Titre : Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste ["puis" socialiste-internationaliste]
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste (France). Fédération (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Éditeur : Parti socialisteParti socialiste (Paris)
Date d'édition : 1936-12-09
Contributeur : Blum, Léon (1872-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34393339w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 décembre 1936 09 décembre 1936
Description : 1936/12/09 (Numéro 5050). 1936/12/09 (Numéro 5050).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k8225087
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60603
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
9-12-36
LE POPULAIRE
CINQ
LES PROBLÈMES COLONIAUX
La représentation parlementaire
des indigènes
L«s Conseils généraux d'Algérie
viennent d'émettre des voeux contra
dictoires... Des parlementaires de ioti
tes couleurs écrivent de copieux arti
cles aux conclusions opposées ou r>a
tachées... Un grand souffle d'hésita
tión, d'indécision secoue l'Afrique du
Kord I Ajoutons que nombre d'élus lo
eaux ou régionaux laissent percer una
Inquiétude réelle... ou de façade...
D'où vient la tempête 7 Du dépôt par
le gouvernement du projet rte loi sul-
la représentation parlementaire des in-
digènes.
La. lecture de certains rapports. 1 a-
nalyse de certains articles m'ont con
vaincu dans l'idée d'une opposition
'systématique de très nombreux élus â
opposition qui se drape hypocritement
flans le voile des arguties juridiques ;
« -Abandon ou maintien du statut per-
sonnel musulman 1 »
+ * *
Soit, suivons nos adversaires sur le
(terrain choisi par eux et, ensemble,
objectivement, étudions le problème.
⢠Les indigènes, dans leur immense
majorité, restent attachés à leur statu,
personnel, sous l'indéniable influença
confessionnelle.
C'est un fait : constatons-le sans re
monter â ici â aux causes, 'èt preci-
sonS â qu'en matière de représentation
parlementaire â nous nous trouvons
ett présence de deux conceptions :
a) Faire élire des députés indigèues
par un collège électoral spécifique-
ment musulman ;
b) Conférer des droits politiques aux
Indigènes évolués, sans renonciation
à leur statut personnel, avec collège
électoral unique.
⦠* +
L'argumentation de nos adversaire!
peut se résumer ainsi : « Impossibilité
pour dés élus de voter des lois... qu ils
ne pourront appliquer eux-mêmes, lies
qu'ils sont par leur statut personnel s.
Conclusion inattendue : « ...il faut
adopter la première solution, le col-
lège électoral spécifiquement musul-
man ».
â Mais on oublie, dans ce raisonne-
ment hâtif, que les griefs juridiques
valent dans les deux cas : en effet,
dans le premier, l'élu indigène, mal·
gré son statut, votera toutes les lois
françaises... dans le second, c'est l'élec-
teur attaché à son statut qui votara
pour un député chargé de voter toutes
les lois françaises... L'argument ne
¡vaut pas 1
Pourquoi sommes-nous â socialistes
_ opposés à la première conception ?
Parce qu'elle est antidémocratique : lu
collège électoral musulman édicté pai-
la loi du. 4 février 1919 comporte un
mode de votation restreint, et les dé-
putés musulmans auraient une auto-
rité morale moindre que leurs collè-
gues européens issus du suffrage uni-
versel
Parce que des députés musulmans,
élus par des musulmans, oe défendent
que dés intérêts musulmans,
M. le conseiller général Baretaud, dé-
veloppant récemment cette argumen
tation, pouvait dire : « Avec ce systè-
me. on crée une minorité nationale au
sein de la nation française et on lui
donne une représentation spéciale
Il rappelait le principe admis par la
« On dB5wWiäSr8*>lj&ö6<.('n ins-
titue un régime de discrimination
c'est-à-dire d'exception. >
⦠+ â¦
Pourquoi sommes-nous attachés à ls
seconde solution ?
Parce qu'elle favorise le rapprocha·
ment des races ;
Parce qu'elle « tend à incorporer pro-
gressivement dans le collège électoral
français. au .fui·, et à mesure de leur
évolution, les indigènes dont la culture
ou la situation sociale leur a fait ac-
quérir notre manière de penser et cl>>
vivre ». (Rapport Baretaud au Conseil
général d'Alger â octobre 1936). "
Parce 'qu'elle est fondée sur le droit
strict i l'article 8 du Code civil écrit :
« Tout individu né en France de pa-
rents étrangers, dont l'un y est lui-
même né, est français et français sans
réserve. » Peut-on admettre que «m
téxte soit ' applicable à un étranger
quelconque et que seul un musulman
algérien soit exclu de son bénéfice ?
Alors surtout que l'article- premier du
Sénatus. Consulte du 14 juillet 1865 -lé-
clare expressément : « L'Indigène mu
sulman est français... »
Parce qu'èlle est basée sur des con-
sidérations de justice, de bon sens et
d'équité ;
Parce qu'elle consacre le grand prin-
cipe civique de la composition des de-
voirs et des droits. M. Steeg, ministre
de l'Intérieur, disait, en 1019, à la Ti-
toline- de la Chambre son sentiment en
termes précis :
» ...Vous ne pouvez· pas refuser aux
indigènes d'Algérie les droits politi-
ques que nous vous demandons pour
eux... Comment 1 Voilà des hommes
qui ont risqué leur vie pour la Patrie
et vOus lénr refuseriez le droit de pur
ticipèr à. la direction des destinées
d'une nation dont il ont sauvé la li-
berté et garanti le prestige... »
Quant âu statut personnel de l'indi-
gène. le rapport ci-dessus rappelé in-
diquait qu'il ne saurait être un obsta-
cle i l'octroi des droits politiques. Il
citait l'avis autorisé de deux profes-
seurs de droit de la Faculté d'Alger
M. Larcher reconnaît dans son cours
que ι le statut personnel n'est pas ur.
obstacle à ce que l'on reconnaisse aux
sujets musulmans la qualité de ci-
toyen.
M. Mallarmé (actuellement députe
d'Alger et farouchement hostile au pro-
jet gouvernemental) enseignait aus
étudiants que :
+ * +
« Quand bien même il s'agirait, de
donner aux indigènes des droits poé-
tiques, tout en leur conservant lew
statut personnel, nous ne. voyons pa»
quel texte y ferait obstacle. »
Au demeurant, rappelons « qu'en Au
triche, en Roumanie, en Bulgarie et eu
Yougoslavie, les musulmans ont lei
mêmes droits que leurs compatriotes
chrétiens » (Ibid.).
La cause, en droit et en équité, es 1;
donc entendue I
La représentation des indigènes au
Parlement français, avec collège élec-
toral unique, sans abandon du statut
personnel, telle est la solution qu»>
nous préconisons.
C'est le seul moyen d'assurer l'union
durable de tous les éléments ethnique*
dans une collaboration loyale et fé-
conde.
Marcel REGIS,
député d'Alger,
Secrétaire de la Commission Coloniali
du Parti.
Deux vapeurs entrent en collision
Londre«, 8 décembre. â Le vapeur bri-
tannique « Em de Larrinaga », qni se ren-
dait à Butterman'a Bay avec on charge-
ment de Mé. est entré en collision avec le
vapeur « K. Ktistakis », qui se rendait â
Harwich. Après la collision, qui s'est pro-
duite dans la rivière Orwell, près de Har-
wich, le vapeur grec est allé s'échouer sur
la rire Est de la rivière. Le vapeur britan-
nique a pu continuer sa route.
Les dégâts sont peu Important».
L'hommage de l'Algérie
musulmane à R. Salengro
Il y a quatre mois à peine, l'Algérie
musulman« envoyait une délégation au-
près du gouvernement de Front popu-
laire et des groupements de la majorité
pour attirer leur attention sur la situa-
tion économique, sociale et politique
des six millions d'Arabo-Berbéres algé-
riens.
Il y a quelques semaines à peine,
les déléguée rendaient compte, dans
tous lee "coins-de l' Algérie, de leurs dé-
marches. Ils soulignèrent la cordialité,
la sympathie, l'accueil fraternel qui
partout leur tot réservé; ils expliquè-
rent à leurs frères musulmans les pro-
messes qui leur avaient été faites, cel-
les qui s'étaient déjà réalisées, celles
qui ne tarderont pas à se concrétiser.
Et partout sur leur passage, ils ont se-
mé la confiance, ils ont fait revivre
l'espoir dans le coeur des populations
qui parfois s'étalent demandé si le sens
de l'espérance n'est pas, pour elles, dé-
finitivement· brisé.
Or, Roger Salengro était ministre- de
l'Intérieur: Or' l'Álgérié, terre françai-
se, est du ressort de son ministère.
C'est dire qu'elle part active il eut à
prendre dans les mesures arrêtées en
notré faveur.
Roger Salengro, ministre de l'Inté-
rieur, c'était pour nous la certitude que
désormais aucun écran ne serait plus
toléré entre nos populations et le gou-
vernement central qui, dans le passé,
les a trop souvent ignorées.
Roger Salengro, ministre de l'Inté-
rieur, c'est pour nous tous qri avons
commis le péché, de naître dans un
berceau àrabe ou da ne un berceau ka-
byle, là fin: des multiples »bis dont
nous étions si fréquemment les victi-
mes, la fin d-3 ces abus qu'on désigne
d'un mot : l'indigénat.
Salengro à l'Intérieur signifiait enfin
pour les dirigeants des populations mu-
sulmanes que les autorités responsables
ne toléreraient plus les excitations aux
haines raciales dont certaine groupe-
ments s'étaient fait une méthode.
Comment l'oubli erons-nous ? La fa-
culté la.plus forte chez nos populations,
c'est, je crois, le souvenir, la reconnais-
sance : elles se souviennent des plus
petits égards qu'on a eu pour elles. C'est
pourquoi la mort si inattendue de celui
qu'entre nous nous appelions «r notre
ministre » nous a profondément cons-
ternés. Nous la ressentirions comme un
anathème jeté sur nous si nous n'avions
dans notre langue maternelle cette for-
mi:b de condoléances que je m'excuse
de défraîchir en la traduisant : « Amis
consolez-vous, il a laissé des « hom-
mes » ! »
Les musulmans algériens y verraient
comme une malédiction qui viendra
périodiquement les priver des meilleurs
de leurs défenseurs s'ils n'avaient ap-
pris dans les livres de leur fol que
l'homme qui meurt en laissant derrière
lui une belle oeuvre et des contintateurs
n'est pas mort, donc n'est pas à pleu-
rer.
D'autres voix, plus autorisées que la
mienne, ont dit la leçon à tirer de cette
fin tragique. Ma mission est plus sim-
ple, comme simple est l'âme de nos
populations : c'est de dire à la famille
de Roger Salengro, à la municipalité
de Lille, au conseil général du Nord,
au gouvernement de Front populaire et
au Parti socialiste la douleur de l'Algé-
rie musulmane. De loin, simplement, les
élus musulmans m'ont dépêché pour
m'incliner devant la dépouille de l'hom-
me que tous les honnêtes gens pleu-
rent aujourd'hui. La chaîne de frater-
nité qui, hier, s'est formée autour du
cercueil n'eût pas été complète sans le
maillon algérien. Geste symbolique :
nous avons tenu à rendre hommage à
l'homme dont le passage a/u ministère
de l'Intérieur a marqué un pas de plus
dans la voie de la réconciliation. Les
indigènes algériens commençaient à
désespérer : Salengro leur a redonné
confiance en la démocratie, et cela aus-
si est l'oeuvre d'un bon soldat. â
Benhadj, conseiller municipal à Alger.
UNE JEUNE FILLE
GRIEVEMENT BLESSEE
PAR SON AMI
Saint-Quentin, 8 décembre. â A Flavy-le-
Martel, un jeune homme de 17 ans, Mar-
cel'Doublet, demeurant à Falgniers, a frap-
pé de trois coup» de couteau la jeune Su-
zanne Osset, âgée de 17 ans, qu'il cour-
tisa it.
Atteinte à la poitrine et au cou, la Jeu-
ne fille a été transportée à l'Hôtel-Dieu
dé Saint-Quentin dans un état grave.
Son meurtrier qui avait pris la fuite a
été arrêté ce matin par les gendarmes de
Saint-Simon après une poursuite mouve-
mentée.
A Âdana, les inondations
ont détruit 200 maisons
100 personnes son noyées
Stamboul, % décembre. â Selon les
derniers renseignements, les inondations
«ravalent provoqué l'écroulement de 20ü
maison« -i Adana·
Outre une centaine de personnes
noyées, une grande quantité de bétail a
êti- entraînée par les eaux.
La pluie ayant cessé ce matin, les
eaux commercent à se retirer-
Au ministère des Colonies
Marius Moutet, ministre des Colonies,
vient de câbler aux gouverneurs géné-
laux et gouverneurs de nos possessions
extérieures pour autoriser le pélerinage à
la Mecque ein 3.437. 11 a été procédé à un«
étude approfondie à l'effet d'améliorer
les conditions ¿ans lesquelles s'effectue
ce pèlerinage pour les musulmans de nos
colonies.
Marius Moutet s'est particulièrement
attaché à donner satisfaction au monde
musulman français dont le loyalisme en-
ver«! la France s'est affermé dans toutes
les circonstances et notamment durant
la grande guerre.
Sommes-nous en état de crise â met-
tons de crise « virtuelle », pour mon-
trer que nous avons, tout comme un
autre, le sens des nuances â ou ne le
sommes-nous pas ?
Nous y sommes, du fait des com
munistes, à en croire la plupart des
journaux. Mais interroges les commu-
nistes; ils vous répondront: « La cri-
se? la crise? Connaissons pas ! »
Marcel Cachin, par exemple, ramène
le vote de samedi au niveau d'un inci-
dent sans importance et qui ne mérite
guère tout le bruit qu'on en fait.
Les communistes ont dit avec fran-
chise leur sentiment sur la politique
gouvernementale vis-à-vis de l'Espa-
gne. Ils en avaient le devoir. Mais
it est faux et absurde de leur prêter
le dessein de combattre systématique-
ment le ministère issu, du Rassem-
blement populaire. Les réacteurs et
les fascistes les accusent malhonnê-
tement de préparer des émeutes dans
les usines, sur l'ordre de Moscou. Ils
mentent avec impudence. Notre Parti
est un parti prudent et raisonnable;
il est la plus forte organisation poli-
tique en France en ce moment; il
connaît ses responsabilités et il n'ou-
bliera pas que le maintien du Front
populaire est plus indispensable que
jamais !
Cependant, on ne donnerait pas cher
du Front populaire si les communis-
tes devaient recommencer à tout bout
de champ le coup du a décembre. Ou
si les radicami devaient les (suivre
dans cette voie, comme les y invite
sournoisement cet excellent M. Albert
Milhaud.
BLUM ET MOSCOU
Les Débats sont très vieux et un peu
durs d'oreille. N'ayant rien compris, ils
persistent à dire, et même pour un peu
ils crieraient (comme des sourds) que
tout ce qui est arrivé prouve surabon-
damment que M. Blum est «ux ordres
de Moscou.
Sauf la guerre pour les anarchis-
tes (t) espagnols, rien ne sépare le
cabinet Blum des communistes.
A peu près d'accord, mais attendez:
Moscou sait que, pour la désorga-
nisation générale, morale et matériel-
le, il ne trouvera Jamais mieux que
le cabinet Blum. Toute la question
est donc de savoir si Moscou veut
continuer, ou si Moscou juge le mo-
ment venu d'interrompre le Front po-
- pulaire avant qu'apparaissent les dé-
gâts. Situation curieuse et significa-
tive...
Moins curieuse, moine significative,
à. dire vrai, que le raisonnement des
Débats, lequel revient sensiblement à
ceci: Si Blum reste, c'est la preuve qu'il
est aux ordres de Moscou, comme nous
l'avons toujours dit; s'il s'en va, cela
prouvera encore qu'il est aux ordres de
Moscou, parce que s'il n'était pas aux
ordres de Moscou, il n'attendrait pas,
pow s'en aller, d'être renversé par lui.
Quand on a compris ça, il n'est plus
de mystères dont on ne puisse percer
les épaisseurs.
« LA CRISE EST OUVERTE »
Pour notre bon ami, M. de Kérillis,
pas de doute. Le Front populaire est
mort et, si la crise n'est pas effecti-
vement ouverte, c'est que Blum « se
cramponne encore au pouvoir ».
Entre lui et Thorez, le «t désaccord
est fondamental s:
Sur le plan parlementaire, M. Léon
Blum peut évidemment se prolonger.
Il peut devenir le chef d'un cartel
radical et socialiste. Il peut même de-
venir le chef d'une coalition « con-
centrationniste » plus ou moins in-
forme allant des marxistes de la 8.
F.I.O. au chanoine Desgranges. Mais
où cela peut-il le conduire t Que de-
vient sa fameuse expéHencef Tout ce
qu'elle comportait de mystique et de
dynamique ne peut être transposé
dans un cadre aussi médiocre et
aussi usé.
A quoi riment ces hypothèses stupi-
des ? Le vidame sait parfaitement que
jamais Blum ne deviendra le chef ni
d'un nouveau cartel, ni d'une nouvelle
concentration.
Poursuivons:
Là crise est donc ouverte. A mon
point de vue, M. Léon Blum a perdu
l'occasion de mourir en beauté. S'il
avait été logique avec lui-même et
seulement s'il avait été un grand po-
litique, il serait parti. Ou alors, il
aurait donné sur l'heure un de ces
grands coups de barre qui, dans les
périodes troubles, bouleversent de
fond en comble les positions politi-
ques et créent des possibilités nou-
velles.
Si, en beauté ou non, Blum était par-
ti samedi, cela aurait évidemment bien
fait l'affaire de M. de Kérillis, de M.
Gignoux, de M. de La Rocque et d'un
certain nombre d'autres seigneurs. Mais
il n'est pas parti et M. de Kérillis de-
vra, s'il veut qu'il s'en aille, le ren-
verser.
C'est plus difficile à faire qu'à dire.
AGRIPPONS-NOUS LES UNS
AUX AUTRES
M. Bailby (Jour) à dû écrire son
sempiternel ^article un peu vite. Il nous
montre à 'cinq-lignes d'intervalle, Blum
s'agrippont aux basques de la lile In-
ternationale « marxistes et révolution-
naires » et les communistes s'agrip-
pânt aux basques de Blum. On ne voit
pas très bien, même en rêve, cet agrip-
page simultané. N'Importe:
Si les communistes s'agrippent à
lui, c'est que Itur révolution n'est pas
encore tout à fait au point (sic).
Seulement, dans cette course de
vitesse au ralenti, ce qui est à crain-
dre. c'est que ce soit les chambar-
deurs qui gagnent.
Le père Bailby voit la révolution
sous la forme simplicissime d'un mo-
teur d'automobile.
SI LE F. P. SE ROMPAIT
A passer de Bailby à Buré (Ordre),
du bredouillement à l'idée claire, on
ne perd pas au change. Que dit au-
jourd'hui Buré ?
A ceux qui, au Congrès radical de
Biarritz, disaient: « Nous sommes
pour le Front populaire, mais pour
le Front populaire sans les commu-
nistes s, Guernut faisait finement
observer que les socialistes, soucieux
de leurs intérêts électoraux, n'aban-
donneraient pas les communistes. Ce
qui se passe actuellement est pour lui
donner raison. Si les amis de M. Tho-
rez et de M. Duelos accentuaient leur
opposition au gouvernement., il sem-
ble bien que Léon Blum ne tarderait
pas à démissionner. Mais on ne voit
pas bien qui pourrait le remplacer
avec des chances de durée. Camille
Chautemps a dit: « Si le front po-
pulaire est rompu, il faudra en appe-
ler à l'électeur ». Evidemment, ce se-
rait le plus sage, mais il y a la si-
tuation extérieure, mais il y a la si-
tuation financière...
Mais le Front populaire n'est pas
mort, ni mourant. Tout au plus, un peu
de grippe saisonnière.
De Bailby à Buré, on monte. Mais
de Buré à Taittinger, on descend. Au-
dessous même de Bailby, ce qui n'est
pas peu dire:
La France n'a pas. besoin de dic-
tature, mais elle a besoin d'autorité.
Nous en avons assez d'être livrés aux
clubs du. Front populaire et aux so-
viets des syndicats de la C.G.T.
Nous voulons un gouvernement.
Quand ces messieurs se mettront-ils
d'accord? Tantôt ils accusent le gou-
vernement de trop gouverner et de s'oc-
cuper de choses qu'on laisse générale-
ment aux soins des particuliers: tan-
tôt ils l'accusent au contraire d'être un
gouvernement qui ne gouverne pas
assez ou même qui ne gouverne pas
du tout.
Drôles de gens !
DE LA CRISE A LA GUERRE ?
Il y a reprise économique. Lucien
Laurat ne la nie pas. Mais il veut met-
tre en garde les travailleurs contre un
optimisme excessif tant sur la durée
que suir le sens du phénomène. La re-
prise a de quoi inquiéter les esprits
tendus vers la paix. Car reprise écono-
mique et reprise de la course aux ar-
mements se confondent:
La reprise qu'on constate partout,
et dont les dmes ingénues se réjouis-
sent, serait donc bel et bien ce qu'on
appelle une « conjoncture de guer-
re ».
A vrai dire, ce ne serait pas la
première fois dans l'histoire que la
course aux armements suscite une
accélération de l'activité économique
et contribue, soit à liquider plus ra-
pidement une crise, soit à en atténuer
les effets.
Au cours de la décade précédant
la dernière guerre mondiale. Karl
Kautsky et Rosa Luxembourg souli-
gnèrent l'importance des comman-
des militaires pour un capitalisme
perpétuellement en mal de débouchés.
Attention! Le régime capitaliste qui
n'est sorti de la guerre que pour entrer
dans la crise, pourrait bien ne sortir
de la crise que pour retourner à la
guerre.
Que les peuples veillent !
Am. D.
Une flétrissure
Dans la feuille infam·.', M. Henri Béraud
flétrit la phrase ci-après que « Blum écri-
vait eu faisait écrire il y a iout juste un
an dans le Populaire .>> :
Que sonne l'heure de la mobilisation et,
avant de partir sur la route glorieuse de
leurs destinées, les mobilisée abattront MM.
Béraud et Maurras comme des chiens.
C'est moi qui ai écrit ces lignes dans le
Populaire du 1er novembre 1935. Et je
ne pourrai jamais dire assez fortement à
M. Béraud combien je partage son indi-
gnation l
Car M. Béraud ne dit pas â peut-être
l'ignore-t-il â que je retournais simplement
à M. Maurras les menaces que· celui-ci ré-
pétait sans cesse contre cent quarante par-
lementaires. Et a abattre comme des
chiens » ce n'est pas de mon cru, c'est la
formule même de M. Maurras, dans sa
lettre de menaces à M. Schrameck, minis-
tre de l'Intérieur l
Aussi M. Maurras, qui n'a rien d'un
naif, se garda bien de relever ma menace
âconditionnelle, messieurs les juges, con-
ditionnelle I Mais M. Béraud, lui, a don-
né dans le panneau. Un peu lard, mais il
a donné et il parle de mes provocations in-
fâmes, de mes appels au meurtre !
J'ai rencontré M. Béraud, en 1919, dans
un déjeuner avec mes amis du Canard En-
chaîné. Je me souviens combien je fus cho.
qué par ses allures de matamore. Le bou-
gre exhibait contre MM. Maurras et Dau-
det une dent terrible. A l'égard du dernier,
notamment, il ne cessa de répéter combien
il désirait pouvoir le rencontrer dans la rue
ou un établissement public afin de lui mar-
cher sur les pieds, se faire envoyer deux té-
moins et le larder ensuite convenablement.
Depuis, ces deux obèses se sont bien ren-
contrés, mais pas sur le pré. On les a vus
associés dans la même entreprise de diffa-
mations contre tout ce qui est républicain
et pacifiste.
Aussi, encore quelle ait un peu tardé à
se manifester, je ne puis que me réjouir
d'avoir fait exploser l'indignation bérau-
desque, contre les provocations infâmes et
les appels au meurtre du venimeux person-
nage qui lui fait le grand honneur, paraît-
il, de l'accepter dans sa charrette.
JARJ AILLE.
Marx Dormoy
à l'Elysée
Le président de la .République t reçu.
Wer après-midi, Marx Dormoy, ministre
de l'Intérieur.
L'accord économique
franco-yougoslave
a été signé hier
M. Paul Bastid, ministre du Commerce,
et son collègue yougoslave, M. Vrbanovich,
«nt signé hier le nouvel accord économique
franco-yougoslave.
La convention .intervenue, permettra un
développement considérable des échanges
entre les deux pays. L'achat de blé et de
maïs yougoslaves, l'attribution de contin-
gente supplémentaires et l'augmentation
dee contingents- existants pour l'Importation'
de certains produite yougoslaves en France
contribueront non seulement à la liquida-
tion des arriérés de clearing, mais encore
i une extension substantielle des bases du
commerce franco-yougoslave. En même
temps, les dispositions concernant les paie-
ments assureront & la Yougoslavie de nou-
velles disponibilités en devises.
Les deux ministres ont marqué, au cours
de la cérémonie dé* signature, l'importance
que leurs gouvernements respectifs atta-
chent à cet accord.
Porteurs de Bons da Trésor
Le ministère des Finances fait savoir que
la loi du 1er octobre dispose que des avan-
tages seront accordés aux porteurs de bons
ordinaires du Trésor A β mois et un an
n'échéances souscrits entre le 10 juillet et
le 23 septembre 1936.
Ces bons, en particulier, doivent être re-
pris on souscription à tous les emprunts
émis par l'Etat et quel que soit le taux
d'émission de ces emprunts, dans des condi-
tions privilégiées à fixer par le ministre
des Finance?, et qui comporteront notam-
ment un avantage capital.
Les conditions de reprise dont il s'agit
n'ont pas encore été fixées par le dépar-
tement des finances.
Il est, en conséquence, recommandé aux
intéressés de ne pas se démunir prématuré-
ment de leurs titres. de manière à bénéfi-
cier intégralement des avantages qui doi-
vent leur être accordés.
Le conseil d'arrondissement
de Montluçon renouvelle
sa confiance au gouvernement...
Montluçon, 8 décembre â Réuni en
séance ordinaire pour la deuxième partie
de la session de 1936, le conseil d'arrondis-
sement de Montluçon a voté, à l'unanimité,
nn veau ⬠renouvelant son entière confiance
au gouvernement qui a déjà tant fait pour
les classes de travailleurs et lui demandant
de poursuivre son programme social, jus-
qu'à complète réalisation ».
< Le conseil d'arrondissement se félicite
du choix comme ministre de l'Intérieur de
Marx Dormoy, député-maire de Montluçon,
auquel H présente tous ses voeux de réus-
site. »
...Ainsi qne celui de Lapalisse
Moulins, 8 décembre. â Le Conseil d'ar-
rondissement de Lapalisse a voté à l'una-
nimité une adresse de félicitations au pré-
sident du Conseil et au ministre des Affai-
rée étrangères pour leur politique de neu-
tralité à l'égard de l'Espagne, estimant que
c'ést 3a seule politique susceptible d'éviter
à notre pays et au monde les risques de
guerre.
Les fascistes français
essayent de propager
des rumeurs alarmistes
Par tracts, par journaux, par discours,
ils cherchent à troubler l'opinion républicaine
par l'annonce d'une imaginaire
insurrection « rouge »
1L8 ESPERENT AINSI DETOURNER L'ATTENTION DE LEURS
PREPARATIFS DE GUERRE CIVILE ET DONNER A CEUX-CI UNE
APPARENCE DE JUSTIFICATION !
Lee vaincus de mal dernier, trusts
et ligues, n'ont pas été longs à se res-
saisir, ni à tirer les enseignements dis
leur défaite. Ils ont cherché à analyser
la vague de fond qui les avait balayés,
et à utiliser contre nous les facteurs
psychologiques qui avaient dressé con-
tre eux l'écrasante majorité de l'opinion
publique.
Quels étaient ceux-ci î La faillite éco-
nomique de la déflation lavalienne, la
sûlf de « paix, de pain, de liberté », la
volonté de défendre la démocratie con-
tre le fascisme dont les préparatifs os-
tentatoires de M. de La Rocque faisaient
éclater 1« danger.
Aussi voit-on maintenant le gros pa-
tronat saboter la reprise économique et
sa presse truquer les chiffres ; la politi-
que de paix du gouvernement dénoncés
comme poussant à la guerre ; et l'épou-
ventail du « péril révolutionaire s agité
avec grand tapage. M. de la Rocque fait
placarder des affiches à l'effigie de la
République. Le groupe parlementaire
dont il poursuit si péniblement la cons-
titution doit s'appeler « groupe de dé-
fense des libertés républicaines â ». Ja-
mais. la cause démocratique n'a eu tant
de défenseurs, si singulièrement choisis
â¦Ï et d'aussi fraîche date !
Pour rallier sous les drapeaux du fas-
cisme et de la conservation sociale les
petits bourgeois républicains si nom-
breux en France, on n'a pas hésité i
rechercher dans le magasin'aux accessoi-
res ceux qui depuis longtemps avaient
été mis au rancart. L' « homme-au-cou-
teau-entre-les-dents », né Jadis de la fer-
tile imagination de M. Billiet (de l'U-
nion des Intérêts économiques) a sou-
dainement fait sa réapparition. Depuis
quelques semaines, il n'est plus ques-
tion que du « danger communiste », des
« armements d'extrême-gauche s, des
« putsch » Si préparation. Manoeuvre
doublement habile, puisqu'elle peut in-
quiéter le public, et les hommes d'Etat
démocrates, et détourner en même temps
l'attention des préparatifs â fort réels
ceux-ci â des ligues fascistes.
La campagne est menée avec enverga-
re. Les milieux ruraux sont inondés tracts où on affirme aux paysans que le
Front populaire n'est qu'un paravent
des Soviets, et que ceux-ci veulent le pil-
lage, l'incendie et le viol â a comme
en Espagne », ajoutent cyniquement les
anonymes rédacteurs de ces feuilles.
Les rumeurs les plus absurdes sont co'-
portées. Ici, ce sont des « anarchistes
espagnols » qui doivent venir la nuit
Jeter de la dynamite dans les cheminées
des maisons, là ce sont les communistes
qui doivent s'emparer de telle ou
telle ville. Elles prennent parfois assez
de consistance pour provoquer des aler-
tes (la dernière en date est celle de
Mulhouse) â simple prétexte aux fas-
cistes pour expérimenter leur plan de
rassemblement et se documenter sur le
dispositif de défense des pouvoirs pu-
blics.
On s'efforce ainsi de créer la panique
Celle-ci s'est déjà installée dans les cou-
vents.
On m'a signalé trois cas. en des points
fort éloignés, où des religieuses se sont
procuré des vêtements civils pour pro-
téger leur fuite, lors du « coup dur »
de l'imminence duquel elles sont persua-
dées. Qui est à l'origine de ces bruit3
absurdes ?
La presse de droite leur fait complai-
samment écho. Le Jour, qui n'en est ?as
à un mensonge près, après avoir acquis
sa clientèle par le battage savamment
organisé autour des « mitrailleuses >
(sic) du 6 Février et de Î « assassi-
nat » (re-sic) de M. Prince, lui offre
maintenant tous les 15 jours l'annonce
de la révolution. Le royaliste Candide
et la feuille infâme accumulent lations » terrifiantes sur les complots
rouges.
Un bel exemple de ces fantaisies nous
est donné par le fasciste Aux Ecoutes
qui le 5 décembre, publie tous les ef-
froyables détails de l'insurrection com-
muniste qui devait éclater entre le 23'
et le 30 novembre et débuter par l'as-
sassinat de M. Daladier, l'entrée en jeu
de... Marceau Pivert et l'attaque des
édifices publics par des ouvriers arabes.
Mais non, monsieur Lévy ! Ce no
sont pas les communistes qui utilisent
les Nord-Africains pour la guerre civile,
Vous confondez avec Franco..
Ce n'est pas tout ii fait par hasard,
pensons-nous, que cette offensive coïn-
cide avec celle menée sur le plan inter-
national par les Etat dictatoriaux et
dont notre ami André Leroux a montré
les vrais mobiles impérialistes..
En tous cas, en France, un de ses
principaux exécutants est notre vieille
connaissance, le lieutenant-colonel comte
François-Casimir de la Rocque.
Le Flambeau et le « Bulletin d'Infor-
mation » distribués aux sections sont
remplis des plus ahurissantes élucubra-
tions. Mercredi 2 décembre, à Magic-
City, le colonel a déclaré publiquement
que Thorez avait ramené de Moscou
l'ordre de déclancher un soulèvement
et que si celui-ci avait été retardé, c'é-
tait uniquement à cause du P. S. F. et
de sa manifestation du Parc des Prin-
ces !
Dans la même réunion, un certain
Compana affirma que « ce ne sont pas
les communistes qui feront la Révolu-
tion en France, mais le P.S.F. s. Cette
phrase donne la clé de tout le reste.
Partout : en Italie, en Allemagne (in-
cendie du Reichstag), en Espagne, c'est
un prétendu complot rouge qui a servi
de prétexte à l'attaque fasciste. Les dé-
fenseurs français du Kros capital s'oc-
cupent en ce moment de se ménager un
alibi. Personne n'en sera dupe.
Les républicains savent ce que cachait
l'expression « danger communiste »
dans la bouche d'un Hitler, d'un Mus-
solini, d'un Franco. C'était non seule-
ment l'anéantissement des partis com-
munistes, parfois inexistants, qu'elle
préparait. C'était l'assasinat du socialis-
te Matteotti, du général à peine libéral
von Schleicher, de tout ce qui n'était pas
fasciste, socialistes, radicaux, démocra-
tes, francs-maçons, laïques, tout cela,
c'est du « communisme » pour les « na-
tionaux i> de là-bas â et d'Ici.
Le Front populaire se défendra.
Jean-Maurice HERRMANN.
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N" 6. Feuilleton du Populaire. 9-12-36
11
â Monsieur mon frère, pourriez-vous nous dire com-
ment som disparues Amélia de Vargas et Maria-Christina
d'Orellans?
â Oui ' Oui ! qu'il nous le dise i acquiesçait Irène.
â Nous v sommes!... nous y voilà!.., je les atten-
dais!... repartit le marquis.
â Je vous prie de parler un peu sérieusement, mon
frère. Vous avez connu Amélia de Vargas...
â Le plus beau sourire de la plaza Mayor!... Il y a
de cela vingt ans! Comme le temps passe!... Oui. en
effet, eile a disparu il y a vingt ans!... avec un de ses
parents!
â J «i entendu raconter, avant-hier, qu'il s'agissait
d'un toréador.) interrompit Marte-Thérèse... c'est une
histoire qui revient; paraît-il, tous les dix ans... quand
approche l'Interaymi.
â C'est une histoire qui, dans son temps, a remué
toute la ville... A !a suite d'une échauffourée, à la plaza
des 'loros, les parents d'Amélia, qui l'accompagnaient,
cherchèrent en vain leur fille!... elle avait disparu et clie
ne reparut plus jamais... on l'avait vu emporter par des
Indiens et l'on sait parfaitement qu'elle a été murée vi-
vante...
â Puissance de l'imagination des foules!... La vérité,
je l'ai dite, car dans le même temps qu'elle, le parent
dont je vous ai parié et qui la protégeait, disparaissait
aussi. Ils étaient allés habiter ailleurs!
â Cela vous plaît à dire, monsieur mon frère !... Mais
il nous reste Maria-Christina d'Orellana !...
â Evidemment! reprit le marquis... son aventure, a
celle-là, fut plus triste... elle se promenait avec son
père, aux environs du Cuzco, et entra dans des souter-
rains dont nul n'a jamais connu les détours. Elle s'y
perdit, quoi de plus naturel? C'est depuis ce moment-là
que le gouvernement a fsit murer les souterrains.
â Oui, et c'est depuis ce moment-là, reprit la tante,
que le père est devenu fou. Il continue d'errer dans les
ruines du Cuzco et autour des souterrains en appelant
sa fille... depuis dix ans! Ce n'est pas à lui qu'il fau-
drait dire qu'elle n'a pas été enlevée, par les Indiens,
pour la cérémonie de VInteraymi.
â Puisque vous dites, vous-même, qu'il est fou !...
â Il l'est devenu à la suite de la certitude qu'il eut
de l'horrible sacrifice. Quelques jours avant sa dispari-
tion dans les souterrains du Cuzco, Maria-Christina avait
reçu un étrange cadeau, un lourd et vieux bracelet d'or,
orné, en son milieu, d'un disque représentant le Soleil I
â Ma bonne Agnès, vous savez bien que dans ce
pays-ci, nos orfèvres mettent le soleil à toutes les
sauces !...
-- Oui, mais ce bracelet-là était le vrai!... celui qui
avait été envoyé également, parait-il, à Amélia...
â Ah! ma soeur, vous inventez!... vous inventez 1...
Comment voulez-vous, avec des histoires comme les
vôtres, que l'on écrive l'Histoire!... Surtout, mon cher
hôte, ne prenez pas de- notes,' je vous en prie !
â Je n'invente rien, reprit la vieille, têtue !... c'était
le vrai bracelet Soleil d'Or, le bracelet du sacrifice... ce-
lui que, tous les dix ans. depuis la mort du dernier roi
inca, Atahualpa, brulé vif par Pizarre, les prêtres incas
envoyèrent à celle qui fut choisie pour être l'épouse du
Soleil, et qui devait être murée vivante!... Le pauvre
Orellana en a assez parlé du bracelet Soleil d'Or!...
Toute ¡a ville en a parlé!...
â Oui, oui, ma soeur!... Toute la ville a bien de l'ima-
gination aux environs de VInteraymi!... et le marquis se
penchant vers François-Gaspard :
â Vous ne sauriez vous douter, mon cher illustre
hôte, du mal que nous avons à la Société de Géographie
et d'Archéologie... pour nous débarrasser de toutes ces
légendes... Vcus qui êtes un vrai savant!...
â Or! le savant ne doit pas dédaigner les légendes,
répondit l'académicien, et Je vous dirai que, pour mon
compte, je suis enchanté de mon voyage et bien heureux
d'être tombé dans tin pays où elles sont encore si vi-
vantes !...
A ce moment, un domestique entra et se dirigea vers
Marie-Thérèse. Î portait un Mger registre et une petite
boîte
â Objet recommandé I dit-il... Le facteur est déjà vent»
tantôt et je lui ai dit de repasser ce soir... Mademoiselle
doit signer ici!...
Marie-Thérèse signa.
â Tiens, fit-elle, cela vient de Cajamarca!... Mais je
ne connais personne à Cajamarca!... Qu'est-ce que ça
peut bien être que çs?... Vous permettez?
Et elle déficela, décacheta, ouvrit la petite boîte de
tois. %
â Un bracelet! s'écria-t-elle en riant un peu nerveu-
sement. Eh bien ! Voilà une coïncidence bien amu-
sante!... mais c'est le bracelet Soleil d'Ori... Ma pa-
rale!... le bracelet de l'épouse du Soleil!...
Tous s'étaient levés, excepté les deux vieilles qui n'en
avaient pas la force. Et tous les yeux étaient sur le lourd
anneau de vieil οι bruni, avec son disque de soleil dont les
rayons paraissaient éteints, encrassés par la poussière des
siècles.
â Ah ! bien !... c'est une bonne plaisanterie ! fit en riant
Marie-Thérèse
â Parbleu!... s'écria le marquis, dont la voix était légè-
rement changée, elle est bien bonne !... C'est la ven-
geance, jolie du reste et très élégante, de ce brave Alonso
de Cuelar, dont tu viens de refuser la main. Il me l'avait
bien dit, avec son triste et aimable sourire : « Je «ne
vengerai de la Vierge da Soleil!.., » Tu sais bien que
tout le monde, au Cercle, t'appelle la Vierge da Soleil!
puisque tu ne veux pas te marier!... Mais qu'est-ce que
vous avez à faire une tête comme ça, vous autres!
Et, se tournant vers les deux vieilles :
â Quoi? tout de même, vous n'allez pas vous rendre
malades pour une simple farce!
Marie-Thérèse faisait admirer le bracelet à François-
Gaspard et à Raymond.
Mon père, vous direz à don Alonso que j'accepte
son cadeau et que je le porterai en gage de notre bonne
amitié... Il est vraiment très joli !...· On ne fait plus de
ces bijoux-là!... Qu'en dites-vous, monsieur Ozout?
â Moi?... répondit François-Gaspard, je jurerais que
ce bracelet a quatre ou cinq cents ans... au moins !
â On trouve encore de ces trésors dans les fouilles
autour des tombes royales, mais ils se font raras... Je ne
m'étonne pas que don Alonso soit allé chercher celui-ci
jusqu'à Cajamarca ! dit le marquis.
â Où est-ce, Cajamarca? demanda Raymond.
â Jeune ignorant!... fit l'oncle, sache que Cajamarca
est tout simplement l'ancienne Caxamarxa des Incas, la
seconde capitale de leur empire au temps de Pizarre...
â Et la ville où leur dernier roi fut brûlé vif ! fit enten-
dre la voix expirante de la tante Agnès. On se précipita
vers elle, car elle se trouvait mal. Il fallut la porter dans
son appartement. La vieille Irène suivait, plus pâle que
sa guimpe, et faisant avec son pouce, sur son front, le
signe de la croix.
Le lendemain de son arrivée à Lima, l'oncle François-
Gaspard fut reçu solennellement par la Société de Géogra-
phie, dont il sut célébrer l'oeuvre magnifique, les travaux
archéologiques. statistiques, hydrographiques avec une
émotion scientifique qui fut bientôt partagée par tous ceux
qui étaient là. Son succès fut grand et le génie français,
à soj tour, fut loué dans sa personne. Toutefois, le plus
heureux, le plus fier, était encore Christobal, qui prenait
sa paît de la gloire de l'académicien Ozout. A la sortie
de cette séance mémorable, à laquelle assistèrent natu-
rellement Raymond et Marie-Thérèse, laquelle avait mis
son bracelet en dépit des pleurnicheries des deux vieilles,
le marquis rencontra don Alonso de Cuelar, un charmant
jeune homme. ¿4 suivre).
LE POPULAIRE
CINQ
LES PROBLÈMES COLONIAUX
La représentation parlementaire
des indigènes
L«s Conseils généraux d'Algérie
viennent d'émettre des voeux contra
dictoires... Des parlementaires de ioti
tes couleurs écrivent de copieux arti
cles aux conclusions opposées ou r>a
tachées... Un grand souffle d'hésita
tión, d'indécision secoue l'Afrique du
Kord I Ajoutons que nombre d'élus lo
eaux ou régionaux laissent percer una
Inquiétude réelle... ou de façade...
D'où vient la tempête 7 Du dépôt par
le gouvernement du projet rte loi sul-
la représentation parlementaire des in-
digènes.
La. lecture de certains rapports. 1 a-
nalyse de certains articles m'ont con
vaincu dans l'idée d'une opposition
'systématique de très nombreux élus â
opposition qui se drape hypocritement
flans le voile des arguties juridiques ;
« -Abandon ou maintien du statut per-
sonnel musulman 1 »
+ * *
Soit, suivons nos adversaires sur le
(terrain choisi par eux et, ensemble,
objectivement, étudions le problème.
⢠Les indigènes, dans leur immense
majorité, restent attachés à leur statu,
personnel, sous l'indéniable influença
confessionnelle.
C'est un fait : constatons-le sans re
monter â ici â aux causes, 'èt preci-
sonS â qu'en matière de représentation
parlementaire â nous nous trouvons
ett présence de deux conceptions :
a) Faire élire des députés indigèues
par un collège électoral spécifique-
ment musulman ;
b) Conférer des droits politiques aux
Indigènes évolués, sans renonciation
à leur statut personnel, avec collège
électoral unique.
⦠* +
L'argumentation de nos adversaire!
peut se résumer ainsi : « Impossibilité
pour dés élus de voter des lois... qu ils
ne pourront appliquer eux-mêmes, lies
qu'ils sont par leur statut personnel s.
Conclusion inattendue : « ...il faut
adopter la première solution, le col-
lège électoral spécifiquement musul-
man ».
â Mais on oublie, dans ce raisonne-
ment hâtif, que les griefs juridiques
valent dans les deux cas : en effet,
dans le premier, l'élu indigène, mal·
gré son statut, votera toutes les lois
françaises... dans le second, c'est l'élec-
teur attaché à son statut qui votara
pour un député chargé de voter toutes
les lois françaises... L'argument ne
¡vaut pas 1
Pourquoi sommes-nous â socialistes
_ opposés à la première conception ?
Parce qu'elle est antidémocratique : lu
collège électoral musulman édicté pai-
la loi du. 4 février 1919 comporte un
mode de votation restreint, et les dé-
putés musulmans auraient une auto-
rité morale moindre que leurs collè-
gues européens issus du suffrage uni-
versel
Parce que des députés musulmans,
élus par des musulmans, oe défendent
que dés intérêts musulmans,
M. le conseiller général Baretaud, dé-
veloppant récemment cette argumen
tation, pouvait dire : « Avec ce systè-
me. on crée une minorité nationale au
sein de la nation française et on lui
donne une représentation spéciale
Il rappelait le principe admis par la
« On dB5wWiäSr8*>lj&ö6<.('n ins-
titue un régime de discrimination
c'est-à-dire d'exception. >
⦠+ â¦
Pourquoi sommes-nous attachés à ls
seconde solution ?
Parce qu'elle favorise le rapprocha·
ment des races ;
Parce qu'elle « tend à incorporer pro-
gressivement dans le collège électoral
français. au .fui·, et à mesure de leur
évolution, les indigènes dont la culture
ou la situation sociale leur a fait ac-
quérir notre manière de penser et cl>>
vivre ». (Rapport Baretaud au Conseil
général d'Alger â octobre 1936). "
Parce 'qu'elle est fondée sur le droit
strict i l'article 8 du Code civil écrit :
« Tout individu né en France de pa-
rents étrangers, dont l'un y est lui-
même né, est français et français sans
réserve. » Peut-on admettre que «m
téxte soit ' applicable à un étranger
quelconque et que seul un musulman
algérien soit exclu de son bénéfice ?
Alors surtout que l'article- premier du
Sénatus. Consulte du 14 juillet 1865 -lé-
clare expressément : « L'Indigène mu
sulman est français... »
Parce qu'èlle est basée sur des con-
sidérations de justice, de bon sens et
d'équité ;
Parce qu'elle consacre le grand prin-
cipe civique de la composition des de-
voirs et des droits. M. Steeg, ministre
de l'Intérieur, disait, en 1019, à la Ti-
toline- de la Chambre son sentiment en
termes précis :
» ...Vous ne pouvez· pas refuser aux
indigènes d'Algérie les droits politi-
ques que nous vous demandons pour
eux... Comment 1 Voilà des hommes
qui ont risqué leur vie pour la Patrie
et vOus lénr refuseriez le droit de pur
ticipèr à. la direction des destinées
d'une nation dont il ont sauvé la li-
berté et garanti le prestige... »
Quant âu statut personnel de l'indi-
gène. le rapport ci-dessus rappelé in-
diquait qu'il ne saurait être un obsta-
cle i l'octroi des droits politiques. Il
citait l'avis autorisé de deux profes-
seurs de droit de la Faculté d'Alger
M. Larcher reconnaît dans son cours
que ι le statut personnel n'est pas ur.
obstacle à ce que l'on reconnaisse aux
sujets musulmans la qualité de ci-
toyen.
M. Mallarmé (actuellement députe
d'Alger et farouchement hostile au pro-
jet gouvernemental) enseignait aus
étudiants que :
+ * +
« Quand bien même il s'agirait, de
donner aux indigènes des droits poé-
tiques, tout en leur conservant lew
statut personnel, nous ne. voyons pa»
quel texte y ferait obstacle. »
Au demeurant, rappelons « qu'en Au
triche, en Roumanie, en Bulgarie et eu
Yougoslavie, les musulmans ont lei
mêmes droits que leurs compatriotes
chrétiens » (Ibid.).
La cause, en droit et en équité, es 1;
donc entendue I
La représentation des indigènes au
Parlement français, avec collège élec-
toral unique, sans abandon du statut
personnel, telle est la solution qu»>
nous préconisons.
C'est le seul moyen d'assurer l'union
durable de tous les éléments ethnique*
dans une collaboration loyale et fé-
conde.
Marcel REGIS,
député d'Alger,
Secrétaire de la Commission Coloniali
du Parti.
Deux vapeurs entrent en collision
Londre«, 8 décembre. â Le vapeur bri-
tannique « Em de Larrinaga », qni se ren-
dait à Butterman'a Bay avec on charge-
ment de Mé. est entré en collision avec le
vapeur « K. Ktistakis », qui se rendait â
Harwich. Après la collision, qui s'est pro-
duite dans la rivière Orwell, près de Har-
wich, le vapeur grec est allé s'échouer sur
la rire Est de la rivière. Le vapeur britan-
nique a pu continuer sa route.
Les dégâts sont peu Important».
L'hommage de l'Algérie
musulmane à R. Salengro
Il y a quatre mois à peine, l'Algérie
musulman« envoyait une délégation au-
près du gouvernement de Front popu-
laire et des groupements de la majorité
pour attirer leur attention sur la situa-
tion économique, sociale et politique
des six millions d'Arabo-Berbéres algé-
riens.
Il y a quelques semaines à peine,
les déléguée rendaient compte, dans
tous lee "coins-de l' Algérie, de leurs dé-
marches. Ils soulignèrent la cordialité,
la sympathie, l'accueil fraternel qui
partout leur tot réservé; ils expliquè-
rent à leurs frères musulmans les pro-
messes qui leur avaient été faites, cel-
les qui s'étaient déjà réalisées, celles
qui ne tarderont pas à se concrétiser.
Et partout sur leur passage, ils ont se-
mé la confiance, ils ont fait revivre
l'espoir dans le coeur des populations
qui parfois s'étalent demandé si le sens
de l'espérance n'est pas, pour elles, dé-
finitivement· brisé.
Or, Roger Salengro était ministre- de
l'Intérieur: Or' l'Álgérié, terre françai-
se, est du ressort de son ministère.
C'est dire qu'elle part active il eut à
prendre dans les mesures arrêtées en
notré faveur.
Roger Salengro, ministre de l'Inté-
rieur, c'était pour nous la certitude que
désormais aucun écran ne serait plus
toléré entre nos populations et le gou-
vernement central qui, dans le passé,
les a trop souvent ignorées.
Roger Salengro, ministre de l'Inté-
rieur, c'est pour nous tous qri avons
commis le péché, de naître dans un
berceau àrabe ou da ne un berceau ka-
byle, là fin: des multiples »bis dont
nous étions si fréquemment les victi-
mes, la fin d-3 ces abus qu'on désigne
d'un mot : l'indigénat.
Salengro à l'Intérieur signifiait enfin
pour les dirigeants des populations mu-
sulmanes que les autorités responsables
ne toléreraient plus les excitations aux
haines raciales dont certaine groupe-
ments s'étaient fait une méthode.
Comment l'oubli erons-nous ? La fa-
culté la.plus forte chez nos populations,
c'est, je crois, le souvenir, la reconnais-
sance : elles se souviennent des plus
petits égards qu'on a eu pour elles. C'est
pourquoi la mort si inattendue de celui
qu'entre nous nous appelions «r notre
ministre » nous a profondément cons-
ternés. Nous la ressentirions comme un
anathème jeté sur nous si nous n'avions
dans notre langue maternelle cette for-
mi:b de condoléances que je m'excuse
de défraîchir en la traduisant : « Amis
consolez-vous, il a laissé des « hom-
mes » ! »
Les musulmans algériens y verraient
comme une malédiction qui viendra
périodiquement les priver des meilleurs
de leurs défenseurs s'ils n'avaient ap-
pris dans les livres de leur fol que
l'homme qui meurt en laissant derrière
lui une belle oeuvre et des contintateurs
n'est pas mort, donc n'est pas à pleu-
rer.
D'autres voix, plus autorisées que la
mienne, ont dit la leçon à tirer de cette
fin tragique. Ma mission est plus sim-
ple, comme simple est l'âme de nos
populations : c'est de dire à la famille
de Roger Salengro, à la municipalité
de Lille, au conseil général du Nord,
au gouvernement de Front populaire et
au Parti socialiste la douleur de l'Algé-
rie musulmane. De loin, simplement, les
élus musulmans m'ont dépêché pour
m'incliner devant la dépouille de l'hom-
me que tous les honnêtes gens pleu-
rent aujourd'hui. La chaîne de frater-
nité qui, hier, s'est formée autour du
cercueil n'eût pas été complète sans le
maillon algérien. Geste symbolique :
nous avons tenu à rendre hommage à
l'homme dont le passage a/u ministère
de l'Intérieur a marqué un pas de plus
dans la voie de la réconciliation. Les
indigènes algériens commençaient à
désespérer : Salengro leur a redonné
confiance en la démocratie, et cela aus-
si est l'oeuvre d'un bon soldat. â
Benhadj, conseiller municipal à Alger.
UNE JEUNE FILLE
GRIEVEMENT BLESSEE
PAR SON AMI
Saint-Quentin, 8 décembre. â A Flavy-le-
Martel, un jeune homme de 17 ans, Mar-
cel'Doublet, demeurant à Falgniers, a frap-
pé de trois coup» de couteau la jeune Su-
zanne Osset, âgée de 17 ans, qu'il cour-
tisa it.
Atteinte à la poitrine et au cou, la Jeu-
ne fille a été transportée à l'Hôtel-Dieu
dé Saint-Quentin dans un état grave.
Son meurtrier qui avait pris la fuite a
été arrêté ce matin par les gendarmes de
Saint-Simon après une poursuite mouve-
mentée.
A Âdana, les inondations
ont détruit 200 maisons
100 personnes son noyées
Stamboul, % décembre. â Selon les
derniers renseignements, les inondations
«ravalent provoqué l'écroulement de 20ü
maison« -i Adana·
Outre une centaine de personnes
noyées, une grande quantité de bétail a
êti- entraînée par les eaux.
La pluie ayant cessé ce matin, les
eaux commercent à se retirer-
Au ministère des Colonies
Marius Moutet, ministre des Colonies,
vient de câbler aux gouverneurs géné-
laux et gouverneurs de nos possessions
extérieures pour autoriser le pélerinage à
la Mecque ein 3.437. 11 a été procédé à un«
étude approfondie à l'effet d'améliorer
les conditions ¿ans lesquelles s'effectue
ce pèlerinage pour les musulmans de nos
colonies.
Marius Moutet s'est particulièrement
attaché à donner satisfaction au monde
musulman français dont le loyalisme en-
ver«! la France s'est affermé dans toutes
les circonstances et notamment durant
la grande guerre.
Sommes-nous en état de crise â met-
tons de crise « virtuelle », pour mon-
trer que nous avons, tout comme un
autre, le sens des nuances â ou ne le
sommes-nous pas ?
Nous y sommes, du fait des com
munistes, à en croire la plupart des
journaux. Mais interroges les commu-
nistes; ils vous répondront: « La cri-
se? la crise? Connaissons pas ! »
Marcel Cachin, par exemple, ramène
le vote de samedi au niveau d'un inci-
dent sans importance et qui ne mérite
guère tout le bruit qu'on en fait.
Les communistes ont dit avec fran-
chise leur sentiment sur la politique
gouvernementale vis-à-vis de l'Espa-
gne. Ils en avaient le devoir. Mais
it est faux et absurde de leur prêter
le dessein de combattre systématique-
ment le ministère issu, du Rassem-
blement populaire. Les réacteurs et
les fascistes les accusent malhonnê-
tement de préparer des émeutes dans
les usines, sur l'ordre de Moscou. Ils
mentent avec impudence. Notre Parti
est un parti prudent et raisonnable;
il est la plus forte organisation poli-
tique en France en ce moment; il
connaît ses responsabilités et il n'ou-
bliera pas que le maintien du Front
populaire est plus indispensable que
jamais !
Cependant, on ne donnerait pas cher
du Front populaire si les communis-
tes devaient recommencer à tout bout
de champ le coup du a décembre. Ou
si les radicami devaient les (suivre
dans cette voie, comme les y invite
sournoisement cet excellent M. Albert
Milhaud.
BLUM ET MOSCOU
Les Débats sont très vieux et un peu
durs d'oreille. N'ayant rien compris, ils
persistent à dire, et même pour un peu
ils crieraient (comme des sourds) que
tout ce qui est arrivé prouve surabon-
damment que M. Blum est «ux ordres
de Moscou.
Sauf la guerre pour les anarchis-
tes (t) espagnols, rien ne sépare le
cabinet Blum des communistes.
A peu près d'accord, mais attendez:
Moscou sait que, pour la désorga-
nisation générale, morale et matériel-
le, il ne trouvera Jamais mieux que
le cabinet Blum. Toute la question
est donc de savoir si Moscou veut
continuer, ou si Moscou juge le mo-
ment venu d'interrompre le Front po-
- pulaire avant qu'apparaissent les dé-
gâts. Situation curieuse et significa-
tive...
Moins curieuse, moine significative,
à. dire vrai, que le raisonnement des
Débats, lequel revient sensiblement à
ceci: Si Blum reste, c'est la preuve qu'il
est aux ordres de Moscou, comme nous
l'avons toujours dit; s'il s'en va, cela
prouvera encore qu'il est aux ordres de
Moscou, parce que s'il n'était pas aux
ordres de Moscou, il n'attendrait pas,
pow s'en aller, d'être renversé par lui.
Quand on a compris ça, il n'est plus
de mystères dont on ne puisse percer
les épaisseurs.
« LA CRISE EST OUVERTE »
Pour notre bon ami, M. de Kérillis,
pas de doute. Le Front populaire est
mort et, si la crise n'est pas effecti-
vement ouverte, c'est que Blum « se
cramponne encore au pouvoir ».
Entre lui et Thorez, le «t désaccord
est fondamental s:
Sur le plan parlementaire, M. Léon
Blum peut évidemment se prolonger.
Il peut devenir le chef d'un cartel
radical et socialiste. Il peut même de-
venir le chef d'une coalition « con-
centrationniste » plus ou moins in-
forme allant des marxistes de la 8.
F.I.O. au chanoine Desgranges. Mais
où cela peut-il le conduire t Que de-
vient sa fameuse expéHencef Tout ce
qu'elle comportait de mystique et de
dynamique ne peut être transposé
dans un cadre aussi médiocre et
aussi usé.
A quoi riment ces hypothèses stupi-
des ? Le vidame sait parfaitement que
jamais Blum ne deviendra le chef ni
d'un nouveau cartel, ni d'une nouvelle
concentration.
Poursuivons:
Là crise est donc ouverte. A mon
point de vue, M. Léon Blum a perdu
l'occasion de mourir en beauté. S'il
avait été logique avec lui-même et
seulement s'il avait été un grand po-
litique, il serait parti. Ou alors, il
aurait donné sur l'heure un de ces
grands coups de barre qui, dans les
périodes troubles, bouleversent de
fond en comble les positions politi-
ques et créent des possibilités nou-
velles.
Si, en beauté ou non, Blum était par-
ti samedi, cela aurait évidemment bien
fait l'affaire de M. de Kérillis, de M.
Gignoux, de M. de La Rocque et d'un
certain nombre d'autres seigneurs. Mais
il n'est pas parti et M. de Kérillis de-
vra, s'il veut qu'il s'en aille, le ren-
verser.
C'est plus difficile à faire qu'à dire.
AGRIPPONS-NOUS LES UNS
AUX AUTRES
M. Bailby (Jour) à dû écrire son
sempiternel ^article un peu vite. Il nous
montre à 'cinq-lignes d'intervalle, Blum
s'agrippont aux basques de la lile In-
ternationale « marxistes et révolution-
naires » et les communistes s'agrip-
pânt aux basques de Blum. On ne voit
pas très bien, même en rêve, cet agrip-
page simultané. N'Importe:
Si les communistes s'agrippent à
lui, c'est que Itur révolution n'est pas
encore tout à fait au point (sic).
Seulement, dans cette course de
vitesse au ralenti, ce qui est à crain-
dre. c'est que ce soit les chambar-
deurs qui gagnent.
Le père Bailby voit la révolution
sous la forme simplicissime d'un mo-
teur d'automobile.
SI LE F. P. SE ROMPAIT
A passer de Bailby à Buré (Ordre),
du bredouillement à l'idée claire, on
ne perd pas au change. Que dit au-
jourd'hui Buré ?
A ceux qui, au Congrès radical de
Biarritz, disaient: « Nous sommes
pour le Front populaire, mais pour
le Front populaire sans les commu-
nistes s, Guernut faisait finement
observer que les socialistes, soucieux
de leurs intérêts électoraux, n'aban-
donneraient pas les communistes. Ce
qui se passe actuellement est pour lui
donner raison. Si les amis de M. Tho-
rez et de M. Duelos accentuaient leur
opposition au gouvernement., il sem-
ble bien que Léon Blum ne tarderait
pas à démissionner. Mais on ne voit
pas bien qui pourrait le remplacer
avec des chances de durée. Camille
Chautemps a dit: « Si le front po-
pulaire est rompu, il faudra en appe-
ler à l'électeur ». Evidemment, ce se-
rait le plus sage, mais il y a la si-
tuation extérieure, mais il y a la si-
tuation financière...
Mais le Front populaire n'est pas
mort, ni mourant. Tout au plus, un peu
de grippe saisonnière.
De Bailby à Buré, on monte. Mais
de Buré à Taittinger, on descend. Au-
dessous même de Bailby, ce qui n'est
pas peu dire:
La France n'a pas. besoin de dic-
tature, mais elle a besoin d'autorité.
Nous en avons assez d'être livrés aux
clubs du. Front populaire et aux so-
viets des syndicats de la C.G.T.
Nous voulons un gouvernement.
Quand ces messieurs se mettront-ils
d'accord? Tantôt ils accusent le gou-
vernement de trop gouverner et de s'oc-
cuper de choses qu'on laisse générale-
ment aux soins des particuliers: tan-
tôt ils l'accusent au contraire d'être un
gouvernement qui ne gouverne pas
assez ou même qui ne gouverne pas
du tout.
Drôles de gens !
DE LA CRISE A LA GUERRE ?
Il y a reprise économique. Lucien
Laurat ne la nie pas. Mais il veut met-
tre en garde les travailleurs contre un
optimisme excessif tant sur la durée
que suir le sens du phénomène. La re-
prise a de quoi inquiéter les esprits
tendus vers la paix. Car reprise écono-
mique et reprise de la course aux ar-
mements se confondent:
La reprise qu'on constate partout,
et dont les dmes ingénues se réjouis-
sent, serait donc bel et bien ce qu'on
appelle une « conjoncture de guer-
re ».
A vrai dire, ce ne serait pas la
première fois dans l'histoire que la
course aux armements suscite une
accélération de l'activité économique
et contribue, soit à liquider plus ra-
pidement une crise, soit à en atténuer
les effets.
Au cours de la décade précédant
la dernière guerre mondiale. Karl
Kautsky et Rosa Luxembourg souli-
gnèrent l'importance des comman-
des militaires pour un capitalisme
perpétuellement en mal de débouchés.
Attention! Le régime capitaliste qui
n'est sorti de la guerre que pour entrer
dans la crise, pourrait bien ne sortir
de la crise que pour retourner à la
guerre.
Que les peuples veillent !
Am. D.
Une flétrissure
Dans la feuille infam·.', M. Henri Béraud
flétrit la phrase ci-après que « Blum écri-
vait eu faisait écrire il y a iout juste un
an dans le Populaire .>> :
Que sonne l'heure de la mobilisation et,
avant de partir sur la route glorieuse de
leurs destinées, les mobilisée abattront MM.
Béraud et Maurras comme des chiens.
C'est moi qui ai écrit ces lignes dans le
Populaire du 1er novembre 1935. Et je
ne pourrai jamais dire assez fortement à
M. Béraud combien je partage son indi-
gnation l
Car M. Béraud ne dit pas â peut-être
l'ignore-t-il â que je retournais simplement
à M. Maurras les menaces que· celui-ci ré-
pétait sans cesse contre cent quarante par-
lementaires. Et a abattre comme des
chiens » ce n'est pas de mon cru, c'est la
formule même de M. Maurras, dans sa
lettre de menaces à M. Schrameck, minis-
tre de l'Intérieur l
Aussi M. Maurras, qui n'a rien d'un
naif, se garda bien de relever ma menace
âconditionnelle, messieurs les juges, con-
ditionnelle I Mais M. Béraud, lui, a don-
né dans le panneau. Un peu lard, mais il
a donné et il parle de mes provocations in-
fâmes, de mes appels au meurtre !
J'ai rencontré M. Béraud, en 1919, dans
un déjeuner avec mes amis du Canard En-
chaîné. Je me souviens combien je fus cho.
qué par ses allures de matamore. Le bou-
gre exhibait contre MM. Maurras et Dau-
det une dent terrible. A l'égard du dernier,
notamment, il ne cessa de répéter combien
il désirait pouvoir le rencontrer dans la rue
ou un établissement public afin de lui mar-
cher sur les pieds, se faire envoyer deux té-
moins et le larder ensuite convenablement.
Depuis, ces deux obèses se sont bien ren-
contrés, mais pas sur le pré. On les a vus
associés dans la même entreprise de diffa-
mations contre tout ce qui est républicain
et pacifiste.
Aussi, encore quelle ait un peu tardé à
se manifester, je ne puis que me réjouir
d'avoir fait exploser l'indignation bérau-
desque, contre les provocations infâmes et
les appels au meurtre du venimeux person-
nage qui lui fait le grand honneur, paraît-
il, de l'accepter dans sa charrette.
JARJ AILLE.
Marx Dormoy
à l'Elysée
Le président de la .République t reçu.
Wer après-midi, Marx Dormoy, ministre
de l'Intérieur.
L'accord économique
franco-yougoslave
a été signé hier
M. Paul Bastid, ministre du Commerce,
et son collègue yougoslave, M. Vrbanovich,
«nt signé hier le nouvel accord économique
franco-yougoslave.
La convention .intervenue, permettra un
développement considérable des échanges
entre les deux pays. L'achat de blé et de
maïs yougoslaves, l'attribution de contin-
gente supplémentaires et l'augmentation
dee contingents- existants pour l'Importation'
de certains produite yougoslaves en France
contribueront non seulement à la liquida-
tion des arriérés de clearing, mais encore
i une extension substantielle des bases du
commerce franco-yougoslave. En même
temps, les dispositions concernant les paie-
ments assureront & la Yougoslavie de nou-
velles disponibilités en devises.
Les deux ministres ont marqué, au cours
de la cérémonie dé* signature, l'importance
que leurs gouvernements respectifs atta-
chent à cet accord.
Porteurs de Bons da Trésor
Le ministère des Finances fait savoir que
la loi du 1er octobre dispose que des avan-
tages seront accordés aux porteurs de bons
ordinaires du Trésor A β mois et un an
n'échéances souscrits entre le 10 juillet et
le 23 septembre 1936.
Ces bons, en particulier, doivent être re-
pris on souscription à tous les emprunts
émis par l'Etat et quel que soit le taux
d'émission de ces emprunts, dans des condi-
tions privilégiées à fixer par le ministre
des Finance?, et qui comporteront notam-
ment un avantage capital.
Les conditions de reprise dont il s'agit
n'ont pas encore été fixées par le dépar-
tement des finances.
Il est, en conséquence, recommandé aux
intéressés de ne pas se démunir prématuré-
ment de leurs titres. de manière à bénéfi-
cier intégralement des avantages qui doi-
vent leur être accordés.
Le conseil d'arrondissement
de Montluçon renouvelle
sa confiance au gouvernement...
Montluçon, 8 décembre â Réuni en
séance ordinaire pour la deuxième partie
de la session de 1936, le conseil d'arrondis-
sement de Montluçon a voté, à l'unanimité,
nn veau ⬠renouvelant son entière confiance
au gouvernement qui a déjà tant fait pour
les classes de travailleurs et lui demandant
de poursuivre son programme social, jus-
qu'à complète réalisation ».
< Le conseil d'arrondissement se félicite
du choix comme ministre de l'Intérieur de
Marx Dormoy, député-maire de Montluçon,
auquel H présente tous ses voeux de réus-
site. »
...Ainsi qne celui de Lapalisse
Moulins, 8 décembre. â Le Conseil d'ar-
rondissement de Lapalisse a voté à l'una-
nimité une adresse de félicitations au pré-
sident du Conseil et au ministre des Affai-
rée étrangères pour leur politique de neu-
tralité à l'égard de l'Espagne, estimant que
c'ést 3a seule politique susceptible d'éviter
à notre pays et au monde les risques de
guerre.
Les fascistes français
essayent de propager
des rumeurs alarmistes
Par tracts, par journaux, par discours,
ils cherchent à troubler l'opinion républicaine
par l'annonce d'une imaginaire
insurrection « rouge »
1L8 ESPERENT AINSI DETOURNER L'ATTENTION DE LEURS
PREPARATIFS DE GUERRE CIVILE ET DONNER A CEUX-CI UNE
APPARENCE DE JUSTIFICATION !
Lee vaincus de mal dernier, trusts
et ligues, n'ont pas été longs à se res-
saisir, ni à tirer les enseignements dis
leur défaite. Ils ont cherché à analyser
la vague de fond qui les avait balayés,
et à utiliser contre nous les facteurs
psychologiques qui avaient dressé con-
tre eux l'écrasante majorité de l'opinion
publique.
Quels étaient ceux-ci î La faillite éco-
nomique de la déflation lavalienne, la
sûlf de « paix, de pain, de liberté », la
volonté de défendre la démocratie con-
tre le fascisme dont les préparatifs os-
tentatoires de M. de La Rocque faisaient
éclater 1« danger.
Aussi voit-on maintenant le gros pa-
tronat saboter la reprise économique et
sa presse truquer les chiffres ; la politi-
que de paix du gouvernement dénoncés
comme poussant à la guerre ; et l'épou-
ventail du « péril révolutionaire s agité
avec grand tapage. M. de la Rocque fait
placarder des affiches à l'effigie de la
République. Le groupe parlementaire
dont il poursuit si péniblement la cons-
titution doit s'appeler « groupe de dé-
fense des libertés républicaines â ». Ja-
mais. la cause démocratique n'a eu tant
de défenseurs, si singulièrement choisis
â¦Ï et d'aussi fraîche date !
Pour rallier sous les drapeaux du fas-
cisme et de la conservation sociale les
petits bourgeois républicains si nom-
breux en France, on n'a pas hésité i
rechercher dans le magasin'aux accessoi-
res ceux qui depuis longtemps avaient
été mis au rancart. L' « homme-au-cou-
teau-entre-les-dents », né Jadis de la fer-
tile imagination de M. Billiet (de l'U-
nion des Intérêts économiques) a sou-
dainement fait sa réapparition. Depuis
quelques semaines, il n'est plus ques-
tion que du « danger communiste », des
« armements d'extrême-gauche s, des
« putsch » Si préparation. Manoeuvre
doublement habile, puisqu'elle peut in-
quiéter le public, et les hommes d'Etat
démocrates, et détourner en même temps
l'attention des préparatifs â fort réels
ceux-ci â des ligues fascistes.
La campagne est menée avec enverga-
re. Les milieux ruraux sont inondés tracts où on affirme aux paysans que le
Front populaire n'est qu'un paravent
des Soviets, et que ceux-ci veulent le pil-
lage, l'incendie et le viol â a comme
en Espagne », ajoutent cyniquement les
anonymes rédacteurs de ces feuilles.
Les rumeurs les plus absurdes sont co'-
portées. Ici, ce sont des « anarchistes
espagnols » qui doivent venir la nuit
Jeter de la dynamite dans les cheminées
des maisons, là ce sont les communistes
qui doivent s'emparer de telle ou
telle ville. Elles prennent parfois assez
de consistance pour provoquer des aler-
tes (la dernière en date est celle de
Mulhouse) â simple prétexte aux fas-
cistes pour expérimenter leur plan de
rassemblement et se documenter sur le
dispositif de défense des pouvoirs pu-
blics.
On s'efforce ainsi de créer la panique
Celle-ci s'est déjà installée dans les cou-
vents.
On m'a signalé trois cas. en des points
fort éloignés, où des religieuses se sont
procuré des vêtements civils pour pro-
téger leur fuite, lors du « coup dur »
de l'imminence duquel elles sont persua-
dées. Qui est à l'origine de ces bruit3
absurdes ?
La presse de droite leur fait complai-
samment écho. Le Jour, qui n'en est ?as
à un mensonge près, après avoir acquis
sa clientèle par le battage savamment
organisé autour des « mitrailleuses >
(sic) du 6 Février et de Î « assassi-
nat » (re-sic) de M. Prince, lui offre
maintenant tous les 15 jours l'annonce
de la révolution. Le royaliste Candide
et la feuille infâme accumulent
rouges.
Un bel exemple de ces fantaisies nous
est donné par le fasciste Aux Ecoutes
qui le 5 décembre, publie tous les ef-
froyables détails de l'insurrection com-
muniste qui devait éclater entre le 23'
et le 30 novembre et débuter par l'as-
sassinat de M. Daladier, l'entrée en jeu
de... Marceau Pivert et l'attaque des
édifices publics par des ouvriers arabes.
Mais non, monsieur Lévy ! Ce no
sont pas les communistes qui utilisent
les Nord-Africains pour la guerre civile,
Vous confondez avec Franco..
Ce n'est pas tout ii fait par hasard,
pensons-nous, que cette offensive coïn-
cide avec celle menée sur le plan inter-
national par les Etat dictatoriaux et
dont notre ami André Leroux a montré
les vrais mobiles impérialistes..
En tous cas, en France, un de ses
principaux exécutants est notre vieille
connaissance, le lieutenant-colonel comte
François-Casimir de la Rocque.
Le Flambeau et le « Bulletin d'Infor-
mation » distribués aux sections sont
remplis des plus ahurissantes élucubra-
tions. Mercredi 2 décembre, à Magic-
City, le colonel a déclaré publiquement
que Thorez avait ramené de Moscou
l'ordre de déclancher un soulèvement
et que si celui-ci avait été retardé, c'é-
tait uniquement à cause du P. S. F. et
de sa manifestation du Parc des Prin-
ces !
Dans la même réunion, un certain
Compana affirma que « ce ne sont pas
les communistes qui feront la Révolu-
tion en France, mais le P.S.F. s. Cette
phrase donne la clé de tout le reste.
Partout : en Italie, en Allemagne (in-
cendie du Reichstag), en Espagne, c'est
un prétendu complot rouge qui a servi
de prétexte à l'attaque fasciste. Les dé-
fenseurs français du Kros capital s'oc-
cupent en ce moment de se ménager un
alibi. Personne n'en sera dupe.
Les républicains savent ce que cachait
l'expression « danger communiste »
dans la bouche d'un Hitler, d'un Mus-
solini, d'un Franco. C'était non seule-
ment l'anéantissement des partis com-
munistes, parfois inexistants, qu'elle
préparait. C'était l'assasinat du socialis-
te Matteotti, du général à peine libéral
von Schleicher, de tout ce qui n'était pas
fasciste, socialistes, radicaux, démocra-
tes, francs-maçons, laïques, tout cela,
c'est du « communisme » pour les « na-
tionaux i> de là-bas â et d'Ici.
Le Front populaire se défendra.
Jean-Maurice HERRMANN.
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N" 6. Feuilleton du Populaire. 9-12-36
11
â Monsieur mon frère, pourriez-vous nous dire com-
ment som disparues Amélia de Vargas et Maria-Christina
d'Orellans?
â Oui ' Oui ! qu'il nous le dise i acquiesçait Irène.
â Nous v sommes!... nous y voilà!.., je les atten-
dais!... repartit le marquis.
â Je vous prie de parler un peu sérieusement, mon
frère. Vous avez connu Amélia de Vargas...
â Le plus beau sourire de la plaza Mayor!... Il y a
de cela vingt ans! Comme le temps passe!... Oui. en
effet, eile a disparu il y a vingt ans!... avec un de ses
parents!
â J «i entendu raconter, avant-hier, qu'il s'agissait
d'un toréador.) interrompit Marte-Thérèse... c'est une
histoire qui revient; paraît-il, tous les dix ans... quand
approche l'Interaymi.
â C'est une histoire qui, dans son temps, a remué
toute la ville... A !a suite d'une échauffourée, à la plaza
des 'loros, les parents d'Amélia, qui l'accompagnaient,
cherchèrent en vain leur fille!... elle avait disparu et clie
ne reparut plus jamais... on l'avait vu emporter par des
Indiens et l'on sait parfaitement qu'elle a été murée vi-
vante...
â Puissance de l'imagination des foules!... La vérité,
je l'ai dite, car dans le même temps qu'elle, le parent
dont je vous ai parié et qui la protégeait, disparaissait
aussi. Ils étaient allés habiter ailleurs!
â Cela vous plaît à dire, monsieur mon frère !... Mais
il nous reste Maria-Christina d'Orellana !...
â Evidemment! reprit le marquis... son aventure, a
celle-là, fut plus triste... elle se promenait avec son
père, aux environs du Cuzco, et entra dans des souter-
rains dont nul n'a jamais connu les détours. Elle s'y
perdit, quoi de plus naturel? C'est depuis ce moment-là
que le gouvernement a fsit murer les souterrains.
â Oui, et c'est depuis ce moment-là, reprit la tante,
que le père est devenu fou. Il continue d'errer dans les
ruines du Cuzco et autour des souterrains en appelant
sa fille... depuis dix ans! Ce n'est pas à lui qu'il fau-
drait dire qu'elle n'a pas été enlevée, par les Indiens,
pour la cérémonie de VInteraymi.
â Puisque vous dites, vous-même, qu'il est fou !...
â Il l'est devenu à la suite de la certitude qu'il eut
de l'horrible sacrifice. Quelques jours avant sa dispari-
tion dans les souterrains du Cuzco, Maria-Christina avait
reçu un étrange cadeau, un lourd et vieux bracelet d'or,
orné, en son milieu, d'un disque représentant le Soleil I
â Ma bonne Agnès, vous savez bien que dans ce
pays-ci, nos orfèvres mettent le soleil à toutes les
sauces !...
-- Oui, mais ce bracelet-là était le vrai!... celui qui
avait été envoyé également, parait-il, à Amélia...
â Ah! ma soeur, vous inventez!... vous inventez 1...
Comment voulez-vous, avec des histoires comme les
vôtres, que l'on écrive l'Histoire!... Surtout, mon cher
hôte, ne prenez pas de- notes,' je vous en prie !
â Je n'invente rien, reprit la vieille, têtue !... c'était
le vrai bracelet Soleil d'Or, le bracelet du sacrifice... ce-
lui que, tous les dix ans. depuis la mort du dernier roi
inca, Atahualpa, brulé vif par Pizarre, les prêtres incas
envoyèrent à celle qui fut choisie pour être l'épouse du
Soleil, et qui devait être murée vivante!... Le pauvre
Orellana en a assez parlé du bracelet Soleil d'Or!...
Toute ¡a ville en a parlé!...
â Oui, oui, ma soeur!... Toute la ville a bien de l'ima-
gination aux environs de VInteraymi!... et le marquis se
penchant vers François-Gaspard :
â Vous ne sauriez vous douter, mon cher illustre
hôte, du mal que nous avons à la Société de Géographie
et d'Archéologie... pour nous débarrasser de toutes ces
légendes... Vcus qui êtes un vrai savant!...
â Or! le savant ne doit pas dédaigner les légendes,
répondit l'académicien, et Je vous dirai que, pour mon
compte, je suis enchanté de mon voyage et bien heureux
d'être tombé dans tin pays où elles sont encore si vi-
vantes !...
A ce moment, un domestique entra et se dirigea vers
Marie-Thérèse. Î portait un Mger registre et une petite
boîte
â Objet recommandé I dit-il... Le facteur est déjà vent»
tantôt et je lui ai dit de repasser ce soir... Mademoiselle
doit signer ici!...
Marie-Thérèse signa.
â Tiens, fit-elle, cela vient de Cajamarca!... Mais je
ne connais personne à Cajamarca!... Qu'est-ce que ça
peut bien être que çs?... Vous permettez?
Et elle déficela, décacheta, ouvrit la petite boîte de
tois. %
â Un bracelet! s'écria-t-elle en riant un peu nerveu-
sement. Eh bien ! Voilà une coïncidence bien amu-
sante!... mais c'est le bracelet Soleil d'Ori... Ma pa-
rale!... le bracelet de l'épouse du Soleil!...
Tous s'étaient levés, excepté les deux vieilles qui n'en
avaient pas la force. Et tous les yeux étaient sur le lourd
anneau de vieil οι bruni, avec son disque de soleil dont les
rayons paraissaient éteints, encrassés par la poussière des
siècles.
â Ah ! bien !... c'est une bonne plaisanterie ! fit en riant
Marie-Thérèse
â Parbleu!... s'écria le marquis, dont la voix était légè-
rement changée, elle est bien bonne !... C'est la ven-
geance, jolie du reste et très élégante, de ce brave Alonso
de Cuelar, dont tu viens de refuser la main. Il me l'avait
bien dit, avec son triste et aimable sourire : « Je «ne
vengerai de la Vierge da Soleil!.., » Tu sais bien que
tout le monde, au Cercle, t'appelle la Vierge da Soleil!
puisque tu ne veux pas te marier!... Mais qu'est-ce que
vous avez à faire une tête comme ça, vous autres!
Et, se tournant vers les deux vieilles :
â Quoi? tout de même, vous n'allez pas vous rendre
malades pour une simple farce!
Marie-Thérèse faisait admirer le bracelet à François-
Gaspard et à Raymond.
Mon père, vous direz à don Alonso que j'accepte
son cadeau et que je le porterai en gage de notre bonne
amitié... Il est vraiment très joli !...· On ne fait plus de
ces bijoux-là!... Qu'en dites-vous, monsieur Ozout?
â Moi?... répondit François-Gaspard, je jurerais que
ce bracelet a quatre ou cinq cents ans... au moins !
â On trouve encore de ces trésors dans les fouilles
autour des tombes royales, mais ils se font raras... Je ne
m'étonne pas que don Alonso soit allé chercher celui-ci
jusqu'à Cajamarca ! dit le marquis.
â Où est-ce, Cajamarca? demanda Raymond.
â Jeune ignorant!... fit l'oncle, sache que Cajamarca
est tout simplement l'ancienne Caxamarxa des Incas, la
seconde capitale de leur empire au temps de Pizarre...
â Et la ville où leur dernier roi fut brûlé vif ! fit enten-
dre la voix expirante de la tante Agnès. On se précipita
vers elle, car elle se trouvait mal. Il fallut la porter dans
son appartement. La vieille Irène suivait, plus pâle que
sa guimpe, et faisant avec son pouce, sur son front, le
signe de la croix.
Le lendemain de son arrivée à Lima, l'oncle François-
Gaspard fut reçu solennellement par la Société de Géogra-
phie, dont il sut célébrer l'oeuvre magnifique, les travaux
archéologiques. statistiques, hydrographiques avec une
émotion scientifique qui fut bientôt partagée par tous ceux
qui étaient là. Son succès fut grand et le génie français,
à soj tour, fut loué dans sa personne. Toutefois, le plus
heureux, le plus fier, était encore Christobal, qui prenait
sa paît de la gloire de l'académicien Ozout. A la sortie
de cette séance mémorable, à laquelle assistèrent natu-
rellement Raymond et Marie-Thérèse, laquelle avait mis
son bracelet en dépit des pleurnicheries des deux vieilles,
le marquis rencontra don Alonso de Cuelar, un charmant
jeune homme. ¿4 suivre).
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