Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-11-29
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 novembre 1907 29 novembre 1907
Description : 1907/11/29 (A1,N60). 1907/11/29 (A1,N60).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645357b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
P Année No 60 (Quotidien)
Le Numéro : 5 centimes
Vendredi 29 Novembre 1907..
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
INACTION & ADMINISTRATION :
l' Bouleuard Poissonnière, PARIS
I TÉLÉPHONE : 288-07
esse Graphique: COMŒDlA=PARIS
: ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
S --
L s et départements 24 fr. 12 fr.
anger. 40 » 20 »
- RÉDACTION & ADMINISTRATION J
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
, TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA..PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. * 12 fr.
Étranger , 40 » 20 »
Atnour
et les Lauriers
~Au sortir de la compagnie d'assu-
ces où, tout le jour, il calligraphiait
polices pour conquérir son pain
otidien, le jeune Marius Trogne, am-
~eux d' une brillante carrière théâtrale,
hâtait de regagner sa chambrette sous
toits P r y rugir ou y soupirer les
s célèbres tirades du répertoire. Tu-
~litueux exercices qui, prolongés un
J tard lUI valaient, à travers les cloi-
~s, maintes injures de la part des do-
~stiques harassés ou lascifs qui pré-
aient Selon leur fantaisie, dormir
laire p amour en paix.
Malgré son mépris pour ce public in-
sible dl art, M. Marius Trogne, mal
'aise devant les remontrances har-
euses de son concierge, crut sage de
ttre à Profit les radieux matins du
ntemps POur donner de la voix sous
tt~ du Luxembourg, tout proche
pres que désert encore à de telles
Choisissant les recoins les plus retirés
Q Us touffus, il n'était guère dé-
ichesns ses exercices que par des
aches en route vers leur lycée, par
lques trottins et leurs amoureux se
nant l a becquée de croissants et de
esses, Ou encore par quelques-uns de
promeneurs qui aiment les grâces de
nature aux heures où les corolles
~ivrent, merveilleusement fraîches,
les J. ardins tranquilles et où les
~aux piètent avec allégresse dans la
~e.
arrivait bien parfois que les écoliers
~cent a njque à M. Trogne, mais les
~ureux étaient bien trop soucieux de
t Pour ne pas respecter la sienne.
nt aux autres promeneurs, un peu
~ets de ses vociférations, de ses atti-
s passionnées et de son visage gri-
ant tour à tour la joie et la douleur,
prudence ils s'écartaient de lui
~ne dun fou.
ta *M. Marius Trogne découvrit,
aVec surprise, puis très vite avec
sympathique admiration, que, au
du ^-Luxembourg, n'était pas
de son espèce. Un beau jour, vers
~mêmes heures matinales, une jeune
~se silhouetta parmi les boulingrins
l Hjg ^sifs, fit aux troncs d'arbre des
J* amour, de désespoir, de ré-
et mêla aux pépiements de moi-
s es modulations d'ingénue. Car
t aussi une aspirante comédienne
Mlle désirée Giblotte. Et c'est éga-
nt pour fuir la hargne des voisins
e venait ainsi, sous les feuillages
~ssants, se mettre dans la bouche
~hrases du répertoire.
~s d eux jeunes gens n'eurent pas de
e à comprendre qu'ils avaient le
~e feu sacré et le même idéal. Tout
~respectant leur pantomime respective
~e libre Jeu de leurs intonations, ils
~rirent de loin, puis, peu à peu, se
~ochèrent.
Vous préparez le Conservatoire?.
~Aussi. Votre nom?
Armand de Grandval, dit avec
M. Trogne.
Et mOi, répliqua Mlle Giblotte,
ne p as être en reste de particule,
La Trimouille.
Bonne chance! Puissions-nous en-
~ensemble à la Comédie-Française!
~matin, ils eurent la joie de dé-
~rir, en s'écoutant déclamer l'un
~e, qu'ils étudiaient la même scène.
~comment faire pour ne pas se donner
~éplique ? Tout naturellement, ils
~ent leurs tirades, et bientôt, dans
~re de l'étude, ils furent entraînés
à joindre aussi leur pantomime so-
A rmand de Grandval franchit
p r'' le' massif de bégonias qui
parait d'Isabelle, s'empara de ses
, s'agenouilla, éperdu, devant elle,
la m Inute indiquée par la mise en
, lui plaqua sur la bouche un baiser
~ue fut point un simulacre. Aussi,
~quoi étaient-ils si jeunes? Pourquoi
elle les lèvres si frémissantes?
ce frais décor de nature où l'arôme
leurs et la chanson des oiseaux con-
~aient délicieusement l'amour, la ré-
j.41 illterrompit pour un colloque
~tendre où tous deux jouèrent leur
à merveille.
~ref, ils devinrent amants, se juré-
selon l'usage, l'éternelle union à
~vers toutes les péripéties de leur car-
comm Une qu'ils prépareraient bras
bras dessous, avec la même pas-
~oyeuse de leur art. Beaux projets
~nts qui réjouirent leur juvénile
~en lllénage
début, tout se réalisa suivant leur
e. Ensemble, ils furent reçus au Con-
~toire, Où leur ardente tendresse
valut parmi leurs camarades un joli
~tige d'amoureux fidèles.. On les
~un peu en les jalousant. De si
e heure, une telje ,c,ha,îne ! disait-on.
l,àtn e., ils Paraissaient ravis de
porter, on les. laissa tranquillement
* dan s cette apothéose sentimen-
vers l' avenir et vers t'éternité.
Faudra v°ir ! grasseyait un comi-
ricaneur, dont- le scepticisme fan-
~onnait sans cesse.
~ment, en fin d'année, les con-
du Conservatoire. Ce jour-là en-
am°ureux, qui tous deux
avaient la même convoitise du laurier,
se donnèrent la réplique. Ils espéraient
être unis dans la récompense comme ils
l'avaient été dans le travail.
Gracieux rêve que le jury saccagea!
Isabelle, délicieuse ingénue, fut fêtée
d'un premier prix. Tout au contraire,
jeune premier balourd et prétentieux,
'Armand égaya le .public au lieu de
l'émouvoir. Les huées qui l'accueillirent
diminuèrent singulièrement la joie que,
à tout autre moment, le succès de son
amie lui aurait value. C'est avec un peu
d'amertume et d'humiliation qu'il mêla
ses compliments à ceux dont se délec-
tait la belle victorieuse. Sous le rictus
de bonheur dont il arrivait à crisper
lugubrement son pâle visage, s'abri-
taient la honte, le désespoir et même un
peu d'envie. Malgré lui, la rivalité pro-
fessionnelle l'emportait sur ses senti-
ments d'amoureux!
— Qu'as-tu donc? lui murmura Isa-
belle, s'apercevant soudain de cette tris-
tesse, dont, en l'ardeur de sa propre
joie, elle oubliait la cause si légitime.
— Rien! Je suis très heureux! grinça
M. Trogne, en creusant davantage les
rides de son douloureux sourire.
— Ah! c'est vrai, mon pauvre vieux!
s'écria l'étourdie dans un élan d'affec-
tion où se mêlait un peu de pitié.
Tout en lui disant ces paroles de ré-
confort, elle eut le pressentiment d'une
brusque déchirure dans leur bonheur,
de l'irrémédiable désaccord entre son
avenir de joyeux succès et le calvaire
probable de son compagnon. Quelle
ombre dans sa vie que l'amertume de
ce vaincu, destiné à d'autres défaites!
L'engagement de Mlle Isabelle La Tri-
mouille à la Comédie-Française, le jour
même où M. Trogne débutait au théâtre
des Gobelins, acheva de l'ulcérer.
Il y eut bientôt des silences, des frois-
sements, des larmes dans le ménage,
jusqu'alors si joliment uni, qui ne tarda
guère à se disloquer.
— Qu'est-ce que je vous disais? gras-
seya le queue-rouge sardonique, qui
avait sans doute des raisons person-
nelles de railler ces départs éperdus des
jeunes gens vers l'éternelle ivresse, dé-
parts si souvent suivis, après maintes
rafales, d'un sage et passionné débar-
quement, pour le bonheur.
Sur les planches, la vedette passe
avant l'amour! ah! ah!
Georges LECOMTE.
Nous publierons demain un article de
FÉLIX GALIPAUX
Liberté- Egalité. Fraternité
'Rien n'est plus curieux,. ni du reste plus
humain, que le mépris que témoignent tous
les administrateurs de théâtre pour les spec-
tateurs des petites places.
C'est ainsi que l'on nous cite, entre
autres, un théâtre où l'on ne saurait ac-
cepter de locations par téléphone pour les
places d'un prix intérieur à un certain chif-
tre. La confiance ne commence qu'à une
dizaine de francs environ; au-dessous, le
candidat ne peut être qu'un fumiste ou un
escroc, et l'on attend de le voir venir lui-
même pour lui accorder à regret la place
qu'il demande.
Il serait logique de penser, au contraire,
qu'aux places chères se rencontrent d'in-
nombrables désœuvrés qui retiennent des
places par téléphone sans trop y penser et
qui peuvent facilement les oublier dans le
reste de la journée.
L'homme de tortune modeste, au con-
traire, qui retient une petite place, y pense
sans aucun doute depuis huit jours. Il ac-
complit cet acte comme s'il s'agissait pour
lui d'une déclaration à faire à la gendar-
merie ou d'un visa à donner pour un livret
militaire.
Mais il y a trop longtemps que. la situation
privilégiée des escrocs de haut vol a été
signalée par tous nos fomans-feuilletons,
pour que je m'y, appesantisse davantage.
Ce qui me parait plus étrange, c'est que
ce mépris s'étende aux théâtres subven-
tionnés, qui, étant donnés les principes du
suffrage universel, doivent être ouverts éga-
lement aux modestes et ~aux' riches.
Lorsqu'il est question de musées natio-
naux, où la moindre- imprudence peut en-
traîner un désastre/on 's'empresse d'ouvrir
les salles à tous les - chemineaux, et on les
convie à se venir chauffer les pieds aux
bouches de chaleur sons .le. nez-même de
La Joconde.
Lorsqu'il s',agit de théâtre, c esf-a-dfre de
cette exposition permanente de nos œuvres
nationales parlées, il n'en va pas ainsi, ct
il ne suffit même pas de payer pour être
admis aimablement. Il faut ■ encore payer
beaucoup..
Ai-fe besoin d'insister une fois encore sur
le spectacle touchant que présente un petit
Employé économisant sou .par sou pendant
des semaines de quoi aller .voir Athalie?
Il v a là matière à .faire, pleurer tous les
auditeurs d'un discours .de .distribution de
prix. Nos administrateurs..devraient s'en
montrer quelque, peu >émus, et admettre tout
au moins le principe.de la. location aux pe-
tites places comme aux grandes.
G. DE PAWLOWSKlT
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, a VEl-
dorado; première. représentation de: Y a des
Fez!. revue en deux actes et huit tableaux,
de MM. Fabrice Lémon et Georges Arnould.
A
la représentation du Théâtre-Français,
avant-hleir soir,, un spectateur en habit,
quarante ans environ; crâne dénudé, assis
jàûx f atttenilî * de yft&triitt balcon/s©: nfit su-
bitement à applaudir à tout rompre. Ses
voisins le prièrent de modérer son enthou-
siasme. -
L'individu se leva alors et lança d'une
voix forte, en promenant un œil terrible sur
la salle:
— Je vous (vous sentez le mot?).
Les gardes, qui vraiment « se mêlaient
de ce qui ne les regardaient », enlevèrent
le perturbateur.
M. Egartheler, le sympathique commis-
saire de police de la rue des Bons-Enfants,
le fit fouiller.
Si on ne découvrit sur lui aucune pièce
d'identité, on trouva dans sa poche le ma-
nuscrit d'un drame en vers.
L'auteur est à l'infirmerie spéciale du
Dépôt, et son œuvre sous scellés.
L'homme au crâne dénudé refuse de dire
son nom. Le saura-t-on jamais?
A
propos de l'anniversaire de sa mort,
qui échut avant-hier, disons que ce
n'est pas de sitôt qu'on aura répété tous les
mots d'Alexandre Dumas, dont il semble
que l'esprit ait été inépuisable.
En voici un, peu connu, à joindre à
tant d'autres:
Un intime ami de l'auteur de Francillon,
Mirault, lui parlait, un jour, de la possibi-
lité d'une reprise de La Dame aux Camé-
lias, à la Comédie-Française, en lui disant
la curiosité que le public aurait de voir le
rôle de Marguerite Gautier interprété par
Bartet.
— Sans doute, répliqua-t-il en riant, par-
bleu! c'est une curiosité que j'aurais aussi,
tout comme les autres. Mais songez donc,
mon cher ami, la Comédie-Française, c'est
une maison de retraite, et ma fille est en-
core bien jeune pour y entrer.
Quoi qu'il fût l'ami du « patron », vous
voyez qu'Alexandre Dumas ne se mépre-
nait pas sur les idées de celui-ci.
Q
n sait qu'à l'Opéra, pour la représen-
tation à bénéfice du 17 décembre, on
doit donner Carmen. Plusieurs artistes —
et non des moindres — veulent personnifier
l'héroïne de Bizet: MIles Hatto et Mérentié
se disputent le rôle. Toutes deux ont, nous
ne l'ignorons pas, de réelles qualités. Nous
enregistrerons pieusement le nom de celle
qui aura fait preuve de plus de talent. di-
plomatique.
E
ntre tant de Qjj.es d'automobiles
qui se disputent, par lèiir perfec-
tion, les faveurs des fervents, ! une d elle
s'impose, sans conteste, au premier rang :
c'est la marque Bayard-A. Clénlent, dont
les voitures souples, rapides, régulières et
silencieuses, apparaissent comme l'idéal de
l'art. industriel. Ainsi s'explique-t-on l'em-
pressement du public à admirer les mo-
dèles exposés au Salon et, d'une façon
permanente, 10, place de la Madeleine.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète touiours como-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-,
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
p
aris n'est pas à court d'événements
mondains et, pourtant, il apprend avec
plaisir tous ceux qui flattent son goût d'élé-
gance raffinée, son sentiment du beau, du
bon, du' délicat. On conçoit donc qu'il ait
apprécié à sa valeur l'annonce de la réou-
verture du restaurant Lapré. Dans l'élégant
établissement de la rue Drouot, à deux pas
des - boulevards, on trouve un menu exquis,
un confort absolu, un service impeccable,
une bonne compagnie, une gaieté sympa-
thique. Qu'on se le dise!
JS~
- NOUVELLE A LA MAIN
Deux acteurs conversent devant un
bock.
- Moi, dit l'un, quand je joue un rôle,
je me mets entièrement dans la peau de
mon personnage. Dès que j'entre en scène,
le public disparaît.
Alors, l'autre, pas rosse:
- Comme je comprends ça!
Le Masque de Verre#
Les Primes
de Comœdia
COMŒDIA A PENSÉ QUE LE PLAISIR DE
SES NOUVEAUX ABONNÉS POURRAIT ÊTRE
DOUBLÉ S'ILS RECEVAIENT, EN
S'ABONNANT, UNE MERVEIL-
LEUSE PRIME D'UNE VA-
LEUR MARCHANDE DE
TRENTE FRANCS.
On se souvient sans doute que voici
quelques jours, nous avons tenu à acquit-
ter envers nos abonnés de la première heu-
re une véritable dette de reconnaissance
en leur offrant une prime que tous ont vi-
vement appréciée.
Aujourd'hui, nous pouvons annoncer
qu'à partir du 1er décembre 1907, nous of-
frirons, à titre gratuit, à tous nos nouveaux
abonnés d'un an, un
Superbe coffret
en laque du Japon, contenant les spéciali-
tés BEAUTEVIVA, du maître parfumeur
ED. PINAUD
18, place Vendôme, Paris,
si réputées pour les soins des ongles et la
beauté des mains.
Ce coffret, en laque du Japon, et fer-
mant à clef, est composé:
D'un polissoir deux faces « Beauteviva », dont
le modèle breveté est la propriété exclusive de
la parfumerie Pinaud;
D'une boîte de poudre « Beauteviva » dont
une application, même rapide, sur les ongles
leur donne, à l'aide du polissoir, un brillant in-
comparable ;
D'un flacon d'Eau « Beauteviva » dont l'appli-
cation régulière 'a pour but de blanchir l'extré-
mité des ongles; ,'
D'un flacon de Roseine « Re.fiutevivâ » ac-
compagné d'tm petit pinceau, pour donner aax
ongles une teinte plus rosée que celle obtenue
par remploi exclusif de la pâte ;
D'une boîte de « Roseclat » qui est le sum-
mum du genre. Cet article, à lui seul, réunit
les qualités de tous les autres produits de cette
série, et lorsque nos élégantes sont pressées
par le temps, une simple application de cette
excellente préparation suffit pour donner à leurs
ongles un éclat sans rival.
Le Lait « Beauteviva » est un composé spé-
cial d'emploi inoffensif qui donne à la peau
une blancheur immaculée.
Pinaud a voulu encore gâter davantage nos
charmantes lectrices et a joint un petit échan-
tillon de ses dernières créations pour le mou-
choir, l'exquise « Brise Embaumée Violette »,
la délicieuse « Corrida », dont le succès prodi-
gieux fait le tour du monde, et enfin un bi-
jou de petite boîte en satin contenant l'odorante
et suave « Poudre Corrida ».
Le nom universellement. connu de Ed.
Finaud n'est-il pas, au surplus, un excel-
lent testimonial de la valeur de notre
prime.
N'oubliez donc pas, chers lecteurs, qu'à
partir du 1er décembre 1907, nos nouveaux
abonnés pourront, en s'inscrivant pour un
an, emporter avec eux ou recevoir à domi-
cile contre 0 85 centimes, représentant les
frais d'envoi,
LE COFFRET ED. PINAUD
COMŒfJIA.
A LA COMÉDIE.FRANÇAISE
i (Photo Henri Manuel).
Mlle t,IFRATJD d&n1 s M-E "*
» ; : J. ï i • •
THÉÂTRE ANTOINE ,'" - -
LE FANION
Pièce en un acte de M. Paul Ginisty
SOMMAIRE
C'est pendant les journées de mai 1871. On se
bat dans la rue. De la petite boutique où se sont
enfermés le père et la mère Planche, avec leur
fille Zélie et leur petite-fille Geneviève, on en-
tend le canon, la fusillade, les mitrailleuses qui
font rage sur la place du Panthéon.
Entre, en loques, noir de poudre, le fédéré
Grand-Louis, qui a lutté en héros à la barricade,
jusqu'à la mort de tous ses compagnons, et qui
vient demander asile à ses amis les Planche. On
comprend qu'il est aimé de Zélie et quasi-fiancé
avec elle.
La mère Planche va chercher Boutru, jardi-
nier d'un couvent voisin, ancien soldat et catho-
lique, pour qu'il sauve Grand-Louis, qui a chan-
gé de costume et s'est débarbouillé de sa poudre.
Bourru et le communard se chamaillent d'a-
bord, prêts à se tuer dans leur rage. Puis, Bou-
tru admire la vaillance du fédéré et se décide à
le sauver, par amitié pour les Planche et un peu
par admiration de troupier.
En partant avec Boutru, Grand-Louis emporte
son uniforme, compromettant pour les Planche.
Mais la petite Geneviève lui chipe, au passage,
son fanion rouge.
Arrivent un lignard et un Versaillais à bras-
sard tricolore. Ils cherchent Grand-Louis, ne le
trouvent point. Mais soudain le Versaillais aper-
çoit le fanion rouge aux mains de l'enfant. Grand-
Louis est donc ven!! ici. Dans le jardin du cou-
vent, il se sauve; mais, vu par les deux soldats
de l'ordre, il est visé, fusillé, et meurt grâce à
la trahison inconsciente de l'enfant.
lEst-ce une pièce de théâtre que nous
a présentée là M. Paul Ginisty? On
constate que non, rien qu'à la lecture
de ce sommaire. Et, si c'était une pièce
de théâtre, il y faudrait critiquer l'em-
ploi de ce fanion chipé, ficelle rouge,
mais ficelle.
Heureusement, il s'agit là, non d'une
pièce, en vérité, mais d'une anecdote,
réelle, paraît-il. Et, surtout, il s'agit
d'un tableau, d'une évocation, d'une fe-
nêtre ouverte sur un des plus ef-
froyables moments qu'aient connus les
hommes de notre génération.
Le tableau est-il exact? Le sinistre
moment est-il bien évoque? Voilà tout
ce que nous, ayons, àdire.
Pour ceux qui n'ont pas vécu en ces
jours magiques, j'ignore quelle sera l'é-
motion ressentie? Pour moi, qui ai pas-
sé par ces noires et rouges heures, et
qui ai tenté aussi d'en fixer le souvenir
au moyen du'verbe, je ne puis qu'ap-
porter mon témoignage, et affirmer la
véracité du tableau. -
Peut-être de telles images sont-elles
mieux à leur place en un livre que sous
la brutale lumière et dans le dialogue
en relief du théâtre. Mais il n'y a, dans
cette réserve, qu'une opinion person-
nelle; et je n'en saurais vouloir à M.
Paul Ginisty d'avoir été, en cette af-
faire, moins timide que je ne l'eusse été.
Le public, en tous cas, ne lui a pas don-
né tort, et n'a pas marchandé le succès
à sa bravoure. Il a goûté cette façon
d'écrire l'histoire selon la formule du
Grand-Guignol.
Qui sait, après tout, si cette formule-
là n'est pas celle qui convient le mieux
aux pantins que nous sommes, même
quand nous sommes des pantins san-
glants?
JEAN RICHEPIN.
Comment ils ont joué
Le Fanion est mis en scène avec le
soin méticuleux que Gémier apporte à
toutes les pièces qu'il monte. Le metteur
en scène a cherché à donner l'impres-
sion de la Semaine Sanglante. On est
vraiment en pleine Commune; les balles
s'aplatissent contre les murs, la fusil-
lade crépite, le canon tonne par inter-
valles ; les uniformes salis sentent l'é-
meute. On a froid dans le dos. Le plus
bel éloge que je puisse faire de ce réa-
lisme théâtral, c'est que j'ai vu, de mes
yeux vu deux dames apeurées quittant
leurs fauteuils et se dirigeant vers la
sortie — il est juste d'ajouter qu'elles
avaient d'immenses chapeaux et que
leurs voisins ont poussé quelques
« ah! » de satisfaction.
L'acte de M. Paul Ginisty est fort
bien interprété.
Maxence, qui joue le .communard
Grand-Louis, a de la chaleur, de l'éner-
gie, de l'emballement.
Marchai est bien dans le tailleur Plan-
che, le brave vieux qui a vu 48 et qui
ne s'émeut pas, mais qui a pitié de ses
semblables. M. Marchai a fort intelli- «
gemment indiqué toutes ces nuances.
Marc-Gérard a à la fois de la rudesse
et de la bonté dans le personnage çte
jardinier d'une congrégation voisine, ca-
tholique fervent, mais indulgent même M
aux révoltés.
MM. Liesse et Rafcail ne font que
paraître en gardes nationaux ; mais ils
ont du pittoresque.
Mme Renée Cogé (Mme Planche) a
composé son rôle avec sincérité.
Mlle Valois débutait dans le rôle de
la fiancée du communard ; elle a des
qualités d'émotion et de gentillesse.
Enfin, la petite Willem — dont la pou.
pée est la cause occasionnelle de ce
drame — a tenu son petit rôle, très im-
portant, avec un souci de vérité qui
promet.
Louis SCHNEIDER,
La soirée
Quart de soirée, devrais-je plutôt écrire..
Car si, je l'avoue — sans nulle honte, :
d'ailleurs — le charme puissant de Cœur
à Coeur m'a- fait abuser fort longtemps, *
hier soir, de la cordiale hospitalité que l'on
réserve, au théâtre Antoine, aux collabora-
teurs de. Comœdia, la place qui m'est ré-
servée ici, je la dois, sans réserve, à la
pièce de M. Paul Ginisty.
Or, Le Fanion, ne flotte, sur la sc£ne d4
boulevard "de Strasbourg,, que die huit ~etf~
res quarante jusqu'à neuf heures douze. Je .1.1
sais bien — le fabuliste l'affirme — que
« petit Fanion deviendra ^rand. ».
Donc, hier soir, M. Gémier offrait, en
lever de rideau, aux « fidèles » de son
théâtre, une première représentation.
Il n'est point d'usage, au théâtre Antoine,
de convoquer la critique lorsque l'on donné,
pOOt la première fois, un acte destiné à- -
ôitfrer au répertoire, de la maison. Il én est,
cependant, fort souvent, qui valent qu'on
les vienne juger. Mais c'est une tradition..
et nul n'ignore qu'il n'y a « rien à faire »
contre les traditions.
La tradition veut que, simplement, mo-
destement, on fasse savoir aux ayants droit 4
qui « voudront bien se déranger » — c'est
la formule protocolaire — que des placés
leur seront délivrées au contrôle sur pré-
sentation de leurs cartes.
Et l'on juge, ces soirs-là, de l'indifférence
ou de l'empressement de nos Princes de la
Critique à répondre à la « voix du devoir ni
comme disait mon bon maître Ponson du
Terrail.
Or, hier, nous étions sept — comme dans
la chanson : Jean Richepin, Louis Schneidèr, )
Fernand Nozière,- Richard O'Monroy, Enfilé
Max, Camille Le Senne et votre serviteur.
La petite Willem — qui, dans Le Fanion,
provoque le dénouement où Maxence et
Marc Gérard perdent la vie — est une bkm* ;
binette dont l'intelligence s'était déjà affir-: !
mée, dans Terre d'Epouvante, sur la scène :
du boulevard de Strasbourg. L'an dernier, *
elle avait joué, avec un aplomb impertur-
bable, dans La Française, à l'Odéon. Malgré ,;
les qualités dramatiques qu'Antoine et Gé-
mier ont découvert en elle, la petite Willem »
est déjà parfaitement fixée sur les emplois
qu'elle ambitionne: elle sera artiste lyri-
que. Elle est, dépuis de longs mois, « d-e
l'Opéra-Comique », et son ouvrage de pré-
dilection est le Werther, de Massenet, pafç
que le Noël qu'elle y chante lui plaît- infi
niment, et aussi parce que, m'a-t-elle confi -
hier soir, Mlle Vauthrin, au premier acte
lui met, sur sa tartine, « beaucoup de con
fiture ».
GEORGES TALMONT.
-
L'ART DU DÉCOR ,"
Le Théâtre des Arts a fait, pour établir la mise en scène de
, La Tragédie de Salomé un effort très
méritoire, couronné de succès.
Voilà un théâtre livré à ses seules ressources,
à ses petits moyens, qui cependant a essayé de
faire quelque chose; il ne serait pas équitable
que nous manquions de le constater et que nous
ne suivions pas toutes les tentatives. Pour le
théâtre des Arts, le décor de La Tragédie de Sa-
lomé doit être un gros sacrifice ; on a véritable-
ment essayé de bien faire et d'équiper un bel
ensemble : mais tout en faisant des frais, s'est-on
préoccupé d'être exact? Cela, je le crois, mais
sans absolutisme. Pour Saint-Jean, on est arrivé
à une reconstitution sinon complète, du moins
acceptable ; je passerai plus rapidement sur les
autres personnages dont les parures s'adaptent
moins bien, et j'arriverai au décor.
La scène, cette fois, est strictement définie ;
le tétrarque Hérode est sur la terrasse de son
palais, dominant la Mer Morte: nous sommes eq
l'an 32 de l'ère chrétienne (mort de Ssinf-Jean-
Baptiste). Quel pouvait donc être, à cette épo-
que, l'architecture en Judée? et'en plaçant des
taureaux .androcéphales à droite et à gauche des
montants du manteau d'Arle#ià, lè' décorateur
a-t-il suivi toute la genèse de l'architecture et
a-t-il essayé d'instruire autant qu'il était en son'
pouvoir, de le faire? Je ne le crois pas, parce
qu'au lieu de prendre le banal exemple qui sa
présente comme possible, il aurait dû chercher
ce qui, à mon avis, aurait été plus réel et plus
plausible: une évocation d&l l'architecture ro-
maine.
Le peuple que gouvernait Hérode était un
petit peuple à l'esprit turbulent et inquiet qui
portait toute son activité dans les transactions
commerciales et se souciait peu du développe-
ment de l'architecture; il ne fit donc que de
grossières imitations de l'art égyptien auxquel-
les se mê,lèrent des inspirations empruntées aux
Assyriens et surtout aux Phéniciens. Mais toutes
ces copies imparfaites se ressentaient des peu-
ples qui influaient sur leur gouvernement. Or,
le décor que l'on nous montre représente' un
ne du temple de Korsabad (720 av. J. C.)
et dy temple .de Nimroud qui fut construit vers
885 avant J. C. ; comme la scène se passe en
ran 32 de notre è'te', voici donc un palais de
Le Numéro : 5 centimes
Vendredi 29 Novembre 1907..
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
INACTION & ADMINISTRATION :
l' Bouleuard Poissonnière, PARIS
I TÉLÉPHONE : 288-07
esse Graphique: COMŒDlA=PARIS
: ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
S --
L s et départements 24 fr. 12 fr.
anger. 40 » 20 »
- RÉDACTION & ADMINISTRATION J
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Adresse Télégraphique : COMŒDlA..PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. * 12 fr.
Étranger , 40 » 20 »
Atnour
et les Lauriers
~Au sortir de la compagnie d'assu-
ces où, tout le jour, il calligraphiait
polices pour conquérir son pain
otidien, le jeune Marius Trogne, am-
~eux d' une brillante carrière théâtrale,
hâtait de regagner sa chambrette sous
toits P r y rugir ou y soupirer les
s célèbres tirades du répertoire. Tu-
~litueux exercices qui, prolongés un
J tard lUI valaient, à travers les cloi-
~s, maintes injures de la part des do-
~stiques harassés ou lascifs qui pré-
aient Selon leur fantaisie, dormir
laire p amour en paix.
Malgré son mépris pour ce public in-
sible dl art, M. Marius Trogne, mal
'aise devant les remontrances har-
euses de son concierge, crut sage de
ttre à Profit les radieux matins du
ntemps POur donner de la voix sous
tt~ du Luxembourg, tout proche
pres que désert encore à de telles
Choisissant les recoins les plus retirés
Q Us touffus, il n'était guère dé-
ichesns ses exercices que par des
aches en route vers leur lycée, par
lques trottins et leurs amoureux se
nant l a becquée de croissants et de
esses, Ou encore par quelques-uns de
promeneurs qui aiment les grâces de
nature aux heures où les corolles
~ivrent, merveilleusement fraîches,
les J. ardins tranquilles et où les
~aux piètent avec allégresse dans la
~e.
arrivait bien parfois que les écoliers
~cent a njque à M. Trogne, mais les
~ureux étaient bien trop soucieux de
t Pour ne pas respecter la sienne.
nt aux autres promeneurs, un peu
~ets de ses vociférations, de ses atti-
s passionnées et de son visage gri-
ant tour à tour la joie et la douleur,
prudence ils s'écartaient de lui
~ne dun fou.
ta *M. Marius Trogne découvrit,
aVec surprise, puis très vite avec
sympathique admiration, que, au
du ^-Luxembourg, n'était pas
de son espèce. Un beau jour, vers
~mêmes heures matinales, une jeune
~se silhouetta parmi les boulingrins
l Hjg ^sifs, fit aux troncs d'arbre des
J* amour, de désespoir, de ré-
et mêla aux pépiements de moi-
s es modulations d'ingénue. Car
t aussi une aspirante comédienne
Mlle désirée Giblotte. Et c'est éga-
nt pour fuir la hargne des voisins
e venait ainsi, sous les feuillages
~ssants, se mettre dans la bouche
~hrases du répertoire.
~s d eux jeunes gens n'eurent pas de
e à comprendre qu'ils avaient le
~e feu sacré et le même idéal. Tout
~respectant leur pantomime respective
~e libre Jeu de leurs intonations, ils
~rirent de loin, puis, peu à peu, se
~ochèrent.
Vous préparez le Conservatoire?.
~Aussi. Votre nom?
Armand de Grandval, dit avec
M. Trogne.
Et mOi, répliqua Mlle Giblotte,
ne p as être en reste de particule,
La Trimouille.
Bonne chance! Puissions-nous en-
~ensemble à la Comédie-Française!
~matin, ils eurent la joie de dé-
~rir, en s'écoutant déclamer l'un
~e, qu'ils étudiaient la même scène.
~comment faire pour ne pas se donner
~éplique ? Tout naturellement, ils
~ent leurs tirades, et bientôt, dans
~re de l'étude, ils furent entraînés
à joindre aussi leur pantomime so-
A rmand de Grandval franchit
p r'' le' massif de bégonias qui
parait d'Isabelle, s'empara de ses
, s'agenouilla, éperdu, devant elle,
la m Inute indiquée par la mise en
, lui plaqua sur la bouche un baiser
~ue fut point un simulacre. Aussi,
~quoi étaient-ils si jeunes? Pourquoi
elle les lèvres si frémissantes?
ce frais décor de nature où l'arôme
leurs et la chanson des oiseaux con-
~aient délicieusement l'amour, la ré-
j.41 illterrompit pour un colloque
~tendre où tous deux jouèrent leur
à merveille.
~ref, ils devinrent amants, se juré-
selon l'usage, l'éternelle union à
~vers toutes les péripéties de leur car-
comm Une qu'ils prépareraient bras
bras dessous, avec la même pas-
~oyeuse de leur art. Beaux projets
~nts qui réjouirent leur juvénile
~en lllénage
début, tout se réalisa suivant leur
e. Ensemble, ils furent reçus au Con-
~toire, Où leur ardente tendresse
valut parmi leurs camarades un joli
~tige d'amoureux fidèles.. On les
~un peu en les jalousant. De si
e heure, une telje ,c,ha,îne ! disait-on.
l,àtn e., ils Paraissaient ravis de
porter, on les. laissa tranquillement
* dan s cette apothéose sentimen-
vers l' avenir et vers t'éternité.
Faudra v°ir ! grasseyait un comi-
ricaneur, dont- le scepticisme fan-
~onnait sans cesse.
~ment, en fin d'année, les con-
du Conservatoire. Ce jour-là en-
am°ureux, qui tous deux
avaient la même convoitise du laurier,
se donnèrent la réplique. Ils espéraient
être unis dans la récompense comme ils
l'avaient été dans le travail.
Gracieux rêve que le jury saccagea!
Isabelle, délicieuse ingénue, fut fêtée
d'un premier prix. Tout au contraire,
jeune premier balourd et prétentieux,
'Armand égaya le .public au lieu de
l'émouvoir. Les huées qui l'accueillirent
diminuèrent singulièrement la joie que,
à tout autre moment, le succès de son
amie lui aurait value. C'est avec un peu
d'amertume et d'humiliation qu'il mêla
ses compliments à ceux dont se délec-
tait la belle victorieuse. Sous le rictus
de bonheur dont il arrivait à crisper
lugubrement son pâle visage, s'abri-
taient la honte, le désespoir et même un
peu d'envie. Malgré lui, la rivalité pro-
fessionnelle l'emportait sur ses senti-
ments d'amoureux!
— Qu'as-tu donc? lui murmura Isa-
belle, s'apercevant soudain de cette tris-
tesse, dont, en l'ardeur de sa propre
joie, elle oubliait la cause si légitime.
— Rien! Je suis très heureux! grinça
M. Trogne, en creusant davantage les
rides de son douloureux sourire.
— Ah! c'est vrai, mon pauvre vieux!
s'écria l'étourdie dans un élan d'affec-
tion où se mêlait un peu de pitié.
Tout en lui disant ces paroles de ré-
confort, elle eut le pressentiment d'une
brusque déchirure dans leur bonheur,
de l'irrémédiable désaccord entre son
avenir de joyeux succès et le calvaire
probable de son compagnon. Quelle
ombre dans sa vie que l'amertume de
ce vaincu, destiné à d'autres défaites!
L'engagement de Mlle Isabelle La Tri-
mouille à la Comédie-Française, le jour
même où M. Trogne débutait au théâtre
des Gobelins, acheva de l'ulcérer.
Il y eut bientôt des silences, des frois-
sements, des larmes dans le ménage,
jusqu'alors si joliment uni, qui ne tarda
guère à se disloquer.
— Qu'est-ce que je vous disais? gras-
seya le queue-rouge sardonique, qui
avait sans doute des raisons person-
nelles de railler ces départs éperdus des
jeunes gens vers l'éternelle ivresse, dé-
parts si souvent suivis, après maintes
rafales, d'un sage et passionné débar-
quement, pour le bonheur.
Sur les planches, la vedette passe
avant l'amour! ah! ah!
Georges LECOMTE.
Nous publierons demain un article de
FÉLIX GALIPAUX
Liberté- Egalité. Fraternité
'Rien n'est plus curieux,. ni du reste plus
humain, que le mépris que témoignent tous
les administrateurs de théâtre pour les spec-
tateurs des petites places.
C'est ainsi que l'on nous cite, entre
autres, un théâtre où l'on ne saurait ac-
cepter de locations par téléphone pour les
places d'un prix intérieur à un certain chif-
tre. La confiance ne commence qu'à une
dizaine de francs environ; au-dessous, le
candidat ne peut être qu'un fumiste ou un
escroc, et l'on attend de le voir venir lui-
même pour lui accorder à regret la place
qu'il demande.
Il serait logique de penser, au contraire,
qu'aux places chères se rencontrent d'in-
nombrables désœuvrés qui retiennent des
places par téléphone sans trop y penser et
qui peuvent facilement les oublier dans le
reste de la journée.
L'homme de tortune modeste, au con-
traire, qui retient une petite place, y pense
sans aucun doute depuis huit jours. Il ac-
complit cet acte comme s'il s'agissait pour
lui d'une déclaration à faire à la gendar-
merie ou d'un visa à donner pour un livret
militaire.
Mais il y a trop longtemps que. la situation
privilégiée des escrocs de haut vol a été
signalée par tous nos fomans-feuilletons,
pour que je m'y, appesantisse davantage.
Ce qui me parait plus étrange, c'est que
ce mépris s'étende aux théâtres subven-
tionnés, qui, étant donnés les principes du
suffrage universel, doivent être ouverts éga-
lement aux modestes et ~aux' riches.
Lorsqu'il est question de musées natio-
naux, où la moindre- imprudence peut en-
traîner un désastre/on 's'empresse d'ouvrir
les salles à tous les - chemineaux, et on les
convie à se venir chauffer les pieds aux
bouches de chaleur sons .le. nez-même de
La Joconde.
Lorsqu'il s',agit de théâtre, c esf-a-dfre de
cette exposition permanente de nos œuvres
nationales parlées, il n'en va pas ainsi, ct
il ne suffit même pas de payer pour être
admis aimablement. Il faut ■ encore payer
beaucoup..
Ai-fe besoin d'insister une fois encore sur
le spectacle touchant que présente un petit
Employé économisant sou .par sou pendant
des semaines de quoi aller .voir Athalie?
Il v a là matière à .faire, pleurer tous les
auditeurs d'un discours .de .distribution de
prix. Nos administrateurs..devraient s'en
montrer quelque, peu >émus, et admettre tout
au moins le principe.de la. location aux pe-
tites places comme aux grandes.
G. DE PAWLOWSKlT
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, a VEl-
dorado; première. représentation de: Y a des
Fez!. revue en deux actes et huit tableaux,
de MM. Fabrice Lémon et Georges Arnould.
A
la représentation du Théâtre-Français,
avant-hleir soir,, un spectateur en habit,
quarante ans environ; crâne dénudé, assis
jàûx f atttenilî * de yft&triitt balcon/s©: nfit su-
bitement à applaudir à tout rompre. Ses
voisins le prièrent de modérer son enthou-
siasme. -
L'individu se leva alors et lança d'une
voix forte, en promenant un œil terrible sur
la salle:
— Je vous (vous sentez le mot?).
Les gardes, qui vraiment « se mêlaient
de ce qui ne les regardaient », enlevèrent
le perturbateur.
M. Egartheler, le sympathique commis-
saire de police de la rue des Bons-Enfants,
le fit fouiller.
Si on ne découvrit sur lui aucune pièce
d'identité, on trouva dans sa poche le ma-
nuscrit d'un drame en vers.
L'auteur est à l'infirmerie spéciale du
Dépôt, et son œuvre sous scellés.
L'homme au crâne dénudé refuse de dire
son nom. Le saura-t-on jamais?
A
propos de l'anniversaire de sa mort,
qui échut avant-hier, disons que ce
n'est pas de sitôt qu'on aura répété tous les
mots d'Alexandre Dumas, dont il semble
que l'esprit ait été inépuisable.
En voici un, peu connu, à joindre à
tant d'autres:
Un intime ami de l'auteur de Francillon,
Mirault, lui parlait, un jour, de la possibi-
lité d'une reprise de La Dame aux Camé-
lias, à la Comédie-Française, en lui disant
la curiosité que le public aurait de voir le
rôle de Marguerite Gautier interprété par
Bartet.
— Sans doute, répliqua-t-il en riant, par-
bleu! c'est une curiosité que j'aurais aussi,
tout comme les autres. Mais songez donc,
mon cher ami, la Comédie-Française, c'est
une maison de retraite, et ma fille est en-
core bien jeune pour y entrer.
Quoi qu'il fût l'ami du « patron », vous
voyez qu'Alexandre Dumas ne se mépre-
nait pas sur les idées de celui-ci.
Q
n sait qu'à l'Opéra, pour la représen-
tation à bénéfice du 17 décembre, on
doit donner Carmen. Plusieurs artistes —
et non des moindres — veulent personnifier
l'héroïne de Bizet: MIles Hatto et Mérentié
se disputent le rôle. Toutes deux ont, nous
ne l'ignorons pas, de réelles qualités. Nous
enregistrerons pieusement le nom de celle
qui aura fait preuve de plus de talent. di-
plomatique.
E
ntre tant de Qjj.es d'automobiles
qui se disputent, par lèiir perfec-
tion, les faveurs des fervents, ! une d elle
s'impose, sans conteste, au premier rang :
c'est la marque Bayard-A. Clénlent, dont
les voitures souples, rapides, régulières et
silencieuses, apparaissent comme l'idéal de
l'art. industriel. Ainsi s'explique-t-on l'em-
pressement du public à admirer les mo-
dèles exposés au Salon et, d'une façon
permanente, 10, place de la Madeleine.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète touiours como-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-,
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
p
aris n'est pas à court d'événements
mondains et, pourtant, il apprend avec
plaisir tous ceux qui flattent son goût d'élé-
gance raffinée, son sentiment du beau, du
bon, du' délicat. On conçoit donc qu'il ait
apprécié à sa valeur l'annonce de la réou-
verture du restaurant Lapré. Dans l'élégant
établissement de la rue Drouot, à deux pas
des - boulevards, on trouve un menu exquis,
un confort absolu, un service impeccable,
une bonne compagnie, une gaieté sympa-
thique. Qu'on se le dise!
JS~
- NOUVELLE A LA MAIN
Deux acteurs conversent devant un
bock.
- Moi, dit l'un, quand je joue un rôle,
je me mets entièrement dans la peau de
mon personnage. Dès que j'entre en scène,
le public disparaît.
Alors, l'autre, pas rosse:
- Comme je comprends ça!
Le Masque de Verre#
Les Primes
de Comœdia
COMŒDIA A PENSÉ QUE LE PLAISIR DE
SES NOUVEAUX ABONNÉS POURRAIT ÊTRE
DOUBLÉ S'ILS RECEVAIENT, EN
S'ABONNANT, UNE MERVEIL-
LEUSE PRIME D'UNE VA-
LEUR MARCHANDE DE
TRENTE FRANCS.
On se souvient sans doute que voici
quelques jours, nous avons tenu à acquit-
ter envers nos abonnés de la première heu-
re une véritable dette de reconnaissance
en leur offrant une prime que tous ont vi-
vement appréciée.
Aujourd'hui, nous pouvons annoncer
qu'à partir du 1er décembre 1907, nous of-
frirons, à titre gratuit, à tous nos nouveaux
abonnés d'un an, un
Superbe coffret
en laque du Japon, contenant les spéciali-
tés BEAUTEVIVA, du maître parfumeur
ED. PINAUD
18, place Vendôme, Paris,
si réputées pour les soins des ongles et la
beauté des mains.
Ce coffret, en laque du Japon, et fer-
mant à clef, est composé:
D'un polissoir deux faces « Beauteviva », dont
le modèle breveté est la propriété exclusive de
la parfumerie Pinaud;
D'une boîte de poudre « Beauteviva » dont
une application, même rapide, sur les ongles
leur donne, à l'aide du polissoir, un brillant in-
comparable ;
D'un flacon d'Eau « Beauteviva » dont l'appli-
cation régulière 'a pour but de blanchir l'extré-
mité des ongles; ,'
D'un flacon de Roseine « Re.fiutevivâ » ac-
compagné d'tm petit pinceau, pour donner aax
ongles une teinte plus rosée que celle obtenue
par remploi exclusif de la pâte ;
D'une boîte de « Roseclat » qui est le sum-
mum du genre. Cet article, à lui seul, réunit
les qualités de tous les autres produits de cette
série, et lorsque nos élégantes sont pressées
par le temps, une simple application de cette
excellente préparation suffit pour donner à leurs
ongles un éclat sans rival.
Le Lait « Beauteviva » est un composé spé-
cial d'emploi inoffensif qui donne à la peau
une blancheur immaculée.
Pinaud a voulu encore gâter davantage nos
charmantes lectrices et a joint un petit échan-
tillon de ses dernières créations pour le mou-
choir, l'exquise « Brise Embaumée Violette »,
la délicieuse « Corrida », dont le succès prodi-
gieux fait le tour du monde, et enfin un bi-
jou de petite boîte en satin contenant l'odorante
et suave « Poudre Corrida ».
Le nom universellement. connu de Ed.
Finaud n'est-il pas, au surplus, un excel-
lent testimonial de la valeur de notre
prime.
N'oubliez donc pas, chers lecteurs, qu'à
partir du 1er décembre 1907, nos nouveaux
abonnés pourront, en s'inscrivant pour un
an, emporter avec eux ou recevoir à domi-
cile contre 0 85 centimes, représentant les
frais d'envoi,
LE COFFRET ED. PINAUD
COMŒfJIA.
A LA COMÉDIE.FRANÇAISE
i (Photo Henri Manuel).
Mlle t,IFRATJD d&n1 s M-E "*
» ; : J. ï i • •
THÉÂTRE ANTOINE ,'" - -
LE FANION
Pièce en un acte de M. Paul Ginisty
SOMMAIRE
C'est pendant les journées de mai 1871. On se
bat dans la rue. De la petite boutique où se sont
enfermés le père et la mère Planche, avec leur
fille Zélie et leur petite-fille Geneviève, on en-
tend le canon, la fusillade, les mitrailleuses qui
font rage sur la place du Panthéon.
Entre, en loques, noir de poudre, le fédéré
Grand-Louis, qui a lutté en héros à la barricade,
jusqu'à la mort de tous ses compagnons, et qui
vient demander asile à ses amis les Planche. On
comprend qu'il est aimé de Zélie et quasi-fiancé
avec elle.
La mère Planche va chercher Boutru, jardi-
nier d'un couvent voisin, ancien soldat et catho-
lique, pour qu'il sauve Grand-Louis, qui a chan-
gé de costume et s'est débarbouillé de sa poudre.
Bourru et le communard se chamaillent d'a-
bord, prêts à se tuer dans leur rage. Puis, Bou-
tru admire la vaillance du fédéré et se décide à
le sauver, par amitié pour les Planche et un peu
par admiration de troupier.
En partant avec Boutru, Grand-Louis emporte
son uniforme, compromettant pour les Planche.
Mais la petite Geneviève lui chipe, au passage,
son fanion rouge.
Arrivent un lignard et un Versaillais à bras-
sard tricolore. Ils cherchent Grand-Louis, ne le
trouvent point. Mais soudain le Versaillais aper-
çoit le fanion rouge aux mains de l'enfant. Grand-
Louis est donc ven!! ici. Dans le jardin du cou-
vent, il se sauve; mais, vu par les deux soldats
de l'ordre, il est visé, fusillé, et meurt grâce à
la trahison inconsciente de l'enfant.
lEst-ce une pièce de théâtre que nous
a présentée là M. Paul Ginisty? On
constate que non, rien qu'à la lecture
de ce sommaire. Et, si c'était une pièce
de théâtre, il y faudrait critiquer l'em-
ploi de ce fanion chipé, ficelle rouge,
mais ficelle.
Heureusement, il s'agit là, non d'une
pièce, en vérité, mais d'une anecdote,
réelle, paraît-il. Et, surtout, il s'agit
d'un tableau, d'une évocation, d'une fe-
nêtre ouverte sur un des plus ef-
froyables moments qu'aient connus les
hommes de notre génération.
Le tableau est-il exact? Le sinistre
moment est-il bien évoque? Voilà tout
ce que nous, ayons, àdire.
Pour ceux qui n'ont pas vécu en ces
jours magiques, j'ignore quelle sera l'é-
motion ressentie? Pour moi, qui ai pas-
sé par ces noires et rouges heures, et
qui ai tenté aussi d'en fixer le souvenir
au moyen du'verbe, je ne puis qu'ap-
porter mon témoignage, et affirmer la
véracité du tableau. -
Peut-être de telles images sont-elles
mieux à leur place en un livre que sous
la brutale lumière et dans le dialogue
en relief du théâtre. Mais il n'y a, dans
cette réserve, qu'une opinion person-
nelle; et je n'en saurais vouloir à M.
Paul Ginisty d'avoir été, en cette af-
faire, moins timide que je ne l'eusse été.
Le public, en tous cas, ne lui a pas don-
né tort, et n'a pas marchandé le succès
à sa bravoure. Il a goûté cette façon
d'écrire l'histoire selon la formule du
Grand-Guignol.
Qui sait, après tout, si cette formule-
là n'est pas celle qui convient le mieux
aux pantins que nous sommes, même
quand nous sommes des pantins san-
glants?
JEAN RICHEPIN.
Comment ils ont joué
Le Fanion est mis en scène avec le
soin méticuleux que Gémier apporte à
toutes les pièces qu'il monte. Le metteur
en scène a cherché à donner l'impres-
sion de la Semaine Sanglante. On est
vraiment en pleine Commune; les balles
s'aplatissent contre les murs, la fusil-
lade crépite, le canon tonne par inter-
valles ; les uniformes salis sentent l'é-
meute. On a froid dans le dos. Le plus
bel éloge que je puisse faire de ce réa-
lisme théâtral, c'est que j'ai vu, de mes
yeux vu deux dames apeurées quittant
leurs fauteuils et se dirigeant vers la
sortie — il est juste d'ajouter qu'elles
avaient d'immenses chapeaux et que
leurs voisins ont poussé quelques
« ah! » de satisfaction.
L'acte de M. Paul Ginisty est fort
bien interprété.
Maxence, qui joue le .communard
Grand-Louis, a de la chaleur, de l'éner-
gie, de l'emballement.
Marchai est bien dans le tailleur Plan-
che, le brave vieux qui a vu 48 et qui
ne s'émeut pas, mais qui a pitié de ses
semblables. M. Marchai a fort intelli- «
gemment indiqué toutes ces nuances.
Marc-Gérard a à la fois de la rudesse
et de la bonté dans le personnage çte
jardinier d'une congrégation voisine, ca-
tholique fervent, mais indulgent même M
aux révoltés.
MM. Liesse et Rafcail ne font que
paraître en gardes nationaux ; mais ils
ont du pittoresque.
Mme Renée Cogé (Mme Planche) a
composé son rôle avec sincérité.
Mlle Valois débutait dans le rôle de
la fiancée du communard ; elle a des
qualités d'émotion et de gentillesse.
Enfin, la petite Willem — dont la pou.
pée est la cause occasionnelle de ce
drame — a tenu son petit rôle, très im-
portant, avec un souci de vérité qui
promet.
Louis SCHNEIDER,
La soirée
Quart de soirée, devrais-je plutôt écrire..
Car si, je l'avoue — sans nulle honte, :
d'ailleurs — le charme puissant de Cœur
à Coeur m'a- fait abuser fort longtemps, *
hier soir, de la cordiale hospitalité que l'on
réserve, au théâtre Antoine, aux collabora-
teurs de. Comœdia, la place qui m'est ré-
servée ici, je la dois, sans réserve, à la
pièce de M. Paul Ginisty.
Or, Le Fanion, ne flotte, sur la sc£ne d4
boulevard "de Strasbourg,, que die huit ~etf~
res quarante jusqu'à neuf heures douze. Je .1.1
sais bien — le fabuliste l'affirme — que
« petit Fanion deviendra ^rand. ».
Donc, hier soir, M. Gémier offrait, en
lever de rideau, aux « fidèles » de son
théâtre, une première représentation.
Il n'est point d'usage, au théâtre Antoine,
de convoquer la critique lorsque l'on donné,
pOOt la première fois, un acte destiné à- -
ôitfrer au répertoire, de la maison. Il én est,
cependant, fort souvent, qui valent qu'on
les vienne juger. Mais c'est une tradition..
et nul n'ignore qu'il n'y a « rien à faire »
contre les traditions.
La tradition veut que, simplement, mo-
destement, on fasse savoir aux ayants droit 4
qui « voudront bien se déranger » — c'est
la formule protocolaire — que des placés
leur seront délivrées au contrôle sur pré-
sentation de leurs cartes.
Et l'on juge, ces soirs-là, de l'indifférence
ou de l'empressement de nos Princes de la
Critique à répondre à la « voix du devoir ni
comme disait mon bon maître Ponson du
Terrail.
Or, hier, nous étions sept — comme dans
la chanson : Jean Richepin, Louis Schneidèr, )
Fernand Nozière,- Richard O'Monroy, Enfilé
Max, Camille Le Senne et votre serviteur.
La petite Willem — qui, dans Le Fanion,
provoque le dénouement où Maxence et
Marc Gérard perdent la vie — est une bkm* ;
binette dont l'intelligence s'était déjà affir-: !
mée, dans Terre d'Epouvante, sur la scène :
du boulevard de Strasbourg. L'an dernier, *
elle avait joué, avec un aplomb impertur-
bable, dans La Française, à l'Odéon. Malgré ,;
les qualités dramatiques qu'Antoine et Gé-
mier ont découvert en elle, la petite Willem »
est déjà parfaitement fixée sur les emplois
qu'elle ambitionne: elle sera artiste lyri-
que. Elle est, dépuis de longs mois, « d-e
l'Opéra-Comique », et son ouvrage de pré-
dilection est le Werther, de Massenet, pafç
que le Noël qu'elle y chante lui plaît- infi
niment, et aussi parce que, m'a-t-elle confi -
hier soir, Mlle Vauthrin, au premier acte
lui met, sur sa tartine, « beaucoup de con
fiture ».
GEORGES TALMONT.
-
L'ART DU DÉCOR ,"
Le Théâtre des Arts a fait, pour établir la mise en scène de
, La Tragédie de Salomé un effort très
méritoire, couronné de succès.
Voilà un théâtre livré à ses seules ressources,
à ses petits moyens, qui cependant a essayé de
faire quelque chose; il ne serait pas équitable
que nous manquions de le constater et que nous
ne suivions pas toutes les tentatives. Pour le
théâtre des Arts, le décor de La Tragédie de Sa-
lomé doit être un gros sacrifice ; on a véritable-
ment essayé de bien faire et d'équiper un bel
ensemble : mais tout en faisant des frais, s'est-on
préoccupé d'être exact? Cela, je le crois, mais
sans absolutisme. Pour Saint-Jean, on est arrivé
à une reconstitution sinon complète, du moins
acceptable ; je passerai plus rapidement sur les
autres personnages dont les parures s'adaptent
moins bien, et j'arriverai au décor.
La scène, cette fois, est strictement définie ;
le tétrarque Hérode est sur la terrasse de son
palais, dominant la Mer Morte: nous sommes eq
l'an 32 de l'ère chrétienne (mort de Ssinf-Jean-
Baptiste). Quel pouvait donc être, à cette épo-
que, l'architecture en Judée? et'en plaçant des
taureaux .androcéphales à droite et à gauche des
montants du manteau d'Arle#ià, lè' décorateur
a-t-il suivi toute la genèse de l'architecture et
a-t-il essayé d'instruire autant qu'il était en son'
pouvoir, de le faire? Je ne le crois pas, parce
qu'au lieu de prendre le banal exemple qui sa
présente comme possible, il aurait dû chercher
ce qui, à mon avis, aurait été plus réel et plus
plausible: une évocation d&l l'architecture ro-
maine.
Le peuple que gouvernait Hérode était un
petit peuple à l'esprit turbulent et inquiet qui
portait toute son activité dans les transactions
commerciales et se souciait peu du développe-
ment de l'architecture; il ne fit donc que de
grossières imitations de l'art égyptien auxquel-
les se mê,lèrent des inspirations empruntées aux
Assyriens et surtout aux Phéniciens. Mais toutes
ces copies imparfaites se ressentaient des peu-
ples qui influaient sur leur gouvernement. Or,
le décor que l'on nous montre représente' un
ne du temple de Korsabad (720 av. J. C.)
et dy temple .de Nimroud qui fut construit vers
885 avant J. C. ; comme la scène se passe en
ran 32 de notre è'te', voici donc un palais de
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