RAVACHOL
Les Dernières Pensées du Célèbre Dynamiteur
Quand on lira ces lignes, je serais mort.
Qu’on ne s’occupe ni de l’étrange façon dont elles parviendront à la connaissance du public, ni des
corrections orthographiques ou littéraires que la personne avec laquelle je me trouve en communication
croira devoir y apporter.
Il y a là une question de publicité dont je ne m’occupe guère. Pourvu que le fond ne soit pas changé
que m’importe la forme !
Je vais mourir avec la conviction absolue que ce n’est pas moi qui suis le plus coupable, mais bien
la société de voleurs éhontés, de financiers verreux et de chevaliers d’industries louches, sortis de toutes les
banques juives et judaïsantes, qui, depuis tant d’années, despotisent, démoralisent, avilissent, déshonorent et
ruinent le peuple. — Rothschild est au pinacle, et moi je vais à l’échafaud.— C’est d’une admirable logique.
J’ai tué, c’est vrai ; et il y a des moments où, dans ma cellule, je me suis demandé si je n’avais pas
eu tort, si je ne m’étais pas trompé
Mais n’a-t-on pas tué en 1871? N’a-t-on pas tué à Fourmies ? Et puis, moi, ai-je tué pour satisfaire
les caprices fous d’une danseuse ? Ai-je tué pour me créer une existence de fainéantise, de luxe, de
corruption, déplaisirs? Ai-je tué pour garder à tout prix le pouvoir, la direction de mes semblables, perpétuels
moutons conduits à l’abattoir gouvernemental par dos bergers vêtus de culottes différentes ?
J’ai tué un personnage inutile, vieux, encombrant, égoïste, avare, accapareur, et des 30,000 francs
que je lui ai pris combien ai-je gardé pour moi ?
LES HÉRITIERS DE RAVACHOL.
Je donne et lègue en toute propriété :
A M. GUÉS, président de la Cour d’Assises de la Seine, un exemplaire du Manuel du Parfait Président, par
M. le Conseiller Mariage (ce legs est à la charge de tous mes héritiers indistinctement).
A l’honnête CHAUMENTIN, ce qui me reste d’explosifs, avec le secret espoir qu’il sera assez maladroit
pour se faire sauter lui-même (A charge de servir le legs Gués).
A M“* CHAUMENTIN, une rose desséchée qu’on trouvera dans mon portefeuille (A charge de servir le
legs Gués).
X mon avocat, M* LAGASSE, le tiers de l’argent qu’on trouvera sur moi, soit environ 27 francs (A charge
de servir le legs Gués).
A SIMON, dit Bisouit, le tiers de l’argent qu’on trouvera sur moi, soit 27 francs environ (A charge de
it jôgsC
’ E SOUBÉRE, mon foulî»T*3 hlanp A pnw hlôue, et 1a tiers cia l’argp.riLfin’on trouvera SUF
ancs (A charge de servir le legs Gués).
E MATHIEU. ma collection du Père Pesnard (A charge de servir le legs Gués),
mon chapeau et mes bretelles (A charge de servir le legs Gués).
it de la Cour d’Assises de MONTBRISON, la chemise avec laquelle je serai guillottiné (À
egs Gués).
L, mes dernières culottes (A charge de servir le legs Gués).
,Sr
A 'O.
CONSEILS AUX COMPAGNONS
Je mourrai bravement, que les compagnons en aient la certitude.
Qu’ii soient bien convaincus aussi, que si je me permet de leur donner quelques conseils avant de monter
échafaud, ce n’est point un sentiment d’esprit autoritaire, mais dans l’intérêt de la cause de la Liberté et de la
miice Sociale.
PLUS DE GROUPES
Qu’ils se défient des groupes, non seulement ils sont en général bondés de mouchards, mais on y perd son
s é discuter, à politiquailler, et il est impossible d’y préparer de sérieuse besogne.
Si j’étais préfet de police, je me garderais bien de contrecarrer les réunions de groupes anarchistes : j’en
réer au besoin de nouveaux par mes agents.
TROP PARLER NUIT
Que mon exemple serve de leçon ; que les compagnons se défient de leur langue. Cela m’a nui de
trop parler à Lhérot. J’ai lu dans un livre de voyages, à la prison de Montbrison, un vieux proverbe
arabe que l’on pourrait retourner ainsi : « l’acte révolutionnaire est d’argent, mais quand on l’a commis,
le si/ence est d’or ! » C’est peut-être aussi, après tout, l’opinion de M. Verv.
DEMANDE D’AUTOPSIE
Qu’on fasse de mon corps tout ce qu’on voudra après mon exécution. Il ne me déplaît même point
qu’on procède à l’examen médical de mon cerveau.
On aura ainsi la preuve que j’étais fort régulièrement constitué, ni fou, ni déséquilibré, agissant dans
toute la plénitude de mes facultés intellectuelles.
DERNIÈRES PAROLES
Et quand même j’aurais volé, non pour la cause, non pour les camarades, mais pour moi-mème,
n’ai-je pas le droit dans une société faite de filouterie, d’escroqueries, d’exploitation, d’assurer, par les moyens
qui sont en mon pouvoir et à ma convenance, mon bonheur individuel.
Ah ! la Fraternité... elle estbien mauvaise, celle-là ! que les bourgeois, que les exploiteurs commencent donc î
Je meurs avec la conviction d’avoir été un homme d’idées, de principes, et non un malfaiteur vulgaire.
Je n’ai pas même le moindre sentiment de haine pour ceux qui m’envoient à la mort.
Pour RAVACHOL,
Son correspondant magnétique : VINDEX.
Les Dernières Pensées du Célèbre Dynamiteur
Quand on lira ces lignes, je serais mort.
Qu’on ne s’occupe ni de l’étrange façon dont elles parviendront à la connaissance du public, ni des
corrections orthographiques ou littéraires que la personne avec laquelle je me trouve en communication
croira devoir y apporter.
Il y a là une question de publicité dont je ne m’occupe guère. Pourvu que le fond ne soit pas changé
que m’importe la forme !
Je vais mourir avec la conviction absolue que ce n’est pas moi qui suis le plus coupable, mais bien
la société de voleurs éhontés, de financiers verreux et de chevaliers d’industries louches, sortis de toutes les
banques juives et judaïsantes, qui, depuis tant d’années, despotisent, démoralisent, avilissent, déshonorent et
ruinent le peuple. — Rothschild est au pinacle, et moi je vais à l’échafaud.— C’est d’une admirable logique.
J’ai tué, c’est vrai ; et il y a des moments où, dans ma cellule, je me suis demandé si je n’avais pas
eu tort, si je ne m’étais pas trompé
Mais n’a-t-on pas tué en 1871? N’a-t-on pas tué à Fourmies ? Et puis, moi, ai-je tué pour satisfaire
les caprices fous d’une danseuse ? Ai-je tué pour me créer une existence de fainéantise, de luxe, de
corruption, déplaisirs? Ai-je tué pour garder à tout prix le pouvoir, la direction de mes semblables, perpétuels
moutons conduits à l’abattoir gouvernemental par dos bergers vêtus de culottes différentes ?
J’ai tué un personnage inutile, vieux, encombrant, égoïste, avare, accapareur, et des 30,000 francs
que je lui ai pris combien ai-je gardé pour moi ?
LES HÉRITIERS DE RAVACHOL.
Je donne et lègue en toute propriété :
A M. GUÉS, président de la Cour d’Assises de la Seine, un exemplaire du Manuel du Parfait Président, par
M. le Conseiller Mariage (ce legs est à la charge de tous mes héritiers indistinctement).
A l’honnête CHAUMENTIN, ce qui me reste d’explosifs, avec le secret espoir qu’il sera assez maladroit
pour se faire sauter lui-même (A charge de servir le legs Gués).
A M“* CHAUMENTIN, une rose desséchée qu’on trouvera dans mon portefeuille (A charge de servir le
legs Gués).
X mon avocat, M* LAGASSE, le tiers de l’argent qu’on trouvera sur moi, soit environ 27 francs (A charge
de servir le legs Gués).
A SIMON, dit Bisouit, le tiers de l’argent qu’on trouvera sur moi, soit 27 francs environ (A charge de
it jôgsC
’ E SOUBÉRE, mon foulî»T*3 hlanp A pnw hlôue, et 1a tiers cia l’argp.riLfin’on trouvera SUF
ancs (A charge de servir le legs Gués).
E MATHIEU. ma collection du Père Pesnard (A charge de servir le legs Gués),
mon chapeau et mes bretelles (A charge de servir le legs Gués).
it de la Cour d’Assises de MONTBRISON, la chemise avec laquelle je serai guillottiné (À
egs Gués).
L, mes dernières culottes (A charge de servir le legs Gués).
,Sr
A 'O.
CONSEILS AUX COMPAGNONS
Je mourrai bravement, que les compagnons en aient la certitude.
Qu’ii soient bien convaincus aussi, que si je me permet de leur donner quelques conseils avant de monter
échafaud, ce n’est point un sentiment d’esprit autoritaire, mais dans l’intérêt de la cause de la Liberté et de la
miice Sociale.
PLUS DE GROUPES
Qu’ils se défient des groupes, non seulement ils sont en général bondés de mouchards, mais on y perd son
s é discuter, à politiquailler, et il est impossible d’y préparer de sérieuse besogne.
Si j’étais préfet de police, je me garderais bien de contrecarrer les réunions de groupes anarchistes : j’en
réer au besoin de nouveaux par mes agents.
TROP PARLER NUIT
Que mon exemple serve de leçon ; que les compagnons se défient de leur langue. Cela m’a nui de
trop parler à Lhérot. J’ai lu dans un livre de voyages, à la prison de Montbrison, un vieux proverbe
arabe que l’on pourrait retourner ainsi : « l’acte révolutionnaire est d’argent, mais quand on l’a commis,
le si/ence est d’or ! » C’est peut-être aussi, après tout, l’opinion de M. Verv.
DEMANDE D’AUTOPSIE
Qu’on fasse de mon corps tout ce qu’on voudra après mon exécution. Il ne me déplaît même point
qu’on procède à l’examen médical de mon cerveau.
On aura ainsi la preuve que j’étais fort régulièrement constitué, ni fou, ni déséquilibré, agissant dans
toute la plénitude de mes facultés intellectuelles.
DERNIÈRES PAROLES
Et quand même j’aurais volé, non pour la cause, non pour les camarades, mais pour moi-mème,
n’ai-je pas le droit dans une société faite de filouterie, d’escroqueries, d’exploitation, d’assurer, par les moyens
qui sont en mon pouvoir et à ma convenance, mon bonheur individuel.
Ah ! la Fraternité... elle estbien mauvaise, celle-là ! que les bourgeois, que les exploiteurs commencent donc î
Je meurs avec la conviction d’avoir été un homme d’idées, de principes, et non un malfaiteur vulgaire.
Je n’ai pas même le moindre sentiment de haine pour ceux qui m’envoient à la mort.
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