Presse et revues
15 pages
Titre : Le Miroir des sports : publication hebdomadaire illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-03-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb38728672j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 mars 1926 10 mars 1926
Description : 1926/03/10 (N304,A16). 1926/03/10 (N304,A16).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97882175
Source : INSEP (Institut National du Sport de l'Expertise et de la Performance), 2013-54014
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/07/2017
154 LE MIROIR DES SPORTS
EN METTANT HORS DE COMBAT, EN SIX REPRISES, L'ALLEMAND HANS HEESER,
L'ARDENNAIS IVAN LAFFINEUR A REPRIS SA MARCHE VERS LES HONNEURS
André Routis et Jack Walker sont vainqueurs aux points, respectivement de Gaston Cassini et de Gandon.
Il y a six mois à peine, Ivan Laffineur,
découvert dans les Ardennes par le mana-
ger Léon Sée, faisait ses débuts à Paris
et remportait victoires sur victoires, rem-
portées toutes plus rapidement les unes que
les autres. De suite, nous avions remarqué les
grandes qualités naturelles que possédait
ce solide mi-moyen. Ici même, nous émîmes
l'opinion qu'il ne serait pas extraordinaire
que Laffineur soit l'attraction de la prochaine
saison de boxe. Mais Ivan, ou plutôt son
manager Sée, se montra trop pressé en vou-
lant monnayer au maximum une réputation
naissante. Fatigué, surmené, ne possédant
plus le feu sacré qu'il manifesta à ses débuts,
Laffineur se heurta, en mauvaise condition
physique, à des boxeurs durs et plus expéri-
mentés que lui. Le résultat ne se fit pas
attendre et, en deux mois, notre « espoir »
accumula trois défaites, d'abord par Romério
— encore que la décision officielle ait été
match nul —, par Domgœrgen, enfin par Ross.
Comme cela se produit toujours dans ces
cas-là, les bilieux, qui avaient prédit, dès le
premier abord, une carrière nulle au jeune
champion, tressaillirent d'aise et clamèrent
à tous vents que Laffineur n'a jamais valu
grand'chose.
« Bien faire et laisser dire », telle semble
être la devise de Laffineur, l'homme à la mâ-
choire de travers. Après s'être bien reposé,
l'Ardennais remonta, mardi, sur le ring du
Cirque de Paris et fut opposé à Hans Heeser,
le jeune espoir allemand, considéré, outre-
Rhin, comme l'égal du champion des poids
mi-moyens Herse, bien connu à Paris. A la
stupéfaction presque générale, Laffineur, tout
d'abord dérouté par la garde à droite de son
adversaire, prit le meilleur et malmena tant
le Germain qu'au cours du sixième round
l'éponge vola sur le plancher en signe de déli-
vrance. 0
Aucun incident, rien qui puisse fausser le
résultat d'un match de boxe, ne se produisit
cette fois. C'est par des crochets très nets au
menton que Heeser fut mis trois fois à terre et
on peut considérer que sa défaite fut consom-
mée par knock-out, car, au moment où ses
soigneurs eurent accompli le geste d'abandon,
leur «poulain» gisait au tapis, à moitié as-
sommé. Bon gré, mal gré, les détracteurs de
Laffineur durent reconnaître que, pour une
fois, celui-ci boxa avec adresse et naturelle-
ment avec puissance.
Pour donner à la victoire de l'Ardennais
toute sa portée, ajoutons qu'Heeser fit, pré-
cédemment, match nul avec le champion de
France Romério et vainquit, en moins d'une
reprise, Maurice Prunier. Et ces perfonnances
ne sont pas à la portée de tout le monde.
Il est difficile de nier que la rencontre André
Routis-Gaston Cassini sentit fortement le
match de remplacement. Pris de court, deux
jours avant sa réunion, par le forfait du Belge
Henri Scillie, M. Dickson, directeur de « Ma-
nitot », mobilisa un peu partout des poids
coq et plume, afin d'organiser un combat-
POUR LA PREMIÈRE FOIS HEESER VA A TERRE
LAFFINEUR VIENT DE KNOCK-OUTER HEE&ER
vedette qui sauvegardât l'intérêt de la soirée.
Sauvage, Ash, Morracchini, Paul Gay, même
Kid Francis furent prévus, mais soit que l'un,
Sauvage, fût frappé par un deuil cruel, ou
d'autres se soient montrés trop gourmands,
rien n'en sortit, et, en désespoir de cause, le
nouveau promoteur dut accepter l'offre ten-
tante de M. Bretomiel père, qui, pour moins
de trois « billets », exposa son poulain, Gaston
Cassini, aux coups d'André Routis, champion
de France.
Cassini esquive très bien, il ne fait d'ailleurs
que cela. A aucun moment il n'accepta le
combat, au sens propre du mot, où les qualités
de Routis auraient pu se faire jour. Handicapé
d'au moins 3 kilos, le Marseillais n'eut qu'un
seul but : durer et, s'il est possible, achever
les douze reprises du match.
En temps ordinaire, Routis passe pour un
combattant puissant et assez adroit. Devant
un adversaire d'une habileté vraiment extraor-
dinaire et se dérobant continuellement, le
Bordelais, pourtant en belle condition ce soir-
là, fit piètre figure. Nombre considérable de
ses crochets se perdirent dans le vide, tant
la mobilité de Cassini était grande. Ne se
rendant pas compte de la difficulté de la tâche
imposée à Routis, les spectateurs, mis en joie
par les esquives de Cassini, soutinrent ce
dernier de la voix et, par ricochet, se montrè-
rent hostiles à l'égard du champion de France.
André Routis n'a pas la cote auprès du
public, et c'est dommage. Il a gagné mardi,
mais pas en popularité, et, en pensant à sa
victoire, on ne peut s'empêcher de comparer
son cas à celui de Pyrrhus. En modifiant
quelque peu la célèbre phrase du roi d'Epire,
Routis peut dire, lui aussi : « Encore quelques
victoires comme celle-là, et ma réputation de
boxeur est perdue. »
L'Arlésien Paul Gay vient d'être agréé
par la Fédération comme challenger officiel
au titre de champion de France des poids
plume. Autant dire que, pour garder son
trophée, Routis peut dormir sur ses deux
oreilles. Deux pugilistes étaient plus qualifiés
pour briguer le challenge : Édouard Mascart,
qui vient de reprendre l'entraînement à
Anzin, après s'être reposé de sa campagne aux
États-Unis, et Gaston Charles, alias Charles
Raymond, actuellement militaire. Ce sont
deux rudes compétiteurs au titre de champion.
Depuis que Jack Walker fait partie de
l'équipe de Descamps, il a beaucoup changé,
à son avantage. A sa nonchalance de jadis
s'est substituée une ardeur d'autant plus
redoutable pour ses adversaires qu'elle est
mise au service de qualités physiques excep-
tionnelles. Gandon, qui lui fut opposé, ne put
se montrer son égal ni à distance ni de près.
VICTOR CHAPIRO.
CASSINI EST A GENOUX AU COURS DU NEUVIÈME ROUND. ROUTIS L'OBSERVE
ROUTIS VA PLACER SON GAUCHE QUE CASSINI ESQUIVERA
EN METTANT HORS DE COMBAT, EN SIX REPRISES, L'ALLEMAND HANS HEESER,
L'ARDENNAIS IVAN LAFFINEUR A REPRIS SA MARCHE VERS LES HONNEURS
André Routis et Jack Walker sont vainqueurs aux points, respectivement de Gaston Cassini et de Gandon.
Il y a six mois à peine, Ivan Laffineur,
découvert dans les Ardennes par le mana-
ger Léon Sée, faisait ses débuts à Paris
et remportait victoires sur victoires, rem-
portées toutes plus rapidement les unes que
les autres. De suite, nous avions remarqué les
grandes qualités naturelles que possédait
ce solide mi-moyen. Ici même, nous émîmes
l'opinion qu'il ne serait pas extraordinaire
que Laffineur soit l'attraction de la prochaine
saison de boxe. Mais Ivan, ou plutôt son
manager Sée, se montra trop pressé en vou-
lant monnayer au maximum une réputation
naissante. Fatigué, surmené, ne possédant
plus le feu sacré qu'il manifesta à ses débuts,
Laffineur se heurta, en mauvaise condition
physique, à des boxeurs durs et plus expéri-
mentés que lui. Le résultat ne se fit pas
attendre et, en deux mois, notre « espoir »
accumula trois défaites, d'abord par Romério
— encore que la décision officielle ait été
match nul —, par Domgœrgen, enfin par Ross.
Comme cela se produit toujours dans ces
cas-là, les bilieux, qui avaient prédit, dès le
premier abord, une carrière nulle au jeune
champion, tressaillirent d'aise et clamèrent
à tous vents que Laffineur n'a jamais valu
grand'chose.
« Bien faire et laisser dire », telle semble
être la devise de Laffineur, l'homme à la mâ-
choire de travers. Après s'être bien reposé,
l'Ardennais remonta, mardi, sur le ring du
Cirque de Paris et fut opposé à Hans Heeser,
le jeune espoir allemand, considéré, outre-
Rhin, comme l'égal du champion des poids
mi-moyens Herse, bien connu à Paris. A la
stupéfaction presque générale, Laffineur, tout
d'abord dérouté par la garde à droite de son
adversaire, prit le meilleur et malmena tant
le Germain qu'au cours du sixième round
l'éponge vola sur le plancher en signe de déli-
vrance. 0
Aucun incident, rien qui puisse fausser le
résultat d'un match de boxe, ne se produisit
cette fois. C'est par des crochets très nets au
menton que Heeser fut mis trois fois à terre et
on peut considérer que sa défaite fut consom-
mée par knock-out, car, au moment où ses
soigneurs eurent accompli le geste d'abandon,
leur «poulain» gisait au tapis, à moitié as-
sommé. Bon gré, mal gré, les détracteurs de
Laffineur durent reconnaître que, pour une
fois, celui-ci boxa avec adresse et naturelle-
ment avec puissance.
Pour donner à la victoire de l'Ardennais
toute sa portée, ajoutons qu'Heeser fit, pré-
cédemment, match nul avec le champion de
France Romério et vainquit, en moins d'une
reprise, Maurice Prunier. Et ces perfonnances
ne sont pas à la portée de tout le monde.
Il est difficile de nier que la rencontre André
Routis-Gaston Cassini sentit fortement le
match de remplacement. Pris de court, deux
jours avant sa réunion, par le forfait du Belge
Henri Scillie, M. Dickson, directeur de « Ma-
nitot », mobilisa un peu partout des poids
coq et plume, afin d'organiser un combat-
POUR LA PREMIÈRE FOIS HEESER VA A TERRE
LAFFINEUR VIENT DE KNOCK-OUTER HEE&ER
vedette qui sauvegardât l'intérêt de la soirée.
Sauvage, Ash, Morracchini, Paul Gay, même
Kid Francis furent prévus, mais soit que l'un,
Sauvage, fût frappé par un deuil cruel, ou
d'autres se soient montrés trop gourmands,
rien n'en sortit, et, en désespoir de cause, le
nouveau promoteur dut accepter l'offre ten-
tante de M. Bretomiel père, qui, pour moins
de trois « billets », exposa son poulain, Gaston
Cassini, aux coups d'André Routis, champion
de France.
Cassini esquive très bien, il ne fait d'ailleurs
que cela. A aucun moment il n'accepta le
combat, au sens propre du mot, où les qualités
de Routis auraient pu se faire jour. Handicapé
d'au moins 3 kilos, le Marseillais n'eut qu'un
seul but : durer et, s'il est possible, achever
les douze reprises du match.
En temps ordinaire, Routis passe pour un
combattant puissant et assez adroit. Devant
un adversaire d'une habileté vraiment extraor-
dinaire et se dérobant continuellement, le
Bordelais, pourtant en belle condition ce soir-
là, fit piètre figure. Nombre considérable de
ses crochets se perdirent dans le vide, tant
la mobilité de Cassini était grande. Ne se
rendant pas compte de la difficulté de la tâche
imposée à Routis, les spectateurs, mis en joie
par les esquives de Cassini, soutinrent ce
dernier de la voix et, par ricochet, se montrè-
rent hostiles à l'égard du champion de France.
André Routis n'a pas la cote auprès du
public, et c'est dommage. Il a gagné mardi,
mais pas en popularité, et, en pensant à sa
victoire, on ne peut s'empêcher de comparer
son cas à celui de Pyrrhus. En modifiant
quelque peu la célèbre phrase du roi d'Epire,
Routis peut dire, lui aussi : « Encore quelques
victoires comme celle-là, et ma réputation de
boxeur est perdue. »
L'Arlésien Paul Gay vient d'être agréé
par la Fédération comme challenger officiel
au titre de champion de France des poids
plume. Autant dire que, pour garder son
trophée, Routis peut dormir sur ses deux
oreilles. Deux pugilistes étaient plus qualifiés
pour briguer le challenge : Édouard Mascart,
qui vient de reprendre l'entraînement à
Anzin, après s'être reposé de sa campagne aux
États-Unis, et Gaston Charles, alias Charles
Raymond, actuellement militaire. Ce sont
deux rudes compétiteurs au titre de champion.
Depuis que Jack Walker fait partie de
l'équipe de Descamps, il a beaucoup changé,
à son avantage. A sa nonchalance de jadis
s'est substituée une ardeur d'autant plus
redoutable pour ses adversaires qu'elle est
mise au service de qualités physiques excep-
tionnelles. Gandon, qui lui fut opposé, ne put
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ROUTIS VA PLACER SON GAUCHE QUE CASSINI ESQUIVERA
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