Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-02-25
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 février 1852 25 février 1852
Description : 1852/02/25 (Numéro 56). 1852/02/25 (Numéro 56).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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nunuin i rue de Vatoi* (PalaU-Moyai), n. f®.
miuwii iin nwu winm«wi"iw
1852, - MERCREDI 25 FÉVRIER.
PRS3S £2 t.'A BONNEBSLES*
PARIS . , sa F. " PAR TRIMESTRE.
DÉPARTÉMEXS.. Î6 "F. .
UN NUMÉRO : 29 CEXTLMES.'
. POUR LES PATS ÉTRANGERS, S8 reporter
su tabls^qui sera publié dans le journal,
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annonoes sont reçues au, bureau da Journal ; et chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Boursi
. Dès le -commencement. de mars, le Coris,-
*titutiomel publiera un roman dans son feuil
leton. ; %
*Gé rom an aura pour, titrer" *"
LA VIE AliEUOURS,
- roman de mœurs, en 3 volumes,
ff»ar]§S. IiON» BEYfBAUJD, -
•auteur de JÉRÔME PATUROT.
- Nous, ferons connaître très incessamment
le titre des autres romans nouveaux qui se
succéderont dans le Constitutionnel ,, ei le
nom des écrivains qui seront appelés à notre,
collaboration; \
Le décret organique sur la presse, que
. neus avons publié dans"notre numéro du 19,
élève à 6 c. le droit de timbre qui n'était que
de 4 : pour Paris et de 5 pour les départemens.
Il remet en outre en vigueur les tarifs pourle
transport par la poste, tels qu'ils existaient
en 1848. Il en résulte, uue augmentation de
2 centimes par jour-sur les numéros distri
bués dans Paris, et de 5 centimes sur ceux
qui sont expédiés .dans lefe départemens.
L'administration du. Constitutionnel , ne
voulant-pas faire, supporter à ses abonnés
toute la charge qui lui est imposée par la
nouvelle loi, en prend unè'partie a son
compta. •- ■ ■
En conséquence, à~tteter d'aujov»d4*»i,
les abonnemens serent reçus dans nos bu
reaux aux prix suivans :
13 fr., PAR TRIMESTRE .
16 fr, » • j •
PARIS ....
DEPARTEMENS.,
PARIS, 24. FÉVRIER.
•BIS' ?
Malheur à ceux qui, avant de déposer le
vote dans l'urne, ne s'adresseraient pas cette
question,: De quoi s'agit-il ?
: Autrefois, il s'agissait j pour chaque-élec
teur, de combattre' telle ou. telle politique,,
d.e Taire prévaloir tel ou tel partir; On faisait
des élections ea "feveur de M.' Pritchard ; on
^en faisait contre le droit de visite, ou contre
le mariage de la reine d'Espagne et de l'in
fante, sa sœur. Aujourd'hui, ces. temps d'en
fantillages ejt de passions aveugles sont passés ;
le spectacle de la-guerre sociale dévastant
nof cites, ensanglantant et souillant le foyer
domestique , a dessillé les yeux des plils
aveugles, ramené les esprits les plus exaltés,
touché les ccfeurs les plus durs. Du fond de
leur prison et de leur exil, les révolution
naires et lefe.socialistes honnêtes et sensés se
repentent, et demandent pardOtf à la société
et à la patrie ! Quand Dieu a louché de pa
reilles âmes, 'quel fanatique maudit garde
rait ses passions au fond de la sienne ?
.' De quoi donc-s'agit-il aujourd'hui? ■
••II' s'agit d'abord- de compléter et de faire
■ fonctionner le gouvernement nouveau, voté
er» principe paç huit millions d'hommes,, le
Si décembre. Ce jour-làj le peuple français,
avoté, avec un ensemble et lin enthousiasme
sansexemple dans l'histoire, un Pouvoir
Exécutif élevé, libre'de- son initiative; et de
sesmouvemens, appuyé, conseillé, soutenu,
défendu par un Conseil d'Etat, par un Sé
nat, par un Corps Législatif.
Afin d'éviter les tiraillemêns, lesdivisions,
les luttes dans le gouvernement.de lu société,
luttes, divisions et tiraiilemens qui affaiblis
sent, déconsidèrent, annulent lé pouvoir,
laissent la société sans direction ei la livrent
aux révolutionnaires, le peuplo français a,
autorisé le prince Louis-Napoléon à choisir
lui-même le Conseil d'Etat,'qui prépare et
qui discute-les lois, et le Sénat, qui main-"
tient le dépôt de la Constitution et y pro
pose.les améliorations nécessaires. Tout ce
que le peuple français a gardé pour lui j c'est
la nomination du Corps Législatif.
Mais croit-on qu'en accordant au prince
Lçuis-,Napoléon, par huit millions de sulïïa-
gesi le droit des choisir le Conseil d'Etat et
le SënaTj afin de dônner au pouvoir di'r'ir
géant plus de liberté, plus d'unité et plus de-
force, le peuple français ait. entendisse ré
serve? la nomination du Corps Législatif afin
d'envoyer au prince Lôùis-Napoleon-une As
semblée, froide, difficile, ergoteuse? — Il se
rait puéril et insensé de le dire L, • ;
Ce ne-serait"pas compléter la Constitution ;
ceserait la détr uire, avant même qu'elle ait
fonctionné; ce serait-reprendrai sournoise-;
ment, à la dérobée, par ..deux cent, soixante;
scrutins séparés, tous les principes accordés,
votés d'enthousiasme et d'ensemble, dans le
plébiscite du 21 décembre.
On dit souvent,: La nation française, est
mobile et ingrate ; elle oublie vite les services
qu'on lui-a rendus ; et son opposition suit de
bien près son assentiment. .Cela peut être
vrai des classes politiques, plus accessiblés
aux'petites rivdîités et aux petit^ passions;
cela est faux du geupleet des grandes masses,
où les principes sont, en .peti t nombre et vi-
vaces, et.où le souvenir des services rendus
ne périt jamais.
Voyez, si le peuple ne s'est pas souvenu
deux cents ans d'Henri IV, qui fit . cesser la
guerre civile, abattit et étouffa les factions,'
mit un terme aux déprédations des compa
gnies fiscales, donna la paix et la sécurité aux
campagnes, et fit planter ces ormes séculaires
.qui ombragent encore les églises de tant de vil
lages, et donnent un air majestueux aux;
abords de tant de petites villes? Il.ya,dans
les pays d'outre-Loire, un nombre infini de
communes où se trouve un chemin que les
paysans nomment encore : loxj camin dourey,
le. Chemin du Roi. Ce n'est souvent qu'une
sombre fondrière, où le fils de Jeanne d'Albret
embourba son .cheval.
* Voyez si le peuple ne se souvient pas de -
Napoléon, qui ramena l'ordre dans les cam
pagnes, la sécurité dans-les familles, les prê
tres dans les églises, les,magistrats sur leurs
sièges ; qui assura au paysan sa récolte, vo
lée précédemment par les braiflards-du dis
trict; quMui garantit son bœuf t»u son che
val, mis en réquisition par le commissaire
de la Convention ; qui. mit près de tous une
administration forte, prévoyante^ paternelle,.
pour,étudier les besoins locaux et pour les
satisfaire; qui,choisit, parmi'les plus braves,
sans distinction, des paysans, des' ouvriers, 1
des valets de charrue, pour en faire des gé
néraux, ' des maréchaux, des barons , des
comtes, des ducs, des princes; qui cou
vrit leurs glorieuses poitrines de plus de cor
dons et de croix que n'en avait .jamais sur
pris ou arraché l'importunité des courtisans
d'aul/efoisj et qui envoya vivre et mourir, ,
dans chaque commune, quelque vieux sol
dat pensionné, quelque vieil officier décoré',
pour montrer aux générations nouvelles le.
chemm de l'honneur et de la'gloire?
Croyez-vous que le peuple oublie çps gran
des et nobles choses? Jamais ! jamais ! Les
partis peuvent être mobiles et ingrats; les'
peuples sont : constans et reconnaissais: Se
mez un réel, bienfait dans ces ames 'fidèles ; "
il y germera et il y fleurira toujours.
Il y a encore deux--choses dont il se
parlera, dans mille ans, parmi les habitans
des campagnes : l'insurrection soflialiste du
môis de .décembre dernier, et l'acte de déli-
vj^nce dû à l'énergie du prince Louis-Napo
léon,'^ la fidélité de l'armée, au courage de-
la magistrature,' au dévoûment du clergé.
Oui, dans'mille ans, on dira : Cette ville fut
envahie, et pillée tel j ouj£, par des hommes
égarés; là*, on vola les caisses ; là, on
mit les autorités, en ( pri§on ; là, on tua les
gendarmes'; là, on viola les femmes et les fil
les; là; on assassina le curé, qui interposait-
son saint ministère ; et puis, on ajoutera 1
cette.phrase :-La France était perdue, si le
prince Louis-Napoléon 'ne l'eûtarrachée, au
jrisque de sa tête, des mains des, partis divi-
.0
ses et impuissans L ; ""
Laîraiicë 'n'aura donc pas oublié,*le 29
févrigg, le Sfcdééembrëy
avec l'énergie significative de ; huit millions
de votes: c'est-à-dire; un goùvernemèlît
ayant de l'unité, de l'accord, de l'ensemble,
de la force, et elle voudra envoyer au prin
ce. Louis-Napoléon un- Corps Législatif élu
. dans la même peiîfeée qui a présidé au choix
du Conseil d'Etat et du Sénat.
• Le peuple français - sait parfaitément qu'il .
s ? agit aujourd'hui, comme nous disions,- dè
compléter la Constitution votée le 2i|décem- '
bre ; la volonté formelle d%s populations est
de soutenir le gouvernement;'leur faveur
est acquise, en principe'; aux candidats dési
gnés par T&ufferité; et là où le peuple n'aura
pas généralement voté pour eux, c'est que
des.meneurs l'auront trompé et entraîné,
Là seconde chose dont il s'agit encore, ,
c'est de-mettre un terme-à l'agitation, c'est
de permettre aux esprits émus de se ras
seoir, aux affaires dejreprendre, au travail de
l'enaitre, à la prospérité de revenir.
Que de ruines à réparer, seulement depuis ,
quatre ans ! ■ _
Qui pourrait faire la somme des pertes
éprouvées, en France seulement, sans parler -
de l'Europe, par suite de là révolution de
février? ' .
Que de transactions engagées en vue delà
paix et de la sécurité,-qu'il a fallu rompra et .
liquider avec des sacrifices énormes ! Que da»
propriétés achetées,qui ont dû subir l'e xpro -
priation ! Que de marchés défaits, que de pro-
jetsdétruits, que de carrières brisées, que de .
vieillards perdant en un jour Ja récompense
du passé, que«d.e jeunes gens perdant l'es
pérance de l'avenir I Que de valeurs dépré
ciées, que d'immeubles, disputés pardes ache
teurs, ettoutàcoup abandonnés! Que deden-
rées venduesàvil prix! Que d'emprunts rui
neux contractés ! que d'intérêts amoncelés,
qui se dressent aujourd'hui comme une me
nace formidable! Que de gens qui ont tout
perdu ! Que de gens ayant à craindre de tout' •
perdre! . -
Eh bien! e'est tout'cela qu'il s'agit mairie
tenant de réparer pour le passé, de.con
jurer pojj'r l'avénir. Il faut que ceux qui:
ont perdu par le désordre, "puissent "recou
vrer par, le itravail; H faut que ceux qui
sont menacés de. perdre, aient la faculté
de conserver. Chacun a plus- bu moiïîs
payé ses quarante-cinq centimes à la révolu
tion.de .février; le gouvernement nouveau
doit et peut les rendre, et plus, encore, en
ranimant" lés transactions et en fécondant :
l'agriculture.
., Le gouvernement.. de Louis-Napoléon a
■plus fait en deux mois que la régime par-,
lemen taire en deux ans. L'interminablç af
faire du chemin de fer» de Paris à Lyon
est "admirablement terminée; l'affairé pro
blématique du, chemin de Lyon à'Avignon'
est devenue .une réalité; -deux ou trois
chemins ont'été concédés dans l'Est ; deux
ou trois autres viennent de l'être dans le-
Nord : voilà près de quatre cent millions, as-, .
surés au travai f, dans ces deux parties de la.
France. Mais ce: n'est pas tout.
Deùx grandes contrées ont jusqu'ici été
privées des secours ~du gouvernement.: la
.Normandie et la Gascogne.
L'immense plateau compris antre'la Seine
et la Loire,et qûi se termine; dans la Manche,
par Cherbourg, est totalement privé de.voie,
commerciale, Les grands et-, riches départe-,
mens qui lé composent ont contribué, par
leurs impôts, à tous les chemins, à tous les
canaux ouverts ailleurs"; ils n'ont été dépas
sés par aucun autre en sagesie-, en patriotisme
en dévoûmlnl à-l'ordre, Le prince Louis-
Napoléon n'a pas voulu que cet injuste oubli
se prolongeât plus long-temps : le chemin
de f^r de Paris à Cherbourg va être concédé
avant l'ouverture du CoriJs Législati f.
Le beau pays situé entre la Garonne, ies'Py-
rénées .et l'Océan, et comprenant la^iasco-
gne, la JSavaiTeJ .b -Béarn et une partie de la
Guyenne, a été j usqu'ici abandonné, non pas
- d'eTSleu , qôi lui ade France, mais de tous les gouverneméns, qui.
n'ont rien .fait pour sa prospérité. Ces popu
lations, exclusivement li vrées à l'agriculture,,
modestes, dévouées, religieuses, attendent
patiemment, attendent toujours, des voies de
communication qui remplacent lès anciennes
routes créées par- l'intendant Maigret d'E-
tigny. Quoique fortement ondulé, ce pays
est pénétré par des vallées planes, fertiles,
prolongées, qui vont atteindre les plateaux
les plus reculés. A sa frontière du nord,'est la
vallée de la Garonne, -qui le prolonge de
L'Ouest à l'Est ; à son centre est. la vallés da
l'Adour, qui le perce jusqu'au pied même, des
Pyrénées.
L'attention et la bienvéillanèe du prince
Louis-Napoléon viennent d'être appelées sur
ce magnifique pays, qui fut une'partie de
l'ancien royaume d'Henri IV ; il atout voulu
, voir et savoir. Les contrées Pyrénéem&s vont
devoir leur salut ii cet examen, car le prin
ce a résolu d'ordonner, en même temps que
le chemin de Cherbourg, le chemin de fer
de Bordeaux à Toulouse, et le chemin de
. fer de Bordeaux à Bayonne, »avec un em
branchement âàns la vallée de l'Adour, pous
sé jusqu'à Pau. . "
-Ajoutons .que ces trais chemins, qui ré
parent'une injustice criante, coûteront un
sacrifice relativemenWnsigra'/îan* au budget
de l'Etat.
Veilà encore des sommes immenses; four
nies par l'industrie privée, et qui vont ali
menter le travail dans des pays engorgés de
produits agricoles, et sans débouchés.
Qui ne voit les changemens immenses ,
amenés dans ces pays arriérés, par la dépen
se de ces millions! Qui ne-comprend ce que
répandront de vie, dè mouvement, d'aisance,
dans les exploitations agricoles, dans le pe
tit négoce des villes, deux ou trois mille
ouvriers, placés, pendant cinq ans, dans une
vallée, terrassiers,-traceurs, tailleurs de pier
re, maçons, charpentiers, forgerons, serru
riers, menuisiers, peintres, couvreurs? Qui,
ne comprend ce que l'immense administra
tion dg ces chemins, établis peu à peu,- ou- -
vrirade carrières à defe ouvriers intelligens, à
des fils de famille, que la routine jetait dans
les universités, et que Fintrigue et le désœu
vrement jetaient dans les canspirations et
dans les émeutes ? »
Voilà ce que le prince Louis-Napoléon
veut faire, veut faire surrle-chàmp, afin que'
le peuple,se souvienne de son passage person
nel aux affaires, et en bénisse le souvenir'.
'Maisque faut-il pour- l'accomplissement
. de cette œuvre réparatrice ? — Il faut du cal
me, de la paix, de l'unité dans le pouvoir.
■ Quelqu'un se sentirait-il;le cœur de mêler
son ambition personnelle, ses- rancunes, ses
haines à une tâche si noble? Quelqu'un vou
drait-il ôter le pain de'la bouche à tant de,
populations, auxquelles le prince Louisc-Na-
poléoii offre le repos?. -- Nous ne le croyons
pas !
■ Nous le disions en commençant, le cœur
même des révolutionnaires et des socialistes,
s'est ému et attendri ; toute la France a lu la,
lettre noble et touchante d'fîuber ; nous-mê-
-mes, nous avons reçu,, pour- la . remettre au,
prince; une, lettre dans laquelle les 'principaux
des insurgés de Mirande témoignent de leur
soumission, et garantissent leur, fidélité-aux
lois pt au neveu. de l'Empereur, en paroles
qui sont le langage de l'a loyâuté et de lliap-
neur.: Quelle ame resterait pleine de ressen-
timens, en présence d'un pareil spectacle?
Qui ne donnerait son appui au gouverner.
ment de Louis-Napoléon, lorsque, ceuxrlà,
même^ q\t'il a châtiés et dû châtier, en procla
ment la dignité, la nécessité et Ja grandeur ?
' ! ' ' ' ii GRAN1ER DB CASSAGNAC.
1 •>
.> - v» • • i&ààfriJSai''--*
P. H*
M. le préfet de là Seine vient d'adreaser la
proclamation suivante aux électeurs de ce
département: . ♦
^ Electeurs du département de la Seine,
Le 20 décembre, 200,000 électeurs du dé
partement de la Seine ont remis entre les
-mains du- prince Louis-Napoléoo les "desti
nées de. Ja France; et. donné à ses actes une
éclatante approbation. Il vous reste aujour-
■d'hui,à compléter votre œuvre." '
Appelés à élire neuf députés au corps lé
gislatif,, vous comprendrez la nécessité dene
porter vos suffrages que sur. des hommes
sincèrement dévoués au nouvel ordre de
choses, et décidés à seconder l'élu du peu
ple "dans sa grande itission.-
Ces hommes, le gouvernement les présente
avec-confiance à votre choix ; ce sont :
MM. Gu yard^ D elàlain , propriétarire ; capi
taine de la garde nationale ; ' -
B evink , ancien président du tribunal de
commerce, ' -
D upérier , membre de la commission muni
cipale de la Seine ;- -
M oreau (de la Seine), ancien représentant;
P erret , maire du ^arrondissement;, •
F ouché- L epelletier ^ vice-président du con
seil des prud'hommes"; ■ , .
L anquetin , président de la commission mu
nicipale;'
M aximilien K œnigswarter , ancien banquier^
V ëron , directeUï du Constitutionnel. ■
Dans les circonstances actuelles, et en pré
sence de .l'attitude nette et décidée du pou
voir, la. nomination de tout '■'îiitre candidat,
quelque honorable que soit son plissé/quel
que considération qui's'attache à son nom,
serait un désaveu que vous vous donneriez à
vous-tnêmes. .
L'abstention, de votre part aurait un ré
sultat presque aussi fâcheux; le moindre
inconvénient serait d'ajourner l'élection, de
la compromettre peut-être-, ou tout au
moins, de la livrer au hasard.. . <
Vous voulez,un pouvoir fort, des insti
tutions durables , une protection sérieusé
de tous vos intérêts, envoyez donc au corps
législatif des hommes qui aient la confiance
du gouvernement, et qûi, dans son œuvre
réparatrice, soient résolus à lui apporter un
concours"loyal et désintéressé.
Le gouvomement ne'veut que la grandeur
et la prospérité (Ju pays. Vous l'avez compris
au 20 décembre j." soyez donc fidèles à vous-
mêmes, en répondant franchement à son
appel, et vous aurez encore une fois fait acte
de bons citoyens. »
Le préfet de la Séine,
Signé : B erger.
. Nous sommes autorisés- à déclarer que
M. Possoz èt M. Decan, qui étaient candidats,-
l'un dans 'l'arrondissement de Saint-Denis ,
l'autrs dans la 3° circonscription de Paris ,
se sont empressés avec une loyauté et,un
désintéressement qui les honore, do retirer
leur candidature aussitôt qu'ils ont appris
que M. Kœnigswarter et M. Dupérier étaient
les candidats recommandés par le gouverne
ment. . ■';-
. Ainsi que nous l'avons dit, M. Moreau (da
la Seine), est le seul candidat du gouverne
ment dans la ^ circonscription. Nous ajou-.
tons que-pour cette circonscription le gou
vernement n'a jamais eu d'autre candidat.
A MM. les électeurs de la 3° circonscription élec
torale du dépar'emmt de la Seine.
Messieurs, .. . •
Fai l'honneur de nie présenter à" vos • suffrages
pour la dépntation au corps législatif.. > ■■■:
- Cette candidature a été provoquée par les en-
couragemens d'un grand nombre d'entre vous ;
elle a reçu l'appui du gouvernement. s
- ' t M
Je dois, sans doute, les encourageracns qui nfonVL^
été donnés à une vie commerciale et civile • telle
que'jepuis m'en honorer, t. • . .. j.
Je les doîs"sr,îis" doûïe aussi atîFronetioris nom
breuses et,gratuites que j'di remplies successive
ment depuis lin grand nombre d'années dans les
différentes magistratures parisiennes : tribunal de
commerce, cbànibrji de commerce, mairie, conseil"
municipal et conseil général.
Je les dois eucore à-une autre magistrature, cor- ■
féree spontanément en 1849, au milieu de circons
tance» difficiles,—à la présidence de l'Union élec
torale du départementale la Seine. ■'■■■
Dans cette dernière magistrature, j'ai pu -con
tribuer.à rallier les hprnmes appartenant à-toutes
es nuances du grand parti de l'ordre et à lutter
avec eux contre l'anarchie qui nous envahissait de 1
toutes parts.
C'est .à ces considérations et à une adhésion sin
cère à_la politique inaugurée par l'acte du 2 dé
cembre, que ma candidatujp doit l'appui du gou
vernement,
iMais, j'éprouve le besoin de le dire ici, aucune
condition n'a été mise à:cet appui. , >
Indépendant par la. position que, j'ai acquise,
c'est libre de tout engagement que je sollicite vcm^
suffrages. '. w
Agréez, Messieurs, l'expression de mon profond
respect,. - ■ ■ ' ' :
A. DUPÉRIER,
négociant-^manufaclurier, membre de la»
• commission munieipale et départe-
-- mentale.
' À MM. les-électeurs de Ici G' circonscription
électorale du département "de la Seine.-
Messieurs, ' -,
Candidat désigné par le chef de FEtat pour re
présenter votre arrondissement au corps législatif, '
je vous dois, je me dois à moi-même de vous dire
ce que je suis, cé que je peux, ce que je veux.
Je n'appartiens àaucunjdee partispolitiques qui,
depuis vingt-cinq ans, se sont disputé le pouvo r.
J'ai vôué ma vie au travail; travailleur, j'ai été
homme d'ordre et de stabilité avant tiut.
Je suis, aux portes de Paris, à Javel, proprié
taire et chef d'une des fabriques lçs plus impor
tantes du département. Eu 1848, j'ai pu, grâ^e-à
une volonté ferme, grâce à des sacrifices,, qui sont
au nombre de mes meilleurs souvenirs, terïir cons
tamment ouverts des ateliers où de nombreux ou
vriers .ont trouvé leurs moyens d'existence. -
Vice-président du conseil des, prud'hommes et
membre.du conseil de surveillance de l'adminis
tration générale de l'assistance publique à Pa i=,
j'-ai été à même d'apprécier plusieurs, des intérêts '
et^s besoins de notre* époque; de-ceux à l'occa
sion desquels on. cherche à passionner; les masses
dans les villes et dans les campagnes;
■ Ainsi, dans ces temps difficiles, j'ai été conduit, -
autant par position qne par g,oût, à approfondir,
- au point" de vi e pratique, quelques-unes des gran
des questions.de l'économie politique. . ,"
Je ne vous parlerai pas, Messieurs, de plusieurs
découvertes, de procédés'nouveaux et féconds que'
j'af eu le bonheur d'introduire dans la fabrication:
des récompenses décernées aux expositions fran-.
çais,es «t à, la grande expoiition de Londres les
ont suffisamnient signalés.
Je peu.x donc,, sur beaucoup de questions relati
ves à l'industrie, au.commerce et -à l'agriculture,
apporter dans une Assemblée, non de belles paro
les, mais des données utiles, des faits coneluans i
c'est là une conséquence naturelle de ma vie en- '
tière. .■ :. • ■ • . • - .. . , .
Je veux l'amélioration . des classes laborieus s
par le travail et par l'aisance qu'il donne ; je veux
le progrès et l'accroissement de la fortune publique
par, le plus large développement possible de l'a
griculture, du. "commerce et de l'industrie; mort
concours et mes.efforts tont acquis par. avance à
tous les projets du gouvernement qui tendront
vers ce but. ■ " /
. ■ Déterminé "dans la démarche . que je fois au
près de vous, par des motifs d'intérêt public, con-,
vaincu de la-vive sollicitude que le prince-Prési-
3ent ressent pour toute amélior at ion sérieuse et
durable, je serai heureux, si vœsuffrages me dé
signent, de concourir selon., mjp-moyens à la réa'
lisat.'on des vues qui peuvent assurer à notre "pays
force, prospérité-et grandeur.
FOIÎCHÉ LEPELBETIER,* "
. Fabricant de produits chimiques, propriôt
; . . taire ;à Javel,. près Paris, vice^présiden|
du conseil des prud'hommes, et ntémjjré
du conseil de surveillance de l'adminis-
; - tration générale de l'assi^ance publique
à Paris." '
Javel, le 22 février 1852. ' . '
.A MM. les électeurs de la 7 e circonscription élec
torale du .déparlement de la Seine, m " ' ■
• Messieurs,
Le gouvernement ayant fait connaître qu'il
agréait ma candidature, et mes honorables compé
titeurs, MM. Boissel, Augustin Coehin, et Sary
ayant annoncé qu'ils se retiraient, je viens voua -
dire comment cette candidature s'est produite, et
parquets titres elle peut • se recommander à Vos
suffrages. - . , ■.
En me la proposant, mes amis ont pensé que je
pourrais utilement porter au corps législatif.les
connaisances et l'expérience que j'ai dû acquérir.'
par dix -hijjt an» de travaux administratifs et
FEUILLETON DU CONSTITUTION^ 25 FÉV,.
LES "\0YAGE13RS ROUVEAIX. ■ '
- WERΫE .-CMART©irsa
ET JLjfwiIi BIiAIVC(l).
- L
• N jiis en revenons encore, à cette insaisis-
sab lè terre d'Afrique, qui, . comme ses mira
ges) semble se déi'ober aux efforts, à l'espoir
des voyageurs, qui par son climat semble
condamnée à une éternelle réclusion : vaste
zone-que l'Europe voudrait connaître, et
- qu'elle ne peut atteindre, foi teresse, étrange,
ébréchée à diverses reprises dans son encein
te extérieure, ouverte sur plusieurs points,
e t gardée à son centre par le glaivè de-feu. de
la mort. , •
Un livre anglais, récemment publié nous
conduit celte fois à Cliartoum, à la jonction '
d is .deux fleuves qui forment le .fleuve sacré
43 l'Egypte; au con fluent du Nil bleu et du-
Nil blanc» Un livre allèmand nous conduira
jusqu'auprès dés sources de ce dernier em-
brauchcment. On sait què l'antiquité a..vai
nement .cherché .à. découvrir l'origine de ce
fleuv.e fécond; vénéré du peuple, protégé par
les dieux, de ce fleuve .si sacré, qu'un fils de
Sesostris ayant, dans un'accès de colère, lan
cé une flèclîe sur ses flots , fut à l'instant,,
en punition d'une telle- offense, frappé de'
cécité, et resta aveugle pendant dix^ans.
Ni Hérodote, ni Pline, ni les autres_savans
de la Grèce et de Rome n'.ent pu dire d'où
venait cette eau salutaire dont toute une po
pulation nombreuse attendait sa moisson.
>Les écrivains du moyen-âge, qui suppléaient
(1) Melly. Khartourn and ihe Mus and white
Ailes. . -, -
Werne. Expéditionzur'Entdcckung der quellen
des weisstn Nils. ■ — ■
à la réalité par l'imagination," à la science
par la poésie, ont résolu le problème par une
de leurs naïves fictionfe. Ils ont fait descen-.
dre le-Nil, ainsi que le Gange, I'Euphrate èt
le Tigre, des remparts du paradis terrestre.
Le bon Maundeville croit même' cfue toutes
les eaux-douces répandues à la surface du
globe' découlent du» même bassin. Mais de
peur de donner à ses lecteurs un témé
raire désir , il a grand soin d'ajouter
qu'il ne ■ faut pas que ' de simples mortels
pensent pouvoir arriver au paradis en
•remontant un ' de ces . fictives qui en des
cendent. Ils seraient- invinciblement arrêtés
dans leur;trajet par l'impétuosité des cou-
rans, aveuglés par l'éclat, assourdis par le
tonnerre des vagues qui se précipitent du
haut d'une* montagne, dont là cime touche
au disque deia lune. Des personnages puis-
sans ont, dit-il, tc-nté cette entreprise". Les
uns y sont morts, les autres y ont'-perdu
l'ouïe et la vue. ' ^
A la fin du siècle dernier, le Nil a été sair
vamment exploré. Sans songer à atteindre le
paradis terrestre, Jacques" Bruce, qui s'était
-préparé à ce voyage par de longues études,
a'pénétré jusqu'au point de départ, d'un des
e'mbranchemens d5ce fleuve;j,usqu'ar t x colli
nes d5 Geesli,'OÙ coulent .-trois sources pour
lesquelles les gens dû pays professent un
culte religieux.
Ceux qui ont lu le livre de Bruce^e rap
pellent peut-être avec quelle, emphase il pro
clame sa découverte. « Il est plus aisé, dit-il;
de deviner que de décrire l'impression que
j'éprouvai en atteignant à ce but qui, pen
dant trois mille ans, a trompé les efforts de
la science< et de l'industrie, les recherches
des*; anciens et des modernes. Des rois ont
armé, pour s'y rendre plus sûrement, des
légions entières, et toutes leurs tentatives
n'ônt abouti qu'à un fatal désapnointement.
Moi, simple Breton, je tfiomphè, dans mon
espfit, de» rois et des armées j me voilà par-
verni, à travers des souffrances et des périls
innombrables, au lieu qu'ils ont vifînement
cherché, me voilà aux sourccs.du Nil-(1>1
' .Le simple Breton xS 'exagère 'un peu trop.
complaisamment : l'étendue ,de. sa conquête
scientifique^ Les fontaines. de Geesh ne for
ment qu'un des affluens du -grand fleuve
égyptien. Le simple Breton, en triomphant
des rois et des armées, oublie qu'un modeste
voyageur portugais, nommé Paez, aurait eu ;
plus-de droits à se décerner un tel triomphe,
car il était entré avant tout autre Européen
dans ce lointain district. - -
' Les airs de bravade qui," à chaque inslant,
éclatent dans le livre de Bruce, l'attitude hé
roïque dansjaqiielle il se pose aux yeux de'
ses lecteurs, des incidens sùrprenans, qu'il
rend plus sùrprenans encore par Ja façon
cavalière dont il les raconte , oût nui à
sa réputation et ont même fait douter de
sa véracité. Plus tard , on .lui a rendu
justice. Plus tard, les témoignais de diffé-
rens voyageurs, notamment de Sait et de
Valentia, ont ^ confirmé .au moins sur les
points essentiels l'exactitude de sa relation.
Il a fait avec un rare courage et un rare dé
voûment à la-science, u^ très long, très pé
nible, très dangereux -voyage, et "il a droit à
une noble place dans les rangs, des explora
teurs modernes les plus instruits et les plus
énergiques. Mais il n'a vu que le côté le
moins important des sources du grand fleu- '
ve,.les fontaines du-Nil bleu. Ileste à savoir
où"en sont les eiploratcùrs du Nil blànc.-
fea campague ae Napoléon a popularisé en
Europe le nom, l'image, l'histoire de l'Egypte.
Sous les pas de nos soldats, la vieille terre
des Pharaons s'est réveillée de son sommeil
séculaire; ses tombes se"sont Ouvertes aux
regards avides des archéologues; sc-a monu-
(1) C'est pour -glorifier fa situation que Bruce
fait cette phrase de- rhétorique. Quand Ptolémée
Evergète était à. Axoum, l'ancienne capitale du
Tigré, qui l'eût empêché de s'avancer jusqu'à'.la
plaine de Geesh ?
mens ont raconté les gloires - du passé dan3
leurs langues hiéroglyphiques. Ce qui était
naguère encore renfermé dans le domaine
de la science, est entré dans là pensé® com
mune, dans le récit populaire. Le bourgeois'
de Paris a, par les bulletins de cette mémora
ble expédition, familiarisé son esprit avec
des noms étranges, des symbôles énigmati-,
ques, des figures gigantesques; et,de contrée
en contrée, des villes ardentes'de l'Espagne
jusqu'aux long'ues plaines glacées de la Rus
sie, le vieux soldat a porto, la description des
déserts de sable et la mesure fabuleuse.des
pyramides^ .Par contre-coup, ce pays d'E
gypte, si longtemps séquestré du resta du
monde', si longtemps asservi à la sauvage
oppression des MameloucKs, tressaillait dans
la vague compréhension d'un, monde tout
nouveau, à l'aspect de ces bataillons qui, de
la .pointe. de leurs baïonnettes, dispersaient
des armées co,mme des nuées de sauterelles,
au son de cette voix éclatante', de- cette voix
de conquérant et de législateur qui vibrait
comme l'airain sur les champs de Bataille et
pottait à la fois aux oreilles étonnées; une
parole de paix avec un-cri., de victoire, un
accent religieux avec un chant de triomphe;
; Les fellahs et les Bédouins, émerveillés
de tant de courage uni à' tant de générosité,
employaien t- leur idiôme mahomêtan à dé
corer d'une épithète caractéristique les ttoms
des généraux chrétiens, et .quand ils ont ap
pris la mort de celui qu'ils avaient le plus
admiré, ils ontdépos'séclé de son antique cer-
cueiUa sépulture de Cheops,' pour la consa
crer à la mémoire du grand sultan (l).
Au rogne de Mehemet-Ali a commencé
pour l'Egypte une nouvelle ère, fort peu as
surée maintenant, mais, pendant vingt an
nées, pleine de promesses brillantes. L'Eu-
(t) Sous les voûtes profondes de la pyramide de
Cheops le Bédouin quL. me servait de guide, s'est
écrié, en me montrantune tombe en pierre noire :
C'est la tombe de Bounaberdi. .
rope, appelée à la régénération de cette con
trée à qui elle devait les premières lueurs de
la science, a reçu, avec empressement ses
élèves et lui a envoyé ses maîtres. L'Egypte
a. eu ses écoles, ses fabriques, ses ateliers;
puis, à lp. suite des ingénieurs, des antiquai
res, des mécaniciens dont l'actif pacha in
voquait les services, sont venus les curieux. *
Le Delta a été parcouru en tous sens, et le Nil'
été sillonné par une foulede touristes. Lés An
glais y vont çoiçme autrefois ils allaient sur le
Rhin'ou sur, le Danube. La promenade est
plus neuve et n'est pas plus périlleuse. On.
s'embarque à Boulac, dans une bonne kan-
ge, que l'on dispose très aisément selon ses
habitudes dé comfort,'et,en quelques semai
nes de temps, au prix de quelques centaines
de guinéds, on a la satisfaction de voir de
ses propres yeux, la plaine.de Thèbes, de
rapporter dans un salon un croquis des tem
ples de Philé et les justes dimensions dè la
statue de Memnon. ' .
M. Melty, dont nous venons de lire' l'itiné
raire, a été plus loin. Il a franchi avec son
bateau la troisième cataracte, et,de Dongola,
il a traversé le désert pour Prendre en droite
ligne à-Chartoum. De là, il est revenu au
Caire, en faisant encore un plus loDg che
min dans le désert. Cependant il ne.cherche
point à nous apitdfycr/ sur çon sort, et
raconte , avec -une parfaite égalité d'hu
meur, son trajet par eau et son trajet
dans les sables. Il voyage avec . sa mere
et son père, son frère èt .sa sœur. Pour 20
livres sterling par mois, il_a loué à Boulac
un très*bon bateau; pour 30", il en a loué un
autre qui a l'élégance'd'un yacht anglais.
Une vingtaine d'hommes sont à son service,
hissant leur grande voile triangulaire, dès
qu'une brise favorable peut l'enfler, prenant-
la rame si le vent change, hâlant quelquefois
à grands renforts de bras l'embarcation,
chantant dans leurs travaux comme les ba
teliers du Canada, et, dans leurs heures de
repos, 's'asjoupissant en silence autour du
reis, du capitaine, qui leur raconte de - mer
veilleuses histojfes. De chaque côté du fleu*
vé, se"déroule ùne bande de terre ondulant»-
d'une admirable fertilité ; çà et. là apparais
sent des villages composés de miséràbles ca- .
•banes en terre ; niais ces cabanes groupées
autour de la ffiosquée , dominées par la-
tour blanche du minaret ,, .entourées da
palmiers, forment , dansieur ensém^ ùn
, riant et charmant tableau. Les yoyageur^ '
de scendent fréquemment à terre, achètent à
bas prix dans la demeure du pauvre fellah '
du riz, des poules, des moutons, et rte'se las
sent pas d.e voir Jes simples femmes du
paysan égyptien, dragées,dans leur toile da
. coton comme des statues antiques, portant
avec une grâce idéale la cruche en grès sur
leur tête. Puis, de distance en distance , à
droite et à-gauche du Nil, s'élèvent des -
villes- assez considérables; Ossiout où, du
du milieu du vert feuillagé des mimosas;
s'élancent orize minarets d'une blancheur-
éclatante ; Esneh, où les aimées attirent le8 '
étrangers par leurs chants comme les syrè-i
nés de l'odyssée homérique ; Keneh, qui reh?
ferme dix mille liabitans et possède une mav'
nufactùre de coton; Assouan, la fameusô
Syène des temps ancienè. Sa -population ej|
d'environ quatre mille ameS; les forêts" d# '
dattiers, qui l'ombragent, lui donnent u»
aspect des plus pittoresques. , .
Tout le-l'ong de.sa route, sur les bords du
fleuve et dans le - désèrt, M. Melly a trouva ~
l'œuvre religieuse et commerciale, l'œuvre
incessante de l'Europe. A Ossiout, il rencon
tre un homme d'une .figure vénérable, por
tant le vêtement turc, qui; à sa grande sur
prise, répond à son salaam par une buona
notte . C'est un religieux catholique attaché à- .
la société des missionnaires 'qui, d'Alexan
drie à Charloum; a fondé dix églises. Etabli
dans cette cité musulmane dépuisune douzai
ne d'années, il aspire à retourner.à Rome, eï
contemple pourtant avec un pieux amour
chapelle et la montre avec une douce satis-.
nunuin i rue de Vatoi* (PalaU-Moyai), n. f®.
miuwii iin nwu winm«wi"iw
1852, - MERCREDI 25 FÉVRIER.
PRS3S £2 t.'A BONNEBSLES*
PARIS . , sa F. " PAR TRIMESTRE.
DÉPARTÉMEXS.. Î6 "F. .
UN NUMÉRO : 29 CEXTLMES.'
. POUR LES PATS ÉTRANGERS, S8 reporter
su tabls^qui sera publié dans le journal,
les 19 «tas de chaque mois.
, ~,r -
» ' Let abonnement datent des l«r eMfl
de chaque moir. '} ;
S'adresser, franco, pour let rédaction 1 à MÎ ^ B onipaûi 9
: Les articles dépôts ne sont pas rendu*;: . .
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
• 0» faboMé, 'to*' déjpqrtemeiu, aux Me#agertes et *Direclioru,dç p&te.rr A-Londres, çhei -MM. Wjft ïlWï I '
: I . . > • ^r- A Strasboura, chez M. Aumutolii, pour l'AMemagne. •••• |Lesanno
.V-.' : ■. • . *>, ,-^V . . ■ ■ -- r . - ■ . : - , , -
S'adrcssir, franco j pour l'administration, à M." D ekaih , directeur! •
annonoes sont reçues au, bureau da Journal ; et chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Boursi
. Dès le -commencement. de mars, le Coris,-
*titutiomel publiera un roman dans son feuil
leton. ; %
*Gé rom an aura pour, titrer" *"
LA VIE AliEUOURS,
- roman de mœurs, en 3 volumes,
ff»ar]§S. IiON» BEYfBAUJD, -
•auteur de JÉRÔME PATUROT.
- Nous, ferons connaître très incessamment
le titre des autres romans nouveaux qui se
succéderont dans le Constitutionnel ,, ei le
nom des écrivains qui seront appelés à notre,
collaboration; \
Le décret organique sur la presse, que
. neus avons publié dans"notre numéro du 19,
élève à 6 c. le droit de timbre qui n'était que
de 4 : pour Paris et de 5 pour les départemens.
Il remet en outre en vigueur les tarifs pourle
transport par la poste, tels qu'ils existaient
en 1848. Il en résulte, uue augmentation de
2 centimes par jour-sur les numéros distri
bués dans Paris, et de 5 centimes sur ceux
qui sont expédiés .dans lefe départemens.
L'administration du. Constitutionnel , ne
voulant-pas faire, supporter à ses abonnés
toute la charge qui lui est imposée par la
nouvelle loi, en prend unè'partie a son
compta. •- ■ ■
En conséquence, à~tteter d'aujov»d4*»i,
les abonnemens serent reçus dans nos bu
reaux aux prix suivans :
13 fr., PAR TRIMESTRE .
16 fr, » • j •
PARIS ....
DEPARTEMENS.,
PARIS, 24. FÉVRIER.
•BIS' ?
Malheur à ceux qui, avant de déposer le
vote dans l'urne, ne s'adresseraient pas cette
question,: De quoi s'agit-il ?
: Autrefois, il s'agissait j pour chaque-élec
teur, de combattre' telle ou. telle politique,,
d.e Taire prévaloir tel ou tel partir; On faisait
des élections ea "feveur de M.' Pritchard ; on
^en faisait contre le droit de visite, ou contre
le mariage de la reine d'Espagne et de l'in
fante, sa sœur. Aujourd'hui, ces. temps d'en
fantillages ejt de passions aveugles sont passés ;
le spectacle de la-guerre sociale dévastant
nof cites, ensanglantant et souillant le foyer
domestique , a dessillé les yeux des plils
aveugles, ramené les esprits les plus exaltés,
touché les ccfeurs les plus durs. Du fond de
leur prison et de leur exil, les révolution
naires et lefe.socialistes honnêtes et sensés se
repentent, et demandent pardOtf à la société
et à la patrie ! Quand Dieu a louché de pa
reilles âmes, 'quel fanatique maudit garde
rait ses passions au fond de la sienne ?
.' De quoi donc-s'agit-il aujourd'hui? ■
••II' s'agit d'abord- de compléter et de faire
■ fonctionner le gouvernement nouveau, voté
er» principe paç huit millions d'hommes,, le
Si décembre. Ce jour-làj le peuple français,
avoté, avec un ensemble et lin enthousiasme
sansexemple dans l'histoire, un Pouvoir
Exécutif élevé, libre'de- son initiative; et de
sesmouvemens, appuyé, conseillé, soutenu,
défendu par un Conseil d'Etat, par un Sé
nat, par un Corps Législatif.
Afin d'éviter les tiraillemêns, lesdivisions,
les luttes dans le gouvernement.de lu société,
luttes, divisions et tiraiilemens qui affaiblis
sent, déconsidèrent, annulent lé pouvoir,
laissent la société sans direction ei la livrent
aux révolutionnaires, le peuplo français a,
autorisé le prince Louis-Napoléon à choisir
lui-même le Conseil d'Etat,'qui prépare et
qui discute-les lois, et le Sénat, qui main-"
tient le dépôt de la Constitution et y pro
pose.les améliorations nécessaires. Tout ce
que le peuple français a gardé pour lui j c'est
la nomination du Corps Législatif.
Mais croit-on qu'en accordant au prince
Lçuis-,Napoléon, par huit millions de sulïïa-
gesi le droit des choisir le Conseil d'Etat et
le SënaTj afin de dônner au pouvoir di'r'ir
géant plus de liberté, plus d'unité et plus de-
force, le peuple français ait. entendisse ré
serve? la nomination du Corps Législatif afin
d'envoyer au prince Lôùis-Napoleon-une As
semblée, froide, difficile, ergoteuse? — Il se
rait puéril et insensé de le dire L, • ;
Ce ne-serait"pas compléter la Constitution ;
ceserait la détr uire, avant même qu'elle ait
fonctionné; ce serait-reprendrai sournoise-;
ment, à la dérobée, par ..deux cent, soixante;
scrutins séparés, tous les principes accordés,
votés d'enthousiasme et d'ensemble, dans le
plébiscite du 21 décembre.
On dit souvent,: La nation française, est
mobile et ingrate ; elle oublie vite les services
qu'on lui-a rendus ; et son opposition suit de
bien près son assentiment. .Cela peut être
vrai des classes politiques, plus accessiblés
aux'petites rivdîités et aux petit^ passions;
cela est faux du geupleet des grandes masses,
où les principes sont, en .peti t nombre et vi-
vaces, et.où le souvenir des services rendus
ne périt jamais.
Voyez, si le peuple ne s'est pas souvenu
deux cents ans d'Henri IV, qui fit . cesser la
guerre civile, abattit et étouffa les factions,'
mit un terme aux déprédations des compa
gnies fiscales, donna la paix et la sécurité aux
campagnes, et fit planter ces ormes séculaires
.qui ombragent encore les églises de tant de vil
lages, et donnent un air majestueux aux;
abords de tant de petites villes? Il.ya,dans
les pays d'outre-Loire, un nombre infini de
communes où se trouve un chemin que les
paysans nomment encore : loxj camin dourey,
le. Chemin du Roi. Ce n'est souvent qu'une
sombre fondrière, où le fils de Jeanne d'Albret
embourba son .cheval.
* Voyez si le peuple ne se souvient pas de -
Napoléon, qui ramena l'ordre dans les cam
pagnes, la sécurité dans-les familles, les prê
tres dans les églises, les,magistrats sur leurs
sièges ; qui assura au paysan sa récolte, vo
lée précédemment par les braiflards-du dis
trict; quMui garantit son bœuf t»u son che
val, mis en réquisition par le commissaire
de la Convention ; qui. mit près de tous une
administration forte, prévoyante^ paternelle,.
pour,étudier les besoins locaux et pour les
satisfaire; qui,choisit, parmi'les plus braves,
sans distinction, des paysans, des' ouvriers, 1
des valets de charrue, pour en faire des gé
néraux, ' des maréchaux, des barons , des
comtes, des ducs, des princes; qui cou
vrit leurs glorieuses poitrines de plus de cor
dons et de croix que n'en avait .jamais sur
pris ou arraché l'importunité des courtisans
d'aul/efoisj et qui envoya vivre et mourir, ,
dans chaque commune, quelque vieux sol
dat pensionné, quelque vieil officier décoré',
pour montrer aux générations nouvelles le.
chemm de l'honneur et de la'gloire?
Croyez-vous que le peuple oublie çps gran
des et nobles choses? Jamais ! jamais ! Les
partis peuvent être mobiles et ingrats; les'
peuples sont : constans et reconnaissais: Se
mez un réel, bienfait dans ces ames 'fidèles ; "
il y germera et il y fleurira toujours.
Il y a encore deux--choses dont il se
parlera, dans mille ans, parmi les habitans
des campagnes : l'insurrection soflialiste du
môis de .décembre dernier, et l'acte de déli-
vj^nce dû à l'énergie du prince Louis-Napo
léon,'^ la fidélité de l'armée, au courage de-
la magistrature,' au dévoûment du clergé.
Oui, dans'mille ans, on dira : Cette ville fut
envahie, et pillée tel j ouj£, par des hommes
égarés; là*, on vola les caisses ; là, on
mit les autorités, en ( pri§on ; là, on tua les
gendarmes'; là, on viola les femmes et les fil
les; là; on assassina le curé, qui interposait-
son saint ministère ; et puis, on ajoutera 1
cette.phrase :-La France était perdue, si le
prince Louis-Napoléon 'ne l'eûtarrachée, au
jrisque de sa tête, des mains des, partis divi-
.0
ses et impuissans L ; ""
Laîraiicë 'n'aura donc pas oublié,*le 29
févrigg, le Sfcdééembrëy
avec l'énergie significative de ; huit millions
de votes: c'est-à-dire; un goùvernemèlît
ayant de l'unité, de l'accord, de l'ensemble,
de la force, et elle voudra envoyer au prin
ce. Louis-Napoléon un- Corps Législatif élu
. dans la même peiîfeée qui a présidé au choix
du Conseil d'Etat et du Sénat.
• Le peuple français - sait parfaitément qu'il .
s ? agit aujourd'hui, comme nous disions,- dè
compléter la Constitution votée le 2i|décem- '
bre ; la volonté formelle d%s populations est
de soutenir le gouvernement;'leur faveur
est acquise, en principe'; aux candidats dési
gnés par T&ufferité; et là où le peuple n'aura
pas généralement voté pour eux, c'est que
des.meneurs l'auront trompé et entraîné,
Là seconde chose dont il s'agit encore, ,
c'est de-mettre un terme-à l'agitation, c'est
de permettre aux esprits émus de se ras
seoir, aux affaires dejreprendre, au travail de
l'enaitre, à la prospérité de revenir.
Que de ruines à réparer, seulement depuis ,
quatre ans ! ■ _
Qui pourrait faire la somme des pertes
éprouvées, en France seulement, sans parler -
de l'Europe, par suite de là révolution de
février? ' .
Que de transactions engagées en vue delà
paix et de la sécurité,-qu'il a fallu rompra et .
liquider avec des sacrifices énormes ! Que da»
propriétés achetées,qui ont dû subir l'e xpro -
priation ! Que de marchés défaits, que de pro-
jetsdétruits, que de carrières brisées, que de .
vieillards perdant en un jour Ja récompense
du passé, que«d.e jeunes gens perdant l'es
pérance de l'avenir I Que de valeurs dépré
ciées, que d'immeubles, disputés pardes ache
teurs, ettoutàcoup abandonnés! Que deden-
rées venduesàvil prix! Que d'emprunts rui
neux contractés ! que d'intérêts amoncelés,
qui se dressent aujourd'hui comme une me
nace formidable! Que de gens qui ont tout
perdu ! Que de gens ayant à craindre de tout' •
perdre! . -
Eh bien! e'est tout'cela qu'il s'agit mairie
tenant de réparer pour le passé, de.con
jurer pojj'r l'avénir. Il faut que ceux qui:
ont perdu par le désordre, "puissent "recou
vrer par, le itravail; H faut que ceux qui
sont menacés de. perdre, aient la faculté
de conserver. Chacun a plus- bu moiïîs
payé ses quarante-cinq centimes à la révolu
tion.de .février; le gouvernement nouveau
doit et peut les rendre, et plus, encore, en
ranimant" lés transactions et en fécondant :
l'agriculture.
., Le gouvernement.. de Louis-Napoléon a
■plus fait en deux mois que la régime par-,
lemen taire en deux ans. L'interminablç af
faire du chemin de fer» de Paris à Lyon
est "admirablement terminée; l'affairé pro
blématique du, chemin de Lyon à'Avignon'
est devenue .une réalité; -deux ou trois
chemins ont'été concédés dans l'Est ; deux
ou trois autres viennent de l'être dans le-
Nord : voilà près de quatre cent millions, as-, .
surés au travai f, dans ces deux parties de la.
France. Mais ce: n'est pas tout.
Deùx grandes contrées ont jusqu'ici été
privées des secours ~du gouvernement.: la
.Normandie et la Gascogne.
L'immense plateau compris antre'la Seine
et la Loire,et qûi se termine; dans la Manche,
par Cherbourg, est totalement privé de.voie,
commerciale, Les grands et-, riches départe-,
mens qui lé composent ont contribué, par
leurs impôts, à tous les chemins, à tous les
canaux ouverts ailleurs"; ils n'ont été dépas
sés par aucun autre en sagesie-, en patriotisme
en dévoûmlnl à-l'ordre, Le prince Louis-
Napoléon n'a pas voulu que cet injuste oubli
se prolongeât plus long-temps : le chemin
de f^r de Paris à Cherbourg va être concédé
avant l'ouverture du CoriJs Législati f.
Le beau pays situé entre la Garonne, ies'Py-
rénées .et l'Océan, et comprenant la^iasco-
gne, la JSavaiTeJ .b -Béarn et une partie de la
Guyenne, a été j usqu'ici abandonné, non pas
- d'eTSleu , qôi lui a
n'ont rien .fait pour sa prospérité. Ces popu
lations, exclusivement li vrées à l'agriculture,,
modestes, dévouées, religieuses, attendent
patiemment, attendent toujours, des voies de
communication qui remplacent lès anciennes
routes créées par- l'intendant Maigret d'E-
tigny. Quoique fortement ondulé, ce pays
est pénétré par des vallées planes, fertiles,
prolongées, qui vont atteindre les plateaux
les plus reculés. A sa frontière du nord,'est la
vallée de la Garonne, -qui le prolonge de
L'Ouest à l'Est ; à son centre est. la vallés da
l'Adour, qui le perce jusqu'au pied même, des
Pyrénées.
L'attention et la bienvéillanèe du prince
Louis-Napoléon viennent d'être appelées sur
ce magnifique pays, qui fut une'partie de
l'ancien royaume d'Henri IV ; il atout voulu
, voir et savoir. Les contrées Pyrénéem&s vont
devoir leur salut ii cet examen, car le prin
ce a résolu d'ordonner, en même temps que
le chemin de Cherbourg, le chemin de fer
de Bordeaux à Toulouse, et le chemin de
. fer de Bordeaux à Bayonne, »avec un em
branchement âàns la vallée de l'Adour, pous
sé jusqu'à Pau. . "
-Ajoutons .que ces trais chemins, qui ré
parent'une injustice criante, coûteront un
sacrifice relativemenWnsigra'/îan* au budget
de l'Etat.
Veilà encore des sommes immenses; four
nies par l'industrie privée, et qui vont ali
menter le travail dans des pays engorgés de
produits agricoles, et sans débouchés.
Qui ne voit les changemens immenses ,
amenés dans ces pays arriérés, par la dépen
se de ces millions! Qui ne-comprend ce que
répandront de vie, dè mouvement, d'aisance,
dans les exploitations agricoles, dans le pe
tit négoce des villes, deux ou trois mille
ouvriers, placés, pendant cinq ans, dans une
vallée, terrassiers,-traceurs, tailleurs de pier
re, maçons, charpentiers, forgerons, serru
riers, menuisiers, peintres, couvreurs? Qui,
ne comprend ce que l'immense administra
tion dg ces chemins, établis peu à peu,- ou- -
vrirade carrières à defe ouvriers intelligens, à
des fils de famille, que la routine jetait dans
les universités, et que Fintrigue et le désœu
vrement jetaient dans les canspirations et
dans les émeutes ? »
Voilà ce que le prince Louis-Napoléon
veut faire, veut faire surrle-chàmp, afin que'
le peuple,se souvienne de son passage person
nel aux affaires, et en bénisse le souvenir'.
'Maisque faut-il pour- l'accomplissement
. de cette œuvre réparatrice ? — Il faut du cal
me, de la paix, de l'unité dans le pouvoir.
■ Quelqu'un se sentirait-il;le cœur de mêler
son ambition personnelle, ses- rancunes, ses
haines à une tâche si noble? Quelqu'un vou
drait-il ôter le pain de'la bouche à tant de,
populations, auxquelles le prince Louisc-Na-
poléoii offre le repos?. -- Nous ne le croyons
pas !
■ Nous le disions en commençant, le cœur
même des révolutionnaires et des socialistes,
s'est ému et attendri ; toute la France a lu la,
lettre noble et touchante d'fîuber ; nous-mê-
-mes, nous avons reçu,, pour- la . remettre au,
prince; une, lettre dans laquelle les 'principaux
des insurgés de Mirande témoignent de leur
soumission, et garantissent leur, fidélité-aux
lois pt au neveu. de l'Empereur, en paroles
qui sont le langage de l'a loyâuté et de lliap-
neur.: Quelle ame resterait pleine de ressen-
timens, en présence d'un pareil spectacle?
Qui ne donnerait son appui au gouverner.
ment de Louis-Napoléon, lorsque, ceuxrlà,
même^ q\t'il a châtiés et dû châtier, en procla
ment la dignité, la nécessité et Ja grandeur ?
' ! ' ' ' ii GRAN1ER DB CASSAGNAC.
1 •>
.> - v» • • i&ààfriJSai''--*
P. H*
M. le préfet de là Seine vient d'adreaser la
proclamation suivante aux électeurs de ce
département: . ♦
^ Electeurs du département de la Seine,
Le 20 décembre, 200,000 électeurs du dé
partement de la Seine ont remis entre les
-mains du- prince Louis-Napoléoo les "desti
nées de. Ja France; et. donné à ses actes une
éclatante approbation. Il vous reste aujour-
■d'hui,à compléter votre œuvre." '
Appelés à élire neuf députés au corps lé
gislatif,, vous comprendrez la nécessité dene
porter vos suffrages que sur. des hommes
sincèrement dévoués au nouvel ordre de
choses, et décidés à seconder l'élu du peu
ple "dans sa grande itission.-
Ces hommes, le gouvernement les présente
avec-confiance à votre choix ; ce sont :
MM. Gu yard^ D elàlain , propriétarire ; capi
taine de la garde nationale ; ' -
B evink , ancien président du tribunal de
commerce, ' -
D upérier , membre de la commission muni
cipale de la Seine ;- -
M oreau (de la Seine), ancien représentant;
P erret , maire du ^arrondissement;, •
F ouché- L epelletier ^ vice-président du con
seil des prud'hommes"; ■ , .
L anquetin , président de la commission mu
nicipale;'
M aximilien K œnigswarter , ancien banquier^
V ëron , directeUï du Constitutionnel. ■
Dans les circonstances actuelles, et en pré
sence de .l'attitude nette et décidée du pou
voir, la. nomination de tout '■'îiitre candidat,
quelque honorable que soit son plissé/quel
que considération qui's'attache à son nom,
serait un désaveu que vous vous donneriez à
vous-tnêmes. .
L'abstention, de votre part aurait un ré
sultat presque aussi fâcheux; le moindre
inconvénient serait d'ajourner l'élection, de
la compromettre peut-être-, ou tout au
moins, de la livrer au hasard.. . <
Vous voulez,un pouvoir fort, des insti
tutions durables , une protection sérieusé
de tous vos intérêts, envoyez donc au corps
législatif des hommes qui aient la confiance
du gouvernement, et qûi, dans son œuvre
réparatrice, soient résolus à lui apporter un
concours"loyal et désintéressé.
Le gouvomement ne'veut que la grandeur
et la prospérité (Ju pays. Vous l'avez compris
au 20 décembre j." soyez donc fidèles à vous-
mêmes, en répondant franchement à son
appel, et vous aurez encore une fois fait acte
de bons citoyens. »
Le préfet de la Séine,
Signé : B erger.
. Nous sommes autorisés- à déclarer que
M. Possoz èt M. Decan, qui étaient candidats,-
l'un dans 'l'arrondissement de Saint-Denis ,
l'autrs dans la 3° circonscription de Paris ,
se sont empressés avec une loyauté et,un
désintéressement qui les honore, do retirer
leur candidature aussitôt qu'ils ont appris
que M. Kœnigswarter et M. Dupérier étaient
les candidats recommandés par le gouverne
ment. . ■';-
. Ainsi que nous l'avons dit, M. Moreau (da
la Seine), est le seul candidat du gouverne
ment dans la ^ circonscription. Nous ajou-.
tons que-pour cette circonscription le gou
vernement n'a jamais eu d'autre candidat.
A MM. les électeurs de la 3° circonscription élec
torale du dépar'emmt de la Seine.
Messieurs, .. . •
Fai l'honneur de nie présenter à" vos • suffrages
pour la dépntation au corps législatif.. > ■■■:
- Cette candidature a été provoquée par les en-
couragemens d'un grand nombre d'entre vous ;
elle a reçu l'appui du gouvernement. s
- ' t M
Je dois, sans doute, les encourageracns qui nfonVL^
été donnés à une vie commerciale et civile • telle
que'jepuis m'en honorer, t. • . .. j.
Je les doîs"sr,îis" doûïe aussi atîFronetioris nom
breuses et,gratuites que j'di remplies successive
ment depuis lin grand nombre d'années dans les
différentes magistratures parisiennes : tribunal de
commerce, cbànibrji de commerce, mairie, conseil"
municipal et conseil général.
Je les dois eucore à-une autre magistrature, cor- ■
féree spontanément en 1849, au milieu de circons
tance» difficiles,—à la présidence de l'Union élec
torale du départementale la Seine. ■'■■■
Dans cette dernière magistrature, j'ai pu -con
tribuer.à rallier les hprnmes appartenant à-toutes
es nuances du grand parti de l'ordre et à lutter
avec eux contre l'anarchie qui nous envahissait de 1
toutes parts.
C'est .à ces considérations et à une adhésion sin
cère à_la politique inaugurée par l'acte du 2 dé
cembre, que ma candidatujp doit l'appui du gou
vernement,
iMais, j'éprouve le besoin de le dire ici, aucune
condition n'a été mise à:cet appui. , >
Indépendant par la. position que, j'ai acquise,
c'est libre de tout engagement que je sollicite vcm^
suffrages. '. w
Agréez, Messieurs, l'expression de mon profond
respect,. - ■ ■ ' ' :
A. DUPÉRIER,
négociant-^manufaclurier, membre de la»
• commission munieipale et départe-
-- mentale.
' À MM. les-électeurs de Ici G' circonscription
électorale du département "de la Seine.-
Messieurs, ' -,
Candidat désigné par le chef de FEtat pour re
présenter votre arrondissement au corps législatif, '
je vous dois, je me dois à moi-même de vous dire
ce que je suis, cé que je peux, ce que je veux.
Je n'appartiens àaucunjdee partispolitiques qui,
depuis vingt-cinq ans, se sont disputé le pouvo r.
J'ai vôué ma vie au travail; travailleur, j'ai été
homme d'ordre et de stabilité avant tiut.
Je suis, aux portes de Paris, à Javel, proprié
taire et chef d'une des fabriques lçs plus impor
tantes du département. Eu 1848, j'ai pu, grâ^e-à
une volonté ferme, grâce à des sacrifices,, qui sont
au nombre de mes meilleurs souvenirs, terïir cons
tamment ouverts des ateliers où de nombreux ou
vriers .ont trouvé leurs moyens d'existence. -
Vice-président du conseil des, prud'hommes et
membre.du conseil de surveillance de l'adminis
tration générale de l'assistance publique à Pa i=,
j'-ai été à même d'apprécier plusieurs, des intérêts '
et^s besoins de notre* époque; de-ceux à l'occa
sion desquels on. cherche à passionner; les masses
dans les villes et dans les campagnes;
■ Ainsi, dans ces temps difficiles, j'ai été conduit, -
autant par position qne par g,oût, à approfondir,
- au point" de vi e pratique, quelques-unes des gran
des questions.de l'économie politique. . ,"
Je ne vous parlerai pas, Messieurs, de plusieurs
découvertes, de procédés'nouveaux et féconds que'
j'af eu le bonheur d'introduire dans la fabrication:
des récompenses décernées aux expositions fran-.
çais,es «t à, la grande expoiition de Londres les
ont suffisamnient signalés.
Je peu.x donc,, sur beaucoup de questions relati
ves à l'industrie, au.commerce et -à l'agriculture,
apporter dans une Assemblée, non de belles paro
les, mais des données utiles, des faits coneluans i
c'est là une conséquence naturelle de ma vie en- '
tière. .■ :. • ■ • . • - .. . , .
Je veux l'amélioration . des classes laborieus s
par le travail et par l'aisance qu'il donne ; je veux
le progrès et l'accroissement de la fortune publique
par, le plus large développement possible de l'a
griculture, du. "commerce et de l'industrie; mort
concours et mes.efforts tont acquis par. avance à
tous les projets du gouvernement qui tendront
vers ce but. ■ " /
. ■ Déterminé "dans la démarche . que je fois au
près de vous, par des motifs d'intérêt public, con-,
vaincu de la-vive sollicitude que le prince-Prési-
3ent ressent pour toute amélior at ion sérieuse et
durable, je serai heureux, si vœsuffrages me dé
signent, de concourir selon., mjp-moyens à la réa'
lisat.'on des vues qui peuvent assurer à notre "pays
force, prospérité-et grandeur.
FOIÎCHÉ LEPELBETIER,* "
. Fabricant de produits chimiques, propriôt
; . . taire ;à Javel,. près Paris, vice^présiden|
du conseil des prud'hommes, et ntémjjré
du conseil de surveillance de l'adminis-
; - tration générale de l'assi^ance publique
à Paris." '
Javel, le 22 février 1852. ' . '
.A MM. les électeurs de la 7 e circonscription élec
torale du .déparlement de la Seine, m " ' ■
• Messieurs,
Le gouvernement ayant fait connaître qu'il
agréait ma candidature, et mes honorables compé
titeurs, MM. Boissel, Augustin Coehin, et Sary
ayant annoncé qu'ils se retiraient, je viens voua -
dire comment cette candidature s'est produite, et
parquets titres elle peut • se recommander à Vos
suffrages. - . , ■.
En me la proposant, mes amis ont pensé que je
pourrais utilement porter au corps législatif.les
connaisances et l'expérience que j'ai dû acquérir.'
par dix -hijjt an» de travaux administratifs et
FEUILLETON DU CONSTITUTION^ 25 FÉV,.
LES "\0YAGE13RS ROUVEAIX. ■ '
- WERΫE .-CMART©irsa
ET JLjfwiIi BIiAIVC(l).
- L
• N jiis en revenons encore, à cette insaisis-
sab lè terre d'Afrique, qui, . comme ses mira
ges) semble se déi'ober aux efforts, à l'espoir
des voyageurs, qui par son climat semble
condamnée à une éternelle réclusion : vaste
zone-que l'Europe voudrait connaître, et
- qu'elle ne peut atteindre, foi teresse, étrange,
ébréchée à diverses reprises dans son encein
te extérieure, ouverte sur plusieurs points,
e t gardée à son centre par le glaivè de-feu. de
la mort. , •
Un livre anglais, récemment publié nous
conduit celte fois à Cliartoum, à la jonction '
d is .deux fleuves qui forment le .fleuve sacré
43 l'Egypte; au con fluent du Nil bleu et du-
Nil blanc» Un livre allèmand nous conduira
jusqu'auprès dés sources de ce dernier em-
brauchcment. On sait què l'antiquité a..vai
nement .cherché .à. découvrir l'origine de ce
fleuv.e fécond; vénéré du peuple, protégé par
les dieux, de ce fleuve .si sacré, qu'un fils de
Sesostris ayant, dans un'accès de colère, lan
cé une flèclîe sur ses flots , fut à l'instant,,
en punition d'une telle- offense, frappé de'
cécité, et resta aveugle pendant dix^ans.
Ni Hérodote, ni Pline, ni les autres_savans
de la Grèce et de Rome n'.ent pu dire d'où
venait cette eau salutaire dont toute une po
pulation nombreuse attendait sa moisson.
>Les écrivains du moyen-âge, qui suppléaient
(1) Melly. Khartourn and ihe Mus and white
Ailes. . -, -
Werne. Expéditionzur'Entdcckung der quellen
des weisstn Nils. ■ — ■
à la réalité par l'imagination," à la science
par la poésie, ont résolu le problème par une
de leurs naïves fictionfe. Ils ont fait descen-.
dre le-Nil, ainsi que le Gange, I'Euphrate èt
le Tigre, des remparts du paradis terrestre.
Le bon Maundeville croit même' cfue toutes
les eaux-douces répandues à la surface du
globe' découlent du» même bassin. Mais de
peur de donner à ses lecteurs un témé
raire désir , il a grand soin d'ajouter
qu'il ne ■ faut pas que ' de simples mortels
pensent pouvoir arriver au paradis en
•remontant un ' de ces . fictives qui en des
cendent. Ils seraient- invinciblement arrêtés
dans leur;trajet par l'impétuosité des cou-
rans, aveuglés par l'éclat, assourdis par le
tonnerre des vagues qui se précipitent du
haut d'une* montagne, dont là cime touche
au disque deia lune. Des personnages puis-
sans ont, dit-il, tc-nté cette entreprise". Les
uns y sont morts, les autres y ont'-perdu
l'ouïe et la vue. ' ^
A la fin du siècle dernier, le Nil a été sair
vamment exploré. Sans songer à atteindre le
paradis terrestre, Jacques" Bruce, qui s'était
-préparé à ce voyage par de longues études,
a'pénétré jusqu'au point de départ, d'un des
e'mbranchemens d5ce fleuve;j,usqu'ar t x colli
nes d5 Geesli,'OÙ coulent .-trois sources pour
lesquelles les gens dû pays professent un
culte religieux.
Ceux qui ont lu le livre de Bruce^e rap
pellent peut-être avec quelle, emphase il pro
clame sa découverte. « Il est plus aisé, dit-il;
de deviner que de décrire l'impression que
j'éprouvai en atteignant à ce but qui, pen
dant trois mille ans, a trompé les efforts de
la science< et de l'industrie, les recherches
des*; anciens et des modernes. Des rois ont
armé, pour s'y rendre plus sûrement, des
légions entières, et toutes leurs tentatives
n'ônt abouti qu'à un fatal désapnointement.
Moi, simple Breton, je tfiomphè, dans mon
espfit, de» rois et des armées j me voilà par-
verni, à travers des souffrances et des périls
innombrables, au lieu qu'ils ont vifînement
cherché, me voilà aux sourccs.du Nil-(1>1
' .Le simple Breton xS 'exagère 'un peu trop.
complaisamment : l'étendue ,de. sa conquête
scientifique^ Les fontaines. de Geesh ne for
ment qu'un des affluens du -grand fleuve
égyptien. Le simple Breton, en triomphant
des rois et des armées, oublie qu'un modeste
voyageur portugais, nommé Paez, aurait eu ;
plus-de droits à se décerner un tel triomphe,
car il était entré avant tout autre Européen
dans ce lointain district. - -
' Les airs de bravade qui," à chaque inslant,
éclatent dans le livre de Bruce, l'attitude hé
roïque dansjaqiielle il se pose aux yeux de'
ses lecteurs, des incidens sùrprenans, qu'il
rend plus sùrprenans encore par Ja façon
cavalière dont il les raconte , oût nui à
sa réputation et ont même fait douter de
sa véracité. Plus tard , on .lui a rendu
justice. Plus tard, les témoignais de diffé-
rens voyageurs, notamment de Sait et de
Valentia, ont ^ confirmé .au moins sur les
points essentiels l'exactitude de sa relation.
Il a fait avec un rare courage et un rare dé
voûment à la-science, u^ très long, très pé
nible, très dangereux -voyage, et "il a droit à
une noble place dans les rangs, des explora
teurs modernes les plus instruits et les plus
énergiques. Mais il n'a vu que le côté le
moins important des sources du grand fleu- '
ve,.les fontaines du-Nil bleu. Ileste à savoir
où"en sont les eiploratcùrs du Nil blànc.-
fea campague ae Napoléon a popularisé en
Europe le nom, l'image, l'histoire de l'Egypte.
Sous les pas de nos soldats, la vieille terre
des Pharaons s'est réveillée de son sommeil
séculaire; ses tombes se"sont Ouvertes aux
regards avides des archéologues; sc-a monu-
(1) C'est pour -glorifier fa situation que Bruce
fait cette phrase de- rhétorique. Quand Ptolémée
Evergète était à. Axoum, l'ancienne capitale du
Tigré, qui l'eût empêché de s'avancer jusqu'à'.la
plaine de Geesh ?
mens ont raconté les gloires - du passé dan3
leurs langues hiéroglyphiques. Ce qui était
naguère encore renfermé dans le domaine
de la science, est entré dans là pensé® com
mune, dans le récit populaire. Le bourgeois'
de Paris a, par les bulletins de cette mémora
ble expédition, familiarisé son esprit avec
des noms étranges, des symbôles énigmati-,
ques, des figures gigantesques; et,de contrée
en contrée, des villes ardentes'de l'Espagne
jusqu'aux long'ues plaines glacées de la Rus
sie, le vieux soldat a porto, la description des
déserts de sable et la mesure fabuleuse.des
pyramides^ .Par contre-coup, ce pays d'E
gypte, si longtemps séquestré du resta du
monde', si longtemps asservi à la sauvage
oppression des MameloucKs, tressaillait dans
la vague compréhension d'un, monde tout
nouveau, à l'aspect de ces bataillons qui, de
la .pointe. de leurs baïonnettes, dispersaient
des armées co,mme des nuées de sauterelles,
au son de cette voix éclatante', de- cette voix
de conquérant et de législateur qui vibrait
comme l'airain sur les champs de Bataille et
pottait à la fois aux oreilles étonnées; une
parole de paix avec un-cri., de victoire, un
accent religieux avec un chant de triomphe;
; Les fellahs et les Bédouins, émerveillés
de tant de courage uni à' tant de générosité,
employaien t- leur idiôme mahomêtan à dé
corer d'une épithète caractéristique les ttoms
des généraux chrétiens, et .quand ils ont ap
pris la mort de celui qu'ils avaient le plus
admiré, ils ontdépos'séclé de son antique cer-
cueiUa sépulture de Cheops,' pour la consa
crer à la mémoire du grand sultan (l).
Au rogne de Mehemet-Ali a commencé
pour l'Egypte une nouvelle ère, fort peu as
surée maintenant, mais, pendant vingt an
nées, pleine de promesses brillantes. L'Eu-
(t) Sous les voûtes profondes de la pyramide de
Cheops le Bédouin quL. me servait de guide, s'est
écrié, en me montrantune tombe en pierre noire :
C'est la tombe de Bounaberdi. .
rope, appelée à la régénération de cette con
trée à qui elle devait les premières lueurs de
la science, a reçu, avec empressement ses
élèves et lui a envoyé ses maîtres. L'Egypte
a. eu ses écoles, ses fabriques, ses ateliers;
puis, à lp. suite des ingénieurs, des antiquai
res, des mécaniciens dont l'actif pacha in
voquait les services, sont venus les curieux. *
Le Delta a été parcouru en tous sens, et le Nil'
été sillonné par une foulede touristes. Lés An
glais y vont çoiçme autrefois ils allaient sur le
Rhin'ou sur, le Danube. La promenade est
plus neuve et n'est pas plus périlleuse. On.
s'embarque à Boulac, dans une bonne kan-
ge, que l'on dispose très aisément selon ses
habitudes dé comfort,'et,en quelques semai
nes de temps, au prix de quelques centaines
de guinéds, on a la satisfaction de voir de
ses propres yeux, la plaine.de Thèbes, de
rapporter dans un salon un croquis des tem
ples de Philé et les justes dimensions dè la
statue de Memnon. ' .
M. Melty, dont nous venons de lire' l'itiné
raire, a été plus loin. Il a franchi avec son
bateau la troisième cataracte, et,de Dongola,
il a traversé le désert pour Prendre en droite
ligne à-Chartoum. De là, il est revenu au
Caire, en faisant encore un plus loDg che
min dans le désert. Cependant il ne.cherche
point à nous apitdfycr/ sur çon sort, et
raconte , avec -une parfaite égalité d'hu
meur, son trajet par eau et son trajet
dans les sables. Il voyage avec . sa mere
et son père, son frère èt .sa sœur. Pour 20
livres sterling par mois, il_a loué à Boulac
un très*bon bateau; pour 30", il en a loué un
autre qui a l'élégance'd'un yacht anglais.
Une vingtaine d'hommes sont à son service,
hissant leur grande voile triangulaire, dès
qu'une brise favorable peut l'enfler, prenant-
la rame si le vent change, hâlant quelquefois
à grands renforts de bras l'embarcation,
chantant dans leurs travaux comme les ba
teliers du Canada, et, dans leurs heures de
repos, 's'asjoupissant en silence autour du
reis, du capitaine, qui leur raconte de - mer
veilleuses histojfes. De chaque côté du fleu*
vé, se"déroule ùne bande de terre ondulant»-
d'une admirable fertilité ; çà et. là apparais
sent des villages composés de miséràbles ca- .
•banes en terre ; niais ces cabanes groupées
autour de la ffiosquée , dominées par la-
tour blanche du minaret ,, .entourées da
palmiers, forment , dansieur ensém^ ùn
, riant et charmant tableau. Les yoyageur^ '
de scendent fréquemment à terre, achètent à
bas prix dans la demeure du pauvre fellah '
du riz, des poules, des moutons, et rte'se las
sent pas d.e voir Jes simples femmes du
paysan égyptien, dragées,dans leur toile da
. coton comme des statues antiques, portant
avec une grâce idéale la cruche en grès sur
leur tête. Puis, de distance en distance , à
droite et à-gauche du Nil, s'élèvent des -
villes- assez considérables; Ossiout où, du
du milieu du vert feuillagé des mimosas;
s'élancent orize minarets d'une blancheur-
éclatante ; Esneh, où les aimées attirent le8 '
étrangers par leurs chants comme les syrè-i
nés de l'odyssée homérique ; Keneh, qui reh?
ferme dix mille liabitans et possède une mav'
nufactùre de coton; Assouan, la fameusô
Syène des temps ancienè. Sa -population ej|
d'environ quatre mille ameS; les forêts" d# '
dattiers, qui l'ombragent, lui donnent u»
aspect des plus pittoresques. , .
Tout le-l'ong de.sa route, sur les bords du
fleuve et dans le - désèrt, M. Melly a trouva ~
l'œuvre religieuse et commerciale, l'œuvre
incessante de l'Europe. A Ossiout, il rencon
tre un homme d'une .figure vénérable, por
tant le vêtement turc, qui; à sa grande sur
prise, répond à son salaam par une buona
notte . C'est un religieux catholique attaché à- .
la société des missionnaires 'qui, d'Alexan
drie à Charloum; a fondé dix églises. Etabli
dans cette cité musulmane dépuisune douzai
ne d'années, il aspire à retourner.à Rome, eï
contemple pourtant avec un pieux amour
chapelle et la montre avec une douce satis-.
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