Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-05-29
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 mai 1908 29 mai 1908
Description : 1908/05/29 (A2,N242). 1908/05/29 (A2,N242).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76466264
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2* Année. *. N° 242 (Quotidien)
JJS Numéro : 5 centimes
Vendredi 29 Mai 1908-
COMCEDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSRl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS,
TÉLÉPHONE : 288-07
«
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 mon
Pans et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
- ■ M*
RÉDACTION & ADMIfllSTRATIOîT:
27, Boulevard Poissonnière;. PÀRtfï
TÉidÊPHpim : 288-07 ::.':. ;
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger./,. 40 » 20 a
Vandérem,
vous m'avez conquis !
Notre cher Vandérem,
Le monologue doit, à la fin, vous amu-
ser moins: sans doute, souhaitez-vous
une réplique.
La voici humble et affectueuse.
(C'est de votre article, paru ici-même,
il y a deux ou trois jours, que je veux
vous entretenir.)
« Je m'étais bien promis, vous écriez-
vous, de ne souffler mot, à l'Assemblée
générale de la Société des auteurs! »
Et vous constatez avec un soupir que
vous vous êtes tenu parole. Oui, en dé-
pit de l'hésitation de Trarieux à nous
écraser, sous nos torts, sous nos bé-
vues!. C'est très bien cela! C'est d'un
honnête homme!
Une petite question cependant!.
Lorsque vous exigeâtes de vous-même
:e serment respecté, à quel sentiment
obéissiez-vous? Une mansuétude toute
neuve envers les élus de la Société qui
cont, pour la plupart, vos amis?. Non.
Ne fût-ce pas plutôt la grande voix de
a prudence qui dictâ cette abstention?
Allons, cher Vandérem, avouez que
les premières phrases de votre chronique
étaient destinées exclusivement à ceux
des lecteurs de Comœdia qui ne font pas
partie de la Société des auteurs!
Vous ne vous cabrerez pas si je déclare
que vos apparitions à la tribune de l'As-
semblée ne laissèrent à personne le sou-
venir d'un remueur de foules. Le souve-
nir est celui d'un gentleman élégant,
mais à peu près aphone. Car jamais un
traître mot ne parvint aux plus voisines
oreilles, des griefs que vous articuliez ou
plutôt que vous n'articuliez pas.
mais ) admets que ces insignifiantes
déconvenues vous aient inspiré une ma-
gnifique ardeur; que, nouveau Démos-
thène, vous ayez hurlé des imprécations
devant les flots du bassin des Tuileries,
et roulé dans votre bouche diserte tous
les petits cailloux de l'avenue Montai-
gne. Oui, oui, je l'admets. Vous êtes
devenu un orateur redoutable, une force
d& la nature. Vous eussiez pu, l'autre
jour, nous anéantir. Vous ne l'avez pas
fait. Vous le ferez à la première occa-
sion !
—,-ChflT , -lfmi. VfUlt faiiffig k>ri VERNE fi-
nirez par casser le joujou, le beau jou-
'ou !. Car vous faites joujou, Fer-
,land !. Pour votre amusement, il vous
plairait de ressusciter dans notre sein les
clubs de la Révolution et leurs orages,
de revivre en petit, sans péril, ces temps
troublés dont vous savez si bien l'his-
toire.
Il ne faut pas, enfant terrible!. Il ne
faut plus!. Ecoutez, Vandérem, vous
êtes surtout un romancier — et quel dé-
licat, quel délicieux conteur, chacun le
sait. Eh bien! accepteriez-vous, sans
colère qu'un simple auteur dramatique
en usât dans le même esprit, joliment
gamin, mais par trop égoïste, avec votre
Société des gens de lettres?
Les commissaires, mais il importe de
les soutenir, de les armer, de les faire
puissants! Cette nécessité, je sais un
jour où personne ne la sentait plus for-
tement que vous-même. Le jour dont je
parle, vous nous rendîtes une visite que
les journaux relatèrent. Aussi bien, la
circonstance était publique de votre dé-
mêlé avec une directrice.
Ce fut une séance émouvante. Certes,
notre soif de régner n'égala jamais votre
^if de vengeance. Vous nous regardiez
':omme les instruments de la colère de
iDieu. Vous nous auriez voulus terribles
et sans frein, vous auriez voulu que no-
tre pouvoir courbât les pouvoirs publics
et qu'il nous fût loisible d'appréhender
la récalcitrante, Mme Réjane, de l'obli-
ger par la force, à répéter, à jouer vo-
tre pièce.
Hélas! nous ne le pouvions pas.
Mais je fais appel à votre loyale mé-
moire : tout le possible, tout notre possi-
ble. ne l'avons-nous pas accompli, et de
grand cœur? Et si la directrice, votre
adversaire, s'est rendue à notre appel,
si elle s'est ensuite rendue à nos raisons,
si vous avez perçu, sans l'aide des tri-
bunaux, une indemnité qui, tout de
Inême, valait mieux que rien, vous le
devez un peu, je vous le signale, aux
Quinze « gros producteurs » dont vous
Vous égayez aujourd'hui.
Et, à ce propos, cher Vandérem, voyez
comme votre âpreté à nous combattre
Veut que vous manquiez parfois de logi-
Çue. Vous reprochez à Caillavet de faire
Parler un mort, parce qu'il a très exac-
tement rapporté les dernières paroles, en
commission, du bon et grand Halévy. Et
tout aussitôt, pour les besoin de votre
cause, vous tirez du dernier sommeil
JJeux ancêtres dramatiques! Que dis-je,
fleux?. Quatre!
Vous poussez parmi et contre les
ambres de la commission les habituels
eu Scribe et feu d'Ennery, et puis vous
\1ous installez commodément entre les
autres illustres d'Alfred de Vigny et de
Becque, et vous nous narguez!
Voyons, Vandérem, c'est assez arbi-
traire cela!. Je loue le soin que vous
Prenez de vivre en bonne compagnie,
ais enfin, vous disposez un peu cava-
lièpeinent des votes de ces deux absents.
Oh! je vois. Je vois admirablement vo-
tre but ! Les noms de vos partenaires fa-
cilitent maintes variantes sur ce thème
Plaisant. * (i Alfred, Henri et moi, nous
sommes des messieurs de chez Marquis !
Vous n'êtes oue des hommes de chez
Menier ! Vous êtes le gros, nous som-
mes le détail. Tranchons : c'est nous
les artistes, c'est vous les gnafs ! »
Oui. Mais pourquoi diable vous empê-
trer de ces deux cadavres? Cette mo-
destie n'est pas de mise. Aussi bien, vo-
tre pensée véritable éclate à chaque li-
gne. Menier — la chose est entendue -
Menier représente la commission et ses
amis. Marquis. Mais Marquis, c'est
vous, Fernand Vandérem! C'est vous
seul contre nous tous!. Ah! ah! mon
gaillard, voici qui ne manque pas de
grandeur!.
A nos prosaïques succursales, le pu-
blic n'achète que l'aliment vulgaire de
tous les jours, que le chocolat de santé,
que le chocolat mi-sucre, que le cacao à
la vanille, que le cacao en poudre.
Nous ne recevons guère les visites que
de cuisinières ou de maîtres d'hôtel.
Mais devant votre riche boutique, les
équipages affluent, les gens chi^s s'at
troupent. Il n'est personne qui n'ad-
mire l'étalage où, parmi les croquigno-
les, les langues de chat, et tant de riens
charmants, s'offrent vos exquis Fresnay.
Et maintenant, vieil ami, permettez-
moi de clore cette douce causerie à deux
et de m'adresser à tous mes confrères.
Je n'ai pas lu que votre article, j'ai
lu ceux de Caillavet, Trarieux, Guinon,
Tristan Bernard, Maurey. Et je n'oublie
pas, un peu plus ancienne, une excel-
lente chronique de Kistemaeckers, sur
le même sujet.
Je tiens pour formidable la minorité
qui s'est dressée. Il n'y eut pas que les
fameuses 66 voix. Il y eut les absten-
tions et, en un pareil débat, l'abstention
est la plus courtoise manifestation, mais
c'est une manifestation. Enfin, il importe
de ne pas négliger les exemples de Gui-
non et de Maurey, qui ont voté : oui,
mais seulement par un louable es-
prit conservateur et pour éviter une crise
de cabinet.
Le vote, à mon gré, nous a dicté un
devoir. Il faut compléter l'article XV des
statuts. Il ne serait ni de mon goût, ni
de mon caractère d'opprimer un groupe
important de nos confrères. L'effort se-
rait laid et plus nuisible encore que laid.
Je livre mon avis réfléchi et j'ose, sans
en avoir parlé, répondre de sentiments
Je n'opère pas ici une volte-face. J'ai
toujours soutenu que l'Assemblée ne de-
vait pas être qu'informée, devait être
consultée.
En un seul coin, je demande le main-
tien du vieux pouvoir discrétionnaire. Il
faut — l'expérience me l'a démontré —
que le comité de la Société tranche sou-
verainement certaines questions. Je cite-
rai des exemples, j'exposerai mes rai-
sons : elles seront comprises, je n'en
doute pas.
Il ne s'agit plus que d'imaginer la
formule qui fera la paix. Demandons-la
à l'homme vers qui nous nous sommes
tous tournés, au directeur que la Société
s'est choisi. Car Paul Hervieu fut, le
19 mai, élu président par tous ses con-
frères, et la commission se donna seu-
lement la joie de corroborer ce vote.
Entre les deux camps - s'il y a deux
camps — quel plus bel arbitre que cet
artiste admiré, que ce grand galant
homme?
Henry BERNSTEIN.
Nous publierons demain un article de:
JEANJULLIEN
Propriétés privées
« Cher « Comœdia », nous écrit un grou-
pe de lecteurs, pouvez-vous me dire s'il est
à votre connaissance que déjà, à notre épo-
que, dans un monde convenable et sincère-
ment artiste, des femmes vraiment honnê-
tes consentent à jouer toutes nues dans des
comédies de salon et devant un public de
choix?
« Je vous serais très obligé de répondre
à cette question, motivée par un pari impor-
tant entre gens très intéressants. »
Et c'est tout! Impossible de savoir dans
quel salon parisien on joue la comédie avec
des personnages tout nus appartenant à la
meilleure société.
J'avoue que j'en éprouve une amère dé-
ception. Chaque jour on nous convie à des
spectacles parfaitement ennuyeux que nous
devons subir pendant des heures entières,
et, pour une fois que la chose devient inté-
ressante, aucune adresse; une" simple men-
tion : « Répondez-moi dans la Petite corres-
CJondance! »
Or, si une chose parait inutile en l'es-
pèce, c'est bien notre réponse ; notre opi-
nion ne peut faire de doute : nous ne sau-
rions trop encourager, trop approuver de
toutes nos forces de -pareilles initiatives.
Plus il y aura de femmes du monde qui
joueront nues dans des salons et moins la
vie sera fastidieuse.
Je ne vois qu'un seul point noir à l'hori-
zon, c'est l'opinion de MM. les-maris, que
l'on oublie, je crois, de consulter en l'oc-
curence, et qui vont, comme toujours, faire
d'infinies difficultés pour accorder leur au-
torisation.
Du reste, il faut bien le dire, il en va de
même pour beaucoup d'autres questions
concernant la propriété individuelle; c'est
ainsi que je ne verrais, pour mon compte,
aucun inconvénient à ce que l'on mette à
ma disposition la fortune entière de
M. Rockefeller, pour ne citer que celle-là. Il
me paraîtrait de même fort avantageux d'ou-
vrir au public tous les hôtels privés, tous
les jardins d'agrément qui se trouvent dans
Paris et de laisser chacun y circuler à sa
guise. Mais, une fois encore, il faudrait con-
sulter tout d'abord les propriétaires, et l'on
connaît leur égoïsme en pareille matière!
Non, décidément, je le crains, il n'y aura
jamais rien à faire avec tous ces gens-là, et
avec les maris encore moins qu'avec les
autres.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures un quart, au Théâ-
tre Lyrique municipal de la Gaîté, première
représentation (à ce théâtre) de La Basoche,
opéra-comique en trois actes, de M. Albert
Carré, musique de M. André Messager.
Ce soir, à neuf heures, à l'Athénée, pre-
mière représentation du Chant du Cygne,
comédie en trois actes, de MM. Georges
Duval et Xavier Roux.
Ce soir, à huit heures trois quarts, à la
Scala, première représentation de: Objets
d'art, comédie en un acte, de M. Forget-
Menot; Arabella, opérette en deux actes et
trois tableaux, de M. Bonis-Clzarancle; Le
Fétiche, pièce en un acte, de MM. Eddy et
Dangennes; En Sca.Ia, j'marche, revue de
MM. Wilned, F. de Rouvray et Génémas.
E
xclusif.
Avant-hier, pendant un entr'acte de
la répétition générale de Velléda, à l'Odéon,
nous avons pu voir une lettre de réclama-
tion à propos de la pièce de M. Magre.
M. Antonin Thiénard, président du Tribu-
nal civil de Cosne, a perpétré en 1898 une
Velléda qui a été éditée chez A. Charles,
8, rue Monsieur-le-Prince. M. Thiénard a
même fait jouer cette Velléda l'an passé à
Cosne.
Il prétend avoir seul le droit de mettre
Velléda à la scène; il ajoute même que le
rôle de Segénax indique que Velléda est sa
propriété.
Au moyen âge M. Thiénard, président du
Tribunal civil de Cosne, eût fait passer un
mauvais quart d'heure à M. Magre. Mais
le moyen âge est loin, fort heureusement.
R
eversibilité.
A la Comédie-Française, lorsqu'une
piece exige un grand nombre de tout petits
bouts de rôles, on sait que, pour ces em-
plois infimes, on a recours aux élèves du
Conservatoire.
■ rarmi ceux-ti,' "qùèlques-uhs s'imaginent
alors* ijûe << c'est arrivé ».
Récemment, le jeune X., favorisé de
l'honneur indiqué plus haut, répétait à ce
moment-là Gringoire, pour jouer cette co-
médie avec des camarades dans une So-
ciété en province. Il écrivit à M. Georges
Berr, sociétaire de la Maison de Molière,
où celui-ci est chef d'emploi du héros de
Théodore de Banville, en lui demandant s'il
voudrait bien venir diriger une de leurs ré-
pétitions. Et il signa:
« X., de la Comédie-Française. »
M. Georges Berr lui répondit courtoise-
ment, en s'excusant de n'avoir pas assez de
loisirs pour trouver le temps de se déranger.
Et il signa:
« G. Berr, du Conservatoire. »
ce -qu'ils.ont. en Angleterre.
Il fait partie de tous les cortèges et
de tous les voyages présidentiels. C'est
maintenant un haut personnage de la Répu-
blique, et son élégance fait merveille dans
les landaus officiels ou dans les dîners
d'ambassade.
Jadis il était renommé, sur le boulevard,
pour la coupe audacieuse de ses vestons et
l'originalité prestigieuse de ses nœuds de
cravate. Il parle en outre anglais aussi bien
qu'Edouard VII lui-même, et doit à ce mé-
rite particulier d'avoir été spécialement dé-
signé pour accompagner notre Président
dans cet important voyage à Londres.
Il professe de très savantes théories sur
l'élégance anglaise et se fait régulièrement
babiller par des tailleurs d'outre-Manche.
Tout le long du chemin, il n'avait cessé
de s'exprimer avec emphase sur le « chic
anglais » :
— Vous les verrez, avait-il pompeuse-
ment déclaré à ses glorieux co-itinérants;
vous 1 les verrez, nos voisins de l'Entente
cordiale ! Vous les verrez ! — et, sans ajou-
ter autre chose, il concluait: - Vous les
verrez!
A peine débarqué et dès que le cortège
quitta la gare de Victoria, notre homme,
avisant subitement un homme rasé et ma-
jestueux qui, par les rues, s'avançait d'un
pas circonspect, se pencha aussitôt vers M.
Dutasta, l'aimable chef du cabinet du minis-
tère des Affaires étrangères, et, lui dési-
gnant du doigt ce passant si élégant, se
lança dans une dissertation énergique sur
l'élégance londonienne.
Alors M. Dutasta, à demi-vaincu, se pen-
cha pour admirer ce modèle de chic offert
à sa contemplation :
— C'est drôle, murmuta-t-il après un
instant de réflexion, il a une tête que je
connais.
C'était M. Jacques Fenoux.
s
'en ira-t-il?
Ceux qui, dimanche dernier, à l'Ô-
aeon, saluèrent M. de Max de leurs accla-
mations lorsque fut tombé le rideau sur
« les fureurs d'Oreste », se doutèrent-ils
que c'était probablement une des dernières
fois que ce plaisir leur était donné?
Rien n'est plus vraisemblable, toutefois.
Lassé de voir sa vaillance et son très grand
talent inemployés, M. de Max songerait, dit-
on, à nous quitter. De très belles proposi-
tions lui furent faites il y a quelque temps
pour l'Angleterre, et M. de Max se résigne-
rait aisément à les accepter, puisqu'il s'est
remis depuis lors à l'anglais, langue qu'il
possédait imparfaitement pour la scène. Tel
est le bruit qui court et que les amis de
l'artiste ne démentent pas. Souhaitons qu'il
soit inexact et que l'éminent tragédien, pre-
nant un jour prochain le paquebot de pour
vres ou de Folkestone, ne secoue pas la
•j
poussière de ses cothurnes sur les dalles
du quai d'embarquement en maudissant no-
tre ingrate patrie.
L
'avant-garde.
C'est un ieune amoureux du DIus
grand avenir. Il appartient à un théâtre im-
portant où il a créé des rôles de premier
plan.
Mais malheureusement, ayant débuté au
théâtre dans un âge encore peu avancé, son
esprit s'en est ressenti, et on remarque trop
souvent que sa culture intellectuelle est fra-
gile — bien qu'il n'en avoue rien, au con-
traire.
Il se promenait l'autre jour en compa-
gnie d'un camarade plus âgé, aux allures
d'esthète.
Celui-ci lui cite, avec un enthousiasme
fébrile, quelques jeunes écrivains de talent,
et les commente chaJellrplNPmpnr.
- Oh! très bien, riposte l'acteur, mais
ils ne me plaisent qu'à moitié. J'ai lu tout
Hector Malot, par exemple. Ça ne m'a
rien dit. tu sais moi, je ne suis pas pour
l'avant-garde !.
Et dire que ce' jeune premier a eu com-
me précepteur un abbé fort distingué.
c
omme Sarah Bernhardt.
-. Elle porta délicieusement Je travesti
ae Chérubin. EUe est une Thaïs exquise
à qui la robe de bure ne messied point.
Voilà, paraît-il, qu'elle va revêtir un tra-
vesti masculin très particulier: une robe de
moine.
Mlle Mary Garden, en effet, chantera,
au Manhatten Opéra de New-York le rôle
de Jean — rôle écrit pour -ténot - dans
Le Jongleur de Notre-Dame.
p
rix de Rome.
La commission chargée de décerner
pour 1908 le prix de Rome littéraire vent
de se réunir. On sait que cette année le
prix, décerné en 1907 à un prosateur, doit
aller à un poète.
Dans leur première réunion, les mem-
bres de la commission ont longuement dis-
cuté des mérites des candidats. Si jalouse-
ment -gardé que soit le secret de leurs dé-
libérations, Comœdia, toujours aux aguets,
a pu savoir quels étaient les grands favo-
ris, ceux entre qui, dès à présent, l'on peut
considérer la lutte comme circonscrite. Ce
sont, d'une part, René Fauchois, dont on
connaît l'œuvre déjà importante, et, d'autre
part, un débutant qui en est à son premier
livre, M. A. Belval-Delahaye. Son livre La
Chanson du Bronze a été une révélation.
Admirateur de J~am~t&hËDin~dosL.il~~
cède, son, livre semble ^r^ppeîêr
phèmes. Il est ammé d'un beau souffle, et 1
son vers épique nous repose un peu des
mièvreries habituelles.
I
- - - NOS ARTISTES 1
(PhotQ Manuel) Il
Mlle Faber, de l'Odéon :" V.
L
es temps nouveaux.
Où est le temps où l'Eglise refusait
une sépulture chrétienne aux acteurs, où
l'archevêque de Paris ne voulait" pas laisser
inhumer en terre sainte le corps d'un Mo-
lière?
Une association d'acteurs catholiques
vient de se former en Angleterre, et lundi
elle a débuté en donnant au Dalys Theatre,
à Londres, une matinée au profit des mis-
sions catholiques de Londres. Le secrétaire,
M. Charles H.-E. Brookfield, a déclaré que
le Pape lui avait envoyé, pour lui et pour
chacun des acteurs qui jouaient dans cette
représentation, une médaille bénite, et qu'il
bénissait cette œuvre théâtrale.
Tout évolue.
u
ne mitaine de Rachel.
Un jour du mois d'août de l'année
mil huit cent quarante-huit, sur les quatre
heures du soir, une femme à l'allure jeune
et élégante quittait furtivement un hôtel de
la rue Jacob, à Paris. Elle sortait d'un ga-
lant rendez-vous, tout émue et rose. Elle
portait une robe blanche et printanière, une
écharpe cerise, une capote de paille d'or
avec des rubans et des bandeaux légers à
la mode du temps. Elle salua la loge d'une
inclination rapide de la tête, traversa la cour
qui précédait la maison et gagna la rue.
Dans sa hâte, elle laissa tomber, sans s'en
apercevoir, une de ses mitaines. Une jeune
fille de dix-huit ans, qui, d'une fenêtre de
l'hôtel, avait assisté à la scène, descendit
précipitamment dans la cour et ramassa
l'objet perdu. C'était une petite mitaine de
soie noire, étroite, longue et riche, fine com-
me un duvet, souple comme un serpent,
d'un treillis minuscule et adorable, faite
Pour ganter une patte d'oiseau. La main qui
la portait avait dû courber bien des têtes,
d un geste menu, autoritaire et vainqueur.
La femme qui venait de perdre cette mi-
tai.ne était la célèbre tragédienne Rachel.
On nous montrait, l'autre semaine, cette
examse relvm'e. dans l'étroit cercueil d'une
boîte de laque embaumée. Elle appartient à
la collection particulière de Mme, Russinger,
qui la tient de sa mère, Mme Laine. Celle-ci
jeune fille au jour où Rachel la perdit, la ra
massa de ses propres mains et n'ejit jamais
l'occasion de la rendre à sa propriétaire
L'illustre actrice avait alors vingt-sept ans,
Que de passé joli, hélas! dans ces seuls
mots: « Une mitaine de RacheL»
---
L'ART AU FAUBOURG;
Avant-hier, vers midi et demi, il était difficile
de se frayer un passage dans la toule qui obs-
Cgynesto Brod. phoU
truait littérelemênt le. troitoir te
la maison sise au n° 9 du Faubourg-Montmar-
tre. La curiosité étant l'une des « qualités »
du reporter en mal d'informations, nOllS ju-
geâmes qu'il était indispensable de voir ce qui
se passait derrière cette muraille humaine —
d'autant plus que les échos d'une voix admi-
rable venaient mourir tout près de nous.
Avec beaucoup de peine nous parvinmes jus-
qu'à HT cour de l'immeuble assiégé.
Seule, au milieu d'un public entassé qui avait
forcé la consigne, sévère pourtant, , de l'aima-
ble concierge, une jeune femme chantait l'une
des dernières romances de ce pauvre Delmet:
Vous êtes jolie!. Ses intonations étaient si
justes, sa voix si caressante, si prenante et si
émue que les spectateurs oublièrent ma 'foi de
l'applaudir lorsqu'elle eut achevé la dernière
strophe, de ce poème d'amour.
- Que platine! dit alors quelqu'un à côté de
nous. Tu parles qu'elle mériterait la grande
Opéra!!.
Ces mots rompirent le charme et les sous
tombèrent, très nombreux,, aux pieds de la
chanteuse.
- Encore une autre •' '■ :
-
Sans. se faire prier, elle entonna le Noël, d'Au-
gusta Hommes, puis La Chanson des blés d'or, et
enfin Le Biniou. ,
- Une heure. Faut aller au turbin!
.;'.Et, ce pendant que la foule s'écoulait, nous
nous approchâmes de la chanteuse, dqns l'espoir
de tirer d'elle quelques renseignements. Voici ce
qu'elle voulut bien nous dire
- J'ai un peu chanté autrefois, lorsque-j'étais
jeune fille, à Rennes, où je suis née; j'appartins
même au Conservatoire de cette ville.,. Tout le
monde me disait qu'il fallait faire du théâtre.
Je me suis mariée : j'ai épousé un brave homme
qui m atmatt bien. Nous sommes venus nous
établir à Paris. Nous n'avons pas fait de bonnes
affaires. Ce fut bientôt la misère. Mon mari
est tombé malade. Nous n'avions plus un sou
chez nous.. Ne voulant pas mendier, un jour je
me suis dit qu'il n'était pas déshonorant de chan-
ter dans une cour. je connaissais un peu une con-
cierge : elle m'a donné l'autorisation. J'ai dit le
grand air de La Juive. De nombreuses ouvrières
travaillaient dans cette maison. Elles se sont toutes
mises aux fenêtres et m'ont jeté des pièces de
monnaie en m'applaudissant. Àh!Monsieur; ,je
ne pouvais les ramasser tant je pleurais je ne
les trouvais pas.. J'ai eu quatre francs. Nous
avons mange le soir.
- epus.
- Depuis, j ai continué. Je mesuis Présenté
dans plusieurs autres maisons. On m'a' bien
reçu:, je me suis créé une petite clientèle.
comme ça je peux soigner mon mari. en- atten-
dant qu'il guérisse tout à fait, et trouve une
place, car c'est - un brave homme et un homme
travailleur celui-là. Le pauvre ami, il est
bien plus malheureux que moi, allez!. Main-
tenant, c'est lui qui se tracasse!. Mais ça
ne fait rien, plus tard peut-être Compterons-nous
encore des bons jours, comme autrefois-?.-,.
Sur ces derniers mots, nous quittâmes alors
cette artiste courageuse qui puisa dans son'cœur
de femme aimante le. courage ,<( d'oser v et se
mpntre aux yeux de ceux qui savent-comme un
incomparable professeur d'énergie.
- ROBERT OUDOT.
L
a journée d'hier, à Chantilly, rem-
porta son habituel succès mondain et
sportif. Innombrables furent les sportsmen
que déversèrent des centaines de trains;
non moins innombrables furent ceux qui
gagnèrent Chantilly en automobile. Les-voi-
tures les plus remarquées et les plus nom-
breuses furent sans conteste lés jolies peti-
tes voitures Lion, à la fois légères, confor-
tables et rapides.
Les grandes usines de Valeptigney ont
créé là un véhicule incomparable.
L
e fils à papa.
Il est le fils d'un grand, d'un très
grand, d'un illustre écrivain. Il se consacra
tout d:abord à la peinture, puis. après qu'un
duel retentissant eut mis une fois de plus
en valeur son nom déjà glorieux, il aborda
r le journalisme. Ensuite, comme le person-
nage de Donnay, la politique le tenta et il
s'y passionna pendant près d'une année.
Récemment, on parla de ses fiançailles
avec une-jeune fille charmante de la haute
aristocratie républicaine,' et voici qu'on an-
nonce ses prochains débuts au théâtre. Il
s'est senti soudain poussé, paraît-il, par une
invincible vocation, et aurait engagé des
pourparlers déjà très avancés avec le direc-
teur d'un grand théâtre des boulevards.
Voilà en perspective un début bien pari-
sien,, sur lequel, d'ailleurs, nous ne man-
querons pas de revenir.
E
dmond Teulet chanta jadis, avec le
succès que Ja vogue a consacré, sa
rameuse romance Son Amant, dont le pre-
mier couplet commençait ainsi :
Tu demandes de quoi: je meurs
A tous mes amis, aux docteurs,
Je meurs d'un mal que tu fis naître.
Nous pouvons affirmer aujourd'hui, sans.
crainte d'être.démenti, que le pauvre amant
ne mourait pas de cela .- il mourait d'ennui,
tout simplement. Si le Moûlin-Rouge-Palace
avait existé à cette époque, ce cas navrant
ne se serait pas produit.
c
uisiffiï'ëxguise, vins incomparables, ta-
bles somptueusement fleuries, clien-
cele aristocratique: voilà ce qu'on trouve
chez Paillard, le premier restaurateur du
monde.
D
Régner, 4, rue des Capucines, paye
cher bijoux, diamant nerleç nntn-
mobiles, reconnaissances du Mont-de-Piété,
100 0/0, les dégage sans frais, même chez
des tiers.
1
l n'est pas de bonne soirée au théâtre
sans avoir au préalable dîne chez Cham-
peaux, où 1 on retrouve, chaque soir une par-
tie du Tout-Paris artistique, mondain et lit-
téraire. ;• t
Le Masque de Verre.
« HIPPOLYTE ET BORIS »
Une lettre
de M. Albert Carré
,M. Albert Carré, directeur de l'Opéra-Co-
mique, nous a adresse la lettM savante:
; : Paris, le 28-mai 1908.
Mon
Vous votilez bien tnt demander ce aue
J. ft pêftSfc'ftê l'article âé M. Vincent d-indy
paru, ce matin, danslyte et Boris.
M. d'Indy déclare que jamais œuvre sur
aucun théâtre du monde, n'a été exécutée
avec une telle perfection.
C'est possible, mais ce n'était pas. à M..
Vincent d'Indy de le dire, alors que tour
le monde sait" que c'est lui qui a été char-
gé par MM. Messager et Broussan de di-
riger les études de l'opéra, de Rameau.
Pour que les éloges qu"il se décerne avec
tant de complaisance, de même que les vio-
lentes attaques qu'il dirige contre l'Opéra-
Comique, à propos dIphigénie en Aulide,
pussent être pris ,au sérieux, il ne faudrait
pas que l'auteur de l'article fît - partie du
personnel de l'Opéra.
Croyez, mon cher Directeur, à mes sen-
timents dévoués..
ALBERT CARRE.
Lir.e à la troisième page l'article de
1 JACQUES MAY
Les Petits Prodiges
Concours organisé par Comœdia
et Musica
LE SAMEDI 30 MAI, A DEUX HEURES, A La
SALLE DU THEATRE FEMIN'A, 90, AVE-
NUE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
C*est demain
Que tous ceux qui. à un titre quelcon-
que, engagés ou spectateurs, doivent assis-
ter à notre Concours de Petits Prodiges,
veuillent bien ne pas publier .., que cette ma-
nifestation commencera demain, à deux
heures, à la salle du théâtre Femina. - 4
C'est également demain que nous rap-
pellerons les noms des. membres du jury et
des engagés, ainsi que le règlement et tou-
tes les indications utiles.
Nos InVités
Notre excédent confrère Musica ayant
bien voulu se charger , de répondre directe-
ment à toutes les demandes de places à
nous parvenues avant mercredi dernier,
nous lui avons adressé toutes ces demandes.
C'est donc à Musica que les intéressés
pourront s'adresser pour cela aujourd'hui.,
Nous tenons néanmoins à prévenir les quel-
ques retardataires dont les demandes nous
sont parvenues depuis mercredi. qu'ils n'ont
que - bien peu de chances d'avoir s~isia~
fion-
JJS Numéro : 5 centimes
Vendredi 29 Mai 1908-
COMCEDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSRl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS,
TÉLÉPHONE : 288-07
«
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 mon
Pans et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
- ■ M*
RÉDACTION & ADMIfllSTRATIOîT:
27, Boulevard Poissonnière;. PÀRtfï
TÉidÊPHpim : 288-07 ::.':. ;
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger./,. 40 » 20 a
Vandérem,
vous m'avez conquis !
Notre cher Vandérem,
Le monologue doit, à la fin, vous amu-
ser moins: sans doute, souhaitez-vous
une réplique.
La voici humble et affectueuse.
(C'est de votre article, paru ici-même,
il y a deux ou trois jours, que je veux
vous entretenir.)
« Je m'étais bien promis, vous écriez-
vous, de ne souffler mot, à l'Assemblée
générale de la Société des auteurs! »
Et vous constatez avec un soupir que
vous vous êtes tenu parole. Oui, en dé-
pit de l'hésitation de Trarieux à nous
écraser, sous nos torts, sous nos bé-
vues!. C'est très bien cela! C'est d'un
honnête homme!
Une petite question cependant!.
Lorsque vous exigeâtes de vous-même
:e serment respecté, à quel sentiment
obéissiez-vous? Une mansuétude toute
neuve envers les élus de la Société qui
cont, pour la plupart, vos amis?. Non.
Ne fût-ce pas plutôt la grande voix de
a prudence qui dictâ cette abstention?
Allons, cher Vandérem, avouez que
les premières phrases de votre chronique
étaient destinées exclusivement à ceux
des lecteurs de Comœdia qui ne font pas
partie de la Société des auteurs!
Vous ne vous cabrerez pas si je déclare
que vos apparitions à la tribune de l'As-
semblée ne laissèrent à personne le sou-
venir d'un remueur de foules. Le souve-
nir est celui d'un gentleman élégant,
mais à peu près aphone. Car jamais un
traître mot ne parvint aux plus voisines
oreilles, des griefs que vous articuliez ou
plutôt que vous n'articuliez pas.
mais ) admets que ces insignifiantes
déconvenues vous aient inspiré une ma-
gnifique ardeur; que, nouveau Démos-
thène, vous ayez hurlé des imprécations
devant les flots du bassin des Tuileries,
et roulé dans votre bouche diserte tous
les petits cailloux de l'avenue Montai-
gne. Oui, oui, je l'admets. Vous êtes
devenu un orateur redoutable, une force
d& la nature. Vous eussiez pu, l'autre
jour, nous anéantir. Vous ne l'avez pas
fait. Vous le ferez à la première occa-
sion !
—,-ChflT , -lfmi. VfUlt faiiffig k>ri VERNE fi-
nirez par casser le joujou, le beau jou-
'ou !. Car vous faites joujou, Fer-
,land !. Pour votre amusement, il vous
plairait de ressusciter dans notre sein les
clubs de la Révolution et leurs orages,
de revivre en petit, sans péril, ces temps
troublés dont vous savez si bien l'his-
toire.
Il ne faut pas, enfant terrible!. Il ne
faut plus!. Ecoutez, Vandérem, vous
êtes surtout un romancier — et quel dé-
licat, quel délicieux conteur, chacun le
sait. Eh bien! accepteriez-vous, sans
colère qu'un simple auteur dramatique
en usât dans le même esprit, joliment
gamin, mais par trop égoïste, avec votre
Société des gens de lettres?
Les commissaires, mais il importe de
les soutenir, de les armer, de les faire
puissants! Cette nécessité, je sais un
jour où personne ne la sentait plus for-
tement que vous-même. Le jour dont je
parle, vous nous rendîtes une visite que
les journaux relatèrent. Aussi bien, la
circonstance était publique de votre dé-
mêlé avec une directrice.
Ce fut une séance émouvante. Certes,
notre soif de régner n'égala jamais votre
^if de vengeance. Vous nous regardiez
':omme les instruments de la colère de
iDieu. Vous nous auriez voulus terribles
et sans frein, vous auriez voulu que no-
tre pouvoir courbât les pouvoirs publics
et qu'il nous fût loisible d'appréhender
la récalcitrante, Mme Réjane, de l'obli-
ger par la force, à répéter, à jouer vo-
tre pièce.
Hélas! nous ne le pouvions pas.
Mais je fais appel à votre loyale mé-
moire : tout le possible, tout notre possi-
ble. ne l'avons-nous pas accompli, et de
grand cœur? Et si la directrice, votre
adversaire, s'est rendue à notre appel,
si elle s'est ensuite rendue à nos raisons,
si vous avez perçu, sans l'aide des tri-
bunaux, une indemnité qui, tout de
Inême, valait mieux que rien, vous le
devez un peu, je vous le signale, aux
Quinze « gros producteurs » dont vous
Vous égayez aujourd'hui.
Et, à ce propos, cher Vandérem, voyez
comme votre âpreté à nous combattre
Veut que vous manquiez parfois de logi-
Çue. Vous reprochez à Caillavet de faire
Parler un mort, parce qu'il a très exac-
tement rapporté les dernières paroles, en
commission, du bon et grand Halévy. Et
tout aussitôt, pour les besoin de votre
cause, vous tirez du dernier sommeil
JJeux ancêtres dramatiques! Que dis-je,
fleux?. Quatre!
Vous poussez parmi et contre les
ambres de la commission les habituels
eu Scribe et feu d'Ennery, et puis vous
\1ous installez commodément entre les
autres illustres d'Alfred de Vigny et de
Becque, et vous nous narguez!
Voyons, Vandérem, c'est assez arbi-
traire cela!. Je loue le soin que vous
Prenez de vivre en bonne compagnie,
ais enfin, vous disposez un peu cava-
lièpeinent des votes de ces deux absents.
Oh! je vois. Je vois admirablement vo-
tre but ! Les noms de vos partenaires fa-
cilitent maintes variantes sur ce thème
Plaisant. * (i Alfred, Henri et moi, nous
sommes des messieurs de chez Marquis !
Vous n'êtes oue des hommes de chez
Menier ! Vous êtes le gros, nous som-
mes le détail. Tranchons : c'est nous
les artistes, c'est vous les gnafs ! »
Oui. Mais pourquoi diable vous empê-
trer de ces deux cadavres? Cette mo-
destie n'est pas de mise. Aussi bien, vo-
tre pensée véritable éclate à chaque li-
gne. Menier — la chose est entendue -
Menier représente la commission et ses
amis. Marquis. Mais Marquis, c'est
vous, Fernand Vandérem! C'est vous
seul contre nous tous!. Ah! ah! mon
gaillard, voici qui ne manque pas de
grandeur!.
A nos prosaïques succursales, le pu-
blic n'achète que l'aliment vulgaire de
tous les jours, que le chocolat de santé,
que le chocolat mi-sucre, que le cacao à
la vanille, que le cacao en poudre.
Nous ne recevons guère les visites que
de cuisinières ou de maîtres d'hôtel.
Mais devant votre riche boutique, les
équipages affluent, les gens chi^s s'at
troupent. Il n'est personne qui n'ad-
mire l'étalage où, parmi les croquigno-
les, les langues de chat, et tant de riens
charmants, s'offrent vos exquis Fresnay.
Et maintenant, vieil ami, permettez-
moi de clore cette douce causerie à deux
et de m'adresser à tous mes confrères.
Je n'ai pas lu que votre article, j'ai
lu ceux de Caillavet, Trarieux, Guinon,
Tristan Bernard, Maurey. Et je n'oublie
pas, un peu plus ancienne, une excel-
lente chronique de Kistemaeckers, sur
le même sujet.
Je tiens pour formidable la minorité
qui s'est dressée. Il n'y eut pas que les
fameuses 66 voix. Il y eut les absten-
tions et, en un pareil débat, l'abstention
est la plus courtoise manifestation, mais
c'est une manifestation. Enfin, il importe
de ne pas négliger les exemples de Gui-
non et de Maurey, qui ont voté : oui,
mais seulement par un louable es-
prit conservateur et pour éviter une crise
de cabinet.
Le vote, à mon gré, nous a dicté un
devoir. Il faut compléter l'article XV des
statuts. Il ne serait ni de mon goût, ni
de mon caractère d'opprimer un groupe
important de nos confrères. L'effort se-
rait laid et plus nuisible encore que laid.
Je livre mon avis réfléchi et j'ose, sans
en avoir parlé, répondre de sentiments
Je n'opère pas ici une volte-face. J'ai
toujours soutenu que l'Assemblée ne de-
vait pas être qu'informée, devait être
consultée.
En un seul coin, je demande le main-
tien du vieux pouvoir discrétionnaire. Il
faut — l'expérience me l'a démontré —
que le comité de la Société tranche sou-
verainement certaines questions. Je cite-
rai des exemples, j'exposerai mes rai-
sons : elles seront comprises, je n'en
doute pas.
Il ne s'agit plus que d'imaginer la
formule qui fera la paix. Demandons-la
à l'homme vers qui nous nous sommes
tous tournés, au directeur que la Société
s'est choisi. Car Paul Hervieu fut, le
19 mai, élu président par tous ses con-
frères, et la commission se donna seu-
lement la joie de corroborer ce vote.
Entre les deux camps - s'il y a deux
camps — quel plus bel arbitre que cet
artiste admiré, que ce grand galant
homme?
Henry BERNSTEIN.
Nous publierons demain un article de:
JEANJULLIEN
Propriétés privées
« Cher « Comœdia », nous écrit un grou-
pe de lecteurs, pouvez-vous me dire s'il est
à votre connaissance que déjà, à notre épo-
que, dans un monde convenable et sincère-
ment artiste, des femmes vraiment honnê-
tes consentent à jouer toutes nues dans des
comédies de salon et devant un public de
choix?
« Je vous serais très obligé de répondre
à cette question, motivée par un pari impor-
tant entre gens très intéressants. »
Et c'est tout! Impossible de savoir dans
quel salon parisien on joue la comédie avec
des personnages tout nus appartenant à la
meilleure société.
J'avoue que j'en éprouve une amère dé-
ception. Chaque jour on nous convie à des
spectacles parfaitement ennuyeux que nous
devons subir pendant des heures entières,
et, pour une fois que la chose devient inté-
ressante, aucune adresse; une" simple men-
tion : « Répondez-moi dans la Petite corres-
CJondance! »
Or, si une chose parait inutile en l'es-
pèce, c'est bien notre réponse ; notre opi-
nion ne peut faire de doute : nous ne sau-
rions trop encourager, trop approuver de
toutes nos forces de -pareilles initiatives.
Plus il y aura de femmes du monde qui
joueront nues dans des salons et moins la
vie sera fastidieuse.
Je ne vois qu'un seul point noir à l'hori-
zon, c'est l'opinion de MM. les-maris, que
l'on oublie, je crois, de consulter en l'oc-
curence, et qui vont, comme toujours, faire
d'infinies difficultés pour accorder leur au-
torisation.
Du reste, il faut bien le dire, il en va de
même pour beaucoup d'autres questions
concernant la propriété individuelle; c'est
ainsi que je ne verrais, pour mon compte,
aucun inconvénient à ce que l'on mette à
ma disposition la fortune entière de
M. Rockefeller, pour ne citer que celle-là. Il
me paraîtrait de même fort avantageux d'ou-
vrir au public tous les hôtels privés, tous
les jardins d'agrément qui se trouvent dans
Paris et de laisser chacun y circuler à sa
guise. Mais, une fois encore, il faudrait con-
sulter tout d'abord les propriétaires, et l'on
connaît leur égoïsme en pareille matière!
Non, décidément, je le crains, il n'y aura
jamais rien à faire avec tous ces gens-là, et
avec les maris encore moins qu'avec les
autres.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures un quart, au Théâ-
tre Lyrique municipal de la Gaîté, première
représentation (à ce théâtre) de La Basoche,
opéra-comique en trois actes, de M. Albert
Carré, musique de M. André Messager.
Ce soir, à neuf heures, à l'Athénée, pre-
mière représentation du Chant du Cygne,
comédie en trois actes, de MM. Georges
Duval et Xavier Roux.
Ce soir, à huit heures trois quarts, à la
Scala, première représentation de: Objets
d'art, comédie en un acte, de M. Forget-
Menot; Arabella, opérette en deux actes et
trois tableaux, de M. Bonis-Clzarancle; Le
Fétiche, pièce en un acte, de MM. Eddy et
Dangennes; En Sca.Ia, j'marche, revue de
MM. Wilned, F. de Rouvray et Génémas.
E
xclusif.
Avant-hier, pendant un entr'acte de
la répétition générale de Velléda, à l'Odéon,
nous avons pu voir une lettre de réclama-
tion à propos de la pièce de M. Magre.
M. Antonin Thiénard, président du Tribu-
nal civil de Cosne, a perpétré en 1898 une
Velléda qui a été éditée chez A. Charles,
8, rue Monsieur-le-Prince. M. Thiénard a
même fait jouer cette Velléda l'an passé à
Cosne.
Il prétend avoir seul le droit de mettre
Velléda à la scène; il ajoute même que le
rôle de Segénax indique que Velléda est sa
propriété.
Au moyen âge M. Thiénard, président du
Tribunal civil de Cosne, eût fait passer un
mauvais quart d'heure à M. Magre. Mais
le moyen âge est loin, fort heureusement.
R
eversibilité.
A la Comédie-Française, lorsqu'une
piece exige un grand nombre de tout petits
bouts de rôles, on sait que, pour ces em-
plois infimes, on a recours aux élèves du
Conservatoire.
■ rarmi ceux-ti,' "qùèlques-uhs s'imaginent
alors* ijûe << c'est arrivé ».
Récemment, le jeune X., favorisé de
l'honneur indiqué plus haut, répétait à ce
moment-là Gringoire, pour jouer cette co-
médie avec des camarades dans une So-
ciété en province. Il écrivit à M. Georges
Berr, sociétaire de la Maison de Molière,
où celui-ci est chef d'emploi du héros de
Théodore de Banville, en lui demandant s'il
voudrait bien venir diriger une de leurs ré-
pétitions. Et il signa:
« X., de la Comédie-Française. »
M. Georges Berr lui répondit courtoise-
ment, en s'excusant de n'avoir pas assez de
loisirs pour trouver le temps de se déranger.
Et il signa:
« G. Berr, du Conservatoire. »
ce -qu'ils.ont. en Angleterre.
Il fait partie de tous les cortèges et
de tous les voyages présidentiels. C'est
maintenant un haut personnage de la Répu-
blique, et son élégance fait merveille dans
les landaus officiels ou dans les dîners
d'ambassade.
Jadis il était renommé, sur le boulevard,
pour la coupe audacieuse de ses vestons et
l'originalité prestigieuse de ses nœuds de
cravate. Il parle en outre anglais aussi bien
qu'Edouard VII lui-même, et doit à ce mé-
rite particulier d'avoir été spécialement dé-
signé pour accompagner notre Président
dans cet important voyage à Londres.
Il professe de très savantes théories sur
l'élégance anglaise et se fait régulièrement
babiller par des tailleurs d'outre-Manche.
Tout le long du chemin, il n'avait cessé
de s'exprimer avec emphase sur le « chic
anglais » :
— Vous les verrez, avait-il pompeuse-
ment déclaré à ses glorieux co-itinérants;
vous 1 les verrez, nos voisins de l'Entente
cordiale ! Vous les verrez ! — et, sans ajou-
ter autre chose, il concluait: - Vous les
verrez!
A peine débarqué et dès que le cortège
quitta la gare de Victoria, notre homme,
avisant subitement un homme rasé et ma-
jestueux qui, par les rues, s'avançait d'un
pas circonspect, se pencha aussitôt vers M.
Dutasta, l'aimable chef du cabinet du minis-
tère des Affaires étrangères, et, lui dési-
gnant du doigt ce passant si élégant, se
lança dans une dissertation énergique sur
l'élégance londonienne.
Alors M. Dutasta, à demi-vaincu, se pen-
cha pour admirer ce modèle de chic offert
à sa contemplation :
— C'est drôle, murmuta-t-il après un
instant de réflexion, il a une tête que je
connais.
C'était M. Jacques Fenoux.
s
'en ira-t-il?
Ceux qui, dimanche dernier, à l'Ô-
aeon, saluèrent M. de Max de leurs accla-
mations lorsque fut tombé le rideau sur
« les fureurs d'Oreste », se doutèrent-ils
que c'était probablement une des dernières
fois que ce plaisir leur était donné?
Rien n'est plus vraisemblable, toutefois.
Lassé de voir sa vaillance et son très grand
talent inemployés, M. de Max songerait, dit-
on, à nous quitter. De très belles proposi-
tions lui furent faites il y a quelque temps
pour l'Angleterre, et M. de Max se résigne-
rait aisément à les accepter, puisqu'il s'est
remis depuis lors à l'anglais, langue qu'il
possédait imparfaitement pour la scène. Tel
est le bruit qui court et que les amis de
l'artiste ne démentent pas. Souhaitons qu'il
soit inexact et que l'éminent tragédien, pre-
nant un jour prochain le paquebot de pour
vres ou de Folkestone, ne secoue pas la
•j
poussière de ses cothurnes sur les dalles
du quai d'embarquement en maudissant no-
tre ingrate patrie.
L
'avant-garde.
C'est un ieune amoureux du DIus
grand avenir. Il appartient à un théâtre im-
portant où il a créé des rôles de premier
plan.
Mais malheureusement, ayant débuté au
théâtre dans un âge encore peu avancé, son
esprit s'en est ressenti, et on remarque trop
souvent que sa culture intellectuelle est fra-
gile — bien qu'il n'en avoue rien, au con-
traire.
Il se promenait l'autre jour en compa-
gnie d'un camarade plus âgé, aux allures
d'esthète.
Celui-ci lui cite, avec un enthousiasme
fébrile, quelques jeunes écrivains de talent,
et les commente chaJellrplNPmpnr.
- Oh! très bien, riposte l'acteur, mais
ils ne me plaisent qu'à moitié. J'ai lu tout
Hector Malot, par exemple. Ça ne m'a
rien dit. tu sais moi, je ne suis pas pour
l'avant-garde !.
Et dire que ce' jeune premier a eu com-
me précepteur un abbé fort distingué.
c
omme Sarah Bernhardt.
-. Elle porta délicieusement Je travesti
ae Chérubin. EUe est une Thaïs exquise
à qui la robe de bure ne messied point.
Voilà, paraît-il, qu'elle va revêtir un tra-
vesti masculin très particulier: une robe de
moine.
Mlle Mary Garden, en effet, chantera,
au Manhatten Opéra de New-York le rôle
de Jean — rôle écrit pour -ténot - dans
Le Jongleur de Notre-Dame.
p
rix de Rome.
La commission chargée de décerner
pour 1908 le prix de Rome littéraire vent
de se réunir. On sait que cette année le
prix, décerné en 1907 à un prosateur, doit
aller à un poète.
Dans leur première réunion, les mem-
bres de la commission ont longuement dis-
cuté des mérites des candidats. Si jalouse-
ment -gardé que soit le secret de leurs dé-
libérations, Comœdia, toujours aux aguets,
a pu savoir quels étaient les grands favo-
ris, ceux entre qui, dès à présent, l'on peut
considérer la lutte comme circonscrite. Ce
sont, d'une part, René Fauchois, dont on
connaît l'œuvre déjà importante, et, d'autre
part, un débutant qui en est à son premier
livre, M. A. Belval-Delahaye. Son livre La
Chanson du Bronze a été une révélation.
Admirateur de J~am~t&hËDin~dosL.il~~
cède, son, livre semble ^r^ppeîêr
phèmes. Il est ammé d'un beau souffle, et 1
son vers épique nous repose un peu des
mièvreries habituelles.
I
- - - NOS ARTISTES 1
(PhotQ Manuel) Il
Mlle Faber, de l'Odéon :" V.
L
es temps nouveaux.
Où est le temps où l'Eglise refusait
une sépulture chrétienne aux acteurs, où
l'archevêque de Paris ne voulait" pas laisser
inhumer en terre sainte le corps d'un Mo-
lière?
Une association d'acteurs catholiques
vient de se former en Angleterre, et lundi
elle a débuté en donnant au Dalys Theatre,
à Londres, une matinée au profit des mis-
sions catholiques de Londres. Le secrétaire,
M. Charles H.-E. Brookfield, a déclaré que
le Pape lui avait envoyé, pour lui et pour
chacun des acteurs qui jouaient dans cette
représentation, une médaille bénite, et qu'il
bénissait cette œuvre théâtrale.
Tout évolue.
u
ne mitaine de Rachel.
Un jour du mois d'août de l'année
mil huit cent quarante-huit, sur les quatre
heures du soir, une femme à l'allure jeune
et élégante quittait furtivement un hôtel de
la rue Jacob, à Paris. Elle sortait d'un ga-
lant rendez-vous, tout émue et rose. Elle
portait une robe blanche et printanière, une
écharpe cerise, une capote de paille d'or
avec des rubans et des bandeaux légers à
la mode du temps. Elle salua la loge d'une
inclination rapide de la tête, traversa la cour
qui précédait la maison et gagna la rue.
Dans sa hâte, elle laissa tomber, sans s'en
apercevoir, une de ses mitaines. Une jeune
fille de dix-huit ans, qui, d'une fenêtre de
l'hôtel, avait assisté à la scène, descendit
précipitamment dans la cour et ramassa
l'objet perdu. C'était une petite mitaine de
soie noire, étroite, longue et riche, fine com-
me un duvet, souple comme un serpent,
d'un treillis minuscule et adorable, faite
Pour ganter une patte d'oiseau. La main qui
la portait avait dû courber bien des têtes,
d un geste menu, autoritaire et vainqueur.
La femme qui venait de perdre cette mi-
tai.ne était la célèbre tragédienne Rachel.
On nous montrait, l'autre semaine, cette
examse relvm'e. dans l'étroit cercueil d'une
boîte de laque embaumée. Elle appartient à
la collection particulière de Mme, Russinger,
qui la tient de sa mère, Mme Laine. Celle-ci
jeune fille au jour où Rachel la perdit, la ra
massa de ses propres mains et n'ejit jamais
l'occasion de la rendre à sa propriétaire
L'illustre actrice avait alors vingt-sept ans,
Que de passé joli, hélas! dans ces seuls
mots: « Une mitaine de RacheL»
---
L'ART AU FAUBOURG;
Avant-hier, vers midi et demi, il était difficile
de se frayer un passage dans la toule qui obs-
Cgynesto Brod. phoU
truait littérelemênt le. troitoir te
la maison sise au n° 9 du Faubourg-Montmar-
tre. La curiosité étant l'une des « qualités »
du reporter en mal d'informations, nOllS ju-
geâmes qu'il était indispensable de voir ce qui
se passait derrière cette muraille humaine —
d'autant plus que les échos d'une voix admi-
rable venaient mourir tout près de nous.
Avec beaucoup de peine nous parvinmes jus-
qu'à HT cour de l'immeuble assiégé.
Seule, au milieu d'un public entassé qui avait
forcé la consigne, sévère pourtant, , de l'aima-
ble concierge, une jeune femme chantait l'une
des dernières romances de ce pauvre Delmet:
Vous êtes jolie!. Ses intonations étaient si
justes, sa voix si caressante, si prenante et si
émue que les spectateurs oublièrent ma 'foi de
l'applaudir lorsqu'elle eut achevé la dernière
strophe, de ce poème d'amour.
- Que platine! dit alors quelqu'un à côté de
nous. Tu parles qu'elle mériterait la grande
Opéra!!.
Ces mots rompirent le charme et les sous
tombèrent, très nombreux,, aux pieds de la
chanteuse.
- Encore une autre •' '■ :
-
Sans. se faire prier, elle entonna le Noël, d'Au-
gusta Hommes, puis La Chanson des blés d'or, et
enfin Le Biniou. ,
- Une heure. Faut aller au turbin!
.;'.Et, ce pendant que la foule s'écoulait, nous
nous approchâmes de la chanteuse, dqns l'espoir
de tirer d'elle quelques renseignements. Voici ce
qu'elle voulut bien nous dire
- J'ai un peu chanté autrefois, lorsque-j'étais
jeune fille, à Rennes, où je suis née; j'appartins
même au Conservatoire de cette ville.,. Tout le
monde me disait qu'il fallait faire du théâtre.
Je me suis mariée : j'ai épousé un brave homme
qui m atmatt bien. Nous sommes venus nous
établir à Paris. Nous n'avons pas fait de bonnes
affaires. Ce fut bientôt la misère. Mon mari
est tombé malade. Nous n'avions plus un sou
chez nous.. Ne voulant pas mendier, un jour je
me suis dit qu'il n'était pas déshonorant de chan-
ter dans une cour. je connaissais un peu une con-
cierge : elle m'a donné l'autorisation. J'ai dit le
grand air de La Juive. De nombreuses ouvrières
travaillaient dans cette maison. Elles se sont toutes
mises aux fenêtres et m'ont jeté des pièces de
monnaie en m'applaudissant. Àh!Monsieur; ,je
ne pouvais les ramasser tant je pleurais je ne
les trouvais pas.. J'ai eu quatre francs. Nous
avons mange le soir.
- epus.
- Depuis, j ai continué. Je mesuis Présenté
dans plusieurs autres maisons. On m'a' bien
reçu:, je me suis créé une petite clientèle.
comme ça je peux soigner mon mari. en- atten-
dant qu'il guérisse tout à fait, et trouve une
place, car c'est - un brave homme et un homme
travailleur celui-là. Le pauvre ami, il est
bien plus malheureux que moi, allez!. Main-
tenant, c'est lui qui se tracasse!. Mais ça
ne fait rien, plus tard peut-être Compterons-nous
encore des bons jours, comme autrefois-?.-,.
Sur ces derniers mots, nous quittâmes alors
cette artiste courageuse qui puisa dans son'cœur
de femme aimante le. courage ,<( d'oser v et se
mpntre aux yeux de ceux qui savent-comme un
incomparable professeur d'énergie.
- ROBERT OUDOT.
L
a journée d'hier, à Chantilly, rem-
porta son habituel succès mondain et
sportif. Innombrables furent les sportsmen
que déversèrent des centaines de trains;
non moins innombrables furent ceux qui
gagnèrent Chantilly en automobile. Les-voi-
tures les plus remarquées et les plus nom-
breuses furent sans conteste lés jolies peti-
tes voitures Lion, à la fois légères, confor-
tables et rapides.
Les grandes usines de Valeptigney ont
créé là un véhicule incomparable.
L
e fils à papa.
Il est le fils d'un grand, d'un très
grand, d'un illustre écrivain. Il se consacra
tout d:abord à la peinture, puis. après qu'un
duel retentissant eut mis une fois de plus
en valeur son nom déjà glorieux, il aborda
r le journalisme. Ensuite, comme le person-
nage de Donnay, la politique le tenta et il
s'y passionna pendant près d'une année.
Récemment, on parla de ses fiançailles
avec une-jeune fille charmante de la haute
aristocratie républicaine,' et voici qu'on an-
nonce ses prochains débuts au théâtre. Il
s'est senti soudain poussé, paraît-il, par une
invincible vocation, et aurait engagé des
pourparlers déjà très avancés avec le direc-
teur d'un grand théâtre des boulevards.
Voilà en perspective un début bien pari-
sien,, sur lequel, d'ailleurs, nous ne man-
querons pas de revenir.
E
dmond Teulet chanta jadis, avec le
succès que Ja vogue a consacré, sa
rameuse romance Son Amant, dont le pre-
mier couplet commençait ainsi :
Tu demandes de quoi: je meurs
A tous mes amis, aux docteurs,
Je meurs d'un mal que tu fis naître.
Nous pouvons affirmer aujourd'hui, sans.
crainte d'être.démenti, que le pauvre amant
ne mourait pas de cela .- il mourait d'ennui,
tout simplement. Si le Moûlin-Rouge-Palace
avait existé à cette époque, ce cas navrant
ne se serait pas produit.
c
uisiffiï'ëxguise, vins incomparables, ta-
bles somptueusement fleuries, clien-
cele aristocratique: voilà ce qu'on trouve
chez Paillard, le premier restaurateur du
monde.
D
Régner, 4, rue des Capucines, paye
cher bijoux, diamant nerleç nntn-
mobiles, reconnaissances du Mont-de-Piété,
100 0/0, les dégage sans frais, même chez
des tiers.
1
l n'est pas de bonne soirée au théâtre
sans avoir au préalable dîne chez Cham-
peaux, où 1 on retrouve, chaque soir une par-
tie du Tout-Paris artistique, mondain et lit-
téraire. ;• t
Le Masque de Verre.
« HIPPOLYTE ET BORIS »
Une lettre
de M. Albert Carré
,M. Albert Carré, directeur de l'Opéra-Co-
mique, nous a adresse la lettM savante:
; : Paris, le 28-mai 1908.
Mon
Vous votilez bien tnt demander ce aue
J. ft pêftSfc'ftê l'article âé M. Vincent d-indy
paru, ce matin, dans
M. d'Indy déclare que jamais œuvre sur
aucun théâtre du monde, n'a été exécutée
avec une telle perfection.
C'est possible, mais ce n'était pas. à M..
Vincent d'Indy de le dire, alors que tour
le monde sait" que c'est lui qui a été char-
gé par MM. Messager et Broussan de di-
riger les études de l'opéra, de Rameau.
Pour que les éloges qu"il se décerne avec
tant de complaisance, de même que les vio-
lentes attaques qu'il dirige contre l'Opéra-
Comique, à propos dIphigénie en Aulide,
pussent être pris ,au sérieux, il ne faudrait
pas que l'auteur de l'article fît - partie du
personnel de l'Opéra.
Croyez, mon cher Directeur, à mes sen-
timents dévoués..
ALBERT CARRE.
Lir.e à la troisième page l'article de
1 JACQUES MAY
Les Petits Prodiges
Concours organisé par Comœdia
et Musica
LE SAMEDI 30 MAI, A DEUX HEURES, A La
SALLE DU THEATRE FEMIN'A, 90, AVE-
NUE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
C*est demain
Que tous ceux qui. à un titre quelcon-
que, engagés ou spectateurs, doivent assis-
ter à notre Concours de Petits Prodiges,
veuillent bien ne pas publier .., que cette ma-
nifestation commencera demain, à deux
heures, à la salle du théâtre Femina. - 4
C'est également demain que nous rap-
pellerons les noms des. membres du jury et
des engagés, ainsi que le règlement et tou-
tes les indications utiles.
Nos InVités
Notre excédent confrère Musica ayant
bien voulu se charger , de répondre directe-
ment à toutes les demandes de places à
nous parvenues avant mercredi dernier,
nous lui avons adressé toutes ces demandes.
C'est donc à Musica que les intéressés
pourront s'adresser pour cela aujourd'hui.,
Nous tenons néanmoins à prévenir les quel-
ques retardataires dont les demandes nous
sont parvenues depuis mercredi. qu'ils n'ont
que - bien peu de chances d'avoir s~isia~
fion-
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