Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-02-24
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 février 1852 24 février 1852
Description : 1852/02/24 (Numéro 55). 1852/02/24 (Numéro 55).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k669571g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
numéro 55.
pais as l'asgïïeï:2ieiï*
PARIS'. : ; ja F,JUJ£TaUiE&TBE.
DÉPAilTEMENS.^tS Fj. —
un numéro : 20 C entimes.
voua les pays kt&anghks , se reporter
a i tableau qui sera publié dans le journal,
U js 10 et î5 de chaque moi?.
Lti abonnement datent des I e ' et 14
du chaque mob.
fBUMIS&'tJX. ; rue de Valois (Palals-E*©yalk m ' lOd
^ • .t
■1852.-'MARDI 24 FÉVRIER.-
S'adresser, franco, pow la rédaction, à M. Boniface.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
0:i t'abonne, dans la dêpartemens, aux.Messageries et misa Dirxtkns de poste.—A londres, chez MM. C owjb et fil?
. — A Strasbourg, chez M. A lhxanbbe, vour l'Allemagne,
S'adresser, franco, pour l'administration, à M. DENA.1N, directeur.
Les annonces sont reçues uu bureau du journal ; et chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Bour
Dès le commencement de mars, le Cons
titutionnel publiera un roman dans son feuil
leton.
Ce roman aura pour titre :
LA ¥ÏE -A REBOURS,
roman de mœurs, en 3 volumes,
Par M. IiOUIS I&SLWKAIJ©,
auteur de JÉRÔME PATUROT.
Nous ferons connaître très incessamment
le titre des autres romans nouveaux qui se
succéderont dans le Constitutionnel , et le
nom des écrivains qui seront appelés à notre
collaboration.
"Le décret organique sur la presse, que
nous avons publié dans notre numéro du 19,
élève à G c. le droit de timbre, qui n'étaitqué
de 4 pour Paris et de5 pour les dêpartemens;
Il remet en outre en vigueur les tarifs pour le
transport par la poste, tels qu'ils existaient
en 4848. Il en résulte une augmentation de
2.centimes par jour sur les numéros distri
bués dans Paris, et-de 5 centimes sur ceux
qui sont expédiés dans les départèmciis.
L'administration du Constitutionnel , ne
voulant pas faire supporter à ses abonnés'
toute la charge qui lui est iaiposée par la
nouvelle loi, en prend une partie a son
compte.
Ep conséquence, à partir d'aujourd'hui,
les abonnemens seront reçus dans nos bu-
reaùx aux prix suivans :
PARIS..........
DÊPARTEMENS.
-13 fr. PAS trimestre.
16 » »
paris, 23 FÉVRIER.
Une dépêche électrique ."datée de lundi,
quatre heures.du soir, rious apporte la com
position du ministre anglais :
Le comte de derby (lord Stanley), premier mi
nistres . '
Sir Edoaard st 'gdeiv, chancelier;
Lç duc de northumbkbiani ), amirauté ;
M. WALPOLE, intérieur;
M. p'israeli , échiquier;
Lord haedwicke , j)ostes; " .
M. manners, colonies; ^
Lord lonsdale , président du conseil;
u. nENLEY, commerce ;
m. herries , contrôle ;
Lord- bzresfokd , guerre;
m. macken'sie, trcSOl';
Lord naas , secrétaire d'Irlande.
Une dépêche antérieure désigne, pour les
affaires étrangères, le comte Maimesburv ou
le vicomte Cannîng.
On sait que le gouvernement a rendu, à lu
date du 21 janvier, un décret portant qu'il se
rait procédé immédiatement au rachat, pour
cause d'utilité publique, des droits attribués
aux compagnies, par les traitésde 1821 et 1822,
psur un partage éventuel dans les produits
des canaux. Plusieurs personnes nous de
mandent ce que devient celte opération, qui
intéresse vivement les contrées agricoles et
industrielles traversées par les voies naviga
bles. Nous pouvons leur répondre que cette
affaire suit la marche régulière prescrite par
la législation en vigueur. •
Le mode suivant lequel doivent être ex
propriées les actions de jouissance desti
nées à représenter la part éventuelle des
compagnies dans lè produit des canaux, a
été déterminé par la loi du 29 mars 1845.
Cette loi, après avoir posé en principe que
les actions de jouissance pourraient être ra
chetées par l'Etat, pour cause d'utilité pu
blique, en-vertu de lois spéciales, a fixé la
composition du tribunal chargé d'apprécier
la valeur de ces actions. Il doit être composé
de neuf membres, savoir : trois désignés par
M. le ministrl des finances,-trois par chaque
compagnie, et trois pir le premier président
et par le3 président réunis de la cour d'appel
de Paris.
Les trois compagnies, atteintes par le dé
cret ,• ont été" mises en demeure de dé
signer, les membres dont le choix leur
est réservé.. Elles doivent ,■ en vertu des
dispositions "mêmes de la loi de 184b, les
élire dans la forme établie par leurs statuts
pour là nomination des directeurs et ad
ministrateurs.. La loi a prévu le cas où les
• compagnies ne répondraient pas à l'appel
du gouvernement, et stipulé que si, dans
le délai de deux mois à partir de la mise en
demeure, elles n'avaient pas nommé les trois
membres dont la désignation leur appartient,
le premier prési dan t et les présidens réunis
de la cour d'apperue Paris y pourvoiraient
d'office à la requête de M. le ministie des fi
nances. Hàtons-nous de dire que les adminis
trateurs des divgrseseompaguies sesontmisen
règle et qu'ils ont convoqué lespor leurs des ac
tions de jouissance, soit pour la fin de ce mois,
soit pour le commencement du moisprorhain.
On annonce même qu'ils se sont déjà enten
dus sur les noms, et qu'ils doivent proposer,
aux actionnaires de porter leur choix sur M.
le comte Jaûbert, M. le comte Daru et M.
Berrver, qui se sont occupés spécialement
de la question des canaux, comme ministre,
comme rapporteur, ou comme membre des
commissions administratives et parlemen
taires chargées de l'examiner.
'C'est seulement lorsque les compagnies au
ront arrêté leurs çhoix et en auront avisé le
gouvernement, que M. le ministre des finan-^
ces et les présidens de la couî* d'appel nom
meront à leur tour les membres qu'il leur,
appartient de -désigner. La commission ar
bitrale se trouvera alors complétée. Elle se
constituera en élisant, à la majorité des voix,
son président et son secrétaire, et elle noti
fiera aussitôt sa constitution aux compagnies,
en la-^ersonne de leurs directeurs et admi
nistrateurs.
Il est permis de croire, d'après cela, que
la commission arbitrale sera organisée et
pourra commencèr ses .travaux dans la
première quinzaine de mars. Nous par
lons comme s'il ne devait y avoir qu'une,
seule commission pour les trois compa
gnies dont l'Etat doit racheter, les actions
de jouissance. Aux termes de-la loi, il pour
rait être nommé autant de commissions
que de compagnies. Mais si les compagnies
se sont, entendues pour porter leurs choix
sur les mêmes membres, M. le ministre des
finances et la cour d'appel de Paris en feront
autant, et par le fait, ce serait la^me com
mission qui procéderait à l'opération de l'ex
pertise pour tous les canaux- dont l'Etat veut
ressaisir la libre disposition. r
Quoi qu'il en soit ; on peut espérer que
l'affaire sera conduite activement. Cette ques
tion du rachat de jouissance est„à l'ordre du
jour depuis Si longtemps qu'elle est bien con
nue dans tous ses élèmens et dans tous ses
détails. M. lé comte Jaubert à fait publier,
lorsqu'il était ministre des travaux publics,
un volume qui renfermait toutes les pièces né
cessaires pour éclairer l'opinion. Depuis
cette époque, de nombreux .et de longs débats
ont eu lieu. Les derniers momens de l'Assem
blée législative ont vu paraître un rapport de (
M; Berryer, dont le gouvernement n'a pas,
et avec raison, adnpté les conclusions, mais
qui reproduit leà chiffres les; plus récens.
L'enquête est donc aussi complète que pos
sible, et la commission arbitrale sera en me-
«ure de pouvoir émettre son jugement dans
un bref délai.
Le commerce et l'industrie attendent avec
impatience la fin. de cette affaire, qui lient
depuis tant d'années tous les intérêts 'en
suspens. Il èsl d'autant plus urgent de pren
dre un parti, que quelques-uns des tarifs.en
vigueur expirent dans le courant de mars.
prochain. Sans doute, si la commission n'a
pas achevé son travail, legeurernement pour
ra les proroger de sa seule autorité. Mais la
situation n'en sera pas moins irréguliére,
et l'on ne doit pas d'ailleurs perdre de vue
que si la batellerie n'est pas mieux organi
sée et ne dispose p is d'un matériel plus per
fectionné. sur nos canaux y la cause en
est surtout dans cet état d'incertitude"
où la laisse la question des tarifs. Ainsi
donc, sous tous les points de vue, une
prooÇ^ solution est indispensable, et nous
ne doutons pas eue la commission, convain-'
eue de" cette nécessité, n'arrive en peu de
temps à formuler une conclusion qui sau
vegarde à la fois tous les intérêts, c'cst-à-
diro l'intérêt des compagnies, celui du tré
sor et celui du commerce. J. B urat.
La lettre de M. Garnon et la publicité que
le Siècle a enfin donnée à ce document, font
tomber toutes les rumeurs qui présentaient
M. Garnon comme le-concurrent de M. Vé-
ron dans l'arrondissement de Sceaux. Le mot
de démenti qui se trouve dans notre article
d'hier, et dont lé Siècle se plaint, s'adressait
aux faux bruits qui avaient induit ce^journal
en erreur. Les explications données par/e
Siècle mettent hors de doute la bonne foi de
notre confrère. - l. boniface.
Éïi!E€TS©M®.
• Voici les principaux passages de la circu
laire que M. Guyard-Delalain, candidat ap
puyé par le gouvernement dans la l r " cir
conscription électorale de la Seine, adresse
aux "électeurs de ce département :
« Je suis libre _ d'engagemens vis-à-vis des an
ciens partis qui se sont disputé la France depuis
tant d'années.
» le ne puis avoir d'autre intérêt que celui de
ce peuple, d'uùje sors, qui s'est révélé,- au com
mencement du siècle, dans le plus grand homme
des temps modernes, et qui aujourd'hui, eonstant
dans Ses affections, ee minifaste encore dans ce
glorieux, nom.
» A vingt ans/j'étais avocat à la cour royale de
Paris ;j\xerçai pendant plus de dix années cette
profession. Mon but principal était d'acquérir une
instruction solide en droit pratique et en législa
tion. Dans des discussions fréquentes,. régulière
ment organisées, je cherchais à contracter cette fa
culté de la'parole, si nuisible, j'en conviens, quand
cette parole est fausse et passionnée, mais indis
pensable dans un corps délibérant, quand elle est
siacère çl'modérée.' . ,
» j'asîistàis, comme un spectateur affligé, à ces
luttes parlementaires dû se tourmentait mon pays;
et je prévoyais que ce trône, ébranlé chaque jour,
tomberait en ruines,miné par ses aveugles fonda
teurs. Je voyais avee effroLcorrompre'et enflam
mer c« peuple qui ne s'égare que lorsqu'il est
trompé par ses guides et que la lumière qui de
vrait l'éclairer pâlit et s'éteint.
» Les malheurs produits par la révolution de
i 848- me jetèrent dans un profond chagrin, sans me
déscïpérer néanmoins. Je pensai qu'au moment où
les méchans triomphaient, chaque honnête hom
me, si petit qu'il Sût, devait à son pays tout son
courage.
» On me nomma presqu'à l'unanimité chef de
compagnie dans la première légion. Je crois que
J*es camarades et moi,'nous avons rempli notre
tâche pendant ces temps cruels.
» Me sera-t-il permis de vous dire qu'en juin
1S48, mes courageux camarades, leur capitaine en
tète, enlevaient, avec les autres compagnies du
bataillon, sous les ortlres de notre "brave com
mandant, les barricades de la Bastille; et que
mon fils, cet intrépide et tendre jeune homme, âgé
de dix-sept ans,combattait à mes eôtés, venait sou
tenir dans ses bras son père blessé et lui donnait les
premiers soins? Pardonnez-moi, Messieurs, ce mou
vement d'orgueil, dont je n'ai pume-défendre. No
tre preuiier bataillon ne faisait, d'ailleurs, que ri
valiser de dévoûmerit avec les autres bataillons, si
bravement commandés.
» Messieurs, vous m'avez témoigné, dans main
tes occasions, votre estime, en me %jnf!ant di's
fonctions publiques, quoique non officielles, soit.
dans l'union électorale, dont j'ai été l'un des plas
arderi3 promoteurs, soit dans le comité pour la
révision de la Constitution, dont je lus, avec cinq
courageux citoyens, le fondateur, et dont j'ai été
l'un des vice-présidens.
-» Mes sympathies n'ont pas attendu que le rè
gne de la démocratie se révélât pour montrer mon
dévoùment aux'classes «uvrières et souffrantes.
■ i> Dès 1843, j'employais ma fortune à fonder un
grand établissement "industriel dans la départe-
mentde Maine-et-Loire, oùj'occupe trois cents ou
vriers, la plupart pères de famille. C'eàt vous dire
que cette eiploitation alimente et entretient douze
cents personnes. Elle enrichit tout un pays. À l'é-
poqu%de 1848, je m'imposai les plus grands sa
crifices-, j'exposai ma fortune entière pour conser-
vcr ti moh smiec tous ces braves gèns comme une
seconde et immense famille. Ils succombaient sous
les ruines de cette révolution, si je les eusse aban
donnés. Je n'en renvoyai aucun, décidé à me
sauver ou à ra'engloulir avec eux. L'acclamation
du 10 décembre nous a sauvés tous.
• » Je n'ai • pas-à vous faire des protestation en
faveur du gouvernement actuel, que je regarde
comme la glorification du peuple entier. Vous
connaissez mes seritimens: ils n'attendaient pas
la nouvelle acclamation■' des 20 et 21 décembre
pour éclater. Dès le l'décembre, je provoquai;
avec flics collègues du comité de révision, la pre-
aaière adhésion publique aux actes héroïques du
prince-Président, et cette aJhésion était envoyée
aux journaux, le 4 décembre, sous le feu du
combat.
» Quant à des engagemens, permettez-moi de
n'en prendre qu'un seul : celui de vous consacrer
consciencieusement mon dévoùment, mon intelli
gence et mes forces; c'est-à-dire de défendre vos
intérêts,, le prince, vetre élu, symbole de vôtre
puissance souveraine. Cet engagement comprend
tous les autres. gùyard delalain.»
DEPARTEMENS.
aveyron ". — Le Moniteur et le Constitutionnel
. ont déjà fait connaîtrelts candidats du département
de l'Àveyron. Nous croyons devoir à notre estime
pour l'un de ces honorables candidats,M. Augûste
Nougarède de Fayijt, et aux intérêts de ee départe
ment éloigné,d'insister sur les titres plus particu
lière que réanit à la'confiancedes électeurs un pu-
bliciste dont les ouvrages nous ont quelquefois oc
cupés." ~ •—t ' n
dordogne .—Les candidatures appuyées par le
gouvernement, ne peuvent manuuer d'être bien
accueillies:
M.Dupont est le frère du rédacteur de l'Echo
de Vésone, dont la perte a été si regrettable et
qui fut membre de la Constituante.
M. Adolphe Debellejme, adjoint au maire du
1" arrondissement de Paris et avocat, sera le di
gne'successeur de son père, député pendant vingt
ans de ce département et anciea vice-président de
la chambre.
M. Taillefer et M. Dussollier sont tous deux
d'anciens députés qui ont siégé et bien voté à la
Constituante. _
P as-de -C alais . — Un des industriels les plus
considérés et les plus influens de l'arrondissement
de Boulogne, M. Liévin Delhaye, membre du Con
seil général des manufactures, à qui de nombreux
amis avaient offert la candidature, vient d'adres
ser upe lettre aux électeurs pour les inviter à por
ter leurs veix sur M. d'Hérambault, candidat du
gouvernement.
On .parle de la candidature de plusieurs
anciens .représentans qui se trouvent soùs le
coup d'un décret de bannissement; on assu
re que les dispositions nécessaires vont être
prises pour faire cesser un pareil état de cho
ses'en opposition directe avec les.mesures de
sûreté publique, qui ont adoptées par le chef
de l'Etat. ~ (Patrie.)
Le Bulletin des Lois, publié aujourd'hui,
contient le décret suivant, daté du 10'de ce
mois, et rendu sur le rapport du ministre
des finances :
« Art. d cr . Il est ouvert au mirtistère des "Finan
ces un crédit provisoire de'300,000 fr., applicables
aux dépnses personnelles dù chef de l'Etat.
» Ce crédit est ouvert, à titre d'avance , sur la
somme qui devra être ultérieurement allouée au
prince-Président dç la République par un sénatus-
consulte, conformément a l'article 18 de- la Coni-
titution. *
» 2. Il sera pourvu à la présente dépense au
ftioyen des ressources du budget de l'exercice
18o2. » ■ ' . ■ ; * '
Un autre décret, daté du 17, rendu sur le
rapport du ministre de Ijy ustice, porte :
« Art. 1". Il est ouverrau garde des sceaux,
ministre de la justice, sur l'exercice 1831, un errg
dit supplémentaire de la somme de 730,000 fr.
applicable aux frais de justice criminelle (chap. 13
du budget).
» 2. Il sera pourvu à la dépense au moyen dts
ressources de l'exercice 18oi. »
Nos correspondances de Rio do Janeiro
n'ajoutent rien aux détails que nous avons
publiés, d'après :es feuilles, as Londres, sur
la situation des parties belligérantes dans la
Plata. La marche rapide d'Urquiza à tra
vers les provinces argentines, la faveur po
pulaire qui, de éoutes parts , l'accueille,
la manifestation spontanée de l'importante
province- de Santa-Fé qui s'est prononcée
tout entière contre le dictateur, malgré la
présence de son lieutenant Echague, obKgé
d; se replier en toute liàte sur Jjuenos-
Avres, tous ces faits, attestés parles bulletins
de l'armée libératrice, ont produit une vive
sensation dans la capitale du Brésil, - où l'on
ne met pas un instant en douté l'issue heu
reuse et prochaine du drame singulier qui
se joue dans la Plata.-' -
L'opinion générale était que le mois de
janvier ne se terminerait pas sans amener la
chute du pouvoir de RÂs, et que le paque
bot de février porterait en Europe la nouvelle
de ce dénoûment. Ni dans le public, ni dans
le gouvernement, il n'y avait aiicune arrière-
pensée de conquête, elce'n'est nullement par
un agrandissement de territoire que le Brésil
entend se faire payer de sa participation à la
lutte et de ses frais de guerre. Pour la popula
tion éminemment commerçante de l'empire,
pour les agriculteurs qui défrichent les pro
vinces de l'intérieur, le résultat de la guerre
dans la Plata sera d'ouvrir le cœur de l'A
mérique méridionale aux spéculations-mer-
cantiles/et de fournir, par l'affranchissement
des rivières, des débouchés faciles aux riches
produits du sol brésilien. Pour ^gouverne
ment impérial, "tout en'tenant grand compte
decemobilepuisédansdescotfsidérationsd'in-
térêt matériel, et qu'il a su faire accueillir par
ses alliés, en les appelant à profiter du régi-,
me de libre navigation qu'il veut inaugurer
dans l'Amérique méridionale, tout en se
préoccupant des moyens de seconder l'acti
vité commerciale et d'accroître la prospérité;
agricole de l'empire, il s'est inspiré de sen-'
timens plus élevés, qui sont parfait ac
cord avec les instincts et les calculs des clas
ses laborieuses, et qui tendent à répandre
les idées d'humanité et de civilisation parmi
ces populations sud-américaines qui, depuis
quarante ans, alternent entre la guerre civi
le la plus sauvage et le despotisme-le plus
abrutissant. ,
Les traités, dont nous, avons donné l'ana
lyse dans un précédent article, ces traités,
qui font une loi de la clémence pour le vain
queur et qui prescrivent le respect des per
sonnes et des propriétés, témoignent haute
ment des nobles intentions du Brésil. Nous
le disons à l'éloge de la race espagnole, qui
fournit là-plus forte part aux belligérant
de la Plata", ces dispositions des traités
ont été bien accueillies et exécutées avec une
scrupuleuse fidélité. Jamais armée ne s'est
plus humainement conduite, que l'armée li-.
bératrice,*et Urquiza lui-même a prompte-
ment dominé ses .vieux instincts de gaucho,
en faisant disparaître de ses proclamations,
les formules sanguinaires par lesquelles il
avait d'abord répondu aux menaces de mort
de Rosas.
La présence" auxiliaire de 4,000 Brésiliens
dans le camp d'Urquiza ne contribue pas peu
à maintenir, par de bons exemirtes, l'omre
eUa discipline dans les rangsde l'armée coa
lisée. La plus parfaite harmonie règne estré
ces corps, d'origine et de race diverses, et
toutes les lettres arrivées à Rio témoignent
de la parfaite attitude de la division brési
lienne, où figurent en grand nombre les vf-
goureuses recrues, débris de l'armée du Hols-
tein, que le colonel Régo-Barros a enrôlées en
Allemagne. Mais ce qui a surtout flatté, à très
juste titre, l'amour-proprebrésilien, c'èst la;
remarquable fait d'armes de l'escadre qui a
forcé le passage du Parana, sous le feu dés
batteries rosistes, et qui a reçu son baptême
de sang, car elle a en plusieurs hommes tuçs
et blessés dans cette affaire. Grâce à la per
sévérante volonté de son empereur , bien
servie par d'habiles ministres, le Brésil a
mis ses. forces militaires sur le pied le
plus respectable : il a unë armée de terre
et de. mer bien disciplinée, bien comman
dée, bien payée; l'armée de terre a un
effectif de 26,000 hommes, sans compter
les milices provinciales, et c'est là une force
plus que suffisante pour toutes les éventua
lités. La flotte compte quarante-deux voiles.
et 3,600 marins. Plusieurs des officiers qui
la commandent ont puisé les élémtns de
leur instruction à bord des vaisseaux de
France et d'Angleterre, et nos loups de mer
de la Plata rendent un excellent témoignage
de leur mérite et de la valeur de leurs équi
pages. ■
Le Brésil «st dpnc fort en état de soutenir
la guecrè, et la faiblesse relative des républi
ques qui l'avoisinent lui offrirait toutes chan
ges de succdf. Mais la guerre n'est pas le fait
du pei.ple brésilien ni de son gouvernement,
et la collision qui a éclaté sur les bords de
la Plata n'est qu'un açcident qui ne doit
pas se renouveler, car le but à atteindre est
parfaitement défini, et des traités conclus avec
toutes les républiques sud -américaines, ten
dent à asseoir la paix de ces riches contrées
sur dés bases solides et durables. Chacun a
tant à faire chez soi, où tout est à créer,
qu'en vérité on ne comprendrait pas que la «
politique pacifique et féconde du gouverne
ment impérial ne fût pas partout lo^aleïiïeht
agréée.
Toute, la sollicitude des hompies d'Etat de
, Rio se tourne vers les œuvres de la paix, et
sous ce rapport, la dernière session du par
lement brésilien, a été fécondé au point de
faire honte et envie à nos Assemblées d'Eu
rope. Le Brésil a un excellent gouvernement,
et par conséquent de bonnes finances. VeuU
on savoir , sous cp rapport, dans quelles
-En 1813, le revenu : général du Brésil s'é
levait à peine à 10 millions de francs ; en
1821, il montait à près de 19 millions;
en 1831,-la recette atteignait 36 millions.
Enfin le dernier budget réglé par les cham
bres, celui de 1850, porte le chiffre total des
revenus généraux et provinciaux à la somme .
de 40 millions de contos, c'est-à-dire à 125
millions de fr. Voilà assurément l'indice le
plus certain d'Un prodigieux accroissement
dans les affaires; car l'impôt,au Brésil,
est presque exclusivement assis sur les ob
jets de consommation importés, par le com
merce étranger. Et ce mouvement -n'est pas
près de s'arrêter, tant s'en faut : la principale
source du revenu public, la douane de Rio,
devait produire, d'après les évaluations, 63
millions pendant l'année 1850".' Sa recette,
aujourd'hui connue, a dépassé d'un tiers ces
évaluations.
De pareils résultats attestent que le Brésil
est dans la bonne voie, dans la voie qui mène
à l'accomplissement de? grandes Choses et à
la constitution définitive d'une grande na
tion. Il lui suffit défaire un bon et intelli
gent usage de ses inépuisables ressources.
Sous ce rapport, if y a beaucoup à faire,
car le territoire de l'empire est immense, et
la cognée delà civilisation a peu pénétré
jusqu'ici au milieu de ses forêts vierges. Le
gouvernement s'estmisrésolument à l'œuvre,
et le parlement le seconde avec ardeur. Nous
avons sous les yeux le tableau des travaux qui
ont déjà été menés à fin ou qui sont en voie
d'exécution sur ; tous les points de l'empire,
tel qu'il a été présenté dan3 la dernière ses
sion législative par un des membres les plus
éminens de la chambre des députés, M. Pe-
reira da Silva, et la seule énumération de
ces entreprises prendrait dans nos colonnes
une place démesurée. Qu'il nous suffise de
dire que partout on travaille àrendre les riviè
res navigables et à ouvrir des routes, e juè
des bateaux àvapeur sillûnnentdéjàde v< c tes
cours d'eau qui ne pouvaient naguère poj er
de simples barques. Les provinces concou-
rent avec l'Etat à ces magnifiques œuvres
d'amélioration matérielle, et par une loi ré
cente, un fonds commun a été créé pour ve
nir en aide aux provinces trop pauvres dans
l'exécution des travaux qui les. concernent. :
Là ne se bornent pas les soins du gouver
nement brésilien. Il a supprimé la traite, et
il prévoit qu'à un jour donné, les bras noirs
manqueront à son agriculture. Aussi, dès à
"présent, a-t-ilpris des mesures elficaces pour
ouvrir de nouvelles voies à la colonisation, et
faire passer peu à peu le travail agricole
en des mains . libres. Notre correspondant
nous promet, à ce sujet, des détails que nous
reproduirons volontiers, car la question
nous intéresse en elle-même, et par les ana-.
logies qu'elle présente avec celle qui naît de
la situation actuelle de nos colonies.
- . t. BONIFACE.
Nous trouvons dans le Sémaphore de Mar
seille, du 21 février, l'article suivant concer
nant la question du passage de la malle , an
glaise de l'Inde sur le territoire fraffçais :
«Dans la .lutte engagée entre les'deux terri-
toire^dont Marseille et Trieste sont les cham
pions, tout le monde comprend" que la victoire
restera à celui qui l'emportera de vitesse sur son
adversaire; il s'agit ici d'un intérêt purement
matériel sur lequel la politique ne peut exercer
qu'une influence à'peine sensible, et l'Angleterre
donnera, en définitive, la préférence à la ligne la
plus brève.
» Il s'agit donc d'examiner si le passage de. ta
malle anglaise à travers la France s'effectue dans
les meilleures conditions de vitesse possible. Poser
la questionj c'est "la résoudre. 11 suffit de suivre
m ;îlleton du constitutionnel, 24 fév
REVUE MUSICALE.
THEATRE DE] L'OPÉRA-COMIQUK.
L e C aeillosnkur de B rugks , opéra-comique [en
trois actes, paroles de M. de Saint-Georges, mu
sique da M. Grisar.—D kbuts de M Ilc W eiîtiieim-
. BEa
Encore un beau et grand succès très vive
ment enlevé àTOpéra-Comique. Ce théâtre
devient monotone' à force de bonheur. Des
caractères bien posés, bien conduits, l'in
trigue là plus naturelle et la plus tou
chante, 1111 rôle magnifique pour Batlaille,
un sentiment national très noble et très
vrai, sans l'ombre de déclamation ni d'em
phase, de la passion, du dévoùment, de la
grandeur sous la condition, la plus hum
ble, en un mot tout ce qui peut captiver
l'intérêt, toucher le cœur, se'trouve heureu
sement réuni dans l'œuvre nouvelle. Le ta
lent de Grisar, qui s'était-révélé jusqu'ici
sous une forme élégante et gracieuse, s'é
lève, se dégage et se meut librement dans un
cadre plus large et plus populaire. Après
avoir charmé, il émeut ; après les esquisses
les plus fines et les plus ravissantes, l'au
teur de l'Eau merveilleuse, de Gilles, des Por-
cherons expose une composition plus sévère
et d'un genre plus dramatique et plus sé
rieux. ' ,
L'action se passe à Bruges, comme le titre
nous l'apprend, vers 1569, sous l'impitoya
ble oppression du duc d'Albe, vice-roi espa
gnol, qui, grâce à sa cruauté, à ses rapines,
à ses infamies de toute sorte, fit prendre en
abomination et. en horreur le nom de Phi
lippe II. Plusieurs fois, les malheureuses
villes de la Flandre conquise, Bruges sur-
tOLt, la plus fidèle et la plus attachée à ses
princes légitimes, essayèrent de se révolter ;
mais; après des prodiges de valeur, elles re
tombaient, épuisées, saignantes et meur
tries, sous le joug de leurs tyrans. C'est un
de ces tressaillemens héroïques, de ces con-
vulsioas suprêmes que l'auteur du drame
a choisis pour y eneadrer sa fiction poéti
que et louchante.
Jean de Nassau vient d'être tué dans un
combat. Marie de Brabant ; mariée secrète
ment à ce prince, enfermee dans la ville de
Bruges que les Espagnolslui ont donnée pour
prison, y est soumise à la plus stricte
surveillance. Don Juan d'IIermosa, gouver
neur de la. ville, animé, du plus grand zèle
pour le service de son maître, mais d'une
intelligence épaiss: 1 et d'un caractère évaporé,
ignore absolument que la princesse "est veuve
de Jean de Nassau, et qu'un fils est nédecctte
union clandestine. L'enfant est caché dans
une ferme, et confié aux soins de Béalrix,
sœur de luit de Marie^ et fille du carillon-
neur de BrugeSj Matliéus Claës. Pour mieux
détourner les soupçons , la-princesse af
fecte une grande froideur et presque de
l'aversion pour Béatrix, surtout lorsqu'elle
èe croit observée par le gouverneur. Ce don
Juan d'IIermosa, personnage à lafois ridicule'
et sinistre, dominé malgré lui par la fierté de
sa belle prisonnière et séduit par ses grâces,
forme, dans-sa cervelle de brute, l'ingénieux
projet de concilier ses devoirs d'espion et ses
fadeurs de galant suranné. Il réussit double
ment à effrayer et à dégoûter la princesse :
mais celle-ci n'ose pas trop le braver ,
de peur que son secret ne soit découvert, et
de son côlé le sournois gouverneur fait mine
d'être tout à ses ordres et de céder à ses
moindres caprices. La princesse a manifesté
le désir de visiter le pieux ermitage de
Nolre-Dame-dos-Bois, situésur.une élévation
pittoresqûe aux environs de Bruges. C'est
par ce riant tableau que le drame s'ouvre.. Une
1 jeune et jolie marchande d'images vend des
chansons, des- chapelets bénits, de petites
médailles, aux paysans que les nombreux
miracles de la Saints-Yierge-des-Bois attirent
vers sa chapelle rustique. Cette jolie fille,
nommée Mésangère, est nièce de Mathéus,
le earillonneur, et cousine du sieur Van-
bruck, honnête et digne garçon qûi tient,
tout près delà chapelle, un cabaret des plus
achalandés. Ce Vanbruck, je vais vous le
peindre d'un mot, c'est Sainte-Foy qui le
joue.
Vous voyez d'ici un grand flandrin à che
veux jaunes, à la figure souriante et niaise,-
ftuet, maigre, étriqué, perché sur deux écha-
las, qu'à la rigueur on peut prendre pour des
jambes, ne manquant pas toutefois, so'us son
apparente bonhomie, ni de pénétrât ion, ni
d'astuce, adroit comme un singe, leste com
me un chat, bavard comme une pie. C'est
le portrait du Vanbruck. Son air grave
et compassé trahit des préoccupations se
crètes. Il répond par la plus dédaigneuse
indifférence aux coquetteries de sa cou
sine , et lorsque celle-ci, toute naïve et
toute fière de ses quinze ans, de sa beau
té, de ses atours, rappelle à son nigaud de
cousin qu'ils sont fiancés l'un à l'autre, et
que l'oncle Mathéus a donné son consente
ment, le cousin, n'y . tenant plus, s'écrie
avec indignation : — Arrière, petit serpent,
vous n'aurez pas ma main; perdez cet es
poir; je ne vous aime plus, Mésangère, je
ne vous ai jamais aimée; j'épouserai «la cou
sine Béatrix.—Allons doncl est-ce que jamais
Béatrix voudrait de vouspour mariYYousêtes
trop laid pour elle. — Et vous ., trop co
quette pour moi. —Qu'est-ce à dire? inter
rompt la petite avec, des yeux étincelans de
colère.—Oh! ne faites point l'innocente; j'ai
tout vu, tout entendu; j'étais cette nuit
sous ,1a croisée... L'explication devient ora
geuse, et la pauvre fille, qui ne comprend
rien aux impertinences de son cousin, paraît
se consumer un instant pour savoir si elle
doit le mépriser souverainement ou lui
arracher les yeux. Mais Béatrix l'arrête
d'un signe, et, à son trouble, à son regard
suppliant, Mésangère a tout compris. Béa
trix a un secret, n'importe lequel ; il faut
la sauver à tout prix, même au risque de se
brouiller avec cet imbécile de Yanbruck. La .
petite prend tout sur elle et s'accuse brave
ment d'avoir écouté lés propos d'un amou
reux, d'avoir reçu des fleurs, des rubans,
voire des baisers ! A ce dernier aveu k
pudibond Yanbruck fait la plus épouvan
table des grimace? etsa fureur ne connaîtrait
plus par sa présence, mettre un terme à la que
relle. ,
Cependant, ce beau vieillard, dont la phy
sionomie intelligente> et noble, impose le si
lence et le respect, ne peut rien entendre de
ce qui se dit autour de lui. Il est frappé d'u-;
ne'surdité complète. Ce fut un triste jour
que celui où le pauvre earillonneur, forcé
de sopner les cloches, le pistolet sur la gor
ge, dut célébrer la victoire de l'Espagnol et
l'asservissement de sa patrie. Eperdu, fré
missant de honte et de désespoir, il saisit
la corde de son bourdon et sonna avec tant
de rage, que le^clocher en fut ébranlé delà
base aû faîte ; puis Mathéus. n'entendit plus
rien, ni la voix de sa fille, ni le son de ses
' cloches. Une tristesse immense s'est empa
rée du vieillard ; mais il dissimule de son
mieux, ses chagrins pour ne pas affliger ses
enfans.- Les deux jeunes filles le consolent,
le caressent, l'entourent des soins les plus
tendres. Le neveu Yanbruck lui donne la
pipe, et, pour l'allumer, il approche de sa
î . lanterne un papier blanc, qu'on a remis
' mystérieusement à Mésangère ; le papier
blanc , touché par la flamme , se couvre
tout-à-coup de caractères tracés par une
main inconnue, et Vanbruck, tremblant de
surprise, lit cette révélation foudroyante:
« Si l'enfant caché dans la ferme des Roses
n'est pas enlevé eeite nuit il court les plus
grands dangers. » Le premier soupçon de
Vanbruck se porte sur Mésangère, mais il
voit pâlir et chanceler Béatrix, qui s'affaisse'
et perd connaissance. Cependant le pauvre
sourd, étranger à tout ce qui se passe , pen
che doucement la tête et s'assoupit en mur
murant son refrain favori : «Sonnez, mes
cloches gentilles, sonnez ! »
Le second acle commence par les embras-
semens sans fin de la princesse et de Béa
trix, qui, libres de toute contrainte, peu
vent se dédommager eiï secret de là ré
serve qu'elles s'imposent devant la foule.
L'enfant de. Marie de Brabant dort sur le
lit virginal de la jêune fille qui l'a sauvé
dans • ses bras, et le veille comme, un an
ge tutélaire. Mais bientôt le gouverneur
arrive, suivi d'une bande d'officiers liber
tins, qui serrent de très près la jolie'Mésan-
gère, La princesse n'a que le temps de
se jeter *ms la chambre, dont la porte est.
vivement fermée par Béatrix. Les officiers"
n'en veulent qu'à la marchaMe d'images;
et la petite, accoutumée à de pareilles ren
contres, se lire gaîment d'affaire par une
chanson. L'orage paraît dissipé, lorsqu'un
vilain homme noir, bien nommé l'Infer-
^nal, accourt tout essoufflé pour annoncer
'que la princesse a pris la fuite. On l 'a
vue se diriger vers la maison de Mathéus
le sonneur, elle n'en a pu sortir,, on n'a
• qu'à fouiller la maison. Marie se présente
alors au gouverneur ébahi et cachant son
émoiion sous une attitude calme et sou
veraine, demande ce qu'il y a d'étran
ge, à ce qu'elle vienne faire une visite à
sa sieur de lait. Puis, prenant la main du
gouverneur et saluant l'esœrte d'un sourire
gracieux, elle s'éloigne sans jeter 'un re
gard sur la Chambre où son Sis est-caché.
Béatrix , restée' seule , attend, dans les
transes les plus vives , l'arrivée d'Olivier
Sforce , le vieux compagnon d'armes de
Jean de Nassau, pour lui confier l'enfant qui
n'est plus en sûreté près d'elle. Olivier en
eflfet ne tarde pas à venir) et à la faveur de
la nuit, la jeune fille lui remet le précieux
dépôt. Par malheur le jaloux Vanbruck, qui
ne fait que rôder, trotter, guètter, a tout vu '
par le trou de la serrure. Son premier mou
vement est de crier à 1 infamie Mais il'se
contient devant son oncle, qui serait capable '
de tuer sa fille s'il pouvait deviner la vérité.
Le sonneur, rentré chez lui. se promène tris
tement dan s sa ctiambre, j étant do temps à au
tre un regard de mépnssurlepeuple. qui pas
se insouciant et joyeux sous §es ■ croisées.
«Ces gens-là n'ont pas de cœur, dit-il, ils
n'ont pas.de patrie. » Tout à coup le vieil
lard s'arrête ; sa joue s'enflamme, ses mem- •
bres sont agi tés d'un tremblement convulsif.
Le drapeau sacré du Brabant flotte devant
ses yeux éblouis. Une révolution. s'opère
dans tout son être. Il entend d'abord le son
des cloches, puisla fanfare, puisla voix de son
neveu, qui, ne se méfiant pas du bonhomme
jase à cœur ouvert, et dans rn accès d'ivres
se, de ses récens chagrins. Pauvre Mathéus I
ÎI n'a recouvré l'ouïe que pour apprendre le
déshonneur de sa fille! Dans son premier
transport, il saute à la gorge de son neveu et
menace de l'étrangler s'il persiste dans ses
infâmes propos. Vanbruck, hors de lui, jure
qii'il n'a dit que ce qu'il a vu. En ce moment
Béatrix revient de l'église avec son fiancé
Wilhem, capitaine au service d'Espagne et
tout entière- à sa joie, elle est loin de soup
çonner le malheur qui 1 "attend.Lascène est im
posante et terrible. En présence de toutle peu
ple assemblé, de, la princesse, des soldats, du
gouverneur, Mathéus interroge sa fille, et la
somme de répondre à l'accusation qu'on a
Sortée contre elle. Béatrix peut se défendre
'un mot, mais alors l'enfant de Marie
l'espoir et le salut du Brabant, tombé aux
mains de l'ennemi, est en danger de mort
La jeune fille fléchit le genou, et courbant
le front sous la malédiction paternelle, elle
sauve, par un dévoùment sublime, l'héritier
légitime de ses princes.
La désolation èt la honte entrent dans la
pais as l'asgïïeï:2ieiï*
PARIS'. : ; ja F,JUJ£TaUiE&TBE.
DÉPAilTEMENS.^tS Fj. —
un numéro : 20 C entimes.
voua les pays kt&anghks , se reporter
a i tableau qui sera publié dans le journal,
U js 10 et î5 de chaque moi?.
Lti abonnement datent des I e ' et 14
du chaque mob.
fBUMIS&'tJX. ; rue de Valois (Palals-E*©yalk m ' lOd
^ • .t
■1852.-'MARDI 24 FÉVRIER.-
S'adresser, franco, pow la rédaction, à M. Boniface.
Les articles déposés ne sont pas rendus.
0:i t'abonne, dans la dêpartemens, aux.Messageries et misa Dirxtkns de poste.—A londres, chez MM. C owjb et fil?
. — A Strasbourg, chez M. A lhxanbbe, vour l'Allemagne,
S'adresser, franco, pour l'administration, à M. DENA.1N, directeur.
Les annonces sont reçues uu bureau du journal ; et chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la Bour
Dès le commencement de mars, le Cons
titutionnel publiera un roman dans son feuil
leton.
Ce roman aura pour titre :
LA ¥ÏE -A REBOURS,
roman de mœurs, en 3 volumes,
Par M. IiOUIS I&SLWKAIJ©,
auteur de JÉRÔME PATUROT.
Nous ferons connaître très incessamment
le titre des autres romans nouveaux qui se
succéderont dans le Constitutionnel , et le
nom des écrivains qui seront appelés à notre
collaboration.
"Le décret organique sur la presse, que
nous avons publié dans notre numéro du 19,
élève à G c. le droit de timbre, qui n'étaitqué
de 4 pour Paris et de5 pour les dêpartemens;
Il remet en outre en vigueur les tarifs pour le
transport par la poste, tels qu'ils existaient
en 4848. Il en résulte une augmentation de
2.centimes par jour sur les numéros distri
bués dans Paris, et-de 5 centimes sur ceux
qui sont expédiés dans les départèmciis.
L'administration du Constitutionnel , ne
voulant pas faire supporter à ses abonnés'
toute la charge qui lui est iaiposée par la
nouvelle loi, en prend une partie a son
compte.
Ep conséquence, à partir d'aujourd'hui,
les abonnemens seront reçus dans nos bu-
reaùx aux prix suivans :
PARIS..........
DÊPARTEMENS.
-13 fr. PAS trimestre.
16 » »
paris, 23 FÉVRIER.
Une dépêche électrique ."datée de lundi,
quatre heures.du soir, rious apporte la com
position du ministre anglais :
Le comte de derby (lord Stanley), premier mi
nistres . '
Sir Edoaard st 'gdeiv, chancelier;
Lç duc de northumbkbiani ), amirauté ;
M. WALPOLE, intérieur;
M. p'israeli , échiquier;
Lord haedwicke , j)ostes; " .
M. manners, colonies; ^
Lord lonsdale , président du conseil;
u. nENLEY, commerce ;
m. herries , contrôle ;
Lord- bzresfokd , guerre;
m. macken'sie, trcSOl';
Lord naas , secrétaire d'Irlande.
Une dépêche antérieure désigne, pour les
affaires étrangères, le comte Maimesburv ou
le vicomte Cannîng.
On sait que le gouvernement a rendu, à lu
date du 21 janvier, un décret portant qu'il se
rait procédé immédiatement au rachat, pour
cause d'utilité publique, des droits attribués
aux compagnies, par les traitésde 1821 et 1822,
psur un partage éventuel dans les produits
des canaux. Plusieurs personnes nous de
mandent ce que devient celte opération, qui
intéresse vivement les contrées agricoles et
industrielles traversées par les voies naviga
bles. Nous pouvons leur répondre que cette
affaire suit la marche régulière prescrite par
la législation en vigueur. •
Le mode suivant lequel doivent être ex
propriées les actions de jouissance desti
nées à représenter la part éventuelle des
compagnies dans lè produit des canaux, a
été déterminé par la loi du 29 mars 1845.
Cette loi, après avoir posé en principe que
les actions de jouissance pourraient être ra
chetées par l'Etat, pour cause d'utilité pu
blique, en-vertu de lois spéciales, a fixé la
composition du tribunal chargé d'apprécier
la valeur de ces actions. Il doit être composé
de neuf membres, savoir : trois désignés par
M. le ministrl des finances,-trois par chaque
compagnie, et trois pir le premier président
et par le3 président réunis de la cour d'appel
de Paris.
Les trois compagnies, atteintes par le dé
cret ,• ont été" mises en demeure de dé
signer, les membres dont le choix leur
est réservé.. Elles doivent ,■ en vertu des
dispositions "mêmes de la loi de 184b, les
élire dans la forme établie par leurs statuts
pour là nomination des directeurs et ad
ministrateurs.. La loi a prévu le cas où les
• compagnies ne répondraient pas à l'appel
du gouvernement, et stipulé que si, dans
le délai de deux mois à partir de la mise en
demeure, elles n'avaient pas nommé les trois
membres dont la désignation leur appartient,
le premier prési dan t et les présidens réunis
de la cour d'apperue Paris y pourvoiraient
d'office à la requête de M. le ministie des fi
nances. Hàtons-nous de dire que les adminis
trateurs des divgrseseompaguies sesontmisen
règle et qu'ils ont convoqué lespor leurs des ac
tions de jouissance, soit pour la fin de ce mois,
soit pour le commencement du moisprorhain.
On annonce même qu'ils se sont déjà enten
dus sur les noms, et qu'ils doivent proposer,
aux actionnaires de porter leur choix sur M.
le comte Jaûbert, M. le comte Daru et M.
Berrver, qui se sont occupés spécialement
de la question des canaux, comme ministre,
comme rapporteur, ou comme membre des
commissions administratives et parlemen
taires chargées de l'examiner.
'C'est seulement lorsque les compagnies au
ront arrêté leurs çhoix et en auront avisé le
gouvernement, que M. le ministre des finan-^
ces et les présidens de la couî* d'appel nom
meront à leur tour les membres qu'il leur,
appartient de -désigner. La commission ar
bitrale se trouvera alors complétée. Elle se
constituera en élisant, à la majorité des voix,
son président et son secrétaire, et elle noti
fiera aussitôt sa constitution aux compagnies,
en la-^ersonne de leurs directeurs et admi
nistrateurs.
Il est permis de croire, d'après cela, que
la commission arbitrale sera organisée et
pourra commencèr ses .travaux dans la
première quinzaine de mars. Nous par
lons comme s'il ne devait y avoir qu'une,
seule commission pour les trois compa
gnies dont l'Etat doit racheter, les actions
de jouissance. Aux termes de-la loi, il pour
rait être nommé autant de commissions
que de compagnies. Mais si les compagnies
se sont, entendues pour porter leurs choix
sur les mêmes membres, M. le ministre des
finances et la cour d'appel de Paris en feront
autant, et par le fait, ce serait la^me com
mission qui procéderait à l'opération de l'ex
pertise pour tous les canaux- dont l'Etat veut
ressaisir la libre disposition. r
Quoi qu'il en soit ; on peut espérer que
l'affaire sera conduite activement. Cette ques
tion du rachat de jouissance est„à l'ordre du
jour depuis Si longtemps qu'elle est bien con
nue dans tous ses élèmens et dans tous ses
détails. M. lé comte Jaubert à fait publier,
lorsqu'il était ministre des travaux publics,
un volume qui renfermait toutes les pièces né
cessaires pour éclairer l'opinion. Depuis
cette époque, de nombreux .et de longs débats
ont eu lieu. Les derniers momens de l'Assem
blée législative ont vu paraître un rapport de (
M; Berryer, dont le gouvernement n'a pas,
et avec raison, adnpté les conclusions, mais
qui reproduit leà chiffres les; plus récens.
L'enquête est donc aussi complète que pos
sible, et la commission arbitrale sera en me-
«ure de pouvoir émettre son jugement dans
un bref délai.
Le commerce et l'industrie attendent avec
impatience la fin. de cette affaire, qui lient
depuis tant d'années tous les intérêts 'en
suspens. Il èsl d'autant plus urgent de pren
dre un parti, que quelques-uns des tarifs.en
vigueur expirent dans le courant de mars.
prochain. Sans doute, si la commission n'a
pas achevé son travail, legeurernement pour
ra les proroger de sa seule autorité. Mais la
situation n'en sera pas moins irréguliére,
et l'on ne doit pas d'ailleurs perdre de vue
que si la batellerie n'est pas mieux organi
sée et ne dispose p is d'un matériel plus per
fectionné. sur nos canaux y la cause en
est surtout dans cet état d'incertitude"
où la laisse la question des tarifs. Ainsi
donc, sous tous les points de vue, une
prooÇ^ solution est indispensable, et nous
ne doutons pas eue la commission, convain-'
eue de" cette nécessité, n'arrive en peu de
temps à formuler une conclusion qui sau
vegarde à la fois tous les intérêts, c'cst-à-
diro l'intérêt des compagnies, celui du tré
sor et celui du commerce. J. B urat.
La lettre de M. Garnon et la publicité que
le Siècle a enfin donnée à ce document, font
tomber toutes les rumeurs qui présentaient
M. Garnon comme le-concurrent de M. Vé-
ron dans l'arrondissement de Sceaux. Le mot
de démenti qui se trouve dans notre article
d'hier, et dont lé Siècle se plaint, s'adressait
aux faux bruits qui avaient induit ce^journal
en erreur. Les explications données par/e
Siècle mettent hors de doute la bonne foi de
notre confrère. - l. boniface.
Éïi!E€TS©M®.
• Voici les principaux passages de la circu
laire que M. Guyard-Delalain, candidat ap
puyé par le gouvernement dans la l r " cir
conscription électorale de la Seine, adresse
aux "électeurs de ce département :
« Je suis libre _ d'engagemens vis-à-vis des an
ciens partis qui se sont disputé la France depuis
tant d'années.
» le ne puis avoir d'autre intérêt que celui de
ce peuple, d'uùje sors, qui s'est révélé,- au com
mencement du siècle, dans le plus grand homme
des temps modernes, et qui aujourd'hui, eonstant
dans Ses affections, ee minifaste encore dans ce
glorieux, nom.
» A vingt ans/j'étais avocat à la cour royale de
Paris ;j\xerçai pendant plus de dix années cette
profession. Mon but principal était d'acquérir une
instruction solide en droit pratique et en législa
tion. Dans des discussions fréquentes,. régulière
ment organisées, je cherchais à contracter cette fa
culté de la'parole, si nuisible, j'en conviens, quand
cette parole est fausse et passionnée, mais indis
pensable dans un corps délibérant, quand elle est
siacère çl'modérée.' . ,
» j'asîistàis, comme un spectateur affligé, à ces
luttes parlementaires dû se tourmentait mon pays;
et je prévoyais que ce trône, ébranlé chaque jour,
tomberait en ruines,miné par ses aveugles fonda
teurs. Je voyais avee effroLcorrompre'et enflam
mer c« peuple qui ne s'égare que lorsqu'il est
trompé par ses guides et que la lumière qui de
vrait l'éclairer pâlit et s'éteint.
» Les malheurs produits par la révolution de
i 848- me jetèrent dans un profond chagrin, sans me
déscïpérer néanmoins. Je pensai qu'au moment où
les méchans triomphaient, chaque honnête hom
me, si petit qu'il Sût, devait à son pays tout son
courage.
» On me nomma presqu'à l'unanimité chef de
compagnie dans la première légion. Je crois que
J*es camarades et moi,'nous avons rempli notre
tâche pendant ces temps cruels.
» Me sera-t-il permis de vous dire qu'en juin
1S48, mes courageux camarades, leur capitaine en
tète, enlevaient, avec les autres compagnies du
bataillon, sous les ortlres de notre "brave com
mandant, les barricades de la Bastille; et que
mon fils, cet intrépide et tendre jeune homme, âgé
de dix-sept ans,combattait à mes eôtés, venait sou
tenir dans ses bras son père blessé et lui donnait les
premiers soins? Pardonnez-moi, Messieurs, ce mou
vement d'orgueil, dont je n'ai pume-défendre. No
tre preuiier bataillon ne faisait, d'ailleurs, que ri
valiser de dévoûmerit avec les autres bataillons, si
bravement commandés.
» Messieurs, vous m'avez témoigné, dans main
tes occasions, votre estime, en me %jnf!ant di's
fonctions publiques, quoique non officielles, soit.
dans l'union électorale, dont j'ai été l'un des plas
arderi3 promoteurs, soit dans le comité pour la
révision de la Constitution, dont je lus, avec cinq
courageux citoyens, le fondateur, et dont j'ai été
l'un des vice-présidens.
-» Mes sympathies n'ont pas attendu que le rè
gne de la démocratie se révélât pour montrer mon
dévoùment aux'classes «uvrières et souffrantes.
■ i> Dès 1843, j'employais ma fortune à fonder un
grand établissement "industriel dans la départe-
mentde Maine-et-Loire, oùj'occupe trois cents ou
vriers, la plupart pères de famille. C'eàt vous dire
que cette eiploitation alimente et entretient douze
cents personnes. Elle enrichit tout un pays. À l'é-
poqu%de 1848, je m'imposai les plus grands sa
crifices-, j'exposai ma fortune entière pour conser-
vcr ti moh smiec tous ces braves gèns comme une
seconde et immense famille. Ils succombaient sous
les ruines de cette révolution, si je les eusse aban
donnés. Je n'en renvoyai aucun, décidé à me
sauver ou à ra'engloulir avec eux. L'acclamation
du 10 décembre nous a sauvés tous.
• » Je n'ai • pas-à vous faire des protestation en
faveur du gouvernement actuel, que je regarde
comme la glorification du peuple entier. Vous
connaissez mes seritimens: ils n'attendaient pas
la nouvelle acclamation■' des 20 et 21 décembre
pour éclater. Dès le l'décembre, je provoquai;
avec flics collègues du comité de révision, la pre-
aaière adhésion publique aux actes héroïques du
prince-Président, et cette aJhésion était envoyée
aux journaux, le 4 décembre, sous le feu du
combat.
» Quant à des engagemens, permettez-moi de
n'en prendre qu'un seul : celui de vous consacrer
consciencieusement mon dévoùment, mon intelli
gence et mes forces; c'est-à-dire de défendre vos
intérêts,, le prince, vetre élu, symbole de vôtre
puissance souveraine. Cet engagement comprend
tous les autres. gùyard delalain.»
DEPARTEMENS.
aveyron ". — Le Moniteur et le Constitutionnel
. ont déjà fait connaîtrelts candidats du département
de l'Àveyron. Nous croyons devoir à notre estime
pour l'un de ces honorables candidats,M. Augûste
Nougarède de Fayijt, et aux intérêts de ee départe
ment éloigné,d'insister sur les titres plus particu
lière que réanit à la'confiancedes électeurs un pu-
bliciste dont les ouvrages nous ont quelquefois oc
cupés." ~ •—t ' n
dordogne .—Les candidatures appuyées par le
gouvernement, ne peuvent manuuer d'être bien
accueillies:
M.Dupont est le frère du rédacteur de l'Echo
de Vésone, dont la perte a été si regrettable et
qui fut membre de la Constituante.
M. Adolphe Debellejme, adjoint au maire du
1" arrondissement de Paris et avocat, sera le di
gne'successeur de son père, député pendant vingt
ans de ce département et anciea vice-président de
la chambre.
M. Taillefer et M. Dussollier sont tous deux
d'anciens députés qui ont siégé et bien voté à la
Constituante. _
P as-de -C alais . — Un des industriels les plus
considérés et les plus influens de l'arrondissement
de Boulogne, M. Liévin Delhaye, membre du Con
seil général des manufactures, à qui de nombreux
amis avaient offert la candidature, vient d'adres
ser upe lettre aux électeurs pour les inviter à por
ter leurs veix sur M. d'Hérambault, candidat du
gouvernement.
On .parle de la candidature de plusieurs
anciens .représentans qui se trouvent soùs le
coup d'un décret de bannissement; on assu
re que les dispositions nécessaires vont être
prises pour faire cesser un pareil état de cho
ses'en opposition directe avec les.mesures de
sûreté publique, qui ont adoptées par le chef
de l'Etat. ~ (Patrie.)
Le Bulletin des Lois, publié aujourd'hui,
contient le décret suivant, daté du 10'de ce
mois, et rendu sur le rapport du ministre
des finances :
« Art. d cr . Il est ouvert au mirtistère des "Finan
ces un crédit provisoire de'300,000 fr., applicables
aux dépnses personnelles dù chef de l'Etat.
» Ce crédit est ouvert, à titre d'avance , sur la
somme qui devra être ultérieurement allouée au
prince-Président dç la République par un sénatus-
consulte, conformément a l'article 18 de- la Coni-
titution. *
» 2. Il sera pourvu à la présente dépense au
ftioyen des ressources du budget de l'exercice
18o2. » ■ ' . ■ ; * '
Un autre décret, daté du 17, rendu sur le
rapport du ministre de Ijy ustice, porte :
« Art. 1". Il est ouverrau garde des sceaux,
ministre de la justice, sur l'exercice 1831, un errg
dit supplémentaire de la somme de 730,000 fr.
applicable aux frais de justice criminelle (chap. 13
du budget).
» 2. Il sera pourvu à la dépense au moyen dts
ressources de l'exercice 18oi. »
Nos correspondances de Rio do Janeiro
n'ajoutent rien aux détails que nous avons
publiés, d'après :es feuilles, as Londres, sur
la situation des parties belligérantes dans la
Plata. La marche rapide d'Urquiza à tra
vers les provinces argentines, la faveur po
pulaire qui, de éoutes parts , l'accueille,
la manifestation spontanée de l'importante
province- de Santa-Fé qui s'est prononcée
tout entière contre le dictateur, malgré la
présence de son lieutenant Echague, obKgé
d; se replier en toute liàte sur Jjuenos-
Avres, tous ces faits, attestés parles bulletins
de l'armée libératrice, ont produit une vive
sensation dans la capitale du Brésil, - où l'on
ne met pas un instant en douté l'issue heu
reuse et prochaine du drame singulier qui
se joue dans la Plata.-' -
L'opinion générale était que le mois de
janvier ne se terminerait pas sans amener la
chute du pouvoir de RÂs, et que le paque
bot de février porterait en Europe la nouvelle
de ce dénoûment. Ni dans le public, ni dans
le gouvernement, il n'y avait aiicune arrière-
pensée de conquête, elce'n'est nullement par
un agrandissement de territoire que le Brésil
entend se faire payer de sa participation à la
lutte et de ses frais de guerre. Pour la popula
tion éminemment commerçante de l'empire,
pour les agriculteurs qui défrichent les pro
vinces de l'intérieur, le résultat de la guerre
dans la Plata sera d'ouvrir le cœur de l'A
mérique méridionale aux spéculations-mer-
cantiles/et de fournir, par l'affranchissement
des rivières, des débouchés faciles aux riches
produits du sol brésilien. Pour ^gouverne
ment impérial, "tout en'tenant grand compte
decemobilepuisédansdescotfsidérationsd'in-
térêt matériel, et qu'il a su faire accueillir par
ses alliés, en les appelant à profiter du régi-,
me de libre navigation qu'il veut inaugurer
dans l'Amérique méridionale, tout en se
préoccupant des moyens de seconder l'acti
vité commerciale et d'accroître la prospérité;
agricole de l'empire, il s'est inspiré de sen-'
timens plus élevés, qui sont parfait ac
cord avec les instincts et les calculs des clas
ses laborieuses, et qui tendent à répandre
les idées d'humanité et de civilisation parmi
ces populations sud-américaines qui, depuis
quarante ans, alternent entre la guerre civi
le la plus sauvage et le despotisme-le plus
abrutissant. ,
Les traités, dont nous, avons donné l'ana
lyse dans un précédent article, ces traités,
qui font une loi de la clémence pour le vain
queur et qui prescrivent le respect des per
sonnes et des propriétés, témoignent haute
ment des nobles intentions du Brésil. Nous
le disons à l'éloge de la race espagnole, qui
fournit là-plus forte part aux belligérant
de la Plata", ces dispositions des traités
ont été bien accueillies et exécutées avec une
scrupuleuse fidélité. Jamais armée ne s'est
plus humainement conduite, que l'armée li-.
bératrice,*et Urquiza lui-même a prompte-
ment dominé ses .vieux instincts de gaucho,
en faisant disparaître de ses proclamations,
les formules sanguinaires par lesquelles il
avait d'abord répondu aux menaces de mort
de Rosas.
La présence" auxiliaire de 4,000 Brésiliens
dans le camp d'Urquiza ne contribue pas peu
à maintenir, par de bons exemirtes, l'omre
eUa discipline dans les rangsde l'armée coa
lisée. La plus parfaite harmonie règne estré
ces corps, d'origine et de race diverses, et
toutes les lettres arrivées à Rio témoignent
de la parfaite attitude de la division brési
lienne, où figurent en grand nombre les vf-
goureuses recrues, débris de l'armée du Hols-
tein, que le colonel Régo-Barros a enrôlées en
Allemagne. Mais ce qui a surtout flatté, à très
juste titre, l'amour-proprebrésilien, c'èst la;
remarquable fait d'armes de l'escadre qui a
forcé le passage du Parana, sous le feu dés
batteries rosistes, et qui a reçu son baptême
de sang, car elle a en plusieurs hommes tuçs
et blessés dans cette affaire. Grâce à la per
sévérante volonté de son empereur , bien
servie par d'habiles ministres, le Brésil a
mis ses. forces militaires sur le pied le
plus respectable : il a unë armée de terre
et de. mer bien disciplinée, bien comman
dée, bien payée; l'armée de terre a un
effectif de 26,000 hommes, sans compter
les milices provinciales, et c'est là une force
plus que suffisante pour toutes les éventua
lités. La flotte compte quarante-deux voiles.
et 3,600 marins. Plusieurs des officiers qui
la commandent ont puisé les élémtns de
leur instruction à bord des vaisseaux de
France et d'Angleterre, et nos loups de mer
de la Plata rendent un excellent témoignage
de leur mérite et de la valeur de leurs équi
pages. ■
Le Brésil «st dpnc fort en état de soutenir
la guecrè, et la faiblesse relative des républi
ques qui l'avoisinent lui offrirait toutes chan
ges de succdf. Mais la guerre n'est pas le fait
du pei.ple brésilien ni de son gouvernement,
et la collision qui a éclaté sur les bords de
la Plata n'est qu'un açcident qui ne doit
pas se renouveler, car le but à atteindre est
parfaitement défini, et des traités conclus avec
toutes les républiques sud -américaines, ten
dent à asseoir la paix de ces riches contrées
sur dés bases solides et durables. Chacun a
tant à faire chez soi, où tout est à créer,
qu'en vérité on ne comprendrait pas que la «
politique pacifique et féconde du gouverne
ment impérial ne fût pas partout lo^aleïiïeht
agréée.
Toute, la sollicitude des hompies d'Etat de
, Rio se tourne vers les œuvres de la paix, et
sous ce rapport, la dernière session du par
lement brésilien, a été fécondé au point de
faire honte et envie à nos Assemblées d'Eu
rope. Le Brésil a un excellent gouvernement,
et par conséquent de bonnes finances. VeuU
on savoir , sous cp rapport, dans quelles
-En 1813, le revenu : général du Brésil s'é
levait à peine à 10 millions de francs ; en
1821, il montait à près de 19 millions;
en 1831,-la recette atteignait 36 millions.
Enfin le dernier budget réglé par les cham
bres, celui de 1850, porte le chiffre total des
revenus généraux et provinciaux à la somme .
de 40 millions de contos, c'est-à-dire à 125
millions de fr. Voilà assurément l'indice le
plus certain d'Un prodigieux accroissement
dans les affaires; car l'impôt,au Brésil,
est presque exclusivement assis sur les ob
jets de consommation importés, par le com
merce étranger. Et ce mouvement -n'est pas
près de s'arrêter, tant s'en faut : la principale
source du revenu public, la douane de Rio,
devait produire, d'après les évaluations, 63
millions pendant l'année 1850".' Sa recette,
aujourd'hui connue, a dépassé d'un tiers ces
évaluations.
De pareils résultats attestent que le Brésil
est dans la bonne voie, dans la voie qui mène
à l'accomplissement de? grandes Choses et à
la constitution définitive d'une grande na
tion. Il lui suffit défaire un bon et intelli
gent usage de ses inépuisables ressources.
Sous ce rapport, if y a beaucoup à faire,
car le territoire de l'empire est immense, et
la cognée delà civilisation a peu pénétré
jusqu'ici au milieu de ses forêts vierges. Le
gouvernement s'estmisrésolument à l'œuvre,
et le parlement le seconde avec ardeur. Nous
avons sous les yeux le tableau des travaux qui
ont déjà été menés à fin ou qui sont en voie
d'exécution sur ; tous les points de l'empire,
tel qu'il a été présenté dan3 la dernière ses
sion législative par un des membres les plus
éminens de la chambre des députés, M. Pe-
reira da Silva, et la seule énumération de
ces entreprises prendrait dans nos colonnes
une place démesurée. Qu'il nous suffise de
dire que partout on travaille àrendre les riviè
res navigables et à ouvrir des routes, e juè
des bateaux àvapeur sillûnnentdéjàde v< c tes
cours d'eau qui ne pouvaient naguère poj er
de simples barques. Les provinces concou-
rent avec l'Etat à ces magnifiques œuvres
d'amélioration matérielle, et par une loi ré
cente, un fonds commun a été créé pour ve
nir en aide aux provinces trop pauvres dans
l'exécution des travaux qui les. concernent. :
Là ne se bornent pas les soins du gouver
nement brésilien. Il a supprimé la traite, et
il prévoit qu'à un jour donné, les bras noirs
manqueront à son agriculture. Aussi, dès à
"présent, a-t-ilpris des mesures elficaces pour
ouvrir de nouvelles voies à la colonisation, et
faire passer peu à peu le travail agricole
en des mains . libres. Notre correspondant
nous promet, à ce sujet, des détails que nous
reproduirons volontiers, car la question
nous intéresse en elle-même, et par les ana-.
logies qu'elle présente avec celle qui naît de
la situation actuelle de nos colonies.
- . t. BONIFACE.
Nous trouvons dans le Sémaphore de Mar
seille, du 21 février, l'article suivant concer
nant la question du passage de la malle , an
glaise de l'Inde sur le territoire fraffçais :
«Dans la .lutte engagée entre les'deux terri-
toire^dont Marseille et Trieste sont les cham
pions, tout le monde comprend" que la victoire
restera à celui qui l'emportera de vitesse sur son
adversaire; il s'agit ici d'un intérêt purement
matériel sur lequel la politique ne peut exercer
qu'une influence à'peine sensible, et l'Angleterre
donnera, en définitive, la préférence à la ligne la
plus brève.
» Il s'agit donc d'examiner si le passage de. ta
malle anglaise à travers la France s'effectue dans
les meilleures conditions de vitesse possible. Poser
la questionj c'est "la résoudre. 11 suffit de suivre
m ;îlleton du constitutionnel, 24 fév
REVUE MUSICALE.
THEATRE DE] L'OPÉRA-COMIQUK.
L e C aeillosnkur de B rugks , opéra-comique [en
trois actes, paroles de M. de Saint-Georges, mu
sique da M. Grisar.—D kbuts de M Ilc W eiîtiieim-
. BEa
Encore un beau et grand succès très vive
ment enlevé àTOpéra-Comique. Ce théâtre
devient monotone' à force de bonheur. Des
caractères bien posés, bien conduits, l'in
trigue là plus naturelle et la plus tou
chante, 1111 rôle magnifique pour Batlaille,
un sentiment national très noble et très
vrai, sans l'ombre de déclamation ni d'em
phase, de la passion, du dévoùment, de la
grandeur sous la condition, la plus hum
ble, en un mot tout ce qui peut captiver
l'intérêt, toucher le cœur, se'trouve heureu
sement réuni dans l'œuvre nouvelle. Le ta
lent de Grisar, qui s'était-révélé jusqu'ici
sous une forme élégante et gracieuse, s'é
lève, se dégage et se meut librement dans un
cadre plus large et plus populaire. Après
avoir charmé, il émeut ; après les esquisses
les plus fines et les plus ravissantes, l'au
teur de l'Eau merveilleuse, de Gilles, des Por-
cherons expose une composition plus sévère
et d'un genre plus dramatique et plus sé
rieux. ' ,
L'action se passe à Bruges, comme le titre
nous l'apprend, vers 1569, sous l'impitoya
ble oppression du duc d'Albe, vice-roi espa
gnol, qui, grâce à sa cruauté, à ses rapines,
à ses infamies de toute sorte, fit prendre en
abomination et. en horreur le nom de Phi
lippe II. Plusieurs fois, les malheureuses
villes de la Flandre conquise, Bruges sur-
tOLt, la plus fidèle et la plus attachée à ses
princes légitimes, essayèrent de se révolter ;
mais; après des prodiges de valeur, elles re
tombaient, épuisées, saignantes et meur
tries, sous le joug de leurs tyrans. C'est un
de ces tressaillemens héroïques, de ces con-
vulsioas suprêmes que l'auteur du drame
a choisis pour y eneadrer sa fiction poéti
que et louchante.
Jean de Nassau vient d'être tué dans un
combat. Marie de Brabant ; mariée secrète
ment à ce prince, enfermee dans la ville de
Bruges que les Espagnolslui ont donnée pour
prison, y est soumise à la plus stricte
surveillance. Don Juan d'IIermosa, gouver
neur de la. ville, animé, du plus grand zèle
pour le service de son maître, mais d'une
intelligence épaiss: 1 et d'un caractère évaporé,
ignore absolument que la princesse "est veuve
de Jean de Nassau, et qu'un fils est nédecctte
union clandestine. L'enfant est caché dans
une ferme, et confié aux soins de Béalrix,
sœur de luit de Marie^ et fille du carillon-
neur de BrugeSj Matliéus Claës. Pour mieux
détourner les soupçons , la-princesse af
fecte une grande froideur et presque de
l'aversion pour Béatrix, surtout lorsqu'elle
èe croit observée par le gouverneur. Ce don
Juan d'IIermosa, personnage à lafois ridicule'
et sinistre, dominé malgré lui par la fierté de
sa belle prisonnière et séduit par ses grâces,
forme, dans-sa cervelle de brute, l'ingénieux
projet de concilier ses devoirs d'espion et ses
fadeurs de galant suranné. Il réussit double
ment à effrayer et à dégoûter la princesse :
mais celle-ci n'ose pas trop le braver ,
de peur que son secret ne soit découvert, et
de son côlé le sournois gouverneur fait mine
d'être tout à ses ordres et de céder à ses
moindres caprices. La princesse a manifesté
le désir de visiter le pieux ermitage de
Nolre-Dame-dos-Bois, situésur.une élévation
pittoresqûe aux environs de Bruges. C'est
par ce riant tableau que le drame s'ouvre.. Une
1 jeune et jolie marchande d'images vend des
chansons, des- chapelets bénits, de petites
médailles, aux paysans que les nombreux
miracles de la Saints-Yierge-des-Bois attirent
vers sa chapelle rustique. Cette jolie fille,
nommée Mésangère, est nièce de Mathéus,
le earillonneur, et cousine du sieur Van-
bruck, honnête et digne garçon qûi tient,
tout près delà chapelle, un cabaret des plus
achalandés. Ce Vanbruck, je vais vous le
peindre d'un mot, c'est Sainte-Foy qui le
joue.
Vous voyez d'ici un grand flandrin à che
veux jaunes, à la figure souriante et niaise,-
ftuet, maigre, étriqué, perché sur deux écha-
las, qu'à la rigueur on peut prendre pour des
jambes, ne manquant pas toutefois, so'us son
apparente bonhomie, ni de pénétrât ion, ni
d'astuce, adroit comme un singe, leste com
me un chat, bavard comme une pie. C'est
le portrait du Vanbruck. Son air grave
et compassé trahit des préoccupations se
crètes. Il répond par la plus dédaigneuse
indifférence aux coquetteries de sa cou
sine , et lorsque celle-ci, toute naïve et
toute fière de ses quinze ans, de sa beau
té, de ses atours, rappelle à son nigaud de
cousin qu'ils sont fiancés l'un à l'autre, et
que l'oncle Mathéus a donné son consente
ment, le cousin, n'y . tenant plus, s'écrie
avec indignation : — Arrière, petit serpent,
vous n'aurez pas ma main; perdez cet es
poir; je ne vous aime plus, Mésangère, je
ne vous ai jamais aimée; j'épouserai «la cou
sine Béatrix.—Allons doncl est-ce que jamais
Béatrix voudrait de vouspour mariYYousêtes
trop laid pour elle. — Et vous ., trop co
quette pour moi. —Qu'est-ce à dire? inter
rompt la petite avec, des yeux étincelans de
colère.—Oh! ne faites point l'innocente; j'ai
tout vu, tout entendu; j'étais cette nuit
sous ,1a croisée... L'explication devient ora
geuse, et la pauvre fille, qui ne comprend
rien aux impertinences de son cousin, paraît
se consumer un instant pour savoir si elle
doit le mépriser souverainement ou lui
arracher les yeux. Mais Béatrix l'arrête
d'un signe, et, à son trouble, à son regard
suppliant, Mésangère a tout compris. Béa
trix a un secret, n'importe lequel ; il faut
la sauver à tout prix, même au risque de se
brouiller avec cet imbécile de Yanbruck. La .
petite prend tout sur elle et s'accuse brave
ment d'avoir écouté lés propos d'un amou
reux, d'avoir reçu des fleurs, des rubans,
voire des baisers ! A ce dernier aveu k
pudibond Yanbruck fait la plus épouvan
table des grimace? etsa fureur ne connaîtrait
plus
relle. ,
Cependant, ce beau vieillard, dont la phy
sionomie intelligente> et noble, impose le si
lence et le respect, ne peut rien entendre de
ce qui se dit autour de lui. Il est frappé d'u-;
ne'surdité complète. Ce fut un triste jour
que celui où le pauvre earillonneur, forcé
de sopner les cloches, le pistolet sur la gor
ge, dut célébrer la victoire de l'Espagnol et
l'asservissement de sa patrie. Eperdu, fré
missant de honte et de désespoir, il saisit
la corde de son bourdon et sonna avec tant
de rage, que le^clocher en fut ébranlé delà
base aû faîte ; puis Mathéus. n'entendit plus
rien, ni la voix de sa fille, ni le son de ses
' cloches. Une tristesse immense s'est empa
rée du vieillard ; mais il dissimule de son
mieux, ses chagrins pour ne pas affliger ses
enfans.- Les deux jeunes filles le consolent,
le caressent, l'entourent des soins les plus
tendres. Le neveu Yanbruck lui donne la
pipe, et, pour l'allumer, il approche de sa
î . lanterne un papier blanc, qu'on a remis
' mystérieusement à Mésangère ; le papier
blanc , touché par la flamme , se couvre
tout-à-coup de caractères tracés par une
main inconnue, et Vanbruck, tremblant de
surprise, lit cette révélation foudroyante:
« Si l'enfant caché dans la ferme des Roses
n'est pas enlevé eeite nuit il court les plus
grands dangers. » Le premier soupçon de
Vanbruck se porte sur Mésangère, mais il
voit pâlir et chanceler Béatrix, qui s'affaisse'
et perd connaissance. Cependant le pauvre
sourd, étranger à tout ce qui se passe , pen
che doucement la tête et s'assoupit en mur
murant son refrain favori : «Sonnez, mes
cloches gentilles, sonnez ! »
Le second acle commence par les embras-
semens sans fin de la princesse et de Béa
trix, qui, libres de toute contrainte, peu
vent se dédommager eiï secret de là ré
serve qu'elles s'imposent devant la foule.
L'enfant de. Marie de Brabant dort sur le
lit virginal de la jêune fille qui l'a sauvé
dans • ses bras, et le veille comme, un an
ge tutélaire. Mais bientôt le gouverneur
arrive, suivi d'une bande d'officiers liber
tins, qui serrent de très près la jolie'Mésan-
gère, La princesse n'a que le temps de
se jeter *ms la chambre, dont la porte est.
vivement fermée par Béatrix. Les officiers"
n'en veulent qu'à la marchaMe d'images;
et la petite, accoutumée à de pareilles ren
contres, se lire gaîment d'affaire par une
chanson. L'orage paraît dissipé, lorsqu'un
vilain homme noir, bien nommé l'Infer-
^nal, accourt tout essoufflé pour annoncer
'que la princesse a pris la fuite. On l 'a
vue se diriger vers la maison de Mathéus
le sonneur, elle n'en a pu sortir,, on n'a
• qu'à fouiller la maison. Marie se présente
alors au gouverneur ébahi et cachant son
émoiion sous une attitude calme et sou
veraine, demande ce qu'il y a d'étran
ge, à ce qu'elle vienne faire une visite à
sa sieur de lait. Puis, prenant la main du
gouverneur et saluant l'esœrte d'un sourire
gracieux, elle s'éloigne sans jeter 'un re
gard sur la Chambre où son Sis est-caché.
Béatrix , restée' seule , attend, dans les
transes les plus vives , l'arrivée d'Olivier
Sforce , le vieux compagnon d'armes de
Jean de Nassau, pour lui confier l'enfant qui
n'est plus en sûreté près d'elle. Olivier en
eflfet ne tarde pas à venir) et à la faveur de
la nuit, la jeune fille lui remet le précieux
dépôt. Par malheur le jaloux Vanbruck, qui
ne fait que rôder, trotter, guètter, a tout vu '
par le trou de la serrure. Son premier mou
vement est de crier à 1 infamie Mais il'se
contient devant son oncle, qui serait capable '
de tuer sa fille s'il pouvait deviner la vérité.
Le sonneur, rentré chez lui. se promène tris
tement dan s sa ctiambre, j étant do temps à au
tre un regard de mépnssurlepeuple. qui pas
se insouciant et joyeux sous §es ■ croisées.
«Ces gens-là n'ont pas de cœur, dit-il, ils
n'ont pas.de patrie. » Tout à coup le vieil
lard s'arrête ; sa joue s'enflamme, ses mem- •
bres sont agi tés d'un tremblement convulsif.
Le drapeau sacré du Brabant flotte devant
ses yeux éblouis. Une révolution. s'opère
dans tout son être. Il entend d'abord le son
des cloches, puisla fanfare, puisla voix de son
neveu, qui, ne se méfiant pas du bonhomme
jase à cœur ouvert, et dans rn accès d'ivres
se, de ses récens chagrins. Pauvre Mathéus I
ÎI n'a recouvré l'ouïe que pour apprendre le
déshonneur de sa fille! Dans son premier
transport, il saute à la gorge de son neveu et
menace de l'étrangler s'il persiste dans ses
infâmes propos. Vanbruck, hors de lui, jure
qii'il n'a dit que ce qu'il a vu. En ce moment
Béatrix revient de l'église avec son fiancé
Wilhem, capitaine au service d'Espagne et
tout entière- à sa joie, elle est loin de soup
çonner le malheur qui 1 "attend.Lascène est im
posante et terrible. En présence de toutle peu
ple assemblé, de, la princesse, des soldats, du
gouverneur, Mathéus interroge sa fille, et la
somme de répondre à l'accusation qu'on a
Sortée contre elle. Béatrix peut se défendre
'un mot, mais alors l'enfant de Marie
l'espoir et le salut du Brabant, tombé aux
mains de l'ennemi, est en danger de mort
La jeune fille fléchit le genou, et courbant
le front sous la malédiction paternelle, elle
sauve, par un dévoùment sublime, l'héritier
légitime de ses princes.
La désolation èt la honte entrent dans la
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