Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-28
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 juillet 1908 28 juillet 1908
Description : 1908/07/28 (A2,N302). 1908/07/28 (A2,N302).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645957d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
i^^nnée..-N» 302 (Quotidien) &C KamtfO : S Centime*
-
Mardi 28 Juillet 1908.
Rédacteur en Chef : Q. de PAWLOWSKi
RÉDACTION & ADMINISTRATION S
'7, boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-99
adresse Télégraphique : CO,,-DlA.PARIS
ABONNEMENTS :
LIN AN 6 nos
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
«. tranger 40 » 20 a
RÉDACTION & ADMINISTRATION ?
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 208-07
Adresse Télégraphique : C0MŒBSA»PARlS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris* et Départements 24 fr. 12 fr.
Éttanger. 40 e 20 a
Spectateurs
"nt deux fauteuils de balcon, à un
des jOurs d'abonnement. Leur fortune
leur donnerait droit à une loge. Mais,
n'est-ce Pas? le nombre des loges est
limité. Les titulaires ne veulent pas s'en
dessaisir. Et ils ont été bien heureux
d'avoir leurs deux fauteuils. Il a fallu
qu'un ancien ministre s'y emploie.
M. * Rencoulet n'a pas loin de soixante-
dix ans, et sa femme doit avoir dans ces
prix-là, PlutÔt plus que moins. Ils sont
petits tous les deux, boulots, avec des
têtes bien larges et des yeux bien inof-
fensifs *
M. Rencoulet possède cinq millions.
Il n' a pas d'enfants, pas de neveux, pas
d'amis, niais il-a des relations : la person-
ne qUI 11 a vendu très cher son fonds
fiactCOrnmerce, le notaire qui a dressé
qUe e, son banquier, et l'homme politi-
flUe avec qui lé hasard des affaires l'a
^"rapport.
M. Rencoulet et sa femme sont très
assidus à l'abonnement. Il est très diffi-
cile e voir sur leur visage ce qu'ils
ent de la pièce. Ces larges visages
sont tournés vers la scène, et, tout ce
qu'on Peut dire, c'est que ni M. Ren-
cou let ni sa femme ne sommeillent.
ils Il est pr obable que, les premières fois,
ils goûtaient au spectacle une satisfac-
tion béate de gens du peuple, qui ss
plaisent à n'importe quoi, et qui trou-
vent ♦ !°us les acteurs très bons.
Mais, au bout de quelques représenta-
tions, ils ont commencé à juger, non pas
qu'ils Se soient formé des opinions, mais
ils en ont acquis en dînant en ville. Car
ils sont invités chez leur notaire, chez
leur 0 banquier.
O n les traite avec beaucoup de défé-
ren e* Comme les gens qui les fréquen-
tejjt ne Veulent pas s'avouer la vérité, et
se dire qu'ils les fréquentent à cause de
leur argent, ils leur ont découvert tou-
tes sortes de qualités. M. Rencoulet parle
Pey rnais avez-vous remarqué que ce
qu' il dlt est toujours juste? Mme
Rencoulet est une bonne femme. Certai-
nement elle dut faire beaucoup de bien
aUt0d'elle ; mais elle n'irait pas s'en
Quand on parle donc à table du Théâ-
tre-F rançais, on pose parfois des ques-
tions à M. Rencoulet. On lui a demandé
Par exemple ce qu'il pense de Grand
da s Simone, ou de Le Bargy dans les
Deux Hommes. Il a répondu quelque
chose. et il s'est fait désormais sur
Gra nd, comme sur Le Bargy, comme
sur Mlle Piérat, comme sur Louis De-
launay, une opinion arbitraire, mais cer-
t ti
Il traversa, je dois le dire, une pério-
de pénible, quand il s'aperçut que le
Théâtre-Français pouvait être discuté. Il
s'était satisfait, les premiers temps, de
cette ancienne et célèbre formule qu'aux
Français on passe toujours une bonne
soirée. Pourquoi cette loi n'est-elle plus
en v,*ueur? C'était pourtant bien com-
mode ,pour certains spectateurs que de
pouvoir se dire, à l'issue de la représen-
tation : (( Nous sommes contents », mê-
Hie SI l'on n'avait pas été remué dans
les entrailles par le Mariage de Victo-
rine, et si l'on ne s'était réjoui que mo-
dérément à l'Ecole des maris.
Rencoulet donc, lorsque sa foi
éb eUgle dans le Théâtre-Français eut été
ébranlée par les discussions dont il fut
témoin, et même auxquelles il lui sembla
Pa Il Prenait part, M. Rencoulet passa
par une phase de trouble, presque d'ef-
froi, a l'idée qu'il faudrait porter un
jugement sur les pièces et les artistes du
théâtre national, et que ce jugement ne
dev 1 pas être immuablement favorable.
Mais il s'aperçut, au bout de très peu
de temps, qu'il était très facile de juger,
c'est-à-dire d'adopter une opinion. Il est
que le spectateur du mardi ou du
je 1 ne trouve pas, avant de se rendre
3U théâtre, une opinion à adopter. Si
il a vu personne en ville, et si l'on
tlla lu aucun journal, on trouve toujours,
en drivant à la Comédie, quelqu'un qui
vous renseigne. M. Rencoulet, après
avoir installé sa femme, ne manquait ja-
mais d'aller faire un tour dans les cou-
loirs. Il rencontrait son notaire, ou son
banquier, puis il revenait à son fauteuil
et disait à Mme Rencoulet : « On dit
e c'est mauvais ».
Il ne leur restait plus, dans ce cas,
qu'à trouver la pièce mauvaise, ce qu'ils
faisaient consciencieusement. A l'en-
acte M. Rencoulet joignait le notaire
er, et fidèlement lui disait: « C'est
bien mauvais "» au moment précisément
où le notaire allait lui dire : « Hé mais !
dites donc, c'est mieux que je ne
croyais! Mais il s'arrêtait, impression-
se Par l'opinion de M. Rencoulet, sans
ne douter qu'il la lui avait fournie lui-
même.
de Si d'aventure le notaire avait le temps
b Prononcer sa phrase, c'était à M.
encoulet d'être influencé et de modifier
s impressions.
cependant, dans le foyer, l'auteur
errait, comme une ombre du Styx.
Apres l'accueil plutôt frais du public de
la gé-ns érale, après les quelques gros ap-
pi audïssements de la première, on lui
n ait dit: « Il faudra voir les abon-
laes. Il avait donc attendu fébrilement
fin de l'acte.
'r 1 Hé bien, lui avait dit le premier
ir,uste qu'il avait rencontré, croyez-vous
e ca marche ce soir?. Mon mot de
sortie, qui n'avait fait aucun effet hier,
a très bien porté aujourd'hui.
— Pourtant, dit l'auteur en prêtant
l'oreille, il me semble que le baisser de
rideau est moins chaud.
— D'ici vous entendez mal; et d'ail-
leurs les abonnés n'applaudissent pas
beaucoup.
.L'auteur renaît à l'espoir, mais l'un
des protagonistes arrive avec une figure
longue.
— Durs, durs. Ils sont très durs.
Et, consolateur:
— Ne vous occupez pas de ça, mon
cher. Vous avez fait une belle œuvre.
Ils peuvent l'accueillir comme ils vou-
dront, ils ne changeront pas la valeur de
votre pièce.
Pendant le deux, l'auteur fait un ef-
fort héroïque. Il se rend dans la salle,
au fond d'une loge de galerie, de côté.
Il regarde les spectateurs.
Peu de temps avant la fin, il revient
précipitamment au foyer pour n'être pas
aperçu dans les couloirs (non pas qu'il
craigne d'être porté en triomphe!)
Oh! comme l'acte a fait peu d'effet!
Mais, cette fois, le protagoniste est
enchanté:
— Vous étiez dans la salle?
— Oui.
— Eh bien! croyez-vous que ça por-
tait ?
— Hé bien !
— Mon cher, si nous avions eu cet
effet là à la générale et à la première,
votre pièce faisait deux cent cinquante
représentations.
.L'auteur ne sait plus. Malgré les
bonnes paroles du protagoniste, il n'ou-
blie pas l'attitude de certains specta-
teurs. Il s'adresse à quelqu'un de l'ad-
ministration :
— Vous ne savez pas qui c'est, ce
vieux petit gros monsieur et cette vieille
dame qui lui ressemble, au balcon?.
Ils n'ont pas bougé; ils faisaient une fi-
gure effrayante.
— Au balcon, un vieux monsieur et
une vieille dame. Ce sont les Rencou-
let, l'ancien fondeur, des gens très ri-
chts. Il paraît qu'ils sont très contents.
Je viens de voir quelqu'un de leurs amis ;
ils aiment beaucoup votre pièce.
- Non?
— Je vous dis qu'ils sont enchantés.
Et la personne de l'administration s'en
va à ses affaires, laissant l'auteur tout à
la haute idée qu'il se forme de ce M.
Rencoulet, une de ces grandes figures de
la bourgeoisie française, si cultivée, si
judicieuse et si fine.
Tristan BERNARD.
L'art est idéaliste
On vient de découler que les singes
avaient de grandes dispositions pour le des-
sin. Evidemment, ce qu'ils ont fait jusqu'à
présent, tout en valant mieux que ce que
nous voyons annuellement au Salon des
Artistes français, n'est pas encore de tout
premier ordre. Une seule chose est indénia-
ble toutefois dans les ébauches qui nous
sont présentées: c'est l'idée artistique très
nette que se font nos ancêtres agiles de la
mission de l'artiste. L'un voulant reproduire
la chambre dans laquelle il était enfermé
a dessiné à grands traits la note dominante
de cette pièce, c'est-à-dire les barreaux qui
rayent la fenêtre. Un autre, voulant ligurer
son gardien, s'est borné à dessiner un œil
vigilant monté sur une tige sans impor-
tance.
En agissant ainsi, ils n'ont fait, somme
toute, que suivre l'exemple de nos grands
artistes dont tout l'effort se porte sur la
recherche des caractères principaux du mc-
dèle qu'ils ont à reproduire.
Beaucoup de pens qui parlent journelle-
ment de naturalisme au théâtre feraient
bien, semble-t-il, sur ce point, d'aller de-
mander quelques conseils aux artistes du
laboratoire de zoologie expérimentale. Ils
découvriraient peut-être ainsi que, poui
taire du bon théâtre naturaliste, il ne suffit
pas de reproduire scrupuleusement dans
leurs .moindres détails les scènes qui nous
entourent, mais qu'il faut savoir choisir
parmi elles les plus caractéristiques si l'on
veut faire une œuvre d'art. Car, ici comme
partout, l'Art ne peut être, par définition
même, autre chose qu'idéaliste.
On distingue en effet trop souvent les pro-
cédés idéalistes des procédés matérialistes,
et l'on se figure volontiers qu'ils s'opposent
les uns aux autres. En matière d'art, lors-
que l'on examine, en compagnie de nos
amis les singes, les choses d'un peu plus
près, on se 'convainc aisément qu'il n'en est
pas ainsi et que le caractère artistique d'une
œuvre ne dépend jamais du sujet traité. Il
n'y a seulement, ici comme ailleurs, que
des gens qui comprennent et des gens qui
ne comprennent pas, des artistes ou des
philistins, des peintres ou des photogra-
phes.
L'art se caractérise en toute chose par
un choix, par la recherche d'une dominante,
et peu importe que cette recherche ait lieu
dans un tas d'immondices ou dans un grand
esprit. G. DE PAWLOWSKI.
Échos
H
ier et aujourd'hui.
L'indisposition survenue ces murs
ci à Mme Delvair, et qui a quelque peu in-
quiété ses nombreux admirateurs, heureuse-
ment rassurés maintenant, en même temps
qu'elle a fait partir de tous cotes des cris
d'enthousiasme vers Albert Lambert, dont
la présence d'esprit et 1 întel îgence ne sau-
raient trop être soulignées a cette occasion,
remet en mémoire un accident absolument
semblable dont fut victime Mlle Clairon.
Elle devait tenir le rôle d Ariane dans la
tragédie du même nom, ; de Thomas Cor-
neille. Comme elle* se *, sentait souffrante,
elle eut la précaution de faire placer un
fauteuil sur la scène. Cependant tout alla
bien jusqu'au cinquième acte; mais arrivée
là, au moment où elle exprimait son déses-
poir sur la fuite de Phèdre et de Thésée,
elle fut prise soudain d'une sorte d'étourdis-
sement et, à la fin de sa tirade, elle tomba
dans le fauteuil sans pouvoir articuler une
syllabe de plus. C'est alors que Mlle Bril-
land, la confidente, secourut d'une façon
imprévue son illustre camarade. Modifiant
complètement le jeu de scène qui avait été
fait jusqu'alors en cet endroit, elle vint se
mettre aux pieds d'Ariane, lui prit les
mains et les arrosa de ses larmes; puis elle
dévida son rôle lentement, s'arrêtant à cha-
que mot comme sous le coup d'une grande
douleur, et s'interrompant fréquemment par
des sanglots. Grâce à elle, la situation fut
sauvée: « Ses regards et ses mouvements,
dit Mlle Clairon elle-même, me pénétrè-
rent; je me jetai dans ses bras et le public,
en larmes, reconnut cette intelligence par
les plus grands applaudissements. »
D
sviser pour régner :
Léonie Yahne: Bien taire et laisser
.dire.
Joseph Renot: Nitchevo.
Jacques Fenoux: Connais-moi toi-même.
Julia de Cléry: Tout bien ou rien.
Mathilde de Craponne : Fiat voluntas
mea.
Mary Gillet: Bien taire et laisser braire.
Noémie Muller: J'y pense.
A
utres temps.
L Les artistes sont des gens suscepti-
bles. La moindre petite critique les fâche
et les irrite, la vérité les offense et l'éloge
pour eux n'est jamais assez vif. Les cri-
tiques, d'autre part, sont devenus gens cour-
tois et modérés.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Et si
nous feuilletons les admirables critiques
dramatiques de Barbey d'Aurevilly, on y
pourra trouver des jugements aussi justes
que sévères.
Qu'on en juge!
Le 5 septembre 1868, dans le Nain
Jaune, .en rendant compte de Jeanne de Li-
gneris, le premier ouvrage de M. Marc
Bayeux, ouvrage qui fut, d'ailleurs, lamen-
tablement sifflé, voici ce que l'auteur des
Diaboliques écrivait sur trois artistes qui
ont, d'ailleurs, laissé un nom dans le théâ-
tre: Mlle Essler, Mlle Fassy et Mlle Agar.
.C'est Mlle Essler qui jouait Jeanne, Mlle
Essldr dont j'ai parlé déjà et que je n'ai pas
voulu définitivement juger.Elle est maintenant
jugée. C'est décidément un germe d'actrice qui
n'aboutira pas, un fruit vert qui pourrira avant
de mourir.
Mlle Fassy est un page à qui il faudrait
'refaire d'autres jambes ou d'autres genoux ou
qu'il faudrait supprimer.
.En somme Mlle Agar ne sera, je crois, qu'u-
ne servante de tragédie, comme l'autre Agar
était servante chei Abraham, et, pour mon
compte, je la renverrais bien au désert.
Si l'on en disait le quart aujourd'hui!.
l NOS ARTISTES
I v
4
(RSMtUnger. phot.1
Mlle Ricotti
A
nachronisme. --
On ne saurait trop faire d'actualité;
jeudi, au casino de tlagnères, on donnait la
première représentation (reprise!) de La
Fille du Régiment, opéra en deux actes, pa-
roles de Bayard et Saint-Georges, musique
de Donizetti, représenté à l'Opéra-Comique
le 11 février 1840. L'action se passe au
Tyrol et, au premier acte, on invoque la
Madone.
Ici, la Madone était représentée par une
superbe statue grandeur demi-nature de la
Vierge de Lourdes, dite Vierge de f Imma-
culée-Conception ; Bagnères est à vingt-deu$
kilomètres de Lourdes et on fêtait, la se-
maine dernière, le cinquantenaire de l'appa-
rition.
p
! laisirs d'été. --
Un humoriste disait : « Les vacances se
partagent en deux parties: durant la pre-
mière, on se repose de sa fatigue; durant
la seconde, on se fatigue de son repos. » A
la vérité, on se repose huit jours et on s'en-
nuie sept semaines.Une année, nous conte M.
Pierre Veber, le plus barbu des auteurs co-
miques, un auteur tragique, un vaudevil-
liste et deux journalistes allèrent se retrem-
per dans le sein de la Nature, à Ranville.
C'est-à-dire que, le lendemain de leur ar-
rivée, ils se mirent à jouer au poker et au
bridge, sans arrêt ; seulement, pour se don-
ner l'illusion qu'ils prenaient de la santé,
ils laissaient les fenêtres ouvertes. Au bout
de huit jours, ces amateurs de bucoliques
trouvèrent que le poker était bien mono-
tone; en outre, il était assez coûteux. L'un
de ces messieurs eut alors une idée de gé-
nie :JlJnventa le «match a la machine à
écrire >». ; On fit venir de Paris cinq ma-
chines à écrire,, et ce fut à qui écrirait le
plus de "lignes dans sa journée. Durant
un mois, les cinq t gendelettres restè-
rent enfermés, tapotant leurs claviers du
matin au soir; on essaya vainement de les
arracher à leur match ; on organisa des ex-
cursions, des parties de campagne, des pro-
menades en auto; les cinq martyrs refu-
sèrent. On ne les voyait qu'aux repas; le
soir, à neuf heures, on vérifiait la produc-
tion de la journée; cela variait entre 400
et 500 lignes; l'auteur comique avouait:
« Il était temps que nous rentrions à Paris;
huit jours de vacances de plus et nous
étions fourbus. »
Et voilà comment MM. Tristan Bernard,
Romain Coolus, Alfred Athis, Alexandre et
Thadée Natanson passent leur été.
A
M. Bérenger:
M. le sénateur Bérenger a dit: « Le nu
au théâtre est un spectacle "dégoûtant».
Pardonnez si je ne ménage
Votre Respectabilité,
Monsieur, mais ma sincérité
Excusera mon griffonnage.
On discute au nom de Thémis
Si l'on doit permettre sur scène
La Nudité qu'en chaste miss
Vous avez déclarée obscène.
La foule n'est pas très encline
A comprendre ces discussions,
Mais moi je suis sage et m'incline
Devant vos dénonciations.
Mais vous osez, témérité !
- Et c'est alors que je renâcle —
Traiter de dégoûtant spectacle
La belle et sainte Nudité;
Voilà qui n'est pas d'un brave homme.
Traiter le nu de dégoûtant!
Caton même, jadis, à Rome
N'en aurait jamais fait autant.
Vous voyant rechercher la gloire
Par ces moyens d'homme. rangé,
Plus un poète ne veut croire
Que vous vous nommez Bérenger.
Mais j'en dirais trop, je termine,
Nos enfants pourront-ils jamais,
Jugeant la vertu sur la mine,
Vous admirer? J'ignore, mais ,
Si vous qui n'êtes plus des nôtres,
Trouvez le nu sans agrément,
Du moins soyez assez clément
Pour. n'en pas dégoûter les autres.
L
a maison maquillée.
f Çe n'est pas à une comédienne
iqu'elle appartient, mais a un auteur drama-
tique, à un écrivain — à Marcel Prévost.
Lorsque ce dernier, ingénieur des tabacs,
résidait à Tonneins (Lot-et-Garonne), il vit
une maison, toute moderne du reste, qui lui
plut fort. Plus tard, il l'acheta, et plus tard
encore, selon que le permettaient les suc-
cès littéraires et théâtraux de l'auteur du
Scorpion et des Demi-Vierges, il en fit plâ-
trer, de façon assez épaisse, tout l'exté-
rieur. Et c'est dans ce plaquage de plâtre
que l'ingénieux ancien ingénieur, devenu
un homme de lettres fort pratique, fit mo-
deler l'aspect Louis XVI de son actuel châ-
teau de La Roche, par Vianne.
Si souvent de vieilles dames jouent des
rôles de jeunes filles, voici une jeune mai-
son grimée en vieux château! C'est la re-
vanche des siècles passés.
c
i 'est une personnalité bien connue dans
* les milieux littéraires de Paris que
celle du poète F.-T. Marinetti, auteur du
Roi Bombance et directeur de Poesia, cette
belle revue internationale vraiment unique
en ce qu'elle publie, dans leur langue ori-
ginale, les vers inédits des grands poètes
de tous pays.
Le poète Marinetti, dont le volume La
Ville charnelle (Sansot, éditeur) a atteint
la sixième édition, publie aujourd'hui un
livre très alléchant de critique humoristi-
que: Les Dieux s'en vont, dl Annunzio
reste. Le poète Marinetti y décrit, avec un
esprit tout parisien, l'œuvre et la vie intime
de d'Annunzio.
L
'hygiène au théâtre.
Un questionnaire va être adressé
aux artistes dramatiques et lyriques, avec
cette mention:
Les artistes de théâtre sont priés de prendre
exemple sur les ouvriers qui font des travaux
insalubres et qui notent avec soin les troubles
de leur santé, non seulement dans leur propre
intérêt, mais encore dans celui de leurs camara-
des éloignés ou futurs. C'est la solidarité à tra-
vers la distance, et le temps qui hâte la solution
des plus difficiles problèmes de l'hygiène pré-
ventive.
C'est sous le patronage de la clinique
des maladies professionnelles qu'est faite
cette enquête.
Hélas! ce n'est pas à Paris, mais à Milan,
qu'on se préoccupe des conditions d'insalu-
brité dans lesquelles s'exerce l'art théâtral.
N'y a-t-il pas là une sérieuse indication
dont nos dirigeants pourraient faire leur
profit?
B
> eaucoup de bruit.
> Notre excellent confrère Jacques
Landau s'est ému d'un écho paru dans
Comœdia de dimanche à propos d'un inci-
dent qui se serait passé au Théâtre-Mon-
dain, et dans lequel il était question d'un
sac de bonbons et de deux charmantes, tra-
gédiennes. M. Jacques Landau n'a que fort
galamment pris fait et cause pour une jeune
femme à laquelle un voisin avait trouvé
spirituel de dévorer un sac de bonbons.
Il n'y a pas là de quoi fouetter un chat
et nous donnons très volontiers acte à notre
confrère de sa protestation.
L
es chauffeurs soucieux de leurs intérêts
doivent donner leur préférence au
châssis type fiacre Unie, qui est à la fois
souple, régulier, rapide, et dont la vogue
est, du reste, considérable.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
COMŒ'DIA" A CARCASSONNE
- LA FILLE DE ROLAND
Au Théâtre Antique de la Cité
(Par dépêche 'de notre correspondant)
Parmi tous les théâtres plus ou moins
antiques qu'on s'efforce un peu partout de
reconstituer, aucun assurément ne se peut
comparer, pour le pittoresque et le roman-
La Théâtre Antique de la Cité.— La scène
tisme de son cadre, au nouveau théâtre de
fa cité de Carcassonne.
Pour qui connaît le décor prestigieux de
la merveilleuse cité moyenâgeuse, il est
aisé de deviner l'effet grandiose que peut
en tirer un habile metteur en scène.
C'est ce qu'a parfaitement compris l'in-
fatigable mécène toulousain, le docteur
Charry; et je m'empresse de dire qu'il a
admirablement réussi dans son entreprise.
Perché comme un nid d'aigle au sommet
de la haute cité, entre les vieux remparts
que dominent çà et là les romantiques tours
circulaires, le nouveau théâtre apparaît
comme la scène idéale pour les spectacles
de drame ou de tragédie classique.
On ne pouvait mieux choisir aussi pour
la première représentation que l'œuvre)
puissante d'Henri de Bornier, La Fille dei
Roland.
Le succès a dépassé toutes les prévisions.
Les spectateurs, accourus en foule de
toutes les contrées avoisinantes, ont mani-
Le docteur Charry
créateur du Théâtre de la - Cité
festé le plus chaleureux enthousiasme poule
l'œuvre, d'une si noble inspiration, pour ]s(
mise en scène, réglée par le docteur Chaire
avec un sens très sûr des nécessités d
théâtre en plein air; enfin pour l'interprétai
tion, qui était de tout premier ordre.
Paul Mounet mit au service du rôle de"
Charlemagne toute la puissance de son ad1
mirable talent; Mlle Delvair donna à l'hé-)
roïque figure de la nièce du Grand Empe-
reur toute son expression de tendresse'
émouvante: et M. Jacques Fenoux fut un
superbe Gérald.
MM. Teste, Gérard, Tierry, Leffray eti
Mlle Yvonne Ducos complétaient ce parfait;
ensemble.
LE THÉÂTRE EN TURQUIE
Le cabinet noir- et les coupures
Le Sultan sait tout
Annoncez Vos monologues !
Un vent nouveau semble souffler sur la jeu-
nesse turque et sur la jeunesse égyptienne.
- Au moment précis où la « Jeune-Turauie »
Burhaneddin Bey
lait parler WèUe, un des représentants les plus
actifs de ce parti de rénovation patriotique vient
de se manifester d'une curieuse façon en jouant
un rôle dans une pièce française.
Il s'agit de Burhaneddin Bey, qui, jusqu'à ces
temps derniers, occupa a Constantinople des
fonctions diplomatiques importantes.
Tour à tour attaché au grand-vizirat et au
ministère des Affaires étrangères, il abandonna
un beau jour la « carriere » et décida de « faire
du théâtre ». ,
Le régime ottoman n'est pas des plus tendres
pour les fils de l'aristocratie islamigue oui veu-
lent embrasser la profession d'artiste; aussi dut-il
s'embarquer pour l'Egypte, où il débuta dans
une troupe française de passage qui jouait en.
tournée Le Marquis de Priola.
Encouragé par le succès qu'il remporta, il vint
à Paris, où il choisit comme professeur M. Sil-
vain, de la Comédie-Française, qui se montra
particulièrement satisfait de son élève.
Burhaneddin Bey a joué, ces temps derniers,
chez Mme Juliette Adam, à Gif, dans une pièce
de Gabriele d'Annunzio. Il fut vivement applaudi.
C'est aussi un auteur dramatique. Il écrit, en
effet, en ce moment, avec M. Castellani, l'auteur
applaudi de Vercingétorix, une pièce en trois,
actes sur la vie au harem, intitulée Nadiré.
Voici l'article qu'il vient de nous adresser :
Les drôleries de la censure
Guide indispensable aux administrateurs,
impresari, artistes, qui veulent faire des)
tournées.
rh Il y a dans mon PaYs, c'est en Turquie, des,
choses vraiment curieuses et drôles même. Par-
Ions simplement aujourd'hui de la censure.
On sait que nous recevons à Constantinuple lai
visites de tournées étrangères et surtout fran-j
çaises.
d Toute Pièce aVant d'êîre annoncée au publicl
doit passer par la censure. C'est pour cela quei
le directeur du théâtre invite l'administrateur des
tournées a envoyer leurs pièces deux mois avant:
leur arrivée. Je dis deux mois, je ne sais si ce ,
délai suffit. Vous allez voir pourquoi. La direc-
tion du théâtre envoie une de ces pièces au bu-
reau chargé de la censurer, au ministère de la
Police, ou un fonctionnaire en fait d'abord le
résumé et la présente à une commission compo-
sée de treize membres. Là, on parle, on discute
sur le sujet. On voit si ce sujet ne met pas en
valeur des idées politiques, des sentiments de
révolte et d'anarchie, des aspirations de liberté.
Ceci fait, un autre fonctionnaire prend la pièce
et s'enferme chez lui pendant une semaine en
lisant phrase par phrase, mot par mot, pour voir
s'il n'y est rien qui choquerait les idées gouver-
nementales ou ferait allusion aux choses catalo-
guées subversives.
C'est ainsi qu'un jour je fus stupéfait de re-
marquer dans,une pièce que: « Le printemps,
oh! ça fait du bien » fut remplacé par: « La
chaleur, oh 1 c'est bon » narce oue. parce que
-
Mardi 28 Juillet 1908.
Rédacteur en Chef : Q. de PAWLOWSKi
RÉDACTION & ADMINISTRATION S
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Paris* et Départements 24 fr. 12 fr.
Éttanger. 40 e 20 a
Spectateurs
"nt deux fauteuils de balcon, à un
des jOurs d'abonnement. Leur fortune
leur donnerait droit à une loge. Mais,
n'est-ce Pas? le nombre des loges est
limité. Les titulaires ne veulent pas s'en
dessaisir. Et ils ont été bien heureux
d'avoir leurs deux fauteuils. Il a fallu
qu'un ancien ministre s'y emploie.
M. * Rencoulet n'a pas loin de soixante-
dix ans, et sa femme doit avoir dans ces
prix-là, PlutÔt plus que moins. Ils sont
petits tous les deux, boulots, avec des
têtes bien larges et des yeux bien inof-
fensifs *
M. Rencoulet possède cinq millions.
Il n' a pas d'enfants, pas de neveux, pas
d'amis, niais il-a des relations : la person-
ne qUI 11 a vendu très cher son fonds
fiactCOrnmerce, le notaire qui a dressé
qUe e, son banquier, et l'homme politi-
flUe avec qui lé hasard des affaires l'a
^"rapport.
M. Rencoulet et sa femme sont très
assidus à l'abonnement. Il est très diffi-
cile e voir sur leur visage ce qu'ils
ent de la pièce. Ces larges visages
sont tournés vers la scène, et, tout ce
qu'on Peut dire, c'est que ni M. Ren-
cou let ni sa femme ne sommeillent.
ils Il est pr obable que, les premières fois,
ils goûtaient au spectacle une satisfac-
tion béate de gens du peuple, qui ss
plaisent à n'importe quoi, et qui trou-
vent ♦ !°us les acteurs très bons.
Mais, au bout de quelques représenta-
tions, ils ont commencé à juger, non pas
qu'ils Se soient formé des opinions, mais
ils en ont acquis en dînant en ville. Car
ils sont invités chez leur notaire, chez
leur 0 banquier.
O n les traite avec beaucoup de défé-
ren e* Comme les gens qui les fréquen-
tejjt ne Veulent pas s'avouer la vérité, et
se dire qu'ils les fréquentent à cause de
leur argent, ils leur ont découvert tou-
tes sortes de qualités. M. Rencoulet parle
Pey rnais avez-vous remarqué que ce
qu' il dlt est toujours juste? Mme
Rencoulet est une bonne femme. Certai-
nement elle dut faire beaucoup de bien
aUt0d'elle ; mais elle n'irait pas s'en
Quand on parle donc à table du Théâ-
tre-F rançais, on pose parfois des ques-
tions à M. Rencoulet. On lui a demandé
Par exemple ce qu'il pense de Grand
da s Simone, ou de Le Bargy dans les
Deux Hommes. Il a répondu quelque
chose. et il s'est fait désormais sur
Gra nd, comme sur Le Bargy, comme
sur Mlle Piérat, comme sur Louis De-
launay, une opinion arbitraire, mais cer-
t ti
Il traversa, je dois le dire, une pério-
de pénible, quand il s'aperçut que le
Théâtre-Français pouvait être discuté. Il
s'était satisfait, les premiers temps, de
cette ancienne et célèbre formule qu'aux
Français on passe toujours une bonne
soirée. Pourquoi cette loi n'est-elle plus
en v,*ueur? C'était pourtant bien com-
mode ,pour certains spectateurs que de
pouvoir se dire, à l'issue de la représen-
tation : (( Nous sommes contents », mê-
Hie SI l'on n'avait pas été remué dans
les entrailles par le Mariage de Victo-
rine, et si l'on ne s'était réjoui que mo-
dérément à l'Ecole des maris.
Rencoulet donc, lorsque sa foi
éb eUgle dans le Théâtre-Français eut été
ébranlée par les discussions dont il fut
témoin, et même auxquelles il lui sembla
Pa Il Prenait part, M. Rencoulet passa
par une phase de trouble, presque d'ef-
froi, a l'idée qu'il faudrait porter un
jugement sur les pièces et les artistes du
théâtre national, et que ce jugement ne
dev 1 pas être immuablement favorable.
Mais il s'aperçut, au bout de très peu
de temps, qu'il était très facile de juger,
c'est-à-dire d'adopter une opinion. Il est
que le spectateur du mardi ou du
je 1 ne trouve pas, avant de se rendre
3U théâtre, une opinion à adopter. Si
il a vu personne en ville, et si l'on
tlla lu aucun journal, on trouve toujours,
en drivant à la Comédie, quelqu'un qui
vous renseigne. M. Rencoulet, après
avoir installé sa femme, ne manquait ja-
mais d'aller faire un tour dans les cou-
loirs. Il rencontrait son notaire, ou son
banquier, puis il revenait à son fauteuil
et disait à Mme Rencoulet : « On dit
e c'est mauvais ».
Il ne leur restait plus, dans ce cas,
qu'à trouver la pièce mauvaise, ce qu'ils
faisaient consciencieusement. A l'en-
acte M. Rencoulet joignait le notaire
er, et fidèlement lui disait: « C'est
bien mauvais "» au moment précisément
où le notaire allait lui dire : « Hé mais !
dites donc, c'est mieux que je ne
croyais! Mais il s'arrêtait, impression-
se Par l'opinion de M. Rencoulet, sans
ne douter qu'il la lui avait fournie lui-
même.
de Si d'aventure le notaire avait le temps
b Prononcer sa phrase, c'était à M.
encoulet d'être influencé et de modifier
s impressions.
cependant, dans le foyer, l'auteur
errait, comme une ombre du Styx.
Apres l'accueil plutôt frais du public de
la gé-ns érale, après les quelques gros ap-
pi audïssements de la première, on lui
n ait dit: « Il faudra voir les abon-
laes. Il avait donc attendu fébrilement
fin de l'acte.
'r 1 Hé bien, lui avait dit le premier
ir,uste qu'il avait rencontré, croyez-vous
e ca marche ce soir?. Mon mot de
sortie, qui n'avait fait aucun effet hier,
a très bien porté aujourd'hui.
— Pourtant, dit l'auteur en prêtant
l'oreille, il me semble que le baisser de
rideau est moins chaud.
— D'ici vous entendez mal; et d'ail-
leurs les abonnés n'applaudissent pas
beaucoup.
.L'auteur renaît à l'espoir, mais l'un
des protagonistes arrive avec une figure
longue.
— Durs, durs. Ils sont très durs.
Et, consolateur:
— Ne vous occupez pas de ça, mon
cher. Vous avez fait une belle œuvre.
Ils peuvent l'accueillir comme ils vou-
dront, ils ne changeront pas la valeur de
votre pièce.
Pendant le deux, l'auteur fait un ef-
fort héroïque. Il se rend dans la salle,
au fond d'une loge de galerie, de côté.
Il regarde les spectateurs.
Peu de temps avant la fin, il revient
précipitamment au foyer pour n'être pas
aperçu dans les couloirs (non pas qu'il
craigne d'être porté en triomphe!)
Oh! comme l'acte a fait peu d'effet!
Mais, cette fois, le protagoniste est
enchanté:
— Vous étiez dans la salle?
— Oui.
— Eh bien! croyez-vous que ça por-
tait ?
— Hé bien !
— Mon cher, si nous avions eu cet
effet là à la générale et à la première,
votre pièce faisait deux cent cinquante
représentations.
.L'auteur ne sait plus. Malgré les
bonnes paroles du protagoniste, il n'ou-
blie pas l'attitude de certains specta-
teurs. Il s'adresse à quelqu'un de l'ad-
ministration :
— Vous ne savez pas qui c'est, ce
vieux petit gros monsieur et cette vieille
dame qui lui ressemble, au balcon?.
Ils n'ont pas bougé; ils faisaient une fi-
gure effrayante.
— Au balcon, un vieux monsieur et
une vieille dame. Ce sont les Rencou-
let, l'ancien fondeur, des gens très ri-
chts. Il paraît qu'ils sont très contents.
Je viens de voir quelqu'un de leurs amis ;
ils aiment beaucoup votre pièce.
- Non?
— Je vous dis qu'ils sont enchantés.
Et la personne de l'administration s'en
va à ses affaires, laissant l'auteur tout à
la haute idée qu'il se forme de ce M.
Rencoulet, une de ces grandes figures de
la bourgeoisie française, si cultivée, si
judicieuse et si fine.
Tristan BERNARD.
L'art est idéaliste
On vient de découler que les singes
avaient de grandes dispositions pour le des-
sin. Evidemment, ce qu'ils ont fait jusqu'à
présent, tout en valant mieux que ce que
nous voyons annuellement au Salon des
Artistes français, n'est pas encore de tout
premier ordre. Une seule chose est indénia-
ble toutefois dans les ébauches qui nous
sont présentées: c'est l'idée artistique très
nette que se font nos ancêtres agiles de la
mission de l'artiste. L'un voulant reproduire
la chambre dans laquelle il était enfermé
a dessiné à grands traits la note dominante
de cette pièce, c'est-à-dire les barreaux qui
rayent la fenêtre. Un autre, voulant ligurer
son gardien, s'est borné à dessiner un œil
vigilant monté sur une tige sans impor-
tance.
En agissant ainsi, ils n'ont fait, somme
toute, que suivre l'exemple de nos grands
artistes dont tout l'effort se porte sur la
recherche des caractères principaux du mc-
dèle qu'ils ont à reproduire.
Beaucoup de pens qui parlent journelle-
ment de naturalisme au théâtre feraient
bien, semble-t-il, sur ce point, d'aller de-
mander quelques conseils aux artistes du
laboratoire de zoologie expérimentale. Ils
découvriraient peut-être ainsi que, poui
taire du bon théâtre naturaliste, il ne suffit
pas de reproduire scrupuleusement dans
leurs .moindres détails les scènes qui nous
entourent, mais qu'il faut savoir choisir
parmi elles les plus caractéristiques si l'on
veut faire une œuvre d'art. Car, ici comme
partout, l'Art ne peut être, par définition
même, autre chose qu'idéaliste.
On distingue en effet trop souvent les pro-
cédés idéalistes des procédés matérialistes,
et l'on se figure volontiers qu'ils s'opposent
les uns aux autres. En matière d'art, lors-
que l'on examine, en compagnie de nos
amis les singes, les choses d'un peu plus
près, on se 'convainc aisément qu'il n'en est
pas ainsi et que le caractère artistique d'une
œuvre ne dépend jamais du sujet traité. Il
n'y a seulement, ici comme ailleurs, que
des gens qui comprennent et des gens qui
ne comprennent pas, des artistes ou des
philistins, des peintres ou des photogra-
phes.
L'art se caractérise en toute chose par
un choix, par la recherche d'une dominante,
et peu importe que cette recherche ait lieu
dans un tas d'immondices ou dans un grand
esprit. G. DE PAWLOWSKI.
Échos
H
ier et aujourd'hui.
L'indisposition survenue ces murs
ci à Mme Delvair, et qui a quelque peu in-
quiété ses nombreux admirateurs, heureuse-
ment rassurés maintenant, en même temps
qu'elle a fait partir de tous cotes des cris
d'enthousiasme vers Albert Lambert, dont
la présence d'esprit et 1 întel îgence ne sau-
raient trop être soulignées a cette occasion,
remet en mémoire un accident absolument
semblable dont fut victime Mlle Clairon.
Elle devait tenir le rôle d Ariane dans la
tragédie du même nom, ; de Thomas Cor-
neille. Comme elle* se *, sentait souffrante,
elle eut la précaution de faire placer un
fauteuil sur la scène. Cependant tout alla
bien jusqu'au cinquième acte; mais arrivée
là, au moment où elle exprimait son déses-
poir sur la fuite de Phèdre et de Thésée,
elle fut prise soudain d'une sorte d'étourdis-
sement et, à la fin de sa tirade, elle tomba
dans le fauteuil sans pouvoir articuler une
syllabe de plus. C'est alors que Mlle Bril-
land, la confidente, secourut d'une façon
imprévue son illustre camarade. Modifiant
complètement le jeu de scène qui avait été
fait jusqu'alors en cet endroit, elle vint se
mettre aux pieds d'Ariane, lui prit les
mains et les arrosa de ses larmes; puis elle
dévida son rôle lentement, s'arrêtant à cha-
que mot comme sous le coup d'une grande
douleur, et s'interrompant fréquemment par
des sanglots. Grâce à elle, la situation fut
sauvée: « Ses regards et ses mouvements,
dit Mlle Clairon elle-même, me pénétrè-
rent; je me jetai dans ses bras et le public,
en larmes, reconnut cette intelligence par
les plus grands applaudissements. »
D
sviser pour régner :
Léonie Yahne: Bien taire et laisser
.dire.
Joseph Renot: Nitchevo.
Jacques Fenoux: Connais-moi toi-même.
Julia de Cléry: Tout bien ou rien.
Mathilde de Craponne : Fiat voluntas
mea.
Mary Gillet: Bien taire et laisser braire.
Noémie Muller: J'y pense.
A
utres temps.
L Les artistes sont des gens suscepti-
bles. La moindre petite critique les fâche
et les irrite, la vérité les offense et l'éloge
pour eux n'est jamais assez vif. Les cri-
tiques, d'autre part, sont devenus gens cour-
tois et modérés.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Et si
nous feuilletons les admirables critiques
dramatiques de Barbey d'Aurevilly, on y
pourra trouver des jugements aussi justes
que sévères.
Qu'on en juge!
Le 5 septembre 1868, dans le Nain
Jaune, .en rendant compte de Jeanne de Li-
gneris, le premier ouvrage de M. Marc
Bayeux, ouvrage qui fut, d'ailleurs, lamen-
tablement sifflé, voici ce que l'auteur des
Diaboliques écrivait sur trois artistes qui
ont, d'ailleurs, laissé un nom dans le théâ-
tre: Mlle Essler, Mlle Fassy et Mlle Agar.
.C'est Mlle Essler qui jouait Jeanne, Mlle
Essldr dont j'ai parlé déjà et que je n'ai pas
voulu définitivement juger.Elle est maintenant
jugée. C'est décidément un germe d'actrice qui
n'aboutira pas, un fruit vert qui pourrira avant
de mourir.
Mlle Fassy est un page à qui il faudrait
'refaire d'autres jambes ou d'autres genoux ou
qu'il faudrait supprimer.
.En somme Mlle Agar ne sera, je crois, qu'u-
ne servante de tragédie, comme l'autre Agar
était servante chei Abraham, et, pour mon
compte, je la renverrais bien au désert.
Si l'on en disait le quart aujourd'hui!.
l NOS ARTISTES
I v
4
(RSMtUnger. phot.1
Mlle Ricotti
A
nachronisme. --
On ne saurait trop faire d'actualité;
jeudi, au casino de tlagnères, on donnait la
première représentation (reprise!) de La
Fille du Régiment, opéra en deux actes, pa-
roles de Bayard et Saint-Georges, musique
de Donizetti, représenté à l'Opéra-Comique
le 11 février 1840. L'action se passe au
Tyrol et, au premier acte, on invoque la
Madone.
Ici, la Madone était représentée par une
superbe statue grandeur demi-nature de la
Vierge de Lourdes, dite Vierge de f Imma-
culée-Conception ; Bagnères est à vingt-deu$
kilomètres de Lourdes et on fêtait, la se-
maine dernière, le cinquantenaire de l'appa-
rition.
p
! laisirs d'été. --
Un humoriste disait : « Les vacances se
partagent en deux parties: durant la pre-
mière, on se repose de sa fatigue; durant
la seconde, on se fatigue de son repos. » A
la vérité, on se repose huit jours et on s'en-
nuie sept semaines.Une année, nous conte M.
Pierre Veber, le plus barbu des auteurs co-
miques, un auteur tragique, un vaudevil-
liste et deux journalistes allèrent se retrem-
per dans le sein de la Nature, à Ranville.
C'est-à-dire que, le lendemain de leur ar-
rivée, ils se mirent à jouer au poker et au
bridge, sans arrêt ; seulement, pour se don-
ner l'illusion qu'ils prenaient de la santé,
ils laissaient les fenêtres ouvertes. Au bout
de huit jours, ces amateurs de bucoliques
trouvèrent que le poker était bien mono-
tone; en outre, il était assez coûteux. L'un
de ces messieurs eut alors une idée de gé-
nie :JlJnventa le «match a la machine à
écrire >». ; On fit venir de Paris cinq ma-
chines à écrire,, et ce fut à qui écrirait le
plus de "lignes dans sa journée. Durant
un mois, les cinq t gendelettres restè-
rent enfermés, tapotant leurs claviers du
matin au soir; on essaya vainement de les
arracher à leur match ; on organisa des ex-
cursions, des parties de campagne, des pro-
menades en auto; les cinq martyrs refu-
sèrent. On ne les voyait qu'aux repas; le
soir, à neuf heures, on vérifiait la produc-
tion de la journée; cela variait entre 400
et 500 lignes; l'auteur comique avouait:
« Il était temps que nous rentrions à Paris;
huit jours de vacances de plus et nous
étions fourbus. »
Et voilà comment MM. Tristan Bernard,
Romain Coolus, Alfred Athis, Alexandre et
Thadée Natanson passent leur été.
A
M. Bérenger:
M. le sénateur Bérenger a dit: « Le nu
au théâtre est un spectacle "dégoûtant».
Pardonnez si je ne ménage
Votre Respectabilité,
Monsieur, mais ma sincérité
Excusera mon griffonnage.
On discute au nom de Thémis
Si l'on doit permettre sur scène
La Nudité qu'en chaste miss
Vous avez déclarée obscène.
La foule n'est pas très encline
A comprendre ces discussions,
Mais moi je suis sage et m'incline
Devant vos dénonciations.
Mais vous osez, témérité !
- Et c'est alors que je renâcle —
Traiter de dégoûtant spectacle
La belle et sainte Nudité;
Voilà qui n'est pas d'un brave homme.
Traiter le nu de dégoûtant!
Caton même, jadis, à Rome
N'en aurait jamais fait autant.
Vous voyant rechercher la gloire
Par ces moyens d'homme. rangé,
Plus un poète ne veut croire
Que vous vous nommez Bérenger.
Mais j'en dirais trop, je termine,
Nos enfants pourront-ils jamais,
Jugeant la vertu sur la mine,
Vous admirer? J'ignore, mais ,
Si vous qui n'êtes plus des nôtres,
Trouvez le nu sans agrément,
Du moins soyez assez clément
Pour. n'en pas dégoûter les autres.
L
a maison maquillée.
f Çe n'est pas à une comédienne
iqu'elle appartient, mais a un auteur drama-
tique, à un écrivain — à Marcel Prévost.
Lorsque ce dernier, ingénieur des tabacs,
résidait à Tonneins (Lot-et-Garonne), il vit
une maison, toute moderne du reste, qui lui
plut fort. Plus tard, il l'acheta, et plus tard
encore, selon que le permettaient les suc-
cès littéraires et théâtraux de l'auteur du
Scorpion et des Demi-Vierges, il en fit plâ-
trer, de façon assez épaisse, tout l'exté-
rieur. Et c'est dans ce plaquage de plâtre
que l'ingénieux ancien ingénieur, devenu
un homme de lettres fort pratique, fit mo-
deler l'aspect Louis XVI de son actuel châ-
teau de La Roche, par Vianne.
Si souvent de vieilles dames jouent des
rôles de jeunes filles, voici une jeune mai-
son grimée en vieux château! C'est la re-
vanche des siècles passés.
c
i 'est une personnalité bien connue dans
* les milieux littéraires de Paris que
celle du poète F.-T. Marinetti, auteur du
Roi Bombance et directeur de Poesia, cette
belle revue internationale vraiment unique
en ce qu'elle publie, dans leur langue ori-
ginale, les vers inédits des grands poètes
de tous pays.
Le poète Marinetti, dont le volume La
Ville charnelle (Sansot, éditeur) a atteint
la sixième édition, publie aujourd'hui un
livre très alléchant de critique humoristi-
que: Les Dieux s'en vont, dl Annunzio
reste. Le poète Marinetti y décrit, avec un
esprit tout parisien, l'œuvre et la vie intime
de d'Annunzio.
L
'hygiène au théâtre.
Un questionnaire va être adressé
aux artistes dramatiques et lyriques, avec
cette mention:
Les artistes de théâtre sont priés de prendre
exemple sur les ouvriers qui font des travaux
insalubres et qui notent avec soin les troubles
de leur santé, non seulement dans leur propre
intérêt, mais encore dans celui de leurs camara-
des éloignés ou futurs. C'est la solidarité à tra-
vers la distance, et le temps qui hâte la solution
des plus difficiles problèmes de l'hygiène pré-
ventive.
C'est sous le patronage de la clinique
des maladies professionnelles qu'est faite
cette enquête.
Hélas! ce n'est pas à Paris, mais à Milan,
qu'on se préoccupe des conditions d'insalu-
brité dans lesquelles s'exerce l'art théâtral.
N'y a-t-il pas là une sérieuse indication
dont nos dirigeants pourraient faire leur
profit?
B
> eaucoup de bruit.
> Notre excellent confrère Jacques
Landau s'est ému d'un écho paru dans
Comœdia de dimanche à propos d'un inci-
dent qui se serait passé au Théâtre-Mon-
dain, et dans lequel il était question d'un
sac de bonbons et de deux charmantes, tra-
gédiennes. M. Jacques Landau n'a que fort
galamment pris fait et cause pour une jeune
femme à laquelle un voisin avait trouvé
spirituel de dévorer un sac de bonbons.
Il n'y a pas là de quoi fouetter un chat
et nous donnons très volontiers acte à notre
confrère de sa protestation.
L
es chauffeurs soucieux de leurs intérêts
doivent donner leur préférence au
châssis type fiacre Unie, qui est à la fois
souple, régulier, rapide, et dont la vogue
est, du reste, considérable.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
COMŒ'DIA" A CARCASSONNE
- LA FILLE DE ROLAND
Au Théâtre Antique de la Cité
(Par dépêche 'de notre correspondant)
Parmi tous les théâtres plus ou moins
antiques qu'on s'efforce un peu partout de
reconstituer, aucun assurément ne se peut
comparer, pour le pittoresque et le roman-
La Théâtre Antique de la Cité.— La scène
tisme de son cadre, au nouveau théâtre de
fa cité de Carcassonne.
Pour qui connaît le décor prestigieux de
la merveilleuse cité moyenâgeuse, il est
aisé de deviner l'effet grandiose que peut
en tirer un habile metteur en scène.
C'est ce qu'a parfaitement compris l'in-
fatigable mécène toulousain, le docteur
Charry; et je m'empresse de dire qu'il a
admirablement réussi dans son entreprise.
Perché comme un nid d'aigle au sommet
de la haute cité, entre les vieux remparts
que dominent çà et là les romantiques tours
circulaires, le nouveau théâtre apparaît
comme la scène idéale pour les spectacles
de drame ou de tragédie classique.
On ne pouvait mieux choisir aussi pour
la première représentation que l'œuvre)
puissante d'Henri de Bornier, La Fille dei
Roland.
Le succès a dépassé toutes les prévisions.
Les spectateurs, accourus en foule de
toutes les contrées avoisinantes, ont mani-
Le docteur Charry
créateur du Théâtre de la - Cité
festé le plus chaleureux enthousiasme poule
l'œuvre, d'une si noble inspiration, pour ]s(
mise en scène, réglée par le docteur Chaire
avec un sens très sûr des nécessités d
théâtre en plein air; enfin pour l'interprétai
tion, qui était de tout premier ordre.
Paul Mounet mit au service du rôle de"
Charlemagne toute la puissance de son ad1
mirable talent; Mlle Delvair donna à l'hé-)
roïque figure de la nièce du Grand Empe-
reur toute son expression de tendresse'
émouvante: et M. Jacques Fenoux fut un
superbe Gérald.
MM. Teste, Gérard, Tierry, Leffray eti
Mlle Yvonne Ducos complétaient ce parfait;
ensemble.
LE THÉÂTRE EN TURQUIE
Le cabinet noir- et les coupures
Le Sultan sait tout
Annoncez Vos monologues !
Un vent nouveau semble souffler sur la jeu-
nesse turque et sur la jeunesse égyptienne.
- Au moment précis où la « Jeune-Turauie »
Burhaneddin Bey
lait parler WèUe, un des représentants les plus
actifs de ce parti de rénovation patriotique vient
de se manifester d'une curieuse façon en jouant
un rôle dans une pièce française.
Il s'agit de Burhaneddin Bey, qui, jusqu'à ces
temps derniers, occupa a Constantinople des
fonctions diplomatiques importantes.
Tour à tour attaché au grand-vizirat et au
ministère des Affaires étrangères, il abandonna
un beau jour la « carriere » et décida de « faire
du théâtre ». ,
Le régime ottoman n'est pas des plus tendres
pour les fils de l'aristocratie islamigue oui veu-
lent embrasser la profession d'artiste; aussi dut-il
s'embarquer pour l'Egypte, où il débuta dans
une troupe française de passage qui jouait en.
tournée Le Marquis de Priola.
Encouragé par le succès qu'il remporta, il vint
à Paris, où il choisit comme professeur M. Sil-
vain, de la Comédie-Française, qui se montra
particulièrement satisfait de son élève.
Burhaneddin Bey a joué, ces temps derniers,
chez Mme Juliette Adam, à Gif, dans une pièce
de Gabriele d'Annunzio. Il fut vivement applaudi.
C'est aussi un auteur dramatique. Il écrit, en
effet, en ce moment, avec M. Castellani, l'auteur
applaudi de Vercingétorix, une pièce en trois,
actes sur la vie au harem, intitulée Nadiré.
Voici l'article qu'il vient de nous adresser :
Les drôleries de la censure
Guide indispensable aux administrateurs,
impresari, artistes, qui veulent faire des)
tournées.
rh Il y a dans mon PaYs, c'est en Turquie, des,
choses vraiment curieuses et drôles même. Par-
Ions simplement aujourd'hui de la censure.
On sait que nous recevons à Constantinuple lai
visites de tournées étrangères et surtout fran-j
çaises.
d Toute Pièce aVant d'êîre annoncée au publicl
doit passer par la censure. C'est pour cela quei
le directeur du théâtre invite l'administrateur des
tournées a envoyer leurs pièces deux mois avant:
leur arrivée. Je dis deux mois, je ne sais si ce ,
délai suffit. Vous allez voir pourquoi. La direc-
tion du théâtre envoie une de ces pièces au bu-
reau chargé de la censurer, au ministère de la
Police, ou un fonctionnaire en fait d'abord le
résumé et la présente à une commission compo-
sée de treize membres. Là, on parle, on discute
sur le sujet. On voit si ce sujet ne met pas en
valeur des idées politiques, des sentiments de
révolte et d'anarchie, des aspirations de liberté.
Ceci fait, un autre fonctionnaire prend la pièce
et s'enferme chez lui pendant une semaine en
lisant phrase par phrase, mot par mot, pour voir
s'il n'y est rien qui choquerait les idées gouver-
nementales ou ferait allusion aux choses catalo-
guées subversives.
C'est ainsi qu'un jour je fus stupéfait de re-
marquer dans,une pièce que: « Le printemps,
oh! ça fait du bien » fut remplacé par: « La
chaleur, oh 1 c'est bon » narce oue. parce que
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