Titre : La Justice / dir. G. Clemenceau ; réd. Camille Pelletan
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-10-16
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 octobre 1897 16 octobre 1897
Description : 1897/10/16 (Numéro 6489). 1897/10/16 (Numéro 6489).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2011
SAMEDI 10 OCTOBRE 1897
DIX-SEPTIÈME ANNEE N â 6.iS9
W* Centimes
9 Le numéro
â PARIS HT Département! â
LA JUSTICE
Centimes
%P Le Numéro
PARU ET DÉPARTEMENTS â
BUREAUX on JOURNAL : 2T, Faubourg Hontmartr*
Le» Annonces sont reçues au Bureau du Journal
rouit LA RÉDACTION CAMESSI» A Hl, a. MANIÈRE
Serré tairt de la Rédaction.
Rédacteur eu chef: 6. CLEMENCEAU
raix m vuwiïBMinr :
Paris : 8 moi», 5 fr. â fl mois, 9 £r. â Un an, 18 fr.
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Union postale : 3 mois, 10 fr. â 6 mois, 18 fr â Un an, 35 fr.
A tresser tout ce qui concerne Pmdministration 4 [VI E RO B UTTE
Adresser les effets et mandats a M, B. GUf NATJDSAU
DM MUC il Gilbert
Fontenoy-en-Vosges.
. Nous sommes Heureux de voir
que toute querella littéraire soulève
une vive curiosité. Notre article pu-
blié ici contre le projet «l'une statue
& Gilbert a été comme le signal de
confidences, de communications, de
professions de foi sans nombre.
Nons reconnaissons avec plaisir
que, d'après le sentiment de la ma-
torité, notre cause l'emporte et que
voilà une statue enterrée.
Nous avons, de notre côté, reçu
une grande quantité delettres. Beau-
coup étaient cordiales et dévouées.
Quelques-unes, au contraire, conte-
naient d'assez misérables injures.
Or, par une rencontre significative,
c'étaient justement ces dernières
qui n'étaient pas signées. Voila tou-
jours de la convenance: les défen-
seurs de Gilbert sont dignes de leur
client.
Le débat s'est peu à peu circons-
crit, précisé. Il est entre ceux qui
exploitent Gilbert et ceux qui le
condamnent â tous, au fond, le
méprisant également.
A vec ennui, nous avons vu s'unir
aux défenseurs de Gilbert, qui sont
les détestables ennemis du génie
français et de la dignité Humaine,
quelques esprits excellents comme
celui de notre collaborateur et amJ,
le docteur Fournier. Its sont dupes
de la légende composée parle parti
ultra-catholique, avec une habileté
toute professionnelle.
AU! ce lit d'hôpital! Ah! cette
agonie du poète écrasé par une so-
ciété égoïste et cruelle !
Gilbert avait offert sa plume aux
philosophes qui furent l'honneur
de la patrie et l'espérance du pro-
grès. Ces hommes jugèrent l'aven-
turier et ils l'écartèrent. Plein de
rancune, ivre de fiel, Gilbert se mit
au service de l'Archevêché. Les ca-
tholiques l'acceptèrent parce qu'ils
M'étaient pas en état de refuser un
secours quelconque. Mais le traître
eut la place qu'il méritait. On le ût
manger avec les valets.
Un jour que Gilbert allait à che-
val â le cheval lui appartenait â
visiter une maison des environs de
Paris â ta maison était à lui, â il
glissa sur le pavé et il se cassa la
tête.
; Le parti clérical avait perdu son
insulteur à gages. Cependant, il
voulait que l'insulte restât et même
qu'elle prit un certain caractère de
poésie. C'est alors que la légende
du poêle mort de misère fut com-
binée en vue d'une statue future.
Si encore le mérite de l'écrivain
était appréciable ! Mais qu'on lise
l'oeuvre. Nous ne disons pas qu'on
la relise. Car, si on excepte les vers
mélancoliques du Banquet de la
Vieet quelques traits d'invectives
très grossiers, le reste est absolu-
ment inconnu. L'oeuvre est d'une
Incroyable niaiserie. Peut-être, en
prose, particulièrement dans les
lettres à sa soeur, Gilbert montre-t-il
un peu â plus de personnalité. Mais
quelle ftme vulgaire, jalouse et sus-
pecte, il y révèle ! On sait qu'il a
couvert d'invectives sas parents
pour l'avoir jeté sans ressources
dans un mondeingrat. Ceci est uni-
que dans notre immense et diverse
situation littéraire. C'est un titre à
)a mémoire des hommes t
Ce qu'on cite encore de lui, parce
que les petits manuels de littérature
1 ont mentionné, ce sont des bouta-
des dont un sacristain échauffé ne
voudrait pas ; il appelle Diderot le
Lourd, d'Alembert le froid, Beau-
marchais le vain, Voltaire vol-à-
terre, etc.. La plume tombe des
mains en transcrivant de pareilles
âneries. On imagine les dévots d'an-
tan (nous sommes assurés que Tar-
tufe aujourd'hui parlerait un meil-
leur langage) se frottant les mains
dans l'ombre en voyant le drôle
obscur, à l'abri de l'Eglise, insulter
aux fronts immortels. Et on immor-
taliserait le front du lâche insul-
teur I
Ne nous arrêtons pas à l'argument
qui consiste à répéter : on a élevé
des statues à dea hommes plus mé-
prisables encore. Cela est assuré-
ment peu vraisemblable, mais cela
n'est pas impossible. L'important
est d'empêcher cette statue de sortir
de terre ou plutôt de la boue.
A l'extrême rigueur, nous com-
prendrions que les cléricaux,force-
nés amis d'Escobar et de Patouil-
let, fissent élever un buste ii Gilbert,
afin de provoquer des malenten-
dus. La liste des souscripteurs se-
rait alors intéressante à connaî-
tre.
Mais, en abusant de la demi-
ignorance des uns et de l'extrême
complaisance des antres, tenter de
faire une manifestation en appa-
rence nationale de cette statue, ce
serait signaler le village de Fonte-
noy-le-Chàteau à la pitié du
monde.
Les articles déjà parus çà et là
dans la presse à la nouvelle d'une
souscription possible, permettent
de se représenter les protestations
qui s'élèveraient plus vite et plus
haut que la statue infâme. Le de-
voir, d'ailleurs, est tout tracé. On
l'accomplirait.
Los quelques honnêtes gens qui,
par patriotisme local, par humeur,
par obstination, conservent un cer-
tain goût pour Gilbert, n'ont aucun
intérêt à rappeler sur lui l'attention
sévère des lettrés, Le mieux est d'i-
miter le gouvernement qui, sollicité
de contribuer à la statue, n'a rien
répondu et ue répondra rien. Il y a,
en Lorraine, tant de pures gloires
à célébrer I Ce serait presque une
trahison que de s'arrêter à celte
honteuse renommée d'un Lorrain
indigne.
EMILE HINZELIN.
EPOUVANTABLE accident
Cambrai, 14 octobre. â Un épouvantable
accident s'est produit à la sucrerie centrale
Eseaudoeuvres, UUK portes de Cambrai.
La partie inférieure d'une machine s'est
détachée, se brisant sur tout le pourtour du
boutonnage. La masse de fonte s'est abattue
sur la sol» renversant, blessant et brûlant
quatorze personnes, dont deux ont succombé.
Plusieurs autres sont grièvement atteintes.
Le sous-directeur est en danger de mort
ainsi que plusieurs contremaître. Cinq bles-
sés sont soignés à l'hôpital civil de Cam-
brai.
L'accident est absolument inexpliqué jus-
qu'ici-
notre mmmE
Bâtiments i*rt réserve
D'après YEcho de Paris, on vient de
découvrir, à bord du croiseur de t--classe
Duquesne, une grave avarie ; en croiseur
était en réserve A Brest et devait procé-
der aux essais réglementaires au point
fixé, quant on constata que la machine
était hors d'état do fonctionner, un des
cylindres étant brisé.
' Ou ne peut admettre que ce cylindre se
soit brisé tout seul et il est fort étonnant
qu'on ne se soit aperçu de l'accident que
lorsqu'on a voulu procéder à des essais.
L'entretien dea bâtiments en catégorie
de réserve est fort dispendieux : ces bà-
timents ont un commandant, un équi-
page, et, si l'on consent à ces sacrifices
pécuniaires, c'est dans le but unique de
tes trouver prêts à toute réquisition. Il
existe différentes catégories de réserve,
mois ces catégories ne sont pas basées
sur te plus on moins bon état des orga-
nes du bâtiment, mais sur le matériel
laissé à bord, et tout bâtiment en caté-
gorie doit être prêt à prendra la mer
dans des délais fixes déterminés par le
temps nécessaire à l'embarquement de
l'équipage et du matériel qui lui man-
quent.
Si l'avarie du Duquesne était un inci-
dent isolé, on no douterait pas du bon
entretien de no3 bâtiments en réserve ;
mais malheureusement ces incidents se
généralisent par trop. Nous avons signalé
à sou heure la déconvenue arrivée au
sujet du Goéland qui devait remplacer
l'.inient dans la station locale du Séné-
gal. Le Goéland ne put pas partir, Y Ar-
dent réarmé pour le remplacer, ne fut
pas trouvé en meilleur état, et força fut
de donner l'ordre à l'aviso-transport
Durance, en réserve 4 Toulon, de pren-
dre la mer pour se rendre au Sénégal.
Au moment où cet aviso-transport allait
partir, on découvrit une voie d'eau qui
lut réparée, il es! vrai, mais qui n'en
retarda pas moins d'une huitaine de
jours son départ.
Ainsi donc, dans l'espace d'un mois
environ, il a été donné de constater que
l'état d'entretien dos bâtiments en ré-
serve dans trois ports sur cinq, â Brest,
à Lorlent et h Toulon, est insuffisant, et
que, de ce fait, de graves mécomptes
pourraient se produire au moment d une
mobilisation.
Un torpilleur endommagé
On mande de Toulon h la Petite Répu-
blique ;
Le torpilleur 201, appartenant à la défense
mobile de Toulon, a du, pendant les exerci-
ces de lancement, rentrer au port par suite
d'avaries.
Et cela ù cause d'une erreur de tir-
L'engin du torpilleur toi, commandant
Saillard, a atteint le Sut, qui se tenait a uuo
certaine distance du but, comme apprécia-
teur du lir.
L'engin a touché le torpilleur 2i)l h tribord
et par le travers du la machine à 2:1 ou
centimètres environ au-dessous de la flottai-
son. La tâio a clé perforée. L'engin a t'ait un
trou de lt)4 12 centimètre* de diamètre.
le Nouveau Frit is Mien
Sur la proposition du ministre de l'inté-
rieur, le conseil de» ministres a nommé ce
matin au poste de préfet de police, Sl.Blanc,
directeur de la sûreté générale.
Le nouveau préfet de police» M. Charie*
Blanc, est né & Gap (Hautes-Alpes) le 9 fé-
vrier 4857, Il a donc aujourd'hui exactement
quarante ans>
Il est le fils de M. Xavier Blanc, ancien
sénateur républicain des Hautes-Alpes, qui
est mort il y a quelques années.
M. Charles Blanc est de taille élevée, et
de corpulence assez forte. II est brun. Sa
barbe eat taillée en pointe": son front eut dé-
veloppé et iï porto un binj clo.
Il Ût ses études dans ea ville natale, fut
reçu avocat, puis docteur en droit, et prit
ses inscriptions au barreau de Parie, M. de
Mahy, ministre do l'agriculture, l'appela à
faire partie de sou cabinet en octobre 1880.
M. Tirard était président du conseil. Go fu-
rent l«?s débuts de M. Blanc dans l'adminis-
1 ration. Il remplissait les fonctions de sous»
chef de cabinet. Il fut également chef de
cabinet de M. Gaze, suug le ministère Gam-
betta.
En 1884, au mois d'avril, M. Blanc devint
sous-préfet des Sables-d'Olonne ; quatre ans
plus tard il est nommé à Hazebrouck, puis à
ia Floche. Enfin en 1889, le 25 mai, il fut
choisi par M. Poubelle, préfet de la Seine,
comme chef de cabinet.
Le 7 Janvier 1894 il fut nommé préfet des
Deux-Sèvres. Là il montra des qualités pré-
cieuses d'administrateur.
Deux ans après. M. Barthou l'appela de
Niort A la direction de la sûreté générale, où
il succéda à M. Pairson.
C'est lui qui régla si bien le service de
surveillance pendant lo voyage de l'empe-
reur et de l'impératrice de Russie en France.
A cette occasion il fut nommé officier de la
Légion d'honneur.
M. Blanc est le quarante-septième préfet ;
de police depuis le début du siècle.
Le conseil des ministres a également
nommé M. Viguié, préfet de la Charente,"
comme directeur de la Sûreté générale. M.
Viguié avait rempli auprès de M. Lozé, à la
préfecture do police, les fonctions de chef de
cabinet lorsque M. lïlanr était directeur du
cabinet, du préfet de la Seine.
M. Pajalet, chef dn secrétariat de la direc- !
tion de la Sûreté générale remplira auprès j
de M. Blanc, les fonctions de chef de cabinet j
du préfet de police.
LE MOUVEMENT DIPLOMATIQUE
Les ministres se sont réunis ce matin, à
l'Elysée, sous la présidence de M. Félix
Faure.
Tous les ministres, à l'exception de M. :
André Lebon, assistaient à la délibération, j
Le conseil s'est occupé de la reprise des
travaux parlementaires et do 1a fixation de
l'ordre du jour des Chambres.
Le ministre des affaires étrangères a fait
signer le mouvement diplomatique suivant.
Sont nommés :
Ambassadeur à Vienne, M. de Reverseaux,
ambassadeur à Madrid
Ambassadeur à Madrid, M. Patenôtre, am-
bassadeur & Washington.
Ambassadeur à Washington, M. Cambon,
ancien gouverneur générai de l'Algérie.
Chargé d'affaires «n Bavière, M. d'Aubi-
gny, ministre plénipotentiaire à Bucarest.
Ministre plénipotentiaire à Bucarest, M.
Heury, ancien préfet. â
Ministre plénipotentiaire de 2' classe, M.
Décrois, consul général, sous-directeur à la
direction des affaires commerciales et con-
sulaires.
Ministre plénipotentiaire en Serbie, M.
Marchand, ministre plénipotentiaire à Bue-
nos-Ayres.
Ministre plénipotentiaire à Buenos-Ayres,
M, Sala, ministre plénipotentiaire.
Mouvement administratif.
Le Journal officiel publie aujourd'hui le
mouvement administratif suivant. Sont nom-
més ;
Préfet de la Charente, M. Regnault, secré-
taire général dos Bouches-du-Rhône, en
remplacement do M. Viguié, nommé directeur
do la sûreté généralo.
Secrétaire général des Bouches-du-Rhône,
M. Schrameck, chef de cabinet du préfet de
police.
Conseiller du gouvernement de l'Algérie,
M. Fabre, sous-préfet d'Alais, en remplace'
ment de M. Pi galle, admis sur sa demande,
à faire valoir ses droits à la retraite et
nommé conseiller honoraire.
Sous-préfet d'Alais, M. Lallemand, direc-
teur du cabinet du gouverneur général de
l'Algérie.
Sous-préfet de Vire, M. du Chaylard, sous-
préfet du Blanc,en remplacement de M. Guil-
mard, mis en disponibilité sur ea demande.
Sous-préfet dn Blanc, M. Batcave, chef de
cabinet d a préfet.
Conseiller de préfecture de la Drôme,
E. Esselin, licencié en droit, en remplace-
ment de M. Galibern, démissionnaire.
k LA CHAMBRE AUTRICHIENNE
Vienne, 14 octobre, â L'opposition alle-
mande continue son obstruction en faisant
procéder é de nombreux votes par appel
nominal qui durent cinq heures.
l.a Chambre passe ensuite à la discussion
de l'ordre du jour qui porte la continuation
des débats sur la proposition tendant à
mettre en accusation les membres du ;a-
binet.
M. Dubsky formule, au nom du groupe
des grands propriétaires fidèles à la Consti-
titution, une résolution tendant & ce que la
Chambre passe à l'ordre du jour sur les pro-
positions relatives à la mise en état d'accu-
sation du comte Badeni à cause de l'ordon-
nance du $ juin 1807, tout en condamnant
l'ordonnance en question et en exprimant
sa désapprobation absolue à ce sujet.
La discussion continuera demain.
Çà et Là
L'abbé Charbonnel quitte l'Eglise
catholique.
L'abbé Victor Charbonnel quitte l'Eglise
catholique. Il vient, par une lettre qu'il a
adressée à l'archevêché de Paris, d'informer
le cardinal Richard de sa résolution. Hier
matin déjà, il avait abandonné la soutane
pour revêtir ïa redingote noire. Il a bion
voulu expliquer à un rédacteur du Temps les
motifs qui ont déterminé sa conduite :
« Je viens, en effet, a-t-il dit, d'envoyer i
l'archevêque de Paris ot à l'évêque de M eaux
les lettres par lesquelles je les informe que
je ne fais plus partie de l'Eglise et du clergé.
Depuis longtemps déjà, j'étais en désaccord
avec les chefs de celui-ci. Pourtant, je res-
tais. J'aurais voulu.répandre autour de moi
des idées un peu plus libérales, un peu plus
indépendantes que celles qu'on professe or-
dinairement dans les milieux catholiques.
J'espérais que le clergé et que Iss fidèles fini-
raient par montrer leur dèsir de se dégager
de L'étouffante discipline qui les opprime.
Malheureusement il me fut bientôt démontre
que ni les uns ni les autres no songeaient à
réclamer leur libération.
> Je ne parvins à éveiller aucune idée
d'indépendance, aucun mouvement de cons-
cience. Il fut, dès lors, évident pour moi
qu'ils ne souhaitaient nullement être déli-
vrés du joug ot qu'il était Inutile d'essayer
de mettre de l'air et de la lumière dans l'Eglise
catholique.
> D'autres incidents se produisirent. Le
congrès des religions que nous nous effor-
cions de réunir i Paris, en 1900, avait reçu
d'aboi d les plu» précieux encouragements
dans le clergé catholique d'Amérique et de
France et même à Rome. C'était le cardinal
Gibbons qui s'était chargé de remettre entre
lea mains du pape le mémoire préliminaire
que nous avions rédigé. Ce mémoire, dont
on nous accusa réception, parvint donc bion
à son destinataire. Nous pouvons dire qu'il
fut Lu à Rome avec intérêt ot avec sympa-
thie.
i Cependant, la féroce opposition quo firent
à ce projet do congrès â lequel devait,
comme vous le savez, réunir à Paris tous
ceux qui s'intéressent à la religion â les
évêques et les archevêques français impres-
sionna, semble-t-il, assez fortement le Vati-
can, Cetto sympathie se changea en opposi-
tion for molle lorsqu'on apprit à Rome que, le
clergé refusant de s'associer à cette belle
manifestation religieuse, quelques personna-
lités laïques y représenteraient seules la ca-
tholicité française- On vit ou on crut voir en
ceci un empiétement du laïque sur le do-
maine sacerdotal. Le cardinal Gibbons, sans
doute par ordre de Rome, envoyait bientôt à
la II vue de Paria une lettre dans laquelle iL
déclarait, contrairement, hélas! à toute vé-
rité, qu'il no nous avait jamais encouragés.
Ce fait n'a pas été étranger é ma détermina-
tion de quitter l'Eglise catholique.
c 11 est vrai, d'ailleurs, que ma conscience
religieuse n'était plus d'accord, sur plusieurs
points importants, avec los dogmes catholi-
ques. Quelques amis que j'ai conservés dans
le clergé m'ont informé que diverse» pages
de mon livre la Volonté de vivre, où je me
suis expliqué eu toute sincérité, y avaient
suscité de violentes colères. La Vérité s'en
faisait l'écho 11 y a peu de jours. J'aurais pu
attendre los mesures quo les autorités ecclé-
siastiques semblaient décidées à prendre
contre moi. J'ai préféré me mettre immêdia-
tement, d'accord avec moi-même en sortant
d'uno Eglise dont, moralement, j'avais cessé
du faire partie. C'est ci que je viens de dire,
en peu de mots, à S. E. le cardinal Richard,
dans la loi tro où je l'informe de ma déci-
sion. »
Voulez-vous nous permettre de vous poser
cette question : «Restez-vous catholique?»
â Assurément non, répond-il. De mûmu
que je ne suis plus prétre, je na suis plus
catholique. En renonçant à mes fonctions
sacerdotales, j'abandonne définitivement les
croyances qui ne sont plus los miennes.
J'accomplis simplement un acte de foi,
puisque je suir et puisque jo reste chrétien.
â Et quels sont vos projets ? que devient
le congrès des religions ?
â Le congrès des religions, il se réunira
certainement en 1900. Mais son carac-
tère sera nécessairement bien modifié.
Quant à moi, je ne m'occuperai plus, désor-
mais, qi« de mes éludes dé littérature et de
morale. >
La commission du Panama
Lu commission so réunit à deux heures et
demie#
M. Valle donne communication de plu-
sieurs lettres reçues pendant les vacances,
dont une du ministre des affaires étrangère*
dans laquelle celui-ci maintient 6on refus de
communiquer les scellés Imbert déposé»
dans les archives diplomatiques, à moins
qu'il no so trouve en présence de ia volonté
expresse du Parlement.
La commission prend acte de cette lettre
et réserve sa décision.
II. Va lié lit ensuite une lettre de M. Le-
marquis, qui avait dit, dans sa déposition,
qu'il avait dû transiger avee plusieurs parti-
cipais aux syndicats d'émissions du Panama
et qui avait répondu â la demande de la
commission qu'il lui était difficile de commu-
niquer la liste de ses transactions sans révé-
ler les secrets de situations personnelles
confiée pjr les intéressée.
Par sa lettre, M. Lemarquis confirme sa
première offre de communiquer ces transac-
tions au président.
M. Rouanet fait remarquer que c'est une
impasse où l'on accule la commission et dit
que, dans la Panama, elle doit faire ressortir
Les responsabilités de tous ordres et que le
publie est surtout convaincu que ce sont des
personnes étrangères au Parlement et â la
pressa qui out touché les plus fortes
sommes.
âNous sommes nommés, ajoute M.Rouanet
pour éclairer l'opinion sur les responsabi-
lités morales du Panama et la mettre en
garde contre les moeurs financières révélées
par ces sortes d'entreprises. Il est donc im-
possible de ne pas passer outre aux hésita-
tions de M- Lemarquis.
M. Gamard dit qu'une seule personne ne
peut accepter la responsabilité d'examiner
as dossiers de cea transactions. Il propose
que ces dossiers soient examinés par le pré-
sident do la commission et les deux vice-
présidents
M, Viviani fait savoir à la commission
qu'il s est occupé de son rapport sur la res-
ponsabilité générale de la magistrature dans
cotte affaire, mais qu'il a été arrêté par les
difficultés rencontrées dans les recherches de
certains documents, entr'autres les lettres
de M. Quesnay de Beaurepaire à M. Thh-
venet. M. le garde des sceaux, qui attaceé
une très grande importance à ces lettres, les
fait rechercher lui-même.
M. Viviani insiste pour qu'une démarche
soit faite à nouveau, afin d'obtenir des pièces.
M. Alexandre Bérard, revenant sur la
question des transactions avec 1er syndi-
cataires, propose de décider que le prési-
dent, les vice-présidents ne prendront con-
naissance des dossiers que sous la réserve
qu'ils auront la faculté de dire à la commis-
sion si ces dossiers contiennent ou non des
renseignonts intéressant ses travaux et ses
recherches.
M* Vallé fait observer quo depuis long-
temps les syndicats financiers de co genre
ont été flétris par les tribunaux et qu'il ne
reste plus qu'à exposer les conséquences des
condamnations judiciaires ou des transac-
tions au point de vue des restitutions faites
à la caisse du Panama.
Les impositions de M M. Gamard et Bérard
sont adoptées.
La commission examine ensuite l'état des
travaux des divers rapporteurs spéciaux.
Elle conclut en ce qui concerne les dossiers
individuels; Il «e lui paraît guère possible
d'établir lea rapports avant la clôture des
prochains débats en cour d'assises,
La commission s'ajourne à mardi.
LE B\RC DE BOUTTËVILLE
Un brave homme vient de mourir : Le
Barc de Boulle ville, l'aimable marchand de
tableaux dans la boutique d'art, 47, rue Le
Pelletier, a rendu do grands services aux
artistes épris de vérité et de lumière.
Le Barc de Boutteville eut l'intelligence et
10 courage de donner asile & toutes les ma-
nifestations d'art dénotant un effort con-
sciencieux. IL sut encourager les audacieux
anssi bion que los déshérités et facilita a tous
l'exposition de leurs études, de leurs oeu-
vres. L'impressionisme, le symbolisme et lo
néo-impressionnisme eurent droit do cité
dans cette petite salle assidûment fréquen-
tée par des amateurs et un public dévoués
aux artistes consciencieux dans leurs recher-
ches. Combien se souviendront de l'accueil
bienveillant, dos facilités offertes si aima-
blement prjr cet homme de bien ?
Le Barc de Bouteville avoit du goût et
un bon j ugoment. D'un commerce agréable,
11 s'était attiré l'estime de tout le monde par
la bonhomie de son esprit et la franchise de
sa parole. L'art perd en lui un soutien sin-
cère, difficile à rencontrer chez les commer-
çants de La peinture.
Désiré Louis.
La soirée d'hier
RICHELIEU
La soirée fut bonne hier i l'Odéon
pour M. Hanotaux. Nous y vîmes un
Richelieu pas plus fort que lui.
La pièce île Bulwer-Lytton est des
plus curieuses et l'Odéon, qui doit cher-
cher l'intéressant de toutes les littéra-
tures, a fait intelligemment son devoir
en nous donnant, avec le plus grand
luse de miso «n scène, ce spécimen de
théâtre anglais.
L'adaptation da M. Charles Samson
qui traduisit los vers de Bulwer-Lytton
en une prose poétique et colorée donne
au mélo historique la valeur d'une '£u-
vic d'art. Certes Richelieu ne vaut pas
Marie Stuart ni Catherine (te Russie,;
mais ce n'est pas précisément de la faute
de M. Samson.
Les neuf tableaux! nous montrent Ri-
chelieu usant, pour défendre son pou-
voir, des moyens que Humas pouvait
fournir à Mazarin. Il parle énormément,
monologue avec indiscrétion, rue des
mots fameux, exprime parfois de belles
pensées ettrouve, à l'occasion, l'envolée
heureuse (écoutez la chanson des deux
armes : l'épêe et la plume) paraît aimer
beaucoup plus la France qu'haïr la féo-
dalité, prodigue l'anecdote, vante ses
vers. caresse ses chats, manie la plai-
santerie aux dépens du frère Joseph,
marie sa pupille Julie convoitée par
Louis XIII au chevalier de Mauprat, se
sert de ce conspirateur que par respect
de l'ambassade anglaise nous n'appel-
lerons que naïf, pour déjouer la conspi-
ration, échappe aux assassins en contre-
faisant le mort, saisit les papiers révéla-
teurs du complot par l'entremise d'un
page qui pénétre dans la Bastille < au
prix de mille ruses et de mille dangers t
et confond devant le roi, selon le dénoue-
ment de la journée des Dupes, son en-
nemi juré Baradas qui, dans cette sa-
lade historique, remplace Cinq Mars et
conspire avec Bouillon.
Richelieu, IA-dedans,est un patriote H
la manière des Hoche, Kléber et Mar-
ceau de ta chanson. J'ai entendu de
bon» spectateur» s'écrier - C'est gentil
de la part des Anglais de nous faire un
drame patriotique ! Incontestablement
Bulwer Lylton parlait mieux le français
quo M, Dérouléde.
M, Candé a fait pour le rôle de Riche-
lieu ce que M. Samson avait fait pour la
pièce. Il a donné l'allure d'un person-
nage historique au bonhomme rouge.
C'était un travail écrasant. M. Candé en
a triomphé en bel et vaillant artiste M
Amaury asisuro â Raradas son expé-
rience des crimes d'Odéon, M. Rameau
tâche à sauver Louis XIII Je l'opéreite,
Mile Jeanne Rabuteau montre gentil
visage et joli jeu en Julie de Mortenïart,
Mlle Odette de FchI porte grand air au
galant espionnage de Mariot! do Lorme
et Mils Laparceric égayé !a représenta-
tion en donnant un accent méridionui au
page François. Elle a une façon de dire
« les papiers compromettants ⢠qui, dans
une pièce ang'aise, est d'un Hervé su-
périeur.
Parfois passe dans le dialogue une
expression pittoresque accusant l'effort
à mettre Slialcespoare dans l'affaire.
Mais, hélas, Buhver-Lytton ; st au grand
Will ce que notre ministre est au vrai
Richelieu.
Charles Martel.
UNE SISTER BARR1S0N "
DtlflST U JUSTICE BELGE
On nous êcrii da Bruxelles :
Le nom des c sister3 Barrison », les mi-
gnonnes danseuses anglaises universelle-
ment connues, vieut, dans de piquanios cir-
constances, de retentir devant les tribunaux
de Belgique.
L'une des cinq soeurs, Lona Barrison,
épousait récemment un sieur X,.., qui diri-
Sca.it un théâtre dans l'une di nos villes
'eaux. Déaîreui d'offrir à sa clientèle un
spectacle de hautgout, M. X... conclut, avec
chacune de ses quatre belles-soeurs, un con-
trat qui lui assurait leur concours; sa
femmo était naturollemenl de la combinai-
son. Le jour de l'ouverture de rétablisse-
ment, L'imprésario fut très étonné de ne voir
â rriver que l'une dpseinqc sisters »>, miss
Olga, ff âÀh f ça, fit-il, où sont vns trois
soeurs? Qû sont Ingra, Sophia et Gerlrude r
â Je n'en Bais rion, répondit Of(?a: je ne
suis pas leur gardienne; elles se promènent,
pans doute. Mais, inol, jo suis là. â Mais,
protesta lo directeur, je ne puis rien faire
avec vous seule... C'est ïo bon juet qu'il me
faut, et non une fleur isolée. > iliis Oltfà no
fut pas sensible à ce madrigal; elle insista,
sinon pour paraître en scène, du moins pour
être payée aux termes de l'engagement. Le
directeur la mit à la porte; mais il avait
compté sans la ténacité de miss Olga. Elle
s'adressa immédiatement aux juges; ie tri-
bunal adécidé qu'Olga no pouvait être tenue
comme responsable uela fugue de Gsrlrude,
de Sophia et d'insrra Barrison: il a alloué, a
titro de dédit, 3,000 franes à la demaudï-
resst.
UN! Gf.ÈVE MONSTRE
Ainsi qu'on pouvait le prévoir, dès
samedi, les ouvriers constructeurs de
chaudières n'ont pas tardé à déclarer
la grève. On sait cju'ils y étaient en
quelque sorte contraints; par une déci-
sion de leurs employeurs qui, après leur
avoir concédé depuis cinq an^ la journée
de huit heures, s associaient à la fédéra-
lion des patrons mécaniciens et préten-
daient imposer de nouveau «à leur per-
sonnel la journée de neuf heures. Con-
formément aux résolutions arrêtées au
cours de la réunion tenue dati3 ua res-
taurant d'Holborn, Le rétablissement da
la journée de neuf heures a été afiïché
Le lun'îi matin dans les 8telters. Lea
ouvriers en avaient été avertis par
avance et fia organisèrent aussitôt un
grand meeting pour mardi soir. C'est
dans ce meeting que la grève n été votée
à l'unanimité rtes ouvriers présents.
Cette nouvelle grève affecte Immédia-
tement do 1,200 à L5GO ouvriers.
Hier matin, M. Knfght s'es' rendu au
: ministère du commerce avec l'intention
d'y rencontrer M, Ritchie, qui n'a pu ie
recevoir.
Avant de se retirer, il a laissé pour îe
ministre un mémoire confluant à une
demande d'intervention. 11 y est rappelé
les efforts inutilement tentés pur le mi-
nistre du commerce pour mettre fin à la
crùve des mécaniciens, l'offre fa i Lo par
lui d'une médiation, le refus des patrons
fédérés d'enIrtr en conférence avec les
délégués des grévistes.
En terminant, M. Knigbt afflrm? au.
nom des ouvriers constructeurs en
chaudières, que ses mandants « «poussés
à la grève par leurs patrons », sont
prêts à accepter tel arbitrage qu'il con-
viendrait au ministre de leur propo-
ser.
Le représentant des nouveaux grévis-
tes est p;irti aussitôt pourNowcastle-on-
Tyne alin d'y organiser la résistance, de
concert avec les constructeurs en chau-
dières du Nord»
Il faut s'attendre à voir celte grève
s'étendre dans les conditions les plus
graves et les plus rapides.
L'iN$UR3ECT13ft GUBMSS
Jtfaitrûl, t* octobre. â On organise RVÛG
activité l'expédition de Cuba. Cinq mille
hommes partiront avant la fin du mois.
DIX-SEPTIÈME ANNEE N â 6.iS9
W* Centimes
9 Le numéro
â PARIS HT Département! â
LA JUSTICE
Centimes
%P Le Numéro
PARU ET DÉPARTEMENTS â
BUREAUX on JOURNAL : 2T, Faubourg Hontmartr*
Le» Annonces sont reçues au Bureau du Journal
rouit LA RÉDACTION CAMESSI» A Hl, a. MANIÈRE
Serré tairt de la Rédaction.
Rédacteur eu chef: 6. CLEMENCEAU
raix m vuwiïBMinr :
Paris : 8 moi», 5 fr. â fl mois, 9 £r. â Un an, 18 fr.
Départ* et Algérie : 8 moi*, ô fr. â 6 mois, 11 fr. â Un an, 20 fr.
Union postale : 3 mois, 10 fr. â 6 mois, 18 fr â Un an, 35 fr.
A tresser tout ce qui concerne Pmdministration 4 [VI E RO B UTTE
Adresser les effets et mandats a M, B. GUf NATJDSAU
DM MUC il Gilbert
Fontenoy-en-Vosges.
. Nous sommes Heureux de voir
que toute querella littéraire soulève
une vive curiosité. Notre article pu-
blié ici contre le projet «l'une statue
& Gilbert a été comme le signal de
confidences, de communications, de
professions de foi sans nombre.
Nons reconnaissons avec plaisir
que, d'après le sentiment de la ma-
torité, notre cause l'emporte et que
voilà une statue enterrée.
Nous avons, de notre côté, reçu
une grande quantité delettres. Beau-
coup étaient cordiales et dévouées.
Quelques-unes, au contraire, conte-
naient d'assez misérables injures.
Or, par une rencontre significative,
c'étaient justement ces dernières
qui n'étaient pas signées. Voila tou-
jours de la convenance: les défen-
seurs de Gilbert sont dignes de leur
client.
Le débat s'est peu à peu circons-
crit, précisé. Il est entre ceux qui
exploitent Gilbert et ceux qui le
condamnent â tous, au fond, le
méprisant également.
A vec ennui, nous avons vu s'unir
aux défenseurs de Gilbert, qui sont
les détestables ennemis du génie
français et de la dignité Humaine,
quelques esprits excellents comme
celui de notre collaborateur et amJ,
le docteur Fournier. Its sont dupes
de la légende composée parle parti
ultra-catholique, avec une habileté
toute professionnelle.
AU! ce lit d'hôpital! Ah! cette
agonie du poète écrasé par une so-
ciété égoïste et cruelle !
Gilbert avait offert sa plume aux
philosophes qui furent l'honneur
de la patrie et l'espérance du pro-
grès. Ces hommes jugèrent l'aven-
turier et ils l'écartèrent. Plein de
rancune, ivre de fiel, Gilbert se mit
au service de l'Archevêché. Les ca-
tholiques l'acceptèrent parce qu'ils
M'étaient pas en état de refuser un
secours quelconque. Mais le traître
eut la place qu'il méritait. On le ût
manger avec les valets.
Un jour que Gilbert allait à che-
val â le cheval lui appartenait â
visiter une maison des environs de
Paris â ta maison était à lui, â il
glissa sur le pavé et il se cassa la
tête.
; Le parti clérical avait perdu son
insulteur à gages. Cependant, il
voulait que l'insulte restât et même
qu'elle prit un certain caractère de
poésie. C'est alors que la légende
du poêle mort de misère fut com-
binée en vue d'une statue future.
Si encore le mérite de l'écrivain
était appréciable ! Mais qu'on lise
l'oeuvre. Nous ne disons pas qu'on
la relise. Car, si on excepte les vers
mélancoliques du Banquet de la
Vieet quelques traits d'invectives
très grossiers, le reste est absolu-
ment inconnu. L'oeuvre est d'une
Incroyable niaiserie. Peut-être, en
prose, particulièrement dans les
lettres à sa soeur, Gilbert montre-t-il
un peu â plus de personnalité. Mais
quelle ftme vulgaire, jalouse et sus-
pecte, il y révèle ! On sait qu'il a
couvert d'invectives sas parents
pour l'avoir jeté sans ressources
dans un mondeingrat. Ceci est uni-
que dans notre immense et diverse
situation littéraire. C'est un titre à
)a mémoire des hommes t
Ce qu'on cite encore de lui, parce
que les petits manuels de littérature
1 ont mentionné, ce sont des bouta-
des dont un sacristain échauffé ne
voudrait pas ; il appelle Diderot le
Lourd, d'Alembert le froid, Beau-
marchais le vain, Voltaire vol-à-
terre, etc.. La plume tombe des
mains en transcrivant de pareilles
âneries. On imagine les dévots d'an-
tan (nous sommes assurés que Tar-
tufe aujourd'hui parlerait un meil-
leur langage) se frottant les mains
dans l'ombre en voyant le drôle
obscur, à l'abri de l'Eglise, insulter
aux fronts immortels. Et on immor-
taliserait le front du lâche insul-
teur I
Ne nous arrêtons pas à l'argument
qui consiste à répéter : on a élevé
des statues à dea hommes plus mé-
prisables encore. Cela est assuré-
ment peu vraisemblable, mais cela
n'est pas impossible. L'important
est d'empêcher cette statue de sortir
de terre ou plutôt de la boue.
A l'extrême rigueur, nous com-
prendrions que les cléricaux,force-
nés amis d'Escobar et de Patouil-
let, fissent élever un buste ii Gilbert,
afin de provoquer des malenten-
dus. La liste des souscripteurs se-
rait alors intéressante à connaî-
tre.
Mais, en abusant de la demi-
ignorance des uns et de l'extrême
complaisance des antres, tenter de
faire une manifestation en appa-
rence nationale de cette statue, ce
serait signaler le village de Fonte-
noy-le-Chàteau à la pitié du
monde.
Les articles déjà parus çà et là
dans la presse à la nouvelle d'une
souscription possible, permettent
de se représenter les protestations
qui s'élèveraient plus vite et plus
haut que la statue infâme. Le de-
voir, d'ailleurs, est tout tracé. On
l'accomplirait.
Los quelques honnêtes gens qui,
par patriotisme local, par humeur,
par obstination, conservent un cer-
tain goût pour Gilbert, n'ont aucun
intérêt à rappeler sur lui l'attention
sévère des lettrés, Le mieux est d'i-
miter le gouvernement qui, sollicité
de contribuer à la statue, n'a rien
répondu et ue répondra rien. Il y a,
en Lorraine, tant de pures gloires
à célébrer I Ce serait presque une
trahison que de s'arrêter à celte
honteuse renommée d'un Lorrain
indigne.
EMILE HINZELIN.
EPOUVANTABLE accident
Cambrai, 14 octobre. â Un épouvantable
accident s'est produit à la sucrerie centrale
Eseaudoeuvres, UUK portes de Cambrai.
La partie inférieure d'une machine s'est
détachée, se brisant sur tout le pourtour du
boutonnage. La masse de fonte s'est abattue
sur la sol» renversant, blessant et brûlant
quatorze personnes, dont deux ont succombé.
Plusieurs autres sont grièvement atteintes.
Le sous-directeur est en danger de mort
ainsi que plusieurs contremaître. Cinq bles-
sés sont soignés à l'hôpital civil de Cam-
brai.
L'accident est absolument inexpliqué jus-
qu'ici-
notre mmmE
Bâtiments i*rt réserve
D'après YEcho de Paris, on vient de
découvrir, à bord du croiseur de t--classe
Duquesne, une grave avarie ; en croiseur
était en réserve A Brest et devait procé-
der aux essais réglementaires au point
fixé, quant on constata que la machine
était hors d'état do fonctionner, un des
cylindres étant brisé.
' Ou ne peut admettre que ce cylindre se
soit brisé tout seul et il est fort étonnant
qu'on ne se soit aperçu de l'accident que
lorsqu'on a voulu procéder à des essais.
L'entretien dea bâtiments en catégorie
de réserve est fort dispendieux : ces bà-
timents ont un commandant, un équi-
page, et, si l'on consent à ces sacrifices
pécuniaires, c'est dans le but unique de
tes trouver prêts à toute réquisition. Il
existe différentes catégories de réserve,
mois ces catégories ne sont pas basées
sur te plus on moins bon état des orga-
nes du bâtiment, mais sur le matériel
laissé à bord, et tout bâtiment en caté-
gorie doit être prêt à prendra la mer
dans des délais fixes déterminés par le
temps nécessaire à l'embarquement de
l'équipage et du matériel qui lui man-
quent.
Si l'avarie du Duquesne était un inci-
dent isolé, on no douterait pas du bon
entretien de no3 bâtiments en réserve ;
mais malheureusement ces incidents se
généralisent par trop. Nous avons signalé
à sou heure la déconvenue arrivée au
sujet du Goéland qui devait remplacer
l'.inient dans la station locale du Séné-
gal. Le Goéland ne put pas partir, Y Ar-
dent réarmé pour le remplacer, ne fut
pas trouvé en meilleur état, et força fut
de donner l'ordre à l'aviso-transport
Durance, en réserve 4 Toulon, de pren-
dre la mer pour se rendre au Sénégal.
Au moment où cet aviso-transport allait
partir, on découvrit une voie d'eau qui
lut réparée, il es! vrai, mais qui n'en
retarda pas moins d'une huitaine de
jours son départ.
Ainsi donc, dans l'espace d'un mois
environ, il a été donné de constater que
l'état d'entretien dos bâtiments en ré-
serve dans trois ports sur cinq, â Brest,
à Lorlent et h Toulon, est insuffisant, et
que, de ce fait, de graves mécomptes
pourraient se produire au moment d une
mobilisation.
Un torpilleur endommagé
On mande de Toulon h la Petite Répu-
blique ;
Le torpilleur 201, appartenant à la défense
mobile de Toulon, a du, pendant les exerci-
ces de lancement, rentrer au port par suite
d'avaries.
Et cela ù cause d'une erreur de tir-
L'engin du torpilleur toi, commandant
Saillard, a atteint le Sut, qui se tenait a uuo
certaine distance du but, comme apprécia-
teur du lir.
L'engin a touché le torpilleur 2i)l h tribord
et par le travers du la machine à 2:1 ou
centimètres environ au-dessous de la flottai-
son. La tâio a clé perforée. L'engin a t'ait un
trou de lt)4 12 centimètre* de diamètre.
le Nouveau Frit is Mien
Sur la proposition du ministre de l'inté-
rieur, le conseil de» ministres a nommé ce
matin au poste de préfet de police, Sl.Blanc,
directeur de la sûreté générale.
Le nouveau préfet de police» M. Charie*
Blanc, est né & Gap (Hautes-Alpes) le 9 fé-
vrier 4857, Il a donc aujourd'hui exactement
quarante ans>
Il est le fils de M. Xavier Blanc, ancien
sénateur républicain des Hautes-Alpes, qui
est mort il y a quelques années.
M. Charles Blanc est de taille élevée, et
de corpulence assez forte. II est brun. Sa
barbe eat taillée en pointe": son front eut dé-
veloppé et iï porto un binj clo.
Il Ût ses études dans ea ville natale, fut
reçu avocat, puis docteur en droit, et prit
ses inscriptions au barreau de Parie, M. de
Mahy, ministre do l'agriculture, l'appela à
faire partie de sou cabinet en octobre 1880.
M. Tirard était président du conseil. Go fu-
rent l«?s débuts de M. Blanc dans l'adminis-
1 ration. Il remplissait les fonctions de sous»
chef de cabinet. Il fut également chef de
cabinet de M. Gaze, suug le ministère Gam-
betta.
En 1884, au mois d'avril, M. Blanc devint
sous-préfet des Sables-d'Olonne ; quatre ans
plus tard il est nommé à Hazebrouck, puis à
ia Floche. Enfin en 1889, le 25 mai, il fut
choisi par M. Poubelle, préfet de la Seine,
comme chef de cabinet.
Le 7 Janvier 1894 il fut nommé préfet des
Deux-Sèvres. Là il montra des qualités pré-
cieuses d'administrateur.
Deux ans après. M. Barthou l'appela de
Niort A la direction de la sûreté générale, où
il succéda à M. Pairson.
C'est lui qui régla si bien le service de
surveillance pendant lo voyage de l'empe-
reur et de l'impératrice de Russie en France.
A cette occasion il fut nommé officier de la
Légion d'honneur.
M. Blanc est le quarante-septième préfet ;
de police depuis le début du siècle.
Le conseil des ministres a également
nommé M. Viguié, préfet de la Charente,"
comme directeur de la Sûreté générale. M.
Viguié avait rempli auprès de M. Lozé, à la
préfecture do police, les fonctions de chef de
cabinet lorsque M. lïlanr était directeur du
cabinet, du préfet de la Seine.
M. Pajalet, chef dn secrétariat de la direc- !
tion de la Sûreté générale remplira auprès j
de M. Blanc, les fonctions de chef de cabinet j
du préfet de police.
LE MOUVEMENT DIPLOMATIQUE
Les ministres se sont réunis ce matin, à
l'Elysée, sous la présidence de M. Félix
Faure.
Tous les ministres, à l'exception de M. :
André Lebon, assistaient à la délibération, j
Le conseil s'est occupé de la reprise des
travaux parlementaires et do 1a fixation de
l'ordre du jour des Chambres.
Le ministre des affaires étrangères a fait
signer le mouvement diplomatique suivant.
Sont nommés :
Ambassadeur à Vienne, M. de Reverseaux,
ambassadeur à Madrid
Ambassadeur à Madrid, M. Patenôtre, am-
bassadeur & Washington.
Ambassadeur à Washington, M. Cambon,
ancien gouverneur générai de l'Algérie.
Chargé d'affaires «n Bavière, M. d'Aubi-
gny, ministre plénipotentiaire à Bucarest.
Ministre plénipotentiaire à Bucarest, M.
Heury, ancien préfet. â
Ministre plénipotentiaire de 2' classe, M.
Décrois, consul général, sous-directeur à la
direction des affaires commerciales et con-
sulaires.
Ministre plénipotentiaire en Serbie, M.
Marchand, ministre plénipotentiaire à Bue-
nos-Ayres.
Ministre plénipotentiaire à Buenos-Ayres,
M, Sala, ministre plénipotentiaire.
Mouvement administratif.
Le Journal officiel publie aujourd'hui le
mouvement administratif suivant. Sont nom-
més ;
Préfet de la Charente, M. Regnault, secré-
taire général dos Bouches-du-Rhône, en
remplacement do M. Viguié, nommé directeur
do la sûreté généralo.
Secrétaire général des Bouches-du-Rhône,
M. Schrameck, chef de cabinet du préfet de
police.
Conseiller du gouvernement de l'Algérie,
M. Fabre, sous-préfet d'Alais, en remplace'
ment de M. Pi galle, admis sur sa demande,
à faire valoir ses droits à la retraite et
nommé conseiller honoraire.
Sous-préfet d'Alais, M. Lallemand, direc-
teur du cabinet du gouverneur général de
l'Algérie.
Sous-préfet de Vire, M. du Chaylard, sous-
préfet du Blanc,en remplacement de M. Guil-
mard, mis en disponibilité sur ea demande.
Sous-préfet dn Blanc, M. Batcave, chef de
cabinet d a préfet.
Conseiller de préfecture de la Drôme,
E. Esselin, licencié en droit, en remplace-
ment de M. Galibern, démissionnaire.
k LA CHAMBRE AUTRICHIENNE
Vienne, 14 octobre, â L'opposition alle-
mande continue son obstruction en faisant
procéder é de nombreux votes par appel
nominal qui durent cinq heures.
l.a Chambre passe ensuite à la discussion
de l'ordre du jour qui porte la continuation
des débats sur la proposition tendant à
mettre en accusation les membres du ;a-
binet.
M. Dubsky formule, au nom du groupe
des grands propriétaires fidèles à la Consti-
titution, une résolution tendant & ce que la
Chambre passe à l'ordre du jour sur les pro-
positions relatives à la mise en état d'accu-
sation du comte Badeni à cause de l'ordon-
nance du $ juin 1807, tout en condamnant
l'ordonnance en question et en exprimant
sa désapprobation absolue à ce sujet.
La discussion continuera demain.
Çà et Là
L'abbé Charbonnel quitte l'Eglise
catholique.
L'abbé Victor Charbonnel quitte l'Eglise
catholique. Il vient, par une lettre qu'il a
adressée à l'archevêché de Paris, d'informer
le cardinal Richard de sa résolution. Hier
matin déjà, il avait abandonné la soutane
pour revêtir ïa redingote noire. Il a bion
voulu expliquer à un rédacteur du Temps les
motifs qui ont déterminé sa conduite :
« Je viens, en effet, a-t-il dit, d'envoyer i
l'archevêque de Paris ot à l'évêque de M eaux
les lettres par lesquelles je les informe que
je ne fais plus partie de l'Eglise et du clergé.
Depuis longtemps déjà, j'étais en désaccord
avec les chefs de celui-ci. Pourtant, je res-
tais. J'aurais voulu.répandre autour de moi
des idées un peu plus libérales, un peu plus
indépendantes que celles qu'on professe or-
dinairement dans les milieux catholiques.
J'espérais que le clergé et que Iss fidèles fini-
raient par montrer leur dèsir de se dégager
de L'étouffante discipline qui les opprime.
Malheureusement il me fut bientôt démontre
que ni les uns ni les autres no songeaient à
réclamer leur libération.
> Je ne parvins à éveiller aucune idée
d'indépendance, aucun mouvement de cons-
cience. Il fut, dès lors, évident pour moi
qu'ils ne souhaitaient nullement être déli-
vrés du joug ot qu'il était Inutile d'essayer
de mettre de l'air et de la lumière dans l'Eglise
catholique.
> D'autres incidents se produisirent. Le
congrès des religions que nous nous effor-
cions de réunir i Paris, en 1900, avait reçu
d'aboi d les plu» précieux encouragements
dans le clergé catholique d'Amérique et de
France et même à Rome. C'était le cardinal
Gibbons qui s'était chargé de remettre entre
lea mains du pape le mémoire préliminaire
que nous avions rédigé. Ce mémoire, dont
on nous accusa réception, parvint donc bion
à son destinataire. Nous pouvons dire qu'il
fut Lu à Rome avec intérêt ot avec sympa-
thie.
i Cependant, la féroce opposition quo firent
à ce projet do congrès â lequel devait,
comme vous le savez, réunir à Paris tous
ceux qui s'intéressent à la religion â les
évêques et les archevêques français impres-
sionna, semble-t-il, assez fortement le Vati-
can, Cetto sympathie se changea en opposi-
tion for molle lorsqu'on apprit à Rome que, le
clergé refusant de s'associer à cette belle
manifestation religieuse, quelques personna-
lités laïques y représenteraient seules la ca-
tholicité française- On vit ou on crut voir en
ceci un empiétement du laïque sur le do-
maine sacerdotal. Le cardinal Gibbons, sans
doute par ordre de Rome, envoyait bientôt à
la II vue de Paria une lettre dans laquelle iL
déclarait, contrairement, hélas! à toute vé-
rité, qu'il no nous avait jamais encouragés.
Ce fait n'a pas été étranger é ma détermina-
tion de quitter l'Eglise catholique.
c 11 est vrai, d'ailleurs, que ma conscience
religieuse n'était plus d'accord, sur plusieurs
points importants, avec los dogmes catholi-
ques. Quelques amis que j'ai conservés dans
le clergé m'ont informé que diverse» pages
de mon livre la Volonté de vivre, où je me
suis expliqué eu toute sincérité, y avaient
suscité de violentes colères. La Vérité s'en
faisait l'écho 11 y a peu de jours. J'aurais pu
attendre los mesures quo les autorités ecclé-
siastiques semblaient décidées à prendre
contre moi. J'ai préféré me mettre immêdia-
tement, d'accord avec moi-même en sortant
d'uno Eglise dont, moralement, j'avais cessé
du faire partie. C'est ci que je viens de dire,
en peu de mots, à S. E. le cardinal Richard,
dans la loi tro où je l'informe de ma déci-
sion. »
Voulez-vous nous permettre de vous poser
cette question : «Restez-vous catholique?»
â Assurément non, répond-il. De mûmu
que je ne suis plus prétre, je na suis plus
catholique. En renonçant à mes fonctions
sacerdotales, j'abandonne définitivement les
croyances qui ne sont plus los miennes.
J'accomplis simplement un acte de foi,
puisque je suir et puisque jo reste chrétien.
â Et quels sont vos projets ? que devient
le congrès des religions ?
â Le congrès des religions, il se réunira
certainement en 1900. Mais son carac-
tère sera nécessairement bien modifié.
Quant à moi, je ne m'occuperai plus, désor-
mais, qi« de mes éludes dé littérature et de
morale. >
La commission du Panama
Lu commission so réunit à deux heures et
demie#
M. Valle donne communication de plu-
sieurs lettres reçues pendant les vacances,
dont une du ministre des affaires étrangère*
dans laquelle celui-ci maintient 6on refus de
communiquer les scellés Imbert déposé»
dans les archives diplomatiques, à moins
qu'il no so trouve en présence de ia volonté
expresse du Parlement.
La commission prend acte de cette lettre
et réserve sa décision.
II. Va lié lit ensuite une lettre de M. Le-
marquis, qui avait dit, dans sa déposition,
qu'il avait dû transiger avee plusieurs parti-
cipais aux syndicats d'émissions du Panama
et qui avait répondu â la demande de la
commission qu'il lui était difficile de commu-
niquer la liste de ses transactions sans révé-
ler les secrets de situations personnelles
confiée pjr les intéressée.
Par sa lettre, M. Lemarquis confirme sa
première offre de communiquer ces transac-
tions au président.
M. Rouanet fait remarquer que c'est une
impasse où l'on accule la commission et dit
que, dans la Panama, elle doit faire ressortir
Les responsabilités de tous ordres et que le
publie est surtout convaincu que ce sont des
personnes étrangères au Parlement et â la
pressa qui out touché les plus fortes
sommes.
âNous sommes nommés, ajoute M.Rouanet
pour éclairer l'opinion sur les responsabi-
lités morales du Panama et la mettre en
garde contre les moeurs financières révélées
par ces sortes d'entreprises. Il est donc im-
possible de ne pas passer outre aux hésita-
tions de M- Lemarquis.
M. Gamard dit qu'une seule personne ne
peut accepter la responsabilité d'examiner
as dossiers de cea transactions. Il propose
que ces dossiers soient examinés par le pré-
sident do la commission et les deux vice-
présidents
M, Viviani fait savoir à la commission
qu'il s est occupé de son rapport sur la res-
ponsabilité générale de la magistrature dans
cotte affaire, mais qu'il a été arrêté par les
difficultés rencontrées dans les recherches de
certains documents, entr'autres les lettres
de M. Quesnay de Beaurepaire à M. Thh-
venet. M. le garde des sceaux, qui attaceé
une très grande importance à ces lettres, les
fait rechercher lui-même.
M. Viviani insiste pour qu'une démarche
soit faite à nouveau, afin d'obtenir des pièces.
M. Alexandre Bérard, revenant sur la
question des transactions avec 1er syndi-
cataires, propose de décider que le prési-
dent, les vice-présidents ne prendront con-
naissance des dossiers que sous la réserve
qu'ils auront la faculté de dire à la commis-
sion si ces dossiers contiennent ou non des
renseignonts intéressant ses travaux et ses
recherches.
M* Vallé fait observer quo depuis long-
temps les syndicats financiers de co genre
ont été flétris par les tribunaux et qu'il ne
reste plus qu'à exposer les conséquences des
condamnations judiciaires ou des transac-
tions au point de vue des restitutions faites
à la caisse du Panama.
Les impositions de M M. Gamard et Bérard
sont adoptées.
La commission examine ensuite l'état des
travaux des divers rapporteurs spéciaux.
Elle conclut en ce qui concerne les dossiers
individuels; Il «e lui paraît guère possible
d'établir lea rapports avant la clôture des
prochains débats en cour d'assises,
La commission s'ajourne à mardi.
LE B\RC DE BOUTTËVILLE
Un brave homme vient de mourir : Le
Barc de Boulle ville, l'aimable marchand de
tableaux dans la boutique d'art, 47, rue Le
Pelletier, a rendu do grands services aux
artistes épris de vérité et de lumière.
Le Barc de Boutteville eut l'intelligence et
10 courage de donner asile & toutes les ma-
nifestations d'art dénotant un effort con-
sciencieux. IL sut encourager les audacieux
anssi bion que los déshérités et facilita a tous
l'exposition de leurs études, de leurs oeu-
vres. L'impressionisme, le symbolisme et lo
néo-impressionnisme eurent droit do cité
dans cette petite salle assidûment fréquen-
tée par des amateurs et un public dévoués
aux artistes consciencieux dans leurs recher-
ches. Combien se souviendront de l'accueil
bienveillant, dos facilités offertes si aima-
blement prjr cet homme de bien ?
Le Barc de Bouteville avoit du goût et
un bon j ugoment. D'un commerce agréable,
11 s'était attiré l'estime de tout le monde par
la bonhomie de son esprit et la franchise de
sa parole. L'art perd en lui un soutien sin-
cère, difficile à rencontrer chez les commer-
çants de La peinture.
Désiré Louis.
La soirée d'hier
RICHELIEU
La soirée fut bonne hier i l'Odéon
pour M. Hanotaux. Nous y vîmes un
Richelieu pas plus fort que lui.
La pièce île Bulwer-Lytton est des
plus curieuses et l'Odéon, qui doit cher-
cher l'intéressant de toutes les littéra-
tures, a fait intelligemment son devoir
en nous donnant, avec le plus grand
luse de miso «n scène, ce spécimen de
théâtre anglais.
L'adaptation da M. Charles Samson
qui traduisit los vers de Bulwer-Lytton
en une prose poétique et colorée donne
au mélo historique la valeur d'une '£u-
vic d'art. Certes Richelieu ne vaut pas
Marie Stuart ni Catherine (te Russie,;
mais ce n'est pas précisément de la faute
de M. Samson.
Les neuf tableaux! nous montrent Ri-
chelieu usant, pour défendre son pou-
voir, des moyens que Humas pouvait
fournir à Mazarin. Il parle énormément,
monologue avec indiscrétion, rue des
mots fameux, exprime parfois de belles
pensées ettrouve, à l'occasion, l'envolée
heureuse (écoutez la chanson des deux
armes : l'épêe et la plume) paraît aimer
beaucoup plus la France qu'haïr la féo-
dalité, prodigue l'anecdote, vante ses
vers. caresse ses chats, manie la plai-
santerie aux dépens du frère Joseph,
marie sa pupille Julie convoitée par
Louis XIII au chevalier de Mauprat, se
sert de ce conspirateur que par respect
de l'ambassade anglaise nous n'appel-
lerons que naïf, pour déjouer la conspi-
ration, échappe aux assassins en contre-
faisant le mort, saisit les papiers révéla-
teurs du complot par l'entremise d'un
page qui pénétre dans la Bastille < au
prix de mille ruses et de mille dangers t
et confond devant le roi, selon le dénoue-
ment de la journée des Dupes, son en-
nemi juré Baradas qui, dans cette sa-
lade historique, remplace Cinq Mars et
conspire avec Bouillon.
Richelieu, IA-dedans,est un patriote H
la manière des Hoche, Kléber et Mar-
ceau de ta chanson. J'ai entendu de
bon» spectateur» s'écrier - C'est gentil
de la part des Anglais de nous faire un
drame patriotique ! Incontestablement
Bulwer Lylton parlait mieux le français
quo M, Dérouléde.
M, Candé a fait pour le rôle de Riche-
lieu ce que M. Samson avait fait pour la
pièce. Il a donné l'allure d'un person-
nage historique au bonhomme rouge.
C'était un travail écrasant. M. Candé en
a triomphé en bel et vaillant artiste M
Amaury asisuro â Raradas son expé-
rience des crimes d'Odéon, M. Rameau
tâche à sauver Louis XIII Je l'opéreite,
Mile Jeanne Rabuteau montre gentil
visage et joli jeu en Julie de Mortenïart,
Mlle Odette de FchI porte grand air au
galant espionnage de Mariot! do Lorme
et Mils Laparceric égayé !a représenta-
tion en donnant un accent méridionui au
page François. Elle a une façon de dire
« les papiers compromettants ⢠qui, dans
une pièce ang'aise, est d'un Hervé su-
périeur.
Parfois passe dans le dialogue une
expression pittoresque accusant l'effort
à mettre Slialcespoare dans l'affaire.
Mais, hélas, Buhver-Lytton ; st au grand
Will ce que notre ministre est au vrai
Richelieu.
Charles Martel.
UNE SISTER BARR1S0N "
DtlflST U JUSTICE BELGE
On nous êcrii da Bruxelles :
Le nom des c sister3 Barrison », les mi-
gnonnes danseuses anglaises universelle-
ment connues, vieut, dans de piquanios cir-
constances, de retentir devant les tribunaux
de Belgique.
L'une des cinq soeurs, Lona Barrison,
épousait récemment un sieur X,.., qui diri-
Sca.it un théâtre dans l'une di nos villes
'eaux. Déaîreui d'offrir à sa clientèle un
spectacle de hautgout, M. X... conclut, avec
chacune de ses quatre belles-soeurs, un con-
trat qui lui assurait leur concours; sa
femmo était naturollemenl de la combinai-
son. Le jour de l'ouverture de rétablisse-
ment, L'imprésario fut très étonné de ne voir
â rriver que l'une dpseinqc sisters »>, miss
Olga, ff âÀh f ça, fit-il, où sont vns trois
soeurs? Qû sont Ingra, Sophia et Gerlrude r
â Je n'en Bais rion, répondit Of(?a: je ne
suis pas leur gardienne; elles se promènent,
pans doute. Mais, inol, jo suis là. â Mais,
protesta lo directeur, je ne puis rien faire
avec vous seule... C'est ïo bon juet qu'il me
faut, et non une fleur isolée. > iliis Oltfà no
fut pas sensible à ce madrigal; elle insista,
sinon pour paraître en scène, du moins pour
être payée aux termes de l'engagement. Le
directeur la mit à la porte; mais il avait
compté sans la ténacité de miss Olga. Elle
s'adressa immédiatement aux juges; ie tri-
bunal adécidé qu'Olga no pouvait être tenue
comme responsable uela fugue de Gsrlrude,
de Sophia et d'insrra Barrison: il a alloué, a
titro de dédit, 3,000 franes à la demaudï-
resst.
UN! Gf.ÈVE MONSTRE
Ainsi qu'on pouvait le prévoir, dès
samedi, les ouvriers constructeurs de
chaudières n'ont pas tardé à déclarer
la grève. On sait cju'ils y étaient en
quelque sorte contraints; par une déci-
sion de leurs employeurs qui, après leur
avoir concédé depuis cinq an^ la journée
de huit heures, s associaient à la fédéra-
lion des patrons mécaniciens et préten-
daient imposer de nouveau «à leur per-
sonnel la journée de neuf heures. Con-
formément aux résolutions arrêtées au
cours de la réunion tenue dati3 ua res-
taurant d'Holborn, Le rétablissement da
la journée de neuf heures a été afiïché
Le lun'îi matin dans les 8telters. Lea
ouvriers en avaient été avertis par
avance et fia organisèrent aussitôt un
grand meeting pour mardi soir. C'est
dans ce meeting que la grève n été votée
à l'unanimité rtes ouvriers présents.
Cette nouvelle grève affecte Immédia-
tement do 1,200 à L5GO ouvriers.
Hier matin, M. Knfght s'es' rendu au
: ministère du commerce avec l'intention
d'y rencontrer M, Ritchie, qui n'a pu ie
recevoir.
Avant de se retirer, il a laissé pour îe
ministre un mémoire confluant à une
demande d'intervention. 11 y est rappelé
les efforts inutilement tentés pur le mi-
nistre du commerce pour mettre fin à la
crùve des mécaniciens, l'offre fa i Lo par
lui d'une médiation, le refus des patrons
fédérés d'enIrtr en conférence avec les
délégués des grévistes.
En terminant, M. Knigbt afflrm? au.
nom des ouvriers constructeurs en
chaudières, que ses mandants « «poussés
à la grève par leurs patrons », sont
prêts à accepter tel arbitrage qu'il con-
viendrait au ministre de leur propo-
ser.
Le représentant des nouveaux grévis-
tes est p;irti aussitôt pourNowcastle-on-
Tyne alin d'y organiser la résistance, de
concert avec les constructeurs en chau-
dières du Nord»
Il faut s'attendre à voir celte grève
s'étendre dans les conditions les plus
graves et les plus rapides.
L'iN$UR3ECT13ft GUBMSS
Jtfaitrûl, t* octobre. â On organise RVÛG
activité l'expédition de Cuba. Cinq mille
hommes partiront avant la fin du mois.
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