Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-02-08
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 février 1852 08 février 1852
Description : 1852/02/08 (Numéro 39). 1852/02/08 (Numéro 39).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 59.
UCHKAITX i rue
1852. — DIMANCHE 8 FÉVRIER.
PAIX i>È I.ABONIÏ1EMENT
j pour Parps et les dépat'temtns.:
TROIS MOIS. -12 F. I SIX «OIS.. 22 F.
'DR- 41.... 4® ».•
. potin i.fis pats ÉTai^GERS, se reporter
au tableau qui serapubliédans le journal,
s 10 et ÏS de chaij.uâ moi?.
te) abonnemzns datent des 1 er et 16
- ' ; • de-chaque mots.
:S'adresser , franco, pour la rêdkctit», 'à,
: Les articles'déposés nes^nt pas rendus
l|ï ' r
JOURNAL POLITIQUE
UNIVERSEL.
■Qtnitahème, darut lei département,- ait% Messageries.et.aux Directions de ppstç.~$J/m(if'6&', 'ÇflSi.' Cowue* EU.S.'
: •—A Strasbourg, chez M. Alexandre, pour 1'A.Mfmagne. *ï , i i*" :
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'L 0 ,
S'adresser, franco, • pmtr, l'ixdmnistratiçni d M. Denàim, directeur, t -
Iles annonces, sont reçues au bureau du ]ouit(ai;itchez)¥. PANISj ijiégisp.eur, lo. pûqe doiji Bojirtf,
' ^ ' '■■■ ' - " .. ' "" iMM- .' . ». ■ • ' -.CJ»
La Gazette de Madrid qui a paru le 2 au
maii
-Tète
piia. Nous avons reçu ce matin, en même
temps que ce journal, la correspondance gé
nérale des journaux dont quelques détails se
trouvent rectifiés dans une lettre particulière
que nous donnons plus loin, et sur laquelle
nous appelons l'attention :
Voici d'abord la correspondance générale :
«Madrid, 2 février.
» Deux heures de l'après-midi. —tin évé
nement aussi douloureux qu'imprévu vient
de jeter la consternation dans la capitale.
Voici, au.milieu des versions les plus con-
traaictofres circulant sur la tentative de ré
gicide qui vient d'avoir lied, cé que nous
avons pu recueillir de plus positif : ^
» Depuis le matin, un soleil aussi brillant
qu'en juillet ou août éclairajt la capitale,qui
avait un air de fête. Une foule immense en
combrait tous les. alentours du palais et les
rues que devait parcourir le cortège royal,
depuis lë palais jusqu'à l'église d'Atochà, où
la reine Isabelle II, faisant sa première sortie,
devait accomplir son pieux pèlerinage d'ac
tions de grâces'à Notre-Dame,pour son heu-"
Yeuse délivrance. ''Les troupes formaient la
haie sur le passage du côrtége; aux fenêtres
eC balcons, partout décorés, on voyait des
daines éii élégantes toilettes. A onze heures,
la. reine Isabelle 11, tenant, dans ses bras la*
Srinçesse royale, et accompagnée et entourée
u roi et d^ toute la famille royale, s'est ren
due' dé ses'appai'teméns dans la chapelle
royale, pour y entendre la messe.
» À 'ïrne li'eiirê moins un quart; après'la
messe, la reine, tenant toujours dans ses bras
la princesse royale, a quitté la chapelle pour
rentrer dans ses appartenons, d'où elle de
vait sortir quelques momens après pour aller
à l'église d'Atochâ. A sa sortie de la chapelle
royale, un homme, revêtu d'un habit de
prêtre (vestido de cura), tenant un poi
gnard à la main, s'est rué sur la reine
et l'a frappée. La reine, à qui ce brusque
mouvement de l'assassin il'avait pas échap
pé, a poussé un cri, et elle a remis rapide
ment là princesse royale entre les mains du
roi, don t- rançois d'Assise.Le comte de Pino-
Hermoso, en arrêtant lebras del'assassin, aété
légèrement-blessé à la main. La reine a été
elle-même très légèrement" atteinte à la main.
Cette seconde blessure n'a heureusement
rien de- dangereux. Les hallebardiers se sont
aussitôt saisis,de la - personne-du misérable.
» La cérémonie qui devait avoir lieu à l'é
glise d'Atoçhs a#é«ùspendue VJ Le corps di
plomatique et les hauts dignitaires de l'Etat
qui attendaient la reine dans cette'église, se
sont empressés, ayant appris ce douloureux
événement, de revenir au palais pour félici
ter S. M. d'avoir échappé' au poignard du
régicidev 1 ~
»Le conseil'des ministres déliDèreau palais.
La justice in formé. On infligera sans doute un
châtiment exemplaire au régicide. La plupart
des troupes disposées en haie jusqu'à l'église
d'Atochâ, ont eu l'ordre de se replier sur le
palais.Dss canons ont été amenés à la Puerta
del_S0L La population de Madrid circule, dans
les riics, sil* hciéusé et consternée. Cet infâ
me attentai a changé la joie .populaire de. ce
matin en douleur mêlée d'indignation.
n'A heures.— Au moment où nous écrivons,
la reine Isabelle IL est aussi bien que possi
ble. L'empressement affectueux de sa fa
mille.et les - hommages respectueux de tout
ce qui l'entoure, l'ont rassurée et consolée,
et tous ces témoignages d'affection ont dis
sipera pénible émotion que cet événement
avait fait naître en elle.
»P-. S. Quatre heures et demie. —L'aspçcl de
la capitale est tranquille, et la plupart des
troupes rentrent dans leurs quartiers. Ou di t
que le régicide sera exécuté demain. Une :
version généralement accréditée est que cet
homme est un carliste fanatique. »
Nous extrayons d'une lettre adressée aune
personne considérable de Paris les détails
suivans do:i: aous pouvons garantir l'au
thenticité, et qui concordent parfaitement
avec les renseignemeus reçus par voie télé
graphique :
La reine sortait de la chapelle, tenant sa
fille:dans ses bras, lorsqu'elle fut accostée
par un homme-en habit ecclésiastique. Cet
homme, qui était un ancien moine (Gilito),
fit semblant de vouloir remèttre un placet à la
re. Le
reine, qqijpt un .pas; pour' le prej
moine, ihet'tant un genou en terre,£$,omme
le- veut le -cérémonial espagnol /"frappa
la reine au côté avec un poignard-'et le
Tiilifôi4WQ?*:fr8ççÊfe^inaÉfiônd; , danslèô'HrrinèftctioHSiH^'éSHl'^àséttange,- -
alors que'Ië grand maître 5e la maison
de la reine, le comte Pino-Hermoso, et
un hallebardier de la suite' royale se jetèrent
sur-l'assassin, pour l'empêcher de frapper
de nouveau la reine, et, dans la lutte, Jfe.
comte de Pino-Hermoso fut blessé à' 1$
joue. On se saisit de l'assassin, qui ne té
moigna aucun repentir et s'écria même :
Que m'importe ! je l'ai tuée. -
La reine, en se sentant frappée, ne poussa
qu'un seul cri : Ma fille, sauvez ma fille !
Suivant une autre correspondance de Ma
drid, le meurtrier serait un moine Francis
cain décloîlré. et l'un de ces prêtres belli
queux comme on en a vu prendre part
aux luttes dont l'Espagne a été le théâtre
depuis plus d'un demi-siècle. Il porterait
même un nom qui a été cruellement illus
tré par un autre ecclésiastique -. celui de
Merino. ~
On se rappelle qu'un autre régicide, Jac
ques Clément, s'était aussi agenouillé pour
frapper Henri JII.
! La dépêche suivante a été reçue de Madrid :
. « Madrid, 5 février, 9 li. du matin.
! Le rjiinistre des affaires étrangères à M. le
ministre d'Espagne.
» La reine a dormi avec tranquillité une
grande partie de la nuit, et son état est sa
tisfaisant. »
On'annonce, comme devant paraître pro
chainement, un décret relatif à la refonte
des monnaies de cuivre. Il s'agit encore
d'une question qui se traînait depuis long
temps à travers les formalités législatives,
et dont le gouvernement actuel n'aura pas
fait attendre la solution. Voilà plus de dix
ans que ce projet est à l'étude. Il a été
/ soumis à nous ne savons combien de
commissions administratives et parlemen
taires; il a été examiné sous toutes ses faces
et dans tous ses détails ; on n'accusera dionc
pas le gouvernement de ; témérité pour avoir
voulu arriver enfin à line conclusion. C'est
une mesure utile, libérale, qui sera favora
blement accueillie par toutes les classes de
la .population, et notamment.par les classes
les plus nombreuses, dont la monnaie de cui
vré est l'instrument d'échange le plus habi
tuel. -
Nous ne croyons pas qu'il y ait de pays
civilisé dans lequel la monnaie de cuivre soil
plus laide et plus défectueuse qu'en France.
On saitde quelles pièces disparates elle secom-
pose les-liards, les sous royaux, les sous
de croche, les sous à tête de Liberté circulent
pêle-mêle dans les départemens , et présen
tent lesélémenslesplushétérogènes,soitpour
lit nature et les titres des métaux, soit pour
les poids, soit pour les empreintes. Ils n'ont
qft'un rapport commun,' c'est d'être tous
d'un usage incommode et désagréable, par
leur lourdeur, leur grossièreté et leur état
de dégradation. S'il, est vrai, comme on l'a
dit avec raison, qUe les monnaies soient de
véritables monumens d'après lesquels nous
jugeons des arts et de l'état social des peu
ples éloignés de nous par le temps et par
l'espace, convenons avec humilité que nos
sous de toute origine donneraient une . idée
peu favorable de notre civilisation.
Ajoutons que cet'état de nos monnaies de
cuivre favorise la contrefaçon d'une nrianiè-
re déplorable! A meïure que les empreihtes
s'effacent, l'imitation devient plus facile, la
fraude plus commune, ce qui est tout à la
fois un mal et un péril pour la société. Il ne
faut pas que le législateur fasse naître la
tentation et provoque en quelque sorte au
crime, en donnant trop de facilités pour le
commettre.
Enfin, nos monnaies de quivre ne sont pas
seulement informes, elles ont 'encore Tin-
convcnient d'être en dehors du système dé
cimal des poids et -mesures, inconvénient
devenu plus grave depuis que la loi de 1837
a généralisé l'application de - ce système et
l'a Tait pénétrer partout dans les esprits et
disait un ancien minisire des finances, que,,
pour acquitter l'impôt, pour acheter certai
nes denrées, le pain, par exemple, au prix
déterminé par des tarifs émanés l'auto
rité publique, on soit obligé de payer des
appoints décimaux avec des pièces duo-déci
males, en subissant à chaque paiement une
lésion, minime sans doute, mais qui se re
nouvelle incessamment?
La refonte des monnaies de cuivre une fois
décidée en principe, la première question
qui se présente est celle de l'alliage à em
ployer pour lafabrication dès nouvelles mon
naies. Le cuivre pur n'eût offert aucune ga
rantie de durée* et de bonne conservation.
Tous les hommes de l'art qui ont été consultés
se sont prononcés en faveur d'un alliage, dont
la composition se rapproche autant que pos
sible du bronze des médailles antiques, qui
ont résisté pendant des siècles à toutes les
épreuves du temps, à l'usure aussi bien qu'à
la corrosion. La dureté du bronze, par cela
même qu'elle est un.obstacle à vaincre dans
lafabrication, est une garantie puissante
contre la fraude,qu'on doitsurtout.s'atcacher
à combattre dans le triple intérêt de la mo
rale publique,de la société et du trésor;
Il n'y a eu, à proprement parler, dis
cussion importante, dans les Assemblées lé
gislatives que sur un seul point, sur le poids
à donner à la nouvelle monnaie de bronze.
Le poids d'un décime de cuivre est-aujour-
d'hui de 20 grammes. On admettait généra
lement que ce poids était tropwoonsidérable,
et qu'il était nécessaire de le réduire^ Mais
l'abaisserait-ori à J5 ou à 10 grammes ? Telles
étaient les deux combinaisons .qui étaient
proposées. On objectait, en faveur du poids de
15 grammes, qu'un trop grand affaiblisse
ment de la valeur intrinsèquè des pièces de
cuivre favoriserait là contrefaçon et fourrait
nuire au crédit'de la nouvelle monnaie dans
l'esprit des populations peu éclairées. Mais,
quand le déciftie pèserait 15 grammes, il
n'en serait pas moins une monnaie pure
ment conventionnelle comme le décime de
10 grammes. Le cuivre ou le bronze ne
vaut guère, en effet, que 25 centimes les
100 grammes. Il est donc impossible de
l'employer comme monnaie réelle, c'est-
à-dire comme monnaie ayant une valeur
intrinsèque égale à sa, valeur nominale ,
ainsi que cela existe pour l'or et l'argent.
La monnaie de cuivre ne peut être forcé
ment qu'une monnaie de convention, et il
est assez indifférent,"sous ce point de vue, '
que le décime pèse 10 ou 15 grammes,'puis
que sa valeur nominale sera toujours, dans
l'un et -l'autre cas, de beaucoup inférieure
à sa valeur- commerciale.
Quant à la contrefaçon, nous ne con
naissons qu'un moyen de s'en garantir ,
en ce qui concerne une monnaie convention
nelle, c'est la perfection même de la fabrica
tion, c'est la beauté des empreintes. Du mo
ment qu'on ne pourra frapper des espèces
de bronze, comparables aux pièces livrées
par le gouvernement, qu'en recourant à des'
machines puissantes et en créant de grands
ateliers, la surveillance deviendra facile et la
fraude, si elle se produit, sta bien vite ré
primée. . ' ' ,
Ce qui doit, par conséquent, .dominer la
question, ce n'est pas le plus ou moins de va
leur intrinsèque d'une monnaie qui n'a .et né
peut avoir qu'une valeur essentiellement no
minale, c'est la convenance, c'est la nature des .
goûts et desbesoins du commerce auxquels la.
monnaie doit satisfaire. On a pu dire sans pa
radoxe, que l'utilité de la monnaie de bronze, -
loiu de se mesurer à sa valeur intrinsèque,
était plutôt en raison inverse de son poids.
11 est certain que, destinée surtout à solder
des appoints, elle est'd'autaut plus conimode
qu'elle est plus légère. La seule limite est po
sée par la nécessité de ne pas abaisser à un
poids trop miniipe la pièce qui occupe le
dernier rang de l'échelle monétaire.
FEîïiLLETON DU CONSTITUTIONNEL, 8 fÉV.
HISTOIRE
1)U DIRECTOIRE'
EPISODES.
Révolution du £0 noikt;
— massacres de septembre. — '
Etabiiiijtcnieut de la Couvcutiou.
Pas. de registre d'écrou aux Carmes. — Incertitudes
sur le lieu où les victimes furent enterrées.—ïsou-
veaux détails sur les six dépôts où les corps furent
envoyés.—Liste des victimes. — Liste des prêtres
i«mi{t en liberté.' , . .
• XCI.
MASSACRES DES CARMES.
Il n'existe, dans les dépôts publics,-aucun
Registre d'écrou de la'maison des Carmes,
pour l'année 1792. C'était la première fois
que cette maison recevait des prisonniers/
ils y étaient temporairement déposés ; et ce
fut seulement en 1793 qu'il y eut une prison
dite des Carmes, avec un geôlier, des gui
chetiers et dés livres d'écrou.
Cependant, le récit des prêtres qui échap
pèrent au massacré des Carmes, établit qu'il
y avait alors ce qu'ils" TiOVfiïienl un Registre
d'écrou. C'ét'it probable itieiit un état pur et
* La reproduction est interdite.
simple des prèlrés prisonniers, sur lequel on
les inscrivait au fur et à mesure de leur ar
rivée, écrit sur des feuilles volantes, et dont
la liste, déposée à l'Etat civil'de la ville dé
Paris, aura été la reproduction. .
C'est aussi une question de savoir où fu
rent déposés les cadavres des prêtres égorgés
aux Carmes. Des pièces comptables, qui indi
quent, avec toute certitude, le lieu de sépul
ture des victimes de la plupart des autres
prisons, se taisent sur celle-ci.
Nous verrons que les cadavres de la For
ce furent en partie jetés dans une carrière
deCharenton. Nous avons, à ce sujet, la récla
mation de Jacques Itoch, d'Edme etde Joseph
Vingdelet', frères, auxquels la municipalité
de Paris alloua,le2ojuilletl793. uneindem-
niléde 11,900 livres, pour perte de pierres
extraites (1). Les factures du voiturier Noël
établissent que les cadavres de l'Abbaye fu
rent portés au cimetière de Vaugirard (2).
Un certificat du 4 septembre, signé de qua
tre commissaires de la Commune , et de
Coulombeau, gieffier, prouve que les cada*
vres entassés sur le pont au Change, et
provenant du Chàtelet , furent portés au
cimetière-de Clamart par le voiturier Par
rain'fils (3). Un mandat de Moulineuf,
.commissaire de la Commune, dit que
les cimetières de Clamart, de Montrouge et
de Vaugirard servirent à l'inhumation des
(1 ) Archives de VHôUl-de-Villè de Parts, carton
n" 312.
(2) Dossier d?s massacres de septembre, ct->t dps
frais, piece. à l'appui n° 3i ; — Archives de. ta pré
fecture de police; -
' (3) $lém sur It-a jjurnèes«>' fppt'.-mlrp iiyî,
état dii-soiumM payées par le trésorier de li (joui
jnune, etc., p. 313. . . " ~
cadavres apportés -des différentes prisons (i).
Enfin l'ordonnance suivaute complète la sé
rie des divers lieux qui servirent à l'inhu
mation des cadavres, et indique le vaste Os
suaire de Paris, connu sous le nom des
Catacombes, ou de la Tombe-Isoire :
■ « Ordonnance du 1 er octobre, signé Fa...,
Da... et Le..., au profit de Cha..,., entrepre
neur des carrières, pour journées dés ou
vriers employés, tant à dépouiller les cada
vres qui ont été apportés dans le lieu appe
lé le Tombisoire, au Petit-Mont-Rouge, que
pour les descendre par un puits de service
clans la carrière existante sous cet em
placement; les transporter ensuite à br§s
dans la partie de cette carrière -qui a été'
disposée à usage de cimetière "pour le gou
vernement,, et pour faire les fouilles néces
saires pour l'inhumation desdits cadavres,
les couvrir de lits de chaux pour prévenir
les effets de la putréfaction; pour fourni
tures faites aux ouvriers pendant le travail,
et augmentation de salaire qu'il a été néces
saire d'accorder auxdits ouvriers, à cause des _
dangers qu'ils ont courus lors de-cette inhu-'
mation; enfin pour fourniture de chaux,
ci .1,120 1. 5 s. 6 d. (2). »
Ainsi, les carrières de Charenton, les ci
metières de Clamart, de Vaugirard et de
Montrouge, ét l'Ossuaire delaTombe-Isoire,
voilà les six dépôts où furent envoyés les ca
davres des victimt.s de septembre. Dans le
quel de ces six dépôts la section du Luxem
bourg fit-elle inhumer les cadavres des prê
tres tués aux Curmes? — C 'est un point sur
s " Si nous sommes.bien informé^' .ces çonsir
; dérations ont déterminé le gouvernement
actuel, comme lé gouvernement" précédent,
^ taxera l'0,grammes le poids.de la pièce de
' l -a«&mè~ ou de iO'eentîmes. Outre -que lles
< monnaies de cuivre, ramenées à cette uni
té, seront d'un usage facile et commode,
elles auront enco,re> suivant , une , remarque
judicieuse, l'avantage de fortifier l'autorité
et l'harmonie du système décimal, par une
heureuse combinaison de l'unité monétaire
avec l'unité de poids. Elles représenteront en
effet précisément autant de centimes qu'elles
contiendront de grammes. Ce géra encore un
moyen de familiariser l'intelligence des po
pulations avec notre système de poids et me
sures, dont la monnaie usuelle leur offrira
une heureuse application. . '
Reste à déterminer la quantité dés émis
sions à faire en espèces de bronze. Cette
monnaie étant une monnaie' convention^
iielle, qui n'a d'autre but'que de faciliter les
transactions et qui ne peut servir qu'à payer
des. appoints, il s'en suit que les émissions
doivent être rigoureusement limitées à ce
qui est nécessaire pour les besoins de la so
ciété. On évalue à 50 millions la somme des
espèces de cuivre et de métal de cloche
actuellement en circulation. 11 semble que
cette masse de menues ■< espèces dépasse les
besoins réels", puisque, â'ans cer^iines locali
tés, le commerce paieune prime pour échan
ger les monnaie9^g,.jcuiwe é5ntre*Ies mon
naies d'argent. C'est ce qui avait engagé,
dans les anciens projets, à proposer de ne
pas remplacer immédiatement les 50 mil
lions qu'on aurait retirés de là circula-
, tion, et à n'émettre que 40 millions d'es
pèces nouvelles. Peut - être le gouvernement,
aùrà-t-il recueilli depuis lors des renseigne-
mens qui l'auront éclairé sur ce point.
Sans vouloir examiner ici le mode et les
conditions suivant lesquels l'opération pour
ra s'effectuer, nous devons toutefois cons
tater qu'elle ne coûtera, rien au -trésor. Le
retrait et le remplacement de la monnaie de,
cuivre paraissent dévoir exiger une dépense
de 5,800,000 francs Mais ce n'est en réalité
qu'une avance. Il faut tenir compte des ma
tières démonétisées qui ne retrouveront pas
leur emploi. Ainsi, comme la monnaie nou
velle ne doit guère avoir, en moyenne; que
la moitié du poids de l'ancienne, il s'en suit
que la monnaie retirée laissera en matière
brute une quantité de métal qui;' sera de 4
millions de kilogrammes -sauf les déchets, et
dont la valeur compensera les dépenses occa-
sionées par l'opération.; ;
En résumé, la.-mesure que prépare/le
la plus' grande faveur. Elle nous délivrera de
ces monnaies informes qui sont indignes
d'une grande nation. Elle mettra entre les
mains dés populations laborieuses un Ins
trument d'échange, qui n'aura rien à envier
en perfection aux espèces d'or ou d'argent.
Elledoteralecommer.ee d'une monnaie d'ap
point qui, pesant moitié moins que la mon
naie actuelle, pourra facilement se transpor
ter d'un lieu à un autre. Enfin, cè qui est
bien rare en fait de. réformes,; elle s'accom
plira sans entraîner aucune .dépense, sans
coûter un sou au trésor. j. buhat. •
Romieu, directeur des Béaux-Arts ; •'
1 De Mercey, ekef du bureau des Beaux-Arts ;
' _ Pastofçt)'membre d(j riustitû.t; •"
De Montalénjbérti'iidc'mj..,
j : Varcolliér,
'I ; ACiS, v ,à'ia pi (B»Kia«FOT.aairof.«„e
Courmont, secrétaire de la commission, r'.
La nouvelle loi électorale inspire au Mes
sager de l'Allier les réflexions suivantes ;
« Depuis le '2 décembre, Louis - Napoléon tient
*en main les rênÊs'de l'Etat ; il dispose en quel
que sorte des déstfnées du pays •, il est sans com
pétiteur dans l'amour et la reconnaissance des
populations ; il possède la force et ta puissance ,
deux armes qui brisent tous les obstacles ; et, ap
puyé sur sept millions et demi de suffrages , il
peut, ' quoiqu'il n'en ait pas pris le titre, se dire
bien réellement dictàteur. Eh bjeii ! " qu'on exami
ne tous ses actes , qu'on examine surtout le der
nier, ,1e décret organique pour les élections au
corps législatif, et l'on verra comme il t'ait usage
de la dictature.
» Le respect pour le droit- du peuple respire à
chaque mot dans ce décret. C'est le suffrage uni
versel sans condition et sans réserve. Tout le mon
de peut être électeur.; il n'y a d'exclus que les in
dignes.
» Que deviennent donc tous cas faux bruits ré
pandus par la malveillance ; ces bruits qui pré
tendaient que le suffrage ne serait pas direct; que
les'électeurs présenteraient trois candidats; que
le Président choisirait arbitrairement celui qui lui
conviendrait; que le,corps législatif se recruterait
de fonctionnaires publics; que lés éligibles seraient
les plus gros censitaires? Toutes ces inventions
n'étaient que des mensonges! le décret vient le
démontrer authentiqueinent.
» Louis-Napoléon reste lui-même, toujours strie-,
tement fidèle à ses'promesses, à estte devise de-
ses discours officiels : — abnégation et dévoue
ment. — P. Hénnequin. »
raiént être' f^tales à la tranquillité publi- ;
que, ét le moment;; actuel. avec. ses lujtès-,
incèssantee,'donnera. , de, nouvelles ^haneeç;
L'Emancipation de Bruxelles publie sous
ce titre : De l'Esprit conservateur et de l'Es
prit révolutionnaire, un article auquel nous
empruntons les passages suivans :
: « Le sinistre foyer qui existait en France avant
le 24éeembre est éteint. La déroute £t le*silence
sont dans lés rangs dé ces éternels conspirateurs
pour lesquels' tout ordre social respectableest
l'objet "d'une haiîie profonde. L'Europe peut, res-;
pirerj mais à une,condition ; c'est que "partout les
gens d'honneur, lés honnêtes citoyens s'unissent
et forment enfin une ligue du bien public.' Qu'ils
se concertent donc,; qu'ils s'asseoient afin de pro
pager les. grandes ^vérités et dé soutenir les lois
en vertu desquelhs'la société universelle subsisté,
mais en respectant partout les exigences et les
droits de 1 leur pays. Ils doivent avoir lé mêxne but,
mais ils peuvent Patteihdre diversement. *'
■ » La où la liberté a eu la gloire de s'épanouir, en
laissant intactes la moralité et la foi du peuple,en
né diminuant ni soft respect pour lés lois*ru,son,
amour pour la légalité, et ou l'honneur elTla' di
gnité humaine' sont restés purs et sans souillure,
qu'ils la chérissent et la'défendent plus vivement
que jamais après une telle épreuve. Mais là où elle
a produit le désordre et l'anarchie, qu'on la ra
mène dans des bornes plus 'étroites,' qu'on s'occupe
de- préparer l'avenir à des progrès dont le présent
n'était pas digne. Car la véritable indépendance de
l'homme est dabs son cœur. L'élever, c'est l'af
franchir. Le mot de conservation répond à celui
. , de civilisation. D'une extrémité de l'Europe à l'au-
gouyernejlient sera partout /iccueillie^^yfic^, ,Jre, les- cooserv-ateui's 'dei'vent s'entendre afin de
1 " " maintenir, non les mêmes formes de gouverne
ment, mais cequi: fait le fond et.la force dé tous
les Etats. L'œuvre de : destruction' a été inaugu
rée partout, ét on l'a poursuivie par les mêmes
moyens. JLa résistance né doit point être isolée,
mais unanime. , - '
» Oui, la cause de la conservation est une cause
européenne à laquelle nul lie sauràit, rester insen
sible. Elle intéresse lé riche et le pauvre, l'agri
culteur et l'industriel, l'ouvrier et le reiitier. L'en
semble de leurs efforts péut'faire enfin cesser uue
conspiration qui expose toutes les classes sociales; à
une "décadence certaine/Assez de décombres jon
chent le sol dé notre vieux monde; songeoiis à l'en
déblayer. Que les jours de deuil, d'anxiété et dé*
trouble cessent enfin . Si les grandes guerres sont
finies, que «e ne soit' point au profit deà discordes
civiles, et tâchons que la dernière moitié dé ^çe
siècle orageux soit une ère de renaissance. ■
«Deux grands pouvoirs règlent et gouvernent les
sociétés,humaines. D'une part c'est l'âut >rité ci-'
vile, qui comprend et règle les intérêts" purement
humains. C'est, d'autre part, l'autorité religieuse,
qui s'adress'éà là conscience de l'homme et lé pré
pare à son'éternèlle destinée. Nous né croyons pas
que là religion puissé'goùveriier exclusivement
les sociétés, jnais nous Sommes profondément con
vaincus qu'il n'en est aucune qui'pùisise se sou
tenir sans elle. 11 faut, pour arrêter 'é délire de
l'esprit, la révolte des âmes , la cupidité générale,
invoquer ce même signal qui valut, il y a qùinze
siècles, uné éclatante étdécisive Victoire à Constan
tin, luttant contre lë barbare, Maxence. »
Un décret rendu par M. le Président de la
République, sur la proposition de M. le mi
nistre de l'intérieur, vient de réorganiser la.
commission des monumens, historiques au
ministère de l'intérieur.
Cette commission est maintenant composée
de la manière suivante :
MM. Lenormant, président ;
Caristie, vice-président ;
DeLongpérier, conservateur des antiques au.
MuséeLe Prévost, membre de l'Institut ;
Duban, architecte du Louvre ;
Méwmée, inspecteur général des monumens
historiques;
Ferdinand de Lasteyrie;
Paul Lacroix;
Labrouste, architecte;
• Léon de Laborde; ■ .
Vaudoyer, architecte ;
Questei,. idem;
Le directeur d'es cultes ;
On nous écrit de Berne, le 6 février :
« La lutte continue, le socialisme l'empor
tera. A l'heure où je vous écris, les 8,000 si
gnatures des électeurs réclamant aux termes
de>notre dernière Constitution forceront le
gouvernement à faire un appel à de nouvel
les élections. Les passions surexcitées pour-
touré de ses arhfe, qui, touten rendant justice j
à ses scrupules, le blâment de'sa faiblesse.'.
Le canton de Vaud, , toùjours grand parti^, j
tisan de la pensée , nâpoleohienné, révient^a ,
des idées vraiment libérales, et la protectiQn
due au catholicisme lui a fait écouter les'»
plaintes de ceux - qui se disent les seuls
croyons. , " * , ^
» A Genève, toujours même exagération ;,;
la guerre existe entre les frères et amis, Boi^
clîot se. trouve encore avec quelc^uês ^ aiitrè^C.-j
exaltés dans les villages frontières, d s y ;
*i-. ''j'. iufo'l t i'I
vi 'JT.' 'n i'j
; Une petite- révolution toute pacifique vient,,
de s'accomplir au Palais. Les. cravates noires .ont
disparu, les moustaches out .été' supprimées, le»
pantalons de couleur ont été compris dans la pros
cription générale. Squsl'Empire et souslaRestaujar
tion, les avocats ne se présentaient dcvajrtdes tri - -,
bunaux que dans la rigueur du costupnie''officiel,' '
avec la cravate blanche et le. pantalon ' noir. ' La 1
moustache n'était pas encore inventée ..pour les (
simples citoyens. La cravate blanche, est du ; resté la,
seule qui soit convenable et raisonnable, ; puisque
le rabat en représente les extrémité flottan
tes, et qu'on ne saurait admettre un&.rcrayate'/*
noire avec un rabat blanc. Quant au pantâlop ^ ^il -,
doit être évidemment assorti à la robçj<-.et iUn'y.ît .*
rien.de plus messéant qu'un pantaloa'blanc nu
nankin avec la robe noire. Apres la réVolution de
Juillet la cravate noire s'intronisa;'au : Palais. Ori"
disait à cette occasion que c'était là une des con
quêtes de la révolution. On raconte même que M.
Dupin-, alors procureur - général à la cour
dé cassation, avait fait faire son portrait en grand
costume avec la cravate noire; Les pantalons de
nuances pâles s'étaient aussi glissé dans les. habi
tudes du Palais, au grand scandale des^anciens,
toujours fidèles aux saines traditions. M ;Mî|-'|fpré- : ;
mier président Troplong, par one. lettré- àdres-''
sée à M. le bâtonnier de l'ordra des avocats, a
manifesté l'intention de restaurer à cet égard
les anciennes mepurs judiciaires. La magistrature
a pareillement été avertie, de se conformer au cos
tume officiel. Comme par un coup de baguette, la "
métamorphose s'est opérée, et l'on ne voit plus
maintenant, aux audienc'es des couts et des tribur ,
naux, que des avocats et des magistrats dans une
tenue irréprochable.
INONDATIONS DANS LE NORD DE
L'ANGLETERRE.
Sous ce titre : Un Village englouti, cent
personnes non retrouvées, lè Daily-News publie
lès lamentables détails qu'on va lire ;
' Leeds, 6 février.
Une affreuse catastrophe yient d'avoir lieu à
Holmfirth, grapd village manufacturier, situé à"
quelques milles d'Hudderlield. Des réservoirs dans '■
les parties élevées de la localité -approvisionnent
d'eau plusieurs des. manufactures de l'endroit. La
pluie était tombée ces jours, derniers par tor-
rens, et avait occasioné uné crue si extràor- ,
dinaire, que le réservoir de Bibery avait débordé.
A deux heures, ce matin, il a rompu son encais
sement, causé d'épouvantables ravages, et un
grand nombre de personnes ont péri : l'immense
masse d'eau' s'est précipitée sur le village avec une
impétuosité terrible, elle a entraîné,dans.son irré
sistible torrent, des rangées de maisons, ; tput en
tières, "jetant dans l'éternité ses habitans en
dormis. Au moment où ces lignes sont tracées,
il est impossible de _ bien rendre .cette catas
trophe dans tous ses détails. Cette formida
ble . avalanche d'eau a englouti non-seulement
des maisons, mais. encore des magasins ; les rues
ont été obstruées par des débris de bàtimens, des
balles de laine, des barils d'huile et des cadavre?.
A quatre heures du matin, l'eau avait suffisam- .
ment baissé pour permettre de recueillir les morts, .
et à sept heures, on avait ramassé,soixante cada
vres. Il y avait cinquante-quatre personnes dpis
une rangée de maisons que l'eau avait renversées-,
AUTRES DÉrAILS. '' '\ M
Un correspondant de Manchester écrit qûê, par
suite des pluies continues et torrentielles.fliii
étaient tombées partiellement mardi,"mais surtout
mercredi, depuis le matin de très bonne heure
jusques'à huit ou neuf heures du-soir, les ri- .
vières qui arrosent le Lincoinshire, l'Yorkshire-
et le Derbysliire, s'enllèrent à tel point, qu'elles '
déburdè ent, et, en plusieurs endroits, elles cou- -
vrirent le pays environnant, transformant les bas
terrains en lacs immenses. Nous apprenons avec
douleur qu'lin grand nombre de personnes ont'
péri à Holmfirlh, près d'Iludderfiela ; mais on ne <
connaît pas encore toute l'étendue-des pertes. '
Beaucoup de propriétés ont été détruites. - '
Aux environs de Manchester, la rivière Irwelt ''
s'est élevée à, une hauteur qu'on ne se souvenait'
pas d'avoir -vue depuis bien des années: Un peu
au-dessus de' la- ville , où elle'coule à travers le
Wallriess, la rive gauche a été inondée , et une"
(I) Ibidem, p. 312..
{"ifMâmoires Htrlss juuriusex de septembre,
179Î.
Etat des frais payés par le trésorier de la Commu
ne, etc., p. 319.
lequel nous ne connaissons aucun document
explicite, ou aucune tradition digne de foi ;
seulement une partie de ces cadavres furent
jetés dans un puits, dépendant du jardin des
Carmes, à quelques pa§ de l'Oratoire, à gau
che. Ce puits, qui est comblé et surmonté
d'une croix de bois, porte encore le nom de
Puits des Martyrs. "•
Néanmoins, il nous semble résulter assez
nettement de quelques faits certains, que les
cadavres des prêtres tués aux Carmes furent
portés à l'Ossuaire de la Tombe-Isoire.
Eu général, les sections de Paris qui firent
exécuter les massacres, et qui y présidèrent,
■ gardèrent les vêtemens des victimes ; elles fi
rent dépouiller les cadavres, dressèrent pro-
cès-verbal des dépouilles, les envoyèrent à
la Mairie, ouïes vendirent, et employèrent
l'argent à payer leurs dettes, à équiper des
compagnies de volontaires; ou à solder les
frais. Le procès-verbal d'inventaire de l'Abr
baye est aux archives de la Préfecture
de'"Police; ceux ; de la Force, du Chàte
let et de Saint-Firmin sont aux archives
de l'Hôtel-de-Ville; et.'il résulte des pro-
cèsrverbaux de la section des Sans-Culottes,
déposé aux archives de la Préfecture de Po
lice, que les prisonniers détenus au cloître
des Bernardins furent également dépouillés
par les soins de la section. , -
Restent donc les prisonniers des Carmes,
de la Conciergerie, de Bifcêtre et de la Salpé-
trière, dont les dépouilles furent abandon-
•gées aux "égorgeurs.
Cela n'est pas douteux pour les Carmes ;
nous savons, par lu récit de l'abbé Berthelet,
qu,- )■;>!? v.'ridirf'nt les vêtemens des
prêU'e.-Oiu i-, ai<>yevm;uil 400 livres,
parce qu'ils éUiicnl tailladé s de coups de ^a-
bre ; et l'on a vu que l'un des assassins vint
faire, sur la personne même de l'abbé Ber-
thelet et de cinq de ses compagnons, l'esti
mation de ce que pouvaient valoir leurs ha
bits.
Le fait est également certain pour la Con
ciergerie,- car un procès-^verbal dressé par le
commissaire de la section du Pont-Neuf, le
3 septembre, établit que les cadavres prover
nant de cette prison furent dépouillés au ci
metière (1): ; ■
L'absence de tout inventaire pour la Sal-
pétriore et pour Bicêtre semble prouver que
les vêtemens des victimes de ces deux pri
sons-furent abandonnés aux égorgeurs; et
l'on doit croire, au m'oins pour la Salpétriè-
re, .qu'on n'eut pas l'abomination de mettre
les femmes nues, après les avoir tuées. *
Ainsi, lés cadavres des Carmes et delà
Conciergerie furent portés, vêtus, au lieu de
la sépulture, cela est certain ; cela n'est que
probable pour ceux de la Sal'pétrière etde
Bicêtre. Or, l'ordonnance qu'on vient de
lire plus haut, sur le paiement des ou
vriers employés à là Tombe-Isoire, parle
de ceux .qui travaillèrent à dépouiller les
cadavres. D'un autre côté^ le procès^verbal du
commissaire Barabé constate que les cada
vres de la Conciergerie furent,, apportés au
cimetière de Clfimart. Il'résulte doiiç de tous
ces faits rapprochés qu'il est à peu près cer
tain que ces cadavres, dépouilles à la'Tombe-
Isoire, étaient ceux des prêtres égorgés aux
Carmes.
Voici maintenant la liste de ces victimes;
nous l'avons prise à l'Etat,Civil dé Paris, sur
le procès-verbal "authentique dressé par
(t) Procès-verbal signé Bahadelle, président,
B arabé, commissaire; — collection des -procès-
verbaux; Archives de la Prèfeotwre de Police.
Daubanel, greffier de la justice de paix de là,
section du Luxembourg, et par Lemaître;
secrétaire de la sectiAn, le 18 octobre 4792.
Nous nous sommes borné à la rédiger par
ordre alphabétique, en y ajoutant des recti
fications dont la source est indiquée et-jus.-
tifiée.
SECTION DU LUXEMBOURG.
Tableau des prêtres et autres personnes détenus
T au couvent des Carmes le ^..septembre ,4792, -
indicatif de ceux qui ont péri, et de ceiixqui
ont été soustraits à la sévérité du peuple.
K Abraham (Vincent).
'2 Angar, ou Augeard. -
3 Aubert. <
4 Auzuret. *
5 Balmain, ou Bl^min. ' ' *
6 Barreau (Louis), bénédictin, neveu de M. Che-
. vreux.
7 Barret, oit Barré. .
. 8 Ba"gué. ; :
9 Beau lieu.
10 Becavin (Joseph). ' '
' » Bérauld-Duperron, voyez Duperron.
» Blamin, voyez Balmain.
H Bonneau (Jaoqucs-Jules). '-
12 Boubert (Louis-Alexis-Mathias).
13 Boucharelle (Jean-Antoine-Hyacinthe). "'
14 Bousquet, ou Dubousquet (Jean-Francois).
15 Brcillot (1). ' , ;
» Breton," voyez Lé Breton. ^
16 Burté (Jean-François).
17 Chaudet. ■
18 Chevreux (Ambroise).
(1) Il s'évada. — Voyez l'abbé Guillou, les Mar
tyrs de la foi. t. 1, p. 199. v "
UCHKAITX i rue
1852. — DIMANCHE 8 FÉVRIER.
PAIX i>È I.ABONIÏ1EMENT
j pour Parps et les dépat'temtns.:
TROIS MOIS. -12 F. I SIX «OIS.. 22 F.
'DR- 41.... 4® ».•
. potin i.fis pats ÉTai^GERS, se reporter
au tableau qui serapubliédans le journal,
s 10 et ÏS de chaij.uâ moi?.
te) abonnemzns datent des 1 er et 16
- ' ; • de-chaque mots.
:S'adresser , franco, pour la rêdkctit», 'à,
: Les articles'déposés nes^nt pas rendus
l|ï ' r
JOURNAL POLITIQUE
UNIVERSEL.
■Qtnitahème, darut lei département,- ait% Messageries.et.aux Directions de ppstç.~$J/m(if'6&', 'ÇflSi.' Cowue* EU.S.'
: •—A Strasbourg, chez M. Alexandre, pour 1'A.Mfmagne. *ï , i i*" :
'l
t.."
'L 0 ,
S'adresser, franco, • pmtr, l'ixdmnistratiçni d M. Denàim, directeur, t -
Iles annonces, sont reçues au bureau du ]ouit(ai;itchez)¥. PANISj ijiégisp.eur, lo. pûqe doiji Bojirtf,
' ^ ' '■■■ ' - " .. ' "" iMM- .' . ». ■ • ' -.CJ»
La Gazette de Madrid qui a paru le 2 au
maii
-Tète
piia. Nous avons reçu ce matin, en même
temps que ce journal, la correspondance gé
nérale des journaux dont quelques détails se
trouvent rectifiés dans une lettre particulière
que nous donnons plus loin, et sur laquelle
nous appelons l'attention :
Voici d'abord la correspondance générale :
«Madrid, 2 février.
» Deux heures de l'après-midi. —tin évé
nement aussi douloureux qu'imprévu vient
de jeter la consternation dans la capitale.
Voici, au.milieu des versions les plus con-
traaictofres circulant sur la tentative de ré
gicide qui vient d'avoir lied, cé que nous
avons pu recueillir de plus positif : ^
» Depuis le matin, un soleil aussi brillant
qu'en juillet ou août éclairajt la capitale,qui
avait un air de fête. Une foule immense en
combrait tous les. alentours du palais et les
rues que devait parcourir le cortège royal,
depuis lë palais jusqu'à l'église d'Atochà, où
la reine Isabelle II, faisant sa première sortie,
devait accomplir son pieux pèlerinage d'ac
tions de grâces'à Notre-Dame,pour son heu-"
Yeuse délivrance. ''Les troupes formaient la
haie sur le passage du côrtége; aux fenêtres
eC balcons, partout décorés, on voyait des
daines éii élégantes toilettes. A onze heures,
la. reine Isabelle 11, tenant, dans ses bras la*
Srinçesse royale, et accompagnée et entourée
u roi et d^ toute la famille royale, s'est ren
due' dé ses'appai'teméns dans la chapelle
royale, pour y entendre la messe.
» À 'ïrne li'eiirê moins un quart; après'la
messe, la reine, tenant toujours dans ses bras
la princesse royale, a quitté la chapelle pour
rentrer dans ses appartenons, d'où elle de
vait sortir quelques momens après pour aller
à l'église d'Atochâ. A sa sortie de la chapelle
royale, un homme, revêtu d'un habit de
prêtre (vestido de cura), tenant un poi
gnard à la main, s'est rué sur la reine
et l'a frappée. La reine, à qui ce brusque
mouvement de l'assassin il'avait pas échap
pé, a poussé un cri, et elle a remis rapide
ment là princesse royale entre les mains du
roi, don t- rançois d'Assise.Le comte de Pino-
Hermoso, en arrêtant lebras del'assassin, aété
légèrement-blessé à la main. La reine a été
elle-même très légèrement" atteinte à la main.
Cette seconde blessure n'a heureusement
rien de- dangereux. Les hallebardiers se sont
aussitôt saisis,de la - personne-du misérable.
» La cérémonie qui devait avoir lieu à l'é
glise d'Atoçhs a#é«ùspendue VJ Le corps di
plomatique et les hauts dignitaires de l'Etat
qui attendaient la reine dans cette'église, se
sont empressés, ayant appris ce douloureux
événement, de revenir au palais pour félici
ter S. M. d'avoir échappé' au poignard du
régicidev 1 ~
»Le conseil'des ministres déliDèreau palais.
La justice in formé. On infligera sans doute un
châtiment exemplaire au régicide. La plupart
des troupes disposées en haie jusqu'à l'église
d'Atochâ, ont eu l'ordre de se replier sur le
palais.Dss canons ont été amenés à la Puerta
del_S0L La population de Madrid circule, dans
les riics, sil* hciéusé et consternée. Cet infâ
me attentai a changé la joie .populaire de. ce
matin en douleur mêlée d'indignation.
n'A heures.— Au moment où nous écrivons,
la reine Isabelle IL est aussi bien que possi
ble. L'empressement affectueux de sa fa
mille.et les - hommages respectueux de tout
ce qui l'entoure, l'ont rassurée et consolée,
et tous ces témoignages d'affection ont dis
sipera pénible émotion que cet événement
avait fait naître en elle.
»P-. S. Quatre heures et demie. —L'aspçcl de
la capitale est tranquille, et la plupart des
troupes rentrent dans leurs quartiers. Ou di t
que le régicide sera exécuté demain. Une :
version généralement accréditée est que cet
homme est un carliste fanatique. »
Nous extrayons d'une lettre adressée aune
personne considérable de Paris les détails
suivans do:i: aous pouvons garantir l'au
thenticité, et qui concordent parfaitement
avec les renseignemeus reçus par voie télé
graphique :
La reine sortait de la chapelle, tenant sa
fille:dans ses bras, lorsqu'elle fut accostée
par un homme-en habit ecclésiastique. Cet
homme, qui était un ancien moine (Gilito),
fit semblant de vouloir remèttre un placet à la
re. Le
reine, qqijpt un .pas; pour' le prej
moine, ihet'tant un genou en terre,£$,omme
le- veut le -cérémonial espagnol /"frappa
la reine au côté avec un poignard-'et le
Tiilifôi4WQ?*:fr8ççÊfe^inaÉfiônd; , danslèô'HrrinèftctioHSiH^'éSHl'^àséttange,- -
alors que'Ië grand maître 5e la maison
de la reine, le comte Pino-Hermoso, et
un hallebardier de la suite' royale se jetèrent
sur-l'assassin, pour l'empêcher de frapper
de nouveau la reine, et, dans la lutte, Jfe.
comte de Pino-Hermoso fut blessé à' 1$
joue. On se saisit de l'assassin, qui ne té
moigna aucun repentir et s'écria même :
Que m'importe ! je l'ai tuée. -
La reine, en se sentant frappée, ne poussa
qu'un seul cri : Ma fille, sauvez ma fille !
Suivant une autre correspondance de Ma
drid, le meurtrier serait un moine Francis
cain décloîlré. et l'un de ces prêtres belli
queux comme on en a vu prendre part
aux luttes dont l'Espagne a été le théâtre
depuis plus d'un demi-siècle. Il porterait
même un nom qui a été cruellement illus
tré par un autre ecclésiastique -. celui de
Merino. ~
On se rappelle qu'un autre régicide, Jac
ques Clément, s'était aussi agenouillé pour
frapper Henri JII.
! La dépêche suivante a été reçue de Madrid :
. « Madrid, 5 février, 9 li. du matin.
! Le rjiinistre des affaires étrangères à M. le
ministre d'Espagne.
» La reine a dormi avec tranquillité une
grande partie de la nuit, et son état est sa
tisfaisant. »
On'annonce, comme devant paraître pro
chainement, un décret relatif à la refonte
des monnaies de cuivre. Il s'agit encore
d'une question qui se traînait depuis long
temps à travers les formalités législatives,
et dont le gouvernement actuel n'aura pas
fait attendre la solution. Voilà plus de dix
ans que ce projet est à l'étude. Il a été
/ soumis à nous ne savons combien de
commissions administratives et parlemen
taires; il a été examiné sous toutes ses faces
et dans tous ses détails ; on n'accusera dionc
pas le gouvernement de ; témérité pour avoir
voulu arriver enfin à line conclusion. C'est
une mesure utile, libérale, qui sera favora
blement accueillie par toutes les classes de
la .population, et notamment.par les classes
les plus nombreuses, dont la monnaie de cui
vré est l'instrument d'échange le plus habi
tuel. -
Nous ne croyons pas qu'il y ait de pays
civilisé dans lequel la monnaie de cuivre soil
plus laide et plus défectueuse qu'en France.
On saitde quelles pièces disparates elle secom-
pose les-liards, les sous royaux, les sous
de croche, les sous à tête de Liberté circulent
pêle-mêle dans les départemens , et présen
tent lesélémenslesplushétérogènes,soitpour
lit nature et les titres des métaux, soit pour
les poids, soit pour les empreintes. Ils n'ont
qft'un rapport commun,' c'est d'être tous
d'un usage incommode et désagréable, par
leur lourdeur, leur grossièreté et leur état
de dégradation. S'il, est vrai, comme on l'a
dit avec raison, qUe les monnaies soient de
véritables monumens d'après lesquels nous
jugeons des arts et de l'état social des peu
ples éloignés de nous par le temps et par
l'espace, convenons avec humilité que nos
sous de toute origine donneraient une . idée
peu favorable de notre civilisation.
Ajoutons que cet'état de nos monnaies de
cuivre favorise la contrefaçon d'une nrianiè-
re déplorable! A meïure que les empreihtes
s'effacent, l'imitation devient plus facile, la
fraude plus commune, ce qui est tout à la
fois un mal et un péril pour la société. Il ne
faut pas que le législateur fasse naître la
tentation et provoque en quelque sorte au
crime, en donnant trop de facilités pour le
commettre.
Enfin, nos monnaies de quivre ne sont pas
seulement informes, elles ont 'encore Tin-
convcnient d'être en dehors du système dé
cimal des poids et -mesures, inconvénient
devenu plus grave depuis que la loi de 1837
a généralisé l'application de - ce système et
l'a Tait pénétrer partout dans les esprits et
disait un ancien minisire des finances, que,,
pour acquitter l'impôt, pour acheter certai
nes denrées, le pain, par exemple, au prix
déterminé par des tarifs émanés l'auto
rité publique, on soit obligé de payer des
appoints décimaux avec des pièces duo-déci
males, en subissant à chaque paiement une
lésion, minime sans doute, mais qui se re
nouvelle incessamment?
La refonte des monnaies de cuivre une fois
décidée en principe, la première question
qui se présente est celle de l'alliage à em
ployer pour lafabrication dès nouvelles mon
naies. Le cuivre pur n'eût offert aucune ga
rantie de durée* et de bonne conservation.
Tous les hommes de l'art qui ont été consultés
se sont prononcés en faveur d'un alliage, dont
la composition se rapproche autant que pos
sible du bronze des médailles antiques, qui
ont résisté pendant des siècles à toutes les
épreuves du temps, à l'usure aussi bien qu'à
la corrosion. La dureté du bronze, par cela
même qu'elle est un.obstacle à vaincre dans
lafabrication, est une garantie puissante
contre la fraude,qu'on doitsurtout.s'atcacher
à combattre dans le triple intérêt de la mo
rale publique,de la société et du trésor;
Il n'y a eu, à proprement parler, dis
cussion importante, dans les Assemblées lé
gislatives que sur un seul point, sur le poids
à donner à la nouvelle monnaie de bronze.
Le poids d'un décime de cuivre est-aujour-
d'hui de 20 grammes. On admettait généra
lement que ce poids était tropwoonsidérable,
et qu'il était nécessaire de le réduire^ Mais
l'abaisserait-ori à J5 ou à 10 grammes ? Telles
étaient les deux combinaisons .qui étaient
proposées. On objectait, en faveur du poids de
15 grammes, qu'un trop grand affaiblisse
ment de la valeur intrinsèquè des pièces de
cuivre favoriserait là contrefaçon et fourrait
nuire au crédit'de la nouvelle monnaie dans
l'esprit des populations peu éclairées. Mais,
quand le déciftie pèserait 15 grammes, il
n'en serait pas moins une monnaie pure
ment conventionnelle comme le décime de
10 grammes. Le cuivre ou le bronze ne
vaut guère, en effet, que 25 centimes les
100 grammes. Il est donc impossible de
l'employer comme monnaie réelle, c'est-
à-dire comme monnaie ayant une valeur
intrinsèque égale à sa, valeur nominale ,
ainsi que cela existe pour l'or et l'argent.
La monnaie de cuivre ne peut être forcé
ment qu'une monnaie de convention, et il
est assez indifférent,"sous ce point de vue, '
que le décime pèse 10 ou 15 grammes,'puis
que sa valeur nominale sera toujours, dans
l'un et -l'autre cas, de beaucoup inférieure
à sa valeur- commerciale.
Quant à la contrefaçon, nous ne con
naissons qu'un moyen de s'en garantir ,
en ce qui concerne une monnaie convention
nelle, c'est la perfection même de la fabrica
tion, c'est la beauté des empreintes. Du mo
ment qu'on ne pourra frapper des espèces
de bronze, comparables aux pièces livrées
par le gouvernement, qu'en recourant à des'
machines puissantes et en créant de grands
ateliers, la surveillance deviendra facile et la
fraude, si elle se produit, sta bien vite ré
primée. . ' ' ,
Ce qui doit, par conséquent, .dominer la
question, ce n'est pas le plus ou moins de va
leur intrinsèque d'une monnaie qui n'a .et né
peut avoir qu'une valeur essentiellement no
minale, c'est la convenance, c'est la nature des .
goûts et desbesoins du commerce auxquels la.
monnaie doit satisfaire. On a pu dire sans pa
radoxe, que l'utilité de la monnaie de bronze, -
loiu de se mesurer à sa valeur intrinsèque,
était plutôt en raison inverse de son poids.
11 est certain que, destinée surtout à solder
des appoints, elle est'd'autaut plus conimode
qu'elle est plus légère. La seule limite est po
sée par la nécessité de ne pas abaisser à un
poids trop miniipe la pièce qui occupe le
dernier rang de l'échelle monétaire.
FEîïiLLETON DU CONSTITUTIONNEL, 8 fÉV.
HISTOIRE
1)U DIRECTOIRE'
EPISODES.
Révolution du £0 noikt;
— massacres de septembre. — '
Etabiiiijtcnieut de la Couvcutiou.
Pas. de registre d'écrou aux Carmes. — Incertitudes
sur le lieu où les victimes furent enterrées.—ïsou-
veaux détails sur les six dépôts où les corps furent
envoyés.—Liste des victimes. — Liste des prêtres
i«mi{t en liberté.' , . .
• XCI.
MASSACRES DES CARMES.
Il n'existe, dans les dépôts publics,-aucun
Registre d'écrou de la'maison des Carmes,
pour l'année 1792. C'était la première fois
que cette maison recevait des prisonniers/
ils y étaient temporairement déposés ; et ce
fut seulement en 1793 qu'il y eut une prison
dite des Carmes, avec un geôlier, des gui
chetiers et dés livres d'écrou.
Cependant, le récit des prêtres qui échap
pèrent au massacré des Carmes, établit qu'il
y avait alors ce qu'ils" TiOVfiïienl un Registre
d'écrou. C'ét'it probable itieiit un état pur et
* La reproduction est interdite.
simple des prèlrés prisonniers, sur lequel on
les inscrivait au fur et à mesure de leur ar
rivée, écrit sur des feuilles volantes, et dont
la liste, déposée à l'Etat civil'de la ville dé
Paris, aura été la reproduction. .
C'est aussi une question de savoir où fu
rent déposés les cadavres des prêtres égorgés
aux Carmes. Des pièces comptables, qui indi
quent, avec toute certitude, le lieu de sépul
ture des victimes de la plupart des autres
prisons, se taisent sur celle-ci.
Nous verrons que les cadavres de la For
ce furent en partie jetés dans une carrière
deCharenton. Nous avons, à ce sujet, la récla
mation de Jacques Itoch, d'Edme etde Joseph
Vingdelet', frères, auxquels la municipalité
de Paris alloua,le2ojuilletl793. uneindem-
niléde 11,900 livres, pour perte de pierres
extraites (1). Les factures du voiturier Noël
établissent que les cadavres de l'Abbaye fu
rent portés au cimetière de Vaugirard (2).
Un certificat du 4 septembre, signé de qua
tre commissaires de la Commune , et de
Coulombeau, gieffier, prouve que les cada*
vres entassés sur le pont au Change, et
provenant du Chàtelet , furent portés au
cimetière-de Clamart par le voiturier Par
rain'fils (3). Un mandat de Moulineuf,
.commissaire de la Commune, dit que
les cimetières de Clamart, de Montrouge et
de Vaugirard servirent à l'inhumation des
(1 ) Archives de VHôUl-de-Villè de Parts, carton
n" 312.
(2) Dossier d?s massacres de septembre, ct->t dps
frais, piece. à l'appui n° 3i ; — Archives de. ta pré
fecture de police; -
' (3) $lém
état dii-soiumM payées par le trésorier de li (joui
jnune, etc., p. 313. . . " ~
cadavres apportés -des différentes prisons (i).
Enfin l'ordonnance suivaute complète la sé
rie des divers lieux qui servirent à l'inhu
mation des cadavres, et indique le vaste Os
suaire de Paris, connu sous le nom des
Catacombes, ou de la Tombe-Isoire :
■ « Ordonnance du 1 er octobre, signé Fa...,
Da... et Le..., au profit de Cha..,., entrepre
neur des carrières, pour journées dés ou
vriers employés, tant à dépouiller les cada
vres qui ont été apportés dans le lieu appe
lé le Tombisoire, au Petit-Mont-Rouge, que
pour les descendre par un puits de service
clans la carrière existante sous cet em
placement; les transporter ensuite à br§s
dans la partie de cette carrière -qui a été'
disposée à usage de cimetière "pour le gou
vernement,, et pour faire les fouilles néces
saires pour l'inhumation desdits cadavres,
les couvrir de lits de chaux pour prévenir
les effets de la putréfaction; pour fourni
tures faites aux ouvriers pendant le travail,
et augmentation de salaire qu'il a été néces
saire d'accorder auxdits ouvriers, à cause des _
dangers qu'ils ont courus lors de-cette inhu-'
mation; enfin pour fourniture de chaux,
ci .1,120 1. 5 s. 6 d. (2). »
Ainsi, les carrières de Charenton, les ci
metières de Clamart, de Vaugirard et de
Montrouge, ét l'Ossuaire delaTombe-Isoire,
voilà les six dépôts où furent envoyés les ca
davres des victimt.s de septembre. Dans le
quel de ces six dépôts la section du Luxem
bourg fit-elle inhumer les cadavres des prê
tres tués aux Curmes? — C 'est un point sur
s " Si nous sommes.bien informé^' .ces çonsir
; dérations ont déterminé le gouvernement
actuel, comme lé gouvernement" précédent,
^ taxera l'0,grammes le poids.de la pièce de
' l -a«&mè~ ou de iO'eentîmes. Outre -que lles
< monnaies de cuivre, ramenées à cette uni
té, seront d'un usage facile et commode,
elles auront enco,re> suivant , une , remarque
judicieuse, l'avantage de fortifier l'autorité
et l'harmonie du système décimal, par une
heureuse combinaison de l'unité monétaire
avec l'unité de poids. Elles représenteront en
effet précisément autant de centimes qu'elles
contiendront de grammes. Ce géra encore un
moyen de familiariser l'intelligence des po
pulations avec notre système de poids et me
sures, dont la monnaie usuelle leur offrira
une heureuse application. . '
Reste à déterminer la quantité dés émis
sions à faire en espèces de bronze. Cette
monnaie étant une monnaie' convention^
iielle, qui n'a d'autre but'que de faciliter les
transactions et qui ne peut servir qu'à payer
des. appoints, il s'en suit que les émissions
doivent être rigoureusement limitées à ce
qui est nécessaire pour les besoins de la so
ciété. On évalue à 50 millions la somme des
espèces de cuivre et de métal de cloche
actuellement en circulation. 11 semble que
cette masse de menues ■< espèces dépasse les
besoins réels", puisque, â'ans cer^iines locali
tés, le commerce paieune prime pour échan
ger les monnaie9^g,.jcuiwe é5ntre*Ies mon
naies d'argent. C'est ce qui avait engagé,
dans les anciens projets, à proposer de ne
pas remplacer immédiatement les 50 mil
lions qu'on aurait retirés de là circula-
, tion, et à n'émettre que 40 millions d'es
pèces nouvelles. Peut - être le gouvernement,
aùrà-t-il recueilli depuis lors des renseigne-
mens qui l'auront éclairé sur ce point.
Sans vouloir examiner ici le mode et les
conditions suivant lesquels l'opération pour
ra s'effectuer, nous devons toutefois cons
tater qu'elle ne coûtera, rien au -trésor. Le
retrait et le remplacement de la monnaie de,
cuivre paraissent dévoir exiger une dépense
de 5,800,000 francs Mais ce n'est en réalité
qu'une avance. Il faut tenir compte des ma
tières démonétisées qui ne retrouveront pas
leur emploi. Ainsi, comme la monnaie nou
velle ne doit guère avoir, en moyenne; que
la moitié du poids de l'ancienne, il s'en suit
que la monnaie retirée laissera en matière
brute une quantité de métal qui;' sera de 4
millions de kilogrammes -sauf les déchets, et
dont la valeur compensera les dépenses occa-
sionées par l'opération.; ;
En résumé, la.-mesure que prépare/le
la plus' grande faveur. Elle nous délivrera de
ces monnaies informes qui sont indignes
d'une grande nation. Elle mettra entre les
mains dés populations laborieuses un Ins
trument d'échange, qui n'aura rien à envier
en perfection aux espèces d'or ou d'argent.
Elledoteralecommer.ee d'une monnaie d'ap
point qui, pesant moitié moins que la mon
naie actuelle, pourra facilement se transpor
ter d'un lieu à un autre. Enfin, cè qui est
bien rare en fait de. réformes,; elle s'accom
plira sans entraîner aucune .dépense, sans
coûter un sou au trésor. j. buhat. •
Romieu, directeur des Béaux-Arts ; •'
1 De Mercey, ekef du bureau des Beaux-Arts ;
' _ Pastofçt)'membre d(j riustitû.t; •"
De Montalénjbérti'iidc'mj..,
j : Varcolliér,
'I ; ACiS, v ,à'ia pi (B»Kia«FOT.aairof.«„e
Courmont, secrétaire de la commission, r'.
La nouvelle loi électorale inspire au Mes
sager de l'Allier les réflexions suivantes ;
« Depuis le '2 décembre, Louis - Napoléon tient
*en main les rênÊs'de l'Etat ; il dispose en quel
que sorte des déstfnées du pays •, il est sans com
pétiteur dans l'amour et la reconnaissance des
populations ; il possède la force et ta puissance ,
deux armes qui brisent tous les obstacles ; et, ap
puyé sur sept millions et demi de suffrages , il
peut, ' quoiqu'il n'en ait pas pris le titre, se dire
bien réellement dictàteur. Eh bjeii ! " qu'on exami
ne tous ses actes , qu'on examine surtout le der
nier, ,1e décret organique pour les élections au
corps législatif, et l'on verra comme il t'ait usage
de la dictature.
» Le respect pour le droit- du peuple respire à
chaque mot dans ce décret. C'est le suffrage uni
versel sans condition et sans réserve. Tout le mon
de peut être électeur.; il n'y a d'exclus que les in
dignes.
» Que deviennent donc tous cas faux bruits ré
pandus par la malveillance ; ces bruits qui pré
tendaient que le suffrage ne serait pas direct; que
les'électeurs présenteraient trois candidats; que
le Président choisirait arbitrairement celui qui lui
conviendrait; que le,corps législatif se recruterait
de fonctionnaires publics; que lés éligibles seraient
les plus gros censitaires? Toutes ces inventions
n'étaient que des mensonges! le décret vient le
démontrer authentiqueinent.
» Louis-Napoléon reste lui-même, toujours strie-,
tement fidèle à ses'promesses, à estte devise de-
ses discours officiels : — abnégation et dévoue
ment. — P. Hénnequin. »
raiént être' f^tales à la tranquillité publi- ;
que, ét le moment;; actuel. avec. ses lujtès-,
incèssantee,'donnera. , de, nouvelles ^haneeç;
L'Emancipation de Bruxelles publie sous
ce titre : De l'Esprit conservateur et de l'Es
prit révolutionnaire, un article auquel nous
empruntons les passages suivans :
: « Le sinistre foyer qui existait en France avant
le 24éeembre est éteint. La déroute £t le*silence
sont dans lés rangs dé ces éternels conspirateurs
pour lesquels' tout ordre social respectableest
l'objet "d'une haiîie profonde. L'Europe peut, res-;
pirerj mais à une,condition ; c'est que "partout les
gens d'honneur, lés honnêtes citoyens s'unissent
et forment enfin une ligue du bien public.' Qu'ils
se concertent donc,; qu'ils s'asseoient afin de pro
pager les. grandes ^vérités et dé soutenir les lois
en vertu desquelhs'la société universelle subsisté,
mais en respectant partout les exigences et les
droits de 1 leur pays. Ils doivent avoir lé mêxne but,
mais ils peuvent Patteihdre diversement. *'
■ » La où la liberté a eu la gloire de s'épanouir, en
laissant intactes la moralité et la foi du peuple,en
né diminuant ni soft respect pour lés lois*ru,son,
amour pour la légalité, et ou l'honneur elTla' di
gnité humaine' sont restés purs et sans souillure,
qu'ils la chérissent et la'défendent plus vivement
que jamais après une telle épreuve. Mais là où elle
a produit le désordre et l'anarchie, qu'on la ra
mène dans des bornes plus 'étroites,' qu'on s'occupe
de- préparer l'avenir à des progrès dont le présent
n'était pas digne. Car la véritable indépendance de
l'homme est dabs son cœur. L'élever, c'est l'af
franchir. Le mot de conservation répond à celui
. , de civilisation. D'une extrémité de l'Europe à l'au-
gouyernejlient sera partout /iccueillie^^yfic^, ,Jre, les- cooserv-ateui's 'dei'vent s'entendre afin de
1 " " maintenir, non les mêmes formes de gouverne
ment, mais cequi: fait le fond et.la force dé tous
les Etats. L'œuvre de : destruction' a été inaugu
rée partout, ét on l'a poursuivie par les mêmes
moyens. JLa résistance né doit point être isolée,
mais unanime. , - '
» Oui, la cause de la conservation est une cause
européenne à laquelle nul lie sauràit, rester insen
sible. Elle intéresse lé riche et le pauvre, l'agri
culteur et l'industriel, l'ouvrier et le reiitier. L'en
semble de leurs efforts péut'faire enfin cesser uue
conspiration qui expose toutes les classes sociales; à
une "décadence certaine/Assez de décombres jon
chent le sol dé notre vieux monde; songeoiis à l'en
déblayer. Que les jours de deuil, d'anxiété et dé*
trouble cessent enfin . Si les grandes guerres sont
finies, que «e ne soit' point au profit deà discordes
civiles, et tâchons que la dernière moitié dé ^çe
siècle orageux soit une ère de renaissance. ■
«Deux grands pouvoirs règlent et gouvernent les
sociétés,humaines. D'une part c'est l'âut >rité ci-'
vile, qui comprend et règle les intérêts" purement
humains. C'est, d'autre part, l'autorité religieuse,
qui s'adress'éà là conscience de l'homme et lé pré
pare à son'éternèlle destinée. Nous né croyons pas
que là religion puissé'goùveriier exclusivement
les sociétés, jnais nous Sommes profondément con
vaincus qu'il n'en est aucune qui'pùisise se sou
tenir sans elle. 11 faut, pour arrêter 'é délire de
l'esprit, la révolte des âmes , la cupidité générale,
invoquer ce même signal qui valut, il y a qùinze
siècles, uné éclatante étdécisive Victoire à Constan
tin, luttant contre lë barbare, Maxence. »
Un décret rendu par M. le Président de la
République, sur la proposition de M. le mi
nistre de l'intérieur, vient de réorganiser la.
commission des monumens, historiques au
ministère de l'intérieur.
Cette commission est maintenant composée
de la manière suivante :
MM. Lenormant, président ;
Caristie, vice-président ;
DeLongpérier, conservateur des antiques au.
Musée
Duban, architecte du Louvre ;
Méwmée, inspecteur général des monumens
historiques;
Ferdinand de Lasteyrie;
Paul Lacroix;
Labrouste, architecte;
• Léon de Laborde; ■ .
Vaudoyer, architecte ;
Questei,. idem;
Le directeur d'es cultes ;
On nous écrit de Berne, le 6 février :
« La lutte continue, le socialisme l'empor
tera. A l'heure où je vous écris, les 8,000 si
gnatures des électeurs réclamant aux termes
de>notre dernière Constitution forceront le
gouvernement à faire un appel à de nouvel
les élections. Les passions surexcitées pour-
touré de ses arhfe, qui, touten rendant justice j
à ses scrupules, le blâment de'sa faiblesse.'.
Le canton de Vaud, , toùjours grand parti^, j
tisan de la pensée , nâpoleohienné, révient^a ,
des idées vraiment libérales, et la protectiQn
due au catholicisme lui a fait écouter les'»
plaintes de ceux - qui se disent les seuls
croyons. , " * , ^
» A Genève, toujours même exagération ;,;
la guerre existe entre les frères et amis, Boi^
clîot se. trouve encore avec quelc^uês ^ aiitrè^C.-j
exaltés dans les villages frontières, d s y ;
*i-. ''j'. iufo'l t i'I
vi 'JT.' 'n i'j
; Une petite- révolution toute pacifique vient,,
de s'accomplir au Palais. Les. cravates noires .ont
disparu, les moustaches out .été' supprimées, le»
pantalons de couleur ont été compris dans la pros
cription générale. Squsl'Empire et souslaRestaujar
tion, les avocats ne se présentaient dcvajrtdes tri - -,
bunaux que dans la rigueur du costupnie''officiel,' '
avec la cravate blanche et le. pantalon ' noir. ' La 1
moustache n'était pas encore inventée ..pour les (
simples citoyens. La cravate blanche, est du ; resté la,
seule qui soit convenable et raisonnable, ; puisque
le rabat en représente les extrémité flottan
tes, et qu'on ne saurait admettre un&.rcrayate'/*
noire avec un rabat blanc. Quant au pantâlop ^ ^il -,
doit être évidemment assorti à la robçj<-.et iUn'y.ît .*
rien.de plus messéant qu'un pantaloa'blanc nu
nankin avec la robe noire. Apres la réVolution de
Juillet la cravate noire s'intronisa;'au : Palais. Ori"
disait à cette occasion que c'était là une des con
quêtes de la révolution. On raconte même que M.
Dupin-, alors procureur - général à la cour
dé cassation, avait fait faire son portrait en grand
costume avec la cravate noire; Les pantalons de
nuances pâles s'étaient aussi glissé dans les. habi
tudes du Palais, au grand scandale des^anciens,
toujours fidèles aux saines traditions. M ;Mî|-'|fpré- : ;
mier président Troplong, par one. lettré- àdres-''
sée à M. le bâtonnier de l'ordra des avocats, a
manifesté l'intention de restaurer à cet égard
les anciennes mepurs judiciaires. La magistrature
a pareillement été avertie, de se conformer au cos
tume officiel. Comme par un coup de baguette, la "
métamorphose s'est opérée, et l'on ne voit plus
maintenant, aux audienc'es des couts et des tribur ,
naux, que des avocats et des magistrats dans une
tenue irréprochable.
INONDATIONS DANS LE NORD DE
L'ANGLETERRE.
Sous ce titre : Un Village englouti, cent
personnes non retrouvées, lè Daily-News publie
lès lamentables détails qu'on va lire ;
' Leeds, 6 février.
Une affreuse catastrophe yient d'avoir lieu à
Holmfirth, grapd village manufacturier, situé à"
quelques milles d'Hudderlield. Des réservoirs dans '■
les parties élevées de la localité -approvisionnent
d'eau plusieurs des. manufactures de l'endroit. La
pluie était tombée ces jours, derniers par tor-
rens, et avait occasioné uné crue si extràor- ,
dinaire, que le réservoir de Bibery avait débordé.
A deux heures, ce matin, il a rompu son encais
sement, causé d'épouvantables ravages, et un
grand nombre de personnes ont péri : l'immense
masse d'eau' s'est précipitée sur le village avec une
impétuosité terrible, elle a entraîné,dans.son irré
sistible torrent, des rangées de maisons, ; tput en
tières, "jetant dans l'éternité ses habitans en
dormis. Au moment où ces lignes sont tracées,
il est impossible de _ bien rendre .cette catas
trophe dans tous ses détails. Cette formida
ble . avalanche d'eau a englouti non-seulement
des maisons, mais. encore des magasins ; les rues
ont été obstruées par des débris de bàtimens, des
balles de laine, des barils d'huile et des cadavre?.
A quatre heures du matin, l'eau avait suffisam- .
ment baissé pour permettre de recueillir les morts, .
et à sept heures, on avait ramassé,soixante cada
vres. Il y avait cinquante-quatre personnes dpis
une rangée de maisons que l'eau avait renversées-,
AUTRES DÉrAILS. '' '\ M
Un correspondant de Manchester écrit qûê, par
suite des pluies continues et torrentielles.fliii
étaient tombées partiellement mardi,"mais surtout
mercredi, depuis le matin de très bonne heure
jusques'à huit ou neuf heures du-soir, les ri- .
vières qui arrosent le Lincoinshire, l'Yorkshire-
et le Derbysliire, s'enllèrent à tel point, qu'elles '
déburdè ent, et, en plusieurs endroits, elles cou- -
vrirent le pays environnant, transformant les bas
terrains en lacs immenses. Nous apprenons avec
douleur qu'lin grand nombre de personnes ont'
péri à Holmfirlh, près d'Iludderfiela ; mais on ne <
connaît pas encore toute l'étendue-des pertes. '
Beaucoup de propriétés ont été détruites. - '
Aux environs de Manchester, la rivière Irwelt ''
s'est élevée à, une hauteur qu'on ne se souvenait'
pas d'avoir -vue depuis bien des années: Un peu
au-dessus de' la- ville , où elle'coule à travers le
Wallriess, la rive gauche a été inondée , et une"
(I) Ibidem, p. 312..
{"ifMâmoires Htrlss juuriusex de septembre,
179Î.
Etat des frais payés par le trésorier de la Commu
ne, etc., p. 319.
lequel nous ne connaissons aucun document
explicite, ou aucune tradition digne de foi ;
seulement une partie de ces cadavres furent
jetés dans un puits, dépendant du jardin des
Carmes, à quelques pa§ de l'Oratoire, à gau
che. Ce puits, qui est comblé et surmonté
d'une croix de bois, porte encore le nom de
Puits des Martyrs. "•
Néanmoins, il nous semble résulter assez
nettement de quelques faits certains, que les
cadavres des prêtres tués aux Carmes furent
portés à l'Ossuaire de la Tombe-Isoire.
Eu général, les sections de Paris qui firent
exécuter les massacres, et qui y présidèrent,
■ gardèrent les vêtemens des victimes ; elles fi
rent dépouiller les cadavres, dressèrent pro-
cès-verbal des dépouilles, les envoyèrent à
la Mairie, ouïes vendirent, et employèrent
l'argent à payer leurs dettes, à équiper des
compagnies de volontaires; ou à solder les
frais. Le procès-verbal d'inventaire de l'Abr
baye est aux archives de la Préfecture
de'"Police; ceux ; de la Force, du Chàte
let et de Saint-Firmin sont aux archives
de l'Hôtel-de-Ville; et.'il résulte des pro-
cèsrverbaux de la section des Sans-Culottes,
déposé aux archives de la Préfecture de Po
lice, que les prisonniers détenus au cloître
des Bernardins furent également dépouillés
par les soins de la section. , -
Restent donc les prisonniers des Carmes,
de la Conciergerie, de Bifcêtre et de la Salpé-
trière, dont les dépouilles furent abandon-
•gées aux "égorgeurs.
Cela n'est pas douteux pour les Carmes ;
nous savons, par lu récit de l'abbé Berthelet,
qu,- )■;>!? v.'ridirf'nt les vêtemens des
prêU'e.-Oiu i-, ai<>yevm;uil 400 livres,
parce qu'ils éUiicnl tailladé s de coups de ^a-
bre ; et l'on a vu que l'un des assassins vint
faire, sur la personne même de l'abbé Ber-
thelet et de cinq de ses compagnons, l'esti
mation de ce que pouvaient valoir leurs ha
bits.
Le fait est également certain pour la Con
ciergerie,- car un procès-^verbal dressé par le
commissaire de la section du Pont-Neuf, le
3 septembre, établit que les cadavres prover
nant de cette prison furent dépouillés au ci
metière (1): ; ■
L'absence de tout inventaire pour la Sal-
pétriore et pour Bicêtre semble prouver que
les vêtemens des victimes de ces deux pri
sons-furent abandonnés aux égorgeurs; et
l'on doit croire, au m'oins pour la Salpétriè-
re, .qu'on n'eut pas l'abomination de mettre
les femmes nues, après les avoir tuées. *
Ainsi, lés cadavres des Carmes et delà
Conciergerie furent portés, vêtus, au lieu de
la sépulture, cela est certain ; cela n'est que
probable pour ceux de la Sal'pétrière etde
Bicêtre. Or, l'ordonnance qu'on vient de
lire plus haut, sur le paiement des ou
vriers employés à là Tombe-Isoire, parle
de ceux .qui travaillèrent à dépouiller les
cadavres. D'un autre côté^ le procès^verbal du
commissaire Barabé constate que les cada
vres de la Conciergerie furent,, apportés au
cimetière de Clfimart. Il'résulte doiiç de tous
ces faits rapprochés qu'il est à peu près cer
tain que ces cadavres, dépouilles à la'Tombe-
Isoire, étaient ceux des prêtres égorgés aux
Carmes.
Voici maintenant la liste de ces victimes;
nous l'avons prise à l'Etat,Civil dé Paris, sur
le procès-verbal "authentique dressé par
(t) Procès-verbal signé Bahadelle, président,
B arabé, commissaire; — collection des -procès-
verbaux; Archives de la Prèfeotwre de Police.
Daubanel, greffier de la justice de paix de là,
section du Luxembourg, et par Lemaître;
secrétaire de la sectiAn, le 18 octobre 4792.
Nous nous sommes borné à la rédiger par
ordre alphabétique, en y ajoutant des recti
fications dont la source est indiquée et-jus.-
tifiée.
SECTION DU LUXEMBOURG.
Tableau des prêtres et autres personnes détenus
T au couvent des Carmes le ^..septembre ,4792, -
indicatif de ceux qui ont péri, et de ceiixqui
ont été soustraits à la sévérité du peuple.
K Abraham (Vincent).
'2 Angar, ou Augeard. -
3 Aubert. <
4 Auzuret. *
5 Balmain, ou Bl^min. ' ' *
6 Barreau (Louis), bénédictin, neveu de M. Che-
. vreux.
7 Barret, oit Barré. .
. 8 Ba"gué. ; :
9 Beau lieu.
10 Becavin (Joseph). ' '
' » Bérauld-Duperron, voyez Duperron.
» Blamin, voyez Balmain.
H Bonneau (Jaoqucs-Jules). '-
12 Boubert (Louis-Alexis-Mathias).
13 Boucharelle (Jean-Antoine-Hyacinthe). "'
14 Bousquet, ou Dubousquet (Jean-Francois).
15 Brcillot (1). ' , ;
» Breton," voyez Lé Breton. ^
16 Burté (Jean-François).
17 Chaudet. ■
18 Chevreux (Ambroise).
(1) Il s'évada. — Voyez l'abbé Guillou, les Mar
tyrs de la foi. t. 1, p. 199. v "
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