Titre : XVIIe siècle : bulletin de la Société d'étude du XVIIe siècle
Auteur : Société d'étude du XVIIe siècle (France). Auteur du texte
Éditeur : Société d'étude du XVIIe siècle (Paris)
Date d'édition : 1986-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34348521j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1986 01 janvier 1986
Description : 1986/01/01 (N150,A38)-1986/03/31. 1986/01/01 (N150,A38)-1986/03/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9735212s
Source : Revue du 17e siècle, 2016-136721
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2016
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- SOMMAIRE
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- .......... Page(s) .......... 19
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- PORT-ROYAL ET LA LITTÉRATURE:
- .......... Page(s) .......... 43
- .......... Page(s) .......... 61
- NOTES ET DOCUMENTS
- .......... Page(s) .......... 73
- COMPTES RENDUS
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- .......... Page(s) .......... 99
- .......... Page(s) .......... 102
SUR L'ÉQUIVOQUE ENJOUÉE AU GRAND SIÈCLE :
L'EXEMPLE DU PETIT CHAPERON ROUGE DE CHARLES PERRAULT
Le succès de la littérature enjouée dans la seconde moitié du XVIIe siè-
cle 1 oblige à reconsidérer le statut et la pratique de l'équivoque à l'âge
classique. S'il est vrai que l'exigence de clarté proscrit l'amphibologie 2,
que la droite morale, hostile aux subtilités de la casuistique, réprouve les
équivoques trompeuses 3, que l'évolution générale du goût enfin, dans les
années 1655-1660, conduit à condamner, au nom de la bienséance, de la
raison et de la vérité, les pointes, les plaisanteries licencieuses et les faux
brillants des jeux de langage gratuits 4, il n'en reste pas moins que le public
mondain n'a pas toujours manifesté, vis-à-vis de l'équivoque, la sévérité
d'un Boileau ou d'un Vaumorière 5. Ce goût persistant du style enjoué et de
l'humour verbal porte un certain nombre de critiques — le P. Bouhours,
Furetière, Frain du Tremblay, Sénecé 6 — à tracer une frontière incertaine
entre la fine équivoque et le froid quolibet, entre le bon mot et la fade plai-
santerie : entreprise délicate, qui révèle l'embarras d'une critique volon-
tiers dogmatique face aux jeux de l'esprit et du langage.
Sur un point pourtant, un accord franc se dessine entre la critique, les
auteurs et le public : tous rejettent le mauvais plaisant, le turlupin, qui
maintient à la cour et dans la société polie un goût du calembour que l'on
abandonne au peuple, ou au plus, comme le précise Vaumorière, aux beaux
esprits de la basse bourgeoisie 7. Ainsi le marquis turlupin chez Molière
n'est-il pas moins maltraité que la précieuse : ce sont deux esprits faux.
Mais l'auteur de L'École des Femmes, en puisant librement à toutes les
sources du comique, fournira des armes aux défenseurs de la morale et du
goût que scandalise le retour des « sales équivoques » sur la scène comi-
que 8.
On aurait tort d'en conclure que les exigences de la bienséance à l'âge
classique ont contraint la gaieté à se priver des ressources de l'équivoque ;
elles ont seulement conduit l'humour verbal et les plaisanteries un peu les-
tes à prendre des formes plus discrètes, au point que le lecteur
d'aujourd'hui, faute d'une attention suffisante, risque fort de ne plus déce-
ler des malices très habilement enveloppées. La Fontaine, avec les Fables
du second recueil, fournirait maint exemple de ces jeux subtils où la sug-
gestion naît de l'ambiguïté des mots, du double sens et de l'allusion voilée.
Si nous avons choisi de nous arrêter sur les Contes de Perrault, et plus par-
ticulièrement sur Le Petit Chaperon rouge, c'est que les risques d 'être dupe
de la naïveté apparente du texte sont ici renforcés :,la brièveté du conte, la
limpidité d'une narration où la recherche de la simplicité et du naturel est
portée à un degré inégalé, feraient aisément oublier que le charme et
l'agrément du récit ne sont pas d'une autre nature que cette « gaieté » que
La Fontaine entendait apporter à ses fables, pour le plus grand plaisir d'un
L'EXEMPLE DU PETIT CHAPERON ROUGE DE CHARLES PERRAULT
Le succès de la littérature enjouée dans la seconde moitié du XVIIe siè-
cle 1 oblige à reconsidérer le statut et la pratique de l'équivoque à l'âge
classique. S'il est vrai que l'exigence de clarté proscrit l'amphibologie 2,
que la droite morale, hostile aux subtilités de la casuistique, réprouve les
équivoques trompeuses 3, que l'évolution générale du goût enfin, dans les
années 1655-1660, conduit à condamner, au nom de la bienséance, de la
raison et de la vérité, les pointes, les plaisanteries licencieuses et les faux
brillants des jeux de langage gratuits 4, il n'en reste pas moins que le public
mondain n'a pas toujours manifesté, vis-à-vis de l'équivoque, la sévérité
d'un Boileau ou d'un Vaumorière 5. Ce goût persistant du style enjoué et de
l'humour verbal porte un certain nombre de critiques — le P. Bouhours,
Furetière, Frain du Tremblay, Sénecé 6 — à tracer une frontière incertaine
entre la fine équivoque et le froid quolibet, entre le bon mot et la fade plai-
santerie : entreprise délicate, qui révèle l'embarras d'une critique volon-
tiers dogmatique face aux jeux de l'esprit et du langage.
Sur un point pourtant, un accord franc se dessine entre la critique, les
auteurs et le public : tous rejettent le mauvais plaisant, le turlupin, qui
maintient à la cour et dans la société polie un goût du calembour que l'on
abandonne au peuple, ou au plus, comme le précise Vaumorière, aux beaux
esprits de la basse bourgeoisie 7. Ainsi le marquis turlupin chez Molière
n'est-il pas moins maltraité que la précieuse : ce sont deux esprits faux.
Mais l'auteur de L'École des Femmes, en puisant librement à toutes les
sources du comique, fournira des armes aux défenseurs de la morale et du
goût que scandalise le retour des « sales équivoques » sur la scène comi-
que 8.
On aurait tort d'en conclure que les exigences de la bienséance à l'âge
classique ont contraint la gaieté à se priver des ressources de l'équivoque ;
elles ont seulement conduit l'humour verbal et les plaisanteries un peu les-
tes à prendre des formes plus discrètes, au point que le lecteur
d'aujourd'hui, faute d'une attention suffisante, risque fort de ne plus déce-
ler des malices très habilement enveloppées. La Fontaine, avec les Fables
du second recueil, fournirait maint exemple de ces jeux subtils où la sug-
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ticulièrement sur Le Petit Chaperon rouge, c'est que les risques d 'être dupe
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La Fontaine entendait apporter à ses fables, pour le plus grand plaisir d'un
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