Presse et revues
16 pages
Titre : La Semaine religieuse du diocèse de Poitiers : paraissant tous les samedis à Poitiers ["puis" publiée sous le patronage de Monseigneur l'Évêque "ou" publiée sous le patronage de l'Ordinaire "puis plus de sous-titre"]
Auteur : Église catholique. Diocèse (Poitiers). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Poitiers)
Date d'édition : 1900-01-21
Contributeur : Le Guichaoua, Paul (Abbé). Directeur de publication
Contributeur : Bourdeau, Emile (Chanoine). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34424750g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 janvier 1900 21 janvier 1900
Description : 1900/01/21 (A37,N3). 1900/01/21 (A37,N3).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG79 Collection numérique : BIPFPIG79
Description : Collection numérique : BIPFPIG86 Collection numérique : BIPFPIG86
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Poitou-Charentes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9984327
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC11-816 (4)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/11/2022
— 44 —
COURS DE CRITIQUE RELIGIEUSE
DU R. P. PACHEU, S. J.
Conférence du Jeudi 18 janvier.
Le culte du « moi »
Avant d’aborder le sujet de la présente conférence, le P. Pacheu a achevé de
juger le pessimisme. S’il peut suffire à quelques raresadeptes,d’élite intellectuelle,
pour en faire des stoïques à la Taine, il est totalement insuffisant à l'âme moyenne
ordinaire, et encore plus à l’âme des foules. Le socialisme monte, et c'est une
marée que n’arrêtera pas la digue fragile des théoriciens du malheur : les petits
qui souffrent renverseront la société quand ils ne chanteront plus le Credo
chrétien de la douleur.
Désormais nous avons à étudier la réaction contre le positivisme que nous
avons suivi jusqu’au bas fond de désespoir où il aboutit. Pour remonter la pente
on nous offre le choix :
1. Le culte du « moi » ; — 2. le culte des « autres » ; — 3. le culte de l’invi
sible « occulte ».
Nous examinerons successivement ces divers systèmes. Aujourd’hui le culte
du « moi ».
Deux formes : dilettantisme, individualisme à la Nietzsche.
I. — DILETTANTISME
1. Plutôt un état d’esprit qu’une doctrine, « disposition très intelligente à la fois
et très voluptueuse, qui nous incline tour à tour vers les formes diverses de la
vie, et nous conduit à nous prêter à toutes ces formes sans nous donner à
aucune » (P. Bourget).
2. Après avoir été fort à la mode, c’est un engouement désormais flétri, con
damné par tous. Voir «Le Bilan d’une génération »par René Doumic (R. 2 M. 15.
I. 0 ; « La longue enquête sur les maladies morales de la France actuelle m’a
contraint de reconnaître à mon tour la vérité proclamée par des maîtres d’une
autorité bien supérieure à la mienne : Balzac, Le Play et Taine, à savoir que
pour les individus comme pour la société, le christianisme est, à l’heure présente,
la condition unique et nécessaire de santé et de guérison » (Paul Bourget).
3. Le fondateur de ce triste genre, c’est Ernest Renan : lire G. Séailles, R. Allier,
Faguet sur cet homme. Il est désormais-jugé équitablement : un amateur sou
riant qui se moquait du public et de lui-même, un esprit infiniment souple, avec
l’horreur de l’affirmation nette.
Dans son étude sur Renan, M. Séailles conclut en flagellant impitoyablement
le dilettante. « Le dilettantisme, cette ironie de professeur et d’étudiant qui
sent l’odeur fade des bibliothèques, est à la portée de tous. » Ces pages, lues en
entier, se terminent ainsi : « Pour avoir voulu s’élever au-dessus de la vie, faire
le grand seigneur, on tombe à la pauvreté de la bête, à la misère d’un moi indi
viduel. qui ne se soutient que par l’illusion d’exister ».
4. Le but final du système,en somme, cest le culte du « moi ». (Voir L'homme
libre, de M. Barrés p. 54.) Les Ordres religieux ont créé une hygiène de l’âme
qui se propose d’aimer parfaitement Dieu; une hygiène analogue nous avancera
dans l’adoration du « moi ». — « Paresse, égoïsme, désir de jouissance, et lâcheté
(Doumic, loc. cit.j
5. Le dernier impénitent de cette religion funeste aux jeunes Français, et
peu estimable, de cette « génération de la déliquescence », c’est M. Anatole
France. MM. Jules Lemaître et Barrés brûlent maintenant ce qu’ils avaient adoré,
relèvent les autels qu’ils avaient brisés, et s’efforcent de grouper dans l’action
bonne les bons Français.
II. — Individualisme de Nietzsche.
Le système le plus antichrétien ; mais le fondateur est un sincère, un con
vaincu, et non, comme nos dilettantes, apôtred’une religion « la bouche en cœur »,
COURS DE CRITIQUE RELIGIEUSE
DU R. P. PACHEU, S. J.
Conférence du Jeudi 18 janvier.
Le culte du « moi »
Avant d’aborder le sujet de la présente conférence, le P. Pacheu a achevé de
juger le pessimisme. S’il peut suffire à quelques raresadeptes,d’élite intellectuelle,
pour en faire des stoïques à la Taine, il est totalement insuffisant à l'âme moyenne
ordinaire, et encore plus à l’âme des foules. Le socialisme monte, et c'est une
marée que n’arrêtera pas la digue fragile des théoriciens du malheur : les petits
qui souffrent renverseront la société quand ils ne chanteront plus le Credo
chrétien de la douleur.
Désormais nous avons à étudier la réaction contre le positivisme que nous
avons suivi jusqu’au bas fond de désespoir où il aboutit. Pour remonter la pente
on nous offre le choix :
1. Le culte du « moi » ; — 2. le culte des « autres » ; — 3. le culte de l’invi
sible « occulte ».
Nous examinerons successivement ces divers systèmes. Aujourd’hui le culte
du « moi ».
Deux formes : dilettantisme, individualisme à la Nietzsche.
I. — DILETTANTISME
1. Plutôt un état d’esprit qu’une doctrine, « disposition très intelligente à la fois
et très voluptueuse, qui nous incline tour à tour vers les formes diverses de la
vie, et nous conduit à nous prêter à toutes ces formes sans nous donner à
aucune » (P. Bourget).
2. Après avoir été fort à la mode, c’est un engouement désormais flétri, con
damné par tous. Voir «Le Bilan d’une génération »par René Doumic (R. 2 M. 15.
I. 0 ; « La longue enquête sur les maladies morales de la France actuelle m’a
contraint de reconnaître à mon tour la vérité proclamée par des maîtres d’une
autorité bien supérieure à la mienne : Balzac, Le Play et Taine, à savoir que
pour les individus comme pour la société, le christianisme est, à l’heure présente,
la condition unique et nécessaire de santé et de guérison » (Paul Bourget).
3. Le fondateur de ce triste genre, c’est Ernest Renan : lire G. Séailles, R. Allier,
Faguet sur cet homme. Il est désormais-jugé équitablement : un amateur sou
riant qui se moquait du public et de lui-même, un esprit infiniment souple, avec
l’horreur de l’affirmation nette.
Dans son étude sur Renan, M. Séailles conclut en flagellant impitoyablement
le dilettante. « Le dilettantisme, cette ironie de professeur et d’étudiant qui
sent l’odeur fade des bibliothèques, est à la portée de tous. » Ces pages, lues en
entier, se terminent ainsi : « Pour avoir voulu s’élever au-dessus de la vie, faire
le grand seigneur, on tombe à la pauvreté de la bête, à la misère d’un moi indi
viduel. qui ne se soutient que par l’illusion d’exister ».
4. Le but final du système,en somme, cest le culte du « moi ». (Voir L'homme
libre, de M. Barrés p. 54.) Les Ordres religieux ont créé une hygiène de l’âme
qui se propose d’aimer parfaitement Dieu; une hygiène analogue nous avancera
dans l’adoration du « moi ». — « Paresse, égoïsme, désir de jouissance, et lâcheté
(Doumic, loc. cit.j
5. Le dernier impénitent de cette religion funeste aux jeunes Français, et
peu estimable, de cette « génération de la déliquescence », c’est M. Anatole
France. MM. Jules Lemaître et Barrés brûlent maintenant ce qu’ils avaient adoré,
relèvent les autels qu’ils avaient brisés, et s’efforcent de grouper dans l’action
bonne les bons Français.
II. — Individualisme de Nietzsche.
Le système le plus antichrétien ; mais le fondateur est un sincère, un con
vaincu, et non, comme nos dilettantes, apôtred’une religion « la bouche en cœur »,
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