Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-11-10
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 novembre 1907 10 novembre 1907
Description : 1907/11/10 (A1,N41). 1907/11/10 (A1,N41).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645339d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
^^Annêe.— N° 41 (Quotidien), Le Numéro : S centimes
*■
Dimanche 10 Novembre 1907.
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Presse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 8 MOIS
arlS et Départements 24 fr. 12 fr.
tranSer 40 » 20 »
1
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA=PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Éttanger 40 » 20 a
Les trois
succès
J'ai Un ami qui répond au nom d'André
Malpy. Ne cherchez pas, il n'appartient pas
eu Monde des théâtres. Ce qui ne veut pas
tfire qur. s'en désintéresse. Loin de là !
J'aime ce vieux camarade.
Il est venu rarefnent à Paris ; mais cha-
cun de ses v°ya§es a été pour moi la source
de mille Petites satisfactions, où là vanité a
pris sa part ; et aussi de mille obligations
auxquelles j'ai dû m'astreindre. C'est ainsi
qu'il m' es a* dû m'astreindre. C'est ainsi
contraint de le présenter à toutes
les Pa Ihtés du monde dramatique; et qu'il
me PardOnn ait difficilement de ne-l'avoir
ne fait encore assister à une répétition gé-
nérale. Son rêve persistant et qui le tour-
mentait nas dans son exil.
J'ai accédé à son désir. Aujourd'hui,
nos sortons de notre troisième répétition
général.. TrOIS en moins d'une semaine!
Mon pauvre ami est comme fou; fou de
bonheur Le fait est qu'il me doit beau-
coup.
au r^er soir, nous nous sommes ren-
dus au. Non. Enfin, un grand théâtre, sur
le boulevard. Nous avions deux (( balcon ».
A neuf heures, salle pleine. Un Malpy un
peu fébrile, qui me désignait des gens, se
trompait, ne voulait pas en convenir.
Le premier acte, charmant! Un peu hési-
tant, m ais charmant! Nul, entr'acte entre le
trois Co et le troisième; on re-frappait les
trois coups.
Moins bon, le second, mais intéressant
encore : De l'observation, des traits; des ef-
forts vers la grandeur. Un peu d'obscurité.
Deux rappels et demi.
Je dis : demi. à cause du parapluie
de la m ere de l'auteur qui, placée, cette
vieille dame, au fond d'une baignoire, avec
deux autres dames, menait un ban sournois
et enragé.
Nous 'Ous levâmes.
— pu bien! fit Malpy, un succès?.
Qu'en penses-tu? Une bonne pièce?
Je re *1^ — une bonne première pièce.
AL
c'est la.
— Comment ! Tu *ne t'en étais pas
aperçu !
— Ma foi !
— l' bien! regarde. vois. écoute.
juge. Tu Vas être rapidement fixé.
Devant nous, venaient deux hommes vê-
tus de no À* et « qui ne se ressemblaient pas
comme deux frères *K Le premiëc, petit,
malicieux, griS-barbu, court sur pattes, per-
du dans une jaquette aux allures de redin-
gote, le regard voilé derrière son binocle,
parlait d'une voix un peu sourde.
Il était je le nommai à Malpy - un
critique sinon important, du moins écou-
te. président de de. Son interlocuteur.
pas grand non plus, mais moustachu, le
considérait avec des yeux déférents et de
forme COniqu
Ces et eux hommes s'entretenaient de la
pièce et de son auteur. Le plus âgé, le
barbu, disait : « Le connaissez-vous? »
L'autre , après avoir cherché dans ses
siouvenirs, répondait:
— Attendez donc, attendez donc. Est-ce
que ce n'est pas le fils de cette femme qui
avait été la maîtresse de. et dont le
père.
Un qui Passait, un auteur, les rensei-
-, vous Parlez de l'auteur?. Vous n'a-
vez donc Pas lu son livre?
— Son livre!. Il est bien?.
Non
— aUtêur s'éloigna, ayant fait son de-
voir.
La porte d'une loge s'ouvrit non sans
viol Ince. P-n sortit le critique-artiste. Il fut
sur le champ entouré de cinq jeunes gens
très jeunes, fleuris de deux dames, sœurs
peut-être ou mieux encore, qui se te-
naient par la taille et jouaient la comédie,
ailleurs ; de Passants, d'inconnus qui le con-
naissaient bien et qui obtenaient facilement
d'être pris a parti. Le poète proclama:
« C'est un grand chef-d 'œuvre!»
Quelques Personnes se retournèrent éton-
nées. D'autres renforcèrent le groupe des
«adulauditeurs ». De ce nombre étaient
les deux critiques moyens de tout à l'heure;
gênés de leur indépendance. Je voulus m'ar-
rêter aussi mais Malpy m'entraînait vers la
scène.
En %sant devant la baignoire directo-
~, noudd aPerçumes la femme du patron.
Très belle très grande. très brune. Elle
les honneurs de sa loge à trois da-
mes. Elle parler de l'auteur, et expli-
quer les raisons oui l'avaient fait et expli-
car elle disait: « Sa sœur est si char-
mante ! »
Sur la scène, l'auteur lui-même, un peu
pâle, n't à tout venant un: Ça va. ça
va. le p Inal; et n'écoutait pas les répon-
ses. r,e "atron s'approcha, reçut, lui aussi,
3 v» i Plus inquiet encore, mais ré-
( ,'" v- n ^'«"itez-moi ça mieux que
fe Prk ! > adressé à un machiniste.
, '*it y !c ''r la prochaine pièce
b "ûe ;:;-n,iions-
A'
Sik ns"ie ! ^alpy, l'heureux dé-
-,' t; (( S)t;i 8 théâtre. ,
~e toute, un succès. »
.ju' répondais oui énergique-
r?> q ton, ùnaCi,ar^' Je critique-artiste pas-
•hçf v-»r,-cor.i ascendre à féliciter
!'jî v oroclamé sa pièce un
r ¡ ^meno t ma réponse et me
h reSard ï')~.:\—
t
~r;~,
Sr Ut1 all{' ! à la même heure,
f i' K'"-' - sez éloigné du pre-
'U ttition générale de
e M U .ll '0
c,Hen , k en quatre actes,
!?vre f fer- ue ■ s. La Nourricière,
e f" r
.t V vttt C :e ir qui nous vivons,
.v's aE>r^ e ■ !-e rideau se releva
rne acte.
,l ne 'ne acte. conges-
v angement conges-
J répéter: « Quelle
œuvre. Cette fois, je pense que c'est le
triomphe ! » Et comme je me taisais :
— Quoi, ce n'est pas un triomphe?:..
- Hé! lui dis-je, qui peut l'affirmer?
- Pourtant. Cette salle.
- Cette salle. Attends seulement qu'èlle
ait eu le temps de se ressaisir. de réflé-
chir. de se rappeler. cette salle!.
— Se rappeler?
— Oui, qu'Henry de Banyuls n'est pas
un des leurs d'abord; qu'il n'appartient ni
au boulevard ni à la presse. qu'il dédai-
gne ces gens assemblés en ce jour pour
le juger, et qu'il n'a jamais reconnus pour
ses juges. Ces gens qui n'ont ni son ta-
lent, ni sa fortune, ni son insupportable pro-
bité littéraire. Ces gens qui se sentent,
sinon matés, du moins intimidés par un
esprit si différent du leur, ses allures
distantes, et qui vont rudement le lui faire
sentir — demain.
* - Comment?
- iens, anons écouter.
Dans les couloirs, on respirait difficile-
ment. Pressés les uns contre les autres, des
messieurs avançaient à petits pas vers l'es-
calier qui menait à la sortie, au café du
théâtre. Ils avaient l'air maussades, sou-
cieux. Peu de paroles échangées; des:
« Venez-vous boire? » ou des: « Je dois
aller chercher ma femme qui part avant la
fin ! » Sur une banquette, deux critiques
discutaient avec animation. Ils ne parlaient
pas de la pièce.
Plus loin, un homme, très beau, très
noir, très répandu sur les boulevards, dans
les cercles, dans les journaux; et occupant
encore une situation politique, faisait des
mots avec une faconde exquisement mé-
ridionale. Trois écrivains, amis de l'auteur,
entretenaient sa verve par des rires appro-
bateurs. Ainsi s'efforçaient-ils de ne point
paraître émus ni impressionnés par l'œuvre
là, tout proche, et qui allait s'achever en
beauté.
Résolument, seul aujourd'hui, allant et
venant, les mains derrière le dos, le criti-
que-artiste se récitait tout bas des vers de
lui, les admirables vers de son œuvre pro-
chaine.
Dans le cabinet du directeur, le meilleur
ami et confrère de l'auteur lui conseillait
des changements, des coupures; s'affairait
pour un merveilleux petit travail de muti-
lation, qu'il interrompait ça et là par des
exclamations, bien entendu, enthousiastes
pour l'ensemble de l'œuvre, et l'effort
qu'elle avait demandé. Le directeur les
regardait tous deux d'un air féroce. Dans
la loge de la petite femme qui jouait « une
paysanne », s'attardait le frère cadet de l'é-
crivain. Sa maîtresse seule avec une amie
dans une baignoire; sa femme accompa-
gnée de ses enfants dans une loge, pen-
mitent sans doute à l'asservissement où
l'on doit tenir un génie que l'on inspire si
bien.
Ce soir-là j'emmenai un Malpy mécon-
tent de Paris.
Et la veille de son départ, néanmoins, il
voulut que je le conduisisse une dernière
fois au théâtre. On jouait une œuvrette
charmante de mon ami Robin Robinet. Ça
allait cahin caha, et un dernier acte, trop
lent, insuffisamment joué, faillit tout gâter.
En sortant, Malpy me dit :
— Qu'en penses-tu?
— Un succès.
- Mais la scène qui termine le deux?
— Un succès.
— Même le trois?
— Un succès.
— Ah! tu m'agaces, avec ton « Un suc-
cès! ». Qu'est-ce que ça veut dire?
— Ça veut dire, fis-je, que la marque de
mon ami Robin Robinet a la vogue.
— C'est-à-dire?
— C'est-à-dire qu'il n'y a pas à lutter.
D'ailleurs, pourquoi lutterait-on. Il a du
talent.
— Du talent, tu trouves.
— Oui, je trouve. Sinon du talent, au
moins de la santé. Du bonheur. De l'éner-
gie. De l'audace. De l'adresse. Des goûts
littéraires. Des souvenirs. Des regrets
aussi de ne pas faire, je ne dis pas mieux,
mais au contraire moins parfait. Avec ça
dix heures de travail joyeux chaque jour. II
est juste qu'il soit récompensé.
— Pourtant, ce soir?
— Ce soir est pour lui comme les au-
tres soirs. Quand une si fine barque dra-
matique a pris le courant, elle ne s'arrête
plus. Elle va, elle vient, elle tangue.
On croit qu'elle va sombrer. Mais non.
Elle reparaît un peu plus loin. un peu
plus haut.
— Pourtant, cette comédie-ci?
— Eh bien, quoi? Elle est moins par-
faite que la précédente; la suivante les dé-
passera toutes deux. L'important est qu'elle
soit de lui. qu'on la reconnaisse. qu'on
y retrouve, sinon les mêmes, mais au moins
des mots de la même espèce. et que des
personnages toujours frères de ceux de la
veille fassent au .public le petit signe qui
signifie « Nous sommes là! C'est nous en-
core. Ne changez pas et nous ne chan-
gerons pas non plus.
— Pourtant, les sujets sont différents.
Et puis, n'insiste pas. Tiens, écoute plu-
tôt cette vieille personne.
Une spectatrice âgée descendait avec
nous les marches du théâtre. Elle parlait
avec son mari. Elle disait ceci: « Oui,
tu as beau dire, mais il nous connaît si
bien. Il sait ce que nous voulons, ce que
nous venons chercher ici. Il nous le donne. »
Et, pour convaincre son compagnon qui
protestait, elle ajoutait péremptoire^ —
« D'ailleurs, c'est tellement agréable.
Il a toujours du succès!. »
Voilà, dis-je. Après cela, tu n'as plus
qu'à te taire.
Le lendemain matin, Malpy reprenait le
train pour sa province, un peu déçu peut-
être, mais infiniment plus Parisien qu'à son
arrivée.
Edmond SÊE.
Nous publierons demain un article de
I.-H. ROSNY
.0
Échos
B
a ba, B e be.
Mon Dieu ! oui, il paraît qu'une bon-
ne partie des enfants du corps de ballet de
l'Opéra ne sait pas lire. On en a vu qui, à
quinze ans, ne savent pas signer leur nom,
et je parle, entendez-le bien, des sujets du
sexe masculin et du sexe féminin.
Cela tient à ce que les heures de travail
à l'Opéra coïncident exactement avec les
heures de la primaire.
M. Briand, ministre de l'Instruction pu-
blique, s'est ému de cette situation, et bien-
tôt une institutrice officielle viendra appren-
dre à lire et à écrire à tous les gamins de la
danse.
B a ba, B e be.
Le comique économe.
A la première de Samson, un comé-
dien célèbre et réputé, un des plus comi-
ques, est assis à l'orchestre. Il suit le spec-
tacle avec attention. Soudain, la dame qui
l'accompagne lui demande le nom d'une des
artistes. Alors, il fouille dans sa poche et,
pour satisfaire sa voisine, il lui passe, en
guise de programme, la distribution de la
pièce soigneusement découpée dans. Co-
mœdia.
On est économe ou on ne l'est pas!
u
ne cure boulevard de Strasbourg.
Hier soir, au Théâtre-Antoine, une
dame, d'age respectable, se présente au
contrôle, demande un fauteuil, et confie à
la buraliste :
— C'est la quatrième fois que je viens
voir jouer Terre d'Epouvante.
— Ah! ah! fait la buraliste, visiblement
flattée.
— Oui, ajoute son interlocutrice, la fu-
mée du volcan fait du bien à mon asthme!
Et elle passe — sans un sourire.
La clinique GémierJ Enfoncé, le doc-
teur Deval.
A
ttila y passa-t-il?
En tous cas, elle ne s'y trouve plus,
cette herbe verte et forte dont Lomœdia
avait signalé la présence à deux reprises
dans la cour d'accès de l'Opéra, côté de la
rue Auber.
Nul végétal ne s'élance, à présent, des
fines bandes de terre courant entre les pa-
vés.
On a dû arracher les mauvaises herbes.
Si ce pouvait être symbolique!
D
.--
ara lex, sed lex. La 'Loïe est dure,
marsCest raT-me r Lâ..7 flambante ar-:
tiste du Théâtre des Arts n'avait-elle pas
imaginé d'accentuer l'horreur féerique de
la « tragédie de Salomé » en faisant mettre
à saint Jean une couronne lumineuse ac-
tionnée par un courant de 30.000 volts.
30.000 volts! Le prophète (M. tel. van-
lou) en frissonna..
— Est-ce que vous perdez la tête? dit-il
aux ingénieurs américains de Miss Fuller.
— Ce n'est pas dans notre rôle, répliquè-
rent-ils.
— Sans doute, c'est dans le mien: Aussi
- bien que je fusse un précurseur — il est
écrit que l'on m'a décapité, et non électro-
cuté.
Et Iokanaan, modeste, repoussa la cou-
ronne.
A
utre écho sur Salomé.
La tragédie battait son plein quand
soudain 1 un des projecteurs manqua son
effet. On vit alors la Loïe Fuller faire des
gestes désespérés, puis son émoi disparut
et elle dit simplement:
- Mon dernier coup il est parti !
La salle entière applaudit avec frénésie.
o
\.7-
ni trompe-t-on?
La tournée Polin Panachût, gen-
dârrne! porte sur ses amenés que la pièce
est-de MM. Paul Gavault et Mouëzy-Eon.
Or, l'affiche du Palais-Royal dit seulement:
Mouézy-Eon. :..
Le lever de rideau, aussi bien à Paris
que dans les départements, Monsieur l'Ad-
joint est signé de M. Paul Gavault.
Mystère et droits d'auteur!
L
1- ''J .t~w - ,-.
a scène à faire. -, -. - - -
Elle se passe dans un de nos théâ-
tres qui. dans un ae nos ineatres que.
l'ancien directeur va se retirer des affaires
et fait visiter les lieux à son successeur.
Quand je dis: les lieux, vous allez voir
que c'est le mot qu'il fallait employer, car
l'ancien directeur, qui venait d'affirmer qu'il
connaissait admirablement l'immeuble, ou-
vrit largement une porte en s'écriant: « Voi-
là le magasin des accessoires! »
Hélas! ce n'étaient que les W.-C.
A
la répétition générale de Samson, un
de nos confrères rencontre, dans les
couloirs bruyants et enthousiastes, une
jeune pensionnaire d'un de nos théâtres
subventionnés, qui lui fit autrefois le meil-
leur accueil, à l'occasion d'une mission pro-
fessionnelle, mais qui, depuis, s'est totale-
ment dérobée à ses promesses d'entrevue.
- Vous n'êtes plus venue? interroge no-
tre confrère. Pourquoi?
— Je n'ai pas eu le temps - répond l'ac-
trice, un peu distraite.
— Vous auriez pu au moins m'éviter un
dérangement, me prévenir?
— Je n'avais plus votre adresse.
Et, avec un immense mépris dans la
voix:
— Vous n'êtes pas sur le Bottin -, Mon-
dain ! 1 •
L
e Comptoir International, 44, Chaussée-
d'Antin. achète le plus cher de tout
Paris-les beaux.bijoux ainsi que lès bijoux
démodés, et paie les reconnaissances 100
pour 100 et plus. Ne vendez aucun bijou
sans le lui soumettre.
NOUVELLE A LA MAIN
A
Bordeaux, au Café de la Comédie.
Ils causent:
— Tu sais, le fameux Mourroy.
— Oui, eh bien ! Pourquoi donc ne chan-
te-t-il plus?
— Il paraît qu'il ne peut plus: il a cent
mille francs dans le gosier.
Le Masque de Verre.
Parlez au Concierge
Exploits lyriques. *** Comœdia nage dans le bleu.
M.Gourron réclame 100,000 francs à la presse
Est-ce bien là pour elle le seul moyen
d'encourager les arts Comoedia
ne le pense pas.
Et les feuilles, bleues continuent d'af-
fluer à Comœdia ; chaque rédacteur en
apporte de nouvelles. Si cela continue, M.
Gourron aura un tirage supérieur à celui
de Comœdia.
Du reste, ces feuilles apurées sont du
plus bel effet; on se croirait transporté sur
la Riviera, entre Nice et Monte-Carlo, et
nous devons à l'obligeance de M. Alvarez,
sans aucun dérangement, un véritable pe-
tit voyage dans le Midi. Il n'y a que l'ac-
cent oui manque pour nous faire une illu-
sion comvlète et cela, évidemment, le pa-
pier le plus bleu, fût-il de Menton, ne sau-
rait nous le donner.
Pour chacun de nous, cette fantaisie de-
vient tout simplement amusante. Malheu-
reusement, à un point de vue plus général,
je n'en dirai pas autant.
Il faut tien reconnaître, en effet, qu'une
telle façon d'agir de la part d'un artiste
est véritablement inquiétante et des plus
décevantes.
Déjà, depuis plusieurs années, la criti-
que littéraire, si belle et si courageuse de
jadis, s'en est allée, transformée en sim-
ples communiqués intercalés dans les jour-
naux entre deux placards de publicité, et
l'on ne sait plus aujourd'hui, quand on lit
l'annonce d'un nouveau livre, s'il s'agit
d'une pâte pour eczéma, d'un roman ou de
tartines au beurre. Une seule chose se
maintenait encore — un tout petit peu seu-
lement, je le sais, mais se maintenait —
c'était la critique théâtrale. Cela suffisait,
du reste, pour que nos théâtres aient continué
à prospérer, tandis que la librairie com-
mençait à entrer en pleine période de déca-
dence.
A Comœdia, nous avons pensé qu'il était
encore temps de reprendre les traditions
anciennes, de sauver le théâtre de sa com-
mercialisation prochaine et de faire renaî-
tre, à son profit, les luttes purement
littéraires d'autrefois, dans toute leur im-
partialité, dans toute leur violence même,
ainsi que doit être toute lutte littéraire,
c'est-à-dire au fond très fraternelle.
En réponse aux critiques absolument
libres de M. Torchet, quelle joie nous au-
rions éprouvée, en recevant une belle lettre
de M. Alvarez, nous vrouvant, avec l'appui
de quelque maître, que le critique de
Comœdia avait tort! Avec quelle joie nous
aurions inséré sa lettre, surtout si cette
lettre avait fait preuve, à notre endroit, de
cette violence, parfois même de cette par-
tialité, propre aux artistes et qui signale
toute belle lutte d'opinions.
A la place de cela, nous ne trouvons plus
qu'un huissier, qu'un M. Gourron qui parle
à la concietge!
Je suis persuadé que tous les véritables
artistes, qui savent avec quelle impartialité,
avec quelle résolution nous accueillons
toutes les opinions et toutes les critiques,
qu'elles soient ou non en contradiction avec
nos propres idées, comprendront notre dé-
ception littéraire.
Aussi bien cette déception ne nous dé-
courage-t-elle pas. Elle nous incite seule-
ment à demander à tous les artistes de
prendre d'avance très nettement parti. Nous
n'avons point l'intention ici de taire du
commerce et de nous éterniser dans des
procédures inutiles. S'il est, dans le Monde
des Arts, quelqu'un qui soit de l'opinion de
M. Gourron, qu'il nous l'écrive franche-
ment; résolument nous renoncerons à parler
de lui en aucune manière et à tout jamais.
Nous ne nous occupons pas d'intérêts com-
merciaux, mais de questions artistiques.
Ceux, au contraire, qui viendront nous
trouver, comme beaucoup sont déjà venus
le taire, directeurs de théâtre ou inter-
prètes et qui nous diront : « Je vous ouvre
très larges toutes les portes de ma salle,
critiquez, conseillez, faites tout ce que vous
voudrez, ie sais Que vous luttez avec nous
pour le bon combat et je. ne m'en forma-
liserai pas. » Avec ceux-là, nous conti-
nuerons à marcher de tout cœur et en
toute camaraderie. Il est nécessaire, dès
maintenant, de mettre les choses au point
pour poursuivre notre oeuvre avec la lar-
geur d'idées que nous lui souhaitons; il
faut que nous sachions quels sont nos
compagnons de route et quels sont ceux
qui désirent se cantonner sur le terrain des
paires; que nous sachions d'avance quels
sont ceux qui entendent s'adresser au coeur
du public et quels sont ceux qui préfèrent
parler au concierge!
G. DE PAWLOWSKI.
Pour l'Habit de Couleur
Pour remplacer celle de l'habit noir, officiel et triste, M. Pierre Mortier
voudrait faire renaître l'ancienne mode de l'habit de couleur
A bas l'habit noir! gardons-le pour les
enterrements ou pour les cérémonies offi-
cielles, supportons-le dans les mariages
pauvres, mais qu'il soit bien entendu
qu'il a fini son temps, qu'il est désuet,
démodé et plus du tout élégant!.
Déjà, au gilet blanc qui l'accompagnait
tristement, on a substitué le gilet de cou-
leur; profitons de cette belle énergie et
supprimons l'habit noir.
Aux premières, dans les soirées, alors
que les robes des dames offrent à nos
yeux ravis tous les tons de la palette,
leur faisant repoussoir, l'habit, l'affreux
habit reste immuable, perpétuel, comme
s'il portait le deuil de lous nos espoirs
déçus.
A la répétition générale de Samson, un
Parisien sympathique et renommé eut la
jolie audace de se montrer en habit mar-
ron. Nul n'en fut choqué. On trouva
du meilleur goût cette mode sinon nou-
velle, du moins renouvelée. On en parla
trois jours, les uns avec l'admiration que
l'on doit aux initiatives, les autres avec
l'ironie que l'on porte aux excentricités,
et puis il fut question d'autre chose. Le
lendemain, comme s'il regrettait déjà son
audace de la veille, M. Henry Berns-
tein, car c'était lui, avait repris la tradi-
tionnelle livrée des gens du monde.
Il serait pourtant original et avisé
d'étendre l'exemple que l'auteur de
Samson nous a donné avec un peu de
timidité. Au lieu de cette couleur noire
impitoyable, de ce deuil à perpétuité,
pourquoi ne pas ressusciter les tons
bleu de roi, aubergine, gris, marron,
rouge chaudron ou vert bouteille?
Il faudrait sans doute un peu d'inven-
tion, un peu de goût, même un peu de
fantaisie. Il conviendrait de ne pas choi-
sir des tons criards ou trop voyants; il
y aurait peut-être des excès, des erreurs,
mais de tous temps, il y eut des gens mal
habillés, et la couleur de leur costume
n'y fut pour rien.
Si, des hommes réputés pour leur élé-'
gance et pour leur goût, tels que MM.
Edmond Rostand, Paul Bourget, Paul
Deschanel, Jean de Mittv, Marcel Bou-
lenger, Porel, Paul Escudier, Boni de
Castellane, Pierre Wolff, Francis de
Croisset, Boutet de Monvel; si des ar-
tistes comme MM. Guitry, Le Bargy ou
Grand voulaient se mettre à la tête du
mouvement, de la croisade que Co-
mœdia entreprend, en quelques semai-
nes la mode serait lancée, l'habitude se-
rait prise et ce serait toujours autant de
gagné sur la banalité et sur la monotonie
de notre temps.
PIERRE MORTIER.
THÉÂTRE DES ARTS
La Tragédie de Salomé,
drame muet en deux actes et sept tableaux,
de M. Robert d'Humières,
musique de M. Florent Schmitt.
Le Dernier Troubadour,
comédie en deux actes,
de MM. Maurice Soulié et Jean Thorel
Sensationnel Article,
comédie en un acte,
de MM. G. Casella et A. de Fouquières"
Le spectacle coupé du Théâtrç des
Arts est long et copieux.
D'abord, une pièce hybride, à la fois
vaudeville et drame, Sensationnel Ar-
ticle, de MM. Casella et André de Fou-
quières. Cet acte est par moments fantai-
siste et. farce, par moments réaliste et
truculent, de telle sorte qu'on a envie
de rire aux situations terribles et que les
LA LOIE FULLER
dans le vestibule du Théâtre
des Arts.
LA LOIE FULLER
dans La Tragédie de Salomé
situations gaies ne dérident pas le spec-
tateur déconcerté.
Le sénateur de Morne reçoit la visite
de son neveu Jacques Vinart, forçat li-
béré. Jacques, qui a reçu pas mal d ar-
gent de son oncle, a encore besoin d'une
somme pour vivre. Le sénateur va lui
compter vingt-cinq mille francs (oh ! que
voilà un sénateur et onple généreux !)
pour se débarrasser de lui. Jacques Vi-
nart met- sous le nez de son oncle un
mouchoir, imbibé .de chloroforme et dé-
valise le coffre-fort. Il va s'en aller,
quand arrive le célèbre reporter Christ-
mass venu interviewer le sénateur. Il
prend Jacques pour le sénateur et Jac-
ques lui conte naïvement toute sa vie
d'escarpe que Christmass trouve plai-
sante et dont il va faire un sensationnel
article.
Mais le bandit se sauve, le sénateur
chloroformé se réveille, un agent a été
appelé et Christmass est pris pour le
voleur et l'assassin.
Je me suis laissé dire que la pièce ne
s'arrêtait pas là. Mais comme, à la répé-
tition générale, le rideau est tombé à ce
moment précis, je n'en sais pas plus
long. J'espère qu'à la première repré-
sentation, où je n'étais pas invité, le ri-
deau aura été moins pressé et que le
dénouement aura modifié l'impression
de banalité que m'a laissé cet acte à la
suite de la répétition générale.
M. Gorde, qui modifie et encanaillé
sciemment sa belle voix de basse, joue
avec désinvolture le rôle de Jacques
Vinart. M. Bouchez grimace le rôle
de Christmass. M. Desplanques, dans
le rôle du sénateur, a perdu à
la fois connaissance et sa perruque;
c'était un effet auquel les auteurs
ne s'attendaient pas. M. Darbel ap-
paraît sous la tunique de l'agent, et
Mlle Fosca sous le tablier de la femme
de chambre.
Le Dernier troubadour est un simple
vaudeville qui s'affuble du nom de co-
médie. C'est un vaudeville doux et non
sans agrément.
Les deux auteurs, MM. Maurice Sou-
lié et Jean Thorel, exploitent en deux ac-
tes, une situation qui, d'habitude, ne
forme qu'un épisode de vaudeville : la
substitution de personnes.
L'œuvre vaut par le mérite littéraire
et par l'époque où elle est située: nous
sommes, en effet, sous Charles X et
*■
Dimanche 10 Novembre 1907.
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Presse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 8 MOIS
arlS et Départements 24 fr. 12 fr.
tranSer 40 » 20 »
1
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Adresse Télégraphique : COMŒDlA=PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Éttanger 40 » 20 a
Les trois
succès
J'ai Un ami qui répond au nom d'André
Malpy. Ne cherchez pas, il n'appartient pas
eu Monde des théâtres. Ce qui ne veut pas
tfire qur. s'en désintéresse. Loin de là !
J'aime ce vieux camarade.
Il est venu rarefnent à Paris ; mais cha-
cun de ses v°ya§es a été pour moi la source
de mille Petites satisfactions, où là vanité a
pris sa part ; et aussi de mille obligations
auxquelles j'ai dû m'astreindre. C'est ainsi
qu'il m' es a* dû m'astreindre. C'est ainsi
contraint de le présenter à toutes
les Pa Ihtés du monde dramatique; et qu'il
me PardOnn ait difficilement de ne-l'avoir
ne fait encore assister à une répétition gé-
nérale. Son rêve persistant et qui le tour-
mentait nas dans son exil.
J'ai accédé à son désir. Aujourd'hui,
nos sortons de notre troisième répétition
général.. TrOIS en moins d'une semaine!
Mon pauvre ami est comme fou; fou de
bonheur Le fait est qu'il me doit beau-
coup.
au r^er soir, nous nous sommes ren-
dus au. Non. Enfin, un grand théâtre, sur
le boulevard. Nous avions deux (( balcon ».
A neuf heures, salle pleine. Un Malpy un
peu fébrile, qui me désignait des gens, se
trompait, ne voulait pas en convenir.
Le premier acte, charmant! Un peu hési-
tant, m ais charmant! Nul, entr'acte entre le
trois Co et le troisième; on re-frappait les
trois coups.
Moins bon, le second, mais intéressant
encore : De l'observation, des traits; des ef-
forts vers la grandeur. Un peu d'obscurité.
Deux rappels et demi.
Je dis : demi. à cause du parapluie
de la m ere de l'auteur qui, placée, cette
vieille dame, au fond d'une baignoire, avec
deux autres dames, menait un ban sournois
et enragé.
Nous 'Ous levâmes.
— pu bien! fit Malpy, un succès?.
Qu'en penses-tu? Une bonne pièce?
Je re *1^ — une bonne première pièce.
AL
c'est la.
— Comment ! Tu *ne t'en étais pas
aperçu !
— Ma foi !
— l' bien! regarde. vois. écoute.
juge. Tu Vas être rapidement fixé.
Devant nous, venaient deux hommes vê-
tus de no À* et « qui ne se ressemblaient pas
comme deux frères *K Le premiëc, petit,
malicieux, griS-barbu, court sur pattes, per-
du dans une jaquette aux allures de redin-
gote, le regard voilé derrière son binocle,
parlait d'une voix un peu sourde.
Il était je le nommai à Malpy - un
critique sinon important, du moins écou-
te. président de de. Son interlocuteur.
pas grand non plus, mais moustachu, le
considérait avec des yeux déférents et de
forme COniqu
Ces et eux hommes s'entretenaient de la
pièce et de son auteur. Le plus âgé, le
barbu, disait : « Le connaissez-vous? »
L'autre , après avoir cherché dans ses
siouvenirs, répondait:
— Attendez donc, attendez donc. Est-ce
que ce n'est pas le fils de cette femme qui
avait été la maîtresse de. et dont le
père.
Un qui Passait, un auteur, les rensei-
-, vous Parlez de l'auteur?. Vous n'a-
vez donc Pas lu son livre?
— Son livre!. Il est bien?.
Non
— aUtêur s'éloigna, ayant fait son de-
voir.
La porte d'une loge s'ouvrit non sans
viol Ince. P-n sortit le critique-artiste. Il fut
sur le champ entouré de cinq jeunes gens
très jeunes, fleuris de deux dames, sœurs
peut-être ou mieux encore, qui se te-
naient par la taille et jouaient la comédie,
ailleurs ; de Passants, d'inconnus qui le con-
naissaient bien et qui obtenaient facilement
d'être pris a parti. Le poète proclama:
« C'est un grand chef-d 'œuvre!»
Quelques Personnes se retournèrent éton-
nées. D'autres renforcèrent le groupe des
«adulauditeurs ». De ce nombre étaient
les deux critiques moyens de tout à l'heure;
gênés de leur indépendance. Je voulus m'ar-
rêter aussi mais Malpy m'entraînait vers la
scène.
En %sant devant la baignoire directo-
~, noudd aPerçumes la femme du patron.
Très belle très grande. très brune. Elle
les honneurs de sa loge à trois da-
mes. Elle parler de l'auteur, et expli-
quer les raisons oui l'avaient fait et expli-
car elle disait: « Sa sœur est si char-
mante ! »
Sur la scène, l'auteur lui-même, un peu
pâle, n't à tout venant un: Ça va. ça
va. le p Inal; et n'écoutait pas les répon-
ses. r,e "atron s'approcha, reçut, lui aussi,
3 v» i Plus inquiet encore, mais ré-
( ,'" v- n ^'«"itez-moi ça mieux que
fe Prk ! > adressé à un machiniste.
, '*it y !c ''r la prochaine pièce
b "ûe ;:;-n,iions-
A'
Sik ns"ie ! ^alpy, l'heureux dé-
-,' t; (( S)t;i 8 théâtre. ,
~e toute, un succès. »
.ju' répondais oui énergique-
r?> q ton, ùnaCi,ar^' Je critique-artiste pas-
•hçf v-»r,-cor.i ascendre à féliciter
!'jî v oroclamé sa pièce un
r ¡ ^meno t ma réponse et me
h reSard ï')~.:\—
t
~r;~,
Sr Ut1 all{' ! à la même heure,
f i' K'"-' - sez éloigné du pre-
'U ttition générale de
e M U .ll '0
c,Hen , k en quatre actes,
!?vre f fer- ue ■ s. La Nourricière,
e f" r
.t V vttt C :e ir qui nous vivons,
.v's aE>r^ e ■ !-e rideau se releva
rne acte.
,l ne 'ne acte. conges-
v angement conges-
J répéter: « Quelle
œuvre. Cette fois, je pense que c'est le
triomphe ! » Et comme je me taisais :
— Quoi, ce n'est pas un triomphe?:..
- Hé! lui dis-je, qui peut l'affirmer?
- Pourtant. Cette salle.
- Cette salle. Attends seulement qu'èlle
ait eu le temps de se ressaisir. de réflé-
chir. de se rappeler. cette salle!.
— Se rappeler?
— Oui, qu'Henry de Banyuls n'est pas
un des leurs d'abord; qu'il n'appartient ni
au boulevard ni à la presse. qu'il dédai-
gne ces gens assemblés en ce jour pour
le juger, et qu'il n'a jamais reconnus pour
ses juges. Ces gens qui n'ont ni son ta-
lent, ni sa fortune, ni son insupportable pro-
bité littéraire. Ces gens qui se sentent,
sinon matés, du moins intimidés par un
esprit si différent du leur, ses allures
distantes, et qui vont rudement le lui faire
sentir — demain.
* - Comment?
- iens, anons écouter.
Dans les couloirs, on respirait difficile-
ment. Pressés les uns contre les autres, des
messieurs avançaient à petits pas vers l'es-
calier qui menait à la sortie, au café du
théâtre. Ils avaient l'air maussades, sou-
cieux. Peu de paroles échangées; des:
« Venez-vous boire? » ou des: « Je dois
aller chercher ma femme qui part avant la
fin ! » Sur une banquette, deux critiques
discutaient avec animation. Ils ne parlaient
pas de la pièce.
Plus loin, un homme, très beau, très
noir, très répandu sur les boulevards, dans
les cercles, dans les journaux; et occupant
encore une situation politique, faisait des
mots avec une faconde exquisement mé-
ridionale. Trois écrivains, amis de l'auteur,
entretenaient sa verve par des rires appro-
bateurs. Ainsi s'efforçaient-ils de ne point
paraître émus ni impressionnés par l'œuvre
là, tout proche, et qui allait s'achever en
beauté.
Résolument, seul aujourd'hui, allant et
venant, les mains derrière le dos, le criti-
que-artiste se récitait tout bas des vers de
lui, les admirables vers de son œuvre pro-
chaine.
Dans le cabinet du directeur, le meilleur
ami et confrère de l'auteur lui conseillait
des changements, des coupures; s'affairait
pour un merveilleux petit travail de muti-
lation, qu'il interrompait ça et là par des
exclamations, bien entendu, enthousiastes
pour l'ensemble de l'œuvre, et l'effort
qu'elle avait demandé. Le directeur les
regardait tous deux d'un air féroce. Dans
la loge de la petite femme qui jouait « une
paysanne », s'attardait le frère cadet de l'é-
crivain. Sa maîtresse seule avec une amie
dans une baignoire; sa femme accompa-
gnée de ses enfants dans une loge, pen-
mitent sans doute à l'asservissement où
l'on doit tenir un génie que l'on inspire si
bien.
Ce soir-là j'emmenai un Malpy mécon-
tent de Paris.
Et la veille de son départ, néanmoins, il
voulut que je le conduisisse une dernière
fois au théâtre. On jouait une œuvrette
charmante de mon ami Robin Robinet. Ça
allait cahin caha, et un dernier acte, trop
lent, insuffisamment joué, faillit tout gâter.
En sortant, Malpy me dit :
— Qu'en penses-tu?
— Un succès.
- Mais la scène qui termine le deux?
— Un succès.
— Même le trois?
— Un succès.
— Ah! tu m'agaces, avec ton « Un suc-
cès! ». Qu'est-ce que ça veut dire?
— Ça veut dire, fis-je, que la marque de
mon ami Robin Robinet a la vogue.
— C'est-à-dire?
— C'est-à-dire qu'il n'y a pas à lutter.
D'ailleurs, pourquoi lutterait-on. Il a du
talent.
— Du talent, tu trouves.
— Oui, je trouve. Sinon du talent, au
moins de la santé. Du bonheur. De l'éner-
gie. De l'audace. De l'adresse. Des goûts
littéraires. Des souvenirs. Des regrets
aussi de ne pas faire, je ne dis pas mieux,
mais au contraire moins parfait. Avec ça
dix heures de travail joyeux chaque jour. II
est juste qu'il soit récompensé.
— Pourtant, ce soir?
— Ce soir est pour lui comme les au-
tres soirs. Quand une si fine barque dra-
matique a pris le courant, elle ne s'arrête
plus. Elle va, elle vient, elle tangue.
On croit qu'elle va sombrer. Mais non.
Elle reparaît un peu plus loin. un peu
plus haut.
— Pourtant, cette comédie-ci?
— Eh bien, quoi? Elle est moins par-
faite que la précédente; la suivante les dé-
passera toutes deux. L'important est qu'elle
soit de lui. qu'on la reconnaisse. qu'on
y retrouve, sinon les mêmes, mais au moins
des mots de la même espèce. et que des
personnages toujours frères de ceux de la
veille fassent au .public le petit signe qui
signifie « Nous sommes là! C'est nous en-
core. Ne changez pas et nous ne chan-
gerons pas non plus.
— Pourtant, les sujets sont différents.
Et puis, n'insiste pas. Tiens, écoute plu-
tôt cette vieille personne.
Une spectatrice âgée descendait avec
nous les marches du théâtre. Elle parlait
avec son mari. Elle disait ceci: « Oui,
tu as beau dire, mais il nous connaît si
bien. Il sait ce que nous voulons, ce que
nous venons chercher ici. Il nous le donne. »
Et, pour convaincre son compagnon qui
protestait, elle ajoutait péremptoire^ —
« D'ailleurs, c'est tellement agréable.
Il a toujours du succès!. »
Voilà, dis-je. Après cela, tu n'as plus
qu'à te taire.
Le lendemain matin, Malpy reprenait le
train pour sa province, un peu déçu peut-
être, mais infiniment plus Parisien qu'à son
arrivée.
Edmond SÊE.
Nous publierons demain un article de
I.-H. ROSNY
.0
Échos
B
a ba, B e be.
Mon Dieu ! oui, il paraît qu'une bon-
ne partie des enfants du corps de ballet de
l'Opéra ne sait pas lire. On en a vu qui, à
quinze ans, ne savent pas signer leur nom,
et je parle, entendez-le bien, des sujets du
sexe masculin et du sexe féminin.
Cela tient à ce que les heures de travail
à l'Opéra coïncident exactement avec les
heures de la primaire.
M. Briand, ministre de l'Instruction pu-
blique, s'est ému de cette situation, et bien-
tôt une institutrice officielle viendra appren-
dre à lire et à écrire à tous les gamins de la
danse.
B a ba, B e be.
Le comique économe.
A la première de Samson, un comé-
dien célèbre et réputé, un des plus comi-
ques, est assis à l'orchestre. Il suit le spec-
tacle avec attention. Soudain, la dame qui
l'accompagne lui demande le nom d'une des
artistes. Alors, il fouille dans sa poche et,
pour satisfaire sa voisine, il lui passe, en
guise de programme, la distribution de la
pièce soigneusement découpée dans. Co-
mœdia.
On est économe ou on ne l'est pas!
u
ne cure boulevard de Strasbourg.
Hier soir, au Théâtre-Antoine, une
dame, d'age respectable, se présente au
contrôle, demande un fauteuil, et confie à
la buraliste :
— C'est la quatrième fois que je viens
voir jouer Terre d'Epouvante.
— Ah! ah! fait la buraliste, visiblement
flattée.
— Oui, ajoute son interlocutrice, la fu-
mée du volcan fait du bien à mon asthme!
Et elle passe — sans un sourire.
La clinique GémierJ Enfoncé, le doc-
teur Deval.
A
ttila y passa-t-il?
En tous cas, elle ne s'y trouve plus,
cette herbe verte et forte dont Lomœdia
avait signalé la présence à deux reprises
dans la cour d'accès de l'Opéra, côté de la
rue Auber.
Nul végétal ne s'élance, à présent, des
fines bandes de terre courant entre les pa-
vés.
On a dû arracher les mauvaises herbes.
Si ce pouvait être symbolique!
D
.--
ara lex, sed lex. La 'Loïe est dure,
marsCest raT-me r Lâ..7 flambante ar-:
tiste du Théâtre des Arts n'avait-elle pas
imaginé d'accentuer l'horreur féerique de
la « tragédie de Salomé » en faisant mettre
à saint Jean une couronne lumineuse ac-
tionnée par un courant de 30.000 volts.
30.000 volts! Le prophète (M. tel. van-
lou) en frissonna..
— Est-ce que vous perdez la tête? dit-il
aux ingénieurs américains de Miss Fuller.
— Ce n'est pas dans notre rôle, répliquè-
rent-ils.
— Sans doute, c'est dans le mien: Aussi
- bien que je fusse un précurseur — il est
écrit que l'on m'a décapité, et non électro-
cuté.
Et Iokanaan, modeste, repoussa la cou-
ronne.
A
utre écho sur Salomé.
La tragédie battait son plein quand
soudain 1 un des projecteurs manqua son
effet. On vit alors la Loïe Fuller faire des
gestes désespérés, puis son émoi disparut
et elle dit simplement:
- Mon dernier coup il est parti !
La salle entière applaudit avec frénésie.
o
\.7-
ni trompe-t-on?
La tournée Polin Panachût, gen-
dârrne! porte sur ses amenés que la pièce
est-de MM. Paul Gavault et Mouëzy-Eon.
Or, l'affiche du Palais-Royal dit seulement:
Mouézy-Eon. :..
Le lever de rideau, aussi bien à Paris
que dans les départements, Monsieur l'Ad-
joint est signé de M. Paul Gavault.
Mystère et droits d'auteur!
L
1- ''J .t~w - ,-.
a scène à faire. -, -. - - -
Elle se passe dans un de nos théâ-
tres qui. dans un ae nos ineatres que.
l'ancien directeur va se retirer des affaires
et fait visiter les lieux à son successeur.
Quand je dis: les lieux, vous allez voir
que c'est le mot qu'il fallait employer, car
l'ancien directeur, qui venait d'affirmer qu'il
connaissait admirablement l'immeuble, ou-
vrit largement une porte en s'écriant: « Voi-
là le magasin des accessoires! »
Hélas! ce n'étaient que les W.-C.
A
la répétition générale de Samson, un
de nos confrères rencontre, dans les
couloirs bruyants et enthousiastes, une
jeune pensionnaire d'un de nos théâtres
subventionnés, qui lui fit autrefois le meil-
leur accueil, à l'occasion d'une mission pro-
fessionnelle, mais qui, depuis, s'est totale-
ment dérobée à ses promesses d'entrevue.
- Vous n'êtes plus venue? interroge no-
tre confrère. Pourquoi?
— Je n'ai pas eu le temps - répond l'ac-
trice, un peu distraite.
— Vous auriez pu au moins m'éviter un
dérangement, me prévenir?
— Je n'avais plus votre adresse.
Et, avec un immense mépris dans la
voix:
— Vous n'êtes pas sur le Bottin -, Mon-
dain ! 1 •
L
e Comptoir International, 44, Chaussée-
d'Antin. achète le plus cher de tout
Paris-les beaux.bijoux ainsi que lès bijoux
démodés, et paie les reconnaissances 100
pour 100 et plus. Ne vendez aucun bijou
sans le lui soumettre.
NOUVELLE A LA MAIN
A
Bordeaux, au Café de la Comédie.
Ils causent:
— Tu sais, le fameux Mourroy.
— Oui, eh bien ! Pourquoi donc ne chan-
te-t-il plus?
— Il paraît qu'il ne peut plus: il a cent
mille francs dans le gosier.
Le Masque de Verre.
Parlez au Concierge
Exploits lyriques. *** Comœdia nage dans le bleu.
M.Gourron réclame 100,000 francs à la presse
Est-ce bien là pour elle le seul moyen
d'encourager les arts Comoedia
ne le pense pas.
Et les feuilles, bleues continuent d'af-
fluer à Comœdia ; chaque rédacteur en
apporte de nouvelles. Si cela continue, M.
Gourron aura un tirage supérieur à celui
de Comœdia.
Du reste, ces feuilles apurées sont du
plus bel effet; on se croirait transporté sur
la Riviera, entre Nice et Monte-Carlo, et
nous devons à l'obligeance de M. Alvarez,
sans aucun dérangement, un véritable pe-
tit voyage dans le Midi. Il n'y a que l'ac-
cent oui manque pour nous faire une illu-
sion comvlète et cela, évidemment, le pa-
pier le plus bleu, fût-il de Menton, ne sau-
rait nous le donner.
Pour chacun de nous, cette fantaisie de-
vient tout simplement amusante. Malheu-
reusement, à un point de vue plus général,
je n'en dirai pas autant.
Il faut tien reconnaître, en effet, qu'une
telle façon d'agir de la part d'un artiste
est véritablement inquiétante et des plus
décevantes.
Déjà, depuis plusieurs années, la criti-
que littéraire, si belle et si courageuse de
jadis, s'en est allée, transformée en sim-
ples communiqués intercalés dans les jour-
naux entre deux placards de publicité, et
l'on ne sait plus aujourd'hui, quand on lit
l'annonce d'un nouveau livre, s'il s'agit
d'une pâte pour eczéma, d'un roman ou de
tartines au beurre. Une seule chose se
maintenait encore — un tout petit peu seu-
lement, je le sais, mais se maintenait —
c'était la critique théâtrale. Cela suffisait,
du reste, pour que nos théâtres aient continué
à prospérer, tandis que la librairie com-
mençait à entrer en pleine période de déca-
dence.
A Comœdia, nous avons pensé qu'il était
encore temps de reprendre les traditions
anciennes, de sauver le théâtre de sa com-
mercialisation prochaine et de faire renaî-
tre, à son profit, les luttes purement
littéraires d'autrefois, dans toute leur im-
partialité, dans toute leur violence même,
ainsi que doit être toute lutte littéraire,
c'est-à-dire au fond très fraternelle.
En réponse aux critiques absolument
libres de M. Torchet, quelle joie nous au-
rions éprouvée, en recevant une belle lettre
de M. Alvarez, nous vrouvant, avec l'appui
de quelque maître, que le critique de
Comœdia avait tort! Avec quelle joie nous
aurions inséré sa lettre, surtout si cette
lettre avait fait preuve, à notre endroit, de
cette violence, parfois même de cette par-
tialité, propre aux artistes et qui signale
toute belle lutte d'opinions.
A la place de cela, nous ne trouvons plus
qu'un huissier, qu'un M. Gourron qui parle
à la concietge!
Je suis persuadé que tous les véritables
artistes, qui savent avec quelle impartialité,
avec quelle résolution nous accueillons
toutes les opinions et toutes les critiques,
qu'elles soient ou non en contradiction avec
nos propres idées, comprendront notre dé-
ception littéraire.
Aussi bien cette déception ne nous dé-
courage-t-elle pas. Elle nous incite seule-
ment à demander à tous les artistes de
prendre d'avance très nettement parti. Nous
n'avons point l'intention ici de taire du
commerce et de nous éterniser dans des
procédures inutiles. S'il est, dans le Monde
des Arts, quelqu'un qui soit de l'opinion de
M. Gourron, qu'il nous l'écrive franche-
ment; résolument nous renoncerons à parler
de lui en aucune manière et à tout jamais.
Nous ne nous occupons pas d'intérêts com-
merciaux, mais de questions artistiques.
Ceux, au contraire, qui viendront nous
trouver, comme beaucoup sont déjà venus
le taire, directeurs de théâtre ou inter-
prètes et qui nous diront : « Je vous ouvre
très larges toutes les portes de ma salle,
critiquez, conseillez, faites tout ce que vous
voudrez, ie sais Que vous luttez avec nous
pour le bon combat et je. ne m'en forma-
liserai pas. » Avec ceux-là, nous conti-
nuerons à marcher de tout cœur et en
toute camaraderie. Il est nécessaire, dès
maintenant, de mettre les choses au point
pour poursuivre notre oeuvre avec la lar-
geur d'idées que nous lui souhaitons; il
faut que nous sachions quels sont nos
compagnons de route et quels sont ceux
qui désirent se cantonner sur le terrain des
paires; que nous sachions d'avance quels
sont ceux qui entendent s'adresser au coeur
du public et quels sont ceux qui préfèrent
parler au concierge!
G. DE PAWLOWSKI.
Pour l'Habit de Couleur
Pour remplacer celle de l'habit noir, officiel et triste, M. Pierre Mortier
voudrait faire renaître l'ancienne mode de l'habit de couleur
A bas l'habit noir! gardons-le pour les
enterrements ou pour les cérémonies offi-
cielles, supportons-le dans les mariages
pauvres, mais qu'il soit bien entendu
qu'il a fini son temps, qu'il est désuet,
démodé et plus du tout élégant!.
Déjà, au gilet blanc qui l'accompagnait
tristement, on a substitué le gilet de cou-
leur; profitons de cette belle énergie et
supprimons l'habit noir.
Aux premières, dans les soirées, alors
que les robes des dames offrent à nos
yeux ravis tous les tons de la palette,
leur faisant repoussoir, l'habit, l'affreux
habit reste immuable, perpétuel, comme
s'il portait le deuil de lous nos espoirs
déçus.
A la répétition générale de Samson, un
Parisien sympathique et renommé eut la
jolie audace de se montrer en habit mar-
ron. Nul n'en fut choqué. On trouva
du meilleur goût cette mode sinon nou-
velle, du moins renouvelée. On en parla
trois jours, les uns avec l'admiration que
l'on doit aux initiatives, les autres avec
l'ironie que l'on porte aux excentricités,
et puis il fut question d'autre chose. Le
lendemain, comme s'il regrettait déjà son
audace de la veille, M. Henry Berns-
tein, car c'était lui, avait repris la tradi-
tionnelle livrée des gens du monde.
Il serait pourtant original et avisé
d'étendre l'exemple que l'auteur de
Samson nous a donné avec un peu de
timidité. Au lieu de cette couleur noire
impitoyable, de ce deuil à perpétuité,
pourquoi ne pas ressusciter les tons
bleu de roi, aubergine, gris, marron,
rouge chaudron ou vert bouteille?
Il faudrait sans doute un peu d'inven-
tion, un peu de goût, même un peu de
fantaisie. Il conviendrait de ne pas choi-
sir des tons criards ou trop voyants; il
y aurait peut-être des excès, des erreurs,
mais de tous temps, il y eut des gens mal
habillés, et la couleur de leur costume
n'y fut pour rien.
Si, des hommes réputés pour leur élé-'
gance et pour leur goût, tels que MM.
Edmond Rostand, Paul Bourget, Paul
Deschanel, Jean de Mittv, Marcel Bou-
lenger, Porel, Paul Escudier, Boni de
Castellane, Pierre Wolff, Francis de
Croisset, Boutet de Monvel; si des ar-
tistes comme MM. Guitry, Le Bargy ou
Grand voulaient se mettre à la tête du
mouvement, de la croisade que Co-
mœdia entreprend, en quelques semai-
nes la mode serait lancée, l'habitude se-
rait prise et ce serait toujours autant de
gagné sur la banalité et sur la monotonie
de notre temps.
PIERRE MORTIER.
THÉÂTRE DES ARTS
La Tragédie de Salomé,
drame muet en deux actes et sept tableaux,
de M. Robert d'Humières,
musique de M. Florent Schmitt.
Le Dernier Troubadour,
comédie en deux actes,
de MM. Maurice Soulié et Jean Thorel
Sensationnel Article,
comédie en un acte,
de MM. G. Casella et A. de Fouquières"
Le spectacle coupé du Théâtrç des
Arts est long et copieux.
D'abord, une pièce hybride, à la fois
vaudeville et drame, Sensationnel Ar-
ticle, de MM. Casella et André de Fou-
quières. Cet acte est par moments fantai-
siste et. farce, par moments réaliste et
truculent, de telle sorte qu'on a envie
de rire aux situations terribles et que les
LA LOIE FULLER
dans le vestibule du Théâtre
des Arts.
LA LOIE FULLER
dans La Tragédie de Salomé
situations gaies ne dérident pas le spec-
tateur déconcerté.
Le sénateur de Morne reçoit la visite
de son neveu Jacques Vinart, forçat li-
béré. Jacques, qui a reçu pas mal d ar-
gent de son oncle, a encore besoin d'une
somme pour vivre. Le sénateur va lui
compter vingt-cinq mille francs (oh ! que
voilà un sénateur et onple généreux !)
pour se débarrasser de lui. Jacques Vi-
nart met- sous le nez de son oncle un
mouchoir, imbibé .de chloroforme et dé-
valise le coffre-fort. Il va s'en aller,
quand arrive le célèbre reporter Christ-
mass venu interviewer le sénateur. Il
prend Jacques pour le sénateur et Jac-
ques lui conte naïvement toute sa vie
d'escarpe que Christmass trouve plai-
sante et dont il va faire un sensationnel
article.
Mais le bandit se sauve, le sénateur
chloroformé se réveille, un agent a été
appelé et Christmass est pris pour le
voleur et l'assassin.
Je me suis laissé dire que la pièce ne
s'arrêtait pas là. Mais comme, à la répé-
tition générale, le rideau est tombé à ce
moment précis, je n'en sais pas plus
long. J'espère qu'à la première repré-
sentation, où je n'étais pas invité, le ri-
deau aura été moins pressé et que le
dénouement aura modifié l'impression
de banalité que m'a laissé cet acte à la
suite de la répétition générale.
M. Gorde, qui modifie et encanaillé
sciemment sa belle voix de basse, joue
avec désinvolture le rôle de Jacques
Vinart. M. Bouchez grimace le rôle
de Christmass. M. Desplanques, dans
le rôle du sénateur, a perdu à
la fois connaissance et sa perruque;
c'était un effet auquel les auteurs
ne s'attendaient pas. M. Darbel ap-
paraît sous la tunique de l'agent, et
Mlle Fosca sous le tablier de la femme
de chambre.
Le Dernier troubadour est un simple
vaudeville qui s'affuble du nom de co-
médie. C'est un vaudeville doux et non
sans agrément.
Les deux auteurs, MM. Maurice Sou-
lié et Jean Thorel, exploitent en deux ac-
tes, une situation qui, d'habitude, ne
forme qu'un épisode de vaudeville : la
substitution de personnes.
L'œuvre vaut par le mérite littéraire
et par l'époque où elle est située: nous
sommes, en effet, sous Charles X et
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