LE MIROIR DES SPORTS 133
cles des athlètes français? C'est peu vraisemblable.
On a dit encore que la chance avait favorisé
l'équipe galloise. C'est vrai, mais la chance ne va le
plus souvent qu'à celui qui la tente et la force : les
joueurs gallois se livrèrent sans réserve, attaquant
sans répit. Une offensive échouait-elle sur un point?
Le demi de mêlée Powell, l'esprit en éveil, l'orientait
sur un autre côté, par une longue passe renversée,
rapide, instantanée, sans se soucier de sa précision
et sans se préoccuper outre mesure des chances qu'il
offrait à l'adversaire. Du côté français, seul Samatan,
en lignes arrière, Galia, Ribère et Camo, en avants.
essayèrent de contre-attaquer dans les nombreuses
occasions données à nos joueurs.
Nos trois-quarts en particulier — hors Samatan —
n'eurent jamais le réflexe de passer sans délai du
rôle défensif, où ils n'excellaient pourtant point, à celui
plus productif d'attaquants. Leurs possibilités se
bornaient à partir en passes, après une régulière sor-
tie de mêlée ; là, avec le vaste champ d'action que
leur laissèrent les arrières gallois, ils démontrèrent
de réelles qualités ; ainsi Servolle fit valoir la rapi-
dité de ses départs, et Vigerie réussit, en une circons-
tance, une jolie percée.
Mais que valaient alors, dans ces conditions, les
chances de l'équipe française, privée sans cesse du
ballon à la mêlée ? Evidemment, bien peu, et le résul-
tat le démontra outrageusement. Du coup, la néces-
sité d'un talonneur spécialiste s'affirme avec éclat.
Mais ce n'est point là le seul changement à appor-
ter dans l'équipe de France. Dans celle que nous vîmes
opérer sur le souple terrain de Swansea, une minorité
de joueurs est seule à retenir pour l'avenir : l'arrière
Savy, Samatan, Clément comme doublure de Bail-
lette et Gérald, peut-être Servolle, et quatre avants.
Savy eut une partie particulièrement difficile.
Il fut sans doute inférieur à son vis-à-vis, le capitaine
gallois Bassett, d'une sûreté et d'une précision
rarement en défaut ; mais Savy, toujours adroit sur
la réception du ballon, eut de longs coups de pied
de dégagement, qui ne furent pas sans reposer les
avants français. Dans sa défense sur les Gallois,
sprintant littéralement vers les buts français, son
manque de vitesse apparut, par contre, avec évi-
dence.
Chez les trois-quarts, nous avons déjà souligné
l'esprit entreprenant de Samatan, se débattant
comme un diable pour enrayer le désastre ; il ne fut
utilement soutenu dans sa pénible tâche de défense
CAMO NE PEUT ÉCHAPPER AU GALLOIS R. JAMES
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que par Clément, stoppant sans cesse aux jambes
les agressifs centres adverses, Frank Williams ou
Claude Davey.
Chez les demis, Serin ne fut jamais dans la course.
Servolle, inexistant en défense sur l'homme, mérite
qu'on lui fasse encore crédit, en raison de ses excel-
lents coups de pied et de son talent offensif. Mais que
nos deux demis apparurent faibles, à côté du rapide
petit Ralph et de l'athlétique Powell ! Ce dernier en
particulier, aux coups de pied formidables, à l'action
puissante, fut d'une activité et d'une audace extra-
ordinaires. La variété de son jeu, ses passes ren-
versées donnèrent au match une allure toute de
vitesse et d'imprévu ; il fut le principal artisan du
triomphe gallois.
Chez les avants, Galia se dépensa sans compter ;
aux touches, il fut le seul à rivaliser avec succès
avec les rudes avants gallois, et c'est encore lui qui
parut le plus dangereux dans le jeu ouvert. Ribère
le seconda habilement ; mais pourquoi le capitaine
français, qui, du reste, ne s'employait pas à l'excès
dans la mêlée, ne la quitta-t-il pas définitivement
pour aller suppléer Vigerie, par exemple, et ramener
de l'ordre dans notre ligne d'attaque en désarroi ?
Duhau, bien qu'un peu lourd, Camo, bouillant et
actif, émergèrent parfois du lot ; mais l'ensemble
des avants français et gallois ne joua qu'un rôle de
second plan dans un débat où les hostilités — par la
volonté de Powell et grâce au meilleur talonnage des
Gallois — se limitèrent à un duel de trois-quarts.
Ainsi n'eut-on point l'occasion de voir se mettre
en vedette ni Scohy, ni Barrère, ni Rodrigo ; le
colosse nancéien Petit eut, par contre, l'honneur de
marquer le seul essai français à la suite d'une longue
série de passes.
MARCEL DE LABORDERIE.
Composition des équipes :
France : Savy (Clermont-Ferrand) ; Samatan
(Agen), Vigerie (Agen), Clément (Racing), AÙgras
(Agen) ; Servolle (Toulon), Serin (Béziers) ; Ribère
(Quillan), Galia (Villeneuve), Camo (Villeneuve),
Duhau (S. A. Bordeaux), Barrère (Toulon), Petit.
(Nancy), Scohy (Bordeaux E. C.), Rodrigo (Mauléon).
Pays de Galles : J. Bassett ; R. W. Boon, Frank
Williams, Claude Davey, J. C. Morley; A. R. Ralph,
W. C. Powell ; E. M. Jenkins, T. Arthur, A. Skym,
N. Fender, A. Lemon, T. Day, J. Lang, D. R. James.
L'AVANT FRANÇAIS CAMO, SUIVI DE GALIA, TENTE DE PERCER, MALGRÉ L'OPPOSITION DU TROIS-QUARTS AILE BOON. A L'EXTRÊME GAUCHE, POWELL
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