Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-02-09
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 février 1852 09 février 1852
Description : 1852/02/09 (Numéro 40). 1852/02/09 (Numéro 40).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 40.
BURMVl î rue de r«ïots*(PaIaIs-lloyal), ti' ÎO.
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185-2. - LUNDI 9 FÉVRIER*.
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four les EAYâ ÊTHANGKRS, se reporter
au tableau qui 3614 publié dans lé journal,
les 10 -et 85 de chaque niolÀ
Let abonnement datent des 1" tt 16
■àe chaque moit.
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S'adresser, franco, pour la rédaction, à .MI B onifà C e.'
- Les articles dépos'ès ne sont pas rendus
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JOUMALPOLITIQUE, tàTTÉRAIRE, UNIVERSEL.
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I Qns'abmndans (esidépartemens, atix Meî$agerieshtmq\IHréctitm déposiez—A Londres, chçz MM. Gowiï e£ ïiis.* :,i , 4 . ÉfanjSOj' po&e ÇïW^îN,
*- — A Strasbourg, -chez IL AnXANDfes, 'twttr l'Aflenmne. , -,-i ,| Les ànflonces-sont reçues au bureau du journalV^'cbèzM.'P^lS.r'êpsséw;-!#, pj
1 , fi.'iï I.\l ' i *
- i f.sl q J' ' 'i'
■'■Jj.';!-'.\V 1M Sî.
PARIS- 8 FÉVRIER.
' ; Nous publions plus loin les renseignement
donnés parla Gazette de Madrid et parTèT
autres journaux dé cetté capitale, sur l'atten-
Aat du a féyrier.
îïous faisons précéder ces extraits d'un
9éttre die Madrid commencée le 2, sous la
première impression de l'événement, et ter
minée le 3." Cette correspondance a naturel
lement une liberté d'allure qu'on ne retrôu-
-*e pas dans les récits des journaux, tenus à
une plus grande résérve.
"■ Nos lecteurs, en lisant cette lettre, feront
la part du laisser-aller naturel chez un Fran
çais qui écrit à un Français; mais ils iront
avec intérêt ce récit tolxt palpitant .de l'émo
tion de celui n'avons- voulù y rien changer.
! ! : Madrid, 2 février, â cinq heures
. du soir..
• •*' Mon cher ami,
; Le télégraphe ét les courriers d'ambàs-
"sade sont sans doute déjà en mouvement pour
, porter à l'Europe ^tonnée là nouvelle extraor
dinaire de l'événement qui, vient d'arriver
• ici ;*mais peut-être serai-je à temps de vous
donner quelques détails,
Aujourd'hui ^oule la ville était çur pied
-dès le matin» Madrid avait revêtu ses plus rir
ches tentures de soie et d'or, dans- les rueS
où devait passer le cortège de la reine se
"rendant au couvent d'Atocha, pour y célé
brer ses relevailltis. Les troupes faisaient la
îiaiè, depuis le palais; dans les rues Mayor,
■d'Alcala, San r Jeronimo, tout avait un air de
îête de famille.
- A une hèure et demie, 1» rèine venait d'en
tendre la messe dans la.chapelle dii çliàtea'u;
iiîë traversait là galerie droite, encombrée
de visiteurs munis de billets, elle allait
. venir à Atochâ.. Dans, cette galerie, les
hftllebardierstprmaientia haie, à très peu de
. distance l'un deJ'autre. A peine la reiùe a t-
«11e fait'quelques pas, qu'elle s'arrête vers
tin .'bënime velu du costume ecclésiastique,
qui avaifrmis-un genou en terre. La reine a
dû penser ( que çpt homme voulait, ou lui
l^aisër la n^aip, ou lui. remettre .un placet.
Âîijmpimeat . oil elle tend la ,inain, l'homme
s'eii. saisit ,(^e là main gauche; à. cet ins
tant, la princesse jette ..un cri épouvanta
ble, qui s;est, dit-on, entendu d'une extrémité
dà Râlais.; à l'autre,,et : elle chancelle,: elle
yépait de rpcefoir de l'hornioe à genoux un
coup de poignard si . fortSïient donné de bas
en hauty que, malgré les .vètemens si épais,
en velour et tjn datoas; d'un jour de céré
monie , î malgré des. vètemens de dessous,
- malgré le■ corsety le poignard avait tout trân-
ctfé et était eytre de huit.^ignes dans le bàs
: du ventre au-dessus de.l'aine. . ...... '
; « jîeurs, infâme L» avait dit l'homme, en
frappant. Aux cris.de la reine, .vingt.per
sonnes se 'précipitent, le roi lire son épée.
Le comte de Piuo-Hermoso, que sa charge
de mayordome-major fixe derrière la rei
ne, étend léseras, est assez heuréùx pour
pârer le second coup "qui :était destiné à cette
princesse, etalçs doigts, dit-on.presque cou
pés. Ea reine étaitentrée dans Ta galerie, belle
et radieuse de contentement et ae bonheur ;
elle était heureuse de la fête du jour et se
proposait d'y prendrejoyeuseméntpart. Elle
marchait ayant saille entre elle et le roi, la
" jpuue princesse, était portée sur un coussin
par èa grande-maîtresse, la belle marquise
de Povaj;, l'une des plus gracieuses personnes
de la cour. Une seconde, un' inîtant rapide
comme la pensée, a suffi pour changer tout
ce magnifique tableau en une scène de dé
sordre et de confusion impossible à décrire.
Au cri de la reine, et : au momeùt où vingt,
cent personnes peut-être se précipitent les
unes vers die, les autres sur l'assassin, Mme
de Povar se trouble, éprouve une crise ner
veuse, la jeune princesse glisse de son cous
sin et tombe!'Sa nourrice, qui suivait,.là
grande-maîtresse, pressée par la foule,était al
lée tomber évanouie dans un coin. EnfiD, lors
qu'il est possible de se recorinattrè un peu,
on transporte la reine dans sa chambre;
' ." '-rg, -,
son pi^mîer mot est : ma fille! Alors .on la
i-etrpu^e, dit-on, dans la'galerio; où un hal-
lebarclier L'avait ràmasséeot la tenait dans ses
bràsV "
^tBS^sin reaime et impassible
"au milieu de ce tumulte, il est reconnu se
nommer Martin Meri'no, prêtre, ex-vicaire
de la paroisse Saint» Sébastien , âgé de
soixante-trois anSj né à Arnero, dans la
Rioja. Il a dit ce matin la messe à la pa
roisse Saint r Ginès.—«Vous n'êtes pas un prê
tre, vous êtes un misérable et un infâme ! »
lui dit le vénérable abbé Cesso, aumônier
de la reine, évêque de Séleucie, je crois.
« Eminence,' les infâmes, lui répond-il,
sont ceux qui, du matin au soir, cliantentles
louanges des mai très de cette maison.» Ame-,
né au corps-de-garde des hallebardiers, il s'as
seoit devant le brasero;, paraît très calme et as
sez indifférent à ce qui l'entoure. Il regrette de
n'avoir pas réussi. Il a répondu que son arr
me n'était point èmpoisonhée; cette arme est
un poignard d'Albacette ? dont la lame a dix
pouces dé long; il l'a, dit-il, achetée le mar
lin. Interrogé s'il n'avait pas de complice, il
a dit qu'il était séul, et qu'il n'avait confié
sbn.projet à personne; mais qrfil était bien
à regretier que l'Espagne .n'eût.pas dix hom
mes résolus commè lui, parce Qu'alors l'Eu-
rojie'serait bientôt heureuse. , . -.j .
... Voilà : cft qu'il y a. d'à peu-près vrai-jus^
qu'à présent sur l'es mille et un récits.qui
circulent. Je vous laisse à penser l'effet pro
duit sur la foule qui était partout pour voir
ce cortège; en quelques instan's la nouvelle
de cèt événement , a été répandue avec une'
rapidité électrique. Personne n'y à cru sur
le premier réciti-ua pfêtre de soixante-trois
ans assassin d'une reine de vingt-deux !...
Autant de mots, autant d'idées qui heurtent
pronon-
sé parla
reine j fait craindre,.qu'il n^. ait eu quel
que lésion.organique.: A la suite de cette
crainte, voyez se dérouler toiites -les appré
hensions politiques; vous pouvez les résumer
d'un mot, une régence de dix-huit ans sûr
la tête d'un enfant de six semaines. Vien
nent. ensuite les souvenirs', les prédictions si
nistres : « Elle accouchera, a dit ia Sœur, la
»,: Monja Patrocinio, mais/elle ne vivra pas.»
Vous,savez sans doute, .ce que c'est que la
Monja Pratrocinio. C'es.t une religieuse sortie
il y -a quelques années de son couvent, avant
toutes les plaies du Sauveur, ouvertessûr
ses membres ; depuis lors .cette femme est
restée à la cour et est en" grande vénération
pour quelques personnes..,
■ Puis voici venir les discussions. .De quel
parti est l'aisàssin ? Il est carliste, disent les
uns; il était moine franciscain ,♦ il a, émi-
gré'en France en 1823, il a'été, compris dans
la convention de Bergàrà.' Il est'démagogue,
disent les àutres, et les quelques paroles; qu'on
lui attribue le prouvent assez. Quant aux
gens sensés, ils ne voient en lui qu'un fanati
que qui appartient au parti des assassins.
Voi là tou l ce que j'ai p u recueillir sur le
moment; digne d^'rôus être mandé. Malheu
reusement l'heure est passée, et ma lettre né
partira.que demain dans l'après-midi.
3 février, â quatre heures dû soir.
La blessure est plus grave qu'on lie l'avait,
d'abord pensé; ce n'est pas sept à huit lignfes
de profondeur qu'on lui donne, mais sejat à
huit lignes de largeur ; ce qui, rapproche de
la longueur de la lame du poignard, faitsup-
poser une profondeur de plus de deux pou
ces. .
» Des bulletins publiés hier à six heures
du^oir, à onze heures, et ce matin à cinq
heures., disent.-que la rèine est calmp et
qu'elle a passé une assez bonne nuit;-% pa
raît qu'elle est dans un état, norj pas inté
ressant, mais périodiquement- critique, ce
qui rend les méde'ciris encore plus circons
pects.
. » Hijer soir, à neuf heures, l'afcassin â été
transféré du palais à la prison publique du
Saladero, et sans Tes forces assez imposantes
qn'on avait réunies pour le protéger, lepeu-
plelui eût fait un, mauvais parti. C'est un
n'ayant que des cheveux blancs, et le bas de
la figure terminé assez brusquement en
pointe..
P. S. En allant porter ma lettre àlà poste^ J j
je fencontrequelqu'unqfui'sortd'erà cfià'MrPe
de la reine; à cette heure les nouvelles sont
tristes; il paraît que le péritoine ft été traver-
sée par'trois polices de la lame du poignard^
et quoi qu'en disent les bulletins, elle a été
très agitée toute la nuit,_ et n'a pu dormir
un peu qu'à force d'opium. On va même jus
qu'à redouter une triste issue d'ici à cinq à
six jours. m ,
.Voici les premiers bulleiins publiés par
un supplément extraordinaire à la Gazette
officielle de" Madrid/du 2 :
' ARTICLE OFFICIEL.
Un fait sans exemple dans nos annales
est arrivé aujourd'hui..Au moment où LL.
MM. sortaient de la çhâpejle,royale, pour se
rendre à Atochà, un scélérat a attenté à la
précieuse vie de S» M. la reine. •. .y ■
Voici le bulletin des médecins de S. M. :
Au président du conseil des ministres.
• « Excellence, aujourd'hui à une heure un quart,
au moment où la reine sortait de la chapelle royale,
et traversait la galerie de .droite, elle à reçu une
blessure qui, après avoir effleuré, l'avant-bràs droit f
èc trouve â la partie, moyçnrie; antérieure et supé
rieure de Hhypocondre du même côté ;. elle a de
sept à huit lignes dans son diamètre transversal.
» Nous vous tommuniquons cetté nouvelle avec
la plus profonde douleur, en exécution de notre
devoir.
» Dieu vous garde J «
» Madrid, '2 février. ' _ " •
». JUAîr- FRANCISCO SANCHÊZ , JUAN
DRH1HENT, DIONISIO SOLIS. »
D'après la déclaration verbale desmédecins,
la blessure àe paraît pas avoir Jusqu'ici- de
gravité. La reine est remplie de courage et
tranquille. L'agresseur est arrêté et là cause
«'instruit activement. . *
A.onzé heures du soir, le premier .méde
cin delà reine.a fait passer, au sommeiller de
corps de S. M., le bulletin suivant qu'il a
transmis au président du conseil :
« Après la disparition des symptômes spasmodi-
quès ordinaires dans les premiers mom'éns, là reine
est entrée dans une-réaction, et elle a passé plu
sieurs instans parfaitement-tranquille, 'Actuelle
ment elle est très calme. ,
« , *j v i «
» Dieu vous garde"! ■ ' .
» Au palais, le 2 février 1852.
» Lè sduc de hijar, marquis d'okani.
»' lu président du conseil. »
Nouveau bulletin, à cinq heu/res dû mâtin.
»La réaction continue; Elle est accompagnée d'u
ne abondante transpiration. S.'M. a dormi une
grande partie de la nuit. Elle n'a pas, ressenti "de
douleurs lii 'de graves, incommodités'.Jfy/ dg'.la,
régularité'dans l'exercice des plus importantes
fonctions de l'économie vitale. ; 'i,
■» Dieu'vous garde!
n Âu palais,' le .3 fevrreiy^ ' ^ -j
» te dùç'de, HÎJAR.
» Au président du conseil des ministres. »
Un supplément extraordinaire -à la Gazette
d'aujourd'hui contient.ee nouveau bulletin 1 :
PRÉSipENCE DU CONSEIL DES MINISTRES.
Le président du cpriseil des . ministres a
reçu le bulletin suivant :
Sommellerie de corps de S. M■.
« Les médecins-chirurgiens de la reine mandent,
à onze heures, ce qui suit :
» S. M. a passé la matinée avec tranquillité. La
fièvre et l'inflammation locale,, toutesdeux inévi-
.tables en. pareil cas, sont modéi;ées. Je vous trans
mets cette nouyelle pourautres efiCcts qu'il appartiendra. ■ ' ......
» Dieu v.ous garde longues années! . t
» Au palais, le 3 février 1852. ,, *
» duc de hijar , marquis d'Oranic
» Au ministre des finances, président du con
seil des'ministres. »
Là fjeine . fiyant parfaitement réposé plu- ,
sîéurs heures," tout indique qup les suites de
sajolessùre n'oiTrironf aucun danger. ,
.§. M- est dans un état si satisfaisant qu'on
a pu la changer de lit. Il reste encore une ,
J lég
j au
I . coi
légère inflammation à lg.. blessure,-mais^ saris
•au(jupe êjuftipufàtiori, ce qui" est côljsgïéçéj
comme ^piT ëVmptômé très satisfaisant par :
Ife-médfeiî'S'-ôrdinaires-tlieS:"^!-.""' *
Au. moment où la reine a été frappée, le
premier cri lui fut arraché, non par la dou
leur, mais par" l'inquiétude maternelle. Ma
fille ! ma -fille-! ( mi nija ! mi nihàf) s'écria-
t-elle, en regardant la" princesse que portait
Cntre ses bras la marquise de Povar.
Presque tout Madrid s'est inscrit, aujour
d'hui au palais sur.-les listes tde'la r-eine, du
ïoij de l'infante, duchesse de.Moptpensier, de
la reine Alarie-Christine, et même de l'infant
don François de Paule, .père du roi. Le mi
nistre des affaires éJLrangèrçs, qui n'ai,pas
quitté le palais, pe^rt à peine répondre à
toutes les persqnn,çg^ides d'avoir des nou
velles de la précieuse iganté de .la reiné. Le
télégraphe ne cesse, ,pas de jouer pour por
ter, soit dans les prp^inces, soit à l'étranger,
desi détails sur la santé de la reine. ,, •.
IJi'er trois ministfpç, MM. jBravp-Murillo,
Beltran-de-Lis et Reynoso, ont passé la nuit
àu palais. ;r
Aujourd'hui ce sera le tour des trois autres
ministres.
Lès fêtes royales à l'occasion de la nais-
sancé de la princesse sont suspendues.. '
Les. sénateurs et députés se sont réunis
dans: leurs chambres respectives pour.signer
une adresse de. félicitations à S. M., protégée
par la Providence contre les coups du régi
cide.,. ' - A
Hier, tous les théâtres ont fait relâche.
Le juge de pTéiftîerè îïïs E ïq ce' dû "^district
du palais, Pedro-Nolasco Aurioles, qui ins
truit la cause contre le régicî3è Martin Me-
rino,. a donné avis au ministre de grâce et
jflstice que l'instruction était achevée etéfait
transmise au propoteur fiscal pour formuler
l'acte d'accusation. . ., . .
L'assassin continue de se retrancher dans
une taciturnité affectée,' mais son attitude
trahit ,1e cynisme lé p]us ; révoltant. , ' .
. On,dit qu'avant quarante-huit heures•J'as-
sassin (à qui Id, reine eût voulu, faire grâce)
aura subi le châtiment de son crime. ■
, VHeràïdo du 3 fait le,récit,suivant de l'at
tentat sur là persoiiné'de la reine v
Lç,s hallebardiei's formaient la baie» dans toute
l'étendue dfi la galerie que devait traverser.S. M.,
et. le nombre .des curieux qui ,se groupaient der
rière. eux pour v,oir,;passer S. M> était: con
sidérable.. Cette -affluence de monde .retardait la
marche du cortège, qui çtait obligé de s'arrêter
dé temps? en temps. On etUit arrivé dans la par
tie de la galerie sur laquelle donnent les fe
nêtres dq la salle des hallebardiers ; S.M;;
- la reine, sur le visage de laquelle baillait la joie
la plus pure, parlait au roi et appelait son atten
tion sur;la foule' qui empêchait le.nonce de S. S.
de se placer à son côté comme elle le ! désirait. En
ce moment; un homme, vêtu d'habits de prêtre
dans uii assez mauvais état, et qui'se'trôuvait en--
tre.deux hallebardiers, s'approcha dé la reine, s'in
clina comme pourjlui baiser- la 'main, et ceuï qta'i .
l'observèrent crurent que c'était une dés nombreu
ses personnes qui -saisissaient cette occasion poiir
remettre.deB:- placets à fr. M. Cet homme était le
cégicide qui, tirant de-dessous sa soutane iin poi
gnard, en iporta^un coup à S. M., au côté droit.
La lame pénétra au-dessous de la dernière côte,' à
huit/lignes en arrière, suivant le rapport des mé
decins. .. ■ ' 1 -
;.» S j M. poussa un grand cri qui remplit d'épou
vante toi.s ceux qui" l'entendirent lin retirant le
poignard delà blessure,'l'assassin en fit une au
tre, légère au bras de S;- M. et laissa tomber son
arme. Le Tégioide, croyant avoir trié S. M.*; décria
avec une joie féroce : Tiens, en voilàassez [l'oma! '
ya uenes bas tante!)-Lu - .reine, appuya sur le mur°
de droite dé la galerie, la main qu'elle avait appli
quée sur la blessure, couverte de"sang,- tt fut sou
tenue par le roi 11 les autres membres tfe'îâffamille
royale. 1 Ceci j se passait un peu ava'pt.ûrie 'heure un
quart. Peindre i'alavme, iiï.'terreur f : ^in(li^iiatioii ;
qui se dessinaient sur les "visages 4es itiembrçs de"
la famille royale-et dé tous les assHtans est.une'
chose au-dessus "dé nos forces. La première excla
mation que fit S. M. après:le'cri que ïui arracha
la douleur de la blessurè fut :'Ma fille.! L'officiét
des hallebardiers, M. Mencos,'prit "aussitôt la jeune
princesse des bras de la marquise de. Povar, et l'é-'
leva, afin que S. M. et Jout le monde vjl que ^au
guste princesse ne courait aucun danger. .
d La reine fut transportée dans ses appart'emeris;"
pendant le trajet-, les cris dé vive la reine ! 'pous
sés avec le. plus - grand enthousiasmé, ne cessèrent
de se faire entendre. S. M., à chaque, instant, de
mandait sàfille, craignant sans douté qu'il nélu'i ar
rivât quelque malheur, et'chaque fois la-marquise
de Povar la présentait à S. M. pour la tranquilliser.
; Ea entrait dâùisaiHaihljre, S. iL 'éut'uri évànôuîssè-;
.ment gui dura plusfj'ùn quaf J-d'h<3ite.^es méfkçifls j
exa"fninérent çijor^ablessure, duvheureusçjnûn^ ne]
.parut'pas ètré ^riVe.
•même, ils ordonnèrent une saignée, et une trans-j
piration aboiidaote se aéclara,.ce qui fut jugé par
les médecins comme'le meilleur symptôme, f^çs
premières paroles que prononçaS-'JM. én revenant
à elle, furent les suivantes : « Qu'on ne le tué pas
à qause ,de. moi l» ("Que no h Noble cœur ,de reine et dé fçmme, qui,, ayant fie'.
penser â elle, pensé à sauver d'un châtiment mé-.
rité ses plus criielsennetnis!. / • ; ••
» Suivant ce .que nous, avons' appris à la der
nière, heure, ,l'état 4e S. ftl. est satisfaisant,, et.il y
a lieu d'espérer que la blessure sera regardée, com
me peu grave. 11 paraît que le poignard a rencon
tré une des baleines du corset de S. M., ce qui a
empêché l'arme de pénétrer, aussi ayant que le
faisait craindre la violeucé du . coup. -L'arme
avec laquelle cet horrible crime â été consom
mé est un .poignard- ordinaire d'Albàcète. La
lame est à jour,,.très effilée^ le .jin^nche .en corn,e i
blanche ct la gaine en, fçr^ L'assassin a été,£on-1
du'it au quartier du sergent' dés haliebdrdiér^; ,
il feignit d'abord la plus grande surprise,'essayant :
de, nier son criçne et demanda pourquoi on l'avait,
arrêté. Au. milieu, de la confusion, . et.grâce à son :
'caractère sacerdotal, peut-être lui âurait-il'étë fa- i
cile de faire croire à sou- innocence-; tnârs'vâyarit j
commencé, à,le fo.uiller, on,tr.QU«r«.la,gpîïi!s4u.-poi- i
passible
pluç grande tranquillité : «C-'est bien,! .c'est moi J#
«L 'adjudant des hallebardiers dressa le premier
interrogatoire. L'assassin-déclara se nommer don
... qui lui l'ut-laite. _ ...... ..
Quelque paroisse,' il répondit:Non!je suis-sàïtïrq-
banque - et- ' J<3 TàtS<.dfr l'tuïe r â Pautrei ' Entre àiftreg
choses,- il déclara , qu'en ^sortant le matin de sa
maison, i,l avait juré 4e .n'y rentrer qu'après avoir
tué la rpine..; qu'il., avait acheté : depuis 4ongi-
temps le poigiiard poui' assassiner S.,M. la^eine^
mère et lç duc de ,Valence : qu'alors il n'y .avait '
aucun intérêt â ( tuer la reine parce qu'elle était
trop jéiine; ét que bien qu'elle fut reine, en y.erlù
de la,déclaration des cortès, cela était confraîre à
la loi; que son but'.était de rendre service à l'hu
manité,; et comme on insistait vivement pour; qu'il
déclarât :s'il avait des complices, il; dit,que nonj
niais que s'il.y lavait idouze hommes comme lui le
sort du genre humain serait autre.....
» Le régicide est,, de , haut,e siatnrç,.,il vdst brun
de visage, chaiive ex ayant quelques cheveuxbiauçs.
Sa physionomie n'a rien de remarquable ; il parait
Avoir huit S neuf ans de moins que son âge. fl s'as
sit avec line brutale in'diïïéreri'c'e près d'un brâsëro.
ll.croyaiti que lareine' était morte, ce qui tend ait
son cplme .enpore plus renoussdnt. Un grand nom4
bre.de.personnes.sprijt allées le..voir, entre,'autrès
l'archevêque de Tplède qu'il regarda rie ha.ut;çnbas
avec le plus profond, dédain,. L'abbé de la .Granja,
poussé par unp ]ust,ê indignation,, l'appela prêtre
indigne ; il lui répondit par les plus horribles in
sultes. " • : -
, » Laicausé a été remise hier entre les mains de
M. Aurioles, juge'de première instance, et l'assas
sin a Qté transporté, dès le soir mémo, à la prison
du Saladero.,Les idébats seront^ très, intéressans,
pàrçe qu'un paragraphe xle l'article 19, dq ,la Cons-;
tituti^u déclare qu'au sénat appartient de copnair ■
tre des'délits graves commis contre la personne du
roi. »
Voici .quelquçs détails. ■ biographiques sur
l'assassin, que nous trouvons dans la Espana:
« Il s'appelle don Martin Hdérinoy est né à Arnedo,
provincede Logrono. il a soixaritè-trois ans, est
grand, coloré de figure, a les Cheveux entièrement
blancs U est de ponstitutioa robuste. Il était reli
gieux, franciscain de la réforme deiSan-Uiego ; mais,
ne pouvant supporter,une^vie pauvret la sujétion
du cloître, il démanda et,obtint, en I8?t , sa sécu
larisation. On assure qu'à cette époque,, il donna
des preuves réitérées de son fanatisme, politique,.
peu en rapport avec son caractère sacerdotal, et l'on
ajoute même-que, dans "une émeute, il parut le"
poignard-d'unemain et la Constitution de l'autre,
menaçant,1eroi,Ferdinand;.; - ...
» Pour-ce fait et. 1 , d'.ântrts analogues,- il- ne se ■
crut plus -en sûrete en Espagne, -à-la chute du ( ré
gime constitutionnel, £t priL ie,parti. d'émigrer, qn
France, où il obtint, aù bo'ut de quelque temps,
,une place dans une paroisse, s'occupànt, en outre,.
de donner des leçons.'d'espagnol. Il parvint à réu
nir. une somme d'argent considérable, par des
moyens qu'on i n'a jamais- expliqués d'une manière
satisfaisante. Bien qu'en 1832, la reine 'Christine.
eût ouvert les, portes.de la patrie ,àt, tous, les. mal-,
heureux exilés , .Mérino ne, rentra ,en Espagne ,
qu'en }8ïl. .Arrivé p. Madritl,,,'il- fu^ attache à la
paroisse de^àint-Sébasiïén jusqu'ên 1.844, époque;
à laqùélle ! il passa dans celle de San-Millàn., <^et
homme, détenteur de sommes considérables dont
on-ignore l'origine, faisait des prêts à des moines
déeloîtrés, 'besogneux, exigeant des intérêts ex'or-s
bitans et faisant.-de l'usure. Il en résulta ;pour li4i'
■ ■■<-. 1.1.» '> >1.i'i:t> ■) »Q' f.'t .'H'; ; ' t jx't
diverses; al tççpations, et uuô fois, aoK
soûj'flçte.,, ,, •. , /j ikJ i>
■J Jj'L'àutorité. Iccl^siàstique ,1'etivoya .
-tcutfie paroisse. Tèri%3cé-que{l ? oii'sâi v t , .dèïui indique
uii; homme intolérant, irascible, querelleur. Aïl'ec-
tant une instruction qu'il, n'avait pas, ïil souteoàît
souvent dès tlièses excentriques; il était (presque
toujours seul'^ans qu'on lui copnût des amis Véri
tables.; Il demeurait rue du Triomphe, 2, au deuxiè
me,, étage. "Il allait tous les jo.urs au cabinet rielec-
tù're de Saint-Philippe, où^.il parcourait avec avi
dité tous les journàiii. Depuis le' coiip d'Etal du
•2 décembre, ori a remarqué qu'il étaitdevénû iftec-
cupé,.silencieux et quelquefois .exalté-. Quelques
mots sans'liaison, prononcés d'un ton fatiflig,up,
ont' révélé à des persoiirieà qui l'ériiendai'ént
qu'il méditait depuis long-temps un ciimioel pro
jet. » , ■ 2."fJ '
DÉPÊCIIE TÉLÉGRAPHIQUE t)E* '
BEHOBIE.
Madrid^ le 7 février, 2'h. 1/2 du soir.
Cette après-ïnidi, à une heyre un quart, le
çriininel qui à at'tenté à la vie de la reine à
été extécuté. ' ..
La lu tte des, ouvriers mécaniciens contre
les fabricans, touche à sonterme, èt le ré
sultat enost facilq à prévoir. Tous les faits-
sont venus justifier, l'énergique initiative
prise par les fabricaiis et la résistance iéses-
Çèréé qu'ils ont opposée à d'inacèeptabies
exigences.
,Si la^rève des ouvriers) mécaniciens a vi?-
yejnient,préoccupé tous les esprits en Angles
terre,-; ce n'est pas seulement parce qu'elle
est venue .après un long .intervalle de calme;
ç!est surtoutparce qu'ellea pris un caractère
inconnu jusqu'alors dans ces sortes de môuve-
mens, etparce qu'elle a été, combinée avec une
grande habileté et conduite avec une décision
remarquable. Les fabricans auraient évidem-
' njent succombé, -entraînant leur industrie
dans leur ruine ; si la grandeur-du dangèr ne
leur Rivait imposé un accord nécessaire, et ne
les avait fait consentir à d'immenses sacri
fices. • , ... . I .,
, Lès mécaniciens sont le? ouvriers les mieux
payés de, toute l'Angleterre,, et depuis plu
sieurs' années leur industrie n'a. .souffert au^
çun .ciiômage- Tous les',,ouvriers avaient
donc ; des ressources personnelles quilles
mettaient en i état, de supporter plus long
temps une interruption de salaire. La so
ciété combinée disposait d'une somme - con
sidérable et elle comptait que, ses me'm-
brés'étant répartis en près ,de cent .cinquante
^UàtioE^uf Jtçu^te.îa^rfice le l'Angleter
re, l'es contributions yolontairês de ceux qui
demeurèraién t, occupés suffiraient, ample-
'ment.à soutenir leq ouvriers renvoyés par
les fabricans.,G'étaiVlà, ainsi , ; quë nousJ'a-
vons èéjâ expliqué, une organisation formi
dable, ( ét qui jurait ,eu .facilement raison de
toûte fabrique, ( isolee. Sj elle .s'est trouvée
impuissantej c'est que les fabricans ont fait
cause commune entre eux et n'ont pas re
culé devaffT les. peftes de* tou te nature que
leur, impos'àft ^abandon de leurs travaux,
pour tâ'rir par une grève générale la source
où là soci'éïé combinée comptait puiser son
principal revenu.
Cette énergique résolution des fabricans
ruina immédiatement le, plan <ïé campuyye
de la spciét^ combinée. Lè but réel qu'elle
s'était prppo'sé était d'exclure des ateliers,
non- seulement, les simples manœuvres ern-
ployés'à faire inatciîer l'es machines, mais
même ceux des Ouvriers, mécaniciens qui
.aVàîent àpprj^leur métiér eux-mêmes, qui
ne s'étàient'pas^enirôlés dans ses rangs, qui ne
s'étaierit pas sbumis âût diverses épreuves
qu'elle impose, et.que les! règlemens de laso-
xiété corhbibée désignent sous le nom de
trayàîîleûrs illégaux (illégal Atouts). C'était
'doiïc uù véritable monopôle du travail quai
là' société combineè voulait assurer à ses,
FEUILLETON MJ CONSTITUTIONNEL, 9 FÉV.
THÉÂTRES^
La Dame aux camélias, ^par M. .Alâxandrela Dame de la Mail", par MM. Anicet Bourgeois et
Miche) Masson ; las dansores espagnolas , par MM
Bavard et Biéville; le Château ae-Grantier.
„ Je prends possession", pour la . première
fois — et la dernière -r d'un domaine qui
n'est pas le mien,"quoique j'y sois quelque-
fois entré, mais d'une tout autre façon. De
justiciable ; je deviens juge, et je vais criti
quera mon tour. Ma sou veraineté d'un jour
expire demain;maisjju'importe! Aujourd'hui
j'ai des droits superbes, comme seigneur du
feuilleton ; c'est à .moi la plus belle gerbe, etp.
En effet,, ma gerbe est opulente'; elle se
compose de càmélias, et, tout à l'heure, je*
vais emmagasiner ma récolte ; mais je vou
drais auparavant me présenter à mes nou
veaux confrères. Jjespere qu'ils ne feront pas
un trop mauvais accueil à l'intrus; le motif
[ui m'amène dans leurs rangs doit me servir
e présentation, et comme, au fond, ce sont
de bonnes gens, ils me pardonnerontd'avoir
survécu à leurs épigrammes.
M eu h fuge cruaeles terras ! fuis, malheu
reux, ces terres cruelles du -journal et ces
bords inhospitaliers, où les Thoas du feuil
leton sacrifient- tant de tragédies -naufra
gées ! Il fail beau voir un tragique manier
lourdement cette arme légère de là criti
que 5 " et assommer , en croyant les cares
ser, les vivs chansonnettes et les lestes
vaudevilles. Chacun sait qu'un tragique est
un ■ être solennel, vêtu d'un habit -noir un
peu râpé, dont le front vénérable est armé de
lunettes, qui porte des gants de fil, et qui ne
parle jamais qu'en teilles métaphores em
pruntées à la mythologie. Comment fera-t-il
pçUr être infidèle à Melpomène, et s'aventu
rer dans le -royaume des Ris et des Grâces?
Momus cachera ses grelots, et les Jeux s'en
fuiront éplorés. Tel est le style propre aux
faiseurs d<' tragédies. — En voilà assoz. line
s'agit p-as -de- moi, mais de la Dam aux Ca
mélias.
I
M. Alexandre Dumas fils porte un nom
illustre, dans les lettres , et continue digne >-
ment la gloire paternelle ; c'est un luxe pour
lui, car il aurait pu être le fils de ses œu
vres ; il avait amplement en lui-même de
3uoi conquérir la célébrité, si elle n'était pas
éjà dans son patrimoine. Je suis heureux
de constater un éclatant succès, et de saluer
à la fois lejeune homme dont je suis l 'ancien"
et le maître renomme pour qui jesuis uncons-
crit. Je me rappelle l'effet que produisait ce
nom sur nous autres collégiens ou étudians,
qui sentions s'épanouir errnous le besoin
d'admirer; nous étions enthousiastes, et nous
ne mettions pas notre orgueil à comprimer ''
nos élans et à considérer le côté pratique des '
choses. Celui de nous qui aurait pu. voir La
martine ou Hugo, celui qui aurait parlé à Du
mas, à MmeSand, à Balzac, à Janin, à Alfred
de Musset, à Alphonse Rarr, à toutes ces nou
velles gloires qui croissaient .si vigoureuse
ment sous les ardentes sympathies de la jeu
nesse, celui-là en aurait eu pour un mois en
tier à raconter samerveilleûseaventure.—Tu
l'as vu ! il t'a parlé ! que t'a-t-il dit? comr
ment est-il fait? — Ah! si on m'avait dit
alors, à cette époque où j'étais bieji loin
d'attendre, de rêver même, - une petite place'
à ce banquet de la littérature, si splendide
pour ceux qui le voient de'loin, si on m'a
vait dit qu'un jour viendrait où je ver
rais familièrement la plupart do» ces per
sonnages redoutables, quel enchantement !
quel éblouissejnent! et quelle incrédulité!
— Mais les Années passent, la jeunesse s'en
vole, et le cœur s'aigrit: Tâchons aù moins
de ne pas éteindre tout à fait en nous la fa
culté a'aimér et d'admirer; on est mort,
quand on ne sait plus que blâmer, et quand
la sécheresse a tué la sympathie.
Est-ce à-dire qu'il faut, applaudir à tout,
même à la nullité? Non certes, èt je suis
d'avis qu'on la traite sévèrement pour la dé
courager. C'est même là une manière d'ho
norer le talent ; car un éloge banal n'a plus
de prix pour personne^ et c'est n'estimer
rien qu'estimer tout le monde. Mais quand
une œuvre est douée d'une certaine puis
sance, quand on y sprit le souffle et la vie,
il ne faut pas s'acharner.aux imperfections,
les faire ressortir sur lo premier plan,.et re
léguer les bonnes choses dans l'ombre. Quelle
raison a-t-on d'outrager un homme qui
a passé victorieusement par les douleurs <^e
la 'composition,'-et. de ,1e traité? un peu plus,
mal que s'il avàit manqué à sa parole ou
ruiné deux ou trois familles?Dês qu'une beau
té éclate, mille défauts disparaissent, et c'esU
alors qu'on peut se livrer avec abandon, saris
scrupule, sans timidité, au plaisir de louer
ce qui est digne d'éloges.—Il mé.sembleau'
surplus que les écrivains ont assez d'enne
mis ailleurs, saris se faire eux-mêmes une
guerre à outrance. La littérature n'est p,as
eïi grande faveur auprès dé la bourgeoisie,
et on a eu beau la déguiser sous le nom in
génieux de commerce des lettres, cette espèce
de commerce n'a jamais été aussi <*>nsidérèé
qiie les autres. * •
Pour ma pàrt, si j'ai ènvie de louer, je suis^
servi à souhait. La Dame aux Camélias est un |
drame bien fait, bien écrit, très spirituel et |
1res émouvant. Je reviens à elle avec bon^/
heur, et cetté fois pour ne plus là quitter.
M.. Dumas a mis en scene liis loréttes; le
mot est consacré, et je.l'àdopte, sans én dori-
• ner la définition, que tout le monde connaît..
Je ne suis pas de. ceux qui reprochent à l'au
teur le choix de son -sujet. A ce compte, il
faudrait brûler Horace dont les vers les plus
gracieux chantent' Lalagé, Chloé, Lydie,
Néabule et tantd'autres qui étaient les lorettes
du quartier Capitolin. Voudriez-vous que La
Fontaine n'eût pas fait le conte de la Cour
tisane-amoureuse , et regrettez-vous les lar
mes qne vous avez données au chevalier
des Gri'eux et à Manon Lescaut? Lé Théàtre-
Fraùçais , lui-même, a l'honneur de jouer
quelquefois Turcoret,- la comédie qui appro
che le plus de celles de Molière; -vous pouvez
donc permettre aù Vaudeville de prendre
aussi, son héroïne parmi ces pécheresses
élégantes.Le draijie est partout ou est la vie,
et tout, ce qui est humairi est du domaine de ^
l'art. Montrez-moi de vraies" passions, des
liittes réelles, des"souffrances vivantes, oii des
mœurs fidèlement reproduites et des ridicu
les bien observés, j'applaudirai ; je garde :
mon mécontentement pour les caractères'
faux, les senti mens hors nature, et les situa
tions impossibles. Il n'est pas question de:
réhabiliter les courtisanes ; je, crois qu'on
abuse un peu, depuis, quelque, temps, de
cette accusation, qui supprimerait presque
tous les : poètes latins ét proscrirait Lesage et
ce que dansce inonde s'agitent des.p^sîçnsV
des luttes e,t des souffrances?,, $ans doute.
Dès lors, voilà un sujet de drame, et si le
drame est vrai, un enseignement; et l'ensei
gnement résultera de. la peinture exacte des
mœurs et dès caractères, et non de la façon
dont le poète arrange les ,£'vénemens et. ter
mine le. cinquième acte. Prenons garde, à la
pruderiel Les Français vont, .impétueuse-,
ment d'un extrême à l'autre. En 1830, on
n'aimait que les excentricités ; on était avi
de d'horreurs, il n'y avait' d'intéressant
que les gr/inds scélérats et , les. désespé
rés,, que Byron avait mis à là mode.'Au
jourd'hui on retournerait volontiers vers
Berquin et Floriau ; ou est.si fort épris des
vertus .don^éç.liques, que, non contept.de }es
"pratiquer chez soi (j'aime à le croire), on ,
veut encore les retrouver sur le théâtre, et
Qu'une pièce n'est morale ,que si. on peut -
ire du principal personnage : il fut bon ,
père, bon époux, et le reste. Eh bienl l'art
n'est ni ici, ni là; il est dans la, vérité des
choses ; il esta sa plus haute expression, dafls
le rude et franc Molière qud'immoral, à l'heure qu'il est, ét dbrit chaque
comédie vous scandaliserait a'u dernier point,
si elle était représentée pour lapremière fois
et n'avait pas pour elle l'imposant respect
des siècles. En un mot. Je théâtre n'est pas
' un pensionnat pour l'éducation des jeunes'
demoiselles,;'ç'estTaffaire des Çwtes et Con
seils à ma Fillg. Le théâtre,, ^adresse à des
gens du monde, qui ont co'iiriu la vie, et il
leur expose le plus fidèlement possible; l'état i
de la société ou le jeu des passions humai
nes. Otez-lui cette franchise et cette, sincéri-,
té, vous l'affadissez et le faites tomber en
langueur ; toute observation, toute .philoso
phie. toute poésie disparaît, et il ne reste
plus que des bergeries d'opéra-comique. ,
M. Dumas.a voulu peindrel'aniouren lut-,
te. avec le dévoùment, ^t il a choisi pour
théâtre de cette lutte le cœur d'une, lorette;
. il a.bien fait : s'il avait choisi une marquise.,
. il n'aurait pas mal .fait :io ;i plus. Tout' la
question est de savoir si le combat de la pas
sion £t du sacrifice .est ,biçn représenté, si la »
lorette parle comme doit parler une loret-
tCjiû^/Si J.a marquise, éût parlé comme doit '
paj^fdiné .marquise. Encore, dan^ice der-j
nier,'cas, lui eût-on reproché de tïafômnieri
les hantes classes de 'la::société.oGac voilà'
comme on traque l'art dramatique:ïiéfet clair
qu'il vit de contrastes et de sentimens vio- <
'lens,;.s'il- prend ses. types.là où les passions
sont plus vives, ou du moins font plus faci
lement explosion, parce qu'elles ne sont pas
gênées par les convenances sociales et-ie res- :
pect qu'on doit à son rang, .on l'accusë'ti'im-
moralité et de, réhabilitation ; s'il se tourne
du : côté de la bonne compagnie, comme il
faut bien en somme qu'il amène, des pas» "
sions et des, déchiremens, ce qui-sort de
toute nécessité du cercle > des > vertus do *• f
mestiques, il aime, à prêter des Vices et "
des crimes aux gens, comme il faut, lesquels,
comme on sait, en ont toujours été exempts. ^
De/ sorte que Racine, qui. a osé , amasser
sur la tête de Phèdre, reine d'Athènes, la
pensée de l'adultère, de l'inceste, et presque
de l'assassinat, est coûpable de déclamations
envers la bonne compagnie du temps dé Thé
sée. ï ' : ' i : . -1" t
On comprend que les poètes aient souvent
été tentés par le personnage de la courtisane
amoureuse. L'amour vrai qu'elle peut éprou
ver, et la conscience du mépris qiii pèse sur
elle, l'adoration pour un homme qui ne peut
l'estimer, et le désespoir de se sentir indi
gne de lui, ces aspirations vers k région des
nobles sentimens, et cet: opprobre ineffaça-
ble qui la relient dans son humiliation ; la
perspective toute nouvelle, et si cruellement
attrayante, d'une famille, d'un intérieur ho
noré, d'un mari qui lui donnerait son nom,
d'enfans dont , elle ne rougirait pas, et qui
ne rougiraient pas d'elle, et l'impossibi
lité absolue d'entrer jamais dans ce pa
radis terrestre, où son regard jaloux peut
apercevoir le sourire des jeunes mères ;
le dégoût subit dont elle se- prend "pour
ce luxe chèrement acheté, ce-bruit, ces fo
lies, ces fêtes, ce tumulte où elle étourdissait
auparavant ses regrets et ses réflexions; la
joie .^supportable de ses ancienne amies,
lfturs sarcasmes troublant st-s recu^ilk-nens
inaccoutumés ; l'incrédulité que reàcofltre
partout sa transformation, toute cette succes
sion d'espérances, d'amertumes, de bonheur-
entrevus; de réalités invincibles, tout cela do-'
miné par une'passion profonde, est assuré- '
mentiïne source de contrasteset de situations"
dramatiques; qn'peutdéchaîner tousles orages
dans ce cœur bouleversé, et ■ l'ester cepen
dant toujours dans la nature et dans la
vérité; on .peut imaginer enfin qii'après bien '
des combàtS, ! le dévoùment triomphé; que,
plutôt que d'entraîner son amant loin du
moilde et de l'estiine publique, elle renonce
à lui et le force à renoncer à elle; que; pour
se "dérober à sa poursuite, elle s'envelop
pe dans I'igiïominie, et se-rejette, seule
et désespéree^ dans le gouffre infâme où
la mort viendra bientôt à son secours. Je
ne dis pas que ce dé'noûment ne soit pas •
un peu romanesque ; je crois bien que dans
la vie réelle les choses ne se passeraient pas
ainsi ;.je. doute qù'ùne femme ait le courage-
de s'àvilir ou seulement de paraître s 'avilir
pour détacher d'elle son amant : le remède
jest trop énergique, et l'amour sera trop sûre
ment éteint; ce courage, une femme qp peu
pas, ne doit pas' l'avoir; "qu'elle se d,évoue, à
la boiine heure ! qu'elle quittepourjamais ce
lui qu'elle aime, sachant bien qu'elle lui laissé
àtt fond du cœur, lin long et tendre sou
venir, voilà ce ■ qùi est possible. Le reste est
au-dessus des forcés humaines, et ne pour
rait être justifié, dàris tous les cas, que par
d'absolues nécessités; or, je ne vois pas
précisément ces raisons, tellement, impé
rieuses, < dàns la pièce de M. Dumas. Ma
non se vendait, tout en aimant Desgrieux ;
màis Manon n'aimait pas pàssionnément
Desgrieuxelle lui préférait le bien-être •
et même le luxe; c'est Desgrieux qui aimait
Manon. Marguerite , au contraire (c'est le
iiom de la dame aux camélias), aime Armand
de toutes les forces de son ame; non-seule-*
meùt elle est devenue insensible auj jouis
sances du luxe, mais ces meubles somp tueQx,
ces splendides appàrtemens, toutes ces élé
gances qui l'environnent et quilui semblaient
jadis si nécessaires à Ja vie d'une jolie femme,
tout celalui rappelle un passé odieux et lui fait
horreur. Elle ne veut que la solitude avec
'Armand'; elle fait lé rêve de Jean-Jaçques :
une maisonnette blanche, avec des contre-
BURMVl î rue de r«ïots*(PaIaIs-lloyal), ti' ÎO.
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ry «il» » %
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185-2. - LUNDI 9 FÉVRIER*.
PIUS DS ï.'ASONWEMEWT "
mur Paris et les département :
;jiois iioxi- 12 *V| st^jiirbis.. 22Ȕ
• -■ , dm ». ' ,t
four les EAYâ ÊTHANGKRS, se reporter
au tableau qui 3614 publié dans lé journal,
les 10 -et 85 de chaque niolÀ
Let abonnement datent des 1" tt 16
■àe chaque moit.
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S'adresser, franco, pour la rédaction, à .MI B onifà C e.'
- Les articles dépos'ès ne sont pas rendus
* * . . j : \> — i -» .* : : f :. - " • ' *
JOUMALPOLITIQUE, tàTTÉRAIRE, UNIVERSEL.
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I Qns'abmndans (esidépartemens, atix Meî$agerieshtmq\IHréctitm déposiez—A Londres, chçz MM. Gowiï e£ ïiis.* :,i , 4 . ÉfanjSOj' po&e ÇïW^îN,
*- — A Strasbourg, -chez IL AnXANDfes, 'twttr l'Aflenmne. , -,-i ,| Les ànflonces-sont reçues au bureau du journalV^'cbèzM.'P^lS.r'êpsséw;-!#, pj
1 , fi.'iï I.\l ' i *
- i f.sl q J' ' 'i'
■'■Jj.';!-'.\V 1M Sî.
PARIS- 8 FÉVRIER.
' ; Nous publions plus loin les renseignement
donnés parla Gazette de Madrid et parTèT
autres journaux dé cetté capitale, sur l'atten-
Aat du a féyrier.
îïous faisons précéder ces extraits d'un
9éttre die Madrid commencée le 2, sous la
première impression de l'événement, et ter
minée le 3." Cette correspondance a naturel
lement une liberté d'allure qu'on ne retrôu-
-*e pas dans les récits des journaux, tenus à
une plus grande résérve.
"■ Nos lecteurs, en lisant cette lettre, feront
la part du laisser-aller naturel chez un Fran
çais qui écrit à un Français; mais ils iront
avec intérêt ce récit tolxt palpitant .de l'émo
tion de celui
! ! : Madrid, 2 février, â cinq heures
. du soir..
• •*' Mon cher ami,
; Le télégraphe ét les courriers d'ambàs-
"sade sont sans doute déjà en mouvement pour
, porter à l'Europe ^tonnée là nouvelle extraor
dinaire de l'événement qui, vient d'arriver
• ici ;*mais peut-être serai-je à temps de vous
donner quelques détails,
Aujourd'hui ^oule la ville était çur pied
-dès le matin» Madrid avait revêtu ses plus rir
ches tentures de soie et d'or, dans- les rueS
où devait passer le cortège de la reine se
"rendant au couvent d'Atocha, pour y célé
brer ses relevailltis. Les troupes faisaient la
îiaiè, depuis le palais; dans les rues Mayor,
■d'Alcala, San r Jeronimo, tout avait un air de
îête de famille.
- A une hèure et demie, 1» rèine venait d'en
tendre la messe dans la.chapelle dii çliàtea'u;
iiîë traversait là galerie droite, encombrée
de visiteurs munis de billets, elle allait
. venir à Atochâ.. Dans, cette galerie, les
hftllebardierstprmaientia haie, à très peu de
. distance l'un deJ'autre. A peine la reiùe a t-
«11e fait'quelques pas, qu'elle s'arrête vers
tin .'bënime velu du costume ecclésiastique,
qui avaifrmis-un genou en terre. La reine a
dû penser ( que çpt homme voulait, ou lui
l^aisër la n^aip, ou lui. remettre .un placet.
Âîijmpimeat . oil elle tend la ,inain, l'homme
s'eii. saisit ,(^e là main gauche; à. cet ins
tant, la princesse jette ..un cri épouvanta
ble, qui s;est, dit-on, entendu d'une extrémité
dà Râlais.; à l'autre,,et : elle chancelle,: elle
yépait de rpcefoir de l'hornioe à genoux un
coup de poignard si . fortSïient donné de bas
en hauty que, malgré les .vètemens si épais,
en velour et tjn datoas; d'un jour de céré
monie , î malgré des. vètemens de dessous,
- malgré le■ corsety le poignard avait tout trân-
ctfé et était eytre de huit.^ignes dans le bàs
: du ventre au-dessus de.l'aine. . ...... '
; « jîeurs, infâme L» avait dit l'homme, en
frappant. Aux cris.de la reine, .vingt.per
sonnes se 'précipitent, le roi lire son épée.
Le comte de Piuo-Hermoso, que sa charge
de mayordome-major fixe derrière la rei
ne, étend léseras, est assez heuréùx pour
pârer le second coup "qui :était destiné à cette
princesse, etalçs doigts, dit-on.presque cou
pés. Ea reine étaitentrée dans Ta galerie, belle
et radieuse de contentement et ae bonheur ;
elle était heureuse de la fête du jour et se
proposait d'y prendrejoyeuseméntpart. Elle
marchait ayant saille entre elle et le roi, la
" jpuue princesse, était portée sur un coussin
par èa grande-maîtresse, la belle marquise
de Povaj;, l'une des plus gracieuses personnes
de la cour. Une seconde, un' inîtant rapide
comme la pensée, a suffi pour changer tout
ce magnifique tableau en une scène de dé
sordre et de confusion impossible à décrire.
Au cri de la reine, et : au momeùt où vingt,
cent personnes peut-être se précipitent les
unes vers die, les autres sur l'assassin, Mme
de Povar se trouble, éprouve une crise ner
veuse, la jeune princesse glisse de son cous
sin et tombe!'Sa nourrice, qui suivait,.là
grande-maîtresse, pressée par la foule,était al
lée tomber évanouie dans un coin. EnfiD, lors
qu'il est possible de se recorinattrè un peu,
on transporte la reine dans sa chambre;
' ." '-rg, -,
son pi^mîer mot est : ma fille! Alors .on la
i-etrpu^e, dit-on, dans la'galerio; où un hal-
lebarclier L'avait ràmasséeot la tenait dans ses
bràsV "
^tBS^sin reaime et impassible
"au milieu de ce tumulte, il est reconnu se
nommer Martin Meri'no, prêtre, ex-vicaire
de la paroisse Saint» Sébastien , âgé de
soixante-trois anSj né à Arnero, dans la
Rioja. Il a dit ce matin la messe à la pa
roisse Saint r Ginès.—«Vous n'êtes pas un prê
tre, vous êtes un misérable et un infâme ! »
lui dit le vénérable abbé Cesso, aumônier
de la reine, évêque de Séleucie, je crois.
« Eminence,' les infâmes, lui répond-il,
sont ceux qui, du matin au soir, cliantentles
louanges des mai très de cette maison.» Ame-,
né au corps-de-garde des hallebardiers, il s'as
seoit devant le brasero;, paraît très calme et as
sez indifférent à ce qui l'entoure. Il regrette de
n'avoir pas réussi. Il a répondu que son arr
me n'était point èmpoisonhée; cette arme est
un poignard d'Albacette ? dont la lame a dix
pouces dé long; il l'a, dit-il, achetée le mar
lin. Interrogé s'il n'avait pas de complice, il
a dit qu'il était séul, et qu'il n'avait confié
sbn.projet à personne; mais qrfil était bien
à regretier que l'Espagne .n'eût.pas dix hom
mes résolus commè lui, parce Qu'alors l'Eu-
rojie'serait bientôt heureuse. , . -.j .
... Voilà : cft qu'il y a. d'à peu-près vrai-jus^
qu'à présent sur l'es mille et un récits.qui
circulent. Je vous laisse à penser l'effet pro
duit sur la foule qui était partout pour voir
ce cortège; en quelques instan's la nouvelle
de cèt événement , a été répandue avec une'
rapidité électrique. Personne n'y à cru sur
le premier réciti-ua pfêtre de soixante-trois
ans assassin d'une reine de vingt-deux !...
Autant de mots, autant d'idées qui heurtent
pronon-
sé parla
reine j fait craindre,.qu'il n^. ait eu quel
que lésion.organique.: A la suite de cette
crainte, voyez se dérouler toiites -les appré
hensions politiques; vous pouvez les résumer
d'un mot, une régence de dix-huit ans sûr
la tête d'un enfant de six semaines. Vien
nent. ensuite les souvenirs', les prédictions si
nistres : « Elle accouchera, a dit ia Sœur, la
»,: Monja Patrocinio, mais/elle ne vivra pas.»
Vous,savez sans doute, .ce que c'est que la
Monja Pratrocinio. C'es.t une religieuse sortie
il y -a quelques années de son couvent, avant
toutes les plaies du Sauveur, ouvertessûr
ses membres ; depuis lors .cette femme est
restée à la cour et est en" grande vénération
pour quelques personnes..,
■ Puis voici venir les discussions. .De quel
parti est l'aisàssin ? Il est carliste, disent les
uns; il était moine franciscain ,♦ il a, émi-
gré'en France en 1823, il a'été, compris dans
la convention de Bergàrà.' Il est'démagogue,
disent les àutres, et les quelques paroles; qu'on
lui attribue le prouvent assez. Quant aux
gens sensés, ils ne voient en lui qu'un fanati
que qui appartient au parti des assassins.
Voi là tou l ce que j'ai p u recueillir sur le
moment; digne d^'rôus être mandé. Malheu
reusement l'heure est passée, et ma lettre né
partira.que demain dans l'après-midi.
3 février, â quatre heures dû soir.
La blessure est plus grave qu'on lie l'avait,
d'abord pensé; ce n'est pas sept à huit lignfes
de profondeur qu'on lui donne, mais sejat à
huit lignes de largeur ; ce qui, rapproche de
la longueur de la lame du poignard, faitsup-
poser une profondeur de plus de deux pou
ces. .
» Des bulletins publiés hier à six heures
du^oir, à onze heures, et ce matin à cinq
heures., disent.-que la rèine est calmp et
qu'elle a passé une assez bonne nuit;-% pa
raît qu'elle est dans un état, norj pas inté
ressant, mais périodiquement- critique, ce
qui rend les méde'ciris encore plus circons
pects.
. » Hijer soir, à neuf heures, l'afcassin â été
transféré du palais à la prison publique du
Saladero, et sans Tes forces assez imposantes
qn'on avait réunies pour le protéger, lepeu-
plelui eût fait un, mauvais parti. C'est un
n'ayant que des cheveux blancs, et le bas de
la figure terminé assez brusquement en
pointe..
P. S. En allant porter ma lettre àlà poste^ J j
je fencontrequelqu'unqfui'sortd'erà cfià'MrPe
de la reine; à cette heure les nouvelles sont
tristes; il paraît que le péritoine ft été traver-
sée par'trois polices de la lame du poignard^
et quoi qu'en disent les bulletins, elle a été
très agitée toute la nuit,_ et n'a pu dormir
un peu qu'à force d'opium. On va même jus
qu'à redouter une triste issue d'ici à cinq à
six jours. m ,
.Voici les premiers bulleiins publiés par
un supplément extraordinaire à la Gazette
officielle de" Madrid/du 2 :
' ARTICLE OFFICIEL.
Un fait sans exemple dans nos annales
est arrivé aujourd'hui..Au moment où LL.
MM. sortaient de la çhâpejle,royale, pour se
rendre à Atochà, un scélérat a attenté à la
précieuse vie de S» M. la reine. •. .y ■
Voici le bulletin des médecins de S. M. :
Au président du conseil des ministres.
• « Excellence, aujourd'hui à une heure un quart,
au moment où la reine sortait de la chapelle royale,
et traversait la galerie de .droite, elle à reçu une
blessure qui, après avoir effleuré, l'avant-bràs droit f
èc trouve â la partie, moyçnrie; antérieure et supé
rieure de Hhypocondre du même côté ;. elle a de
sept à huit lignes dans son diamètre transversal.
» Nous vous tommuniquons cetté nouvelle avec
la plus profonde douleur, en exécution de notre
devoir.
» Dieu vous garde J «
» Madrid, '2 février. ' _ " •
». JUAîr- FRANCISCO SANCHÊZ , JUAN
DRH1HENT, DIONISIO SOLIS. »
D'après la déclaration verbale desmédecins,
la blessure àe paraît pas avoir Jusqu'ici- de
gravité. La reine est remplie de courage et
tranquille. L'agresseur est arrêté et là cause
«'instruit activement. . *
A.onzé heures du soir, le premier .méde
cin delà reine.a fait passer, au sommeiller de
corps de S. M., le bulletin suivant qu'il a
transmis au président du conseil :
« Après la disparition des symptômes spasmodi-
quès ordinaires dans les premiers mom'éns, là reine
est entrée dans une-réaction, et elle a passé plu
sieurs instans parfaitement-tranquille, 'Actuelle
ment elle est très calme. ,
« , *j v i «
» Dieu vous garde"! ■ ' .
» Au palais, le 2 février 1852.
» Lè sduc de hijar, marquis d'okani.
»' lu président du conseil. »
Nouveau bulletin, à cinq heu/res dû mâtin.
»La réaction continue; Elle est accompagnée d'u
ne abondante transpiration. S.'M. a dormi une
grande partie de la nuit. Elle n'a pas, ressenti "de
douleurs lii 'de graves, incommodités'.Jfy/ dg'.la,
régularité'dans l'exercice des plus importantes
fonctions de l'économie vitale. ; 'i,
■» Dieu'vous garde!
n Âu palais,' le .3 fevrreiy^ ' ^ -j
» te dùç'de, HÎJAR.
» Au président du conseil des ministres. »
Un supplément extraordinaire -à la Gazette
d'aujourd'hui contient.ee nouveau bulletin 1 :
PRÉSipENCE DU CONSEIL DES MINISTRES.
Le président du cpriseil des . ministres a
reçu le bulletin suivant :
Sommellerie de corps de S. M■.
« Les médecins-chirurgiens de la reine mandent,
à onze heures, ce qui suit :
» S. M. a passé la matinée avec tranquillité. La
fièvre et l'inflammation locale,, toutesdeux inévi-
.tables en. pareil cas, sont modéi;ées. Je vous trans
mets cette nouyelle pour
» Dieu v.ous garde longues années! . t
» Au palais, le 3 février 1852. ,, *
» duc de hijar , marquis d'Oranic
» Au ministre des finances, président du con
seil des'ministres. »
Là fjeine . fiyant parfaitement réposé plu- ,
sîéurs heures," tout indique qup les suites de
sajolessùre n'oiTrironf aucun danger. ,
.§. M- est dans un état si satisfaisant qu'on
a pu la changer de lit. Il reste encore une ,
J lég
j au
I . coi
légère inflammation à lg.. blessure,-mais^ saris
•au(jupe êjuftipufàtiori, ce qui" est côljsgïéçéj
comme ^piT ëVmptômé très satisfaisant par :
Ife-médfeiî'S'-ôrdinaires-tlieS:"^!-.""' *
Au. moment où la reine a été frappée, le
premier cri lui fut arraché, non par la dou
leur, mais par" l'inquiétude maternelle. Ma
fille ! ma -fille-! ( mi nija ! mi nihàf) s'écria-
t-elle, en regardant la" princesse que portait
Cntre ses bras la marquise de Povar.
Presque tout Madrid s'est inscrit, aujour
d'hui au palais sur.-les listes tde'la r-eine, du
ïoij de l'infante, duchesse de.Moptpensier, de
la reine Alarie-Christine, et même de l'infant
don François de Paule, .père du roi. Le mi
nistre des affaires éJLrangèrçs, qui n'ai,pas
quitté le palais, pe^rt à peine répondre à
toutes les persqnn,çg^ides d'avoir des nou
velles de la précieuse iganté de .la reiné. Le
télégraphe ne cesse, ,pas de jouer pour por
ter, soit dans les prp^inces, soit à l'étranger,
desi détails sur la santé de la reine. ,, •.
IJi'er trois ministfpç, MM. jBravp-Murillo,
Beltran-de-Lis et Reynoso, ont passé la nuit
àu palais. ;r
Aujourd'hui ce sera le tour des trois autres
ministres.
Lès fêtes royales à l'occasion de la nais-
sancé de la princesse sont suspendues.. '
Les. sénateurs et députés se sont réunis
dans: leurs chambres respectives pour.signer
une adresse de. félicitations à S. M., protégée
par la Providence contre les coups du régi
cide.,. ' - A
Hier, tous les théâtres ont fait relâche.
Le juge de pTéiftîerè îïïs E ïq ce' dû "^district
du palais, Pedro-Nolasco Aurioles, qui ins
truit la cause contre le régicî3è Martin Me-
rino,. a donné avis au ministre de grâce et
jflstice que l'instruction était achevée etéfait
transmise au propoteur fiscal pour formuler
l'acte d'accusation. . ., . .
L'assassin continue de se retrancher dans
une taciturnité affectée,' mais son attitude
trahit ,1e cynisme lé p]us ; révoltant. , ' .
. On,dit qu'avant quarante-huit heures•J'as-
sassin (à qui Id, reine eût voulu, faire grâce)
aura subi le châtiment de son crime. ■
, VHeràïdo du 3 fait le,récit,suivant de l'at
tentat sur là persoiiné'de la reine v
Lç,s hallebardiei's formaient la baie» dans toute
l'étendue dfi la galerie que devait traverser.S. M.,
et. le nombre .des curieux qui ,se groupaient der
rière. eux pour v,oir,;passer S. M> était: con
sidérable.. Cette -affluence de monde .retardait la
marche du cortège, qui çtait obligé de s'arrêter
dé temps? en temps. On etUit arrivé dans la par
tie de la galerie sur laquelle donnent les fe
nêtres dq la salle des hallebardiers ; S.M;;
- la reine, sur le visage de laquelle baillait la joie
la plus pure, parlait au roi et appelait son atten
tion sur;la foule' qui empêchait le.nonce de S. S.
de se placer à son côté comme elle le ! désirait. En
ce moment; un homme, vêtu d'habits de prêtre
dans uii assez mauvais état, et qui'se'trôuvait en--
tre.deux hallebardiers, s'approcha dé la reine, s'in
clina comme pourjlui baiser- la 'main, et ceuï qta'i .
l'observèrent crurent que c'était une dés nombreu
ses personnes qui -saisissaient cette occasion poiir
remettre.deB:- placets à fr. M. Cet homme était le
cégicide qui, tirant de-dessous sa soutane iin poi
gnard, en iporta^un coup à S. M., au côté droit.
La lame pénétra au-dessous de la dernière côte,' à
huit/lignes en arrière, suivant le rapport des mé
decins. .. ■ ' 1 -
;.» S j M. poussa un grand cri qui remplit d'épou
vante toi.s ceux qui" l'entendirent lin retirant le
poignard delà blessure,'l'assassin en fit une au
tre, légère au bras de S;- M. et laissa tomber son
arme. Le Tégioide, croyant avoir trié S. M.*; décria
avec une joie féroce : Tiens, en voilàassez [l'oma! '
ya uenes bas tante!)-Lu - .reine, appuya sur le mur°
de droite dé la galerie, la main qu'elle avait appli
quée sur la blessure, couverte de"sang,- tt fut sou
tenue par le roi 11 les autres membres tfe'îâffamille
royale. 1 Ceci j se passait un peu ava'pt.ûrie 'heure un
quart. Peindre i'alavme, iiï.'terreur f : ^in(li^iiatioii ;
qui se dessinaient sur les "visages 4es itiembrçs de"
la famille royale-et dé tous les assHtans est.une'
chose au-dessus "dé nos forces. La première excla
mation que fit S. M. après:le'cri que ïui arracha
la douleur de la blessurè fut :'Ma fille.! L'officiét
des hallebardiers, M. Mencos,'prit "aussitôt la jeune
princesse des bras de la marquise de. Povar, et l'é-'
leva, afin que S. M. et Jout le monde vjl que ^au
guste princesse ne courait aucun danger. .
d La reine fut transportée dans ses appart'emeris;"
pendant le trajet-, les cris dé vive la reine ! 'pous
sés avec le. plus - grand enthousiasmé, ne cessèrent
de se faire entendre. S. M., à chaque, instant, de
mandait sàfille, craignant sans douté qu'il nélu'i ar
rivât quelque malheur, et'chaque fois la-marquise
de Povar la présentait à S. M. pour la tranquilliser.
; Ea entrait dâùisaiHaihljre, S. iL 'éut'uri évànôuîssè-;
.ment gui dura plusfj'ùn quaf J-d'h<3ite.^es méfkçifls j
exa"fninérent çijor^ablessure, duvheureusçjnûn^ ne]
.parut'pas ètré ^riVe.
•même, ils ordonnèrent une saignée, et une trans-j
piration aboiidaote se aéclara,.ce qui fut jugé par
les médecins comme'le meilleur symptôme, f^çs
premières paroles que prononçaS-'JM. én revenant
à elle, furent les suivantes : « Qu'on ne le tué pas
à qause ,de. moi l» ("Que no h
penser â elle, pensé à sauver d'un châtiment mé-.
rité ses plus criielsennetnis!. / • ; ••
» Suivant ce .que nous, avons' appris à la der
nière, heure, ,l'état 4e S. ftl. est satisfaisant,, et.il y
a lieu d'espérer que la blessure sera regardée, com
me peu grave. 11 paraît que le poignard a rencon
tré une des baleines du corset de S. M., ce qui a
empêché l'arme de pénétrer, aussi ayant que le
faisait craindre la violeucé du . coup. -L'arme
avec laquelle cet horrible crime â été consom
mé est un .poignard- ordinaire d'Albàcète. La
lame est à jour,,.très effilée^ le .jin^nche .en corn,e i
blanche ct la gaine en, fçr^ L'assassin a été,£on-1
du'it au quartier du sergent' dés haliebdrdiér^; ,
il feignit d'abord la plus grande surprise,'essayant :
de, nier son criçne et demanda pourquoi on l'avait,
arrêté. Au. milieu, de la confusion, . et.grâce à son :
'caractère sacerdotal, peut-être lui âurait-il'étë fa- i
cile de faire croire à sou- innocence-; tnârs'vâyarit j
commencé, à,le fo.uiller, on,tr.QU«r«.la,gpîïi!s4u.-poi- i
passible
pluç grande tranquillité : «C-'est bien,! .c'est moi J#
«L 'adjudant des hallebardiers dressa le premier
interrogatoire. L'assassin-déclara se nommer don
... qui lui l'ut-laite. _ ...... ..
Quelque paroisse,' il répondit:Non!je suis-sàïtïrq-
banque - et- ' J<3 TàtS<.dfr l'tuïe r â Pautrei ' Entre àiftreg
choses,- il déclara , qu'en ^sortant le matin de sa
maison, i,l avait juré 4e .n'y rentrer qu'après avoir
tué la rpine..; qu'il., avait acheté : depuis 4ongi-
temps le poigiiard poui' assassiner S.,M. la^eine^
mère et lç duc de ,Valence : qu'alors il n'y .avait '
aucun intérêt â ( tuer la reine parce qu'elle était
trop jéiine; ét que bien qu'elle fut reine, en y.erlù
de la,déclaration des cortès, cela était confraîre à
la loi; que son but'.était de rendre service à l'hu
manité,; et comme on insistait vivement pour; qu'il
déclarât :s'il avait des complices, il; dit,que nonj
niais que s'il.y lavait idouze hommes comme lui le
sort du genre humain serait autre.....
» Le régicide est,, de , haut,e siatnrç,.,il vdst brun
de visage, chaiive ex ayant quelques cheveuxbiauçs.
Sa physionomie n'a rien de remarquable ; il parait
Avoir huit S neuf ans de moins que son âge. fl s'as
sit avec line brutale in'diïïéreri'c'e près d'un brâsëro.
ll.croyaiti que lareine' était morte, ce qui tend ait
son cplme .enpore plus renoussdnt. Un grand nom4
bre.de.personnes.sprijt allées le..voir, entre,'autrès
l'archevêque de Tplède qu'il regarda rie ha.ut;çnbas
avec le plus profond, dédain,. L'abbé de la .Granja,
poussé par unp ]ust,ê indignation,, l'appela prêtre
indigne ; il lui répondit par les plus horribles in
sultes. " • : -
, » Laicausé a été remise hier entre les mains de
M. Aurioles, juge'de première instance, et l'assas
sin a Qté transporté, dès le soir mémo, à la prison
du Saladero.,Les idébats seront^ très, intéressans,
pàrçe qu'un paragraphe xle l'article 19, dq ,la Cons-;
tituti^u déclare qu'au sénat appartient de copnair ■
tre des'délits graves commis contre la personne du
roi. »
Voici .quelquçs détails. ■ biographiques sur
l'assassin, que nous trouvons dans la Espana:
« Il s'appelle don Martin Hdérinoy est né à Arnedo,
provincede Logrono. il a soixaritè-trois ans, est
grand, coloré de figure, a les Cheveux entièrement
blancs U est de ponstitutioa robuste. Il était reli
gieux, franciscain de la réforme deiSan-Uiego ; mais,
ne pouvant supporter,une^vie pauvret la sujétion
du cloître, il démanda et,obtint, en I8?t , sa sécu
larisation. On assure qu'à cette époque,, il donna
des preuves réitérées de son fanatisme, politique,.
peu en rapport avec son caractère sacerdotal, et l'on
ajoute même-que, dans "une émeute, il parut le"
poignard-d'unemain et la Constitution de l'autre,
menaçant,1eroi,Ferdinand;.; - ...
» Pour-ce fait et. 1 , d'.ântrts analogues,- il- ne se ■
crut plus -en sûrete en Espagne, -à-la chute du ( ré
gime constitutionnel, £t priL ie,parti. d'émigrer, qn
France, où il obtint, aù bo'ut de quelque temps,
,une place dans une paroisse, s'occupànt, en outre,.
de donner des leçons.'d'espagnol. Il parvint à réu
nir. une somme d'argent considérable, par des
moyens qu'on i n'a jamais- expliqués d'une manière
satisfaisante. Bien qu'en 1832, la reine 'Christine.
eût ouvert les, portes.de la patrie ,àt, tous, les. mal-,
heureux exilés , .Mérino ne, rentra ,en Espagne ,
qu'en }8ïl. .Arrivé p. Madritl,,,'il- fu^ attache à la
paroisse de^àint-Sébasiïén jusqu'ên 1.844, époque;
à laqùélle ! il passa dans celle de San-Millàn., <^et
homme, détenteur de sommes considérables dont
on-ignore l'origine, faisait des prêts à des moines
déeloîtrés, 'besogneux, exigeant des intérêts ex'or-s
bitans et faisant.-de l'usure. Il en résulta ;pour li4i'
■ ■■<-. 1.1.» '> >1.i'i:t> ■) »Q' f.'t .'H'; ; ' t jx't
diverses; al tççpations, et uuô fois, aoK
soûj'flçte.,, ,, •. , /j ikJ i>
■J Jj'L'àutorité. Iccl^siàstique ,1'etivoya .
-tcutfie paroisse. Tèri%3cé-que{l ? oii'sâi v t , .dèïui indique
uii; homme intolérant, irascible, querelleur. Aïl'ec-
tant une instruction qu'il, n'avait pas, ïil souteoàît
souvent dès tlièses excentriques; il était (presque
toujours seul'^ans qu'on lui copnût des amis Véri
tables.; Il demeurait rue du Triomphe, 2, au deuxiè
me,, étage. "Il allait tous les jo.urs au cabinet rielec-
tù're de Saint-Philippe, où^.il parcourait avec avi
dité tous les journàiii. Depuis le' coiip d'Etal du
•2 décembre, ori a remarqué qu'il étaitdevénû iftec-
cupé,.silencieux et quelquefois .exalté-. Quelques
mots sans'liaison, prononcés d'un ton fatiflig,up,
ont' révélé à des persoiirieà qui l'ériiendai'ént
qu'il méditait depuis long-temps un ciimioel pro
jet. » , ■ 2."fJ '
DÉPÊCIIE TÉLÉGRAPHIQUE t)E* '
BEHOBIE.
Madrid^ le 7 février, 2'h. 1/2 du soir.
Cette après-ïnidi, à une heyre un quart, le
çriininel qui à at'tenté à la vie de la reine à
été extécuté. ' ..
La lu tte des, ouvriers mécaniciens contre
les fabricans, touche à sonterme, èt le ré
sultat enost facilq à prévoir. Tous les faits-
sont venus justifier, l'énergique initiative
prise par les fabricaiis et la résistance iéses-
Çèréé qu'ils ont opposée à d'inacèeptabies
exigences.
,Si la^rève des ouvriers) mécaniciens a vi?-
yejnient,préoccupé tous les esprits en Angles
terre,-; ce n'est pas seulement parce qu'elle
est venue .après un long .intervalle de calme;
ç!est surtoutparce qu'ellea pris un caractère
inconnu jusqu'alors dans ces sortes de môuve-
mens, etparce qu'elle a été, combinée avec une
grande habileté et conduite avec une décision
remarquable. Les fabricans auraient évidem-
' njent succombé, -entraînant leur industrie
dans leur ruine ; si la grandeur-du dangèr ne
leur Rivait imposé un accord nécessaire, et ne
les avait fait consentir à d'immenses sacri
fices. • , ... . I .,
, Lès mécaniciens sont le? ouvriers les mieux
payés de, toute l'Angleterre,, et depuis plu
sieurs' années leur industrie n'a. .souffert au^
çun .ciiômage- Tous les',,ouvriers avaient
donc ; des ressources personnelles quilles
mettaient en i état, de supporter plus long
temps une interruption de salaire. La so
ciété combinée disposait d'une somme - con
sidérable et elle comptait que, ses me'm-
brés'étant répartis en près ,de cent .cinquante
^UàtioE^uf Jtçu^te.îa^rfice le l'Angleter
re, l'es contributions yolontairês de ceux qui
demeurèraién t, occupés suffiraient, ample-
'ment.à soutenir leq ouvriers renvoyés par
les fabricans.,G'étaiVlà, ainsi , ; quë nousJ'a-
vons èéjâ expliqué, une organisation formi
dable, ( ét qui jurait ,eu .facilement raison de
toûte fabrique, ( isolee. Sj elle .s'est trouvée
impuissantej c'est que les fabricans ont fait
cause commune entre eux et n'ont pas re
culé devaffT les. peftes de* tou te nature que
leur, impos'àft ^abandon de leurs travaux,
pour tâ'rir par une grève générale la source
où là soci'éïé combinée comptait puiser son
principal revenu.
Cette énergique résolution des fabricans
ruina immédiatement le, plan <ïé campuyye
de la spciét^ combinée. Lè but réel qu'elle
s'était prppo'sé était d'exclure des ateliers,
non- seulement, les simples manœuvres ern-
ployés'à faire inatciîer l'es machines, mais
même ceux des Ouvriers, mécaniciens qui
.aVàîent àpprj^leur métiér eux-mêmes, qui
ne s'étàient'pas^enirôlés dans ses rangs, qui ne
s'étaierit pas sbumis âût diverses épreuves
qu'elle impose, et.que les! règlemens de laso-
xiété corhbibée désignent sous le nom de
trayàîîleûrs illégaux (illégal Atouts). C'était
'doiïc uù véritable monopôle du travail quai
là' société combineè voulait assurer à ses,
FEUILLETON MJ CONSTITUTIONNEL, 9 FÉV.
THÉÂTRES^
La Dame aux camélias, ^par M. .Alâxandre
Miche) Masson ; las dansores espagnolas , par MM
Bavard et Biéville; le Château ae-Grantier.
„ Je prends possession", pour la . première
fois — et la dernière -r d'un domaine qui
n'est pas le mien,"quoique j'y sois quelque-
fois entré, mais d'une tout autre façon. De
justiciable ; je deviens juge, et je vais criti
quera mon tour. Ma sou veraineté d'un jour
expire demain;maisjju'importe! Aujourd'hui
j'ai des droits superbes, comme seigneur du
feuilleton ; c'est à .moi la plus belle gerbe, etp.
En effet,, ma gerbe est opulente'; elle se
compose de càmélias, et, tout à l'heure, je*
vais emmagasiner ma récolte ; mais je vou
drais auparavant me présenter à mes nou
veaux confrères. Jjespere qu'ils ne feront pas
un trop mauvais accueil à l'intrus; le motif
[ui m'amène dans leurs rangs doit me servir
e présentation, et comme, au fond, ce sont
de bonnes gens, ils me pardonnerontd'avoir
survécu à leurs épigrammes.
M eu h fuge cruaeles terras ! fuis, malheu
reux, ces terres cruelles du -journal et ces
bords inhospitaliers, où les Thoas du feuil
leton sacrifient- tant de tragédies -naufra
gées ! Il fail beau voir un tragique manier
lourdement cette arme légère de là criti
que 5 " et assommer , en croyant les cares
ser, les vivs chansonnettes et les lestes
vaudevilles. Chacun sait qu'un tragique est
un ■ être solennel, vêtu d'un habit -noir un
peu râpé, dont le front vénérable est armé de
lunettes, qui porte des gants de fil, et qui ne
parle jamais qu'en teilles métaphores em
pruntées à la mythologie. Comment fera-t-il
pçUr être infidèle à Melpomène, et s'aventu
rer dans le -royaume des Ris et des Grâces?
Momus cachera ses grelots, et les Jeux s'en
fuiront éplorés. Tel est le style propre aux
faiseurs d<' tragédies. — En voilà assoz. line
s'agit p-as -de- moi, mais de la Dam aux Ca
mélias.
I
M. Alexandre Dumas fils porte un nom
illustre, dans les lettres , et continue digne >-
ment la gloire paternelle ; c'est un luxe pour
lui, car il aurait pu être le fils de ses œu
vres ; il avait amplement en lui-même de
3uoi conquérir la célébrité, si elle n'était pas
éjà dans son patrimoine. Je suis heureux
de constater un éclatant succès, et de saluer
à la fois lejeune homme dont je suis l 'ancien"
et le maître renomme pour qui jesuis uncons-
crit. Je me rappelle l'effet que produisait ce
nom sur nous autres collégiens ou étudians,
qui sentions s'épanouir errnous le besoin
d'admirer; nous étions enthousiastes, et nous
ne mettions pas notre orgueil à comprimer ''
nos élans et à considérer le côté pratique des '
choses. Celui de nous qui aurait pu. voir La
martine ou Hugo, celui qui aurait parlé à Du
mas, à MmeSand, à Balzac, à Janin, à Alfred
de Musset, à Alphonse Rarr, à toutes ces nou
velles gloires qui croissaient .si vigoureuse
ment sous les ardentes sympathies de la jeu
nesse, celui-là en aurait eu pour un mois en
tier à raconter samerveilleûseaventure.—Tu
l'as vu ! il t'a parlé ! que t'a-t-il dit? comr
ment est-il fait? — Ah! si on m'avait dit
alors, à cette époque où j'étais bieji loin
d'attendre, de rêver même, - une petite place'
à ce banquet de la littérature, si splendide
pour ceux qui le voient de'loin, si on m'a
vait dit qu'un jour viendrait où je ver
rais familièrement la plupart do» ces per
sonnages redoutables, quel enchantement !
quel éblouissejnent! et quelle incrédulité!
— Mais les Années passent, la jeunesse s'en
vole, et le cœur s'aigrit: Tâchons aù moins
de ne pas éteindre tout à fait en nous la fa
culté a'aimér et d'admirer; on est mort,
quand on ne sait plus que blâmer, et quand
la sécheresse a tué la sympathie.
Est-ce à-dire qu'il faut, applaudir à tout,
même à la nullité? Non certes, èt je suis
d'avis qu'on la traite sévèrement pour la dé
courager. C'est même là une manière d'ho
norer le talent ; car un éloge banal n'a plus
de prix pour personne^ et c'est n'estimer
rien qu'estimer tout le monde. Mais quand
une œuvre est douée d'une certaine puis
sance, quand on y sprit le souffle et la vie,
il ne faut pas s'acharner.aux imperfections,
les faire ressortir sur lo premier plan,.et re
léguer les bonnes choses dans l'ombre. Quelle
raison a-t-on d'outrager un homme qui
a passé victorieusement par les douleurs <^e
la 'composition,'-et. de ,1e traité? un peu plus,
mal que s'il avàit manqué à sa parole ou
ruiné deux ou trois familles?Dês qu'une beau
té éclate, mille défauts disparaissent, et c'esU
alors qu'on peut se livrer avec abandon, saris
scrupule, sans timidité, au plaisir de louer
ce qui est digne d'éloges.—Il mé.sembleau'
surplus que les écrivains ont assez d'enne
mis ailleurs, saris se faire eux-mêmes une
guerre à outrance. La littérature n'est p,as
eïi grande faveur auprès dé la bourgeoisie,
et on a eu beau la déguiser sous le nom in
génieux de commerce des lettres, cette espèce
de commerce n'a jamais été aussi <*>nsidérèé
qiie les autres. * •
Pour ma pàrt, si j'ai ènvie de louer, je suis^
servi à souhait. La Dame aux Camélias est un |
drame bien fait, bien écrit, très spirituel et |
1res émouvant. Je reviens à elle avec bon^/
heur, et cetté fois pour ne plus là quitter.
M.. Dumas a mis en scene liis loréttes; le
mot est consacré, et je.l'àdopte, sans én dori-
• ner la définition, que tout le monde connaît..
Je ne suis pas de. ceux qui reprochent à l'au
teur le choix de son -sujet. A ce compte, il
faudrait brûler Horace dont les vers les plus
gracieux chantent' Lalagé, Chloé, Lydie,
Néabule et tantd'autres qui étaient les lorettes
du quartier Capitolin. Voudriez-vous que La
Fontaine n'eût pas fait le conte de la Cour
tisane-amoureuse , et regrettez-vous les lar
mes qne vous avez données au chevalier
des Gri'eux et à Manon Lescaut? Lé Théàtre-
Fraùçais , lui-même, a l'honneur de jouer
quelquefois Turcoret,- la comédie qui appro
che le plus de celles de Molière; -vous pouvez
donc permettre aù Vaudeville de prendre
aussi, son héroïne parmi ces pécheresses
élégantes.Le draijie est partout ou est la vie,
et tout, ce qui est humairi est du domaine de ^
l'art. Montrez-moi de vraies" passions, des
liittes réelles, des"souffrances vivantes, oii des
mœurs fidèlement reproduites et des ridicu
les bien observés, j'applaudirai ; je garde :
mon mécontentement pour les caractères'
faux, les senti mens hors nature, et les situa
tions impossibles. Il n'est pas question de:
réhabiliter les courtisanes ; je, crois qu'on
abuse un peu, depuis, quelque, temps, de
cette accusation, qui supprimerait presque
tous les : poètes latins ét proscrirait Lesage et
ce que dansce inonde s'agitent des.p^sîçnsV
des luttes e,t des souffrances?,, $ans doute.
Dès lors, voilà un sujet de drame, et si le
drame est vrai, un enseignement; et l'ensei
gnement résultera de. la peinture exacte des
mœurs et dès caractères, et non de la façon
dont le poète arrange les ,£'vénemens et. ter
mine le. cinquième acte. Prenons garde, à la
pruderiel Les Français vont, .impétueuse-,
ment d'un extrême à l'autre. En 1830, on
n'aimait que les excentricités ; on était avi
de d'horreurs, il n'y avait' d'intéressant
que les gr/inds scélérats et , les. désespé
rés,, que Byron avait mis à là mode.'Au
jourd'hui on retournerait volontiers vers
Berquin et Floriau ; ou est.si fort épris des
vertus .don^éç.liques, que, non contept.de }es
"pratiquer chez soi (j'aime à le croire), on ,
veut encore les retrouver sur le théâtre, et
Qu'une pièce n'est morale ,que si. on peut -
ire du principal personnage : il fut bon ,
père, bon époux, et le reste. Eh bienl l'art
n'est ni ici, ni là; il est dans la, vérité des
choses ; il esta sa plus haute expression, dafls
le rude et franc Molière qud'immoral, à l'heure qu'il est, ét dbrit chaque
comédie vous scandaliserait a'u dernier point,
si elle était représentée pour lapremière fois
et n'avait pas pour elle l'imposant respect
des siècles. En un mot. Je théâtre n'est pas
' un pensionnat pour l'éducation des jeunes'
demoiselles,;'ç'estTaffaire des Çwtes et Con
seils à ma Fillg. Le théâtre,, ^adresse à des
gens du monde, qui ont co'iiriu la vie, et il
leur expose le plus fidèlement possible; l'état i
de la société ou le jeu des passions humai
nes. Otez-lui cette franchise et cette, sincéri-,
té, vous l'affadissez et le faites tomber en
langueur ; toute observation, toute .philoso
phie. toute poésie disparaît, et il ne reste
plus que des bergeries d'opéra-comique. ,
M. Dumas.a voulu peindrel'aniouren lut-,
te. avec le dévoùment, ^t il a choisi pour
théâtre de cette lutte le cœur d'une, lorette;
. il a.bien fait : s'il avait choisi une marquise.,
. il n'aurait pas mal .fait :io ;i plus. Tout' la
question est de savoir si le combat de la pas
sion £t du sacrifice .est ,biçn représenté, si la »
lorette parle comme doit parler une loret-
tCjiû^/Si J.a marquise, éût parlé comme doit '
paj^fdiné .marquise. Encore, dan^ice der-j
nier,'cas, lui eût-on reproché de tïafômnieri
les hantes classes de 'la::société.oGac voilà'
comme on traque l'art dramatique:ïiéfet clair
qu'il vit de contrastes et de sentimens vio- <
'lens,;.s'il- prend ses. types.là où les passions
sont plus vives, ou du moins font plus faci
lement explosion, parce qu'elles ne sont pas
gênées par les convenances sociales et-ie res- :
pect qu'on doit à son rang, .on l'accusë'ti'im-
moralité et de, réhabilitation ; s'il se tourne
du : côté de la bonne compagnie, comme il
faut bien en somme qu'il amène, des pas» "
sions et des, déchiremens, ce qui-sort de
toute nécessité du cercle > des > vertus do *• f
mestiques, il aime, à prêter des Vices et "
des crimes aux gens, comme il faut, lesquels,
comme on sait, en ont toujours été exempts. ^
De/ sorte que Racine, qui. a osé , amasser
sur la tête de Phèdre, reine d'Athènes, la
pensée de l'adultère, de l'inceste, et presque
de l'assassinat, est coûpable de déclamations
envers la bonne compagnie du temps dé Thé
sée. ï ' : ' i : . -1" t
On comprend que les poètes aient souvent
été tentés par le personnage de la courtisane
amoureuse. L'amour vrai qu'elle peut éprou
ver, et la conscience du mépris qiii pèse sur
elle, l'adoration pour un homme qui ne peut
l'estimer, et le désespoir de se sentir indi
gne de lui, ces aspirations vers k région des
nobles sentimens, et cet: opprobre ineffaça-
ble qui la relient dans son humiliation ; la
perspective toute nouvelle, et si cruellement
attrayante, d'une famille, d'un intérieur ho
noré, d'un mari qui lui donnerait son nom,
d'enfans dont , elle ne rougirait pas, et qui
ne rougiraient pas d'elle, et l'impossibi
lité absolue d'entrer jamais dans ce pa
radis terrestre, où son regard jaloux peut
apercevoir le sourire des jeunes mères ;
le dégoût subit dont elle se- prend "pour
ce luxe chèrement acheté, ce-bruit, ces fo
lies, ces fêtes, ce tumulte où elle étourdissait
auparavant ses regrets et ses réflexions; la
joie .^supportable de ses ancienne amies,
lfturs sarcasmes troublant st-s recu^ilk-nens
inaccoutumés ; l'incrédulité que reàcofltre
partout sa transformation, toute cette succes
sion d'espérances, d'amertumes, de bonheur-
entrevus; de réalités invincibles, tout cela do-'
miné par une'passion profonde, est assuré- '
mentiïne source de contrasteset de situations"
dramatiques; qn'peutdéchaîner tousles orages
dans ce cœur bouleversé, et ■ l'ester cepen
dant toujours dans la nature et dans la
vérité; on .peut imaginer enfin qii'après bien '
des combàtS, ! le dévoùment triomphé; que,
plutôt que d'entraîner son amant loin du
moilde et de l'estiine publique, elle renonce
à lui et le force à renoncer à elle; que; pour
se "dérober à sa poursuite, elle s'envelop
pe dans I'igiïominie, et se-rejette, seule
et désespéree^ dans le gouffre infâme où
la mort viendra bientôt à son secours. Je
ne dis pas que ce dé'noûment ne soit pas •
un peu romanesque ; je crois bien que dans
la vie réelle les choses ne se passeraient pas
ainsi ;.je. doute qù'ùne femme ait le courage-
de s'àvilir ou seulement de paraître s 'avilir
pour détacher d'elle son amant : le remède
jest trop énergique, et l'amour sera trop sûre
ment éteint; ce courage, une femme qp peu
pas, ne doit pas' l'avoir; "qu'elle se d,évoue, à
la boiine heure ! qu'elle quittepourjamais ce
lui qu'elle aime, sachant bien qu'elle lui laissé
àtt fond du cœur, lin long et tendre sou
venir, voilà ce ■ qùi est possible. Le reste est
au-dessus des forcés humaines, et ne pour
rait être justifié, dàris tous les cas, que par
d'absolues nécessités; or, je ne vois pas
précisément ces raisons, tellement, impé
rieuses, < dàns la pièce de M. Dumas. Ma
non se vendait, tout en aimant Desgrieux ;
màis Manon n'aimait pas pàssionnément
Desgrieuxelle lui préférait le bien-être •
et même le luxe; c'est Desgrieux qui aimait
Manon. Marguerite , au contraire (c'est le
iiom de la dame aux camélias), aime Armand
de toutes les forces de son ame; non-seule-*
meùt elle est devenue insensible auj jouis
sances du luxe, mais ces meubles somp tueQx,
ces splendides appàrtemens, toutes ces élé
gances qui l'environnent et quilui semblaient
jadis si nécessaires à Ja vie d'une jolie femme,
tout celalui rappelle un passé odieux et lui fait
horreur. Elle ne veut que la solitude avec
'Armand'; elle fait lé rêve de Jean-Jaçques :
une maisonnette blanche, avec des contre-
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