Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-11-28
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 novembre 1907 28 novembre 1907
Description : 1907/11/28 (A1,N59). 1907/11/28 (A1,N59).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645356x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
Iqî.— N° 59 (Quotidien) he Numéro : 5 centimes
Jeudi 2S Novembre 1907»
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Rédacteur en Chefs G. de PAWLOWSKÎ
îC-;ï & ADMINISTRATION 2
-;¡'e:UJ.rd Poissonnière, PARIS
APHONE : 288-07
graphique : COMŒDlJ\"PARIS
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UN AN 6 MOIS
;, j , rtements. 24 fr. 12 fr.
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Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger..,,. 40 » 20 »
Monsieur'*
remarqué que, toujours,
; théâtre vont par séries?
t rs, qui se consultent entre
cider « de la mode qui se
j ver », les auteurs drama-
t se concerter afin de bien
e dramatique qui sera en
: une saison.
■ je nouveau spectacle, les
! remplis de lettres d'écri-
- pour éviter par la suite
s de plagiat — tiennent à
iépôt, la réception ou la
tions d'un drame ou d'une
t le genre ou le sujet rap-
jouée la veille.
ire qu'il y a entre les gens
? courants, des affinités et
r tous la même chose dans
iient.
is ans, il était d'usage que,
e toutes les œuvres repré-
femmes quittassent leurs
! i! l'époque du Bercail, de
"e et de Maman Colibri.
série TÎgy comédies vli ama-
terminaient par un suicide :
ers l'Amour, Bertrade, La
l¡ale, La Plus amoureuse et
daMe Héber.
nt, comme le prétendent
aiistes, le théâtre influe sur
'imaig les femmes n'auront
leurs maris qu'en 1904 et
aura enregistré plus de sui-
rs l'année 1905. Il y aurait
¡que qui pourrait tenter les
Au théâtre, je vous le dis,
;. bons ou mauvais, sont
Au moment où l'on allait
lieur à la Renaissance, on
> bons villageois à la Gaîté,
compare aujourd'hui Son
ichon, on sera surpris des
s et des analogies qui exis-
s deux succès de l'Odéon
aie.
reprise de Monsieur Al-
Tnéâtre-Français, une nou-
;:e se dessine dans le théâtre
n. Ce «.Monsieur» célèbre
te. Tîous avons vu naître,
!J tradition dé ses exploits
■ rnples, Monsiéilt ,Côeinal,
,---on et Monsieur de Cour-
-.;c:rivains sont uniquement
? l'homme qui considère
fonction naturelle de laisser
':: s besoins variés la femme
rné.
nalaisé de démêler les rai-
ont poussés à se consacrer
Lusi parflculier. Sans doute,
■a it pour un brave homme
: latique, bon mari et bon
ant dix heures par jour
3 robes de sa femme et les
de ses enfants, de cam-
mage qui, dès son entrée,
ite aimé des femmes et en-
,.::. C'est, pour le paisible et
rgeois de lettres, une mani-
ndépendance, une tentative
on, presque de révolte.
^n soit, aussitôt après avoir
- sur la scène auguste des
Monsieur Alphonse de Du-
scène moins auguste d'un
ctionnel un autre Monsieur
- ; JBUi réalisa ce double mi-
aerir le Pérou tant par ses
unes fortunes que par sa
rtune, trois auteurs nous
en même temps les types
"s de ce personnage spécial
avec le bourreau et le pré-
archiste, la faveur d'être
sieur, Monsieur en toutes
îc un M majuscule.
pour le critique, un inté-
rochement à établir entre
os que MM. Tristan Ber-
-lermant et Paul Giafferi
rtrés, au Théâtre-Antoine,
- et au Grand-Guignol.
at .et la muflerie épanouie
le cynisme élégant et la
té de Courpière, la supé-
r et la louche amabilité de
cis traits finement et exac-
Uu caractère du Monsieur.
d'une observation rigou-
'ô vérité absolue. Mais, si
une phrase que je bénis
dite, car elle m'épargne la
aire une nouvelle : « Le
reflet jie la vie », les trois
viens de citer renferment
-nt singulièrement mélan-
effet, un peu surprenant
> e voir tant d'hommes de
avec un pareil soin l'état
rsieur, il est plus surpre-
f r le dessiner, le peindre
'!' avec tant d'indulgence,
lie, je dirai presque tant
que nous en avons vu
,jais plusieurs mois que
ÎS plus choqués par au-
ce que leurs actions ces-
ceptionnelles que nous
"êts à les juger sans ri-
notre incurable passion
L ce vieux fonds d'immo-
bile en nous?. Toujours
la représentation, nous
ns plus que le héros de
M. Tristan Bernard exploité-ûflé jeune
femme confiante, que celui de M. Abel
Hermant est un faussaire et un gredin
et que celui de M. Paul Giafferi se cache
pour ne pas troubler le négoce amou-
reux et lucratif de sa compagne, et nous
nous souvenons seulement que le pre-
mier est respecté de ses voisins, que le
second est courageux et que le troi-
sième s'exprime avec une élégance at-
tique.
*
Pour que ces trois comédies de ca-
ractères aient aussi brillamment réussi,
il fallait que les trois caractères fussent
vrais.
Hélas! Cette vérité n'est guère à l'a-
vantage de l'époque dans laquelle nous
vivons. Jadis, on voyait les amants se
ruiner pour leurs maîtresses. Par un re-
tour inattendu des choses d'ici-bas, ce
sont ces maîtresses enrichies qui se rui-
nent aujourd'hui pour leurs amants.
— C'est la justice immanente! répon-
dra à cette pénible constatation le chœur
formé par Monsieur Alphonse, Mon-
sieur Betsy, Monsieur Codomat, Mon-
sieur de Courpière et Monsieur Platon.
Soit! Mais qu'on ose nier désormais
les progrès effrayants du féminisme!
Pierre MORTIER.
Nous publierons demain un article de
GEORGES LECOMTE
L'école de la morale
Il se trouve à Paris beaucoup plus de
personnes qu'on ne le croit pour réclamer
des spectacles véritablement moraux ou hé-
roïques, capables de rehausser un peu les
idées et d'exalter les sentiments de courage
ou de vertu qui sommeillent inutilement
dans notre société moderne.
Les très nombreux lecteurs qui se sont
montrés de mon avis en ce qui concerne la
reprise possible des pièces militaires au
Châtelet, me l'ont suffisamment démontré.
En dehors des pièces purement mi-
litaires, il est d'autres spectacles qui jurent
tentés dans le même but de haute mora-
lité au Théâtre de la Nature, et l'on me les
signale de plusieurs câtés.
Je crois, en effet,' que plusieurs pièces
représentées à Champigny ont eu un effet
salutaire, si j'#n fuge par les rires inextin-
guibles qui soulignaient les passages :oû,
l'auteur s'était rapproché des réalités de Ml
vie cÕuranle. Je Te dis sans la moindre iro-
nie. Je demeure persuadé, en effet, que,
pour qu'un spectacle soit véritablement mo-
ral, il faut qu'il soulève les protestations et
les rires de tout l'auditoire.
Il en va ainsi pour tout ce qui est au-
dessus du commun. On se rappelle la célè-
bre aventure de cette crande dame qui,
étant trop belle, se vit interdire, au Moyen
âge, l'accès de la rue. Sa présence déchaî-
nait de véritables émeutes et on l'eût, tuée
si elle eût persisté à se produire en public.
Il en va de même pour tout acte vertueux.
Il importe de le taire avec beaucoup de dis-
crétion, et trop de franchise, en cette
matière, entraînerait une protestation du
public. Cela, du reste, ne prouve peut-être
pas en faveur de l'opportunité d'un .specta-
cle purement moral que la toule ne pour-
rait guère admettre sans y voir une injure
personnelle
On peut bien, au théâtre, figurer des vi-
ces conventionnels, catalogués, pratiqués
par des personnes qui ne sont point d'ordi-
naire dans la salle, mais on ressent une im-
pression pénible à l'audition de pièces dé-
crivant de petites saletés bourgeoises et très
courantes.
Les spectacles militaires, eux, n'ont point
le même défaut r ils savent, comme toute
œuvre d'art, prendre une voie détournée
pour atteindre le cœur de la foule; ils exal-
tent le courage, la force ou l'audace à l'oc-
casion de jaits, somme toute, cruels, maté-
riels ou grossiers, et ce n'est que par rico-
chet qu'ils entraînent à la vertu pour les
actes de la vie courante. Ce caractère détour-
né est vraiment préférable en macère théd-
trale, et c'est folie, je crois, que de vouloir
heurter de front la Bête Populaire.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au Théâ-
tre Antoine, première représentation de
Le Fanion, pièce en, un acte, de M. Paul
Ginisty.
Lc.s critiques, soiristes et courriéristes,
seroiU reçus au contrôle sur présentation de
leur carte. -
N
otre confrère Le Matin aurait-il réflé-
chi aux inconvénients des comptes
rendus rapides ?
Après avoir publié une critique sur Le
Lac des Aulnes, écrite à l'issue de la « gé-
nérale », il paraît ne plus vouloir continuer.
C'est en vain que nous avons recherché,
hier matin, l'opinion de M. Guy Launay sur
Le Baptême, de M. Nozière, qui fut répété
généralement avant-hier soir.
P.-S. — Il n'est pas inutile de rapporter
un bruit public d'après lequel M. Guy Lau-
nay serait proche parent de M. Nozière.
A
rtistes et gens de loi. -
Comœdia a oarlé. en son femns. du
procès intenté au doyen de la Comédie-
Française par un facteur de pianos qui lui
réclamait une somme de 112 francs.
Nous extrayons, pour nos lecteurs, quel-
ques-uns des « considérants » inclus dans
le jugement rendu par M. Bailly, juge de
paix du 5 arrondissement, concernant la
fin de non-recevoir opposée par l'illustre tra-
gédien :
Attendu que Pareille fin de non-recevoir
formulée par l'homme éminemment honorable,
loyal, délicat, généreux et désintéressé qu'est le
célèbre firtiste [MQtyt6t*Suïly, «fpsraît
fondée, conforme à la réalité des faits, aux
règles de la stricte justice et de l'équité.
Attendu qu'il n'est pas plausible d'admettre,
eu égard à son caractère, à sa situation de for-
tune, à l'importance du dépôt qu'il possédait au
Crédit Lyonnais, qu'il aurait voulu laisser un ar-
riéré de 112 francs, sollicitant sans raison un
crédit ridicule dont il n'avait nullement be-
soin (!)
Suivent les moyens de droit, et M. Bailly
ajoute :
Mounet-Sully ayant fourni les explications
les plus rationnelles, empreintes de la plus
éclatante sincérité et de nature à déterminer la
conviction du tribunal en sa faveur, la preuve
par les livres de commerce n'est pas admise et
la maison X. est déboutée et condamnée aux
dépens.
Qui donc oserait prétendre désormais que
nos artistes n'ont pas toutes les sympathies
des_gens de loi et, d'ailleurs, comme on dit
au Palais, c'est justice.
s
ait-on que « le directeur » dé:, nos deux
principaux music-halls et d'un imoortant
concert est actuellement un homme de loi,
un syndic, M. * Reynaud.
Il a été nommé là par le Tribunal de
commerce et, depuis le commencement de
la saison théâtrale, il engage, il monte des
pièces, commande décors et costumes. par
l'intermédiaire de deux directeurs connus,
.qu'il a mis a son lieu et place, car M. Rey-
jiaud n'est pas très expert en exploitation
théâtrale. N'empêche que c'est lui le maître,
le seul maître.
Cette situation bizarre va prendre fin. Le
2 décembre viendra, devant le Tribunal, le
différend qui divise vendeurs et acheteur,
prétendent les uns; vendeurs et locataire,
prétendent les autres. C'est, d'ailleurs, les
mots « louer » ou « acheter » qui sont les
causes du différend. La solution du conflit
est proche. Sous quelques jours, nous sau-
rons qui a raison.
D
ans un grand établissement de Paris,
où le corps de ballet tient une large
place du spectacle, les danseuses, après la
répétition, remontent dans leurs loges en
traduisant leur satisfaction du travail fini
par des cris et chants divers. -
Le régisseur se précipite vers les exubé-
rantes:
— Eh bien, Mesdames, quand allez-vous
finir de « gueuler » comme ça?
- Dites donc, réplique l'une d'elles, si
l'un de nous a une gueule, c'est bien vous!
Le régisseur, soudain, plein d'aménité:
— Mademoiselle, je vous demande mille
fois pardon. A votre égard, je me suis en
effet mal exprimé.
-. A Monnô hëure iFattèg on
•à-qui ^rotis parlezl.r. -
—.C'est.srrai! aôhèvs.le.fégetiêitf! C'est1
beugler que j'ai voulu dire!
Fureur de l'une et rire des autres!
0
n dit — mais que ne dit-on pas? —
que, sous deux jours, il se passerait
aes choses presque incroyables dans un
théâtre où les belles-lettres — et les lon-
gues lettres —.sont fort en honneur.
Et l'homme mystérieux et de grand talent
qui nous fit cette demi-confidence s'éloi-
gna en souriant, suivi de son hérisson
jaune, sans vouloir à aucun prix compléter
son information.
Et ce jour-là, nous ne l'eûmes pas plus
avant.
u
ne émeute.
Descendant d'une luxueuse et
bruyante automobile, M. de Max entre hier
à l'Odéon. Des passants le reconnaissent et
le dévisagent avec curiosité. Il passe, indif-
férent au murmure d'étonnement élevé sur
ses pas, comme disait à peu près et mieux
le poète.
Il ne se doute pas cependant qu'il est la
cause - la cause indirecte — d'une petite
émeute. Son chauffeur, en tournant, a failli
écraser deux personnes. Un rassemblement
s'est aussitôt formé, des agents sont inter-
venus et le ton des réponses du chauffeur
ne les ayant pas satisfaits, ils l'ont tout sim-
plement conduit au poste.
Quand M. de Max sortira tout à l'heure,
fil ne retrouvera plus sa voiture!..,
A
TL -
propos d'un rôle.
On répète Madame Sans-Gêne au
x neatre Kéjane. Mlle Suzanne Avril, on s en
souvient, créa la pièce célèbre de MM. Vic-
torien Sardou et Emile Moreau. Pension-
naire de Mme Réjane, elle espérait donc re-
prendre son rôle. Mais M. Victorien Sardou
a changé d'avis et à Mlle Avril il préfère
aujourd'hui Mlle Ventura. En bonne ca-
marade, cette dernière n'ose pas accepter et
ce petit incident, qui finira d'ailleurs par
s'arranger, a jeté le trouble dans le théâtre
de la rue Blanche. Il y a le parti des
« avrileurs » et celui des « venturistes ».
Heureusement, Mme Réjane et M. Sar-
dou sont au-dessus de ces petits événe-
ments. Ils sourient, attendent, laissent faire
— et travaillent.
— Tiens, vous allez au théâtre, chère
madame?
— Comment le savez-vous?
— D'après votre chapeau.
Fliegende Blaetter.
M
- - ,
ise en scène.
Tout le monde sait avec quel soin
Antoine règle les moindres détails de mise
en scène. Quelques-uns ss soot plu jA tW$r,
d'exagération cette minutie. lisant tort. Je
n'en veux pour preuve que le petit fait sui-
vant:
Il n'y a pas très longtemps, on donnait,
dans un grand music-hall, une merveilleuse
pantomime Louis XV réglée par un délicat
écrivain. Pendant une scène, la favorite du
roi reçoit un pli qu'elle ouvre, naturelle-
ment.
Mais le pli, au lieu d'être simplement ca-
cheté, était naïvement dans une enveloppe,
devançant l'intention de celle-ci de pas mal
d'années, puisque son apparition en Angle-
terre remonte à cent ans à peine et qu'elle
n'eut son droit de cité en France que long-
temps après.
(Photo Henri Manuel).'
M. MURATÔRE
Un rde nos meilleurs ténors, qui se souvient
d'avoir eu un prix de tragédie. <
N
e vendez pas vos bijoux, perles et pier-
res fines, ainsi que vos reconnaissan-
ces de bijoux, sans les montrer au Comptoir
International, 44, Chaussée-d'Antin, qui
paie très cher. Téléphone: 269-67.
NOUVELLE A LA MAIN ,
O
n cause, à Montmartre, de la vogue
,,. lonetemos.'? les
stances d'un - regretté compositeur.
— On peut dire, dit quelqu'un, que tout
te. monde connaissait ces six couplets.
— C'étaient, répond un autre, « les six
stances publiques ».
Le Masque de Verrez
Les Primes
de Comœdia
COMŒDIA A PENSÉ QUE LE PLAISIR DE
SES NOUVEAUX ABONNÉS POURRAIT ÊTRE
DOUBLÉ S'ILS RECEVAIENT, EN
S'ABONNANT, UNE MERVEIL-
LEUSE PRIME D'UNE VA-
LEUR MARCHANDE DE
TRENTE FRANCS.
On se souvient sans doute que voici
quelques jours, nous avons tenu à acquit-
ter envers nos abonnés de la première heu-
re une véritable - dette de reconnaissance
en leur offrant une prime que tous ont vi-
vement appréciée. *
Aujourd'hui, nous pouvons annoncer
qu'à partir du 1er décembre 1907, nous of-
frirons, à titre gratuit, à tous nos nouveaux
abonnés d'un an, un , ,
Superbe coffret "<
en laque du Japon, contenant les spéciali-
tés BEAUTEVIVA, du maître parfumeur
ED. PINAUD -
: 18, place Vendôme, Paris,
si réputées pour les soins des ongles et la
beauté des mains. -
Ce coffret, en laque du Japon, et fer-
mant à clef, est composé:
D'un polissoir deux faces « Beauteviva », dont
le modèle breveté est la propriété exclusive de
la parfumerie Pinaud; -
D'une boîte de poudre « Beautevi^ va » dont
une application, même rapide, sur les ongles
leur donne, à l'aide du polissoir, un brillant in-
comparable;
D'un flacon d'Eau « Beauteviva » dont l'appli-
cation régulière a pour but.de blanchir l'extré-
mité des ongles ;
D'un flacon de Roseine « Beauteviva » ac-
compagné d'un petit pinceau, pour donner aux
ongles une teinte plus rosée que celle obtenue
par l'emploi exclusif de la pâte; >
D'une boîte de « Roseclat » qui est le sum-
mum du genre. Cet article, à lui seul, réunit
les qualités de tous les autres produits de cette
série, et lorsque nos élégantes sont pressées
par le temps, une simple application de cette
excellente préparation suffit pour donner à leurs
ongles un éclat sans rival.
Le Lait « Beauteviva » est un composé spé-
cial d'emploi inoffensif qui donne à la peau
une blancheur immaculée.
Pinaud a voulu encore gâter davantage nos
charmantes lectrices et a joint un petit échan-
tillon de ses dernières créations pour le mou-
choir, , l'exquise « Brise Embaumée Violette »,
la" délicieuse « Corrida », dont le succès prodi-
gieux fait le tour du monde, et enfin un bi-
jou de petite boîte en satin contenant l'odorante
et suave cc Poudre Corrida ».
Le nom universellement connu de Ed.
Pii.aud n'est-il pas, au surplus, un excel-
lent testimomal de la valeur de notre
prime.
N'oubliez donc pas, chers lecteurs, qu'à
partir du 1er décembre 1907, nos nouveaux
abonnés pourront, en s'inscrivant pour un
an. emporter avec eux ou recevoir à domi-
cile contre 0 85 centimes, représentant les
frais d'envoi, v
LE COFFRET ED. PINAUD
jpp~~M..
',' THÉÂTRE DE L'ŒUVRE
CSalle "Fémlna")
LE BAPTÊME
Pièce en trois actes de - - -
-,-, MM. Alfred Savoir .: ,' - .-
F d N .,
"-- ,-, — et Fernand Nozière
Les lecteurs de Comœdia ayant tout
particulièrement, et par essence, l'amour
du théâtre chevillé au corps,' je n'ai pas
trop honte à venir encore aujourd'hui
les entretenir d'une pièce qu'ils connais-
sent depuis hier. Pareille chose se re-
nouvellera souvent, désormais, et sera
fort peu agréable pour eux et pour moi,
dans certains cas, quand il me faudra
leur servir ou froid ou réchauffé un plat
qui aura été mal cuit la veille. Ce n'est
pas le cas cette fois, par bonheur; car
Le Baptême vaut qu'on en reparle après
en avoir déjà parlé.
La principale et grosse critique que
l'on peut et doit faire, tout d'abord, à
cette pièce, consiste même en ceci,
qu'elle soulève une question à propos
de laquelle tout a été dit et redit, et sera
encore dit et redit, sans autre résultat
que de le dire et redire toujours inuti-
lement..
Y a-t-il antipathie absolue et irréduc-
tible, impossibilité totale d'assimilation
et de fusion entre les races sémites et
les autres races? Tel est le problème
soulevé par Le Baptême, soulevé une
fois de plus, et une fois de plus montré
comme insoluble.
On voit donc qu'il n'y a rien d'anor-
mal à reparler, de cette pièce. Hélas!
depuis tantôt trente ans, on ne parle que
d'elle, chaque jour, puisque ce qui en
fait le sujet est devenu le fond même de
notre vie.
Et, si je me permets de pousser cet
hélas! c'est que, pour ma part, je
l'avoue, j'aimerais bien parler enfin
d'autres choses.
Mais, Je devoir Avant tout, n'est-ce
pas? El "- |^uvre--»-CQavié la
critique au ui J)J.liSAA81e jour-,
nalisme modern-style nous oblige à deux
articles dorénavant sur chaque pièce, et
puisque cette pièce du Baptême nous
refourre dans la question juive jusqu'aux
oreilles, reparlons de la question juive,
bien que nos pauvres oreilles en soient
tant rebattues! ",' ,'-
Au moins est-il juste de constater,
avant tout, qu'ici la fameuse question
est présentée d'une façon amusante,
avec tact, sans partialité en apparence,
et souvent avec une émotion qui vous
va au fond du cœur.
Sans partialité, ai-je dit, en apparence.
En réalité, on sent fort bien que les
sympathies des auteurs sont acquises à
la vieille race si longtemps opprimée,
si longtemps le rebut de l'humanité en-
tière. De là, précisément, vient l'émo-
tion spéciale à cette pièce. Quand le
vieux Bloch console son fils Lucien,
mal venu, laid, et le câline, et essaie de
le persuader en le trouvant beau, et Je
trouve beau, en effet, et quand le pau-
vre enfant souffre de sentir en lui toutes
les tares de sa race, et se révolte là-
contre avec douleur, et constate l'irré-
médiable de sa condition maudite, on
ne peut s"empêcher de compatir à cette
peine, d'être touché par cette paternité
tendre et d'être pitoyable à tout ce qu'a
enduré l'antique et lamentable et pa-
tiente et forte et superbe race.
Mais cette pitié si légitime qu'on a
pour les juifs parias de jadis, pour ces
victimes, dont le petit Lucien est le der-
nier rejeton et le triste avatar, est-ce le
sentiment unique et dominant qu'on peut
avoir aujourd'hui pour le juif moderne,
notre égal légalement et, en réalité, notre
supérieur par toutes ses qualités si par-
ticulières et si adéquates au monde in-
dustriel, commercial, capitaliste et finan-
cier que nous sommes? Je ne le pense
pas, en toute sincérité.
Et voilà pourquoi la soi-disant impar-
tialité des auteurs du Baptême me sem-
ble apparente seulement.
Qu'ils aient tenu à la pratiquer et à
en faire montre, je le vois bien ; mais
je ne puis leur en savoir gré, puisqu'ils
me mettent dedans de la sorte, en es-
sayant de me faire croire que tous les
hommes de la race jadis maudite sont
encore des maudits comme Lucien.
L'émotion qu'on me donne avec lui, on
l'exploite pour m'obliger à plaindrë tous
les autres. Je regimbe. Je ne marche
plus. Et je crie, fâché :
- Non, Le Baptême n'est pas im-
partial! , -
Oh! je sais, il y a aussi les innom-
brables traits dont la pièce fourmille,
à rencontre des juifs, traits si vifs, si
piquants, si barbelés parfois, si nette-
ment épigrammatiques et rosses, si bien
plantés en pleine peau, si profondément
à l'occasion, que la pièce en prend, par
moments, figure de pièce antisémite.
Certes, les portraits sont dessinés avec
une ressemblance cruelle. Non pas des
caricatures! Mieux, beaucoup mieux!
La caricature fait rire seulement. Les
eaux-fortes d'ici font réfléchir..
Est-ce que vous pM~ WJ
caricaturiste? Fichtre, non! C'est un
peintre synthétique et abstracteur de
quintessence. La synthèse et la quin-
tessence qu'il cherche, par exemple,
c'est celles de vos laideurs. Il vous
montre, avec des mains brutales, votre
forme extérieure, croyez-vous? Point.
Ce qu'il exhibe, c'est le fond même de
votre être.
Et Forain, vous fait-il rire? Moins
encore, peut-être, avec ses raccourcis
d'âmes en une ligne noire et, au-des-
sous, quelque légende au vitriol. Il vous
fait peur, plutôt, ce terrible Forain,
sorte d'Hokonsaï que double un Cham-
fort. - -
Eh bien! les portraits de juifs que
nous fait voir Le Baptême, voilà ce qu!ib
devraient être, du Sem ou du Forain,
si les auteurs du Baptême pratiquaient
l'impartialité dont ils ont l'air de se
targuer. :
Ils se gardent bien d'aller jusque-là.
Et je dis qu'ils s'en gardent; car on sent
qu'ils pourraient le faire, ici et là, s'ils
le voulaient. Mais ils ne le veulent point.
Au fond, dans tous ces juifs qu'ils sem-
blent banderiller de satires, ils retrou-
vent le petit Lucien qu'ils plaignent et
aiment. Et,- si leurs fines et blessantes
banderilles se plantent bien en pleine
peau, jamais ils ne donnent au nœud
vital de la nuque le coup d'estoc qui
tuerait le taureau, et que donnerait avec
une joie féroce l'antisémite.
Il y a tout un répertoire, extrême-
ment copieux, de divertissantes histo-
riettes alsaciennes, où'ser -révèlent -les
coins et les recoins les plus intifftés du
caractère juif. On y trouver ridiculisés.
toos les travers, tous les menus défauts.
tous les vilains. sèntiments et jusqu'aux
vices cachés des juifs de Francfort. les
plus juivement juifs.
Or, les auteurs de ces historiettes ni
vous imaginez pas qu'ils soient quelques
méchants goyins, enragés d'antisenii-
tisme, Les anecdotes sont bien trop ty-
piques, trop prises sur nature, trop in-
génieusement choisies intus et in cule,
pour qu'un goy ait pu les inventer ou
même les observer et les recueillir. Ce
sont des juifs en personne qui les ont
faites, ces historiettes délicieusement iro-
niques, et mordantes, et cruelles aussi
quelquefois. Et ce sont des juifs qui les
disent,' les premiers à s'en amuser, à
rire d'eux-mêmes, à vous en faire rire
aussi.
Cela ne les empêche pas de rester ce
qu'ils sont, une race à part, inassimi-
labié aux autres races, prétendent quel-
ques-uns d'entre nous, et même quel-
ques-uns d'entre eux. Mais, qu'on aime
ou n'aime point cette- race, elle a sa
grandeur, sa puissance, sa poésie ; et
jusqu'aux Tallemant des Réaux qui ont
fabriqué les susdites historiettes blaguant
les juifs, sont des juifs fiers de l'être..
J'ai pensé souvent à ces conteurs alsa-
ciens se moquant de leurs coreligion-
naires, tandis que j'écoutais les, raille-
ries dont les auteurs du Baptême cri-
blent leurs héros.
Et j'ai aussi retrouvé ces blagueurs
abdiquant leur blague et red.evenant or-
gueilleux de leur sang, quand j'ai vu se
baisser le rideau du dernier acte sur
le geste et le mot du pauvre petit L u-
cien, comparant l'extase amoureusement
sensuelle de L'Imitation aux parois
simples de la Bible:
— Tu aimeras l'Eternel. L'Eternel
est un.
Peut-être fne suis-je trompé, alors, et
ai-je été pris par l'ambiance symbolique
dont m'enveloppaient les souvenirs de
l'Œuvre de naguère: mais il m'a semblé
qu'à cette minute suprême s'exprimait
toute l'âme de la pièce, criant son in-
vincible admiration pour la grande race
invaincue et son attachement à ce vieux
sang qui demeure un parmi tous les
mélanges et éternel parmi tous les au*
très sang? de passager :, - ,-
JÈAN RICHEPIN.
Comment ils ont joué
L'interprétation du Bàptême est con-
venable; rien de plus. On ne peut du
reste demander à une exploitation tbéâ"
traie intermittente les mêmes qualités
d'ensemble qu'on peut exiger d'un théâ-
tre régulier.
Il faut cependant tirer hors de pair
M. Henri Beaulieu, qui joue le rôle de
l'évêque; il n'est pas un geste, pas une
intonation qui ne soient du personnage;
il a des inflexions de voix bénisseuses,
des attitudes onctueuses; il est prélat
depuis en haut jusqu'en bas de sa pe-
tite personne. L'empreinte spéciale dont
il a su marquer l'évêque du Baptême
~la si
Jeudi 2S Novembre 1907»
MT*M m * I S M W >' -M v'
^'m S J K m i ■ ■ mS
mÊ 9 S iM E m JMÊ' K 9
W g |S MB .1 H[^B K K g ff l B 9
Étk H K a ^8^ B aj E l ,. B ■
Rédacteur en Chefs G. de PAWLOWSKÎ
îC-;ï & ADMINISTRATION 2
-;¡'e:UJ.rd Poissonnière, PARIS
APHONE : 288-07
graphique : COMŒDlJ\"PARIS
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Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger..,,. 40 » 20 »
Monsieur'*
remarqué que, toujours,
; théâtre vont par séries?
t rs, qui se consultent entre
cider « de la mode qui se
j ver », les auteurs drama-
t se concerter afin de bien
e dramatique qui sera en
: une saison.
■ je nouveau spectacle, les
! remplis de lettres d'écri-
- pour éviter par la suite
s de plagiat — tiennent à
iépôt, la réception ou la
tions d'un drame ou d'une
t le genre ou le sujet rap-
jouée la veille.
ire qu'il y a entre les gens
? courants, des affinités et
r tous la même chose dans
iient.
is ans, il était d'usage que,
e toutes les œuvres repré-
femmes quittassent leurs
! i! l'époque du Bercail, de
"e et de Maman Colibri.
série TÎgy comédies vli ama-
terminaient par un suicide :
ers l'Amour, Bertrade, La
l¡ale, La Plus amoureuse et
daMe Héber.
nt, comme le prétendent
aiistes, le théâtre influe sur
'imaig les femmes n'auront
leurs maris qu'en 1904 et
aura enregistré plus de sui-
rs l'année 1905. Il y aurait
¡que qui pourrait tenter les
Au théâtre, je vous le dis,
;. bons ou mauvais, sont
Au moment où l'on allait
lieur à la Renaissance, on
> bons villageois à la Gaîté,
compare aujourd'hui Son
ichon, on sera surpris des
s et des analogies qui exis-
s deux succès de l'Odéon
aie.
reprise de Monsieur Al-
Tnéâtre-Français, une nou-
;:e se dessine dans le théâtre
n. Ce «.Monsieur» célèbre
te. Tîous avons vu naître,
!J tradition dé ses exploits
■ rnples, Monsiéilt ,Côeinal,
,---on et Monsieur de Cour-
-.;c:rivains sont uniquement
? l'homme qui considère
fonction naturelle de laisser
':: s besoins variés la femme
rné.
nalaisé de démêler les rai-
ont poussés à se consacrer
Lusi parflculier. Sans doute,
■a it pour un brave homme
: latique, bon mari et bon
ant dix heures par jour
3 robes de sa femme et les
de ses enfants, de cam-
mage qui, dès son entrée,
ite aimé des femmes et en-
,.::. C'est, pour le paisible et
rgeois de lettres, une mani-
ndépendance, une tentative
on, presque de révolte.
^n soit, aussitôt après avoir
- sur la scène auguste des
Monsieur Alphonse de Du-
scène moins auguste d'un
ctionnel un autre Monsieur
- ; JBUi réalisa ce double mi-
aerir le Pérou tant par ses
unes fortunes que par sa
rtune, trois auteurs nous
en même temps les types
"s de ce personnage spécial
avec le bourreau et le pré-
archiste, la faveur d'être
sieur, Monsieur en toutes
îc un M majuscule.
pour le critique, un inté-
rochement à établir entre
os que MM. Tristan Ber-
-lermant et Paul Giafferi
rtrés, au Théâtre-Antoine,
- et au Grand-Guignol.
at .et la muflerie épanouie
le cynisme élégant et la
té de Courpière, la supé-
r et la louche amabilité de
cis traits finement et exac-
Uu caractère du Monsieur.
d'une observation rigou-
'ô vérité absolue. Mais, si
une phrase que je bénis
dite, car elle m'épargne la
aire une nouvelle : « Le
reflet jie la vie », les trois
viens de citer renferment
-nt singulièrement mélan-
effet, un peu surprenant
> e voir tant d'hommes de
avec un pareil soin l'état
rsieur, il est plus surpre-
f r le dessiner, le peindre
'!' avec tant d'indulgence,
lie, je dirai presque tant
que nous en avons vu
,jais plusieurs mois que
ÎS plus choqués par au-
ce que leurs actions ces-
ceptionnelles que nous
"êts à les juger sans ri-
notre incurable passion
L ce vieux fonds d'immo-
bile en nous?. Toujours
la représentation, nous
ns plus que le héros de
M. Tristan Bernard exploité-ûflé jeune
femme confiante, que celui de M. Abel
Hermant est un faussaire et un gredin
et que celui de M. Paul Giafferi se cache
pour ne pas troubler le négoce amou-
reux et lucratif de sa compagne, et nous
nous souvenons seulement que le pre-
mier est respecté de ses voisins, que le
second est courageux et que le troi-
sième s'exprime avec une élégance at-
tique.
*
Pour que ces trois comédies de ca-
ractères aient aussi brillamment réussi,
il fallait que les trois caractères fussent
vrais.
Hélas! Cette vérité n'est guère à l'a-
vantage de l'époque dans laquelle nous
vivons. Jadis, on voyait les amants se
ruiner pour leurs maîtresses. Par un re-
tour inattendu des choses d'ici-bas, ce
sont ces maîtresses enrichies qui se rui-
nent aujourd'hui pour leurs amants.
— C'est la justice immanente! répon-
dra à cette pénible constatation le chœur
formé par Monsieur Alphonse, Mon-
sieur Betsy, Monsieur Codomat, Mon-
sieur de Courpière et Monsieur Platon.
Soit! Mais qu'on ose nier désormais
les progrès effrayants du féminisme!
Pierre MORTIER.
Nous publierons demain un article de
GEORGES LECOMTE
L'école de la morale
Il se trouve à Paris beaucoup plus de
personnes qu'on ne le croit pour réclamer
des spectacles véritablement moraux ou hé-
roïques, capables de rehausser un peu les
idées et d'exalter les sentiments de courage
ou de vertu qui sommeillent inutilement
dans notre société moderne.
Les très nombreux lecteurs qui se sont
montrés de mon avis en ce qui concerne la
reprise possible des pièces militaires au
Châtelet, me l'ont suffisamment démontré.
En dehors des pièces purement mi-
litaires, il est d'autres spectacles qui jurent
tentés dans le même but de haute mora-
lité au Théâtre de la Nature, et l'on me les
signale de plusieurs câtés.
Je crois, en effet,' que plusieurs pièces
représentées à Champigny ont eu un effet
salutaire, si j'#n fuge par les rires inextin-
guibles qui soulignaient les passages :oû,
l'auteur s'était rapproché des réalités de Ml
vie cÕuranle. Je Te dis sans la moindre iro-
nie. Je demeure persuadé, en effet, que,
pour qu'un spectacle soit véritablement mo-
ral, il faut qu'il soulève les protestations et
les rires de tout l'auditoire.
Il en va ainsi pour tout ce qui est au-
dessus du commun. On se rappelle la célè-
bre aventure de cette crande dame qui,
étant trop belle, se vit interdire, au Moyen
âge, l'accès de la rue. Sa présence déchaî-
nait de véritables émeutes et on l'eût, tuée
si elle eût persisté à se produire en public.
Il en va de même pour tout acte vertueux.
Il importe de le taire avec beaucoup de dis-
crétion, et trop de franchise, en cette
matière, entraînerait une protestation du
public. Cela, du reste, ne prouve peut-être
pas en faveur de l'opportunité d'un .specta-
cle purement moral que la toule ne pour-
rait guère admettre sans y voir une injure
personnelle
On peut bien, au théâtre, figurer des vi-
ces conventionnels, catalogués, pratiqués
par des personnes qui ne sont point d'ordi-
naire dans la salle, mais on ressent une im-
pression pénible à l'audition de pièces dé-
crivant de petites saletés bourgeoises et très
courantes.
Les spectacles militaires, eux, n'ont point
le même défaut r ils savent, comme toute
œuvre d'art, prendre une voie détournée
pour atteindre le cœur de la foule; ils exal-
tent le courage, la force ou l'audace à l'oc-
casion de jaits, somme toute, cruels, maté-
riels ou grossiers, et ce n'est que par rico-
chet qu'ils entraînent à la vertu pour les
actes de la vie courante. Ce caractère détour-
né est vraiment préférable en macère théd-
trale, et c'est folie, je crois, que de vouloir
heurter de front la Bête Populaire.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au Théâ-
tre Antoine, première représentation de
Le Fanion, pièce en, un acte, de M. Paul
Ginisty.
Lc.s critiques, soiristes et courriéristes,
seroiU reçus au contrôle sur présentation de
leur carte. -
N
otre confrère Le Matin aurait-il réflé-
chi aux inconvénients des comptes
rendus rapides ?
Après avoir publié une critique sur Le
Lac des Aulnes, écrite à l'issue de la « gé-
nérale », il paraît ne plus vouloir continuer.
C'est en vain que nous avons recherché,
hier matin, l'opinion de M. Guy Launay sur
Le Baptême, de M. Nozière, qui fut répété
généralement avant-hier soir.
P.-S. — Il n'est pas inutile de rapporter
un bruit public d'après lequel M. Guy Lau-
nay serait proche parent de M. Nozière.
A
rtistes et gens de loi. -
Comœdia a oarlé. en son femns. du
procès intenté au doyen de la Comédie-
Française par un facteur de pianos qui lui
réclamait une somme de 112 francs.
Nous extrayons, pour nos lecteurs, quel-
ques-uns des « considérants » inclus dans
le jugement rendu par M. Bailly, juge de
paix du 5 arrondissement, concernant la
fin de non-recevoir opposée par l'illustre tra-
gédien :
Attendu que Pareille fin de non-recevoir
formulée par l'homme éminemment honorable,
loyal, délicat, généreux et désintéressé qu'est le
célèbre firtiste [MQtyt6t*Suïly, «fpsraît
fondée, conforme à la réalité des faits, aux
règles de la stricte justice et de l'équité.
Attendu qu'il n'est pas plausible d'admettre,
eu égard à son caractère, à sa situation de for-
tune, à l'importance du dépôt qu'il possédait au
Crédit Lyonnais, qu'il aurait voulu laisser un ar-
riéré de 112 francs, sollicitant sans raison un
crédit ridicule dont il n'avait nullement be-
soin (!)
Suivent les moyens de droit, et M. Bailly
ajoute :
Mounet-Sully ayant fourni les explications
les plus rationnelles, empreintes de la plus
éclatante sincérité et de nature à déterminer la
conviction du tribunal en sa faveur, la preuve
par les livres de commerce n'est pas admise et
la maison X. est déboutée et condamnée aux
dépens.
Qui donc oserait prétendre désormais que
nos artistes n'ont pas toutes les sympathies
des_gens de loi et, d'ailleurs, comme on dit
au Palais, c'est justice.
s
ait-on que « le directeur » dé:, nos deux
principaux music-halls et d'un imoortant
concert est actuellement un homme de loi,
un syndic, M. * Reynaud.
Il a été nommé là par le Tribunal de
commerce et, depuis le commencement de
la saison théâtrale, il engage, il monte des
pièces, commande décors et costumes. par
l'intermédiaire de deux directeurs connus,
.qu'il a mis a son lieu et place, car M. Rey-
jiaud n'est pas très expert en exploitation
théâtrale. N'empêche que c'est lui le maître,
le seul maître.
Cette situation bizarre va prendre fin. Le
2 décembre viendra, devant le Tribunal, le
différend qui divise vendeurs et acheteur,
prétendent les uns; vendeurs et locataire,
prétendent les autres. C'est, d'ailleurs, les
mots « louer » ou « acheter » qui sont les
causes du différend. La solution du conflit
est proche. Sous quelques jours, nous sau-
rons qui a raison.
D
ans un grand établissement de Paris,
où le corps de ballet tient une large
place du spectacle, les danseuses, après la
répétition, remontent dans leurs loges en
traduisant leur satisfaction du travail fini
par des cris et chants divers. -
Le régisseur se précipite vers les exubé-
rantes:
— Eh bien, Mesdames, quand allez-vous
finir de « gueuler » comme ça?
- Dites donc, réplique l'une d'elles, si
l'un de nous a une gueule, c'est bien vous!
Le régisseur, soudain, plein d'aménité:
— Mademoiselle, je vous demande mille
fois pardon. A votre égard, je me suis en
effet mal exprimé.
-. A Monnô hëure iFattèg on
•à-qui ^rotis parlezl.r. -
—.C'est.srrai! aôhèvs.le.fégetiêitf! C'est1
beugler que j'ai voulu dire!
Fureur de l'une et rire des autres!
0
n dit — mais que ne dit-on pas? —
que, sous deux jours, il se passerait
aes choses presque incroyables dans un
théâtre où les belles-lettres — et les lon-
gues lettres —.sont fort en honneur.
Et l'homme mystérieux et de grand talent
qui nous fit cette demi-confidence s'éloi-
gna en souriant, suivi de son hérisson
jaune, sans vouloir à aucun prix compléter
son information.
Et ce jour-là, nous ne l'eûmes pas plus
avant.
u
ne émeute.
Descendant d'une luxueuse et
bruyante automobile, M. de Max entre hier
à l'Odéon. Des passants le reconnaissent et
le dévisagent avec curiosité. Il passe, indif-
férent au murmure d'étonnement élevé sur
ses pas, comme disait à peu près et mieux
le poète.
Il ne se doute pas cependant qu'il est la
cause - la cause indirecte — d'une petite
émeute. Son chauffeur, en tournant, a failli
écraser deux personnes. Un rassemblement
s'est aussitôt formé, des agents sont inter-
venus et le ton des réponses du chauffeur
ne les ayant pas satisfaits, ils l'ont tout sim-
plement conduit au poste.
Quand M. de Max sortira tout à l'heure,
fil ne retrouvera plus sa voiture!..,
A
TL -
propos d'un rôle.
On répète Madame Sans-Gêne au
x neatre Kéjane. Mlle Suzanne Avril, on s en
souvient, créa la pièce célèbre de MM. Vic-
torien Sardou et Emile Moreau. Pension-
naire de Mme Réjane, elle espérait donc re-
prendre son rôle. Mais M. Victorien Sardou
a changé d'avis et à Mlle Avril il préfère
aujourd'hui Mlle Ventura. En bonne ca-
marade, cette dernière n'ose pas accepter et
ce petit incident, qui finira d'ailleurs par
s'arranger, a jeté le trouble dans le théâtre
de la rue Blanche. Il y a le parti des
« avrileurs » et celui des « venturistes ».
Heureusement, Mme Réjane et M. Sar-
dou sont au-dessus de ces petits événe-
ments. Ils sourient, attendent, laissent faire
— et travaillent.
— Tiens, vous allez au théâtre, chère
madame?
— Comment le savez-vous?
— D'après votre chapeau.
Fliegende Blaetter.
M
- - ,
ise en scène.
Tout le monde sait avec quel soin
Antoine règle les moindres détails de mise
en scène. Quelques-uns ss soot plu jA tW$r,
d'exagération cette minutie. lisant tort. Je
n'en veux pour preuve que le petit fait sui-
vant:
Il n'y a pas très longtemps, on donnait,
dans un grand music-hall, une merveilleuse
pantomime Louis XV réglée par un délicat
écrivain. Pendant une scène, la favorite du
roi reçoit un pli qu'elle ouvre, naturelle-
ment.
Mais le pli, au lieu d'être simplement ca-
cheté, était naïvement dans une enveloppe,
devançant l'intention de celle-ci de pas mal
d'années, puisque son apparition en Angle-
terre remonte à cent ans à peine et qu'elle
n'eut son droit de cité en France que long-
temps après.
(Photo Henri Manuel).'
M. MURATÔRE
Un rde nos meilleurs ténors, qui se souvient
d'avoir eu un prix de tragédie. <
N
e vendez pas vos bijoux, perles et pier-
res fines, ainsi que vos reconnaissan-
ces de bijoux, sans les montrer au Comptoir
International, 44, Chaussée-d'Antin, qui
paie très cher. Téléphone: 269-67.
NOUVELLE A LA MAIN ,
O
n cause, à Montmartre, de la vogue
,,. lonetemos.'? les
stances d'un - regretté compositeur.
— On peut dire, dit quelqu'un, que tout
te. monde connaissait ces six couplets.
— C'étaient, répond un autre, « les six
stances publiques ».
Le Masque de Verrez
Les Primes
de Comœdia
COMŒDIA A PENSÉ QUE LE PLAISIR DE
SES NOUVEAUX ABONNÉS POURRAIT ÊTRE
DOUBLÉ S'ILS RECEVAIENT, EN
S'ABONNANT, UNE MERVEIL-
LEUSE PRIME D'UNE VA-
LEUR MARCHANDE DE
TRENTE FRANCS.
On se souvient sans doute que voici
quelques jours, nous avons tenu à acquit-
ter envers nos abonnés de la première heu-
re une véritable - dette de reconnaissance
en leur offrant une prime que tous ont vi-
vement appréciée. *
Aujourd'hui, nous pouvons annoncer
qu'à partir du 1er décembre 1907, nous of-
frirons, à titre gratuit, à tous nos nouveaux
abonnés d'un an, un , ,
Superbe coffret "<
en laque du Japon, contenant les spéciali-
tés BEAUTEVIVA, du maître parfumeur
ED. PINAUD -
: 18, place Vendôme, Paris,
si réputées pour les soins des ongles et la
beauté des mains. -
Ce coffret, en laque du Japon, et fer-
mant à clef, est composé:
D'un polissoir deux faces « Beauteviva », dont
le modèle breveté est la propriété exclusive de
la parfumerie Pinaud; -
D'une boîte de poudre « Beautevi^ va » dont
une application, même rapide, sur les ongles
leur donne, à l'aide du polissoir, un brillant in-
comparable;
D'un flacon d'Eau « Beauteviva » dont l'appli-
cation régulière a pour but.de blanchir l'extré-
mité des ongles ;
D'un flacon de Roseine « Beauteviva » ac-
compagné d'un petit pinceau, pour donner aux
ongles une teinte plus rosée que celle obtenue
par l'emploi exclusif de la pâte; >
D'une boîte de « Roseclat » qui est le sum-
mum du genre. Cet article, à lui seul, réunit
les qualités de tous les autres produits de cette
série, et lorsque nos élégantes sont pressées
par le temps, une simple application de cette
excellente préparation suffit pour donner à leurs
ongles un éclat sans rival.
Le Lait « Beauteviva » est un composé spé-
cial d'emploi inoffensif qui donne à la peau
une blancheur immaculée.
Pinaud a voulu encore gâter davantage nos
charmantes lectrices et a joint un petit échan-
tillon de ses dernières créations pour le mou-
choir, , l'exquise « Brise Embaumée Violette »,
la" délicieuse « Corrida », dont le succès prodi-
gieux fait le tour du monde, et enfin un bi-
jou de petite boîte en satin contenant l'odorante
et suave cc Poudre Corrida ».
Le nom universellement connu de Ed.
Pii.aud n'est-il pas, au surplus, un excel-
lent testimomal de la valeur de notre
prime.
N'oubliez donc pas, chers lecteurs, qu'à
partir du 1er décembre 1907, nos nouveaux
abonnés pourront, en s'inscrivant pour un
an. emporter avec eux ou recevoir à domi-
cile contre 0 85 centimes, représentant les
frais d'envoi, v
LE COFFRET ED. PINAUD
jpp~~M..
',' THÉÂTRE DE L'ŒUVRE
CSalle "Fémlna")
LE BAPTÊME
Pièce en trois actes de - - -
-,-, MM. Alfred Savoir .: ,' - .-
F d N .,
"-- ,-, — et Fernand Nozière
Les lecteurs de Comœdia ayant tout
particulièrement, et par essence, l'amour
du théâtre chevillé au corps,' je n'ai pas
trop honte à venir encore aujourd'hui
les entretenir d'une pièce qu'ils connais-
sent depuis hier. Pareille chose se re-
nouvellera souvent, désormais, et sera
fort peu agréable pour eux et pour moi,
dans certains cas, quand il me faudra
leur servir ou froid ou réchauffé un plat
qui aura été mal cuit la veille. Ce n'est
pas le cas cette fois, par bonheur; car
Le Baptême vaut qu'on en reparle après
en avoir déjà parlé.
La principale et grosse critique que
l'on peut et doit faire, tout d'abord, à
cette pièce, consiste même en ceci,
qu'elle soulève une question à propos
de laquelle tout a été dit et redit, et sera
encore dit et redit, sans autre résultat
que de le dire et redire toujours inuti-
lement..
Y a-t-il antipathie absolue et irréduc-
tible, impossibilité totale d'assimilation
et de fusion entre les races sémites et
les autres races? Tel est le problème
soulevé par Le Baptême, soulevé une
fois de plus, et une fois de plus montré
comme insoluble.
On voit donc qu'il n'y a rien d'anor-
mal à reparler, de cette pièce. Hélas!
depuis tantôt trente ans, on ne parle que
d'elle, chaque jour, puisque ce qui en
fait le sujet est devenu le fond même de
notre vie.
Et, si je me permets de pousser cet
hélas! c'est que, pour ma part, je
l'avoue, j'aimerais bien parler enfin
d'autres choses.
Mais, Je devoir Avant tout, n'est-ce
pas? El "- |^uvre--»-CQavié la
critique au ui J)J.liSAA81e jour-,
nalisme modern-style nous oblige à deux
articles dorénavant sur chaque pièce, et
puisque cette pièce du Baptême nous
refourre dans la question juive jusqu'aux
oreilles, reparlons de la question juive,
bien que nos pauvres oreilles en soient
tant rebattues! ",' ,'-
Au moins est-il juste de constater,
avant tout, qu'ici la fameuse question
est présentée d'une façon amusante,
avec tact, sans partialité en apparence,
et souvent avec une émotion qui vous
va au fond du cœur.
Sans partialité, ai-je dit, en apparence.
En réalité, on sent fort bien que les
sympathies des auteurs sont acquises à
la vieille race si longtemps opprimée,
si longtemps le rebut de l'humanité en-
tière. De là, précisément, vient l'émo-
tion spéciale à cette pièce. Quand le
vieux Bloch console son fils Lucien,
mal venu, laid, et le câline, et essaie de
le persuader en le trouvant beau, et Je
trouve beau, en effet, et quand le pau-
vre enfant souffre de sentir en lui toutes
les tares de sa race, et se révolte là-
contre avec douleur, et constate l'irré-
médiable de sa condition maudite, on
ne peut s"empêcher de compatir à cette
peine, d'être touché par cette paternité
tendre et d'être pitoyable à tout ce qu'a
enduré l'antique et lamentable et pa-
tiente et forte et superbe race.
Mais cette pitié si légitime qu'on a
pour les juifs parias de jadis, pour ces
victimes, dont le petit Lucien est le der-
nier rejeton et le triste avatar, est-ce le
sentiment unique et dominant qu'on peut
avoir aujourd'hui pour le juif moderne,
notre égal légalement et, en réalité, notre
supérieur par toutes ses qualités si par-
ticulières et si adéquates au monde in-
dustriel, commercial, capitaliste et finan-
cier que nous sommes? Je ne le pense
pas, en toute sincérité.
Et voilà pourquoi la soi-disant impar-
tialité des auteurs du Baptême me sem-
ble apparente seulement.
Qu'ils aient tenu à la pratiquer et à
en faire montre, je le vois bien ; mais
je ne puis leur en savoir gré, puisqu'ils
me mettent dedans de la sorte, en es-
sayant de me faire croire que tous les
hommes de la race jadis maudite sont
encore des maudits comme Lucien.
L'émotion qu'on me donne avec lui, on
l'exploite pour m'obliger à plaindrë tous
les autres. Je regimbe. Je ne marche
plus. Et je crie, fâché :
- Non, Le Baptême n'est pas im-
partial! , -
Oh! je sais, il y a aussi les innom-
brables traits dont la pièce fourmille,
à rencontre des juifs, traits si vifs, si
piquants, si barbelés parfois, si nette-
ment épigrammatiques et rosses, si bien
plantés en pleine peau, si profondément
à l'occasion, que la pièce en prend, par
moments, figure de pièce antisémite.
Certes, les portraits sont dessinés avec
une ressemblance cruelle. Non pas des
caricatures! Mieux, beaucoup mieux!
La caricature fait rire seulement. Les
eaux-fortes d'ici font réfléchir..
Est-ce que vous pM~ WJ
caricaturiste? Fichtre, non! C'est un
peintre synthétique et abstracteur de
quintessence. La synthèse et la quin-
tessence qu'il cherche, par exemple,
c'est celles de vos laideurs. Il vous
montre, avec des mains brutales, votre
forme extérieure, croyez-vous? Point.
Ce qu'il exhibe, c'est le fond même de
votre être.
Et Forain, vous fait-il rire? Moins
encore, peut-être, avec ses raccourcis
d'âmes en une ligne noire et, au-des-
sous, quelque légende au vitriol. Il vous
fait peur, plutôt, ce terrible Forain,
sorte d'Hokonsaï que double un Cham-
fort. - -
Eh bien! les portraits de juifs que
nous fait voir Le Baptême, voilà ce qu!ib
devraient être, du Sem ou du Forain,
si les auteurs du Baptême pratiquaient
l'impartialité dont ils ont l'air de se
targuer. :
Ils se gardent bien d'aller jusque-là.
Et je dis qu'ils s'en gardent; car on sent
qu'ils pourraient le faire, ici et là, s'ils
le voulaient. Mais ils ne le veulent point.
Au fond, dans tous ces juifs qu'ils sem-
blent banderiller de satires, ils retrou-
vent le petit Lucien qu'ils plaignent et
aiment. Et,- si leurs fines et blessantes
banderilles se plantent bien en pleine
peau, jamais ils ne donnent au nœud
vital de la nuque le coup d'estoc qui
tuerait le taureau, et que donnerait avec
une joie féroce l'antisémite.
Il y a tout un répertoire, extrême-
ment copieux, de divertissantes histo-
riettes alsaciennes, où'ser -révèlent -les
coins et les recoins les plus intifftés du
caractère juif. On y trouver ridiculisés.
toos les travers, tous les menus défauts.
tous les vilains. sèntiments et jusqu'aux
vices cachés des juifs de Francfort. les
plus juivement juifs.
Or, les auteurs de ces historiettes ni
vous imaginez pas qu'ils soient quelques
méchants goyins, enragés d'antisenii-
tisme, Les anecdotes sont bien trop ty-
piques, trop prises sur nature, trop in-
génieusement choisies intus et in cule,
pour qu'un goy ait pu les inventer ou
même les observer et les recueillir. Ce
sont des juifs en personne qui les ont
faites, ces historiettes délicieusement iro-
niques, et mordantes, et cruelles aussi
quelquefois. Et ce sont des juifs qui les
disent,' les premiers à s'en amuser, à
rire d'eux-mêmes, à vous en faire rire
aussi.
Cela ne les empêche pas de rester ce
qu'ils sont, une race à part, inassimi-
labié aux autres races, prétendent quel-
ques-uns d'entre nous, et même quel-
ques-uns d'entre eux. Mais, qu'on aime
ou n'aime point cette- race, elle a sa
grandeur, sa puissance, sa poésie ; et
jusqu'aux Tallemant des Réaux qui ont
fabriqué les susdites historiettes blaguant
les juifs, sont des juifs fiers de l'être..
J'ai pensé souvent à ces conteurs alsa-
ciens se moquant de leurs coreligion-
naires, tandis que j'écoutais les, raille-
ries dont les auteurs du Baptême cri-
blent leurs héros.
Et j'ai aussi retrouvé ces blagueurs
abdiquant leur blague et red.evenant or-
gueilleux de leur sang, quand j'ai vu se
baisser le rideau du dernier acte sur
le geste et le mot du pauvre petit L u-
cien, comparant l'extase amoureusement
sensuelle de L'Imitation aux parois
simples de la Bible:
— Tu aimeras l'Eternel. L'Eternel
est un.
Peut-être fne suis-je trompé, alors, et
ai-je été pris par l'ambiance symbolique
dont m'enveloppaient les souvenirs de
l'Œuvre de naguère: mais il m'a semblé
qu'à cette minute suprême s'exprimait
toute l'âme de la pièce, criant son in-
vincible admiration pour la grande race
invaincue et son attachement à ce vieux
sang qui demeure un parmi tous les
mélanges et éternel parmi tous les au*
très sang? de passager :, - ,-
JÈAN RICHEPIN.
Comment ils ont joué
L'interprétation du Bàptême est con-
venable; rien de plus. On ne peut du
reste demander à une exploitation tbéâ"
traie intermittente les mêmes qualités
d'ensemble qu'on peut exiger d'un théâ-
tre régulier.
Il faut cependant tirer hors de pair
M. Henri Beaulieu, qui joue le rôle de
l'évêque; il n'est pas un geste, pas une
intonation qui ne soient du personnage;
il a des inflexions de voix bénisseuses,
des attitudes onctueuses; il est prélat
depuis en haut jusqu'en bas de sa pe-
tite personne. L'empreinte spéciale dont
il a su marquer l'évêque du Baptême
~la si
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