Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-11-08
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 novembre 1907 08 novembre 1907
Description : 1907/11/08 (A1,N39). 1907/11/08 (A1,N39).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645337k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
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- Vendredi 8 Novembre 190?*
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Rédacteur en Chef : G* de PAWLOWSKi
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-la voix
de Bottines
*
Ec
Ecoutez, Bottines, conclut le maire de
Ce quo -sur-Lot, nous avons fait tout
donneI était humainement possible pour
donner à la population de notre ville le
goût du théâtre, en même temps que
Utiles , théâtre, en même temps que
Utiles et agréables distractions. Vous
nous accorderez, n'est-ce pas, que nous
l'avons reculé devant aucun sacrifice.
Nous avons fait appel à un intelligent et
nabile , recteur — c'est de vous que je
parle, mon cher Bottines. Vous avez
essayé H U ^rame> Ça n'a pas réussi. Le
vaudeville, pas davantage! L'opérette a
été et re' La comédie, n'en parlons
pas, et quant au grand opéra, nous y
sommes et, vous le constatez, c'est le
désastre, le désastre incontestable et dé-
nnjtif 1
— Permettez!. risqua Bottines, tout
n'est Mas perdu.
— Mais si, mon cher impresario, pro-
testa le maire. Mais si! tout est perdu.
Vous ne pouvez plus payer vos artistes.
Ils ont un aspect effroyable ! Ce sont des
fantôme s • Clastres, votre baryton, a
failli se trouver mal d'inanition, l'autre
soir juste quand il entonnait: « Il faut
me céder ta maîtresse! » Et vous me de-
mandez Un nouveau crédit!.
Bottines essaya d'insister. Mais la
chaleur de parole, la verve amusante et
persuasive par lesquelles il conquérait
d'habit tUde son interlocuteur lui faisaient
subitement défaut. Le découragement
l'avait gagné. La conviction n'était plus
là, et, comme il comprit qu'il allait ba-
fouiller, il prononça sèchement: « Je
regrette, monsieur ». et il sortit.
~éc Qehors, sur la place d'Armes, il
se découvrit, et, ayant passé sa main
dans ses cheveux noirs qui gonflèrent
huileux et bouclés, puis ayant lissé sa
moust à ache et tiré sa barbiche, il sembla
tout à coup le spectre de Richelieu, un
spectre comique et sombre, en jaquette
luisante et en pantalon trop court, un
spectre que l'angoisse clouait là, debout,
impuissant et consterné.
— Bottines !.
L'impression frragflillij ^Xlq^ «ûlaL-JUA-
nait de l'appeler. Bottines regarda cu-
rieusement. C'était la paix et le silence.
Un bourgeois, la veste ouverte, le cha-
peau en arrière, renversé au dossier
d'un banc, lisait un journal, ayant près
de lui "ne caisse noire sur laquelle il
s'accoudait. Deux soldats passaient,
muet et Suant, les pouces glissés dans
leur ceinturon et, au-dessus des gazons
vert tendre, des bruines irisées arrondis-
saient des arcs-en-ciel. Qui donc avait
pu l'appeler?.
— Bottines!.
Cette fois, l'erreur n'était plus possi-
ble. La VOix avait prononcé son nom
clairement. Le directeur laissa échapper
un: « AK ça ! mais. » stupéfait. Il se
in : «A h Çfl- mais. » stupéfait. Il se
/~rn Vers tous les points de l'hori-
zon et, la main en abat-jour, au-dessus
des paupières, il scrutait une avenue
quand, distinctement, et détachés en syl-
labes Crnpératives, il entendit ces mots :
— C Ourage, mon vieux lutteur 1 Joue
ce soir. Le succès est à toi !
— jq VUi Parle? interrogea Bottines.
— Ami! répondit la voix.
D'où venaient ces paroles? Elles sem-
blaient aussi bien sortir de terre que
tombe du ciel et accourir de très loin
comme de surgir à moins de quatre pas;
et, cependant, ni l'homme qui lisait son
journal, ni le jardinier qui traînait un
long serpent à roulettes ne les avaient en-
tendues.
ItAlors, quoi?. Haletant, la tête en
feu; mais se forçant néanmoins à sourire
comme à une plaisanterie, Bottines de-
manda : « Dis-moi donc ce que je dois
faire, gros malin? »
La réponse ne se fit pas attendre.
— omrnande! On t'obéira.
— Mille dieux! exclama le directeur.
Quel est l'animal?
Et il allait, venait, fouillant du regard
les massifs et jusqu'au feuillage des ar-
bres pour découvrir le haut parleur qui
lui adressait ces injonctions inattendues.
Mais personne, rien, l'espace!. Le
prodige s'avérait. Bottines l'accueilit
comme le naufragé accueille le plus
invraisemblable espoir. Ces paroles de-
venaient pour lui les voix de Jeanne
QUt¿ 1 ordre d'en haut, un phénomène
d'auto-su gestion peut-être. Mais pas
moins une intervention souveraine qui
ressuscitait en lui le courage et la vo-
lonté
D'un pas allègre, il se rendit au café
où il se contint de raconter l'aventure,
de pe Ur qu'on le prît pour un fou. Mais,
dès qu'il eut bu deux absinthes, son
cerveau s'embrasa tout entier et le di-
recteur courut au théâtre comnie s'il vo-
lait à un rut au théâtre comme s'il vo-
lait à un combat. Sur la scène, l'émeute
allait éclater et, déjà, les artistes ayant
décrété la grève, se groupaient.
D'un coup de poing, Bottines enfonça
la porte molle et, avant qu'une seule pa-
role eût été prononcée, il commanda :
qui m'a » Puis, il attaqua: « Qu'est-ce
qui Co chu des artistes qui se condui-
sent comme des chaudronniers?. »
Des murmures s'élevèrent. Il les répri-
rance, p?Ste' Il parlait avec une assu-
rance, une Indignation et un enthou-
siasme tels que sa parole, s' i mposait à
l'attention. il' 1 pffirma qjue, le lendemain
il a ~rait une subvention de vingt
mille, que les mécontents pouvaient al-
ler faire des tournées « en province » si
bon leur semblait, qu'il n'avait besoin de
personne et il alla jusqu'à déclarer que,
s'il le fallait, il ferait cette chose ef-
froyable et à jamais flétrissante pour les
déserteurs, il jouerait tout seul!.
L'effet fut absolu. La foi de Bottines
s'était communiquée aux artistes. Ils
étaient reconquis, et Les Huguenots,
qu'on chantait ce soir-là, furent un
triomphe si décisif qu'il ramena victo-
rieusement au théâtre la population de
Montclairac. La confiance renaissait.
Aussi, Bottines parlait-il en maître et ne
craignit-il pas de signifier au maire que
s'il refusait la subvention en l'état des
choses, il commettrait une infamie et se
conduirait comme un polisson.
Néanmoins, au plus fort de sa pros-
périté, Bottines n'oubliait pas la voix,
cette voix mystérieuse qui, disait-il, l'a-
vait sauvé. On l'appelait « la voix de
Bottines » et lui-même l'appelait « ma
voix ». Mais, qu'est-ce que cela pouvait
bien être? D'où venait cette parole aé-
rienne? Il interrogea des docteurs. Il fit
des recherches. Il aurait tant voulu sa-
voir! Or, un après-midi que, sur la
place d'Armes, il évoquait ce souvenir,
en compagnie du ténor Pétrossini, l'im-
presario s'arrêta net et, désignant une
avenue du jardin public: « Tenez, il y
avait là sur ce même banc, ce même in-
dividu qui lisait son journal exactement
comme il fait en ce moment. »
Pétrossini regarda. Puis, tout à coup:
« Vous dites que cet homme était là, sur
ce banc, quand vous avez entendu la
voix?
— Parfaitement. J'en suis sûr.
Le ténor leva les bras très haut, et
les laissant retomber :
— Alors, je comprends! s'écria-t-il.
- Vous comprenez quoi? demanda
Bottines inquiet.
— Que cet homme-là s'est l. de
vous !
— Vous le connaissez donc?
— Si je le connais!. C'est un nommé
Bergogne, un commis-voyageur de
Gourdon qui s'amuse à ces blagues-
là !.
— Mais quel rapport ça peut-il avoir
avec la voix? interrogea l'imprésario.
Car, je l'ai entendue la voix ! „ ;
-'-- t~t~t~M t i-" J~<~~ ~ht~ V~«~
l'avez entendue, gloussa le ténor qui se
tordait. Ça n'est pas étonnant I
— Pourquoi?.
Et Petrossini laissa tomber comme une
révélation suprême:
— Bergogne est ventriloque"!
— Je m'en doutais!. déclara Botti-
nes, qui mentait effrontément..
Mais il sentait bien à présent qu'il
avait eu tort de vouloir savoir et, au pre-
mier insuccès, il comprit que le dernier
ressort s'était brisé en lui, qu'il ne re-
trouverait plus la foi nécessaire, et qu'en
perdant confiance en la voix qui exaltait
son courage c'était sa propre voix qu'il
avait perdue!.
Gustave GUICHES.
Nous publierons demain un article de
MARCEL BOULENGER
Imprécations
Ce n'est pas la sœur des Horaces qui
me les adresse, mais bien un simple lec-
teur qui, à l'exemple de Camille, voudrait
voir le plus tôt possible le dernier Romain
à son dernier soupir.
J'avoue que je m'associe très volontiers à
ces imprécations gallo-romaines. Non con-
tente d'ennuyer les fauteuils d'une façon
que je n'ai plus besoin de qualifier, il paraît
que dans certains théâtres la claque exerce,
en effet, une véritable tyrannie sur les spec-
tateurs de l'amphithéâtre.
A l'ouverture des portes, lorsque le public
se rue vers les petites places qu'on ne
loue pas, il se trouve en présence d'une
simple et parfois d'une double rangée de
spectateurs enrégimentés, occupant le pre-
mier rang de la galerie et empêchant de
prendre les places à peu près convenables.
Je sais bien que les spectateurs du pou-
lailler ont souvent d'excellentes qualités
d'acrobates et qu'ils peuvent, en se suspen-
dant à des barres de fer ou en grimpant aux
troncs des piliers, arriver à découvrir la
scène; mais, on l'avouera, cette façon
d'aller au théâtre ne peut intéresser que
les mousses ou les couvreurs.
Evidemment, les gens de la claque sont
moins gênants que les dames aux grands
chapeaux de l'orchestre, mais ils ont leurs
battoirs et, lorsque leurs deux mains s'éta-
lent en travers de la scène, il devient im-
possible de voir quoi que ce soit. Ces gens-
là ont des chapeaux de lemmes au bout
des bras.
Comme personne ne va jamais les dé-
ranger, ils exercent là-haut, dans le ciel,
comme de véritables petits Saint Pierre
d'invraisemblables tyrannies. Ils font pla-
cer les gens, menacent de les expulser s'ils
font mine de protester. On les sait capa-
bles de tous les coups de tête et, comme
c'est dans l'estomac qu'ils les placent, on
s'en méfie.
Les petits bénéfices matériels les inté-
ressent également volontiers. Ils revendent
un franc cinquante les places qu'ils ont
accaparées par force. Leur position offi-
cielle les place à l'abri de tout et leur situa-
tion élevée les met hors d'atteinte de la di-
rection.
C'est égal, il nous parait que les Bons
Dieux de certains théâtres devraient bien
aller faire un tour là-haut et rendre un peu
la justice en faveur de spectateurs qui sont,
le plus souvent, les plus enthousiastes amis
de leur théâtre.
G. DE PAWLOWSKi.
Échos
Ce soir, a huit heures et demie, au Théâ-
tre des Arts, répétition générale de: La Tra-
gédie de Salomé, drame lyrique en deux ac-
tes, de Robert d'Humières, musique de Flo-
rent Schmitt; Le Dernier Troubadour, co-
médie en deux actes, de Maurice Soulié et
Jean Thorel; Sensationnel article, comédie
en un acte, de Georges Casella et André de
Fouquières.
*
Ce soir, 2 huit heures trois quarts, a la
Comédie-Mondaine, première de V'nez Pa-
po.thé! revue de M. A. de Mauprey.
Ce soir, â neuf heures, 'à la Scala, pre-
mière représentaion de Pour vos beaux
yeux, revue en onze tableaux, de E. Codey
et E.-P. Lafargue.
L
'esprit de nos artistes.
t Pougaud, on le sait, est l'ami des
entants que leurs parents amènent au Châ-
telet. Rien d'étonnant à ce que, parfois, ils
lui fournissent l'occasion de lancer une ré-
plique spirituelle.
C'était à la dernière reprise du Tour du
Monde; à l'acte de la Cabine. Passepartout
(Pougaud) fait rendre gorge à Fix, le poli-
cier, qui, trois tableaux auparavant, lui vola
les bank-notes de son maître.
Fix s'exécute à contre-cœur; il rend d'a-
bord un paquet de billets, puis deux.
- Il y en a encore! s'écrie tout à coup
la voix d'un spectateur de dix ans.
— Ecoute la voix de l'innocence! riposte
Pougaud.
Fix est désarmé, et il restitue toutes les
bank-notes.;
c
'est M. Sardou lui-même qui, malgré
son âge, conduit régulièrement les ré-
pétitions de son drame, L Affaire des poi-
sons, à la Porte-Saint-Martin.
Chacun sait que le grand dramaturge est
le premier metteur en scène de notre épo-
que, ce qui ne l'empêche pas, de temps à
autre, de donner libre cours à la plaisanterie
et d'amuser spirituellement directeurs et in-
terprètes.
La veille de la répétition générale de
Madame Sans Gêne, le maître donnait les
suprêmes recommandations.
Personne n'était oublié. Artistes, élec-
triciens, machinistes, souffleur, etc. Pour
conclure, _s'adressant.aux dames de ]a Cour,
qui figurent au deuxième acte:
— Quant à vous, Mesdames, rappelez-
vous bien que demain vous jouez non pas
avec votre talent, mais avec vos f ornms
Et Madame Sans Gêne fut un triomphe!
D
e la dernière tournée Réjane, en Amé-
rique du Sud, cet épisode que nous
rapporte une charmante actrice de sa Com-
pagnie:
C'est en rade de Rio-de-Janeiro. Le con-
sul de France avait fait la traversée par le
même paquebot que la comédienne et, pen-
dant le cours du voyage, on avait souvent
parlé du fameux secret de la « valise diplo-
matique » que le consul emportait à bord
avec lui. -
Le consul s'était toujours montré réservé
dès que la conversation s'engageait trop à
fond sur le mystère qui doit envelopper la
célèbre valise, que la douane elle-même ne
peut pas ouvrir.
On arrive à Rio. Le canot de la légation
s'approche du bord pour recevoir la valise.
Deux hommes du paquebot, étroitement
surveillés d'ailleurs, apportent le précieux
objet, tandis que les agents de la légation
de France, debout dans le canot, tendent les
bras pour le recevoir.
On jette la valise mais, au même instant,
une vague fait pencher le canot et, au lieu
de tomber dans les bras des agents prêts à
la recevoir, la valise va s'écraser dans le
fond de l'embarcation, la serrure saute et
tout le contenu s'éparpille sous les yeux des
passagers accourus pour assister, du haut
du pont, au départ de M. le Consul.
Et alors on vit ce que celait le secret
d'une « valise diplomatique ». De celle-ci
s'échappèrent: un corset de femme, du
linge, des dentelles, des pantalons à entre-
deux en points d'Angleterre, et jusqu'à.
une ombrelle.
On en, a ri longtemps dans la tournée,
mais quand on songe que la violation de ce
secret eût été un casus belli.
)
1 pleut des Salomé! ,
Après la tapageuse audition de Richard
Strauss, dont le Concert Colonne nous don-
nera, dimanche, un écho affaibli, voici que
M. Mariotte, élève de Vincent d'Indy, se
prépare à initier les Lyonnais aux troublan-
tes chorégraphies de la ballerine juive.
La Loïe Fuller va mimer, à son tour, les
méfaits de la danseuse qui fit perdre la tête
à saint Jean-Baptiste, aussitôt que l'orches-.
tre du Théâtre des Arts aura pu se dépêtrer
des périlleux entrelacs rythmiques où la mu-
sique perpétrée par Florent Schmitt se joue
railleusement.
Saint-on qu'une fois, déjà, la Loïe Fuller
incarna Salomé, une Salomé sortie du cer-
veau d'Armand Silvestre et dont Gabriel
Pierné ennoblit les aventures d'une parti-
tionnette jolie? Ça se passait à la Comédie-
Parisienne, c'était assez ennuyeux et ça ne
dura guère. Mais la musique valait de sur-
vivre à ce naufrage. *
u
'ne dame s'est évanouie.
- Il s'agit d'une sente dame Lisette
t,X. Fidèle à son époux, et calculant que
ses appointements de contrôleur ne suffi-
raient pas longtemps à payer les « tail-
leurs », les « trotteuses n, les « princes-
ses » et les chapeaux si délibérément Gains-
borough qu'elle aime exhiber parmi nous,
elle imagine de se créer des revenus avec
un nouveau genre de publicité théâtrale.
Elle serait celle qui se trouverait mal et
piquerait la fâcheuse crise; qax spectacles
d'horreur. afin que. le lendCroæin. tes cour-
riéristes puissent enregistrer l'incident sus-
ceptible - étrange époque! — d'attirer en-
core plus de monde aux dits spectacles.
- Cependant, m'a dit B., les débuts de
ma femme ne furent pas très heureux. Il
lui arrive de se tromper. C'est ainsi qu'étant
allée, l'autre soir, s'exercer au théâtre An-
toine, elle omit de consulter l'ordre du spec-
tacle.
— Et alors? -
— Et alors, elle s'est évanouie a Mon-
sieur, Codomat Il --"
Il est, dans le corps de ballet de l'Opéra,
i deux jeunes danseuses — précisons:
l'une, blonde, est coryphée; l'autre, brune,
n'est encore que premier quadrille — qui
sont jumelles et cousines « issues de ger-
maines » de l'un de nos critiques les plus
redoutés. Et les deux petites sont très fièrës
de leur cousin, qui, récemment, a fait re-
présenter, avec succès, une pièce impor-
tante. Lui, malgré sa brillante situation, ne
dédaigne pas ses espiègles parentes. Main-
tenant, si vous voulez savoir quel est le
nom du critique, ne le demandez pas au
foyer de la danse. Les deux petites balle-
rines auraient trop peur de chagriner leur
cousin en révélant leur proche parenté.
O
n sortait de la première représentation
du Chemineau.
Des groupes animés quittaient l'Opéra-
Comique et communiquaient aux boulevards
la nouvelle du grand succès.
Un critique notoire — un maître — ma-
nifestait bruyamment son enthousiasme.. Un
indifférent le reconnaît, l'accoste et, dési-
reux de participer à l'entretien, l'interroge:
— De qui donc, Le Chemineau ?
— De qui? De Richepin, parbleu!
— Les vers, assurément, poursuit le pro-
fane, mais la musique?
— La musique aussi, vous m'entendez
bien, rugit le maître, la musique surtout est
de Richepin I r--
D
e l'avant-scène à la scène.
On dit, mais cela semblVImpossible,
on dit, mais on dit tant de choses à Pans,
on dit, c'est même lui qui le dit, qu'un au-
teur dramatique, un des trois plus célèbres
auteurs dramatiques de ce temps, serait sur
le point d'aborder le théâtre comme acteur.
Auteur, il connut les plus triomphants suc-
cès, il est presque aussi connu que M. Ed-
mond Rostand, il a gagné des millions au
théâtre, et puis sa fortune s'est soudain en-
volée, il s'est senti subitement las, un peu
découragé, et comme c'est un comédien
charmant, il pense, il pense très sériçuse-
.ftlp.nLà. faire -*~emploi plus pratique. -
Alors qu'il avait vingt ans, il fut un mo-
ment question de son engagement au Gym-
nase; il en a maintenant quarante et il nous
confiait hier sa décision, son irrévocable dé-
cision.
Est-ce là une bonne idée? L'avenir nous
le dira.., •
L
'autre soir, aux Capucines,. avait lieu
e la - répétition générale de la nouvelle
revue: Le C ri de Paris. A un moment don-
né, le compère s'avança sur le bord de la
scène et dit, s'adressant aux spectateurs :
— Vous voyez, messieurs, le résultat de
la campagne des chapeaux au théâtre; vous
Pavez devant vous!
Cà et là, en effet, on remarquait de gi-
gantesques chapeaux.
Alors un gentleman élégant, qui occupait
le fauteuil d'orchestre 84 et dont la figure
était entièrement masquée par une monu-
mentale capeline de soie blanche surmontée
d'une interminable aigrette, s'écria:
— Ça, c'est bien vrai, par exemple!
C'était M. Abel Deval.
T
rout le monde a frémi en voyant Mounet-
Sully, dans Œdipe-Roi, se précipiter
sur ! ancien esclave de Laïus en s'écriant,
d'une voix tonnante, le fameux: « Esclave,
ou fils du roi?. » Mais chacun sait aussi
que le grand tragédien est d'une adresse
incomparable et que son apparente brutalité
est à peine un effleurement pour son par-
tenaire. Il était plus dangereux, paraît-il, de
donner la réplique à Got. Que de fois, dans
Denise, n'a-t-il pas meurtri les genoux de
Mlle Bartet ou étranglé aux trois quarts le
malheureux Baillet! A ce propos, Truffier
rappelait, récemment, ce soir où l'on don-
nait La Vraie farce de Maître Pathelin et
où Got l'avait si rudement empoigné qu'il
avait déjà perdu tout contact avec le pla-
teau et plané, pendant un instant, au-dessus
des fronts chauves de l'orchestre.
L
a carrière féminine est une longue riva-
lité. La chance des adversaires dépend
surtout de l'ingéniosité "et de 1 art avec les-
quels eHes-savent employer leurs armes na-
turelles. Lè sentiment, la coquetterie, les
raffinements du cœur, les suggestions de
l'élégance, les artifices de la beauté offrent
à la femme avisée d'inépuisables ressour-
ces. Vous serez infailliblement la rivale vic-
torieuse, si vous consultez Tous les secrets
de la Femme, par la baronne d'Orchamps.
N
r e vendez pas vos bijoux, perles et pier-
i res fines, ainsi que vos reconnaissan-
ces de bijoux, sans les montrer au Comptoir
International, 44, Chaussée-d'Antin, qui
paie très cher. Téléphone: 269-67.
L
e Limerick gratuit. I
La meilleure façon d'acclimater en
France le nouveau sport qui triomphe
en Angleterre, c'est assurément d'ouvrir un
concours absolument gratuit, doté de nom-
breux prix en espèces.
Nous donnons, en troisième page, le pro-
gramme de ce concours intéressant entre
tous.
NOUVELLE A LA MAIN
L
u sur la façade latérale d'un théâtre de
province:
« Entrée exclusivement réservée à la
sortie. »
Lê Masque de Verre.
THÉÂTRE DE L'ATHÉNÉE
"9tII"I
Monsieur de Courptère
Comédie en quatre actes --
de M. Abel HERMANT
Monsieur de Courpière est une pièce
cynique que M. Abel Hermant a extraite
de son dernier roman. Ce cynisme est
nettement exposé, dès le premier acte,
où est émise la théorie suivante : La no-
blesse existe quoique inutile et ne rap-
portant plus rien ; le noble est donc obli-
gé de vivre d'expédients, il a le droit de
vendre ses belles manières, ses relations,
son élégance, son charme même.
Lorsque Maurice de Courpière nous
Sous le portrait de l'auteur et de gauche
Mlle DE MIRAMON. — Au-dessous: M. 1
ANDRÉ BRULE, Mlle DELYERE.
« lâche » cet aphorisme, nous nous de-
mandons si c'est aussi la théorie de l'au-
teur et si l'auteur ne désire pas nous
faire partager cette théorie. Or, dans
l'action, tous les personnages ont cette
mentalité-là, et les deux seuls honnêtes
gens qu'on rencontre au cours de ces
quatre actes sont tournés en ridicule.
Par contre, M. de Courpière, ce M. Al-
phonse titré, est présenté de façon tout
à fait sympathique. Je sais bien que M.
Hermant a voulu faire la satire de ces
fantoches. Mais il n'a pas suffisamment
éclairé sa lanterne.
Pour débuter dans le monde, le jeune
vicomte de Courpière s'est fait offrir un
splendide appartement par le million-
naire Camille Lambercier, trop honoré
de l'amitié d'un si grand seigneur. L'ar-
gent de poche du vicomte est fourni par
une amie de sa mère, la baronne Duval,
dont il a fait sa maîtresse. Le mari s'est
aperçu de son infortune conjugale et vient
prier*le jeune Courpière de cesser toutes
relations; mais il ne veut pas le priver
de son gagne-pain, et il lui versera la
pension comme autrefois ; le vicomte
aura donc le profit sans avoir le travail.
Voilà le monde, le grand monde, dans
lequel nous allons évoluer ! Et .l'action
sera lente, lente; car il n'y a qu'un seul
caractère autour duquel-évoluent tous les
personnages de la pièce. C'est une série
d'épisodes destinés à nous montrer le
sujet avec ses qualités et, surtout, ses dé-
fauts dans les diverses circonstances qui
les peuvent mettre en valeur. Quoi
qu'on fasse, ce n'est pas une comédie,
c'est une monographie.
Voilà donc M. de Courpière royale-
ment logé, mais sans assez d'argent de
poche; il songe à s'en procurer. Robert
Esprels, le Sganarelle, le Lëporello de
ce Don Juanra présenté à M. de Cour-
pière Jeanne Thillier, une petite cabo-
tine. De Courpière la cède à Camille
Lambercier. Et, une fois qu'elle est ca-
sée auprès de ce millionnaire, il consent
à devenir son amant de cœur.
Nous vdWi ai* deuxième acte, chez la
baronne de Passelieu, au nom evocafeuf
et significatif. Le monde qu'elle reçoit
est des plus mêlés; elle-même n'est pas
le modèle des vertus. Elle s'éprend de
Courpière, mais celui-ci n'a pas besoin
d'argent pour l'instant, et il se dérobe. Il
vient d'éprouver une vraie passion, sin-
cère et brutale pour Mme Arrow, qui
l'aime aussi. Mais Mme Arrow a un mari
qui tuerait impitoyablement son rival à
moins que l'amant ne préfère payera
M. ABEL HERMANT3 iPhotos Henri Mauueïit,
BENEDICT Mlle AEL -
droite: M. Louis BOURNY, Mtfè DULUC*
.Lix ANDER, Mlle NELLY CORMON et M4
Alors, M. Arrow ferme les yeux. MondW
bizarre, comme on voit!
Courpière donnera à M. Arrow l'ar*
gent qu'il reçoit de Jeanne Thillier.
Non ! car Lambercier a ouvert les yeux,
il s'aperçoit qu'il est volé par cette fille,
et il rompt avec elle.
Courpière se dirige alors sur Mme de
Passelieu, dont il a repousse les avances.'
Or, une
Passelieu, dépêche apprend que Mme de
Passelieu devient veuve. Courpière sera
non pas son amant, mais son mari.
Nous retrouvons, quatre mois plus
tard, au château de Courpière, le jeune
vicomte assez désemparé. Arrow veut
emmener sa femme, puisque Courpière
n'a plus d'argent. Pour s'en procurer et
tranquilliser son « débiteur », il suffi-
rait que Courpière pût se fiancer avec
Mme de Passelieu. Le vicomte se fait
promettre le mariage par la dame. Mais
il a un père et une mère qui trouvent
que l'union n'est pas assortie. C'est bien
invraisemblable.
Courpiere vole trente mille francs à
Lambercier. Celui-ci a tout découvert, et
va traîner le voleur chez des juges.
Courpière prie M. Arrow de le surpren-
dre et de le tuer en duel. Mais une hon-
nête jeune fille, Blanche, la sœur dei
Lambercier, arrête le bras d'Arrow et
implore son frère. Elle aime M. dd
Courpière et l'épousera.
Tout commentaire est superflu poufl
juger cette pièce. Malgré toute la litté-
rature dont M. Abel Hermant a pailleté
ces quatre actes, je doute qu'il y ait uH
élément d'intérêt suffisant dans cette œu-
vre languissante qui subodore les petits
romans scandaleux du dix-huitième
siècle. )
Comment ils ont joué,
——- * —'
André Brûlé (Maurice de Courpiere)
mérite d'être cité à part. Il fait passer. à'
force de tact et d'élégante inconsciencd
le rôle scabreux de cet Alphonse du boit-
levard Saint-Germain; et il a marqua
avec un réel souci d'observation la dé
[ij^ Numèro :15 - ii
v
- Vendredi 8 Novembre 190?*
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K■gE£kiS$* ^B H v |H m H HNni^ ^vKHv-j■ M B ■ I ^^HlJ< ■ H> ^Kil^k
^ÊÈpj^Ê Hr'" ^H 9* K H !|H
Rédacteur en Chef : G* de PAWLOWSKi
»
w REDACTION & ADMINISTRATION :
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Paris" et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
-la voix
de Bottines
*
Ec
Ecoutez, Bottines, conclut le maire de
Ce quo -sur-Lot, nous avons fait tout
donneI était humainement possible pour
donner à la population de notre ville le
goût du théâtre, en même temps que
Utiles , théâtre, en même temps que
Utiles et agréables distractions. Vous
nous accorderez, n'est-ce pas, que nous
l'avons reculé devant aucun sacrifice.
Nous avons fait appel à un intelligent et
nabile , recteur — c'est de vous que je
parle, mon cher Bottines. Vous avez
essayé H U ^rame> Ça n'a pas réussi. Le
vaudeville, pas davantage! L'opérette a
été et re' La comédie, n'en parlons
pas, et quant au grand opéra, nous y
sommes et, vous le constatez, c'est le
désastre, le désastre incontestable et dé-
nnjtif 1
— Permettez!. risqua Bottines, tout
n'est Mas perdu.
— Mais si, mon cher impresario, pro-
testa le maire. Mais si! tout est perdu.
Vous ne pouvez plus payer vos artistes.
Ils ont un aspect effroyable ! Ce sont des
fantôme s • Clastres, votre baryton, a
failli se trouver mal d'inanition, l'autre
soir juste quand il entonnait: « Il faut
me céder ta maîtresse! » Et vous me de-
mandez Un nouveau crédit!.
Bottines essaya d'insister. Mais la
chaleur de parole, la verve amusante et
persuasive par lesquelles il conquérait
d'habit tUde son interlocuteur lui faisaient
subitement défaut. Le découragement
l'avait gagné. La conviction n'était plus
là, et, comme il comprit qu'il allait ba-
fouiller, il prononça sèchement: « Je
regrette, monsieur ». et il sortit.
~éc Qehors, sur la place d'Armes, il
se découvrit, et, ayant passé sa main
dans ses cheveux noirs qui gonflèrent
huileux et bouclés, puis ayant lissé sa
moust à ache et tiré sa barbiche, il sembla
tout à coup le spectre de Richelieu, un
spectre comique et sombre, en jaquette
luisante et en pantalon trop court, un
spectre que l'angoisse clouait là, debout,
impuissant et consterné.
— Bottines !.
L'impression frragflillij ^Xlq^ «ûlaL-JUA-
nait de l'appeler. Bottines regarda cu-
rieusement. C'était la paix et le silence.
Un bourgeois, la veste ouverte, le cha-
peau en arrière, renversé au dossier
d'un banc, lisait un journal, ayant près
de lui "ne caisse noire sur laquelle il
s'accoudait. Deux soldats passaient,
muet et Suant, les pouces glissés dans
leur ceinturon et, au-dessus des gazons
vert tendre, des bruines irisées arrondis-
saient des arcs-en-ciel. Qui donc avait
pu l'appeler?.
— Bottines!.
Cette fois, l'erreur n'était plus possi-
ble. La VOix avait prononcé son nom
clairement. Le directeur laissa échapper
un: « AK ça ! mais. » stupéfait. Il se
in : «A h Çfl- mais. » stupéfait. Il se
/~rn Vers tous les points de l'hori-
zon et, la main en abat-jour, au-dessus
des paupières, il scrutait une avenue
quand, distinctement, et détachés en syl-
labes Crnpératives, il entendit ces mots :
— C Ourage, mon vieux lutteur 1 Joue
ce soir. Le succès est à toi !
— jq VUi Parle? interrogea Bottines.
— Ami! répondit la voix.
D'où venaient ces paroles? Elles sem-
blaient aussi bien sortir de terre que
tombe du ciel et accourir de très loin
comme de surgir à moins de quatre pas;
et, cependant, ni l'homme qui lisait son
journal, ni le jardinier qui traînait un
long serpent à roulettes ne les avaient en-
tendues.
ItAlors, quoi?. Haletant, la tête en
feu; mais se forçant néanmoins à sourire
comme à une plaisanterie, Bottines de-
manda : « Dis-moi donc ce que je dois
faire, gros malin? »
La réponse ne se fit pas attendre.
— omrnande! On t'obéira.
— Mille dieux! exclama le directeur.
Quel est l'animal?
Et il allait, venait, fouillant du regard
les massifs et jusqu'au feuillage des ar-
bres pour découvrir le haut parleur qui
lui adressait ces injonctions inattendues.
Mais personne, rien, l'espace!. Le
prodige s'avérait. Bottines l'accueilit
comme le naufragé accueille le plus
invraisemblable espoir. Ces paroles de-
venaient pour lui les voix de Jeanne
QUt¿ 1 ordre d'en haut, un phénomène
d'auto-su gestion peut-être. Mais pas
moins une intervention souveraine qui
ressuscitait en lui le courage et la vo-
lonté
D'un pas allègre, il se rendit au café
où il se contint de raconter l'aventure,
de pe Ur qu'on le prît pour un fou. Mais,
dès qu'il eut bu deux absinthes, son
cerveau s'embrasa tout entier et le di-
recteur courut au théâtre comnie s'il vo-
lait à un rut au théâtre comme s'il vo-
lait à un combat. Sur la scène, l'émeute
allait éclater et, déjà, les artistes ayant
décrété la grève, se groupaient.
D'un coup de poing, Bottines enfonça
la porte molle et, avant qu'une seule pa-
role eût été prononcée, il commanda :
qui m'a » Puis, il attaqua: « Qu'est-ce
qui Co chu des artistes qui se condui-
sent comme des chaudronniers?. »
Des murmures s'élevèrent. Il les répri-
rance, p?Ste' Il parlait avec une assu-
rance, une Indignation et un enthou-
siasme tels que sa parole, s' i mposait à
l'attention. il' 1 pffirma qjue, le lendemain
il a ~rait une subvention de vingt
mille, que les mécontents pouvaient al-
ler faire des tournées « en province » si
bon leur semblait, qu'il n'avait besoin de
personne et il alla jusqu'à déclarer que,
s'il le fallait, il ferait cette chose ef-
froyable et à jamais flétrissante pour les
déserteurs, il jouerait tout seul!.
L'effet fut absolu. La foi de Bottines
s'était communiquée aux artistes. Ils
étaient reconquis, et Les Huguenots,
qu'on chantait ce soir-là, furent un
triomphe si décisif qu'il ramena victo-
rieusement au théâtre la population de
Montclairac. La confiance renaissait.
Aussi, Bottines parlait-il en maître et ne
craignit-il pas de signifier au maire que
s'il refusait la subvention en l'état des
choses, il commettrait une infamie et se
conduirait comme un polisson.
Néanmoins, au plus fort de sa pros-
périté, Bottines n'oubliait pas la voix,
cette voix mystérieuse qui, disait-il, l'a-
vait sauvé. On l'appelait « la voix de
Bottines » et lui-même l'appelait « ma
voix ». Mais, qu'est-ce que cela pouvait
bien être? D'où venait cette parole aé-
rienne? Il interrogea des docteurs. Il fit
des recherches. Il aurait tant voulu sa-
voir! Or, un après-midi que, sur la
place d'Armes, il évoquait ce souvenir,
en compagnie du ténor Pétrossini, l'im-
presario s'arrêta net et, désignant une
avenue du jardin public: « Tenez, il y
avait là sur ce même banc, ce même in-
dividu qui lisait son journal exactement
comme il fait en ce moment. »
Pétrossini regarda. Puis, tout à coup:
« Vous dites que cet homme était là, sur
ce banc, quand vous avez entendu la
voix?
— Parfaitement. J'en suis sûr.
Le ténor leva les bras très haut, et
les laissant retomber :
— Alors, je comprends! s'écria-t-il.
- Vous comprenez quoi? demanda
Bottines inquiet.
— Que cet homme-là s'est l. de
vous !
— Vous le connaissez donc?
— Si je le connais!. C'est un nommé
Bergogne, un commis-voyageur de
Gourdon qui s'amuse à ces blagues-
là !.
— Mais quel rapport ça peut-il avoir
avec la voix? interrogea l'imprésario.
Car, je l'ai entendue la voix ! „ ;
-'-- t~t~t~M t i-" J~<~~ ~ht~ V~«~
l'avez entendue, gloussa le ténor qui se
tordait. Ça n'est pas étonnant I
— Pourquoi?.
Et Petrossini laissa tomber comme une
révélation suprême:
— Bergogne est ventriloque"!
— Je m'en doutais!. déclara Botti-
nes, qui mentait effrontément..
Mais il sentait bien à présent qu'il
avait eu tort de vouloir savoir et, au pre-
mier insuccès, il comprit que le dernier
ressort s'était brisé en lui, qu'il ne re-
trouverait plus la foi nécessaire, et qu'en
perdant confiance en la voix qui exaltait
son courage c'était sa propre voix qu'il
avait perdue!.
Gustave GUICHES.
Nous publierons demain un article de
MARCEL BOULENGER
Imprécations
Ce n'est pas la sœur des Horaces qui
me les adresse, mais bien un simple lec-
teur qui, à l'exemple de Camille, voudrait
voir le plus tôt possible le dernier Romain
à son dernier soupir.
J'avoue que je m'associe très volontiers à
ces imprécations gallo-romaines. Non con-
tente d'ennuyer les fauteuils d'une façon
que je n'ai plus besoin de qualifier, il paraît
que dans certains théâtres la claque exerce,
en effet, une véritable tyrannie sur les spec-
tateurs de l'amphithéâtre.
A l'ouverture des portes, lorsque le public
se rue vers les petites places qu'on ne
loue pas, il se trouve en présence d'une
simple et parfois d'une double rangée de
spectateurs enrégimentés, occupant le pre-
mier rang de la galerie et empêchant de
prendre les places à peu près convenables.
Je sais bien que les spectateurs du pou-
lailler ont souvent d'excellentes qualités
d'acrobates et qu'ils peuvent, en se suspen-
dant à des barres de fer ou en grimpant aux
troncs des piliers, arriver à découvrir la
scène; mais, on l'avouera, cette façon
d'aller au théâtre ne peut intéresser que
les mousses ou les couvreurs.
Evidemment, les gens de la claque sont
moins gênants que les dames aux grands
chapeaux de l'orchestre, mais ils ont leurs
battoirs et, lorsque leurs deux mains s'éta-
lent en travers de la scène, il devient im-
possible de voir quoi que ce soit. Ces gens-
là ont des chapeaux de lemmes au bout
des bras.
Comme personne ne va jamais les dé-
ranger, ils exercent là-haut, dans le ciel,
comme de véritables petits Saint Pierre
d'invraisemblables tyrannies. Ils font pla-
cer les gens, menacent de les expulser s'ils
font mine de protester. On les sait capa-
bles de tous les coups de tête et, comme
c'est dans l'estomac qu'ils les placent, on
s'en méfie.
Les petits bénéfices matériels les inté-
ressent également volontiers. Ils revendent
un franc cinquante les places qu'ils ont
accaparées par force. Leur position offi-
cielle les place à l'abri de tout et leur situa-
tion élevée les met hors d'atteinte de la di-
rection.
C'est égal, il nous parait que les Bons
Dieux de certains théâtres devraient bien
aller faire un tour là-haut et rendre un peu
la justice en faveur de spectateurs qui sont,
le plus souvent, les plus enthousiastes amis
de leur théâtre.
G. DE PAWLOWSKi.
Échos
Ce soir, a huit heures et demie, au Théâ-
tre des Arts, répétition générale de: La Tra-
gédie de Salomé, drame lyrique en deux ac-
tes, de Robert d'Humières, musique de Flo-
rent Schmitt; Le Dernier Troubadour, co-
médie en deux actes, de Maurice Soulié et
Jean Thorel; Sensationnel article, comédie
en un acte, de Georges Casella et André de
Fouquières.
*
Ce soir, 2 huit heures trois quarts, a la
Comédie-Mondaine, première de V'nez Pa-
po.thé! revue de M. A. de Mauprey.
Ce soir, â neuf heures, 'à la Scala, pre-
mière représentaion de Pour vos beaux
yeux, revue en onze tableaux, de E. Codey
et E.-P. Lafargue.
L
'esprit de nos artistes.
t Pougaud, on le sait, est l'ami des
entants que leurs parents amènent au Châ-
telet. Rien d'étonnant à ce que, parfois, ils
lui fournissent l'occasion de lancer une ré-
plique spirituelle.
C'était à la dernière reprise du Tour du
Monde; à l'acte de la Cabine. Passepartout
(Pougaud) fait rendre gorge à Fix, le poli-
cier, qui, trois tableaux auparavant, lui vola
les bank-notes de son maître.
Fix s'exécute à contre-cœur; il rend d'a-
bord un paquet de billets, puis deux.
- Il y en a encore! s'écrie tout à coup
la voix d'un spectateur de dix ans.
— Ecoute la voix de l'innocence! riposte
Pougaud.
Fix est désarmé, et il restitue toutes les
bank-notes.;
c
'est M. Sardou lui-même qui, malgré
son âge, conduit régulièrement les ré-
pétitions de son drame, L Affaire des poi-
sons, à la Porte-Saint-Martin.
Chacun sait que le grand dramaturge est
le premier metteur en scène de notre épo-
que, ce qui ne l'empêche pas, de temps à
autre, de donner libre cours à la plaisanterie
et d'amuser spirituellement directeurs et in-
terprètes.
La veille de la répétition générale de
Madame Sans Gêne, le maître donnait les
suprêmes recommandations.
Personne n'était oublié. Artistes, élec-
triciens, machinistes, souffleur, etc. Pour
conclure, _s'adressant.aux dames de ]a Cour,
qui figurent au deuxième acte:
— Quant à vous, Mesdames, rappelez-
vous bien que demain vous jouez non pas
avec votre talent, mais avec vos f ornms
Et Madame Sans Gêne fut un triomphe!
D
e la dernière tournée Réjane, en Amé-
rique du Sud, cet épisode que nous
rapporte une charmante actrice de sa Com-
pagnie:
C'est en rade de Rio-de-Janeiro. Le con-
sul de France avait fait la traversée par le
même paquebot que la comédienne et, pen-
dant le cours du voyage, on avait souvent
parlé du fameux secret de la « valise diplo-
matique » que le consul emportait à bord
avec lui. -
Le consul s'était toujours montré réservé
dès que la conversation s'engageait trop à
fond sur le mystère qui doit envelopper la
célèbre valise, que la douane elle-même ne
peut pas ouvrir.
On arrive à Rio. Le canot de la légation
s'approche du bord pour recevoir la valise.
Deux hommes du paquebot, étroitement
surveillés d'ailleurs, apportent le précieux
objet, tandis que les agents de la légation
de France, debout dans le canot, tendent les
bras pour le recevoir.
On jette la valise mais, au même instant,
une vague fait pencher le canot et, au lieu
de tomber dans les bras des agents prêts à
la recevoir, la valise va s'écraser dans le
fond de l'embarcation, la serrure saute et
tout le contenu s'éparpille sous les yeux des
passagers accourus pour assister, du haut
du pont, au départ de M. le Consul.
Et alors on vit ce que celait le secret
d'une « valise diplomatique ». De celle-ci
s'échappèrent: un corset de femme, du
linge, des dentelles, des pantalons à entre-
deux en points d'Angleterre, et jusqu'à.
une ombrelle.
On en, a ri longtemps dans la tournée,
mais quand on songe que la violation de ce
secret eût été un casus belli.
)
1 pleut des Salomé! ,
Après la tapageuse audition de Richard
Strauss, dont le Concert Colonne nous don-
nera, dimanche, un écho affaibli, voici que
M. Mariotte, élève de Vincent d'Indy, se
prépare à initier les Lyonnais aux troublan-
tes chorégraphies de la ballerine juive.
La Loïe Fuller va mimer, à son tour, les
méfaits de la danseuse qui fit perdre la tête
à saint Jean-Baptiste, aussitôt que l'orches-.
tre du Théâtre des Arts aura pu se dépêtrer
des périlleux entrelacs rythmiques où la mu-
sique perpétrée par Florent Schmitt se joue
railleusement.
Saint-on qu'une fois, déjà, la Loïe Fuller
incarna Salomé, une Salomé sortie du cer-
veau d'Armand Silvestre et dont Gabriel
Pierné ennoblit les aventures d'une parti-
tionnette jolie? Ça se passait à la Comédie-
Parisienne, c'était assez ennuyeux et ça ne
dura guère. Mais la musique valait de sur-
vivre à ce naufrage. *
u
'ne dame s'est évanouie.
- Il s'agit d'une sente dame Lisette
t,X. Fidèle à son époux, et calculant que
ses appointements de contrôleur ne suffi-
raient pas longtemps à payer les « tail-
leurs », les « trotteuses n, les « princes-
ses » et les chapeaux si délibérément Gains-
borough qu'elle aime exhiber parmi nous,
elle imagine de se créer des revenus avec
un nouveau genre de publicité théâtrale.
Elle serait celle qui se trouverait mal et
piquerait la fâcheuse crise; qax spectacles
d'horreur. afin que. le lendCroæin. tes cour-
riéristes puissent enregistrer l'incident sus-
ceptible - étrange époque! — d'attirer en-
core plus de monde aux dits spectacles.
- Cependant, m'a dit B., les débuts de
ma femme ne furent pas très heureux. Il
lui arrive de se tromper. C'est ainsi qu'étant
allée, l'autre soir, s'exercer au théâtre An-
toine, elle omit de consulter l'ordre du spec-
tacle.
— Et alors? -
— Et alors, elle s'est évanouie a Mon-
sieur, Codomat Il --"
Il est, dans le corps de ballet de l'Opéra,
i deux jeunes danseuses — précisons:
l'une, blonde, est coryphée; l'autre, brune,
n'est encore que premier quadrille — qui
sont jumelles et cousines « issues de ger-
maines » de l'un de nos critiques les plus
redoutés. Et les deux petites sont très fièrës
de leur cousin, qui, récemment, a fait re-
présenter, avec succès, une pièce impor-
tante. Lui, malgré sa brillante situation, ne
dédaigne pas ses espiègles parentes. Main-
tenant, si vous voulez savoir quel est le
nom du critique, ne le demandez pas au
foyer de la danse. Les deux petites balle-
rines auraient trop peur de chagriner leur
cousin en révélant leur proche parenté.
O
n sortait de la première représentation
du Chemineau.
Des groupes animés quittaient l'Opéra-
Comique et communiquaient aux boulevards
la nouvelle du grand succès.
Un critique notoire — un maître — ma-
nifestait bruyamment son enthousiasme.. Un
indifférent le reconnaît, l'accoste et, dési-
reux de participer à l'entretien, l'interroge:
— De qui donc, Le Chemineau ?
— De qui? De Richepin, parbleu!
— Les vers, assurément, poursuit le pro-
fane, mais la musique?
— La musique aussi, vous m'entendez
bien, rugit le maître, la musique surtout est
de Richepin I r--
D
e l'avant-scène à la scène.
On dit, mais cela semblVImpossible,
on dit, mais on dit tant de choses à Pans,
on dit, c'est même lui qui le dit, qu'un au-
teur dramatique, un des trois plus célèbres
auteurs dramatiques de ce temps, serait sur
le point d'aborder le théâtre comme acteur.
Auteur, il connut les plus triomphants suc-
cès, il est presque aussi connu que M. Ed-
mond Rostand, il a gagné des millions au
théâtre, et puis sa fortune s'est soudain en-
volée, il s'est senti subitement las, un peu
découragé, et comme c'est un comédien
charmant, il pense, il pense très sériçuse-
.ftlp.nLà. faire -*~
Alors qu'il avait vingt ans, il fut un mo-
ment question de son engagement au Gym-
nase; il en a maintenant quarante et il nous
confiait hier sa décision, son irrévocable dé-
cision.
Est-ce là une bonne idée? L'avenir nous
le dira.., •
L
'autre soir, aux Capucines,. avait lieu
e la - répétition générale de la nouvelle
revue: Le C ri de Paris. A un moment don-
né, le compère s'avança sur le bord de la
scène et dit, s'adressant aux spectateurs :
— Vous voyez, messieurs, le résultat de
la campagne des chapeaux au théâtre; vous
Pavez devant vous!
Cà et là, en effet, on remarquait de gi-
gantesques chapeaux.
Alors un gentleman élégant, qui occupait
le fauteuil d'orchestre 84 et dont la figure
était entièrement masquée par une monu-
mentale capeline de soie blanche surmontée
d'une interminable aigrette, s'écria:
— Ça, c'est bien vrai, par exemple!
C'était M. Abel Deval.
T
rout le monde a frémi en voyant Mounet-
Sully, dans Œdipe-Roi, se précipiter
sur ! ancien esclave de Laïus en s'écriant,
d'une voix tonnante, le fameux: « Esclave,
ou fils du roi?. » Mais chacun sait aussi
que le grand tragédien est d'une adresse
incomparable et que son apparente brutalité
est à peine un effleurement pour son par-
tenaire. Il était plus dangereux, paraît-il, de
donner la réplique à Got. Que de fois, dans
Denise, n'a-t-il pas meurtri les genoux de
Mlle Bartet ou étranglé aux trois quarts le
malheureux Baillet! A ce propos, Truffier
rappelait, récemment, ce soir où l'on don-
nait La Vraie farce de Maître Pathelin et
où Got l'avait si rudement empoigné qu'il
avait déjà perdu tout contact avec le pla-
teau et plané, pendant un instant, au-dessus
des fronts chauves de l'orchestre.
L
a carrière féminine est une longue riva-
lité. La chance des adversaires dépend
surtout de l'ingéniosité "et de 1 art avec les-
quels eHes-savent employer leurs armes na-
turelles. Lè sentiment, la coquetterie, les
raffinements du cœur, les suggestions de
l'élégance, les artifices de la beauté offrent
à la femme avisée d'inépuisables ressour-
ces. Vous serez infailliblement la rivale vic-
torieuse, si vous consultez Tous les secrets
de la Femme, par la baronne d'Orchamps.
N
r e vendez pas vos bijoux, perles et pier-
i res fines, ainsi que vos reconnaissan-
ces de bijoux, sans les montrer au Comptoir
International, 44, Chaussée-d'Antin, qui
paie très cher. Téléphone: 269-67.
L
e Limerick gratuit. I
La meilleure façon d'acclimater en
France le nouveau sport qui triomphe
en Angleterre, c'est assurément d'ouvrir un
concours absolument gratuit, doté de nom-
breux prix en espèces.
Nous donnons, en troisième page, le pro-
gramme de ce concours intéressant entre
tous.
NOUVELLE A LA MAIN
L
u sur la façade latérale d'un théâtre de
province:
« Entrée exclusivement réservée à la
sortie. »
Lê Masque de Verre.
THÉÂTRE DE L'ATHÉNÉE
"9tII"I
Monsieur de Courptère
Comédie en quatre actes --
de M. Abel HERMANT
Monsieur de Courpière est une pièce
cynique que M. Abel Hermant a extraite
de son dernier roman. Ce cynisme est
nettement exposé, dès le premier acte,
où est émise la théorie suivante : La no-
blesse existe quoique inutile et ne rap-
portant plus rien ; le noble est donc obli-
gé de vivre d'expédients, il a le droit de
vendre ses belles manières, ses relations,
son élégance, son charme même.
Lorsque Maurice de Courpière nous
Sous le portrait de l'auteur et de gauche
Mlle DE MIRAMON. — Au-dessous: M. 1
ANDRÉ BRULE, Mlle DELYERE.
« lâche » cet aphorisme, nous nous de-
mandons si c'est aussi la théorie de l'au-
teur et si l'auteur ne désire pas nous
faire partager cette théorie. Or, dans
l'action, tous les personnages ont cette
mentalité-là, et les deux seuls honnêtes
gens qu'on rencontre au cours de ces
quatre actes sont tournés en ridicule.
Par contre, M. de Courpière, ce M. Al-
phonse titré, est présenté de façon tout
à fait sympathique. Je sais bien que M.
Hermant a voulu faire la satire de ces
fantoches. Mais il n'a pas suffisamment
éclairé sa lanterne.
Pour débuter dans le monde, le jeune
vicomte de Courpière s'est fait offrir un
splendide appartement par le million-
naire Camille Lambercier, trop honoré
de l'amitié d'un si grand seigneur. L'ar-
gent de poche du vicomte est fourni par
une amie de sa mère, la baronne Duval,
dont il a fait sa maîtresse. Le mari s'est
aperçu de son infortune conjugale et vient
prier*le jeune Courpière de cesser toutes
relations; mais il ne veut pas le priver
de son gagne-pain, et il lui versera la
pension comme autrefois ; le vicomte
aura donc le profit sans avoir le travail.
Voilà le monde, le grand monde, dans
lequel nous allons évoluer ! Et .l'action
sera lente, lente; car il n'y a qu'un seul
caractère autour duquel-évoluent tous les
personnages de la pièce. C'est une série
d'épisodes destinés à nous montrer le
sujet avec ses qualités et, surtout, ses dé-
fauts dans les diverses circonstances qui
les peuvent mettre en valeur. Quoi
qu'on fasse, ce n'est pas une comédie,
c'est une monographie.
Voilà donc M. de Courpière royale-
ment logé, mais sans assez d'argent de
poche; il songe à s'en procurer. Robert
Esprels, le Sganarelle, le Lëporello de
ce Don Juanra présenté à M. de Cour-
pière Jeanne Thillier, une petite cabo-
tine. De Courpière la cède à Camille
Lambercier. Et, une fois qu'elle est ca-
sée auprès de ce millionnaire, il consent
à devenir son amant de cœur.
Nous vdWi ai* deuxième acte, chez la
baronne de Passelieu, au nom evocafeuf
et significatif. Le monde qu'elle reçoit
est des plus mêlés; elle-même n'est pas
le modèle des vertus. Elle s'éprend de
Courpière, mais celui-ci n'a pas besoin
d'argent pour l'instant, et il se dérobe. Il
vient d'éprouver une vraie passion, sin-
cère et brutale pour Mme Arrow, qui
l'aime aussi. Mais Mme Arrow a un mari
qui tuerait impitoyablement son rival à
moins que l'amant ne préfère payera
M. ABEL HERMANT3 iPhotos Henri Mauueïit,
BENEDICT Mlle AEL -
droite: M. Louis BOURNY, Mtfè DULUC*
.Lix ANDER, Mlle NELLY CORMON et M4
Alors, M. Arrow ferme les yeux. MondW
bizarre, comme on voit!
Courpière donnera à M. Arrow l'ar*
gent qu'il reçoit de Jeanne Thillier.
Non ! car Lambercier a ouvert les yeux,
il s'aperçoit qu'il est volé par cette fille,
et il rompt avec elle.
Courpière se dirige alors sur Mme de
Passelieu, dont il a repousse les avances.'
Or, une
Passelieu, dépêche apprend que Mme de
Passelieu devient veuve. Courpière sera
non pas son amant, mais son mari.
Nous retrouvons, quatre mois plus
tard, au château de Courpière, le jeune
vicomte assez désemparé. Arrow veut
emmener sa femme, puisque Courpière
n'a plus d'argent. Pour s'en procurer et
tranquilliser son « débiteur », il suffi-
rait que Courpière pût se fiancer avec
Mme de Passelieu. Le vicomte se fait
promettre le mariage par la dame. Mais
il a un père et une mère qui trouvent
que l'union n'est pas assortie. C'est bien
invraisemblable.
Courpiere vole trente mille francs à
Lambercier. Celui-ci a tout découvert, et
va traîner le voleur chez des juges.
Courpière prie M. Arrow de le surpren-
dre et de le tuer en duel. Mais une hon-
nête jeune fille, Blanche, la sœur dei
Lambercier, arrête le bras d'Arrow et
implore son frère. Elle aime M. dd
Courpière et l'épousera.
Tout commentaire est superflu poufl
juger cette pièce. Malgré toute la litté-
rature dont M. Abel Hermant a pailleté
ces quatre actes, je doute qu'il y ait uH
élément d'intérêt suffisant dans cette œu-
vre languissante qui subodore les petits
romans scandaleux du dix-huitième
siècle. )
Comment ils ont joué,
——- * —'
André Brûlé (Maurice de Courpiere)
mérite d'être cité à part. Il fait passer. à'
force de tact et d'élégante inconsciencd
le rôle scabreux de cet Alphonse du boit-
levard Saint-Germain; et il a marqua
avec un réel souci d'observation la dé
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