Titre : Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste ["puis" socialiste-internationaliste]
Auteur : Parti socialiste SFIO (France). Auteur du texte
Auteur : Parti socialiste (France). Fédération (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Limoges)
Éditeur : Parti socialisteParti socialiste (Paris)
Date d'édition : 1921-10-22
Contributeur : Blum, Léon (1872-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34393339w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 octobre 1921 22 octobre 1921
Description : 1921/10/22 (Numéro 197). 1921/10/22 (Numéro 197).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k817848p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60603
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
6e ANNEE (Série Î1")', .«â - Î" ι97*
SAMEDI-22 OCTOBRE 1921.
2cy Cencimes
[ RÉDACTION - ADMINISTRATION
I 12, Rue Feydeau - PARIS (2»arr.)
Î ·
¡TÉLÉPHONE : Central 07-47 ; Louvre. 47-39 .
ADR. XÉLÊGR. : Nalpopul-Paris
DIRECTEURS ^ LÉON BLUM
POLITIQUES:(JEAN LONGUET
ABONNEMENTS :. 3 mois 6 rtois \ aa
PAWS(SeineelSeine-et-Oise).. 12 50 ïifr. ICfr.
DmitTEÉta Í3 fr. S5fr. 08 tf.
JSTMM.. -lSfr. .3iir. Oifr.-.
Ctiècrue postal 279.37
le Populaire
de Paris
MNM. SOCIALISTE DD MÂTIN
Seul le Socialisme fera de chaque nation, enfin réconciliée
avec elle-même, une parcelle d'humanité. â JEAN JAURÈS.
Les interpellations à la Chambre
LE DISCOURS DE M. BRI AND
Le débat continuera mardi
Au point de vue théâtre, succès très net.
L'homme en pleine possession de ses
moyens, simple, habile, puissant, parvenant
jusqu'à l'émotion par un ton de familiarité,
de gravité humaine.
â Au point de vue politique, jugement
beaucoup plus partagé.
Le discours se scinde en deux parties,
politique extérieure, politique intérieure. La
première est, somme toute, celle qui appelle
lès moins graves réserves. Sans doute, com-
me toujours, M. Briand a voulu se défen-
dre contre son renom, mérité ou non, de fai-
blesse conciliante et · complaisante. Comme
à; Saint-Nazaire, il a rappelé, sur le mode,
approprié, l'Allemagne privée de la plus
grande_ partie de l'arsenal silésien, . Essen
sous nos canons, les sanctions militaires
maintenues comme garantie contre la réac-
tion qui menace le cabinet Wirth... Sur la
conférence de Washington et la question du
désarmement, il n'a produit que des décla-
rations bien équivoques, bien ménagées.
Pourtant, dans l'ensemble, le discours mar-
que manifestement un esprit de paix, un
désir d'entente,, de collaboration cordiale
ou compréhensive avec tous les peuples,- y
compris l'Allemagne, un effort pour ajus-
ter notre politique avec la volonté de paix
qui commence, malgré tout, à prévaloir dans
le monde.
' Au milieu de. ce développement, un effet
He surprise, un petit coup de théâtre, unani-
mement applaudi' : les préliminaires de
paix avec la Turquie, votés par l'Assem-
blée d'Angora.
Quant à la seconde partie : politique in-
térieure, voici, ie résumé, un peu grossier
â je m'en excuse â de ce curieux travail.
M. Briand s'est efforcé de persuader à la
Chambre qu'elle n'était pas aussi réaction-
naire qu'elle se l'imagine elle-même. Ou,
plus exactement, il s'est efforcé de couper
⢠en deux les Aragoins et d'absorber, dans une
majorité dite républicaine, leurs éléments
les moins compromis. On arriverait ainsi à
une .majorité de concentration n'excluant
à gauche que les socialistes, et à' droite que
les adversaires déclarés du régime et ceux de
leurs voisins qui se montrent par trop sensi-
bles à l'appel de la réaction. Au bloc des·
gauches de M. Painlevé, M. Briand op-
pose ainsi' sa'; vieille fédération des gauches.
Car la politique, elle-aussi, est soumise à
la loi du Retour Eternel.
, En ce qui nous concerne, la précaution de
M. Briand est, je puis l'en assurer,· bien su-
perflue. Et ce n'est'pas à moi, mais bien aux
intéressés qu'il appartient de dire si un ca-
binet dit républicain pourra longtemps: s'ac-
commoder du double parrainage de M. Her-
riot et de M. Arago... Au reste, la Chambre
a déjà répondu. A peine le discours de
M. Briand achevé, on proclamait le résultat
du scrutin pour le remplacement de notre
cher Groussier à 1? vice-présidence. Et, par
283 voix Contre 144, M. Puech, candidat du
Bloc national, battait M. Renard, candidat,
des gauches...
Léon BLUM.
LA SÉANCE
â Qu'est-ce que le gouvernement a fait ¿1
l'égard de Guillaume XI 7... Il faut se l'aire
livrer les 1.500 coupables, dont la liste a
été dressée par les Alliés... « Pendre le kai-
ser et faire payer l'Allemagne », a été le thè-
me des élections générales... 11 n'est pas trop
tard pour pendre i le kaiser et il est grand
.temps" de faire payer l'Allemagne...
Qui parlait ainsi ? C'était M. J.-L. Bon-
net. Il essuyait les planches à la séance
d'hier. On l'entendait .fort mal, d'autant
qu'on l'écoutait à peine, toujours plus que
ne le méritaient les sottises qu'il débitait.
¡Qu'il aille à Amerongen !
âAprès un discours inutile et triste d'un
certain M. Gay, M. Briand monta -à la
tribune. 11 était 16 heures. 11 annonça
qu'il répondrait à toutes les observations
et critiques qui avaient été présentées au
gouvernement. 11 y tâcha en effet. Aussi
pon discours dura-t-il trois heures.
Un discours tissez bien composé, assez
clair ; prononcé avec toutes les apparen-
ces de la simplicité et, semblait-il, avec le
souci de ne pas'viser à l'éloquence, à la
grandiloquence ; la conclusion fut d'un ton
extrêmement modeste.
1 La Chambre écouta fort longtemps, par-
faitement silencieuse, mais parfaitement
attentive. Par la suite, on, applaudit ä
gauche et au centre et un peu au centre
droit. Il se produisit quelques mouvements
êe séance. Ils furent de peu d'importance.
η moment, M. Mandel en fit les frais,
far iM. Briand tint sa promesse de la
veille. M. Tardieu , qui décidément s'enca-
naille s'était juché en haut du centre.
' aux côtés de' son altesse palefrenière, mon-
seigneur le prince Joachim Murât, lequel
bouillait'et exprimait sans doute le tu-
multe de ses pensées sur les petits papiers
qu'il passait au fort en thème de l'ex-
ministère Clemenceau'; pour les lui faire
corriger. « Je demande, la parole »,- s'é-
cria M. Tardieu,'" "à la grande joie du
prince', -comme Briand allait terminer. La
Chambre préféra ajourner à mardi après-
midi la suite du débat. Le matin du même
mardi, elle commencera la discussion de
projets de loi.
« Programme de paix » -
⢠Et maintenant il nous "reste, non pas à
résumer le discours de ¿Vf! Briand, mais
à épingler, ;à. titre 1 d'information, certai-
nes des idées qu'il a émises sur les plus
importantes des. questions qu'ila traitées.
Après avoir, et'assez crûment, dit que
pour pouvoir aller avec autorité à -Was-
hington, il avait .besoin d'une majorité
nombreuse, d'une confiance nette et non
pas « en grisaille »; le président du Conseil
entra dans la discussion de sa politique
extérieure.
â Le programme du gouvernement, dit-il,
est un programme de paix. Une politique de
paix esi celle qui entretient un état d'esprit,
une atmosphère permettant d'éviter que tour-
nent mar très, .vite des événements qui, cer-
tes, peuvent menacer la paix, mais aussi
peuvent ne pas forcément conduire à la
guerre!
Quand on tourne autour d'un baril de pou-
dre avec une cigarette à la main, il y a ris-
que d'explosion. Il se trouve encore beau-
coup de barils de poudre en Europe. Evitons
d'y faire tomber des étincelles. Il faut donc
être prudent, en restant l'erme. Il faut évi-
ter de se montrer impulsif.
Toutes les difficultés d'application du
Traité de Paix proviennent des difficultés
d'accord entre Ifs Alliés. M. Briand se
flatte d'avoir maintenu cet accord sans
abandonner les points de vue de la Fran-
ce. Notamment quand fut mobilisée la
classe 19. M. Briand se donne le mérite
d'avoir contribué, ainsi au renversement
du ministère Simons, en Allemagne, et à
l'avènement du ministère Wirth.
Les bellicistes pussent voulu que la
France poursuivit alors, la politique des
opérations militaires. Et ici M. Briand
s'en prenant à M. Daudet, montre que
l'isolement dank lequel s'était trouvée la
France jadis, l'àvait menée à Waterloo et
à Sedan. Le gouvernement s'est gardé de
retomber dans un pareil péril. La France
est restée, -en accord avec ses alliés.· La
classe 19 a été démobilisée une fois atteint
le but- qu'on S'était fixé.
Devant l'Allemagne
⢠A M. Barrés .qui avait ressassé que l'Al-
lemagne n'était pas désarmée, M. Briand
opposa ces chiffres impressionnants :
â Au 10 septembre avaient éié détruits, en
â Allemagne : 32.800 canons, 11.000 minenwer-
fers, 84.000 mitrailleuses, 4.250.000 armes .por-
tatives, 35 millions d'obus chargés, 2 mil-
lions d'obus non chargés, 55.000 voitures,
11.000 cuisines roulantes.
(Voir la suite en deuxième page)
CONSEIL! DES MINISTRES
Le conseil des ministres s'est réuni hier
matin à l'Elysée; le président .diu conseil a fait
connaître à ses collègues les conditions dans
lesquelles ont été notifiées ù, l'Allemagne et
à la Pologne, les résolutions de la Conféren-
ce des.Ambassadeurs au sujet du partage de
la Haute-Silésie.
Puis, le ministre des finances a exposó la
situation dès travaux de la commission des
finalices -de la Chambre- et les moyens pro-
pres ¡1 résoudre les difficultés que rencontre
l'établissement- de l'équilibre budgétaire.
Tant mieux, s'il a trouvé "les moyens de ré-
soudre le problème ! ~i ,
Vite à l'oeuvre, alors I
En ce qu,i concerne les -réductions qu'il
est encore possible d'envisager, une -confé-
rence. a eu lieu hier soir entre le ministre
des finances et certains de ses collègues.
PARTI SOCIALISTE (S- F. I. O.)
Fédération de la Seine
31e Congrès Fédéral
- SESSI O N)J
La deuxième session du 31' Congrès fédé-
ral s'ouvrira demain dimanche. à 8 heu·
res 30, -précises, à la Bellevilloise, salle
Jean-Jaurès, 23, rue Boyer.
ORDRE ÇU JOUR :
1. Rapports-de la Commission des réso-
lutions ;
2. Election des déléguée de la Fédération
au-Congrès national.
Secrétaire fédéral : Léon OSMIN.
·â â â â . T.
Situation incertaine
en Allemagne
Antagonisme .entre îes Socialdémocrates
et les Populistes
La situation en Allemagne reste incer-
taine. Quoiqu'on ait annoncé que le Reichs-
tag se-réunirait dès que la décision au
sujet de la. Haute-Silésie aurait été pu-
bliée, les derniers télégrammes disent que
le Parlement ne siégera probablement pas
avant dimanche ou 1 nidi.- C'est symptoma-
tique.pour le chaos politique qui règne à
Berlin. Les divisions profondes qui ré-
gnent, d'une part au sein des partis bòrni
geois, et, d'autre part, entre les socialdé-
mocrates siaj ori taires, qui- veulent main-
tenir le cabinet Wirth, et les populistes
qiui veulent sa chute, constituent la raison
de cet ajournement de la convocation du
Reichstag, .. v . j _
So.us la direction des cléricaux bavarois,
dont le député alsacien Oberkirch a cru d'ë-
voir dire tant de bien, il y a quelques
jours, à la Chambre française, la campa-
gne contre Wirth, dans le parti du centre,
a repris.
L'organe du président du Conseil prus-
sien, M. Stegerwald, Der Deutsche, annon-
ce comme certaine la nomination du chef
des populistes, M. Stresemann, au poste
de ministre des affaires étrangères, dont
le titulaire actuel, le docteur Rosen,'se-
rait envoyé comme ambassadeur à Was-
hington.
Au sein du parti socialdémocrate ma-
joritaire, le courant contre une collabo-
ration avec ' ¡es populistes devient tou-
jours plus fort.
« Si les démocrates et les centristes sont
devenus si réactionnaires qu'il leca· faut
le départ de M. Wirth, eh bien ! alors, les
socialdémocrates n'ont qu'à quitter la coa-
lition et le gouvernement et à entrer dans
l'opposition », écrit Ernst Heilmann, qui
a toujours défendu avec ardeur la parti-
cipation des majoritaires au gouverne-
ment, dans la Sozialistische Korrespon-
denz.
J'ai eu l'occasion de causer, .au télé-
phone, avec un de- nos amis indépendante
à Berlin : la .publication du texte intégral
de la note concernant le partage.de la Hau-
te-Silésie a, parait-il, renforcé les ennemis
de Wirth au sein des partis démocrate et
du centre.
Cependant, les éléments de .gauche n'ont
pas encore perdu tout espoir de pouvoir
le maintenir, malgré tout, au pouvoir.
L'organe central des majoritaires, le Vor-
waerts, tout,.en déclarant que la décision'
concernant la Haute-Silésie était contraire
au traité de paix, insiste cependant sur.les
grands dangers qu'impliquerait actuelle-
ment une crise ministérielle pour l'Alle-
magne.
La situation dépend en grande partie
des démocrates qui sont profondément di-
visés et dont les chefs ho savent sans
doute eux-mêmes quelle sera finalement ¡
leur attitude. â ,S. G. . ...
REUNION DU CABINET ALLEMAND
Berlin'21 octobre. â Le cabinet d'Empire
s est renili ce matin pour entendre le pre-
mler rapport de .M. Rosen. .ministre des
Affaires étrangères, au sujet de la note sul-
la Haute-Silésie.
Ce que disent le « Vorwaerts »
et la « Freiheit » 1
Berlin 21 octobre. â Le Vorwaerts déclare
que la décision rendue est Contraire au traité
et ne peut être imposée que par la force.
« Tout le. monde estime que de dernier ef-
fort doit être tenté pour la faire modifier
bien, que les chances. de- succès soient bien
faibles et, en tout cas, dit 1 o Vorwaerts. le
seul cabinet qui puisse tenter la chose-est le
cabinet Wirth. Tout autre eû heurterait à une
méfiance certaine. »:
Ca Freiheit met en garde contre une infor-
mation nationaliste qui-dit que-le partagé dfe
la Haute-Silésie est contraire au traité. Elle
préconise une entente économique avec la
Pologne. · '. . ...
A la Chambre prussienne
Berlin 21 octobre. â A la Chambre prus-
sienne, le président du Conseil donne lec-
ture, à l'ouverture de la séance, d'une décla-
ration du gouvernement prussien au sujet
de, la Haute-Silésie.
Après avoir protesté contre ce «t nouvel
acte de violence », il proclame que la. faculté
de paiement de l'Allemagne se trouve, sui-
vant la propre déclaration de M. Lloyd Geor-
ge, extrêmement affaiblie.
ENTRE ARMATEURS
ET INSCRITS MARITIMES
-Marseille, 21 octobre., â Les incidents flu
Thibet et du Lotus ne sont pas encore ¡réglés.
L'entente n'a pu se faire entre le syndical
des inscrits et les armateurs et les deux pa-
quebots restent à quai. â (Havas)
La grève de l'Aube continue
La grève continue dans le calme. Une en-
trevue a eu lieu hier entre les patrons d'Àr-
cis et la délégation ouvrière accompagnée
de Caïti, représentant de la Fédération du
Textile. .
Aux Assises de la Seine
LE CRIME DU GÉNÉRAL BOYER
L'assassin des lieutenants Herdain et Milan fait le débat
s'abritant derrière son grand cordon de la Légion d'honneur
Le débat institué hier devant les assises
de la Seine, à la requête de Mme Herduin,
poursuivant. le journal a Pressera, eu
toute· l'ampleur qui convenait.
Pourquoi faut-il que nous ayions eu à
regretter l'absence de ceux dont la pré-
sence aurait été des plus utile à la barre :
les responsables de l'assassinat des lieu-
tenants Herduin et Milan.
I.e général Boyer, qui vient d'être mis à
la retraite, a écrit au président de la Cour
que, grand-officier de la Légion d'hon-
neur; il était de ce fait dispensé de venir
devant la justice, c'est elle qui doit venir
à lui. W
Le général Boyer a menti
C'est d'autant plus regrettable qu'un in-,
cident s'est produit, fort grave, pour l'an-
cien chef du corps d'armée de Bourges.
C'est lui qui," par la, bouche de son gen-
dre, aVait écrit dans La Presse :.« Ce n'est
fias moi qui ai décidé de l'exécution dedeux lieutenants, mais mon chef, le gé-
néral Lebrun ; ie n'ai fait qu'obéir ».
En, produisant cette affirmation, le gé-
néral Boyer a commis un mensonge et
une lâcheté.
A l'audience, un officier est venu, le
capitaine Lux. Attaché d'état-major, il eut
à faire exécuter les ordres concernant
l'exécution dés deux officiers.
â Qui a donné ces ordres, lui demande-
t-on ?
Capitaine- Lux. â Les ordres ont été don-
nés au colonel Bernard par le général Boyer.
M" Berthon. â N'y a-t-il pas eu d'autres
intervantions, une du général Lebrun, une
dû-généralissime ,Nivelle ?
Capitaine Lux; â.l'ai eu connaissanceâ tïu
ministère de la guerre des -rapports concer-
nant la double exécution de Fleury. Mais je
ne sais si je puis en parler ici ; ne suis-je
pas lié par le secret professionnel ? Je suis
à la disposition de M. le président·.
M. Drioux se garde bien de donner un
avie. Leí désir no lui manquait pas de de-
mander au témoin de se taire. Il n'a pas
osé : « Vous seul êtes juge », dit-il à l'of-
ficier.
Nivelle découvert : ; il
Et, au milieu du silence impression-
nant de la grande salle, le capitaine Lux
'déclare :
â Il îj a un rapport du général Boyer or·
â donnai# l'exécution ; un rapport du général
Boyer ordonnant l'exécution ,· un rapport du
général Lebrun désavouant le général Boyer
<Î. un rapport du généralissime approuvant
le général Boyer.
C'est en vain que la défense insista près
du procureur général pour qu'il obtienne
du ministère de la guerre communication
de la copie de ces rapports.
Mais qu'importe. A*ix yeux de tous, le
général Boyer est désormais jugé. Il ne
pourra pas indéfiniment s'abriter derrière
son cordon rouge, rouge du sang des mar-
tyrs qu'il a sacrifiés dans le bois de Fleury.
Pas d'abandon de poste
Que-dire du reste de l'audience ?
. Des officiers sont venus qui- ont réhabi-
lité la mémoire des deux victimes.
Comme elle fut émouvante la déposition
du capitaine Delarouelle. Commandant les
débris du 347e régiment d'infanterie, c'est
lui qtii dut accomplir, le 10 juin 1916. la
douloureuse mission d'annoncer à Her-
duin et Milan : .« J'ai un ordre vous con-
cernent : celui de vous fusiller séance .te-
nante.».:.
Herduin protesta :
« Pas' comme cela tont de même. Pas
avant que je me sois défendu. Je vais écri-
re au général. Vous ne me refuserez pas
de faire, porter la lettre. »
. Non seulement le capitaine Delarouelle
fit tenir au général le mot de Herduin. lui-
même écrivit " pour demander' uni"'sursis
eri'-fa'vèUr dee « condamnés ».
Sa nòte revint avec, écrits en travers,
de la main du général Boyer. ces, quatre
mots : « Pas d'observation. .Exécution im-
médiate.. »
Le crime fut consommé. Et, avant de
mourir, Herduin exhorta les hommes qui
allaient le fusiller. Les paroles prononcées
alors par la victime prêtant à confusion
et. ayant été interprétées par ceux qui ont
intérêt à cela comme un aveu de culpabi-
lité, le capitaine Delarouelle précise :
-- C'est moi qui ai demandé ù Herduin de
parler aux- soldats qu'on· allait relancer dans
la fournaise. Il faut donner· à ses paroles le
sens du plus haut patriotisme et non pas
celui de l'aveu d'une faute..
Lé commandant Bienfait, toujours en
activité,· est venu crier l'innocence de
Herduin et Milan, et il dit :
â Cette, affaire je l'ai entendu apprécier de
deux façons différentes selon que ceux qui
parlaient avaient fait, la guerre dans les
tranchées ou dans lès ip. >C. de l'arrière. Il
n'y a . pas eu de la part dies deux officiers
abandon de poste. Un véritable crime a été
commis. ....
Quel poids ont ces paroles dans la bou-
che de ce ¿chef, officier* de la Légion d'hon-
neur et titulaire de je ne sais combien de"
citations..
Toutes les autres dépositions sont ..dans
le même esprit. Que ce s#t celle de l'abbé
Heintz, aumônier, du. commandant Bom-
pard, du lieutenant de Saint-Romain, de
l'adjudant Cousin, aveugle de guerre, des
soldats Gautheron, Philippe, Henry, dû
Dr Menu, toutes proclament la mons-
trueuse erreur du Bois de Fleury.
M. Jean Kolb, en écrivant dans la Presse '
que les lieutenants Herduin et Milan;
avaient abandonné leur poste, a donc
selon les expressions sévères de M. l'avo-
cat-général Regnault, commis une grave
imprudence.
Aux questiona qui lui étaient posées, Iè
jury a répondu affirmativement, accor-
dant les circonstances atténuantes 'au gé-
rant seul: Celui-ci a été condamné à 16
francs d'amende. M. Kolb à 100 francs et
tous les deux solidairement à 5.000 francs
de dommages-intérêts.
En refusant les circonstances,atténuan-
tes au journaliste qui a soutenu la thèse
de la culpabilité des lieutenants Herduin
et Milan, ce sont les assassins de la Seine a frappés. â R.-G. REAU.
JOLIS PROCÉDÉS
'Entre un compte rendu 'de la Chambre
et une interview du juré Hervé, qui portent
chacun la signature de leur auteur, ¿'Huma-
nité a inséré hier un fâcheux anonymat
sous le titre « M. Escoffier au service de
la police. »
Ze courageux auteur de cette petite i tija*
mie, sur un ton qtti rappelle à s'y mépren*
dre celui de M. Mandel lui-même, y pro-.
clame..: « En toute bonne foi (!), sans ag-
graver cette pitoyable affaire par d'inutiles
polémiques (!!), il nous apparaît que,
M. Mandel a connu le rapport- (11 !) Escof-
fier par une indiscrétion policière. »
Ainsi, la note d'Escoffier, se félicitant d»
l'acquittement des communistes, devient, n*
rapport adressé à la police qui poursuivait
ces communistes! Les bons policiers ne dot'
vent pas recevoir beaucoup de rapports ré*
di gis. sur,- ce- ton-là i. , . · -, :
Demain, un député communiste distrali
laissera traîner sur une table de la Chambre,
ou oubliera dans un taxi une note relatant
dans .quelles conditions il fut. expulsé de
Russie, et, après Îavoir vu accusé d'être
un agent de Pilsudski par des gens à qui
les accusations infamantes rte coûtent, guère, '
nous aurions le droit de proclamer qu'il est
β au service de la police » françaisÌ, si son,
« rapport » arrivait aux mains de M. Man-
deli Alors que celui-ci se serait peut-être
avisé de le lui chiper, l'ayant à portée de sa,
main!
Quels jolis procédés de â â 'discussion! Si'
c'est cela la bonne foi, on se demande ce que
peut bien être la mauvaise. Et, lorsque le
gaillard qui a pondu ce morceau de littéra-
ture fielleuse voudra vraiment polémiquert
dans' quoi, tremper a-t-il sa -plumé'/
SIXTE QUENIN,
UN ECLAIRCISSEMENT
Nous, avons reçu la lettre suivante I
Ce vendredi* 21 octobre 1921.. ^
Mort cher Blum,
Je crois nécessaire de dissiper une équivo-
que que. mes explications à la Chambre ont
pu 'laisser subsister. â ' â â '.' >
Par scrupule de franchise et pour ne taire
'aucun détail, j'ai parlé de « rencontres .en-
tre M. Mandel et moi dans un maison amie
On a pu comprendre que ces rencontres
étaient recentes et remontaient à l'époque où
ma note aurait été rédigée. â ,.
Les 'mensonges hypocrites de. .Mandel
étaient de nature à accréditer celte confu-
sion'. 1 â â ' ' ! 1 ·' â ·
Or, ces rencontres ne se placent nullement
â¢au moment du procès du « complot s ÖU de«'
perquisitions.,. -,' ·, ". Î .- >
Elles sont beaucoup plus anciennes.
Elles sont antérieures à mon élection.
Elles sont même antérieures au ministèri
Clemenceau, pendant la durée duquel je - ne
me suis pas rencontré une seule fois 'avec
Maride!.-â â - -
Elles remontent ;Y l'époque où, chassé â de
Douai par l'invasion, je devint comme avo-
cat le collaborateur de M' de Monzie, c'est-à.
dire, en "octobre- 1915 ; et c'est au cours d»
1916, dans le cabinet de celui-ci, que i'ai vir
Mandel. . : ·'·
Depuis, je n'ai jamais eu avec ce dernier,
aucun- rapport d'aucune sorte.
Après ces explications précises,, que nul
ne peut contester, je pense qu'aucun malen·
tendu ne saurait subsister.
Bien cordialement à-toi. , -
Léon ESCOFFIER..
SAMEDI-22 OCTOBRE 1921.
2cy Cencimes
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PAWS(SeineelSeine-et-Oise).. 12 50 ïifr. ICfr.
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Seul le Socialisme fera de chaque nation, enfin réconciliée
avec elle-même, une parcelle d'humanité. â JEAN JAURÈS.
Les interpellations à la Chambre
LE DISCOURS DE M. BRI AND
Le débat continuera mardi
Au point de vue théâtre, succès très net.
L'homme en pleine possession de ses
moyens, simple, habile, puissant, parvenant
jusqu'à l'émotion par un ton de familiarité,
de gravité humaine.
â Au point de vue politique, jugement
beaucoup plus partagé.
Le discours se scinde en deux parties,
politique extérieure, politique intérieure. La
première est, somme toute, celle qui appelle
lès moins graves réserves. Sans doute, com-
me toujours, M. Briand a voulu se défen-
dre contre son renom, mérité ou non, de fai-
blesse conciliante et · complaisante. Comme
à; Saint-Nazaire, il a rappelé, sur le mode,
approprié, l'Allemagne privée de la plus
grande_ partie de l'arsenal silésien, . Essen
sous nos canons, les sanctions militaires
maintenues comme garantie contre la réac-
tion qui menace le cabinet Wirth... Sur la
conférence de Washington et la question du
désarmement, il n'a produit que des décla-
rations bien équivoques, bien ménagées.
Pourtant, dans l'ensemble, le discours mar-
que manifestement un esprit de paix, un
désir d'entente,, de collaboration cordiale
ou compréhensive avec tous les peuples,- y
compris l'Allemagne, un effort pour ajus-
ter notre politique avec la volonté de paix
qui commence, malgré tout, à prévaloir dans
le monde.
' Au milieu de. ce développement, un effet
He surprise, un petit coup de théâtre, unani-
mement applaudi' : les préliminaires de
paix avec la Turquie, votés par l'Assem-
blée d'Angora.
Quant à la seconde partie : politique in-
térieure, voici, ie résumé, un peu grossier
â je m'en excuse â de ce curieux travail.
M. Briand s'est efforcé de persuader à la
Chambre qu'elle n'était pas aussi réaction-
naire qu'elle se l'imagine elle-même. Ou,
plus exactement, il s'est efforcé de couper
⢠en deux les Aragoins et d'absorber, dans une
majorité dite républicaine, leurs éléments
les moins compromis. On arriverait ainsi à
une .majorité de concentration n'excluant
à gauche que les socialistes, et à' droite que
les adversaires déclarés du régime et ceux de
leurs voisins qui se montrent par trop sensi-
bles à l'appel de la réaction. Au bloc des·
gauches de M. Painlevé, M. Briand op-
pose ainsi' sa'; vieille fédération des gauches.
Car la politique, elle-aussi, est soumise à
la loi du Retour Eternel.
, En ce qui nous concerne, la précaution de
M. Briand est, je puis l'en assurer,· bien su-
perflue. Et ce n'est'pas à moi, mais bien aux
intéressés qu'il appartient de dire si un ca-
binet dit républicain pourra longtemps: s'ac-
commoder du double parrainage de M. Her-
riot et de M. Arago... Au reste, la Chambre
a déjà répondu. A peine le discours de
M. Briand achevé, on proclamait le résultat
du scrutin pour le remplacement de notre
cher Groussier à 1? vice-présidence. Et, par
283 voix Contre 144, M. Puech, candidat du
Bloc national, battait M. Renard, candidat,
des gauches...
Léon BLUM.
LA SÉANCE
â Qu'est-ce que le gouvernement a fait ¿1
l'égard de Guillaume XI 7... Il faut se l'aire
livrer les 1.500 coupables, dont la liste a
été dressée par les Alliés... « Pendre le kai-
ser et faire payer l'Allemagne », a été le thè-
me des élections générales... 11 n'est pas trop
tard pour pendre i le kaiser et il est grand
.temps" de faire payer l'Allemagne...
Qui parlait ainsi ? C'était M. J.-L. Bon-
net. Il essuyait les planches à la séance
d'hier. On l'entendait .fort mal, d'autant
qu'on l'écoutait à peine, toujours plus que
ne le méritaient les sottises qu'il débitait.
¡Qu'il aille à Amerongen !
âAprès un discours inutile et triste d'un
certain M. Gay, M. Briand monta -à la
tribune. 11 était 16 heures. 11 annonça
qu'il répondrait à toutes les observations
et critiques qui avaient été présentées au
gouvernement. 11 y tâcha en effet. Aussi
pon discours dura-t-il trois heures.
Un discours tissez bien composé, assez
clair ; prononcé avec toutes les apparen-
ces de la simplicité et, semblait-il, avec le
souci de ne pas'viser à l'éloquence, à la
grandiloquence ; la conclusion fut d'un ton
extrêmement modeste.
1 La Chambre écouta fort longtemps, par-
faitement silencieuse, mais parfaitement
attentive. Par la suite, on, applaudit ä
gauche et au centre et un peu au centre
droit. Il se produisit quelques mouvements
êe séance. Ils furent de peu d'importance.
η moment, M. Mandel en fit les frais,
far iM. Briand tint sa promesse de la
veille. M. Tardieu , qui décidément s'enca-
naille s'était juché en haut du centre.
' aux côtés de' son altesse palefrenière, mon-
seigneur le prince Joachim Murât, lequel
bouillait'et exprimait sans doute le tu-
multe de ses pensées sur les petits papiers
qu'il passait au fort en thème de l'ex-
ministère Clemenceau'; pour les lui faire
corriger. « Je demande, la parole »,- s'é-
cria M. Tardieu,'" "à la grande joie du
prince', -comme Briand allait terminer. La
Chambre préféra ajourner à mardi après-
midi la suite du débat. Le matin du même
mardi, elle commencera la discussion de
projets de loi.
« Programme de paix » -
⢠Et maintenant il nous "reste, non pas à
résumer le discours de ¿Vf! Briand, mais
à épingler, ;à. titre 1 d'information, certai-
nes des idées qu'il a émises sur les plus
importantes des. questions qu'ila traitées.
Après avoir, et'assez crûment, dit que
pour pouvoir aller avec autorité à -Was-
hington, il avait .besoin d'une majorité
nombreuse, d'une confiance nette et non
pas « en grisaille »; le président du Conseil
entra dans la discussion de sa politique
extérieure.
â Le programme du gouvernement, dit-il,
est un programme de paix. Une politique de
paix esi celle qui entretient un état d'esprit,
une atmosphère permettant d'éviter que tour-
nent mar très, .vite des événements qui, cer-
tes, peuvent menacer la paix, mais aussi
peuvent ne pas forcément conduire à la
guerre!
Quand on tourne autour d'un baril de pou-
dre avec une cigarette à la main, il y a ris-
que d'explosion. Il se trouve encore beau-
coup de barils de poudre en Europe. Evitons
d'y faire tomber des étincelles. Il faut donc
être prudent, en restant l'erme. Il faut évi-
ter de se montrer impulsif.
Toutes les difficultés d'application du
Traité de Paix proviennent des difficultés
d'accord entre Ifs Alliés. M. Briand se
flatte d'avoir maintenu cet accord sans
abandonner les points de vue de la Fran-
ce. Notamment quand fut mobilisée la
classe 19. M. Briand se donne le mérite
d'avoir contribué, ainsi au renversement
du ministère Simons, en Allemagne, et à
l'avènement du ministère Wirth.
Les bellicistes pussent voulu que la
France poursuivit alors, la politique des
opérations militaires. Et ici M. Briand
s'en prenant à M. Daudet, montre que
l'isolement dank lequel s'était trouvée la
France jadis, l'àvait menée à Waterloo et
à Sedan. Le gouvernement s'est gardé de
retomber dans un pareil péril. La France
est restée, -en accord avec ses alliés.· La
classe 19 a été démobilisée une fois atteint
le but- qu'on S'était fixé.
Devant l'Allemagne
⢠A M. Barrés .qui avait ressassé que l'Al-
lemagne n'était pas désarmée, M. Briand
opposa ces chiffres impressionnants :
â Au 10 septembre avaient éié détruits, en
â Allemagne : 32.800 canons, 11.000 minenwer-
fers, 84.000 mitrailleuses, 4.250.000 armes .por-
tatives, 35 millions d'obus chargés, 2 mil-
lions d'obus non chargés, 55.000 voitures,
11.000 cuisines roulantes.
(Voir la suite en deuxième page)
CONSEIL! DES MINISTRES
Le conseil des ministres s'est réuni hier
matin à l'Elysée; le président .diu conseil a fait
connaître à ses collègues les conditions dans
lesquelles ont été notifiées ù, l'Allemagne et
à la Pologne, les résolutions de la Conféren-
ce des.Ambassadeurs au sujet du partage de
la Haute-Silésie.
Puis, le ministre des finances a exposó la
situation dès travaux de la commission des
finalices -de la Chambre- et les moyens pro-
pres ¡1 résoudre les difficultés que rencontre
l'établissement- de l'équilibre budgétaire.
Tant mieux, s'il a trouvé "les moyens de ré-
soudre le problème ! ~i ,
Vite à l'oeuvre, alors I
En ce qu,i concerne les -réductions qu'il
est encore possible d'envisager, une -confé-
rence. a eu lieu hier soir entre le ministre
des finances et certains de ses collègues.
PARTI SOCIALISTE (S- F. I. O.)
Fédération de la Seine
31e Congrès Fédéral
- SESSI O N)J
La deuxième session du 31' Congrès fédé-
ral s'ouvrira demain dimanche. à 8 heu·
res 30, -précises, à la Bellevilloise, salle
Jean-Jaurès, 23, rue Boyer.
ORDRE ÇU JOUR :
1. Rapports-de la Commission des réso-
lutions ;
2. Election des déléguée de la Fédération
au-Congrès national.
Secrétaire fédéral : Léon OSMIN.
·â â â â . T.
Situation incertaine
en Allemagne
Antagonisme .entre îes Socialdémocrates
et les Populistes
La situation en Allemagne reste incer-
taine. Quoiqu'on ait annoncé que le Reichs-
tag se-réunirait dès que la décision au
sujet de la. Haute-Silésie aurait été pu-
bliée, les derniers télégrammes disent que
le Parlement ne siégera probablement pas
avant dimanche ou 1 nidi.- C'est symptoma-
tique.pour le chaos politique qui règne à
Berlin. Les divisions profondes qui ré-
gnent, d'une part au sein des partis bòrni
geois, et, d'autre part, entre les socialdé-
mocrates siaj ori taires, qui- veulent main-
tenir le cabinet Wirth, et les populistes
qiui veulent sa chute, constituent la raison
de cet ajournement de la convocation du
Reichstag, .. v . j _
So.us la direction des cléricaux bavarois,
dont le député alsacien Oberkirch a cru d'ë-
voir dire tant de bien, il y a quelques
jours, à la Chambre française, la campa-
gne contre Wirth, dans le parti du centre,
a repris.
L'organe du président du Conseil prus-
sien, M. Stegerwald, Der Deutsche, annon-
ce comme certaine la nomination du chef
des populistes, M. Stresemann, au poste
de ministre des affaires étrangères, dont
le titulaire actuel, le docteur Rosen,'se-
rait envoyé comme ambassadeur à Was-
hington.
Au sein du parti socialdémocrate ma-
joritaire, le courant contre une collabo-
ration avec ' ¡es populistes devient tou-
jours plus fort.
« Si les démocrates et les centristes sont
devenus si réactionnaires qu'il leca· faut
le départ de M. Wirth, eh bien ! alors, les
socialdémocrates n'ont qu'à quitter la coa-
lition et le gouvernement et à entrer dans
l'opposition », écrit Ernst Heilmann, qui
a toujours défendu avec ardeur la parti-
cipation des majoritaires au gouverne-
ment, dans la Sozialistische Korrespon-
denz.
J'ai eu l'occasion de causer, .au télé-
phone, avec un de- nos amis indépendante
à Berlin : la .publication du texte intégral
de la note concernant le partage.de la Hau-
te-Silésie a, parait-il, renforcé les ennemis
de Wirth au sein des partis démocrate et
du centre.
Cependant, les éléments de .gauche n'ont
pas encore perdu tout espoir de pouvoir
le maintenir, malgré tout, au pouvoir.
L'organe central des majoritaires, le Vor-
waerts, tout,.en déclarant que la décision'
concernant la Haute-Silésie était contraire
au traité de paix, insiste cependant sur.les
grands dangers qu'impliquerait actuelle-
ment une crise ministérielle pour l'Alle-
magne.
La situation dépend en grande partie
des démocrates qui sont profondément di-
visés et dont les chefs ho savent sans
doute eux-mêmes quelle sera finalement ¡
leur attitude. â ,S. G. . ...
REUNION DU CABINET ALLEMAND
Berlin'21 octobre. â Le cabinet d'Empire
s est renili ce matin pour entendre le pre-
mler rapport de .M. Rosen. .ministre des
Affaires étrangères, au sujet de la note sul-
la Haute-Silésie.
Ce que disent le « Vorwaerts »
et la « Freiheit » 1
Berlin 21 octobre. â Le Vorwaerts déclare
que la décision rendue est Contraire au traité
et ne peut être imposée que par la force.
« Tout le. monde estime que de dernier ef-
fort doit être tenté pour la faire modifier
bien, que les chances. de- succès soient bien
faibles et, en tout cas, dit 1 o Vorwaerts. le
seul cabinet qui puisse tenter la chose-est le
cabinet Wirth. Tout autre eû heurterait à une
méfiance certaine. »:
Ca Freiheit met en garde contre une infor-
mation nationaliste qui-dit que-le partagé dfe
la Haute-Silésie est contraire au traité. Elle
préconise une entente économique avec la
Pologne. · '. . ...
A la Chambre prussienne
Berlin 21 octobre. â A la Chambre prus-
sienne, le président du Conseil donne lec-
ture, à l'ouverture de la séance, d'une décla-
ration du gouvernement prussien au sujet
de, la Haute-Silésie.
Après avoir protesté contre ce «t nouvel
acte de violence », il proclame que la. faculté
de paiement de l'Allemagne se trouve, sui-
vant la propre déclaration de M. Lloyd Geor-
ge, extrêmement affaiblie.
ENTRE ARMATEURS
ET INSCRITS MARITIMES
-Marseille, 21 octobre., â Les incidents flu
Thibet et du Lotus ne sont pas encore ¡réglés.
L'entente n'a pu se faire entre le syndical
des inscrits et les armateurs et les deux pa-
quebots restent à quai. â (Havas)
La grève de l'Aube continue
La grève continue dans le calme. Une en-
trevue a eu lieu hier entre les patrons d'Àr-
cis et la délégation ouvrière accompagnée
de Caïti, représentant de la Fédération du
Textile. .
Aux Assises de la Seine
LE CRIME DU GÉNÉRAL BOYER
L'assassin des lieutenants Herdain et Milan fait le débat
s'abritant derrière son grand cordon de la Légion d'honneur
Le débat institué hier devant les assises
de la Seine, à la requête de Mme Herduin,
poursuivant. le journal a Pressera, eu
toute· l'ampleur qui convenait.
Pourquoi faut-il que nous ayions eu à
regretter l'absence de ceux dont la pré-
sence aurait été des plus utile à la barre :
les responsables de l'assassinat des lieu-
tenants Herduin et Milan.
I.e général Boyer, qui vient d'être mis à
la retraite, a écrit au président de la Cour
que, grand-officier de la Légion d'hon-
neur; il était de ce fait dispensé de venir
devant la justice, c'est elle qui doit venir
à lui. W
Le général Boyer a menti
C'est d'autant plus regrettable qu'un in-,
cident s'est produit, fort grave, pour l'an-
cien chef du corps d'armée de Bourges.
C'est lui qui," par la, bouche de son gen-
dre, aVait écrit dans La Presse :.« Ce n'est
fias moi qui ai décidé de l'exécution de
néral Lebrun ; ie n'ai fait qu'obéir ».
En, produisant cette affirmation, le gé-
néral Boyer a commis un mensonge et
une lâcheté.
A l'audience, un officier est venu, le
capitaine Lux. Attaché d'état-major, il eut
à faire exécuter les ordres concernant
l'exécution dés deux officiers.
â Qui a donné ces ordres, lui demande-
t-on ?
Capitaine- Lux. â Les ordres ont été don-
nés au colonel Bernard par le général Boyer.
M" Berthon. â N'y a-t-il pas eu d'autres
intervantions, une du général Lebrun, une
dû-généralissime ,Nivelle ?
Capitaine Lux; â.l'ai eu connaissanceâ tïu
ministère de la guerre des -rapports concer-
nant la double exécution de Fleury. Mais je
ne sais si je puis en parler ici ; ne suis-je
pas lié par le secret professionnel ? Je suis
à la disposition de M. le président·.
M. Drioux se garde bien de donner un
avie. Leí désir no lui manquait pas de de-
mander au témoin de se taire. Il n'a pas
osé : « Vous seul êtes juge », dit-il à l'of-
ficier.
Nivelle découvert : ; il
Et, au milieu du silence impression-
nant de la grande salle, le capitaine Lux
'déclare :
â Il îj a un rapport du général Boyer or·
â donnai# l'exécution ; un rapport du général
Boyer ordonnant l'exécution ,· un rapport du
général Lebrun désavouant le général Boyer
<Î. un rapport du généralissime approuvant
le général Boyer.
C'est en vain que la défense insista près
du procureur général pour qu'il obtienne
du ministère de la guerre communication
de la copie de ces rapports.
Mais qu'importe. A*ix yeux de tous, le
général Boyer est désormais jugé. Il ne
pourra pas indéfiniment s'abriter derrière
son cordon rouge, rouge du sang des mar-
tyrs qu'il a sacrifiés dans le bois de Fleury.
Pas d'abandon de poste
Que-dire du reste de l'audience ?
. Des officiers sont venus qui- ont réhabi-
lité la mémoire des deux victimes.
Comme elle fut émouvante la déposition
du capitaine Delarouelle. Commandant les
débris du 347e régiment d'infanterie, c'est
lui qtii dut accomplir, le 10 juin 1916. la
douloureuse mission d'annoncer à Her-
duin et Milan : .« J'ai un ordre vous con-
cernent : celui de vous fusiller séance .te-
nante.».:.
Herduin protesta :
« Pas' comme cela tont de même. Pas
avant que je me sois défendu. Je vais écri-
re au général. Vous ne me refuserez pas
de faire, porter la lettre. »
. Non seulement le capitaine Delarouelle
fit tenir au général le mot de Herduin. lui-
même écrivit " pour demander' uni"'sursis
eri'-fa'vèUr dee « condamnés ».
Sa nòte revint avec, écrits en travers,
de la main du général Boyer. ces, quatre
mots : « Pas d'observation. .Exécution im-
médiate.. »
Le crime fut consommé. Et, avant de
mourir, Herduin exhorta les hommes qui
allaient le fusiller. Les paroles prononcées
alors par la victime prêtant à confusion
et. ayant été interprétées par ceux qui ont
intérêt à cela comme un aveu de culpabi-
lité, le capitaine Delarouelle précise :
-- C'est moi qui ai demandé ù Herduin de
parler aux- soldats qu'on· allait relancer dans
la fournaise. Il faut donner· à ses paroles le
sens du plus haut patriotisme et non pas
celui de l'aveu d'une faute..
Lé commandant Bienfait, toujours en
activité,· est venu crier l'innocence de
Herduin et Milan, et il dit :
â Cette, affaire je l'ai entendu apprécier de
deux façons différentes selon que ceux qui
parlaient avaient fait, la guerre dans les
tranchées ou dans lès ip. >C. de l'arrière. Il
n'y a . pas eu de la part dies deux officiers
abandon de poste. Un véritable crime a été
commis. ....
Quel poids ont ces paroles dans la bou-
che de ce ¿chef, officier* de la Légion d'hon-
neur et titulaire de je ne sais combien de"
citations..
Toutes les autres dépositions sont ..dans
le même esprit. Que ce s#t celle de l'abbé
Heintz, aumônier, du. commandant Bom-
pard, du lieutenant de Saint-Romain, de
l'adjudant Cousin, aveugle de guerre, des
soldats Gautheron, Philippe, Henry, dû
Dr Menu, toutes proclament la mons-
trueuse erreur du Bois de Fleury.
M. Jean Kolb, en écrivant dans la Presse '
que les lieutenants Herduin et Milan;
avaient abandonné leur poste, a donc
selon les expressions sévères de M. l'avo-
cat-général Regnault, commis une grave
imprudence.
Aux questiona qui lui étaient posées, Iè
jury a répondu affirmativement, accor-
dant les circonstances atténuantes 'au gé-
rant seul: Celui-ci a été condamné à 16
francs d'amende. M. Kolb à 100 francs et
tous les deux solidairement à 5.000 francs
de dommages-intérêts.
En refusant les circonstances,atténuan-
tes au journaliste qui a soutenu la thèse
de la culpabilité des lieutenants Herduin
et Milan, ce sont les assassins
JOLIS PROCÉDÉS
'Entre un compte rendu 'de la Chambre
et une interview du juré Hervé, qui portent
chacun la signature de leur auteur, ¿'Huma-
nité a inséré hier un fâcheux anonymat
sous le titre « M. Escoffier au service de
la police. »
Ze courageux auteur de cette petite i tija*
mie, sur un ton qtti rappelle à s'y mépren*
dre celui de M. Mandel lui-même, y pro-.
clame..: « En toute bonne foi (!), sans ag-
graver cette pitoyable affaire par d'inutiles
polémiques (!!), il nous apparaît que,
M. Mandel a connu le rapport- (11 !) Escof-
fier par une indiscrétion policière. »
Ainsi, la note d'Escoffier, se félicitant d»
l'acquittement des communistes, devient, n*
rapport adressé à la police qui poursuivait
ces communistes! Les bons policiers ne dot'
vent pas recevoir beaucoup de rapports ré*
di gis. sur,- ce- ton-là i. , . · -, :
Demain, un député communiste distrali
laissera traîner sur une table de la Chambre,
ou oubliera dans un taxi une note relatant
dans .quelles conditions il fut. expulsé de
Russie, et, après Îavoir vu accusé d'être
un agent de Pilsudski par des gens à qui
les accusations infamantes rte coûtent, guère, '
nous aurions le droit de proclamer qu'il est
β au service de la police » françaisÌ, si son,
« rapport » arrivait aux mains de M. Man-
deli Alors que celui-ci se serait peut-être
avisé de le lui chiper, l'ayant à portée de sa,
main!
Quels jolis procédés de â â 'discussion! Si'
c'est cela la bonne foi, on se demande ce que
peut bien être la mauvaise. Et, lorsque le
gaillard qui a pondu ce morceau de littéra-
ture fielleuse voudra vraiment polémiquert
dans' quoi, tremper a-t-il sa -plumé'/
SIXTE QUENIN,
UN ECLAIRCISSEMENT
Nous, avons reçu la lettre suivante I
Ce vendredi* 21 octobre 1921.. ^
Mort cher Blum,
Je crois nécessaire de dissiper une équivo-
que que. mes explications à la Chambre ont
pu 'laisser subsister. â ' â â '.' >
Par scrupule de franchise et pour ne taire
'aucun détail, j'ai parlé de « rencontres .en-
tre M. Mandel et moi dans un maison amie
On a pu comprendre que ces rencontres
étaient recentes et remontaient à l'époque où
ma note aurait été rédigée. â ,.
Les 'mensonges hypocrites de. .Mandel
étaient de nature à accréditer celte confu-
sion'. 1 â â ' ' ! 1 ·' â ·
Or, ces rencontres ne se placent nullement
â¢au moment du procès du « complot s ÖU de«'
perquisitions.,. -,' ·, ". Î .- >
Elles sont beaucoup plus anciennes.
Elles sont antérieures à mon élection.
Elles sont même antérieures au ministèri
Clemenceau, pendant la durée duquel je - ne
me suis pas rencontré une seule fois 'avec
Maride!.-â â - -
Elles remontent ;Y l'époque où, chassé â de
Douai par l'invasion, je devint comme avo-
cat le collaborateur de M' de Monzie, c'est-à.
dire, en "octobre- 1915 ; et c'est au cours d»
1916, dans le cabinet de celui-ci, que i'ai vir
Mandel. . : ·'·
Depuis, je n'ai jamais eu avec ce dernier,
aucun- rapport d'aucune sorte.
Après ces explications précises,, que nul
ne peut contester, je pense qu'aucun malen·
tendu ne saurait subsister.
Bien cordialement à-toi. , -
Léon ESCOFFIER..
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