et dominante, la rési
gnation dans la perte et la philosophie dans
le gain, l'opiniâtreté incessante dans la pour
suite. Il ne traitait pas le jeu avec cette con
science qu'y apportent les initiés^ et ne lui
élevait pasdàns son cœur un autel où fumait
un perpétuel encens. Son heure n'était pas
encore venue.
Quand elle vint, il s'y prit de manière à
réparer le temps perdu ; son ardeur n'y eut
pas de limites. Cependant, il n'allé^ ja
mais jusqu'à l'idéal,du joueur, du joueur
dans la pure acception du mot. Au-delà du
jeu il voyaitlesscmmesqu'il devaity gagner
et l'emploi qu'il voulait en faire ; il se pro
mettait d'avance de les appliquer. ou à des
largesses ou à des plaisirs. Il ne gagnait
pas pour gagner et ne perdait pas pour
perdre ; les vétérans en arrivent seuls à
cet état de perfection. Pour Armand cè
notait qu'un changement de main , et une
nouvelle manière de faire de l'argeiit.I} avait
autrefois battu monnaie avec.ses terres;
il espérait battré encore mqnnaie avec le
jeu. Toute son invention était là, et il n'a
vait pas pris de brevet. Ajoutons que l'essai
ne fut pas des plus encourageans.
À l'époque dont nous parlons, la fièvre du
jeu avait encore de grands courans, qui ont
disparu depuis lors dans un jour d'assainis
sement moral. Des établissemens publics
étaient ouverts à cette infirmité humaine, et
abandonnés à l'exploitation privée, moyen
nant un tribut annuel. Bien des personnes
doivent avoir gardé le souvenir de celui
qui existait au coin des boulevards et à
l'extrême limite de la rue Richelieu. C'é
tait le salon de Frascati , dont le nom
est encore vivant, quoique l'institution
soit depuis long-temps éteinte ; véritable
temple de-ce culte suspect, dont les deux nu
méros du Palais-Royal étaient les chapelles.
Qui ne l'a pas vu ne saurait se former une
idée de l'aspect du local et du monde étrange
qu'on y ceudoyait. Il y en avait de tous les
costumes, de tous les rangs, de toutes les
conditions; de riches et de pauvres, de jeu
nes et de vieux, et jusqu'à des philosophes
qui risquaient leur pièce de cent sous, en se
cachant le visage du pan de leur manteau.
Çà et là des femmes, légèrement vécues,
épiaient les joueurs heureux et cherchaient
à leur arracher, sous forme d'emprunts, de
petites sommes qu'elles jetaient sur le tapis
vert afin d'y tenter la fortune.
Armand et l'oncle Séverin étaient devenus
deux habitués de l'établissement. Pour met
tre à couvert sa dignité parlementaire, l'on
cle affectait de se tenir à l'écart des tables de
jeu, et quand il déposait quelques louis ou
un billet de banque sur la rouge ou la noi
re, il avait bien soin d'attendre le moment
où aucun regard n'était fixé sur lui. On eût
dit un prince du sang craignant de trahir le
secret de son origine. D'autres fois, il pous
sait les précautions plus loin, et s.'adressait
à quelqu'un de ces assistons équivoques
dont ia fonction èt le bonheur semblaient
être de juger des coups et de poursui
vre, uùe carte et une épingle en main,
la réalisation de leurs mystérieuses mar
tingales. C'est dans ce corps d'officieux
que l'oncle Séverin ' choisissait un agent,
quelquefois un guide; et quand la veine était
heureuse, il lui abandonnait quelques écus
en retour de ses soins; de cette façon, il sau
vait les apparences, et conciliait la passion
et le devoir. Que si un visage'connu entrait
dans le salon, à l'instant ses allures chanr
geaient : il prenait des airs menaçans et dé
tachés, tranchait du moraliste outré de ce
spectacle, déclarait à haute voix qu'il ne
souffrirait pas plus long -temps cette attein
te aux principes sociaux, et qu'au premier
jour la tribune retentirait de ses réclama
tions.
Armand n'avait pas besoin de le prendre
sur le même pied ; il n'était pas homme
public, et pouvait aller directement au but;
aussi ne s'en gênait-il guères. Toutes les fois
qu'après de longs efforts, il était parvenu à
se procurer quelqu'argent, il se rendait à
Frascati avec l'espoir de le centupler et n'en
sortait jamais sans y avoir laissé ou'son der
nier louis ou son dernier billet de banque.
II avait dans les chances du biribi une con
fiance toujours trompée et toujours inalté
rable; à l'en croire, une revanche lui était
ménagée par le sort, et sans cesse il croyait
y toucher, te: croupiersavaient beau attirer
vers eux, au moyen de leurs terribles ra;
teaux, toutes les "valeurs qui s'échappaient
de ses mains, il n'en persistait pas moins à
croire qu'ils auraient à rendre comptède tout
cela-et que la banque des jeux, à un moment
donné, capitulerait devant lui, ruinée de
fond en comble. Telles étaient les nouvelles
déviations de ce cerveau lésé, et là, comme
en toute chose, Armand cédait à l'emporte
ment de ses instincts. En moins de deux se
maines, il devint un joueur effréné, con
damné d'avance parce qu'il manquait de
sang-froid, et offrant une proie facile aux
habiles gens qui vivent de cette industrie.
L'occasion s'en offrit bientôt.
Depuis quelques-jours, le docteur Raoul
avait annoncé à ses amis qu'il donnerait une
soirée dans son logement d'outre-Seine. C'é
tait un excès auquel il se livrait rarement;
mais, quand il s'en mêlait, ce n'était point à
demi. On citait ses fêtes pour le choix des
invités, le goût des dispositions et l'ôrigiriâ-
lité du programme. Il y régnait du luxe
autant qu'il èn fallait, et surtout un luxe
choisi ; mais ce niétait pas là qu'il plaçait
l'honneur et l'orgueil de sa maison. Il savait
bien que, dut-il s'y épuiser, il trouverait ses
maîtres dans une lut^e de magnificences. Où
il entendait fixer plutôt sa supériorité, c'é
tait dans les choses que les relations procu
rent et que l'âigént ne saurait obtenir; c'é
tait dans les jouissances exquises où le sa
laire n'intervient pas en brutal, pour en dé
naturer la grâce ou en altérer le parfum.
Voilà sur quel terrain le docteur Raoul vou
lait se maintenir; il traitait ce détail comme
tous ceux de sa vie, en raffiné, et n'eût pas
convié les gens à des plaisirs moins délicats
que ceux auxquèls il était accoutumé pour
lui-même.
Lés relations du docteur •Raoul étaierit de i
dèiii sortes. il avait uli -pîed clans ïe grand *
monde, un'âùtrë pied iiâns le monde des :
artistes. On citait des personnes d'une véri
table distinction qu'on né voyait que chez
lui et qui, en sa faveur seulement, consen
taient à rompre un séquestre obstiné. Quant
aux artistes, ce qu'il en recevait était du pre
mier rang et comme mérite et comme re
nommée; ils se plaisaient dans sa maison;
ils s'y- trouvaient à l'aise et rendaient en
complaisances ce qu'on leur accordait en
égards. A aucun prix , ils n'eussent fait
ailleurs ee qu'ils faisaient pour le docteur
Raoul avec un élan et un abandon infinis.
Nulle part ils ne chantaient ' mieux que '
là; nulle part ils n'y mettaient plus de
verve; s'ils avaient un morceau réservé,
c'est à ses conviés qu'ils en donnaient la
surprise ; s'il y avait excès de chant sérieux,
ils passaient au bouffon, afin de varier leur
programme , choisissaient les airs les plus
piquans, et ne comptaient pas avec leurs
' amis, jamais de façons, jamais de refus; ils
se prodiguaient et cherchaient à pl aire ; ils
se montraient cliarmans, bons et désinté
ressés, comme le sont tous les grands artis
tes livrés à leur naturel.
* Ainsi entendues, les soirées du docteur
Raoul étaient de véritables satisfactions de
gourmets; on devine sans peine qu'elles
étaient fort courues. Quelques dames du
monde avaient été curieuses de s'en ouvrir
l'accès, afin d'y voir de près ces célébrités de
la danse et du chant, dont elles étaient sépa
rées par les préjugés d'étaf et lés feux de la,
rampe. Le docteur se prêta à ce désir et
contenta ce petit sentiment de curiosité. Ce
fut pour ses fêtes un attrait et un relief de
plus. Tout ce qu'il y avait d'un peu élevé
dans la diplorriatie et dans la politique
tenait à être admis; le docteur fit un
choix et i'y thontra sévèfê. Le bruit de
-I*
BUREAUX. : rue de Valol « (Palais^Eloyi
ûl.
©;
B 485$. - VENDREDI 25 AVRIL.
■&S31
PRIZCEX'ASONNSOIEHT
paris tif. pau trimesteèj
départemens. 16 f. —
un numéro : «o centimes»
pour ljes pats &ika1hgbrs, s6 reporici
a tableau qui sera publié dans le jouirai,
les 10 etîs de chaque mois.
' lu abonnement datent des 1" et 16
idt chaque vwit, *
S'adresser , franco, pour la rédaction , à M; C ucheval- C larign
. Les articles déposés ne sont pas rendu,
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL,
chef. ' On s'abonne, dan% les départemens, aux Messageries et atue bireetiom de poste',—A Londres, chex MM]j-COWIX et inuK| S'adresser t franco^ pour l'administration, d M. Dïrus», directeur!
I — À Strasbourg, chez M. A xsxandbï, pour l'AUemaine, (Les annonces sont reçues au bureau du Journa}; et obéi M, FANIS, régisseur, le, place de la feou/"
PARIS, ^2 AVRIL.
Nous avons sous les yeux un mémoire que
la chambre de commerce de Nantès a con
sacré à l'examen des causes de l'infériorité,
de notre marine nationale. C'est un exposé
succinct, net,conçu au pointde vue de la pra
tique, tel, en un mot, qu'une expérience
consommée était seule capable de le dicter.
La chambre de commerce de Nautes n'est
pas libre-échangiste. Elle pense, avec la plu
part des gens de bon sens, que le moyen de
fortifier notre marine marchande n'est pas
de l'exposer à la concurrence écrasante de là
navigation étrangère. Les conclusions de
son mémoire sont en faveur d'un régime de
protêction efficace pour notre pavillon. Elle
est donc loin de partager l'erreur surpre
nante, si toutefois elle est volontaire, d'une
partie des négocians de no? principaux ports
qui paraissent entichés de çè romantisme
commercial qu'on appelle le iibre-échange.
Leur opinion fournit un argument.spé
cieux aux apôtres de la liberté absolue en
matière d'échanges. Le commerce, dit-on, est
très clairvoyant quand il s'agit de ses inté
rêts^ des négocians auHavre, à Bordeaux,à
Marseille, acceptent la concurrencé des pa
villons étrangers, c'est qu'elle doit leur profi
ter. D'accord : mais comment en tireront-ils
profit? Au prix de la ruine complète et défi-
tive de notre navigation nationale. Plusieurs
marines étrangères" sont en étal d'opérer le
transport des marchandises à meilleur mar j
ché que les bàtimens français. On calcule qu'a
près la suppression des droits de navigation
qui pèsent sur ces marines, elles pourraient
. abaisser encore le prix du fret. Bon nombre de
négocians,séduits par cette perspective, sem
blent regarder aujourd'hui la marine natio
nale comme .un obstacle au développement
et au succès de.leurs transactions. Ils la con
damnent donc in petto , car c'est là un de ces
sacrifices qu'on peut fafre, mais qu'on doit
rougir d'avouer.
S'ils sont ïibçe-écliangistes, ce n'est donc
pas dans l'intérêt de notre navigation, c'est à
ses dépens. Et ainsi leur opinion ne peut pas
être invoquée â l'appui des théoriciens qui,
par mesure radicale, voudraient soumettre
toutes nos industries à une,concurrence dé
réglée et sans limites. Les commerçans libre-
échangistes de nos ports entendent-ils bien
môme les seuls intérêts qu'ils songent à ser
vir'/n'ont-ils pas ; à cet égard, la vue courte?
et pour réaliser immédiatement un petit pro
fit, ne sacrifient-ils pas les bénéfices car tains
qu'assure au commerce d'un pays la prospé
rité et l'activité dé sa navigation nationale?
C'est notre avis, et nous le motiverons plus
loin.
Lps armateurs de Nantes ne croient pas
avoir besoin d'exagérer les causes d'infério
rité de notre navigation. Ils reconnais-'
sent tout d'abord que les frais de cons
truction > d'armement et d'exploitatibn des
navires sont à peu près les mêmes pour. l'es
principales marines, c'est-à-dire celles de
l'Angleterre, de l'Amérique, de la Hollan- «
lande et de la France. Les Américains ont
chez eux le bois de construction; les An-
gî'is, le fer ; les Français qui n'ont, à bon
marché, ni le fer ni le bois, trouvent, dans
le bas prix de la main-d'œuvre, une com
pensation de l'avantage acquis aux deux ma- ;
rines rivales. Les salaires de nofe équipages
sont moins élevés que ceux des marins amé
ricains et anglais. Mais les Américains sont
fréquemment embarqués sur des bâtiment
djts de tempérance , où, pour toute boisson,
on leur distribue de l'eau et du thé. Quant à
l'Angleterre, elle compense par son système
d'apprentissage, ce que lu\ coûte l'élévation
de. la paie de ses matelots. .
. Admettons, du reste y que les dépenses
d'exploitation de nos bàtimens nationaux
soient un peu plus considérables que celles
de nos rivaui.-ilela suffirait-il p_our_arrêter
l'essor d'une marine qui, du reste , se
rait suffisamment protégée par l'Etat, et
favorisée "par les particuliers? Non-, cer
tes. Donnez à notre flotte marchande ce
qui fait la prospérité de la marine an
glais y, c'est-à-dire, une multitude de mar
chés coloniaux à approvisionner sur tous les
points du globe ; donnez-lui, comme à la
marine américaine, un nombre considérable
d'articles d'exportation faisant encombrement:
les bois, le coton, les tabacs, les farines, les
lards salés, ou bien encore placez-la, comm
cette même marine de l'Union, dans le voisi
nage des lieux de grandes pêches av-^; tous les
avantages qu'assure la possession d'unevaste
étendue de côtes poissonneuses et la proxi
mité de vastes centres de réparations, croyez-
vous que la différence de quelques centaines
de francs dans le prix de la navigation, de
quelques milliers de francs dans celui de la
construction et de l'armement, sera un obs
tacle sérieux au développement d'une ma
rine dotée de tels privilèges ?
Par exemple les navires suédois, norvé
giens, danois, russes, naviguent bien plus
économiquemènt que ceux des trois premiè
res puissances maritimes. L'abobdance des
bois, du goudron, des chanvres, des cuivres,
des fers, des toiles, des mâtures, donnentaux
armateurs de ces nations de très grands avan
tages. En outre, les équipages se contentent
d'un salaire très faible et d'une nourriture
composée de poisson sec,-d'orge, de biscuit
et de thé. Mais ces marines n'ayant aucun
marché réservé à approvisionner au delà
des mers,'-restent languissantes malgré le
bon marché de leur armement et de leur na-
vigalion.
Qu'on ne donc dise pas que la navigation
française est en décadence à eause des dépen
ses qu'entraînent la construction et l'exploita
tion de nos hâtimens nationaux, et qu'on ne
se figure pas pouvoir porter remède à ce dé
périssement par l'admission en France, avec
abaissement de droits, de quelques produits
d'industries étrangères. Une telle; mesure-fe-
rait grand tort au travail national, sans faire
grand bien à notre marine marchande..Non,
ce n'est pas cette voie qu'il faut suivre. Il faut
aller aux racines du mal. Les deux princi
pales sont : l'insuffisance de nos colonies; le
caractère de nos produits d'exportation.
Le ma.ché colonial, restreint, après 1815,
à la Martinique et à la Guadeloupe., car,
dans nos autres possessions, tout était à fai
re, a été, pendant de longues années, la,
ressource presque unique de notre pavillon. <
Ces deux colonies ont conservé l'existence à
notre marine marchande, mais elles ne pou- '
vaient- pas lui fournir assez d'aliment pour ,
a développer et la rendre prospère. Au temps i
où nous possédions le Canada, la Louisiane,
'Inde et l'Ile de France, notre navigation ;
avait beaucoup d'activité, et nos flottes de ;
guerre battaient les Anglais. Pour réfuter les -
théories de ceux qui croient à l'inutilité des
colonies, il suffit de leur montrer ce qu'était
notre marine, quand la France possédait un
grand empire coloùial, et ce qu'elle est de
venue après la perle de la plupart des pos
sessions françaises d'outre-mer. N'est-ce pas -
à ses colonies que l'Angleterre doit de voir sa
navigation florissante? Nier que les colonies
soient encore la ressource laplussûre de no
tre marine marchande, c'est contester la vé
rité la plus évidente, une véritématliématique
dont tous les tableaux de douane fournis
sent la preuve. Depuis 1815, notre pays a
jeté les bases de quelques colonisations nou
velles : à la Guyane, en Algérie, à la côte
d'Afrique. D'urt autre côté, l'île de la Réu
nion a augmènté sa population, et grâce à
'introduction d'ouvriers étrangers de race
noire ou indienne, elle a pris, par ses -pro
duits, une grande part au mouvement de no
tre navigation. Espérons que l'on ne s'en
tiendra pas là. Dans tous les cas, les colonisa
tions ne se tont pas en un jour. Le germe de
colonies que ces derniers temps ont vu jeter
en Algérie et à la Guyane, produira des fruits :
pour notre marine; si la mobilité française
et le libre-échaEge le permettent.
Quant au caractère de nos articles d'ex
portation, c'est le moins favorable à la ma
rine qu'il soit possible d'imaginer. Les vins
sont notre seule marchandise cTeficombremcnt
qui pénètre dans les 'pays étrangers. Les
soieries, les articles-Paris suffisent à peine à
former le lest de quelques navires. Il eût été
prudent, en conséquence, de réserver à notre
pavillonledroitd'introduireceuxdesproduils
étrangers nécessaires â notre consommation
qui occupent un grand espace à bord ou qui
sont d'un grand poids : par exemple, les
houilles anglaises, les tabacs et les cotons
américains. Les traités dits de réciprocité,
conclus en 1822 et en 1826 avec l'Angleterre
et l'Amérique, nous Ont fait perdre le trans
port de ces objets; mais ces traités sont de
puis long-temps expirés. On craint.de'les
dénoncer, parce qu'on redoute pour notre
commerce des représaillesetune guerre de ta
rifs. Cependant l'Angleterre et l'Amérique
ne consentiraient pas facilement à se fermer
même provisoirement un marché de 35 mil
lions d'hommes. L'Angleterre elle-même,
par son nouveau bill de navigation, a chan
gé les conditions dans lesquelles les deux
pays se trouvaient à l'époque de la conclu
sion du traité de réciprocité. Au sur
plus, nous ne nous appesantirons pas sur
ce sujet délicat. Le gouvernement est seul
bon juge de ce qu'il est possible de faire à
cet égard. Il n'est pas douteux d'ailleurs, qu'il
ne s'efforce au moins de réserva-, autant que
possible, à notre pavillon les approvisionne-
mens faits pour le compte de l'Etat.
La chambre de commercé de Nantes dè-
œanâe qu'on n'admette, dans aucun cas, les
tiers-pavillons au droit d'importer en France
les produits étrangers à leur pays ou d'ex
porter les nôtres à destination des pays avec
lesquels nous avons des traités dé récipro
cité, autrement que sous la protection d'un
droit de sortie en faveur de notre pavillon..
C'est un point capital. Entre le pavillon
de la puissance d'où provient la marchan
dise et le tiers-pavillon, il existe cette diffé
rence que l'un emporte au retour quel
ques-uns de nos produits, tandis que l'au
tre introduit chez nous les marchandises
des peuples étrangers, sans leur rien ra-
porter des nôtres. Il ruine notre marine,
et il fait une concurrence redoutable à notre
industrie. Mais celle-ci est indulgente pour
lui, parce qu'à l'occasion il prend pour tel
ou tel pays étranger du fret en France à
meilleur marché que nos propres armateurs.
C'est ce que font les navires du Nord quand
ils arrivent dans nos ports. Mais c'est encore
moins par des surtaxes qu'il faut éloigner
de nos ports le tiers-pavillon que f ar la ré
pulsion volontaire de nos négocians. Règle
générale : toute industrie doit faire ses af
faires elle-même et n'attendre du gouverne
ment qu'une protection générale. Là déca-
'dence de notre marine tient moins aux trai
tés et aux autres mesures gouvernementales,
qu'à l'indifférence du commerce pour notre
pavillon. Il faut qu'un patriotisme intelligent
combatte et vainque cette indifférence; il
faut que le commerce apprenne â se servir
de préférence de la marine nationale, même
au prix de quelques sacrifices, même quand
il devrait momentanément payer le fret plus
cher. C'est son devoir, c'est aussi son inté
rêt. Un officier ds marinefortinstru.it en ces
matières, et qui a publié, sur ce sujet, des
dès travaux remarquables, écrivait en 1847
ce passage, par lequel nous terminerons ;
o Croit-on que des hommes momentané
ment en passage dans .des ports qu'ils ne
rèïerront peut-être jamais, tels que les ca-
.gitaines étrangers, puissent s'intéresser bien
i. vivement, à un-produit cfu'ils acceptent le
1 plus souvent pour éviter de retourner sur
lest dans leur pays, où bien encore afin d'oc
cuper leurs loisirslorsque l'ouvrage manque
chez eux? Dù moment où ils ont perçu le
pri^ de leur chargement, peu leur importe
t: qu'il reste invendu. Ils ont atteint leur des
tination. La marchandise est déposée à terre;
leur mission bien ou mal remplie, ils. vont
chercher fortune ailleurs; tandis que le ma
rin national,' toujours attentif, toujours dé
voué, protège jusqu'au dernier momentles in
térêts de la maison qu'il représente, et, tout
en vaquant aux affaires dont il est chargé, il
cherche à se créer pour l'avenir de nouvelles
relations commerciales, ne fût-il animé dans
ses recherches ijue par le désir de se procu-
^r un fret de retour. Le commerce français
a besoin, plus qu'aucun autre, d'agens aciifs
et fidèles pour maintenir ses rapports à l'ex
térieur, puisque, malheureusement, il ne
possède pas hors de chez lui de grands éta-
blissemens commerciaux. Ausâi, ne saurait-
on trop lui recommander, dans son propre
intérêt, de se rattacher à nos capitaines au
long «ours. ».
Ajoutons que le jour où le commerce, par
indifférence, aura laissé périr la marine na
tionale, il sera livré, sans appel, .à la merci
des autres pavillons, soumis à tous les préju
gés, à toutes les exigences des nationalités
rivales, et Obligé de subir la plus dure de
toutes les lois, celle de l'étranger, denain.
La loi des comptes de 1848, que le Corps
Législatif doit examiner dans une de ses pro
chaines séances, ne saurait donner lieu à dé
longs débats. Ce n'est pas que le sujet ne
prête à des-observations sérieuses et ne
renferme de graves enseignemens. Que d'ir-
. régularités, que de gaspillages à signa
ler ! Mais on ne saurait aujourd'hui prendre
intérêt à des faits qui sont déjà si loin de
nous, et dont les auteurs ont disparu de la
"scène politique. Que sont devenus le gou
vernement provisoire, sorti de l'émeute,
la commission exécutive qui lui a succé
dé pendant quelques jours, la dictature
du général 'Cavaignac proclamée au mi
lieu des journées de. juin? Tout cela est
maintenant de l'histoire ancienne, et les ir-
îégulantés de dépenses, qu'on pourrait re
lever dans la gestion de ces gouvernans de
hasard, sont certainement bien peu de chose
à-côté de& maux qu'ils ont causés au pays.
Qn avu, sous un pouvoir qui s'était an
noncé avec la prétention d'alléger le sort des
contribuables, les charges publiques por-
téesau chiffre de .1,757 millions ; la pro-
- priélé surchargée d'un impôt extraordi -
naire de 45 centimes ; les dépôts des caisses
d'épargne et les bons du trésor, qu'il était
devenu impossible de rembourser, consoli
dés en rentes aux conditions les plus oné
reuses pour l'Etat ; la dette publique ac
crue d'un, cinquième. Et à quelle société
demandait-on de semblables sacrifices?
A une société qu'on avait ruinée, à des
agriculteurs qui ne pouvaient vendre leurs
produits, à des industriels dont les ùsines
chômaient, à des ouvriers en proie à la plus
affreuse misère. Tristes temps, et cependant
moins trist p s que ceux qui nous attendaient,
si le Président de la République ne nous eût
sauvés par ce coup d'Etat merveilleux du 2
décembre.
La commission de l'Assemblée législative,
dans son rapport déposé l'année dernière,
avait cru devoir, malgré toute son indulgen
ce, malgré tout son désir de ne pas rallumer
des discussions irritantes, repousser certaines
dépenses montant à 200,000 fr. seulement.
Le principal article que la commission pro
posait de rejeter , £tait une allocation de
123,000 francs accordée par M. Ledru-Rol-
lin au citoyen Longepied,membre du club de
la Révolution, présidé par Barbès. Le citoyen
Longepied avait été chargé de recruter dans
les clubs de Paris ces' fameux missionnaires
qui furent envoyés dans les départemens pour
républicani'ser la France et pour la pré
parer à de bonnes élections, moyennant le
paiement des frais de route et une indem
nité quotidienne de 6 à 10 francs. Les choix,
comme on .sait, portèrent sur les hommes
les plus violens, parce que l'on comptait da
vantage sur leur énergie, et peut-être aussi, il
faut bien le dire, parce que M. Ledru-Rollin
lui-même n'était pas fâché de les éloigner
de Paris, où il commençait à les trouver em-
barrassans. Oh comprend que la commission
n'avait pu se résoudre à sanctionner une dé
pense employée à jeter le. trouble dans le
.pays êt à essayer de violenter la souveraineté
nationale dans sa manifestation.
Les autres dépenses que là commission
proposait de ne pas reconnaître, portaient
sur les frais des commissaires extraordinai
res qu'on avait placés à la tête de nos dépar
tement. Il y en a un, entre autres, qui
à touché, comme ayant deux départemens
sous ses ordres, une double indemnité
de 20 fr., c'est-à-dire un traitement de 40 fr.
par jour, et qui a refusé de rendre compte
de l'emploi d une somme de 21,500 fr. Mais
qu'est-ce que tous ces menus détails? La
commission ne déclarait-elle pas que les re
jets eussent ete bien autrement considéra
bles, si elle s etaitrigoureusement conformée
aux injonctions législatives?
Le nouveau 1 gouvernement et le conseil '
d'Etat se sont trouvés d'accord pour recon
naître qu'il valait mieux ne pas rouvrir, en
1852, sur les actes de 1848, une discussion
désormais Sans objet comme sans résultai
possible. « Lés actes et les doctrines de
Î848; dit le conseil d'Etat dans l'exposé des
motifs envoyé àu Corps Législatif, sont
connus et jugés, et ne doivent rester que
comme enseignement. La lutte a cessé. Le j
gouvernement qui a rétabli l'ordre dans le
pays, a pour mission de ramener le calmé
dans les esprits, de rallier les hommes
égarés, de donner aux forces vives de la
France, si longtemps perdues dans r.ne
agitation stérile et dans. des débats sans
terme, une nouvelle et féconde direc
tion. » Soit; passons l'éponge sur le pas
sé, bien que notre caractère national ne soit
déjà que trop naturellement porté à l'oubli.
D'ailleurs, comme le.fait remarquer l'exposé
des motifs que nous venons de citer, cette
réduction de 200,000 fr. sur une dépense
de plus de 1,750 millions, ce blâme portant
sur trois ou quatre articles dés comptes de
1848, n'eût été qu'une bien faible expiation
à meitre en baîanceaveclesmalheurspublics
et les désordres de cette épôque. Mieux vaut
être complètement généreux que de se
contenter d'une réparation dérisoire et hors
de toute proportion avec l'étendue du mal.
J. BUIIA.T.
Voyage du prmce-Présidciit en Sologae.
Nous avons annoncé que les préfets des trois
départemens du Loiret, de Loir-et-Cher et du
Cher, avaient été reçus en audience particu
lière par le Président, et qu'ils avaient eu
l'honneur d'appeler le bienveillant intérêt
du prince sur la situation* de la Sologae,
cette partie si malheureuse du centre de la
France, qui forme un désert à quelques lieues
de Paris et au milieu desplus riches contrées.
Le prince dont la sollicitude- s'étend sur tout
ce qui peut contribuer à la prospérité dupays
et au bien-être des populations, répondit aux
trois fonctionnaires que son gouvernement
s'était déjà préoccupé des moyens proposés
pour assainir cette contrée, qu'une alloca
tion de fonds assez considérable était portée
dans ce but au budget de 1853, et que, du
reste, il avait l'intention de se rendre lui-
même sur les lieux, afin de voir par ses yeux
l'état du pays, et d'apprécier quels remèdes
pouvaientiêtre apportes à la déplorable si
tuation qui lui a été faite par la nature.
La réalisation de Cette promesse ne s'est
pas long-temps fait attendre. Le Président a
quitté Paris hier, comme nous l'avons dit,
pour entreprendre un rapide voyage au tra- ;
vers des marécages de la Sologne. •
Le prince est arrivé un peu ayant cinq
heures du soir â la gare du chemin de fer
d'Orléans; il était accompagné de deux dé
ses aides-de-camp, M. le-général deGoyon et
M. le colonel de Béville, et d'un de ses 'of
ficiers d'ordonnance , M. le commandant
Lepic. Dans une des salles, d'attente, se
trouvaient réunis M. Abbatucci, garde-des-
sceaux, ministre de la justice; M. Lefeb-
vre-Duruflé, ministre des travaux publics;
M. de Persigny, ministre de, l'intérieur, du
commerce.et de l'agriculture; MM. Dumas,
Regnauld et Becquerel, membres de l'Insti
tut; M. Chatelux, directeur au ministère
des travaux publics, et plusieurs chefs de
service de cette administration.
Quoique le voyage du prince ne fut pas
connu, l'arrivée de la livrée qui l'avait pré
cédé, avait promptement répandu la nou
velle de son départ dans le quartier du cue-
min de fer, et les abords de .là gare étaient,
encombrés d'une foule d'ouvriers qui ont
fait l'accueil le plus sympathique aù chef dé
l'Etat. .
Après avoir salué les personnes présentes,
le prince est monté dans un wagon de céré- -
monie avec ses aides-de-camp, les ministres
et les hommes spéciaux qui devaient l'ac
compagner , et presqu'immédiatement le
couvoi s'est mis en marche. Il se composait
de quatre wagons ; l'ingénieur en chef de la
ligne d'Orléans Conduisait lui-même la ma
chine. Le train, mené à grande vitesse, a
parcouru, en deux heures, là distance qui sé-!
pare Paris d'Orléans; on ne s'est arrêté que
quelques secondes à Etampes pour prendre
e l'eau.
A sept heures, on arrivait à 'Orléans. M.
Dubessey, préfet du Loiret et M. le général
Cœur, commandant le département, s'étaient
rendus au débarcadère, où ils ontreçuleprin-
ce à sa sortie de chemin de fer. Quoique l'ar
rivée du Président, çui a voulu faire ce voya
ge incognito, eût été tenue aussi secrète que
possible, les abords de la gare étaient garnis
d'une foule compacte qui, par son attitude
respectueuse et son empressement, a témoi
gne sa sympathie et son dévouement à l'hôte
illustre que la ville- d'Orléans recevait ,âans
ses murs.
-Le prince s'est rendu avec les personnes
de sa suite à l'hôtel de la piéfecture, où se
trouvaient réunis M. le procureur-général
Leserrurier, M. de Vauzelles, premier prési
dent, M. de Barrai, préfet du Cher, M. le
préfet de Loir-et-Cher, les membres du con
seil de piéfecture, le maire et .les principales
autorites de la ville. Mme Dubessey a fait au
prince les honneurs de l'hôtel avec une grâ
ce charmante. •
Après avoir pris quelques instans de repos
dans les appàrtemens qui avaient été prépa
rés pour lui, le prince-Président est descen
du dans un des salons de l'hôtel, où se trou
vaient réunis les officiers de la garnison.
Après leur avoir parlé ouelque temps, il a
donné à quatre d'entre eux, signalés par
leur bons et longs services, la croix de là
Légion-d'Honneur. Un de cés officiers, com-
mandant dé gendarmerie, compte vingt-neuf ■
années de service ; M. le général de Goyon, *
qui a été son camarade d'école, a réclamé
et obtenu l'honneur d'attacher lui-même
le ruban à sa boutonnière ; le prince a
donné la croix d'officier à un chef de
bataillon d'infanterie, et a remis les in
signes de l'ordre à deux autres officiers dé
corés il y à çeu de jours. Après la distribu-
tion de ces récompenses honorifiques, M. le
général de Goyon a présenté.au Président un
Polonais, ancien: officier de l'Empire, aujour
d'hui surveillant au chemin de fer, dontla si
tuation précaire est digne du plus vif intérêt.
Leprinceaàccueillicevieuxdèbris de no^ar-
mées avec sa bonté habituelle, et a ordonné
à son aide-de-camp de 1 ui remettre un secours
de/iOO f. ; lepauvrehomme a voulu remercier
le Président, mais l'émotion a trahi sa vo
lonté, ifr n'a pu que s'incliner et embrasser
avec effusion la main de son bienfaiteur. Au
moment où le prince rentrait dans le salon
de réception, on lui a amené un soldat qui
avait demandé à lui parler, et qui, mis en «a
présence, a lait appel à sa munificence en
FEUILLETON DU C ONSTITUTIO NNEL, 23 AVRIL
LA VIE A REBOURS
A El IIAIW.
second volume.
XXII.
une vie d'enfer.
A peu près vers le même temps où l'on
disposait du sort de Courtenay dans un. sa
lon de Verberie, voici de quelle façon il se
gouvernait lui-même sans écouter de leçons
ni recevoir de conseils de qui que ce fût.
Le malheureux inclinait de plus en plus
du côté où il devait tomber. Il avait com
mencé par prendre la vie du fils de famille
aussi haut que possible, dans les régions
où elle couvre la trivialité par la richesse
çt le pervertissement par l'éclat; il eja était
peu à peu conduit, degré par degré, chute
par chute, à la limite inévitable où cette
existence quitte sa dépouille d'emprunt
e.l reste ce qu'elle devrait toujours être,,
ce qu'elle est au fond, nue et repoussante,
sans fard 'ni oripeaux. On l'a vu, au dé
but , marcher à sa ruine par les grands
procédés, l'éducation du cheval, l'art des
paris, le commerce des divinités do théâtre
et des nymphes de l'Olympe inférieur ; le
voici maintenant dénué, blasé, ne sachant
où se rattacher au milieu de ce qui lui
échappe, changeant & T àppùi â mesure que
tout cède sous ses pieds, et finissant, en dé-
* La reproduction est interdite.
sespoir de cause, par demander au démon
du jeu des ressources et des émotions.
C'est là qu'en était arrivé Armand ; de ses
penchans, de ses travers, celui-ci seul était
resté et avait pris des proportions redouta
bles. Il avait joué sans doute, dès son otrée
dans ce monde de dissipateurs, joué beau
coup etsouvent, engagé des sommes énormes
sur les jambes et l'haleine d'un animal; mais
ce jeu était celui d'un homme que l'occasion
entraîne et qui n'y attache pas un intérêt ex
clusif, d'unhommequi peut perdre sans gêne
ce qu'il aventure sar.s y regarder; on pouvait
y voir un goût, une fantaisie, un vice mê
me ; mais ce n'était point encore une pas
sion. Non, Armand n'avait alors aucun des
signes auxquels sè reconnaît le véritable
joueur, l'idée fixe et dominante, la rési
gnation dans la perte et la philosophie dans
le gain, l'opiniâtreté incessante dans la pour
suite. Il ne traitait pas le jeu avec cette con
science qu'y apportent les initiés^ et ne lui
élevait pasdàns son cœur un autel où fumait
un perpétuel encens. Son heure n'était pas
encore venue.
Quand elle vint, il s'y prit de manière à
réparer le temps perdu ; son ardeur n'y eut
pas de limites. Cependant, il n'allé^ ja
mais jusqu'à l'idéal,du joueur, du joueur
dans la pure acception du mot. Au-delà du
jeu il voyaitlesscmmesqu'il devaity gagner
et l'emploi qu'il voulait en faire ; il se pro
mettait d'avance de les appliquer. ou à des
largesses ou à des plaisirs. Il ne gagnait
pas pour gagner et ne perdait pas pour
perdre ; les vétérans en arrivent seuls à
cet état de perfection. Pour Armand cè
notait qu'un changement de main , et une
nouvelle manière de faire de l'argeiit.I} avait
autrefois battu monnaie avec.ses terres;
il espérait battré encore mqnnaie avec le
jeu. Toute son invention était là, et il n'a
vait pas pris de brevet. Ajoutons que l'essai
ne fut pas des plus encourageans.
À l'époque dont nous parlons, la fièvre du
jeu avait encore de grands courans, qui ont
disparu depuis lors dans un jour d'assainis
sement moral. Des établissemens publics
étaient ouverts à cette infirmité humaine, et
abandonnés à l'exploitation privée, moyen
nant un tribut annuel. Bien des personnes
doivent avoir gardé le souvenir de celui
qui existait au coin des boulevards et à
l'extrême limite de la rue Richelieu. C'é
tait le salon de Frascati , dont le nom
est encore vivant, quoique l'institution
soit depuis long-temps éteinte ; véritable
temple de-ce culte suspect, dont les deux nu
méros du Palais-Royal étaient les chapelles.
Qui ne l'a pas vu ne saurait se former une
idée de l'aspect du local et du monde étrange
qu'on y ceudoyait. Il y en avait de tous les
costumes, de tous les rangs, de toutes les
conditions; de riches et de pauvres, de jeu
nes et de vieux, et jusqu'à des philosophes
qui risquaient leur pièce de cent sous, en se
cachant le visage du pan de leur manteau.
Çà et là des femmes, légèrement vécues,
épiaient les joueurs heureux et cherchaient
à leur arracher, sous forme d'emprunts, de
petites sommes qu'elles jetaient sur le tapis
vert afin d'y tenter la fortune.
Armand et l'oncle Séverin étaient devenus
deux habitués de l'établissement. Pour met
tre à couvert sa dignité parlementaire, l'on
cle affectait de se tenir à l'écart des tables de
jeu, et quand il déposait quelques louis ou
un billet de banque sur la rouge ou la noi
re, il avait bien soin d'attendre le moment
où aucun regard n'était fixé sur lui. On eût
dit un prince du sang craignant de trahir le
secret de son origine. D'autres fois, il pous
sait les précautions plus loin, et s.'adressait
à quelqu'un de ces assistons équivoques
dont ia fonction èt le bonheur semblaient
être de juger des coups et de poursui
vre, uùe carte et une épingle en main,
la réalisation de leurs mystérieuses mar
tingales. C'est dans ce corps d'officieux
que l'oncle Séverin ' choisissait un agent,
quelquefois un guide; et quand la veine était
heureuse, il lui abandonnait quelques écus
en retour de ses soins; de cette façon, il sau
vait les apparences, et conciliait la passion
et le devoir. Que si un visage'connu entrait
dans le salon, à l'instant ses allures chanr
geaient : il prenait des airs menaçans et dé
tachés, tranchait du moraliste outré de ce
spectacle, déclarait à haute voix qu'il ne
souffrirait pas plus long -temps cette attein
te aux principes sociaux, et qu'au premier
jour la tribune retentirait de ses réclama
tions.
Armand n'avait pas besoin de le prendre
sur le même pied ; il n'était pas homme
public, et pouvait aller directement au but;
aussi ne s'en gênait-il guères. Toutes les fois
qu'après de longs efforts, il était parvenu à
se procurer quelqu'argent, il se rendait à
Frascati avec l'espoir de le centupler et n'en
sortait jamais sans y avoir laissé ou'son der
nier louis ou son dernier billet de banque.
II avait dans les chances du biribi une con
fiance toujours trompée et toujours inalté
rable; à l'en croire, une revanche lui était
ménagée par le sort, et sans cesse il croyait
y toucher, te: croupiersavaient beau attirer
vers eux, au moyen de leurs terribles ra;
teaux, toutes les "valeurs qui s'échappaient
de ses mains, il n'en persistait pas moins à
croire qu'ils auraient à rendre comptède tout
cela-et que la banque des jeux, à un moment
donné, capitulerait devant lui, ruinée de
fond en comble. Telles étaient les nouvelles
déviations de ce cerveau lésé, et là, comme
en toute chose, Armand cédait à l'emporte
ment de ses instincts. En moins de deux se
maines, il devint un joueur effréné, con
damné d'avance parce qu'il manquait de
sang-froid, et offrant une proie facile aux
habiles gens qui vivent de cette industrie.
L'occasion s'en offrit bientôt.
Depuis quelques-jours, le docteur Raoul
avait annoncé à ses amis qu'il donnerait une
soirée dans son logement d'outre-Seine. C'é
tait un excès auquel il se livrait rarement;
mais, quand il s'en mêlait, ce n'était point à
demi. On citait ses fêtes pour le choix des
invités, le goût des dispositions et l'ôrigiriâ-
lité du programme. Il y régnait du luxe
autant qu'il èn fallait, et surtout un luxe
choisi ; mais ce niétait pas là qu'il plaçait
l'honneur et l'orgueil de sa maison. Il savait
bien que, dut-il s'y épuiser, il trouverait ses
maîtres dans une lut^e de magnificences. Où
il entendait fixer plutôt sa supériorité, c'é
tait dans les choses que les relations procu
rent et que l'âigént ne saurait obtenir; c'é
tait dans les jouissances exquises où le sa
laire n'intervient pas en brutal, pour en dé
naturer la grâce ou en altérer le parfum.
Voilà sur quel terrain le docteur Raoul vou
lait se maintenir; il traitait ce détail comme
tous ceux de sa vie, en raffiné, et n'eût pas
convié les gens à des plaisirs moins délicats
que ceux auxquèls il était accoutumé pour
lui-même.
Lés relations du docteur •Raoul étaierit de i
dèiii sortes. il avait uli -pîed clans ïe grand *
monde, un'âùtrë pied iiâns le monde des :
artistes. On citait des personnes d'une véri
table distinction qu'on né voyait que chez
lui et qui, en sa faveur seulement, consen
taient à rompre un séquestre obstiné. Quant
aux artistes, ce qu'il en recevait était du pre
mier rang et comme mérite et comme re
nommée; ils se plaisaient dans sa maison;
ils s'y- trouvaient à l'aise et rendaient en
complaisances ce qu'on leur accordait en
égards. A aucun prix , ils n'eussent fait
ailleurs ee qu'ils faisaient pour le docteur
Raoul avec un élan et un abandon infinis.
Nulle part ils ne chantaient ' mieux que '
là; nulle part ils n'y mettaient plus de
verve; s'ils avaient un morceau réservé,
c'est à ses conviés qu'ils en donnaient la
surprise ; s'il y avait excès de chant sérieux,
ils passaient au bouffon, afin de varier leur
programme , choisissaient les airs les plus
piquans, et ne comptaient pas avec leurs
' amis, jamais de façons, jamais de refus; ils
se prodiguaient et cherchaient à pl aire ; ils
se montraient cliarmans, bons et désinté
ressés, comme le sont tous les grands artis
tes livrés à leur naturel.
* Ainsi entendues, les soirées du docteur
Raoul étaient de véritables satisfactions de
gourmets; on devine sans peine qu'elles
étaient fort courues. Quelques dames du
monde avaient été curieuses de s'en ouvrir
l'accès, afin d'y voir de près ces célébrités de
la danse et du chant, dont elles étaient sépa
rées par les préjugés d'étaf et lés feux de la,
rampe. Le docteur se prêta à ce désir et
contenta ce petit sentiment de curiosité. Ce
fut pour ses fêtes un attrait et un relief de
plus. Tout ce qu'il y avait d'un peu élevé
dans la diplorriatie et dans la politique
tenait à être admis; le docteur fit un
choix et i'y thontra sévèfê. Le bruit de
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