Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-04-04
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 avril 1852 04 avril 1852
Description : 1852/04/04 (Numéro 95). 1852/04/04 (Numéro 95).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 95.
B.tgftl&MpX, : # ; VàtoU (8'alnla-ltoyttl), n* l«:
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B 185 w 2.rDlMANCHE 4 AVRIL.
- PRIX SE &'£B0MHEMEM*1 '
l'ABlS.v. .y.-. 1»: F. PAR TRIMESTRE.
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è partemen8; 1c f. —
- UN NUMÉRO : 40,CENTIMES. .
tour lbs pavs ètsantisa» , se reporter
su tableau qbi sera jtobljé dans Je jours*!,
les 10 et l& de cfe^que moi?;
' ' *■ 1 ; •; • •"• ■ •»
tes abonnéaiths daCerd iiu 1« et\t '•
■dt chaque moit. r _
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JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
■f^tstépvpqq^-pi^ larêdactivn, àJM."CxjCH£VAL--CtAiitGNï, rédacteur en chef, j On s'abonne, cfans Ut départe/runs, auxMessogeriei et que . Directions de poste.—A Londres, ches MM. Cowi* et rilSÎ • jî! • - IS'adresser, franco, pour l'administration,^ d^M. .D ena.ii»,
Les aftioles déposé* ne «ont pas.Yeadnrj
I
-r- A Strasbourg, A lexahdkk, pour KAUemagnf'i
Les annonces sont reçues au bureau du journal ; et ohei M. PANIS, régisseur, 10, place de la Boi
PARIS', 5 AVRIL.
• : ri -
- Nous >iwiVqnSj ; d,ans un écrit intitulé Lit
Flotté frqnçq t$»„ en 1852, un exposé aussi
juste qu'iatérosgaîifcdes vœu^ et des'besoins
de notue^ armèê.-de mer. L'auteur passe en
revue Je peisonoel ct le majfflieldeia flotte,
et après avoir proposé des améliorations que
nous croyons réclamées-par les juges les plus
compétens, il-£xamine quelles sont les res
sources financières au. moyen desquelles il
est possible de*-&s réaliser.
L'état-mèjor'iâe^a' irçarine, copiposé de 32.
ofiiciers-géijéràux, .340 officiers supérieurs,
•1,200 lieuterians et enseignes, n'est pas trop
nombreux pour le service de la marine en
"temps de guerre. Pendant la paix/on pour
rait peut-être diminuer le uombr8»i*J«»«€®s)
•derniers officiers; maik^sçrgitjti^é
_ se économie, p^i^ gyel^çtétiërde màriii qc
s'apprend pa's en unjour,etTjùe cette rédys-,
■ tion porteraitsurîâ partie laplus vive de.^-j,
"tre-arméejjavaïç. Le personnel des ofûc|er4-
gériéraux ct supérieurs est très sévèrement
jugé, dans le travail dont nous parlons; l'au
teur cite, l'opinion de l'empereur Napoléon
et celledé.l'amiral .WilIaumez/dfnt il porte
lui-même dignement lé nom, pour prouver
que la valeur d'uaoCficier-général de la ma
rine ne doit pas se mesurer au nombre des
années, Tourville, Suffren, Nelson, ont été
de jeunes offrciers-généraux, %t le dernier a
gagné la bataille d'Aboukir à quarante ans.
11 faudrait donc, d'après l'auteur, récom
penser par des dignités, raêfile f&âaunérées,
les vieujc et bons serviteurs, mais les retran
cher au plus tôt des cadres d'activité. Il pro
nonce contre les vieux officiers supérieurs la
même "condamnation. On ne peut contes
ter que la profession de marin exige la
santé, l'activité, qui sont les attributs de la
jeunesse. Màis en outre la marine a subi une
telle transformation, surtout depuis l'inven
tion de la navigation à vapeur, que beau
coup d'ancifens officiers sont, dit-on, hors
d'état d'accomplir tous les devoirs du service
auquel ils peuvent être appelés. N'oublions
jamais, la. leçon que npus 'ont dQnriée nos
adversaires: dans la derqièBe^gueure mari
time. Ce n'est pas la bravôuçé, certes, qui
a manqué à nos équipages,- , J cp. n'egt pas
non plus le matériel nawal j -îa^ flotte n'a.
: manqué qae d^n nombrè suffisant dei
bons officiers. Si nos marias «.voient, eu
beaucoup de commandant tels que l'illustre
capitaine du Redoutable, les choses auraient!
tourné tout autrement, et, leur coyragç- eût
été mieux récompensée '
S'il est important de préparèr debonsoffi-
eiers, il ne l'estpas moins "dé former de bons
équipage^,. Xa. population .soumise-à-t'ins-
cription maritime s'élève à 96,000 indivi
dus, dont 60,000 sont capablésdc rendre des'
services utiles en temps de guerre.Ge person-
nel s'accroît encore d'un certain nombre de
conscrits que l'Etat répartit chaque année
sur nos bàtimens. Somme-toute, notmar
mée de mer présente un effectif suffisant
pour armer nos flottes et faire face à l'enne
mi. Mais .encore faut-il l'employer de la
manière la plus utile et la plus fructueuse
possible.
Aujourd'hui les inscrits sont levés une pre
mière fois, renvoyés, dans leurs foyers après
un intervalle de temps de service fort court,
puis repris quelques années plus tard. Ce
système a l'inconvénient de renouveler trop
souvent les équipages; les matelots dont
l'Etat requiert ainsi les services, passent
sous les drapeaux trop peu de temps pour
savoir bien tout ce qu'un marin militaire
doit apprendre.
L'armée navale ne pourrait que gagner en
instruction et en expérience, si les cadres
des équipages avaient la même permanence
que ceux de l'armée de terre. On propose
donc de ne« lever qu'une fois/en temps
de paix, liAs marins de l'inscription, mais
de .leur imposai- un service de cinq; années
consécutives. Les équipages ne seraient ain
si renouvelés que par cinquième au plus,
car l'introduction' d'un■-certain nombre de
conscrits diminuerait cette.proportion ; et
d§ plus ou^ aurait des càdçes perfnanens }j
solides", assouplis aux rudes exigences du*
service maritime, propres à tous les tra
vaux et à tous les combats.
Il fut un temps où l'on faisait fi (les cons
crits pour le recrutement de l'armée de
-mer. Mais on a reeonnu que la conscription;
donne à nos équipages des sujets utiles. A
celte même époque, où l'on dédaignait les
matelots conscrits, on s'était figuré qu'un in
dividu, parce qu'il était né sur les bords de
Jg,,_ mer et qu'il avait été familiarisé-dès
; 4lenfance avec cet élément; était bon à tous
"lés,, exercices, et qu'on pouvait raisonna-
rbletaent attendre de lui la même dextérité
œt la même adresse, soit qu'il s'agit.des ma-
'nœuvres ou de l'artillerie d'un navire, ou
même du service de- fantassin à terre. Cette
erreur est aujourd'hui dissipée. Pour ma
nœuvrer dans les hunes et sur les vergues,,
la population soumise à l'inscription mari-
tune est' sans.rivale ; mais les conscrits pla
cés sur. nos vaisseaux et nos frégates, et choi
sis généralement parmi lés plus robustes en
cans de nos campagnes et de nos villes, ma-:
nient facilement la grosse artillerie et de
viennent d'excellens pointeurs, Une. école de
matelotsîcanonniers , instituée d'abord sur
une corvette, puis ensuite sur une frégate,
fournit à.la flotte une pépinière d'artilleurs
qui, presque tous, proviennent de la cons
cription ; et on les juge, avec raison, si uti
les, que l'école des matelots-canonniers de-i
vra être tôfc'ojyi tard transportée à bord d'un
vaisseau.
La conscription peut encore doter notre
marine d'une institution réclamée,par beau-;
coup d'officiers de cette arme et que nous
'avons eu "nous-mêmes occasion. dé. recom
mander : c'est celle des marins~fusiliers>.Le$
Anglais et les Américains ont encore des sol-<
4ate'j5UÉ leurs naj^fg. ^.ufrefolsj, juous eiïtre-i
;tehii>à$> aussi des -garnisons sur. les oôtrftsj
Ên paixi elles-étaient chargées dé faire res4
'peçter la, discipline à bord ; en guerre, elle^
■formaient à tore l'appui et la réçervw de
nos matelots, toujours prêts à courirà l'en-i
nemi sans garder ies rangs. DaflS un coqabat 1
sur. mer,elles dirigeaient contrè nos.advèrgaiin
-rendes feux réguliers et «fflcaoos. ^Maisi l^si
prit français a jçté le ridicule suf cêtt'e Utile
institution. Lés matelots et les.soldats'dd
marine ont commencé par se railler, et
ont fini par se détester les uns les - 'au-.
Aces,, Les éLatS;majors flûême se sont laissé
influencer par cette guerre 3ê""sarcàsmès."
Bref,-les garnisons des navires ont été sup
primées-. Mais aujourd'hui, les esprits éclai
rés et exempts.de-préjugés voient la faute
qu'on a faite alors, et proposent de la réparer
en profitant de l'expérience du passé.
On a compris que, s'il était dangereux de
séparer en deux les équipages, et de mettre
à bord, en présence les uns des autres, des
marins et des soldats, on pouvait sans péril
donner à une partie de ces mêmes équi
pages, des attributions spéciales. Des ma
telots portant le même uniforme, com
mandés par les mêmes officiers, mais chargés
spécialement de l'exercice du fusil, ne don
neront aueun prétexte à la jalousie et aux
plaisanteries de leurs camarades, etnos vais--
seaux pourront dê.nouveau recevoir ces gar
nisons de fantassins, au pied marin, qui tous
proviendront de la conscription. Ainsi pous
ménagerons nos inscrits maritimes indis
pensables pour le service des manoeuvres
hautes, et nous puiserons dans notre popu
lation belliqueuse de l'intérieur les élémens
de nombreux équipages.
. Du reste,'.un© flotttebifen organisée et bien
commandée n'a pas besoin de compter les
voiles par centaines pour tenir .librement la
mer, l'aire l'ace aux ennfeaiis du pays et ga
gner des batailles. Il en est de même sur
mer-que sur terre. Combien de fois l'Empe
reur n'a-rt-iil. pas .battu l'ennemi avec des
t'oree.s inférieu res J N elson n'était-il pas
"le plus faible": à Trafalgar? Qu'on cesse
donc de désespérer de notre marine par cela
•■seul qu'on compare ses ressources à cftlles de
l'Angleterre; si nous étions réduits à.lutter
encore contre cette formidable rivale, une
tentative hardie, quelques batailles heureu
ses pourraient portera sa puissance le coup
le plus fatal. Il faut savoir seulement nous
préparer de longue main à toutes les éven
tualité^,
Et d'ailleurs, notreimarine serai t-elle donc
inutile, quand même on lui refuserait toute
chanccde lutter'long-temps Q.vec avantage
contre la flotte britannique ? tes Anglais
sont-ils le seul peuple que nous puissions
rencontrer sur mer pour la défense de nos
droits et de notre honneur? Est-il superflu de
nous trouver à la tête des marines secondai
res, et d'avoir la première flotte, après celle ;
de l'Angleterre? La Russie a '43 vaisseaux à ;
flot, nous n'en avons que . 25." Cependant la
Russie est hors d'état de lutter sur mer avec
notre flotte. Est-ce là un avantage indiffè
rent? Notre marine a su conduire nos sol
dats en Algérie et en Italie. Ce qu'elle a fait,
elle le ferait encore au besoin dans des guer
res.plus importantes et plus* périlleuses.
L'auteur de l'écrH que nmis-veaûa&de?é- -
sumer, propose d'entretenir en temps de
paix douze vaisseaux et douze frégates ar
més. Une dépense additionnelle de neuf mil
lions suffirait pour avoir à la mer deux esca
dres de six vaisseaux, l'une à* Toulon, l'autre
à Brest, et pour tenir douze frégates en état
d'armement. Le budget de la marine, aug
menté de cette somme, serait encore moins
élevé qu'avant l'établissement de la Républi
que.; Sans entrer dans les considérations
t qui justifient ce système d'armement, nous
ne saurions t/op recommander que , dé
sormais , les navires dépourvus de tout
moyen sérieux de défense 1 , ■ comme les
eorvettes à-batterie barbette : et les bricks :
de deuxième, classe-, disparaissent peu'à
peu de notre .flotte.«N'armons, même en
temps-de paix, que deS'bàtiméns en état de
tenir la mer devant l'ennemi: Nous n'écarte
rons toutes leSiChanoeSs de lutte qu'à la con
dition de nous montrer-toujours préparés à
combattre. ; ' " 1
Le secrétaire de larédattiosi t- bonifack. ,
La question des réfugiés, étrangers a sou-
Jevé de nouveau^ long "débat au sein du
parlement anglais. Lff publicité donnée eû'
Allemagne à une dépêche un peu sèche
du prince - de Schwartzenberg en réponse à
une note delordGrarmllea paru à un mem
bre de la chambre des communes une excel
lente occasion d'éveiller les susceptibilités
•britanniques. M. Milnes a eu soin d'insister
sur la menace faite par le premier ministre
d'Autriche de soumettre à une surveillance
rigoureuse tous les voyageurs anglais ; et* il
a rapproché cette menace de l'expulsion pro
noncée par les autorités autrichiennes contre
des missionnaires écossais qui cherchaient à
propager le protestantisme en Bohème.
Si M. Milnes avait cherché à taire un petit r
éclat, il a dû être fort désappointé par la
tournure que la discussion a prise. C'est le
ministre favori des radicaux; c'est lord Pal-
merston qui en a fait tous les frais. Il a été
démontré qu'à la seule nouvelle de la démis
sion de lord Palmerston le gouvernement
autrichien avait spontanément rabattu de ses
exigences; et qu'en apprenant la chute du ca
binet whig et l'arrivée de lord Derby aux affai
res, il avait abandonné toutes ses réclama
tions, en exprimant l'espoir de voir les rela
tions de l'Angleterre et de l'Autriche se ré
tablir immédiatement sur leur ancien pied
d'intimité.
Après avoir donné lecture des dépêches
du prince de Schwartzenberg, le ministre dei
l'intérieur, M. Walpole n'a pas manqué d'en}
conclure que l'èxistericedueabinet wtaig, par
les inquiétudes qu'inspiraient ses tendances,;
avait été le seul obstacle aux bonnes relations^
entre l'Angleterre ,et le continent. 11 avait;
suffi que les whigs perdissent le pouvoir-
>g§ur queles gouwni'emens étrangers fissent;
j-spontanément des avances à l'Angleterre ; te*
douveau cabinet n'avait pas même eu besoin;
^ demander à l'Autriche de renoncer aux
• râesures de surveillance qu'elle avait prises
contre les voyageurs anglais^ la suppression
ge cette surveillance avait été la conséquence
Jtomédiate du changement de ministère à
ondres.
Lasmotion de M. Milnes n'avait donc plus
d'objet, puisqu'elle se fondait sur un état
de choses qui avait cessé d'exister : elle
n'avait eu d'autre résultat que d'attirer à
lord Palmerston, sous forme indirecte, la
" plus rude attaque qu'eût subie sou adminis-
Jration. Aussi l'anciçn ministre des affaires
trangères a-t-il été Contraint de prendre la
k ' parole pour y répondre. Il s'est tiré du mau-
< vais.pas où d'imprudens amis l'avaient lait
• tomber, en tournant «n ridicule l'intimité
qui s'est établieentre son successeur le comte
Malmesbury et les cours, du continent ; mais
. des épjgrammes ne sont pa des argumens,
et lord Palmerston a eu soin de couper court
à la discussion en donnant lui-même à M.
.- Milnes le conseil de retirer sa motion.
CUCHfiVAL-CLARIGÎfï.
Le sénat s'est réuni,- le 1 er avril, à une
heure et demie, sous la présidenceide M. le
• vice-président Mesriard. La convocationavait
. pour objet dé communiquer au sénat la pro-
" position "d'ïïn -sénâïùs consulte émané, de
l'jnitiative de tous les membres composant
le bureau, à l'exception du président, le
prince Jérôme Bonaparte.
La'proposition a. subi les épreuves vou
lues par le décret réglementaire du 22 mars
• dernier, et, après un rapport fait au nom de
; fa commission chargée d'examiner le projet
du bureau, un sénatus-consulte a été voté à
l'unanimité des membres présens, au nom
bre de 79-.
Hier, 2 avril, à deux heures, ce sénatus-
consulte a été présenté par le bureau au Prér
sident de la République', et aujourd'hui k
. Moniteur en publie le texte en ces termes :
REPUBLIQUE FRANÇAISE,
extrait des procès-vebbaux du sénat.
Séance du 1 er avril 1852.
(Présidence de M. Mesriard, premier -vice-pré-
. •>' sident.)
Le.sénat,. , .
; Vu la proposition ■•olléctive présentée par les
« imemtires composant le bureau et prise en consi
dération dans la forme déterminée par l'art. 17,
k paragraphe second, du décret organique en date
du 22 mars 1852.
s A délibéré et iroté le sénatus-consulte dont la
- teneur.suit •
---Art. l ^.-En exécution^» l'art... la de laConstir.
tution, une Foraine de 12 millions de francs est al
louée annuellement, à dater du 1" janvipj 1852,
au prince-Président de la République.
Art. 2. Les palais nationaux désignés dans le
décret du 27 mars 1852, le mobilier, les jardins et
pares qui en dépendent sont affectés à l'habitation.
et à l'usage du prince-Président de la République.
L'inventaire du mobilier, précédemment dressé en
vertu des lois et règlemens, sera récolé, aux frais
de l'Etat, à l'époque de l'entrée en jouissance.
Le prince-Président de la République jouit ex
clusivement du droit de chasse dans, les bois de
Versailles, dans les forêts de Fontainebleau, de
Compiègne, de Marly et de Saint-Germain.
Art. 3. L'Etat, continuant de percevoir les re
venus et produits utiles des forêts, reste chargé de.
leur, adminislratioi), ainsi • que de l'entretien des
palais nationaux et de tout ce qui en dépend.
Fait au palais du sénat, le I e ' avril 1852.
Le président,
biesnahd.
Les sénateurs secrétaires,
Général regnaud de sai.nt-jean-d'angely,
cambacékès , baron de lac R osse. "
Le décret du 27 mars 1852, mentionné à
l'article 2 du sénatus-consulte, désigne les
palais
des .Tuileries,
du Louvre, .
- de Fontainebleau,
de Compiègne,
de Versailles,
1 - de Trianon,
i j- . , de Saipt-iClond, ■ , .. " .;
• '— de»Meudnnj ' ■ '
del'Elysèé, *
et le chateau de Pau.
M. Quentin Bauchart," conseiller d'Etal,
accompagné de M. Emile Bernier, secrétaire
particulier de M. le ministre de la justice,
est arrivé à Lyon le 28 mars.
M.'le commissaireextraordinaire, après s'ê
tre entendu aveclesautorités du département,
s'est rendu au greffe où il s'est faitreprésenter
les dossiers et il a interrogé les détenus.:
Les coupables sur le sort desquels M. le com
missaire extraordinaire était appelé à statuer
en vertu des pouvoirs qui lui ont été conférés
par le gouveruementétaientaunombre de 130
environ; 90d'entreeuxontété immédiatement
élargis. Ceshommes ont tous fait les aveux les
plus complets sur leur participation irréflë-?
chie aux laits insurrectionnels, sur leur affi
liation aux sociétés secrètes et'se sont montrés
fort émus des mesures de clémence prises
à leur égard. Les libérés,avant dé quitter les
prisons,ont spontanément pris l'engagement,
par écrit, de rester fidèles au gouvernement
que le pays s'est donné.; ils ont prié M.- le
commissaire extraordinaire d'être leur in ter-f
prête auprès du prince et de lui témoigner
leur profonde et respectueuse reconnais^
sari ce. . " • '
En quittant Lyon, M. Quentin Bauchart et
IJ., Emile BernieV se sont rendus à Valence.
Après avoir reçu toutes les autorités' dil
chef-lieu à l'hôtel de la ' préfecture, M.
Quentin Bauchart s'est occupé conjointe 1
ment avec les membres de la commission
mixte à revoir les dossiers relatifs aux con
damnés. Sur 164 détenus, 88 ont été gra
ciés. Les individus auxquels il est fait re
mise des peines dont ils avaient été frappés
par lés commissions. mixtes resteront assu
jettis à la surveillance de la police générale.
- M. le commissaire extraordinaire a dû
quitter Valence, le 2 avril, pour se rendre
à Crest et à Montélimart, points extrêmes
du département delà Drôme, où ontété con
centrés d'autres détenus en nombre assez
considérable. L. B oniface.
Le général Canrobert,commissaire extraor
dinaire pour le centre de la France, ést ar
rivé à Nevers le 31 mars. Il est entré en fonc
tions aussiiôt, et le Journal de la Nièvre an
nonce ;que sa présence a déjà produit d'heu
reux effets à l'égard de,plusieurs condamnés
politiques de l'arrondissement de Nevers. .
M. de Lavaletté, ambassadeur de France à
Constantinople, est arrivé le 29 mars à
Trieste.
Lé,délai 3e*vingt jours'qui avqjT été donne
aux propriétaires de rente 5 0/0, pour opter
entre le remboursement et la conversion, a
fini hier, 2 avril, à minuit.
Les demandes de remboursement présen
tées aux ministère des finances; et celles dont
lés départemens ont donné avis, s'élèvent à
la somme de 1,553,014 fr. de rente, soit
31,060,186 fr. de capital.
Ce remboursement sera eftectué immédia
tement après la vérification des titres. -
Pour Paris, il commencera le mardi 6 avril
et sera terminé le 10.
L'adjudication de l'emprunt de 50 milr
lions, que la ville de Paris a été autorisée à
contracter, par la loi du 4 août dernier, pour
les dépenses des halles centrales et le prolon
gement de la rue de Rivoli,a eu lieu aujour
d'hui à THÔtel-de-Viïle. \
Le public remplissait la vaste salle du
Trône, où s'est faite cette adjudication. Une
balustrade séparait le public du bureau.
A midi et demi M. le préfet de la Seine est
entré en séance.
Le bureau était formé par MM. Lanquetin,
d'Argout et Riant, membres du conseil mu
nicipal, M. Mérruau, secrétaire-général, et
cinq conseillers de préfecture. .
■ M. le secrétaire-général a immédiatement
donné lecture .de là délibération du conseil
et de la loi qui autorise l'emprunt, puis du
cahier des charges.
•' M. le préfet de la Seine a ensuite déposé
sur le bureau, sous un $|i cacheté, le mini
mum fixé par la co nmission, et a déclaré
qu'il attendrait les soumissions jusqu'à une
J* • «Ma i ,? . " •
heure.
A cette heure, trois soumissions avaient
été déposées la première . décachetée a été
celle de MM. Béchet et Dethomas, au prixde
1,227 fr. 82 c. ; la deuxième, celle .du comp
toir national, à 1,167 fr. aO c."; et la troisiè
me, celle de MM. Cusin et Legendre, à 1,222
frâûcs 50 cent.
.MM. Béchet, Dethomas C e et ayant offert le
chiffre le plus élevé, M. le préfet les a décla
rés adjudicataires de l'emprunt.
circulaire.
Paris, le 30 mars 1882.
Le ministre de la police générale à MM. les préfets.
Monsieur le préfet, dans~iMu; circulaire insérée
au Moniteur du 28 mars,» le ministre de là justice
a donné ses instructions à MM. les procureurs
généraux sur l'exécution du décret organique du
17 février relatif à la presse. M. le farde des sceaux
s'est principalement attaché à développer l'esprit
et la portée dès dispositions de la loi qui rentrent
dans les attributions de sert département; je dois
aujourd'hui, pour ce qui me concerne, vous tracer
la marche que vous aurej à suivre dans l'applica-
cation des règles posées st& cette importante ma
tière.
La pensée du décret organique ne saurait être
méconnue : le gouvernement, tout en réservant
une liberté légitime à l'expression des opinions
et aux manifestations de- l'intelligence, . a vou
lu Sauvegarder- la société «mtre les abus et les
excès qui, tant de fois, lfaiweut mise en péril.
Il a fait la part du droit et celle de l'ordre; il
a considéré la mission de la presse comme
une haute fonction qui ne devait s'exercer qu'au
profit des intérêts sérieux, et qui, si on voulait
en abuser pour soulever les passions et réveiller
les mau vais instincts, devait rencontrer dans la loi
des obstacles insurmontables. En -agissant ainsi,
le gouvernement a donné satisfaction aux. récla
mations des gens honnêtes, et il n'a paru sévère
qu'à ceux qui, de la presse, voulaient se foire une
arme destructive des élémens de l'organisation so
ciale. L'opinion publique lui a su gré de n'avoir
point reculé devant les difficultés de cette t^che et
de s'être mis au-dessus des traditions et des pré
jugés du faux libéralisme. .
Désormais, aux termes du décret organique,
« aucun journal ou écrit périodique traitant de
» matière^ politiques ou d'économie, sociale, et pa-
» raissànt soit régulièrement et à jour fixe, soit
» par livraison et irrégulièrement, ne pourra être
« créé ou publié sans l'autorisation préalable du
» gouvernement. » (Art. 1 er , § 1 er .)
Là même autorisation sera nécessaire à raison
de tous changemens opérés dans le personnel des
gérans, rédacteurs en chef, propriétaires ou admi
nistrateurs d'un journal. (Art. 1 er , § 3.)
Toutes les demandes d'autorisation devront être
adressées au ministre de la police générale.
Le gouvernement ne veut user du droit de re
fus que dans l'intérêt de la société, de l'ordre et de
la morale. Son intention est de reluser l'autorisa
tion exigée par l'art. 1 er du décret cliaqnfe fois
que, sous pretexte de journaux, il s'agira de créer
des-tribunes polrtiques-'-soi-disant sociales, dans
un but de mauvaise.- propagande. Pour pren
dre à cet égard une détermination équitable
et juste, j'aurai besoin de recueillir des appré
ciations locales qui,'seules , pourront me per
mettre d'agir en parfaite connaissance de cause,
et c'est à vous, Monsieur le préfet, que je deman
derai d'éclairer et de préparer mes résolutions par
des rapports et des documens circonstanciés, lors
qu'il s'agira d'une demande provenant de votre
département. Vous aurez dès lors, sur les .commu
nications qui vous seront faites, soitpar les deman
deurs eux-mêmes, soit par moi, à vous enquérir
'des antécédens et de la moralité des écrivains et
des gërans responsables qui réclameront l'autori
sation de faire paraître un journal. Vous vous
souviendrez que l'administration trahirait les in
térêts placés sous sa sauvegarde, si elle usait
d'une indulgence où d'un laisser-aller qui ne sont
ni dans la pensée, ni dans le but de là loi. Je
croîs superflu d'insister à cet égard.
C'est également au ministre de la police géné
rale qu'il appartient de donner ou de refuser l'au
torisation de laisser circuler en France les .jour
naux politiques ou d'économie sociale publiés k
l'étranger.
La loi ne fait aucune dis'inction entre les jour
naux publiés en langue française ou en langue
étrangère.
Vous ferez exécuter rigoureusement les mesures
qui auront pour objet d'empêcher l'introduction
clandestine en France des journaux étrangeïi«s»g,
ŒL, 4 AVRIL
LA VIE A REBOURS\
% ' •■••••.
mini*».
PREMIER VOLUME.
XII.
une leçox.
Le readez-vous avait été fixé au jour sui
vant, à six heures du matin; le lieu désigné
était le bois de Boulogne, à la hauteur de la
mare d'Auteuil. Armand s'y rendit avec le
prince et le vicomte Gaston ; le docteur Raoul
s'était joint à eux. Eu arrivant, ce dernier
regarda à sa montre;,on était en avance de
trois.minutes à peu près; cependant Brinde-
jûne et ses acolytes se trouvaieBt déjà sur les
lieux. Pour eux, c'était une fête, ils y avai mis un peu d'empressement.
On se salua, on tira ejes voitures Ies épées
et les fleurets, et l'on s'engagea dans le bois
pour y trouver un champ de combat. Les
personnages à brandebourgs foulaient ce
sol d'un pas familier ; ils en connaissaient les
accidens et les ressources. Après une courte
marche, on parvint à une clairière qu'en
vironnaient des taillis épais. Le terrain y était
ferme, dégagé, uni, etj'on s'y trouvait à
l'abri du regard; c'était un endroit discret
que la nature semblait avoir ménagé à des
sein pour les exercices de genre. Aussi
les témoins de Brindejonc y firent-ils une
•La reproduction e «t interdite
halte en adressant aux amis de Courtenay
un signe de tête en matière d'interrogation;
à quoi ceux-ci répliquèrent par un geste
d'acquiescement. Le lieu du combat était
agréé; il ne restait plus qu'à en régler les
autres conditions, afin qu'il fût bien établi,
a,ux yeux de 1a conscience et de la loi, que
les champions s'étaient égorgés dans toutes
les formes*.
En première ligne, vint le choix des ar
mes; c'était un point essentiel ; chacun avait
apporté les siennes, elles abondaient; il y
avait des épées et des fleurets démouchetés.
Les témoins s'arrêtèrent à ces derniers, plus
maniables, plus légers à la main; la garde
en était pleine et en forme de coquille pour
que le fer pût y glisser. Restaient les places;
nul détail n'avait plus de gravité. Le soleil se
levait, et chacun des combattans pouvait
avoir pour ou contre soi Tes effets de sa lu
mière. Il fut convenu qu'on s'en remettrait
au sort,; la chance fut favorable à Courte
nay ; il choisit tn homme qui sait prendre
ses avantages. Ces points réglés, il ne res
tait plus qu'à croiser le fer ; les champions
avaient mis habit bas ; ils étaient en présence
et l'épée à la pain; les témoins donnèrent
le signal.
L'engagement commença, et Armand y
mit trop d'ardeur, au début surtout. Sa fou
gue l'emportait ; il était hors de lui, et ne
réglait pas son jeu d'une manière assez ser
rée, En revanche, il chargeait son homme
avec une telle vigueur, que tout autre y eût
succombé dès ce premier choc. Mais le pré
vôt de salle se retrouvait chez Brindejonc, et
lui suggérait mille stratagèmes. Au lieu de
s'engager, il rompait et se défendait un peu
par le fleuret, beaucoup par la distance. Ar r
mand avait beau seportei; ea avant, ii ne pou
vait pas l'approcher à son gré, si Courtenay ;
•faisait un bond pour le joindre, par un autre
bond, Brindejollc lui échappait. C'était un
spectacle d'un attrait.malsain et d'un intérêt
sauvage ; le prince et Gaston en suivaient les
détails avec un profond serrement de cœur ;
leurs yeux s'attachaient à Courtenay comme
s'ils eussent voulu l'animer, le secourir dans
la lutte. Quant aux témoins de Brindejonc,
ils ne. sourcillaient pas sous leurs brande
bourgs, jugeaient les coups avec une entière
liberté d'esprit et demeuraient impassibles
comme la fatalité.
Des cette première période du combat, il
fut facile de deviner quel était le système^de
l'adversaire d'Armand ; il attendait un mo
ment de négligence et de lassitude. Notre hé
ros l'avait pris, à l'origine même, avec tant
de feu. et d'élan; il avait fait voltiger son
épée avec une rapidité si grande, qu®
cette façon de mener un combat ne pouvait
se soutenir long-temps; aucun poignet hu
main n'aurait pu y suffire. Le procédé était
bon, mais sous la réserve d'une prompte
efficacité; en se prolongeant, il risquait fort
de devenir funeste. Déjà, en effet, Ar
mand n'attaquait plus avec la même viva
cité; le fer dans ses mains ne fournissait
plus le même service ; il y avait fatigue et af
faiblissement. Chez Brindejonc, au contraire,
l'énergie semblait s'éveiller ; il ne cédait plus
de terrain, et peu à peu reprenait l'offensive.
La trempe du prévôt de salle reprenait le des
sus; il s'étaitménagé pour le dernier moment.
Néanmoins,.le combat aurait pu se prolon
ger et avoir des retours, si Courtenay n'eût
heurté une souGhe à fleur de sol, et, en trébu
chant, dérangésa garde ordinaire. C'en fut
assez pour que Brindejonc profitât de l'acci
dent, prît giïç adversaire en défaut, lui al
longeât un coup de fleuret victorieux, et
lui plantât son arme en pleine poitrine, au r
dessous du sein droit. Le prince et Gaston vir
rent Armand chanceler, s'affaisser sur lui r
même, et mesurer le sol; ils le crurent mort
et s'élancèrent à son secours,, l'ame. déses
pérée : le docteur Raoul accourut aussi au
premier bruit.
Courtenay respirait encore ; lé docteur lui
donna ses soins. La blessure était profonde.;
le sang en sortait à grands flots, et, sous
peine de voir la vie s'éteindre, il fallait arrê
ter l'hémorrhagie. L'habile praticien y pour
vut au moyen d'un, appareil composé a la
hâte et avec le peu de ressource^ qui! avait
sous là njain. L'effet en fut prompt : le
pouls se releva, les syncopes cessèrent. 11
restait à gagner les voitures qui attendaient
à peu de distance de là. Brindejonc s'é
tait retiré de ce théâtre de deuil ; mais ses
acolytes demeuraient encore sur les lieux
avec le désir louable d'offrir leurs services.
On les remercia ; lés bras ne manquaient pas,
et la vue de ces brandebourgs pesait aux amis
de Courtenay. Ces gens-là partirent. Alors, au
moyen des coussins des voitures et de pieux
arrachés dans le bois, on forma un brancard,
sur lequel le blessé futtransporté sans secous
se ni accident ; puis, dans l'une des berlines,
on arrangea une sorte de lit, où il put être
étendu, ayant près de lui le docteur Raoul
• pour surveiller la marche des symptômes et
l'état dé l'appareil. Ce fut ainsi que la dou
loureuse caravane regagna la ville , lente
ment, les chevaux au pas, et en sé mainte
nant autant que possible sur la ligne des
chaussées à empierrement.
Armand n'avait pas voulu que l'oncle Sér
vérin l'assistât dans sa triste affaire ; il crai
gnait les .émotions- et les Susceptibilités de
son cœur ; il avait eu la précaution de lui
cacher le lieu et l'heure du rendez-vous.
Mais ces soins mêmes n'avaient fait qu'ira---
primer aux inquiétudes de l'excellent homme
une force plus vive. Dès le matin, il était
Tenu frapper à la porte de son neveu, et, ne
le trouvant pas, il n'avait pas quitté la place.
Ce fut lui qui aperçut le premier le fatal
cortège et reçut dans ses bras le jeune hom
me déjà livide, comme si la mort l'eût tou--
ché. En le voyant, Courtenay lui sourit avec
douceur, fit un effort, le seul qu'il eût fait
depuis sa blessure, tendit la main vers lui, et,
par un geste, l'attira à la portée de sa voix.
— Surtout, mon oncle, lui dit-il, qu'A-
drienne n'en sache rien. Veillez-y, je vous
en conjure.
— J!y veillerai, Répondit l'oncle Séverin
dans l'abattement.
Merci, mon bon oncle, dit le jeune
homme, comme si sa pensée eût été soula
gée d'un grand poids.
Personne rie put entendre ces mots; mais
le docteur sûrprit le mouvement des lèvres:
— Par tous les saints du ciel, s'écria-t-il,
ne le faites pas parler, ou il va passer entre
nos mains.- •
Les secours arrivaient de toute part; tous
les gens de la maison étaient sur pied. Avecdes
précautions infinies, on porta le blessé dans
ses appartemens et on le coucha. Les curieux
se dispersèrent et le silence se fit autour de
ce lit de douleur.
Ledoctéur Raoul leva l'appareil, examina la
blessure avec plus de soin et en fixa la direc
tion. Elle était des plus graves, le poumon
avait été traversé; il fallait s'attendre à des
accidens fâcheux. Dans les circonstances ordi
naires de la vie, le docteur passait pour un
esprit froid, sceptique, railleur, traitant les
sentimens de bagage inutile, et affectant un
égoïsme de bonne compagnie. Mais qu'une
occasion Se présentât,' et il s'infligeait d'écla-
tans démentis ; il agissait au rebours de ses
systèmes ; le grand eœur se retrouvait. Des
qu'il eut vu Armand en danger sérieux, il ré
solut de ne pas le quitter, au moins de quel»
ques jours : l'issue du traitement pouvait dé
pendre du moindre détail, d'un soin mal aon-
né, d'une imprudence commise, et, pour pré
venir ces écarts, il fallait exercer une surveil
lance de tous les instans et jouir de quelque
autorité sur l'esprit du malade. Personne
mieux que lui ne remplissait ces conditions.
Il se dévoua et s'établit en camp volant dans
la pièce voisine.
Les auxiliaires ne lui manquèrent pas ;
deux surtout montrèrent un grandéèle. Oa
a nommé d'abord l'oncle Séverin ; rien n'é
gala son dévoûment, si ce n'est sa douleur.
L'idée qu'il pouvait perdre son neveu le je
tait dans des tristesses bien autrement vives
que celles dont il avait été assailli lors de la
défaite de l'habit français. Son neveu ! nyus
c'était la plus belle et la plus noble portion
de lui-même, le plus pur de son sang, la
fleur de son esprit! Il n'en parlait qu'avec-
un enthousiasme mêlé d'ôrgaeil. Son neveu! '
mais sans lui, bon Dieu! qu'allait-il devenir?
Où.irait-il? Que ferait-il? Autant vaudrait
un ballon sans gaz ou un navire sans bous
sole. Aussi le pauvre oncle ne s'épargnait-il
pas pour conjurer un si grand malheur. J1
entendait se mêler à tout le service qu'exi
geait l'état du blessé, assistait'à la levée des
appareils et ne recouvrait un peu de séréni
té que lorsqu'il préparait une infusion ou
tenait un bandage à la main.
Le second auxiliair»du docteur Raotul fut
le prince Wladimir ; il venait tous les jours,
B.tgftl&MpX, : # ; VàtoU (8'alnla-ltoyttl), n* l«:
« n —«■»* tfK *vaowrs«j9PCï,"Vs»K.= , "r^»j»?rwj l « , Tiae» , "«B> i es*wîa
B 185 w 2.rDlMANCHE 4 AVRIL.
- PRIX SE &'£B0MHEMEM*1 '
l'ABlS.v. .y.-. 1»: F. PAR TRIMESTRE.
• ■ ' " * ' ■ « ■■ ,
è partemen8; 1c f. —
- UN NUMÉRO : 40,CENTIMES. .
tour lbs pavs ètsantisa» , se reporter
su tableau qbi sera jtobljé dans Je jours*!,
les 10 et l& de cfe^que moi?;
' ' *■ 1 ; •; • •"• ■ •»
tes abonnéaiths daCerd iiu 1« et\t '•
■dt chaque moit. r _
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MW
9
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
■f^tstépvpqq^-pi^ larêdactivn, àJM."CxjCH£VAL--CtAiitGNï, rédacteur en chef, j On s'abonne, cfans Ut départe/runs, auxMessogeriei et que . Directions de poste.—A Londres, ches MM. Cowi* et rilSÎ • jî! • - IS'adresser, franco, pour l'administration,^ d^M. .D ena.ii»,
Les aftioles déposé* ne «ont pas.Yeadnrj
I
-r- A Strasbourg, A lexahdkk, pour KAUemagnf'i
Les annonces sont reçues au bureau du journal ; et ohei M. PANIS, régisseur, 10, place de la Boi
PARIS', 5 AVRIL.
• : ri -
- Nous >iwiVqnSj ; d,ans un écrit intitulé Lit
Flotté frqnçq t$»„ en 1852, un exposé aussi
juste qu'iatérosgaîifcdes vœu^ et des'besoins
de notue^ armèê.-de mer. L'auteur passe en
revue Je peisonoel ct le majfflieldeia flotte,
et après avoir proposé des améliorations que
nous croyons réclamées-par les juges les plus
compétens, il-£xamine quelles sont les res
sources financières au. moyen desquelles il
est possible de*-&s réaliser.
L'état-mèjor'iâe^a' irçarine, copiposé de 32.
ofiiciers-géijéràux, .340 officiers supérieurs,
•1,200 lieuterians et enseignes, n'est pas trop
nombreux pour le service de la marine en
"temps de guerre. Pendant la paix/on pour
rait peut-être diminuer le uombr8»i*J«»«€®s)
•derniers officiers; maik^sçrgitjti^é
_ se économie, p^i^ gyel^çtétiërde màriii qc
s'apprend pa's en unjour,etTjùe cette rédys-,
■ tion porteraitsurîâ partie laplus vive de.^-j,
"tre-arméejjavaïç. Le personnel des ofûc|er4-
gériéraux ct supérieurs est très sévèrement
jugé, dans le travail dont nous parlons; l'au
teur cite, l'opinion de l'empereur Napoléon
et celledé.l'amiral .WilIaumez/dfnt il porte
lui-même dignement lé nom, pour prouver
que la valeur d'uaoCficier-général de la ma
rine ne doit pas se mesurer au nombre des
années, Tourville, Suffren, Nelson, ont été
de jeunes offrciers-généraux, %t le dernier a
gagné la bataille d'Aboukir à quarante ans.
11 faudrait donc, d'après l'auteur, récom
penser par des dignités, raêfile f&âaunérées,
les vieujc et bons serviteurs, mais les retran
cher au plus tôt des cadres d'activité. Il pro
nonce contre les vieux officiers supérieurs la
même "condamnation. On ne peut contes
ter que la profession de marin exige la
santé, l'activité, qui sont les attributs de la
jeunesse. Màis en outre la marine a subi une
telle transformation, surtout depuis l'inven
tion de la navigation à vapeur, que beau
coup d'ancifens officiers sont, dit-on, hors
d'état d'accomplir tous les devoirs du service
auquel ils peuvent être appelés. N'oublions
jamais, la. leçon que npus 'ont dQnriée nos
adversaires: dans la derqièBe^gueure mari
time. Ce n'est pas la bravôuçé, certes, qui
a manqué à nos équipages,- , J cp. n'egt pas
non plus le matériel nawal j -îa^ flotte n'a.
: manqué qae d^n nombrè suffisant dei
bons officiers. Si nos marias «.voient, eu
beaucoup de commandant tels que l'illustre
capitaine du Redoutable, les choses auraient!
tourné tout autrement, et, leur coyragç- eût
été mieux récompensée '
S'il est important de préparèr debonsoffi-
eiers, il ne l'estpas moins "dé former de bons
équipage^,. Xa. population .soumise-à-t'ins-
cription maritime s'élève à 96,000 indivi
dus, dont 60,000 sont capablésdc rendre des'
services utiles en temps de guerre.Ge person-
nel s'accroît encore d'un certain nombre de
conscrits que l'Etat répartit chaque année
sur nos bàtimens. Somme-toute, notmar
mée de mer présente un effectif suffisant
pour armer nos flottes et faire face à l'enne
mi. Mais .encore faut-il l'employer de la
manière la plus utile et la plus fructueuse
possible.
Aujourd'hui les inscrits sont levés une pre
mière fois, renvoyés, dans leurs foyers après
un intervalle de temps de service fort court,
puis repris quelques années plus tard. Ce
système a l'inconvénient de renouveler trop
souvent les équipages; les matelots dont
l'Etat requiert ainsi les services, passent
sous les drapeaux trop peu de temps pour
savoir bien tout ce qu'un marin militaire
doit apprendre.
L'armée navale ne pourrait que gagner en
instruction et en expérience, si les cadres
des équipages avaient la même permanence
que ceux de l'armée de terre. On propose
donc de ne« lever qu'une fois/en temps
de paix, liAs marins de l'inscription, mais
de .leur imposai- un service de cinq; années
consécutives. Les équipages ne seraient ain
si renouvelés que par cinquième au plus,
car l'introduction' d'un■-certain nombre de
conscrits diminuerait cette.proportion ; et
d§ plus ou^ aurait des càdçes perfnanens }j
solides", assouplis aux rudes exigences du*
service maritime, propres à tous les tra
vaux et à tous les combats.
Il fut un temps où l'on faisait fi (les cons
crits pour le recrutement de l'armée de
-mer. Mais on a reeonnu que la conscription;
donne à nos équipages des sujets utiles. A
celte même époque, où l'on dédaignait les
matelots conscrits, on s'était figuré qu'un in
dividu, parce qu'il était né sur les bords de
Jg,,_ mer et qu'il avait été familiarisé-dès
; 4lenfance avec cet élément; était bon à tous
"lés,, exercices, et qu'on pouvait raisonna-
rbletaent attendre de lui la même dextérité
œt la même adresse, soit qu'il s'agit.des ma-
'nœuvres ou de l'artillerie d'un navire, ou
même du service de- fantassin à terre. Cette
erreur est aujourd'hui dissipée. Pour ma
nœuvrer dans les hunes et sur les vergues,,
la population soumise à l'inscription mari-
tune est' sans.rivale ; mais les conscrits pla
cés sur. nos vaisseaux et nos frégates, et choi
sis généralement parmi lés plus robustes en
cans de nos campagnes et de nos villes, ma-:
nient facilement la grosse artillerie et de
viennent d'excellens pointeurs, Une. école de
matelotsîcanonniers , instituée d'abord sur
une corvette, puis ensuite sur une frégate,
fournit à.la flotte une pépinière d'artilleurs
qui, presque tous, proviennent de la cons
cription ; et on les juge, avec raison, si uti
les, que l'école des matelots-canonniers de-i
vra être tôfc'ojyi tard transportée à bord d'un
vaisseau.
La conscription peut encore doter notre
marine d'une institution réclamée,par beau-;
coup d'officiers de cette arme et que nous
'avons eu "nous-mêmes occasion. dé. recom
mander : c'est celle des marins~fusiliers>.Le$
Anglais et les Américains ont encore des sol-<
4ate'j5UÉ leurs naj^fg. ^.ufrefolsj, juous eiïtre-i
;tehii>à$> aussi des -garnisons sur. les oôtrftsj
Ên paixi elles-étaient chargées dé faire res4
'peçter la, discipline à bord ; en guerre, elle^
■formaient à tore l'appui et la réçervw de
nos matelots, toujours prêts à courirà l'en-i
nemi sans garder ies rangs. DaflS un coqabat 1
sur. mer,elles dirigeaient contrè nos.advèrgaiin
-rendes feux réguliers et «fflcaoos. ^Maisi l^si
prit français a jçté le ridicule suf cêtt'e Utile
institution. Lés matelots et les.soldats'dd
marine ont commencé par se railler, et
ont fini par se détester les uns les - 'au-.
Aces,, Les éLatS;majors flûême se sont laissé
influencer par cette guerre 3ê""sarcàsmès."
Bref,-les garnisons des navires ont été sup
primées-. Mais aujourd'hui, les esprits éclai
rés et exempts.de-préjugés voient la faute
qu'on a faite alors, et proposent de la réparer
en profitant de l'expérience du passé.
On a compris que, s'il était dangereux de
séparer en deux les équipages, et de mettre
à bord, en présence les uns des autres, des
marins et des soldats, on pouvait sans péril
donner à une partie de ces mêmes équi
pages, des attributions spéciales. Des ma
telots portant le même uniforme, com
mandés par les mêmes officiers, mais chargés
spécialement de l'exercice du fusil, ne don
neront aueun prétexte à la jalousie et aux
plaisanteries de leurs camarades, etnos vais--
seaux pourront dê.nouveau recevoir ces gar
nisons de fantassins, au pied marin, qui tous
proviendront de la conscription. Ainsi pous
ménagerons nos inscrits maritimes indis
pensables pour le service des manoeuvres
hautes, et nous puiserons dans notre popu
lation belliqueuse de l'intérieur les élémens
de nombreux équipages.
. Du reste,'.un© flotttebifen organisée et bien
commandée n'a pas besoin de compter les
voiles par centaines pour tenir .librement la
mer, l'aire l'ace aux ennfeaiis du pays et ga
gner des batailles. Il en est de même sur
mer-que sur terre. Combien de fois l'Empe
reur n'a-rt-iil. pas .battu l'ennemi avec des
t'oree.s inférieu res J N elson n'était-il pas
"le plus faible": à Trafalgar? Qu'on cesse
donc de désespérer de notre marine par cela
•■seul qu'on compare ses ressources à cftlles de
l'Angleterre; si nous étions réduits à.lutter
encore contre cette formidable rivale, une
tentative hardie, quelques batailles heureu
ses pourraient portera sa puissance le coup
le plus fatal. Il faut savoir seulement nous
préparer de longue main à toutes les éven
tualité^,
Et d'ailleurs, notreimarine serai t-elle donc
inutile, quand même on lui refuserait toute
chanccde lutter'long-temps Q.vec avantage
contre la flotte britannique ? tes Anglais
sont-ils le seul peuple que nous puissions
rencontrer sur mer pour la défense de nos
droits et de notre honneur? Est-il superflu de
nous trouver à la tête des marines secondai
res, et d'avoir la première flotte, après celle ;
de l'Angleterre? La Russie a '43 vaisseaux à ;
flot, nous n'en avons que . 25." Cependant la
Russie est hors d'état de lutter sur mer avec
notre flotte. Est-ce là un avantage indiffè
rent? Notre marine a su conduire nos sol
dats en Algérie et en Italie. Ce qu'elle a fait,
elle le ferait encore au besoin dans des guer
res.plus importantes et plus* périlleuses.
L'auteur de l'écrH que nmis-veaûa&de?é- -
sumer, propose d'entretenir en temps de
paix douze vaisseaux et douze frégates ar
més. Une dépense additionnelle de neuf mil
lions suffirait pour avoir à la mer deux esca
dres de six vaisseaux, l'une à* Toulon, l'autre
à Brest, et pour tenir douze frégates en état
d'armement. Le budget de la marine, aug
menté de cette somme, serait encore moins
élevé qu'avant l'établissement de la Républi
que.; Sans entrer dans les considérations
t qui justifient ce système d'armement, nous
ne saurions t/op recommander que , dé
sormais , les navires dépourvus de tout
moyen sérieux de défense 1 , ■ comme les
eorvettes à-batterie barbette : et les bricks :
de deuxième, classe-, disparaissent peu'à
peu de notre .flotte.«N'armons, même en
temps-de paix, que deS'bàtiméns en état de
tenir la mer devant l'ennemi: Nous n'écarte
rons toutes leSiChanoeSs de lutte qu'à la con
dition de nous montrer-toujours préparés à
combattre. ; ' " 1
Le secrétaire de larédattiosi t- bonifack. ,
La question des réfugiés, étrangers a sou-
Jevé de nouveau^ long "débat au sein du
parlement anglais. Lff publicité donnée eû'
Allemagne à une dépêche un peu sèche
du prince - de Schwartzenberg en réponse à
une note delordGrarmllea paru à un mem
bre de la chambre des communes une excel
lente occasion d'éveiller les susceptibilités
•britanniques. M. Milnes a eu soin d'insister
sur la menace faite par le premier ministre
d'Autriche de soumettre à une surveillance
rigoureuse tous les voyageurs anglais ; et* il
a rapproché cette menace de l'expulsion pro
noncée par les autorités autrichiennes contre
des missionnaires écossais qui cherchaient à
propager le protestantisme en Bohème.
Si M. Milnes avait cherché à taire un petit r
éclat, il a dû être fort désappointé par la
tournure que la discussion a prise. C'est le
ministre favori des radicaux; c'est lord Pal-
merston qui en a fait tous les frais. Il a été
démontré qu'à la seule nouvelle de la démis
sion de lord Palmerston le gouvernement
autrichien avait spontanément rabattu de ses
exigences; et qu'en apprenant la chute du ca
binet whig et l'arrivée de lord Derby aux affai
res, il avait abandonné toutes ses réclama
tions, en exprimant l'espoir de voir les rela
tions de l'Angleterre et de l'Autriche se ré
tablir immédiatement sur leur ancien pied
d'intimité.
Après avoir donné lecture des dépêches
du prince de Schwartzenberg, le ministre dei
l'intérieur, M. Walpole n'a pas manqué d'en}
conclure que l'èxistericedueabinet wtaig, par
les inquiétudes qu'inspiraient ses tendances,;
avait été le seul obstacle aux bonnes relations^
entre l'Angleterre ,et le continent. 11 avait;
suffi que les whigs perdissent le pouvoir-
>g§ur queles gouwni'emens étrangers fissent;
j-spontanément des avances à l'Angleterre ; te*
douveau cabinet n'avait pas même eu besoin;
^ demander à l'Autriche de renoncer aux
• râesures de surveillance qu'elle avait prises
contre les voyageurs anglais^ la suppression
ge cette surveillance avait été la conséquence
Jtomédiate du changement de ministère à
ondres.
Lasmotion de M. Milnes n'avait donc plus
d'objet, puisqu'elle se fondait sur un état
de choses qui avait cessé d'exister : elle
n'avait eu d'autre résultat que d'attirer à
lord Palmerston, sous forme indirecte, la
" plus rude attaque qu'eût subie sou adminis-
Jration. Aussi l'anciçn ministre des affaires
trangères a-t-il été Contraint de prendre la
k ' parole pour y répondre. Il s'est tiré du mau-
< vais.pas où d'imprudens amis l'avaient lait
• tomber, en tournant «n ridicule l'intimité
qui s'est établieentre son successeur le comte
Malmesbury et les cours, du continent ; mais
. des épjgrammes ne sont pa des argumens,
et lord Palmerston a eu soin de couper court
à la discussion en donnant lui-même à M.
.- Milnes le conseil de retirer sa motion.
CUCHfiVAL-CLARIGÎfï.
Le sénat s'est réuni,- le 1 er avril, à une
heure et demie, sous la présidenceide M. le
• vice-président Mesriard. La convocationavait
. pour objet dé communiquer au sénat la pro-
" position "d'ïïn -sénâïùs consulte émané, de
l'jnitiative de tous les membres composant
le bureau, à l'exception du président, le
prince Jérôme Bonaparte.
La'proposition a. subi les épreuves vou
lues par le décret réglementaire du 22 mars
• dernier, et, après un rapport fait au nom de
; fa commission chargée d'examiner le projet
du bureau, un sénatus-consulte a été voté à
l'unanimité des membres présens, au nom
bre de 79-.
Hier, 2 avril, à deux heures, ce sénatus-
consulte a été présenté par le bureau au Prér
sident de la République', et aujourd'hui k
. Moniteur en publie le texte en ces termes :
REPUBLIQUE FRANÇAISE,
extrait des procès-vebbaux du sénat.
Séance du 1 er avril 1852.
(Présidence de M. Mesriard, premier -vice-pré-
. •>' sident.)
Le.sénat,. , .
; Vu la proposition ■•olléctive présentée par les
« imemtires composant le bureau et prise en consi
dération dans la forme déterminée par l'art. 17,
k paragraphe second, du décret organique en date
du 22 mars 1852.
s A délibéré et iroté le sénatus-consulte dont la
- teneur.suit •
---Art. l ^.-En exécution^» l'art... la de laConstir.
tution, une Foraine de 12 millions de francs est al
louée annuellement, à dater du 1" janvipj 1852,
au prince-Président de la République.
Art. 2. Les palais nationaux désignés dans le
décret du 27 mars 1852, le mobilier, les jardins et
pares qui en dépendent sont affectés à l'habitation.
et à l'usage du prince-Président de la République.
L'inventaire du mobilier, précédemment dressé en
vertu des lois et règlemens, sera récolé, aux frais
de l'Etat, à l'époque de l'entrée en jouissance.
Le prince-Président de la République jouit ex
clusivement du droit de chasse dans, les bois de
Versailles, dans les forêts de Fontainebleau, de
Compiègne, de Marly et de Saint-Germain.
Art. 3. L'Etat, continuant de percevoir les re
venus et produits utiles des forêts, reste chargé de.
leur, adminislratioi), ainsi • que de l'entretien des
palais nationaux et de tout ce qui en dépend.
Fait au palais du sénat, le I e ' avril 1852.
Le président,
biesnahd.
Les sénateurs secrétaires,
Général regnaud de sai.nt-jean-d'angely,
cambacékès , baron de lac R osse. "
Le décret du 27 mars 1852, mentionné à
l'article 2 du sénatus-consulte, désigne les
palais
des .Tuileries,
du Louvre, .
- de Fontainebleau,
de Compiègne,
de Versailles,
1 - de Trianon,
i j- . , de Saipt-iClond, ■ , .. " .;
• '— de»Meudnnj ' ■ '
del'Elysèé, *
et le chateau de Pau.
M. Quentin Bauchart," conseiller d'Etal,
accompagné de M. Emile Bernier, secrétaire
particulier de M. le ministre de la justice,
est arrivé à Lyon le 28 mars.
M.'le commissaireextraordinaire, après s'ê
tre entendu aveclesautorités du département,
s'est rendu au greffe où il s'est faitreprésenter
les dossiers et il a interrogé les détenus.:
Les coupables sur le sort desquels M. le com
missaire extraordinaire était appelé à statuer
en vertu des pouvoirs qui lui ont été conférés
par le gouveruementétaientaunombre de 130
environ; 90d'entreeuxontété immédiatement
élargis. Ceshommes ont tous fait les aveux les
plus complets sur leur participation irréflë-?
chie aux laits insurrectionnels, sur leur affi
liation aux sociétés secrètes et'se sont montrés
fort émus des mesures de clémence prises
à leur égard. Les libérés,avant dé quitter les
prisons,ont spontanément pris l'engagement,
par écrit, de rester fidèles au gouvernement
que le pays s'est donné.; ils ont prié M.- le
commissaire extraordinaire d'être leur in ter-f
prête auprès du prince et de lui témoigner
leur profonde et respectueuse reconnais^
sari ce. . " • '
En quittant Lyon, M. Quentin Bauchart et
IJ., Emile BernieV se sont rendus à Valence.
Après avoir reçu toutes les autorités' dil
chef-lieu à l'hôtel de la ' préfecture, M.
Quentin Bauchart s'est occupé conjointe 1
ment avec les membres de la commission
mixte à revoir les dossiers relatifs aux con
damnés. Sur 164 détenus, 88 ont été gra
ciés. Les individus auxquels il est fait re
mise des peines dont ils avaient été frappés
par lés commissions. mixtes resteront assu
jettis à la surveillance de la police générale.
- M. le commissaire extraordinaire a dû
quitter Valence, le 2 avril, pour se rendre
à Crest et à Montélimart, points extrêmes
du département delà Drôme, où ontété con
centrés d'autres détenus en nombre assez
considérable. L. B oniface.
Le général Canrobert,commissaire extraor
dinaire pour le centre de la France, ést ar
rivé à Nevers le 31 mars. Il est entré en fonc
tions aussiiôt, et le Journal de la Nièvre an
nonce ;que sa présence a déjà produit d'heu
reux effets à l'égard de,plusieurs condamnés
politiques de l'arrondissement de Nevers. .
M. de Lavaletté, ambassadeur de France à
Constantinople, est arrivé le 29 mars à
Trieste.
Lé,délai 3e*vingt jours'qui avqjT été donne
aux propriétaires de rente 5 0/0, pour opter
entre le remboursement et la conversion, a
fini hier, 2 avril, à minuit.
Les demandes de remboursement présen
tées aux ministère des finances; et celles dont
lés départemens ont donné avis, s'élèvent à
la somme de 1,553,014 fr. de rente, soit
31,060,186 fr. de capital.
Ce remboursement sera eftectué immédia
tement après la vérification des titres. -
Pour Paris, il commencera le mardi 6 avril
et sera terminé le 10.
L'adjudication de l'emprunt de 50 milr
lions, que la ville de Paris a été autorisée à
contracter, par la loi du 4 août dernier, pour
les dépenses des halles centrales et le prolon
gement de la rue de Rivoli,a eu lieu aujour
d'hui à THÔtel-de-Viïle. \
Le public remplissait la vaste salle du
Trône, où s'est faite cette adjudication. Une
balustrade séparait le public du bureau.
A midi et demi M. le préfet de la Seine est
entré en séance.
Le bureau était formé par MM. Lanquetin,
d'Argout et Riant, membres du conseil mu
nicipal, M. Mérruau, secrétaire-général, et
cinq conseillers de préfecture. .
■ M. le secrétaire-général a immédiatement
donné lecture .de là délibération du conseil
et de la loi qui autorise l'emprunt, puis du
cahier des charges.
•' M. le préfet de la Seine a ensuite déposé
sur le bureau, sous un $|i cacheté, le mini
mum fixé par la co nmission, et a déclaré
qu'il attendrait les soumissions jusqu'à une
J* • «Ma i ,? . " •
heure.
A cette heure, trois soumissions avaient
été déposées la première . décachetée a été
celle de MM. Béchet et Dethomas, au prixde
1,227 fr. 82 c. ; la deuxième, celle .du comp
toir national, à 1,167 fr. aO c."; et la troisiè
me, celle de MM. Cusin et Legendre, à 1,222
frâûcs 50 cent.
.MM. Béchet, Dethomas C e et ayant offert le
chiffre le plus élevé, M. le préfet les a décla
rés adjudicataires de l'emprunt.
circulaire.
Paris, le 30 mars 1882.
Le ministre de la police générale à MM. les préfets.
Monsieur le préfet, dans~iMu; circulaire insérée
au Moniteur du 28 mars,» le ministre de là justice
a donné ses instructions à MM. les procureurs
généraux sur l'exécution du décret organique du
17 février relatif à la presse. M. le farde des sceaux
s'est principalement attaché à développer l'esprit
et la portée dès dispositions de la loi qui rentrent
dans les attributions de sert département; je dois
aujourd'hui, pour ce qui me concerne, vous tracer
la marche que vous aurej à suivre dans l'applica-
cation des règles posées st& cette importante ma
tière.
La pensée du décret organique ne saurait être
méconnue : le gouvernement, tout en réservant
une liberté légitime à l'expression des opinions
et aux manifestations de- l'intelligence, . a vou
lu Sauvegarder- la société «mtre les abus et les
excès qui, tant de fois, lfaiweut mise en péril.
Il a fait la part du droit et celle de l'ordre; il
a considéré la mission de la presse comme
une haute fonction qui ne devait s'exercer qu'au
profit des intérêts sérieux, et qui, si on voulait
en abuser pour soulever les passions et réveiller
les mau vais instincts, devait rencontrer dans la loi
des obstacles insurmontables. En -agissant ainsi,
le gouvernement a donné satisfaction aux. récla
mations des gens honnêtes, et il n'a paru sévère
qu'à ceux qui, de la presse, voulaient se foire une
arme destructive des élémens de l'organisation so
ciale. L'opinion publique lui a su gré de n'avoir
point reculé devant les difficultés de cette t^che et
de s'être mis au-dessus des traditions et des pré
jugés du faux libéralisme. .
Désormais, aux termes du décret organique,
« aucun journal ou écrit périodique traitant de
» matière^ politiques ou d'économie, sociale, et pa-
» raissànt soit régulièrement et à jour fixe, soit
» par livraison et irrégulièrement, ne pourra être
« créé ou publié sans l'autorisation préalable du
» gouvernement. » (Art. 1 er , § 1 er .)
Là même autorisation sera nécessaire à raison
de tous changemens opérés dans le personnel des
gérans, rédacteurs en chef, propriétaires ou admi
nistrateurs d'un journal. (Art. 1 er , § 3.)
Toutes les demandes d'autorisation devront être
adressées au ministre de la police générale.
Le gouvernement ne veut user du droit de re
fus que dans l'intérêt de la société, de l'ordre et de
la morale. Son intention est de reluser l'autorisa
tion exigée par l'art. 1 er du décret cliaqnfe fois
que, sous pretexte de journaux, il s'agira de créer
des-tribunes polrtiques-'-soi-disant sociales, dans
un but de mauvaise.- propagande. Pour pren
dre à cet égard une détermination équitable
et juste, j'aurai besoin de recueillir des appré
ciations locales qui,'seules , pourront me per
mettre d'agir en parfaite connaissance de cause,
et c'est à vous, Monsieur le préfet, que je deman
derai d'éclairer et de préparer mes résolutions par
des rapports et des documens circonstanciés, lors
qu'il s'agira d'une demande provenant de votre
département. Vous aurez dès lors, sur les .commu
nications qui vous seront faites, soitpar les deman
deurs eux-mêmes, soit par moi, à vous enquérir
'des antécédens et de la moralité des écrivains et
des gërans responsables qui réclameront l'autori
sation de faire paraître un journal. Vous vous
souviendrez que l'administration trahirait les in
térêts placés sous sa sauvegarde, si elle usait
d'une indulgence où d'un laisser-aller qui ne sont
ni dans la pensée, ni dans le but de là loi. Je
croîs superflu d'insister à cet égard.
C'est également au ministre de la police géné
rale qu'il appartient de donner ou de refuser l'au
torisation de laisser circuler en France les .jour
naux politiques ou d'économie sociale publiés k
l'étranger.
La loi ne fait aucune dis'inction entre les jour
naux publiés en langue française ou en langue
étrangère.
Vous ferez exécuter rigoureusement les mesures
qui auront pour objet d'empêcher l'introduction
clandestine en France des journaux étrangeïi«s»g,
ŒL, 4 AVRIL
LA VIE A REBOURS\
% ' •■••••.
mini*».
PREMIER VOLUME.
XII.
une leçox.
Le readez-vous avait été fixé au jour sui
vant, à six heures du matin; le lieu désigné
était le bois de Boulogne, à la hauteur de la
mare d'Auteuil. Armand s'y rendit avec le
prince et le vicomte Gaston ; le docteur Raoul
s'était joint à eux. Eu arrivant, ce dernier
regarda à sa montre;,on était en avance de
trois.minutes à peu près; cependant Brinde-
jûne et ses acolytes se trouvaieBt déjà sur les
lieux. Pour eux, c'était une fête, ils y avai
On se salua, on tira ejes voitures Ies épées
et les fleurets, et l'on s'engagea dans le bois
pour y trouver un champ de combat. Les
personnages à brandebourgs foulaient ce
sol d'un pas familier ; ils en connaissaient les
accidens et les ressources. Après une courte
marche, on parvint à une clairière qu'en
vironnaient des taillis épais. Le terrain y était
ferme, dégagé, uni, etj'on s'y trouvait à
l'abri du regard; c'était un endroit discret
que la nature semblait avoir ménagé à des
sein pour les exercices de genre. Aussi
les témoins de Brindejonc y firent-ils une
•La reproduction e «t interdite
halte en adressant aux amis de Courtenay
un signe de tête en matière d'interrogation;
à quoi ceux-ci répliquèrent par un geste
d'acquiescement. Le lieu du combat était
agréé; il ne restait plus qu'à en régler les
autres conditions, afin qu'il fût bien établi,
a,ux yeux de 1a conscience et de la loi, que
les champions s'étaient égorgés dans toutes
les formes*.
En première ligne, vint le choix des ar
mes; c'était un point essentiel ; chacun avait
apporté les siennes, elles abondaient; il y
avait des épées et des fleurets démouchetés.
Les témoins s'arrêtèrent à ces derniers, plus
maniables, plus légers à la main; la garde
en était pleine et en forme de coquille pour
que le fer pût y glisser. Restaient les places;
nul détail n'avait plus de gravité. Le soleil se
levait, et chacun des combattans pouvait
avoir pour ou contre soi Tes effets de sa lu
mière. Il fut convenu qu'on s'en remettrait
au sort,; la chance fut favorable à Courte
nay ; il choisit tn homme qui sait prendre
ses avantages. Ces points réglés, il ne res
tait plus qu'à croiser le fer ; les champions
avaient mis habit bas ; ils étaient en présence
et l'épée à la pain; les témoins donnèrent
le signal.
L'engagement commença, et Armand y
mit trop d'ardeur, au début surtout. Sa fou
gue l'emportait ; il était hors de lui, et ne
réglait pas son jeu d'une manière assez ser
rée, En revanche, il chargeait son homme
avec une telle vigueur, que tout autre y eût
succombé dès ce premier choc. Mais le pré
vôt de salle se retrouvait chez Brindejonc, et
lui suggérait mille stratagèmes. Au lieu de
s'engager, il rompait et se défendait un peu
par le fleuret, beaucoup par la distance. Ar r
mand avait beau seportei; ea avant, ii ne pou
vait pas l'approcher à son gré, si Courtenay ;
•faisait un bond pour le joindre, par un autre
bond, Brindejollc lui échappait. C'était un
spectacle d'un attrait.malsain et d'un intérêt
sauvage ; le prince et Gaston en suivaient les
détails avec un profond serrement de cœur ;
leurs yeux s'attachaient à Courtenay comme
s'ils eussent voulu l'animer, le secourir dans
la lutte. Quant aux témoins de Brindejonc,
ils ne. sourcillaient pas sous leurs brande
bourgs, jugeaient les coups avec une entière
liberté d'esprit et demeuraient impassibles
comme la fatalité.
Des cette première période du combat, il
fut facile de deviner quel était le système^de
l'adversaire d'Armand ; il attendait un mo
ment de négligence et de lassitude. Notre hé
ros l'avait pris, à l'origine même, avec tant
de feu. et d'élan; il avait fait voltiger son
épée avec une rapidité si grande, qu®
cette façon de mener un combat ne pouvait
se soutenir long-temps; aucun poignet hu
main n'aurait pu y suffire. Le procédé était
bon, mais sous la réserve d'une prompte
efficacité; en se prolongeant, il risquait fort
de devenir funeste. Déjà, en effet, Ar
mand n'attaquait plus avec la même viva
cité; le fer dans ses mains ne fournissait
plus le même service ; il y avait fatigue et af
faiblissement. Chez Brindejonc, au contraire,
l'énergie semblait s'éveiller ; il ne cédait plus
de terrain, et peu à peu reprenait l'offensive.
La trempe du prévôt de salle reprenait le des
sus; il s'étaitménagé pour le dernier moment.
Néanmoins,.le combat aurait pu se prolon
ger et avoir des retours, si Courtenay n'eût
heurté une souGhe à fleur de sol, et, en trébu
chant, dérangésa garde ordinaire. C'en fut
assez pour que Brindejonc profitât de l'acci
dent, prît giïç adversaire en défaut, lui al
longeât un coup de fleuret victorieux, et
lui plantât son arme en pleine poitrine, au r
dessous du sein droit. Le prince et Gaston vir
rent Armand chanceler, s'affaisser sur lui r
même, et mesurer le sol; ils le crurent mort
et s'élancèrent à son secours,, l'ame. déses
pérée : le docteur Raoul accourut aussi au
premier bruit.
Courtenay respirait encore ; lé docteur lui
donna ses soins. La blessure était profonde.;
le sang en sortait à grands flots, et, sous
peine de voir la vie s'éteindre, il fallait arrê
ter l'hémorrhagie. L'habile praticien y pour
vut au moyen d'un, appareil composé a la
hâte et avec le peu de ressource^ qui! avait
sous là njain. L'effet en fut prompt : le
pouls se releva, les syncopes cessèrent. 11
restait à gagner les voitures qui attendaient
à peu de distance de là. Brindejonc s'é
tait retiré de ce théâtre de deuil ; mais ses
acolytes demeuraient encore sur les lieux
avec le désir louable d'offrir leurs services.
On les remercia ; lés bras ne manquaient pas,
et la vue de ces brandebourgs pesait aux amis
de Courtenay. Ces gens-là partirent. Alors, au
moyen des coussins des voitures et de pieux
arrachés dans le bois, on forma un brancard,
sur lequel le blessé futtransporté sans secous
se ni accident ; puis, dans l'une des berlines,
on arrangea une sorte de lit, où il put être
étendu, ayant près de lui le docteur Raoul
• pour surveiller la marche des symptômes et
l'état dé l'appareil. Ce fut ainsi que la dou
loureuse caravane regagna la ville , lente
ment, les chevaux au pas, et en sé mainte
nant autant que possible sur la ligne des
chaussées à empierrement.
Armand n'avait pas voulu que l'oncle Sér
vérin l'assistât dans sa triste affaire ; il crai
gnait les .émotions- et les Susceptibilités de
son cœur ; il avait eu la précaution de lui
cacher le lieu et l'heure du rendez-vous.
Mais ces soins mêmes n'avaient fait qu'ira---
primer aux inquiétudes de l'excellent homme
une force plus vive. Dès le matin, il était
Tenu frapper à la porte de son neveu, et, ne
le trouvant pas, il n'avait pas quitté la place.
Ce fut lui qui aperçut le premier le fatal
cortège et reçut dans ses bras le jeune hom
me déjà livide, comme si la mort l'eût tou--
ché. En le voyant, Courtenay lui sourit avec
douceur, fit un effort, le seul qu'il eût fait
depuis sa blessure, tendit la main vers lui, et,
par un geste, l'attira à la portée de sa voix.
— Surtout, mon oncle, lui dit-il, qu'A-
drienne n'en sache rien. Veillez-y, je vous
en conjure.
— J!y veillerai, Répondit l'oncle Séverin
dans l'abattement.
Merci, mon bon oncle, dit le jeune
homme, comme si sa pensée eût été soula
gée d'un grand poids.
Personne rie put entendre ces mots; mais
le docteur sûrprit le mouvement des lèvres:
— Par tous les saints du ciel, s'écria-t-il,
ne le faites pas parler, ou il va passer entre
nos mains.- •
Les secours arrivaient de toute part; tous
les gens de la maison étaient sur pied. Avecdes
précautions infinies, on porta le blessé dans
ses appartemens et on le coucha. Les curieux
se dispersèrent et le silence se fit autour de
ce lit de douleur.
Ledoctéur Raoul leva l'appareil, examina la
blessure avec plus de soin et en fixa la direc
tion. Elle était des plus graves, le poumon
avait été traversé; il fallait s'attendre à des
accidens fâcheux. Dans les circonstances ordi
naires de la vie, le docteur passait pour un
esprit froid, sceptique, railleur, traitant les
sentimens de bagage inutile, et affectant un
égoïsme de bonne compagnie. Mais qu'une
occasion Se présentât,' et il s'infligeait d'écla-
tans démentis ; il agissait au rebours de ses
systèmes ; le grand eœur se retrouvait. Des
qu'il eut vu Armand en danger sérieux, il ré
solut de ne pas le quitter, au moins de quel»
ques jours : l'issue du traitement pouvait dé
pendre du moindre détail, d'un soin mal aon-
né, d'une imprudence commise, et, pour pré
venir ces écarts, il fallait exercer une surveil
lance de tous les instans et jouir de quelque
autorité sur l'esprit du malade. Personne
mieux que lui ne remplissait ces conditions.
Il se dévoua et s'établit en camp volant dans
la pièce voisine.
Les auxiliaires ne lui manquèrent pas ;
deux surtout montrèrent un grandéèle. Oa
a nommé d'abord l'oncle Séverin ; rien n'é
gala son dévoûment, si ce n'est sa douleur.
L'idée qu'il pouvait perdre son neveu le je
tait dans des tristesses bien autrement vives
que celles dont il avait été assailli lors de la
défaite de l'habit français. Son neveu ! nyus
c'était la plus belle et la plus noble portion
de lui-même, le plus pur de son sang, la
fleur de son esprit! Il n'en parlait qu'avec-
un enthousiasme mêlé d'ôrgaeil. Son neveu! '
mais sans lui, bon Dieu! qu'allait-il devenir?
Où.irait-il? Que ferait-il? Autant vaudrait
un ballon sans gaz ou un navire sans bous
sole. Aussi le pauvre oncle ne s'épargnait-il
pas pour conjurer un si grand malheur. J1
entendait se mêler à tout le service qu'exi
geait l'état du blessé, assistait'à la levée des
appareils et ne recouvrait un peu de séréni
té que lorsqu'il préparait une infusion ou
tenait un bandage à la main.
Le second auxiliair»du docteur Raotul fut
le prince Wladimir ; il venait tous les jours,
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