MINISTÈRE.
DES
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
N° 1949
Mardi 10 janvier 1922
Bulletin Quotidien de Presse - Etrangère
NOTA. — Il est donne ci-dessous des traductions, intégrales ou par extraits,
et des resumes, ceux-ci imprimes en petits caractères Les articles
traduits intégralement sont précédés d'un astérisque.
SOMMAIRE
PRUSSE ALLEMANDE. — La reconstruction gé-
nérale (Deutsche Allgemeine Zeitung,
Berliner Tugeblatt, Muenchner Neueste
Nachrichten). — Le projet de contrôle
sur les ressources de l'Allemagne (Vor-
waerts).
PRESSE AMÉRICAINE. — La conférence de
Washington : le programme naval de
la France (New York Herald) ; la publi-
cité des séances (Evening Post).
PRESSE ANGLAISE. — La conférence de
Cannes : la reconstruction générale
(Daily Chronicle) ; la position de la
France (Daily Mail, Westminster Ga-
zette, Daily News, Times). — La dé-
mission de M. de Valera (Westmins-
ter Gazette, Daily News, Evening Stan
dard, Yorkshire Post, Morning Post). —
V La ratification du traité irlandais par
le «Dail Eireann» (Times, Daily News).
PRESSE AUTRICHIENNE. — La position de la
France (Deutschœsterreichische Tages-
zeitung).
PRESSE ITALIENNE. — L'Italie et la conférence
de Gênes (Corriere della Sera, Epoca,
Corriere d'Italia, Giornale d'Italia).
POLITIQUE GENERALE
LA CONFÉRENCE DE CANNES
LA RECONSTRUCTION GENERALE. -
PRESSE ALLEMANDE. — Lloyd George a mon-
tré, à Cannes, à quel point la fermeture des
Marchés d'Allemagne, d'Autriche, de Polo-
gne et de Russie porte préjudice à l'écono-
mie anglaise et belge. C'est pourquoi il
préconise la réunion d'une grande confé-
rence économique en maris, à Gênes. Non
seulement les Etats créanciers y seront
représentés, mais aussi l'Allemagne, l'Au-
triche et la Russie. Tout cela, jusqu'ici,
nous remplit d'espoir. Une telle conférence
e!st le seul moyen de régler objectivement
les problèmes en suspens.
Mais il n'a nullement été question de mo-
difier les paiements à effectuer par l'Alle-
magne. Briand a promis d'exposer, plus
tard, le point de vue français et s'est efforcé,
avant tout, de démontrer la) nécessité pour
la France d'obtenir des garanties. Car
l'idée d'une conférence générale n'est nul-
lement du goût de la France. D'ailleurs
l'Allemagne, dans les négociations de Can-
nes, n'occupe pas la première place. La
France voudrait laisser à la Commission
des Réparations le soin de traiter le pro-
blème des paiements allemands. L'attitude
du Conseil Suprême à l'égard de l'Allema-
gne consiste, non à aider l'Allemagne à sor-
tir de sa détresse économique, mais à cher-
cher le moyen de la faire payer sans pour
cela ébranler .!'Óecilliomic européenne. Au
centre des négociations, il y a la Russie. La
France a fait volte-face à l'égard de la
Russie. Paris a acquis la conviction qu'il
ne peut rien faire contre les Soviets et, tout
en voulant dissimuler la retraite, 0IIl y est
prêt à s'asseoir avec les Russes à la table
des longtemps, la Rus-
sie de Lénine a fait un pas vers la politique
bourgeoise. La phraséologie révolutionnaire
persiste, mais on commence, en Russie, à se
rapprocher d'un état de choses qui rend
possible une collaboration avec d'autres
peuplés, non bolchevistes. La position de la
Russie est devenue plus forte, du fait que
les Anglais, les Américains, les Italiens et
les Etats scandinaves se sont rapprochés
d'elle. La Russie a fait, en Orient, une po-
litique active, et l'armée rouge, bien qu'elle
ait échoué devant la Pologne, reste un fac-
teur puissant. On a donc décidé de pren-
dre les Russes en considération.
Ç'a a été tout d'abord une idée anglaise de
diriger vers la Russie l'activité réparatrice
de l'Allemagne. De cette façon il ne sera pas
fait de concurrence à l'industrie anglaise.
La France s'appuyant sur l'article 116, pa-
ragraphe 3, du Traité de Versailles, s'est
emparée de l'idée émise par Milioukov de
faire supporter encore par l'Allemagne les
dettes russes d'avant-guerre. La France
pense que l'exportation allemande en Rus-
sie pourra être soumise à des taxes doua-
nières très élevées dont le montant serait
versé à l'Entente. Les charges qui pèsent
sur l'Allemagne seront ainsi non diminuées,
mais augmentées.
DEUTSCHE ALLGEMEINE ZEITUNG,
7.1. soir
— Convoquée pour répondre à la demande
de délai de l'Allemagne, la Conférence de
Cannes ne s'est, pour ainsi dire, pas occu-
pée de cette question. Elle a élaboré une
longue résolution sur la reconstruction de
l'Europe où il est question presque unique
ment de la Russie. Au cours du débat, on
ne parla pas de l'Allemagne et de ses obli-
gations. Mais il suffit de lire le projet de
conférence économique européenne de
Lloyd George pour comprendre le lien in-
time qu'il établit entre les devoirs de cette
conférence internationale et la solution du
problème des réparations.
Voilà bien la pierre tombée dans le jardin
de Briand. mais voici le sens exact du dis-
cours de Lloyd George que la commission
de la Conférence a approuvé par sa résolu
tion : il faut en finir avec le système qui
consiste à charger l'Allemagne au delà de
sa capacité de paiement, pour y substituer
une politique d'affaires. Il faut prendre la
capacité de paiement de l'Allemagne pour
base des réparations ,il faut restaurer cette
capacité et élaborer alors un système de
paiement conforme aux intérêts du monde.
Quand ce nouveau plan de réparations in-
terviendra-t-il ? Avec ou après la grande
conférence européenne. Et c'est une vie
toire de la thèse anglaise. Car, d'après la
thèse française, représentée par Briand au
Sénat et à la Chambre avec chaleur — avec
plus de chaleur peut-être que de conviction,
— la dette allemande et la situation écono-
mique générale sont deux choses à traiter
séparément. Du point de vue français, on
ne devait pas négocier sur la question des
réparations, et refuser simplement la de-
mande de délai de l'Allemagne. La France
a donc fait, une certaine concession.
La résolution prise au sujet des répara-
tions sur un projet anglais, ainsi que le
discours de Lloyd George, montrent que
les temps sont mûrs pour la solution du
problème allemand dans le cadre des inté-
rêts généraux de l'Europe et bien que
Lloyd George ait déclaré au début de son
discours qu'il entendait « ne rien changer
aux conditions du traité », il s'agit bien'
d'une revision, sinon du texte, du moins
de l'esprit du traité. La conception écono-
mique (ou, si l'on veut, l'idée humanitaire
de solidarité), commence à triompher de la
conception politique violente. — J. S.
BERLINER TAGEBLATT,
7.1 soir.
— Il semble qu'au cours des conversa-
tions préliminaires des 4 et 5 janvier, il ait
été impossible de s'entendre sur le plan de
réparations de Lloyd George. La Belgique,
notamment, ne veut à aucun prix renoncer
à son droit de priorité sur les paiements
allemands. La question des réparations
étant placée en tête de l'ordre du jour,
Lloyd George redoutait que les divergences
se manifestassent dès l'abord à ce sujet au
point de provoquer une rupture .11 se mit
alors à travailler dans la coulisse pour re-
tourner l'ordre du jour. Et, en tête du pro-
gramme, on inscrivit le sujet qui devait ori-
ginairement venir en second lieu : la con-
férence économique internationale. Certains
journaux français parlent d'une victoire de
Lloyd George et d'un échec de la diploma-
tie française. Le Journal des Débats repro-
che vivement à Briand la modification de
l'ordre du jour qu'il s'est laissé imposer.
DES
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
N° 1949
Mardi 10 janvier 1922
Bulletin Quotidien de Presse - Etrangère
NOTA. — Il est donne ci-dessous des traductions, intégrales ou par extraits,
et des resumes, ceux-ci imprimes en petits caractères Les articles
traduits intégralement sont précédés d'un astérisque.
SOMMAIRE
PRUSSE ALLEMANDE. — La reconstruction gé-
nérale (Deutsche Allgemeine Zeitung,
Berliner Tugeblatt, Muenchner Neueste
Nachrichten). — Le projet de contrôle
sur les ressources de l'Allemagne (Vor-
waerts).
PRESSE AMÉRICAINE. — La conférence de
Washington : le programme naval de
la France (New York Herald) ; la publi-
cité des séances (Evening Post).
PRESSE ANGLAISE. — La conférence de
Cannes : la reconstruction générale
(Daily Chronicle) ; la position de la
France (Daily Mail, Westminster Ga-
zette, Daily News, Times). — La dé-
mission de M. de Valera (Westmins-
ter Gazette, Daily News, Evening Stan
dard, Yorkshire Post, Morning Post). —
V La ratification du traité irlandais par
le «Dail Eireann» (Times, Daily News).
PRESSE AUTRICHIENNE. — La position de la
France (Deutschœsterreichische Tages-
zeitung).
PRESSE ITALIENNE. — L'Italie et la conférence
de Gênes (Corriere della Sera, Epoca,
Corriere d'Italia, Giornale d'Italia).
POLITIQUE GENERALE
LA CONFÉRENCE DE CANNES
LA RECONSTRUCTION GENERALE. -
PRESSE ALLEMANDE. — Lloyd George a mon-
tré, à Cannes, à quel point la fermeture des
Marchés d'Allemagne, d'Autriche, de Polo-
gne et de Russie porte préjudice à l'écono-
mie anglaise et belge. C'est pourquoi il
préconise la réunion d'une grande confé-
rence économique en maris, à Gênes. Non
seulement les Etats créanciers y seront
représentés, mais aussi l'Allemagne, l'Au-
triche et la Russie. Tout cela, jusqu'ici,
nous remplit d'espoir. Une telle conférence
e!st le seul moyen de régler objectivement
les problèmes en suspens.
Mais il n'a nullement été question de mo-
difier les paiements à effectuer par l'Alle-
magne. Briand a promis d'exposer, plus
tard, le point de vue français et s'est efforcé,
avant tout, de démontrer la) nécessité pour
la France d'obtenir des garanties. Car
l'idée d'une conférence générale n'est nul-
lement du goût de la France. D'ailleurs
l'Allemagne, dans les négociations de Can-
nes, n'occupe pas la première place. La
France voudrait laisser à la Commission
des Réparations le soin de traiter le pro-
blème des paiements allemands. L'attitude
du Conseil Suprême à l'égard de l'Allema-
gne consiste, non à aider l'Allemagne à sor-
tir de sa détresse économique, mais à cher-
cher le moyen de la faire payer sans pour
cela ébranler .!'Óecilliomic européenne. Au
centre des négociations, il y a la Russie. La
France a fait volte-face à l'égard de la
Russie. Paris a acquis la conviction qu'il
ne peut rien faire contre les Soviets et, tout
en voulant dissimuler la retraite, 0IIl y est
prêt à s'asseoir avec les Russes à la table
des longtemps, la Rus-
sie de Lénine a fait un pas vers la politique
bourgeoise. La phraséologie révolutionnaire
persiste, mais on commence, en Russie, à se
rapprocher d'un état de choses qui rend
possible une collaboration avec d'autres
peuplés, non bolchevistes. La position de la
Russie est devenue plus forte, du fait que
les Anglais, les Américains, les Italiens et
les Etats scandinaves se sont rapprochés
d'elle. La Russie a fait, en Orient, une po-
litique active, et l'armée rouge, bien qu'elle
ait échoué devant la Pologne, reste un fac-
teur puissant. On a donc décidé de pren-
dre les Russes en considération.
Ç'a a été tout d'abord une idée anglaise de
diriger vers la Russie l'activité réparatrice
de l'Allemagne. De cette façon il ne sera pas
fait de concurrence à l'industrie anglaise.
La France s'appuyant sur l'article 116, pa-
ragraphe 3, du Traité de Versailles, s'est
emparée de l'idée émise par Milioukov de
faire supporter encore par l'Allemagne les
dettes russes d'avant-guerre. La France
pense que l'exportation allemande en Rus-
sie pourra être soumise à des taxes doua-
nières très élevées dont le montant serait
versé à l'Entente. Les charges qui pèsent
sur l'Allemagne seront ainsi non diminuées,
mais augmentées.
DEUTSCHE ALLGEMEINE ZEITUNG,
7.1. soir
— Convoquée pour répondre à la demande
de délai de l'Allemagne, la Conférence de
Cannes ne s'est, pour ainsi dire, pas occu-
pée de cette question. Elle a élaboré une
longue résolution sur la reconstruction de
l'Europe où il est question presque unique
ment de la Russie. Au cours du débat, on
ne parla pas de l'Allemagne et de ses obli-
gations. Mais il suffit de lire le projet de
conférence économique européenne de
Lloyd George pour comprendre le lien in-
time qu'il établit entre les devoirs de cette
conférence internationale et la solution du
problème des réparations.
Voilà bien la pierre tombée dans le jardin
de Briand. mais voici le sens exact du dis-
cours de Lloyd George que la commission
de la Conférence a approuvé par sa résolu
tion : il faut en finir avec le système qui
consiste à charger l'Allemagne au delà de
sa capacité de paiement, pour y substituer
une politique d'affaires. Il faut prendre la
capacité de paiement de l'Allemagne pour
base des réparations ,il faut restaurer cette
capacité et élaborer alors un système de
paiement conforme aux intérêts du monde.
Quand ce nouveau plan de réparations in-
terviendra-t-il ? Avec ou après la grande
conférence européenne. Et c'est une vie
toire de la thèse anglaise. Car, d'après la
thèse française, représentée par Briand au
Sénat et à la Chambre avec chaleur — avec
plus de chaleur peut-être que de conviction,
— la dette allemande et la situation écono-
mique générale sont deux choses à traiter
séparément. Du point de vue français, on
ne devait pas négocier sur la question des
réparations, et refuser simplement la de-
mande de délai de l'Allemagne. La France
a donc fait, une certaine concession.
La résolution prise au sujet des répara-
tions sur un projet anglais, ainsi que le
discours de Lloyd George, montrent que
les temps sont mûrs pour la solution du
problème allemand dans le cadre des inté-
rêts généraux de l'Europe et bien que
Lloyd George ait déclaré au début de son
discours qu'il entendait « ne rien changer
aux conditions du traité », il s'agit bien'
d'une revision, sinon du texte, du moins
de l'esprit du traité. La conception écono-
mique (ou, si l'on veut, l'idée humanitaire
de solidarité), commence à triompher de la
conception politique violente. — J. S.
BERLINER TAGEBLATT,
7.1 soir.
— Il semble qu'au cours des conversa-
tions préliminaires des 4 et 5 janvier, il ait
été impossible de s'entendre sur le plan de
réparations de Lloyd George. La Belgique,
notamment, ne veut à aucun prix renoncer
à son droit de priorité sur les paiements
allemands. La question des réparations
étant placée en tête de l'ordre du jour,
Lloyd George redoutait que les divergences
se manifestassent dès l'abord à ce sujet au
point de provoquer une rupture .11 se mit
alors à travailler dans la coulisse pour re-
tourner l'ordre du jour. Et, en tête du pro-
gramme, on inscrivit le sujet qui devait ori-
ginairement venir en second lieu : la con-
férence économique internationale. Certains
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