Titre : Le Pays lorrain : revue régionale bi-mensuelle illustrée / dir. Charles Sadoul
Auteur : Société d'histoire de la Lorraine et du Musée lorrain. Auteur du texte
Auteur : Palais des ducs de Lorraine-Musée lorrain (Nancy). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Nancy)
Éditeur : Berger-LevraultBerger-Levrault (Nancy)
Date d'édition : 1999-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344146295
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 21647 Nombre total de vues : 21647
Description : 01 janvier 1999 01 janvier 1999
Description : 1999/01/01 (A96,VOL80)-1999/03/31. 1999/01/01 (A96,VOL80)-1999/03/31.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Fonds régional : Lorraine Collection numérique : Fonds régional : Lorraine
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9603058d
Source : Société d'histoire de la Lorraine / Musée lorrain
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/06/2015
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- CHRONIQUE
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Vie sociale et culturelle
à Nancy entre 1890 et 1910
Il appartient à d'autres que moi de
commenter ce que fut l'art de Gallé,
de Prouvé ou de Vallin. Je voudrais
seulement évoquer ici ce que fut la vie
sociale et culturelle à l'époque de la
révolution de l'Art Nouveau.
Une révolution ne survient pas
comme un orage dans un beau ciel
serein. Elle naît et se développe dans
un terrain propice. Lénine n'aurait
pas imposé la révolution de 1917 sans
l'industrialisation rapide du début du
XIXe, et sans les maladresses du Tsar
Nicolas II et de ses généraux.
Gallé n'aurait pas réussi la révolu-
tion de l'Art Nouveau en l'absence du
mouvement régionaliste, ni en l'ab-
sence de l'esprit de revanche né du dé-
sastre de 1870. À ces deux mouve-
ments très forts est venue s'ajouter
l'extraordinaire croissance industrielle
et commerciale des dernières décen-
nies du XIXe siècle.
LE RÉGIONALISME
À la fin du XIXe siècle, de nom-
breux provinciaux supportent mal la
suprématie de Paris. Ils souhaitent
une décentralisation « indispensable
pour rendre féconde l'énergie propre
aux groupes communaux ou régio-
naux ». À travers la France, des so-
ciétés et des journaux se réclament du
Projet de Nancy élaboré par un
groupe de notables lorrains oppo-
sants à Napoléon III. Ayant des
convictions politiques très diverses,
les 19 notables lorrains signataires du
projet étaient des partisans de l'ordre,
mais ils souhaitaient plus de liberté
pour les habitants d'une même com-
mune ou d'un même département.
Dans le programme qu'ils publient en
1865, ils demandent de restreindre
l'État, mais non d'affaiblir le gouver-
nement.
Conférence à la Société d'Histoire de la
Lorraine et du Musée Lorrain le 21 novembre
1998.
Ce programme de Nancy avait été
salué par les opposants à Napoléon III.
Jules Ferry s'y était rallié, proclamant :
« la centralisation et la liberté sont in-
compatibles. On voudrait nous faire
croire qu'il y a à Paris et dans les pré-
fectures des gens mieux informés des
affaires communales et plus compé-
tents pour les juger que les intéressés
eux-mêmes » et il concluait : « cela
contient en germe toute tyrannie ».
Quelques années plus tard, pour
désigner ce programme de décentrali-
sation, un obscur politicien proposa le
mot « Régionalisme ».
Après la défaite de 1870, les régio-
nalistes sont nombreux en Lorraine.
Comme leurs aînés, ils sont venus
d'horizons politiques divers, mais ils ne
peuvent admettre que tout soit fait
pour donner une suprématie univer-
selle à Paris.
Cette opposition à Paris va se ma-
nifester en 1895 par une campagne
contre l'Exposition universelle de
1900. Au cours d'une réunion tenue
au début d'avril, un groupe de
Nancéiens déclare solennellement :
« Considérant que le projet d'une ex-
position à Paris en 1900 ne semble
correspondre à aucun besoin national
de premier ordre et entraîne une sur-
charge excessive des budgets, les pro-
testataires invitent messieurs les
Parlementaires à rejeter le projet de
loi d'ouverture d'une exposition uni-
verselle à Paris en 1900 ».
Avec quelques modifications, ce
vœu est adopté par le conseil munici-
pal de Nancy et par le Conseil Général
de Meurthe-et-Moselle. Publié par le
Temps, il entraîne des commentaires
de toute la presse française qui cri-
tique l'attribution d'une subvention
nationale de 100 millions de francs.
Les journaux parlent de gaspillage de
fonds public et de la ruine du
commerce provincial.
Le Matin publie un long interview
du commissaire général de l'exposi-
tion, auquel réplique Maurice Barrès
dans le Figaro. « Des travaux exécu-
tés à coup de millions en 6 ans et que
vous jugez indignes de durer plus d'un
semestre Je ne sais rien de plus hu-
miliant que ces gaspillages... C'est de
travaux utiles qu'ont besoin Paris et
la Province ». D'autres décrivent « les
ouvriers attirés par la construction de
l'exposition, qui se retrouvent après
elle dans la misère, ils seront des re-
crues pour l'armée de la révolution ».
On évoque les dépenses stupides des
provinciaux attirés par l'exposition et
leur débauche : « Limonade et prosti-
tution, la voilà bien votre foire uni-
verselle » s'écrie Barrès. D'autres
s'indignent : « Pourquoi offrir gratui-
tement aux firmes étrangères des vi-
trines publicitaires ? »
À ces oppositions, J. Méline ré-
pond « une augmentation des expor-
tations suit chacune de nos grandes
expositions... augmentation qui fait
la fortune de tant de maisons fran-
çaises ». Dans l'Événement, Albert Le
Roy va plus loin : « battus jadis au
triste jeu de la guerre, refuserions
nous de gagner la seconde manche
sur l'enjeu moins précaire des vic-
toires économiques ? ». « D'ailleurs,
qui donc blâmera la République
d'avoir organisé l'exposition de 1889,
qui tout en commémorant le cente-
naire de la Révolution, préludait à la
signature de la convention militaire
franco-russe ». Mais un lecteur dé-
clare qu'au contraire, la préparation
d'une exposition universelle paralyse
la politique gouvernementale.
« Ainsi en 1866, l'Empire n'a pas
donné suite au rattachement du
Grand Duché du Luxembourg à la
France, accepté par le roi de
Hollande, parce que le gouvernement
préparait l'exposition de 1867 » !!!
En résumé, l'initiative de la Ligue lor-
raine de décentralisation, largement
encouragée par le directeur de l' Est
Républicain, Léon Goulette, a déclen-
ché une campagne nationale.
Durant les années suivantes, le
Régionalisme et la décentralisation
sont fréquemment célébrés par
d'autres journalistes que Goulette :
Emile Badel, Goutière-Vernolle, René
d'Avril et Emile Hinzelin sont les plus
prolixes ; ils exposent leurs concep-
tions dans d'innombrables articles ou
dans des multiples réunions.
La création, par un brillant agrégé
de lettres méridional Jean Charles-
Brun, d'une fédération régionaliste
nationale, va entraîner en 1903, la
fondation de l'Union Régionaliste lor-
raine (URL), qui aura à sa tête le pré-
sident de la ligue qui avait déclenché
57
à Nancy entre 1890 et 1910
Il appartient à d'autres que moi de
commenter ce que fut l'art de Gallé,
de Prouvé ou de Vallin. Je voudrais
seulement évoquer ici ce que fut la vie
sociale et culturelle à l'époque de la
révolution de l'Art Nouveau.
Une révolution ne survient pas
comme un orage dans un beau ciel
serein. Elle naît et se développe dans
un terrain propice. Lénine n'aurait
pas imposé la révolution de 1917 sans
l'industrialisation rapide du début du
XIXe, et sans les maladresses du Tsar
Nicolas II et de ses généraux.
Gallé n'aurait pas réussi la révolu-
tion de l'Art Nouveau en l'absence du
mouvement régionaliste, ni en l'ab-
sence de l'esprit de revanche né du dé-
sastre de 1870. À ces deux mouve-
ments très forts est venue s'ajouter
l'extraordinaire croissance industrielle
et commerciale des dernières décen-
nies du XIXe siècle.
LE RÉGIONALISME
À la fin du XIXe siècle, de nom-
breux provinciaux supportent mal la
suprématie de Paris. Ils souhaitent
une décentralisation « indispensable
pour rendre féconde l'énergie propre
aux groupes communaux ou régio-
naux ». À travers la France, des so-
ciétés et des journaux se réclament du
Projet de Nancy élaboré par un
groupe de notables lorrains oppo-
sants à Napoléon III. Ayant des
convictions politiques très diverses,
les 19 notables lorrains signataires du
projet étaient des partisans de l'ordre,
mais ils souhaitaient plus de liberté
pour les habitants d'une même com-
mune ou d'un même département.
Dans le programme qu'ils publient en
1865, ils demandent de restreindre
l'État, mais non d'affaiblir le gouver-
nement.
Conférence à la Société d'Histoire de la
Lorraine et du Musée Lorrain le 21 novembre
1998.
Ce programme de Nancy avait été
salué par les opposants à Napoléon III.
Jules Ferry s'y était rallié, proclamant :
« la centralisation et la liberté sont in-
compatibles. On voudrait nous faire
croire qu'il y a à Paris et dans les pré-
fectures des gens mieux informés des
affaires communales et plus compé-
tents pour les juger que les intéressés
eux-mêmes » et il concluait : « cela
contient en germe toute tyrannie ».
Quelques années plus tard, pour
désigner ce programme de décentrali-
sation, un obscur politicien proposa le
mot « Régionalisme ».
Après la défaite de 1870, les régio-
nalistes sont nombreux en Lorraine.
Comme leurs aînés, ils sont venus
d'horizons politiques divers, mais ils ne
peuvent admettre que tout soit fait
pour donner une suprématie univer-
selle à Paris.
Cette opposition à Paris va se ma-
nifester en 1895 par une campagne
contre l'Exposition universelle de
1900. Au cours d'une réunion tenue
au début d'avril, un groupe de
Nancéiens déclare solennellement :
« Considérant que le projet d'une ex-
position à Paris en 1900 ne semble
correspondre à aucun besoin national
de premier ordre et entraîne une sur-
charge excessive des budgets, les pro-
testataires invitent messieurs les
Parlementaires à rejeter le projet de
loi d'ouverture d'une exposition uni-
verselle à Paris en 1900 ».
Avec quelques modifications, ce
vœu est adopté par le conseil munici-
pal de Nancy et par le Conseil Général
de Meurthe-et-Moselle. Publié par le
Temps, il entraîne des commentaires
de toute la presse française qui cri-
tique l'attribution d'une subvention
nationale de 100 millions de francs.
Les journaux parlent de gaspillage de
fonds public et de la ruine du
commerce provincial.
Le Matin publie un long interview
du commissaire général de l'exposi-
tion, auquel réplique Maurice Barrès
dans le Figaro. « Des travaux exécu-
tés à coup de millions en 6 ans et que
vous jugez indignes de durer plus d'un
semestre Je ne sais rien de plus hu-
miliant que ces gaspillages... C'est de
travaux utiles qu'ont besoin Paris et
la Province ». D'autres décrivent « les
ouvriers attirés par la construction de
l'exposition, qui se retrouvent après
elle dans la misère, ils seront des re-
crues pour l'armée de la révolution ».
On évoque les dépenses stupides des
provinciaux attirés par l'exposition et
leur débauche : « Limonade et prosti-
tution, la voilà bien votre foire uni-
verselle » s'écrie Barrès. D'autres
s'indignent : « Pourquoi offrir gratui-
tement aux firmes étrangères des vi-
trines publicitaires ? »
À ces oppositions, J. Méline ré-
pond « une augmentation des expor-
tations suit chacune de nos grandes
expositions... augmentation qui fait
la fortune de tant de maisons fran-
çaises ». Dans l'Événement, Albert Le
Roy va plus loin : « battus jadis au
triste jeu de la guerre, refuserions
nous de gagner la seconde manche
sur l'enjeu moins précaire des vic-
toires économiques ? ». « D'ailleurs,
qui donc blâmera la République
d'avoir organisé l'exposition de 1889,
qui tout en commémorant le cente-
naire de la Révolution, préludait à la
signature de la convention militaire
franco-russe ». Mais un lecteur dé-
clare qu'au contraire, la préparation
d'une exposition universelle paralyse
la politique gouvernementale.
« Ainsi en 1866, l'Empire n'a pas
donné suite au rattachement du
Grand Duché du Luxembourg à la
France, accepté par le roi de
Hollande, parce que le gouvernement
préparait l'exposition de 1867 » !!!
En résumé, l'initiative de la Ligue lor-
raine de décentralisation, largement
encouragée par le directeur de l' Est
Républicain, Léon Goulette, a déclen-
ché une campagne nationale.
Durant les années suivantes, le
Régionalisme et la décentralisation
sont fréquemment célébrés par
d'autres journalistes que Goulette :
Emile Badel, Goutière-Vernolle, René
d'Avril et Emile Hinzelin sont les plus
prolixes ; ils exposent leurs concep-
tions dans d'innombrables articles ou
dans des multiples réunions.
La création, par un brillant agrégé
de lettres méridional Jean Charles-
Brun, d'une fédération régionaliste
nationale, va entraîner en 1903, la
fondation de l'Union Régionaliste lor-
raine (URL), qui aura à sa tête le pré-
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