Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-01-17
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32793876w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 janvier 1940 17 janvier 1940
Description : 1940/01/17 (Numéro 52014). 1940/01/17 (Numéro 52014).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7964506
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
ACTUALITE
H « ::
«Krtîsssatttiîtijjîrtjœiœtanajtttajttttjannijntîttjtnîîttitjîsijajîîiutn#
Parmi les histoires vraies
concernant la « récupération »,
il convient de placer au premier
rang celle des petites poubelles
de la ville de Totteriham qui
pourront, un jour, entrer dans
l’histoire de l’effort économique
accompli au cours de cette
guerre.
Mais voici les faits : Les em
ployés de la ville de Tottenham,
chargés de ramasser les ordures
ménagères, ont fabriqué, il y a
trois mois, de leur propre initia
tive, avec n’importe quoi, des
caisses, des bottes en gros car
ton, en fer-blanc, etc..., des pou
belles d’un format très réduit.
Puis ils on fait un certain effort
de propagande parmi les ména
gères de leur cité.
Us demandaient à chacune de
mettre dans la petite poubelle
tous les déchets pouvant ser
vir de nourriture aux porcs. Les
cendres, les assiettes brisées, les
boîtes dé fer-blanc êventrées et
les vieux journaux passaient
dans la grande poubelle. Les
épluchures de pommes de terre,
de pommes, les feuilles de choux
et de salades, les restes, étaient
promis à l’appétit des porqs et à
la confection des jambons.
En trois mois, les « boueux »'
de Tottenham — qui est une
ville de peu d’importance et de
80.000 habitants seulement —
ont ramassé 30 tonnes par se
maine de nourriture pour porcs.
Une liste officielle des déchets
acceptables par les groins du
Yorkshire a été remise aux mé
nagères qui évitent de mettre
dans la petite poubelle les den
rées incomestibles, telles que
épluchures d’oranges, de bana
nes, de grappe-fruit, des feuilles
de thé.
Une école de solidarité civique
Grâce aux petites poubelles,
les employés de Tottenham ont
pu nourrir, pendant Ces trois
mois, quarante porcs qui ont fait
du très bon bacon. Il a été cal
culé que si toutes les villes
d’Angleterre suivaient l’exemple
de Tottenham, on pourrait ra
masser, chaque année, un mil
lion de tonnes de bonne nourri
ture pour les porcs : de quoi en
graisser pendant cette année
plusieurs dizaines de milliers de
cochons. Puisque les éleveurs
britanniques trouvent que l’éle
vage des porcs — au prix où
sont les tourteaux — a cessé
d’être rémunérateur, il n’y a que
les petites poubelles qui peuvent
sauver cette branche si impor
tante de l’élevage britannique.
Du reste, faut-il un autre
exemple ? Depuis la guerre, les
livreurs de lait anglais ont dé
cidé de récupérer les capsules
métalliques qui ferment les bou
teilles de tait.
En trois mois, 80 millions de
capsules ont été récupérées par
eux, ce qui représente 200 ton
nes d’aluminium, de quoi faire
un bon nombre d’avions métalli
ques.
La guerre est toujours une
école, une grande école de soli
darité civique. Chacun doit y
mettre du sien. Personne ne doit
être rebuté par les besognes les
plus humbles. Sous ce rapport,
les Allemands nous donnent un
exemple qu’on a eu tort de ridi
culiser : il faut le suivre.
A. PILENKO.
Le Carnet du Combattant
X Le groupe d’Ille-et-Vilaine de
l’U.N.C., qui est l’un des plus agis
sants de France et qui a déjà pris,
depuis le début de la guerre, de
nombreuses initiatives en faveur
des combattants, vient d’avoir une
idée ingénieuse. H a fait imprimer
et placer dans toits les bureaux de
tabac du département une pancarte
dont nous respectons la disposition
typographique :
POUR NOS POILUS
DU FRONT
UNE CIGARETTE... S.VJ.
MERCI !
L’UJt.C.
Les résultats obtenus dépassent
toute espérance. Ce n'est pas une
cigarette, mais des centaines de ci
garettes et de nombreux paquets
de cigarettes qui sont déposée quo
tidiennement dans les corbeilles et
qui, quotidiennement, sien vont
grossir les colis envoyés aux sol
dats du front.
X Vendredi 19 janvier, à 20 heu
res, aura lieu, salle Pleyel, un gala
franco-britannique au profit des pu
pilles de la Fédération nationale des
plus grands Invalidés de guerre ac
tuellement aux armées.
On y verra le film franco-britan
nique Chantons quand mime !
Ce gala sera présidé par M. René
Besse, ministre des Anciens Com
battants, en présence de l’ambassa-
- »»
MililWwiWWiiw —■■■■■■
deur de Sa Majesté britannique, de
M. Queuille, ministre de l’Agricul
ture et président de l’Office natio
nal des Mutilés, de MM. les minis
tres de l’Education nationale et de
l’Air, et du général Gouraud, pré
sident d’honneur de la Fédération
nationale des plus grands invalides
de guerre..
X Voici une nouvelle liste de
journaux du front :
Le Charençon, Le Bigame, L’On
de Déchaînée, BaroUd 1939, Le
Charieur, L’Alerte, Le Hérisson,
L’Oasis, 303, Cambronne, Le Cerf-
Volant, L’Avant-Train, Alerte aux
Gaz, L’Ecusson 339, D'un Fil à VAu
tre, Du Haut de la Crête, Nuit Cal
me, Le Cirque, Le Char...rieur, La
Voix de son Maître, Le Pélican,
Par RafalesFil et Sans Fil à la
Patte, L’Ecouteur, Gnou}, Rouge-
Vert, L’Ere Sans Un. Le Premier
Avançant.
La Flamme
X La Flamme sous l’Arc de
Triomphe sera ravivée : ce soir, à
17 heures, par l'Amicale du 17* R.I.;
demain mercredi, par l’A.G.M.G. de
la Seine.
Un MARTINI...
C'est l'appétit garanti t
MOTS CROISES
t 2 3
DU 17 JANVIER
4 5 6 7 8
3
üt
HORIZONTALEMENT. — 1. Uti
lises. — 2. Importune. — 3. Aire
de vent. Chiffres romains dont on
pourrait frire cinquante-sept — 4.
C’est le sein pour le nourrisson.
On y troUve un pas encien. — 5. Le
civil y passe ses nuits. Préposition
calligraphiée. — 6. Leur sort est
devenu moins enviable. — 7. Ta
bles qui ne font pas partie du mo
bilier d’un appartement. 8. On
y trouve SIX. Transpiration abon
dante, si on la retourne.
VERTICALEMENT. — 1. Répan
drai. — 2. Sans ressources. — 3. Qui
peuvent servir à prendre. 4. Met
tout un orchestre d’accord. Af
fluent de la Seine. — 5. Décuplé,
si on le retourne. En Silésie. —
6. Ne dépasse pas Rennes. Aire de
vent. — 7. Polir. —■ 8. Punisses.
SOLUTION DU 16 JANVIER
HORIZONTALEMENT. — 1
AMANDIER. — 2. LEGERETE. —
3. ITERATIF. — 4. SIP (à l’en-
vers : pis). RE. 5. EA (Léa).
SESAR (à l’envers : rasés). — 6.
RIO. RAIE, -t- 7. ARIMAI. — 8.
SEMAINES.
VERTICALEMENT. — 1. ALI
TERAS. — 2. MET. AIRE. — 3.
AGES. OIM (à l'envers : moi). —
4. NERIS. MA. — 5. DRAPERAI.
— 6. IET (anagr. de : tie). SAIN.
- 7. ETIRAI. - 8. REFEREES,
174-40
Ecrit pour
certains pères
M'
lOI aussi j’ai perdu mon
père à l’autre guerre.
Seulement voilà : il ne
m'a jamais connu. Il avait négligé
d’épouser ma mère avant que de
partir et ma mère fut chassie par
scs parents parce qu’elle avait
déshonoré la famille.
Voilà pourquoi elle est morte
à la peine quand j’avais sept ans.
Et voilà pourquoi je suis seule
ment m pupille de l’Assistance
publique. Oh ! je ne dis pas ça
parce que j'envie les pupilles de
la Nation qui seront l’objet de
mesures spéciales de guerre. Non,
je n'ai personne, pas même une
amie, pas même une marraine.
Alors mieux vaut que ce soit moi
qui soit tué qu’un autre. Si je
vous écris, madame, c’est pour
que vous disies bien, dans vos ar
ticles, que le devoir pour ceux qui
s’en vont, "c’est d’abord de ne pets
laisser une pauvre fille dans la
peine. Paraît qu’elles ne touche
ront même pas la prime à ta nais
sance si le père s’est moqué de
ses oeuvres l Ce n'est pas bien.
J’étais petit ; mais je me rappelle
ma mère qui s’usait à des lessi
ves. Mon père était contremaître
et caporal , J’aurais pu, siil m’a
vait reconnu, être tellement moins
malheureux !
Madame, moi je ne demande
rien ; mais dites-le souvent dans
vos écrits qu’il faut protéger lés
petits que le pire a oubliés. Il en
naît beaucoup pendant la guerre.
Les femmes ont tant de cœur !
Celles qut donnent tout d’elles-
mêmes, sans calcul, sont les plus
punies.
C'est une lettre de quelque
part, au front.
BLANCHE VOGT.
Le prince courageux
L A loi, c’est la loi. Celle qui
s’oppose à ce que tout mern
bre d’une famille qui a ré
gné en France puisse servir no
tre pays, sous une forme ou sous
une autre, demeure inflexible.
La guerre elle-même, ne jus
tifie aucune exception à cette
règle républicaine.
C’est pourquoi on n’a pù ac
corder un engagement dans nos
armées ni au prince René de
Bourbon-Parme ni à son frère
Xavier,
Le prince René s’est alors en
gagé, ces jours derniers, dans
l’afmée finlandaise,
Il y arrive précédé de la ré
putation de courage qu’il avait
acquise au cours de la guerre ci
vile d’Espagne dans les rangs dé
l’armée du général Franco.
Dès le début de cette guerre,
il s’était engagé comme simple
soldat. H avait, un à un, gagné
ses galons de caporal, de sergent,
de lieutenant.
Il avait également reçu dix-
huit blessures dont'plusieurs as
sez graves.
Et cela est aussi un exemple à
donner..
Au temps où ((Casque d’Qrh
la Reine du Trottoir,
fréquentait le théâtre
Belleville...
— Ce sont les généraux qui reviennent de Finlande ...
— Et en va les « refroidir » !...
Cp »■■■■■■■» ■ » ■ ■ ■ — ■*■»«
On ne saurait être
trop prudent
L ONDRES fait savoir aujour
d’hui que, le mois dernier,
• le nombre de personnes
tuées en Angleterre par suite
d’accidents de la circulation était
de 1.155.
On,souligne ce fait que 895 de
ces accidents mortels s'étaient
produits pendant les heures d’ex
tinction des feux.
A méditer, n’est-ce pas ?
Le chapitre du patinage
V OICI que la défense passive
s’en mêle : peut-on, oui ou
non, patiner sur le lad du
bois de Boulogne, même si la
glace atteint l’épaisseur de 12 cen
timètres exigée pour prévenir
tout accident ?
Non, déclare la. défense passive,
— et cela jusqu'à la fin des hos
tilités.
On ne saurait, déclarent les
autorités qui veillent sur la sécu
rité des Parisiens, « laisser des
milliers de personnes se rassem
bler sur un point facilement repé
rable et où la chute d’une bombe
entraînerait une véritable catas
trophe ».
< De plus, l’entretien de la pati
noire temporaire du bois de Bou
logne exige des crédits spéciaux
dont les services des promenades
né disposent plus... »
Mais cette mesure est-elle défi
nitive ?
Père et fils décorés
la même semaine
C ’EST un message qui, dans
son laconisme, en dit long
Le commandant Delà
cour, domicilié «à Livry, près de
Bayeux (Calvados), et son fils
M. Claude Delacour, président de
l’Association des étudiants d’An
gers, actuellement lieutenant de
dragons, viennent d’être, la même
semaine, décorés de la croix de
guerre.
Il est arrivé, au cours de l'au
tre guerre, et depuis septembre
dernier, de voir réunis au front,
dans le même courage patrioti
que, un père et son fils.
Mais que l'un et l'autre aient
eu en même temps l’occasion de
prouver leurs mérites, n'est-ce
pas là un fait rare ?
Soldes d*Edith, bottier .
Fin de séries de haut luxe, ville
et sport, valeur 800 à 400 fr., sa
crifiées de 165 à 195 fr. — 4,,rue
Tronchet.
LETTRES ET ARTS
Le bénéfice des pauvres
c
OMBIEN de gens se mon
trèrent pour le moins sur
pris lorsque dès les premiè
res semaines de guerre, il fut
question de rouvrir le plus pos
sible de salles de spectacle.
Ils regardaient la chose par le
petit bout de la lorgnette, y vou
laient voir un sentiment de fri
volité chez ceux qui défendaient
la cause des professionnels du
plateau à sauver du chômage.
Ils n’avaient pas pensé au côté
bienfaisant de ces exploitations,
à ces Pauvres'de Paris que se
court l’Assistance publique grâce
au théâtre, grâce aux taxes per
çues à chaque représentation, ces
fameuses taxes contre lesquelles
nos directeurs s’élevèrent si sou
vent en raison des charges
qu’elles sont pour eux, mais
qu’ils acceptent sans protestation
en les circonstances actuelles. .
Or, l’Assistance publique peut,
aujourd’hui, faire savoir que ces
taxes lui ont, en novembre der
nier — troisième mois de la guer
re — alors que toutes les 6alles,
aujourd’hui accessibles au public,
n’étaient pas ouvertes, rapporté
la somme de'2.842.000,francs.
Plus de deux millions pour
soulager la misère, dans notre
capitale, n’est-ce pas là un argu
ment solide en faveur du main
tien de l’activité théâtrale pari
sienne ?
X Nous pourrions citer un assez,
grand nombre de journalistes mobi
lisés que la guerre n’a pas fait chan
ger, de métier, non qu’ils soient af
fectés & quelque organisme de pro
pagande mais tout simplement parce
qu’on leur a demandé de rédiger un
grand journal du front. C’est le cas
pour nos confrères Georges Ravon,
du Figaro : Pierre Duflos et Pierre
du Colombier, de Candide ; Georges
Mongredien, des Nouvelles Littérai
res, etc. Le journal dont le capitaine
Mongredien est le rédacteur en chef
a pour titre L’Isard de Mets. Titre
un peu sybillin mais qui s’explique
quand on sait qu’il s’agit du journal
d’un régiment de montagne. Quand
on a voulu écrire le nom du jour
nal, un grave débat s’instaura dont
le premier numéro s’est fait l’écho.
Isard s’écrit-11 avec un S ou avec
un Z ? On opta pour Isard, mais la
discussion fut chaude... On voit que
les soucis de la guerre ne changent
rien aux préoccupations ordinaires
du Français, — peuple grammairien
par excellence si l’on en croit M.
Abel Hermant.
X Le lieutenant Roger de Laffo-
rest et le cavalier Louis Chavance,
leur permission terminée, viennent
de regagner la formation motorisée
à laquelle ils appartiennent tous
les deux. Roger de Lafforest est,
on le sait, l’auteur des Figurants
de la Mort, qui a obtenu, le mois
dernier, le Prix Interallié, et Louis
Chavance, fils de notre confrère
René Chavance, est, lui aussi, un
journaliste de talent.
X Une société de conférences
vient de se former, qui s’appelle
« Visages de France » et qui a pour
but d’aller dans tous les centres
d’évaéu^ en province, pour porter
aux réfugiés des parole» réconfor
tantes sous former de causeries lit
téraires, historiques, artistiques,
scientifiques.
Les conférenciers traiteront de
sujets propres à élever les esprits ;
ils évoqueront de grands Français
qui sont de grands exemples de
noblesse d’âme : but essentielle
ment moral, on le voit
C’est M. Daniel Serruys qui est
le présidait d'honneur de ce grou
pement, dont te présidente et orga
nisatrice est Mme An-thème Fayard
et le secrétaire général M. Lucien
Corpeehot,
Le premier, M. Octave Aubry
partira pour cette croisade de la
pensée. Il se rendra à Rouen, puis
à Louvlers, pour y parler de Napo
léon. Lui succéderont dans ces vil
les MM. Henry Bordeaux, Maurice
Donnay, Jean Schlumbenger.
A la même époque, M. Paul Gé
rai dy se rendra — pour parler de
l'Autriche — à Marseille, puis à
Toulon, où Iront ensuite les frères
Tharaud, qui doivent évoquer Pé
guy.
X La Société des Poètes français,
qui, sous 1a présidence. d'Ernest
Prévost maintient, comme on le
sait son activité littéraire et pour
suit son « Œuvre d’amitié et d’en
traide » aux poètes mobilisés, vient
de décerner le plus important de
ses prix annuels, le prix Marceline
Deabordes-Vaimore, à Mlle Roae
Malbamé, auteur de Au Dieu in
connu et de Avec tes oiseau*. Elle
décerne ses autres prix le 7 février.
X Parmi les anniversaires de
1940, il en est un que nul n’a songé
à signaler et qui offre pourtant un
double Intérêt : celui d’être un
voyage célèbre raconté dans un
livre qui nè l’est pas moins. Il s’agit
de Dans les mers du Sud, de Ste
venson,- écrit par le grand roman
cier anglais au cours de son séjour
aux lies Samoa durant l’année 1890,
il y a cinquante ans.
LGS TREIZE.
Un homme,
trente-huit sauvetages
C
Denis d’Inès, aujourd’hui sociétaire de la Comédie-
Française, nous raconte ses débuts, à 16 ans,
sur cette scène ,célèbre de quartier
ET octogénaire, Norvégien
d’origine, Français par na
turalisation depuis qua
rante-deux ans, qui vient de mou.
rir au Havre, était entouré d’un
prestige énorme pour toutes les
belles actions qu’il comptait au
cours de sa longue existence.
H s’appelait Oslen.
Il avait à son actif trente-huit
sauvetages. Il avait, pour ses
exploits, reçu la croix de . cheva
lier de la Légion d’honneur, la
médaille d’or de la Société cen
trale de sauvetage et le prix
Monthyon.
Le petit père Dêcfudotte
T OUS les habitués du Palais
de Justice connaissaient le
petit père Déchalotte- De
puis vingt-neuf ans, — il devait
prendre sa retraite l’an prochain
— il avait été secrétaire dans la
plupart des services. Il était resté >
plusieurs années au petit Parquet.
Très myope, un peu bossu, il
passait sa vie, penché sur les dos
siers et le» registres, faisant par
fois de longues recherches pour
retrouver le troisième ou le qua
trième prénom d’un inculpé. C’é
tait un homme deux, modeste,
ponctuel et méticulëux.
Quand il écrivait, son nez tou
chait presque la feuille et il pen
chait la tête, car il avait l’oeil
droit moins mauvais que l’autre.
Il déjeunait tous les jours dans
le bureau et il apportait de temps
en temps sa petite bonbonne de
vin que parfois des plaisantins
vidaient à moitié à l’aide d’un
macaroni sec et remplissaient
d’eau.
* * *
On lui faisait des niches. Des
attachés quelquefois lui adres
saient des reproches sévères,
toujours injustifiés, par jeu.
H ne se fâchait jamais, laissait
passer l’orage, puis, pour prendre
congé, leur souhaitait la bonne,
année au mois d’octobre ou de ^30* V0Ü * D * ŸK 8AV6lB 1
bonnes vacances au mois d’avril.
« Si je ne vous vols pas d’id-
là ! » ajoutait-il timidement.
Ce fut une consternation géné
rale quand se répandit la nou
velle : « Le petit père Décha
lotte est mort ! >11 a été as
phyxié à la suite d’un engorge
ment du chauffage central dans
sa petite villa, 6, rue des Roses,
à Savigny-sur-Orge.
Un huissier du Palais qui de- }eûlr aMlen (J . earaiènt) .
puis des années venait tous les tour eipf&l t2o*n—- l? h. « *. m.
jours à Paris Avec lui xuraria cloches de CoroevÜle (Planquette) ; 2i h,
jvutb a .nans avec mi, surpris ue 45 . musicaux (Schubert) ;
ne pas le voir, our le quai de la 22 h. 49 t Mélodies (Use Daniels) ; 01a-
gara, à l’heure habituelle, était
allé le Chercher. Il poussa la
On sait que le Théâtre de Bei-
levilfe a failli être vendu aux en
chères, mais, au dernier moment
— tout comme dans les dénoue
ments des bons mélodrames qu’on
représentait autrefois sur sa scène
— un ordre est arrivé qui suspen
dit « l'exécution ».
Puisque l’actualité replace en ve
dette cet établissement dont te
gloire est endormie depuis des an
nées, il nous a paru intéressant
de demander à l’un de ceux qui
vécurent l’étonnante existence de
te maison au temps des splendeurs,
d’évoquer pour nous quelques Sou
venirs...
Belle époque !
Denis d’Inès, aujourd’hui so
ciétaire de la Comédie-Française,
a fait ses débuts à Belleviffle.
— J’avais 16 ans, nous dit-il.
J’allais au Conservatoire, mais
j’étais très fier d’appartenir à ce
théâtre dont te réputation était
considérable. Ce n’était pas l’avis
de Le Bargy, mon professeur, qui
éoriv't sur mon cahier de notes :
« Bon élève ayant certaines faci
lités, mais gâté par la fréquenta
tion de théâtres de second ordre. »
« Je me rappellerai toujours
mon entrée dans le bureau d’Ed e -
mond Holacher, qui dirigeait _ les
destinées de la scène de Belleville.
Il était moulé dans une superbe
redingote bleu' ciel, ornée de bou
tons jaune d’or et je fus engagé
sur-le-champ comme jeune pre
mier Comique, aux appointements
royaux de 35 francs par semaine.
Je fis mes débuts dan® Gigoleite,
« Quelle belle époque ! Quel ap
prentissage merveilleux pour les
jeunes comédiens qui pouvaient
« se chercher ». Pensez que cha
que semaine on montait un specta
cle nouveau et que ce spectacle
comprenait une quinzaine d’actes !
» Le traître était irégulièrement
conspué. On allait l’attendre à te
sortie des artistes, pour t’injurier 1
La logé de « Casque d’Or »
« En ce temps-là, deux acteur®
tenaient les emplois d’amoureux :
Lemaire, ancien premier prix du
Conservatoire de Lyon (il est de
venu régisseur de Sacha Guitry)
et Demassy (qui est aujourd’hui
Georges Colin). '
. « Nous n’avions pas de quoi
nous offrir l’omnibus pour ren
trer chez nota, Tous les soins, je
revenais donc à pied jusqu’aux
BadgnoMes, avec Demassy. Les
rues étaient peu sûres. C’était alors
te grande époque des apaches. Une
mnit, l’une de ne» camarades, Mme
Boyer jusque chez eEe, enleva
fut brutalement accostée par trois
chenapans. Us allaient lui (frire le
plus mauvais des partis, quand sur
git un quatrième personnage. C’é
tait le chef. Il reconnut l’artiste,
s’excusa et dit ; « La rue n’est
pas tranquille, madame, je vais
vous faire reconduire 1 » Et l’un
des hommes aocompagna Mme
Boyer jusqu’à chez elfe, enleva
respectueusement sa casquette et
lui souhaita une bonne nuit l
« Les apaches étaient d’ailleurs,
à l’occasion, nos collaborateurs.
Ils faisaient de 1a, figuration et
abandonnaient provisoirement le
tricot et le couteau à cran d’arrêt
pour 1a cotte de mailles et te per-
tuisane. Ils étaient aussi nas
clients. Je me souviens que « Cas-,
que d’Or », la .fameuse Reine du
Trottoir, ne . manquait jamais un
spectacle. On lui réservait régu
lièrement l’avant-scène de gauche,
qu’elle occupait, .flanquée de deux
de. ses « demoiselles d’honneur ».
Le public aimera toujours
le « mélo »
« Notre public était enthou
siaste, je vous l’ai dit. Enthou
siaste n’est pas un mot assez fort :
il était déchaîné. Je me rappelle
que, pour éviter le retour de fâ
cheux accidents, on dut douer, aux
dernières galeries, une barrière
supplémentaire, pour empêcha les
plus fous de tomber dans l’or
chestre I Une tradition de quar
tier, totalement oubliée, bien en
tendu, consistait à réclamer « te
gigue ». Lorsqu’un acteur avait,
comme on dit, « crevé le plafond »,
le public, après une ovation qui
durait cinq minutes, criait : * La
gigue ! la gigue » Et l’heureux
. acteur devait, quel que fût son
épuisement, danser jusqu'à en per
dre le souffle. C’était le sommet
du triomphe, te consécration 1a
plus éditante...
« Qu’on ne me dise pas que les
gens n’aiment plus le mélo 1 Com
bien de films, aujourd’hui, ne sont
que d’anciens mélos adaptés ? Et
ce sont ceux qui connaissait le
plus long succès 1 Comment ex
pliquer que l’Odéon fasse salle
comble quand il affiche la Tour
de Nesle, le Bossu ou la Reine
Margot ? Ce qui manque le plus,
c’est cette race d’acteurs d’autre
fois, qui vivaient leur» rôle» avee
intensité, et c’est sans doute cette
race d'auteurs prodigieux dont te
fécondité et l’invention étaient si
merve&leusee ! Il est possible que
des pièces comme La Vénus de te
place Maubert n’auraient aujour
d’hui aucun succès, mais faites-nous
de bon» mélos,-et» situations éngé- .,
merises, et vous verres que le pu
blic n'a pas changé... »
Et qui sait, te Théâtre de Bc&e-
ville, qui vient de l’échapper belle,
se trouve peut-être à te veüfe ds
retrouver son prestige. — P. L.
IL.A RAP I.O
AUJOURD’HUI
INFORMATIONS («tir tous les postes,
sauf- Radio-Paris) : 6 h 30, 8 h. 30.
12 h. 30. 19 h. 30, SI h. 30, 23 h 30.
INFORMATIONS (Radlo-ParlS) t S h. 30,
8 b. 30, 13 h. 30 PREVUE DE PRESSE).
20 h. 30, 23 b. 30, 23 b. 30.
RADIO • REPORTAOCS et ACTUALITES i
20 h. 30.
QUART D’HEURE DU SOLDAT (sur
tous les postes, sauf Radio-Parts) :
11 h. 45. 18 h. 30.
PARIS-F.T.T. (431,7). — 13 b. 45 :
MUS, varié* i 18 b. 15 : Violon (M, ZS-
ghera) ; 18 h. 15 : Georgius ; 19 b. 45 :
Histoires naturelles , (Jules Renard) ;
21 h. : Dorln ; 21 h. 15 : La vl« fémi
nine ; 22 b. : Sketch de Rlp i 22 h. 15 :
Sur les ailes des chansons populaires
(Ch. Pansera) ; 23 h, 15 : L’Obole d'un
soir ancien (J. Sarment).
rlnette (M, Vaceller).
RADIO-PARIS (1.648) — 13 b. 15 :
Mus. de ch. ; 15 h. : Par le Théâtre
porte qui était mal fetmée, vit tm : ^ nt “ n i,W:
cadavre de chat dans le vesti- - - - " “
bille, cassa des carreaux, appela
au secoure.
Mme Déchalotte put être rap
pelée à la vie ; lui était mort.
Bain de mousse
Obésité, circulation, traite la
cellulite. Rajeunissement des
mains. Pousse certaine des cils.
Marcelle Laval, 2, rue Cambon,
Opéra 00-77.
Père Ooriot (Baisse) ; 16 b. 30: Piano
(Chopin) ; 1* h. 45 : Folklore de Fran
ce et de Grande-Bretagne ; 17 h.: Ch an.
sons (Jeanne Manceau) ; 17 h. 15 : mus.
de eh. ; 18 h. 15 : Sonates pour piolon
et piano ; 19 h. : Mus. légère ; 19 h. 30:
donc, symphon. ; 21 h. 45 : Le manège
retrouvé (P? Deseaves) ; 22 h. 15 : Pia
no (Lazare Lévy) : 22 h. 45 : Orcb. R.
Legrand.
RADIO-
DIO-CITE (4*0,9). — 13 h. : Trois
de chez nous : 13 h. 10 i Luoclonl j
13 h. 30 i Oroh. Marok Weber i 18 h.
33 : Orch. Ray Ventura s 15 h. 45 i Mus.
de dans* i 19 h. 45 l Denysls ; 30 h. :
Léo Marjane i 20 h. 05 : Jane 8ourza
(sketch de Souples) ; 20 h. 10 i Vou
lez-vous jouer avec noua 7 i 30 h. 10 :
Minute de la Valse i il h. t J. Beurra
et le Quintette de* ehantonmer* i E3 H. t
Les petits Chanteurs à la Croiz de Bote I
33 h. 10 i Fant, hongralM (Liszt) i
32 h. 30 : Disques rare* j 23 h, 19 i
Mus, de danse.
Radio st (390.6). — is h. 05 : Mus.
gale ; 13 h. 25 : Fant. d’opérettes ; U h.
40 : Mus. variée ; 17 h. 50 : Musette 1
18 b. 15 : Tino Rose! ; 18 tu 45 : Mua.
variée ; 19 b, : Ceux de ches noue ;
10 h. 15 I O. Thlll ; 19 h. 60 : Lee trola
visage* d'une chanson ; 20 h. 10 : Al
bum de* vieilles chanson* ; 21 h,. : Orch.
Radl»-37-Paedeloup ; 22 b. 15 : Cabaret
des Illusions ; 23 h. : Musique doue*.
POSTE PARISIEN (312.0 ', — 13 h. 21 :
Le bon moment ; 18 h. 30 : Danse*
norvégiennes (Grleg) ; 18 h. 00 : Mus.
variée; 18 h. 45 : quart d'heure du
permlsslonn. ; 19 h. 52 : Les Incollable* ;
20 h. 12 : L* lettre radloph. ; 21 h. :
Le ehftteau qui chant* ; 21 h. 15 : Le*
grandes répliques; 22 h. ; Cabaret ; 22 h.
30 ; Mus. variée ; 23 h. 15 : Musique
symphonique,
ILE DE FRANCE (259). — 13 h. :
Pour voyager ; 18 h. 30 : Ejttr. d’opé.
roe-com, ; 30 h. ; Rêves d'amour ; 21 h.;
Sélect.. sur les Contes d’Hoffmann ;
21 h. 50 : Refr. anglais ; 22 h. 16
Musique de dense.
Ce eoir à 21 heures ;
René DORIN, Gee CHARLEY j
Issu MARSAC
jean RIEÜX et jan* SOURZAl
A un bureau de la brigade mobile
de Marseille, appartenaient trois
policiers, liés d’amitié par la com
mune passion de leur métier: Mar-
lin, Julinot et un garçon disgracié
par la nature mais qui accepte le
surnom de Don Juan, en manière
de sobriquet
Or, Don Juan, sans jamais aller
jusqu’à croire & la possibilité d’une
aventure, meublait son imagination
lyrique de toutes Ira femmes mê
lées aux crimes dont U avait &
s’occuper.
Un crime est commis à Saint-
Tropez. Le soir même le trio y arri
vait La maison du crime est la
villa des Palmiers, où un certain
M. Landon a été assassiné.
Plusieurs personnes habitent cette
villa. L’une d’elles est la maîtresse
de la victime; l’autre, sa fille. Ces
deux femmes se détestent.
Les policiers commencent leur
enquête. Les soupçons s’égarent sur
1a jeune fille, Jacotte Landon.
CHAPITRE V
— Vous n’avez à vous excuser de
rien, mademoiselle.
— Ainsi, vous auriez découvert
un Indice, une piste, qui vous per
mettrait...
— En me parlant de piste, vous
me faites songer, mademoiselle, que
j'allais, en cette fin de journée,
oublier de mettre le procureur de
la Républiqueu au courant démon
travail. Vous permettez ?
Martin actionna le téléphone. .
— Priorité, medemoiselle. Vou
lez-vous me donner le cabinet de
M. 1e Procureur de la République
à Draguignan ? Merci, mademoi
selle. Allô. M. le Procureur. Ici
Martin. Non, M. le Procureur, je
n'ai pas terminé tout à fait Je
dois vous avouer que j’ai perdu
pas mal de temps. Une fausse piste.
Seulement, remarquez, M. le Pro
cureur que ce sont les fausses pistes
qui conduisent à la bonne. Je m’é
tais imaginé que l’assassin nq pou
vait être qu’un des habitants de
la villa. Je m’étais trompé. Landon
a été tué par un homme et les
alibis des hommes présents aux
Palmiers tiennent indiscutablement.
De plus, la découverte du couteau
dans la mer, aux abords du lieu
du crime, orientent mes recherches
sur le monde de ces louches navi
gateurs qui infestent les ports de
nos côtes. C’est .là qu'il s’agit de
chercher. Bien sûr, M. le Procu
reur. Je vous tiendrai au courant.
Mes respects.
Julinot écoutait l’exposé de ce
rapport avec une surprise non dis
simulée.
— A présent, nous pouvons aller
paisiblement nous reposer. A de
main les affaires sérieuses. Au re
voir, mademoiselle, et encore une
fois, toutes mes excuses.
Martin souriait largement.
— Ainsi, vous n’avez plus besoin
de moi ? quémanda Jacotte.
— Peut-être demain, pour des
questions de détail ; mais s’il est
possible, j’éviterai de vous déran
ger. Vous aurez une journée char-
DEUX MORTS
SJUNT-IROPO
DE LUCIEN GIUDICE-
Roman
I d’atmosphère j
policière
gée avec les obsèques fixées pour
l’après-midi. S’il vous agrée de
ramener le corps de 'votre père
dans sa chambre, vous le pouvez.
Je n’ai, en somme, plus rien à faire
ici.
— Je vous remercie, M, l’ins
pecteur. Mais toutes dispositions
sont arrêtées pour que le corps
soit gardé à la morgue de l’hôpi
tal. Des religieuses de l’hospice le
veilleront.
— Comme il vous plaira, made
moiselle.
Par la baie, Jacotte suivit d'un
regard d’où avait disparu toute
flamme fiévreuse, les inspecteurs
qui, bientôt, disparurent & un coude
du jardin.
Le portail de la villa des Pal
miers était à peine refermé que
Julinot remarqua :
— Avee ton coup de téléphone
au procureur, tu as voulu ama
douer la petite ?
— Tu ferais un excellent policier,
Julinot, répondit ironiquement
Martin. L’amadouer et chasser de
son esprit* tout* crainte possible. J*
suppose que' le procureur ne m’en-
voudra pas de ce petit stratagème.
Une femme comme elle, qui n’est
pas arrêtée par la crainte, est capa
ble de* beaucoup ' de choses. On
verra si je raisonne juste. En at
tendant, cette nuit, mon petit Ju
linot, nous ne salirons pas, je crois,
les draps de l’hôtel du Port. J’ai
• repéré un coin, là-bas, sur la plage,
où, par cette belle soirée -argentée
de lune, nous pourrons tout à loi
sir rêvasser à la blonde Jacotte et
à la brune Wanda.
CHAPITRE VI
14.RLIN et Julinot arrivè
rent sur le port de Saint-
Tropez, grouillant, à
l’heure inlassablement
retardée de l’apéritif, de cette foule
disparate d’estivants et d’indigè
nes qui, durant les mois d’été,
donne à la station à la mode une
animation tapageuse, créant le plus
surprenant contraste avec le calme
paisible qui’ s’appesantit, les autres
saisons, sur la vieille cité maures
que.
En ce tiède soir d’août, le brou
haha énervait davantage encore la
célèbre promenade, dominée' par
Suffren, car, dans les groupes ser
rés aux terrasses des cafés, sur les
ponts des yachts, le long de la
jetée, autour des voitures, mêlés
aux naturels du pays, on ne parlait
que du drame de la villa des Pal
miers, drame dont Marseille-Soir
donnait la relation première.
'Les. deux inspecteurs durent
presque jouer des coudes pour se
frayer un passage au milieu dé
cette cohue.
A 1a terrasse du Café de Paris,
dans un coin, Martin et Juliont
aperçurent Don Juan et le commis
saire Dupont, qui les attendaient.
Ils durent s’ouvrir un nouveau'pas-
sage, parmi les dos nus des bai
gneuses, si légèrement parées, que
lorsqu’ils atteignirent la table de
leurs collègues, Don Juan n’atten
dit pas pour leur faire part de son
admiration :
— Regardez-moi ça ; toutes ces
splendeurs bronzées. Cette enquête,
quel qu’en soit te résultat, laissera
dans mon esprit le plus impérissa
ble des souvenirs. C’est tout le
faste de Rome, toute la magnifi
cence des palais algériens qui se
déroulent sous nos yeux.
En effet, le spectacle ne man
quait pas de saveur et Martin et
Julinot y arrêtèrent un moment
leurs regards surpris.
— Hein ? qu’en dites-vous ?
triompha Don Juan. Quand je ra
conterai cela à mes copains de Mar
seille vous , verre* qu’il ne me croi
ront pas. Formidable !
Oui... mon vieux Don Juan,
c’est formidable, acquiesça Martin,
mais ce qui est plus formidable
encore c’est que ce soir tu pour
ras admirer en toute liberté tou
tes ces beautés romaines ou algé
riennes, car nous te confions une
mission qui va te combler d’aise :
aussitôt après le dîner, tu visiteras
toutes les boites du pays. Il faut
qu’avant demain matin tu puisses
me dire si Mlle Jacotte Landon a
été vue dans l'un quelconque de
ces établissements. C* renseigne
ment peut m’être fort utile. Com
pris ?
— Compris patron,
Un béat sourire de satisfaction
illumina 1* visage de Don Juan.
. — Quant à vous, M. te commis
saire Dupont, compléta Martin en
poursuivant à voix basse, pour ne
pas être entendu des tables voi
sines, il faut que vous mettiez ce
soir, et même tout de suite, deux
de vos hommes en surveillance de
vant le portail de la Villa des
Palmiers, surveillance très discrète.
Ces hommes ne devront pas quit
ter des yeux la sortie de la pro
priété. S! Mme Wanda Terbizone,
la bonne Hortense Pascal, ou Mlle
Jacotte Landon la franchissait, l’un
de ces hommes devrait prendre im
médiatement en filature cette pro
meneuse nocturne, tandis que l’au
tre viendrait m’avertir. Julinot et
moi, nous nous tiendrons toute 1a
nuit au fond de la plage, contre le
grand rocher qui 1a barre. Je sur
veillerai moi-même l’entrée de la
villa avec un de mes hommes.
— Je n’osais pas vous le deman
der, mais votre concours m'est très
précieux. Maintenant allons dîner.
Je vous mettrai au courant de ré
que je suis en droit d’attendre de
cette opération, lorsque nous se
rons les pieds à table. Et vous-mê
me en profiterez pour me commu
niquer les renseignements que je
vous al fait demander par Don
Juan sur Landon et tes trois. fem
mes. Prions le Dieu des policière
qu’avec tout cela et un tantinet de
veine nous arrivions à sortir de cet
imbroglio.
CHAPITRE VH
La plage, bordant te Villa dre
Palmiers, s'imprégnait de M calme
serein des nuits provençales, lors
que Ira souliers de Martin et Juti-
not firent geindre faiblement Ire
graviers sucé* par une onde gour
mande.
Au fond, Sainte-Maxime, aous
l'écran sombre des montagnes, ja
lonnait de ara lumières, la route
qui suit jusqu’à Saint-Raphaël,
cette fraction de côte de l'Azurie
Varoise. C'était un de ces soirs
féeriques du Midi, où te nature
semble retenir son souffle, pour ne
réveiller ni les pins endormis dans
la coltine ni le golfe silencieux.
Discret sunlight, la lune éclai
rait mollement ce coin de Provence,
prêt à s’endormir. Cette clarté pa
raissait vouloir décéler tout te
mystère des heures nocturnes, tout
comme, au chevet de l'enfant, te
veilleuse, flottant sur ton bain
d'huile, a te mission de chasser Ira
ténèbres autour du berceau.
(A suivre).
imprtm. spéc. da I’intransigkanx
16. rue du Croissant
E. DELION. Imprimeur
Le gérant : R. DEBRUGES
C1‘ANNEE N* StSlé
21 ' ''
H « ::
«Krtîsssatttiîtijjîrtjœiœtanajtttajttttjannijntîttjtnîîttitjîsijajîîiutn#
Parmi les histoires vraies
concernant la « récupération »,
il convient de placer au premier
rang celle des petites poubelles
de la ville de Totteriham qui
pourront, un jour, entrer dans
l’histoire de l’effort économique
accompli au cours de cette
guerre.
Mais voici les faits : Les em
ployés de la ville de Tottenham,
chargés de ramasser les ordures
ménagères, ont fabriqué, il y a
trois mois, de leur propre initia
tive, avec n’importe quoi, des
caisses, des bottes en gros car
ton, en fer-blanc, etc..., des pou
belles d’un format très réduit.
Puis ils on fait un certain effort
de propagande parmi les ména
gères de leur cité.
Us demandaient à chacune de
mettre dans la petite poubelle
tous les déchets pouvant ser
vir de nourriture aux porcs. Les
cendres, les assiettes brisées, les
boîtes dé fer-blanc êventrées et
les vieux journaux passaient
dans la grande poubelle. Les
épluchures de pommes de terre,
de pommes, les feuilles de choux
et de salades, les restes, étaient
promis à l’appétit des porqs et à
la confection des jambons.
En trois mois, les « boueux »'
de Tottenham — qui est une
ville de peu d’importance et de
80.000 habitants seulement —
ont ramassé 30 tonnes par se
maine de nourriture pour porcs.
Une liste officielle des déchets
acceptables par les groins du
Yorkshire a été remise aux mé
nagères qui évitent de mettre
dans la petite poubelle les den
rées incomestibles, telles que
épluchures d’oranges, de bana
nes, de grappe-fruit, des feuilles
de thé.
Une école de solidarité civique
Grâce aux petites poubelles,
les employés de Tottenham ont
pu nourrir, pendant Ces trois
mois, quarante porcs qui ont fait
du très bon bacon. Il a été cal
culé que si toutes les villes
d’Angleterre suivaient l’exemple
de Tottenham, on pourrait ra
masser, chaque année, un mil
lion de tonnes de bonne nourri
ture pour les porcs : de quoi en
graisser pendant cette année
plusieurs dizaines de milliers de
cochons. Puisque les éleveurs
britanniques trouvent que l’éle
vage des porcs — au prix où
sont les tourteaux — a cessé
d’être rémunérateur, il n’y a que
les petites poubelles qui peuvent
sauver cette branche si impor
tante de l’élevage britannique.
Du reste, faut-il un autre
exemple ? Depuis la guerre, les
livreurs de lait anglais ont dé
cidé de récupérer les capsules
métalliques qui ferment les bou
teilles de tait.
En trois mois, 80 millions de
capsules ont été récupérées par
eux, ce qui représente 200 ton
nes d’aluminium, de quoi faire
un bon nombre d’avions métalli
ques.
La guerre est toujours une
école, une grande école de soli
darité civique. Chacun doit y
mettre du sien. Personne ne doit
être rebuté par les besognes les
plus humbles. Sous ce rapport,
les Allemands nous donnent un
exemple qu’on a eu tort de ridi
culiser : il faut le suivre.
A. PILENKO.
Le Carnet du Combattant
X Le groupe d’Ille-et-Vilaine de
l’U.N.C., qui est l’un des plus agis
sants de France et qui a déjà pris,
depuis le début de la guerre, de
nombreuses initiatives en faveur
des combattants, vient d’avoir une
idée ingénieuse. H a fait imprimer
et placer dans toits les bureaux de
tabac du département une pancarte
dont nous respectons la disposition
typographique :
POUR NOS POILUS
DU FRONT
UNE CIGARETTE... S.VJ.
MERCI !
L’UJt.C.
Les résultats obtenus dépassent
toute espérance. Ce n'est pas une
cigarette, mais des centaines de ci
garettes et de nombreux paquets
de cigarettes qui sont déposée quo
tidiennement dans les corbeilles et
qui, quotidiennement, sien vont
grossir les colis envoyés aux sol
dats du front.
X Vendredi 19 janvier, à 20 heu
res, aura lieu, salle Pleyel, un gala
franco-britannique au profit des pu
pilles de la Fédération nationale des
plus grands Invalidés de guerre ac
tuellement aux armées.
On y verra le film franco-britan
nique Chantons quand mime !
Ce gala sera présidé par M. René
Besse, ministre des Anciens Com
battants, en présence de l’ambassa-
- »»
MililWwiWWiiw —■■■■■■
deur de Sa Majesté britannique, de
M. Queuille, ministre de l’Agricul
ture et président de l’Office natio
nal des Mutilés, de MM. les minis
tres de l’Education nationale et de
l’Air, et du général Gouraud, pré
sident d’honneur de la Fédération
nationale des plus grands invalides
de guerre..
X Voici une nouvelle liste de
journaux du front :
Le Charençon, Le Bigame, L’On
de Déchaînée, BaroUd 1939, Le
Charieur, L’Alerte, Le Hérisson,
L’Oasis, 303, Cambronne, Le Cerf-
Volant, L’Avant-Train, Alerte aux
Gaz, L’Ecusson 339, D'un Fil à VAu
tre, Du Haut de la Crête, Nuit Cal
me, Le Cirque, Le Char...rieur, La
Voix de son Maître, Le Pélican,
Par RafalesFil et Sans Fil à la
Patte, L’Ecouteur, Gnou}, Rouge-
Vert, L’Ere Sans Un. Le Premier
Avançant.
La Flamme
X La Flamme sous l’Arc de
Triomphe sera ravivée : ce soir, à
17 heures, par l'Amicale du 17* R.I.;
demain mercredi, par l’A.G.M.G. de
la Seine.
Un MARTINI...
C'est l'appétit garanti t
MOTS CROISES
t 2 3
DU 17 JANVIER
4 5 6 7 8
3
üt
HORIZONTALEMENT. — 1. Uti
lises. — 2. Importune. — 3. Aire
de vent. Chiffres romains dont on
pourrait frire cinquante-sept — 4.
C’est le sein pour le nourrisson.
On y troUve un pas encien. — 5. Le
civil y passe ses nuits. Préposition
calligraphiée. — 6. Leur sort est
devenu moins enviable. — 7. Ta
bles qui ne font pas partie du mo
bilier d’un appartement. 8. On
y trouve SIX. Transpiration abon
dante, si on la retourne.
VERTICALEMENT. — 1. Répan
drai. — 2. Sans ressources. — 3. Qui
peuvent servir à prendre. 4. Met
tout un orchestre d’accord. Af
fluent de la Seine. — 5. Décuplé,
si on le retourne. En Silésie. —
6. Ne dépasse pas Rennes. Aire de
vent. — 7. Polir. —■ 8. Punisses.
SOLUTION DU 16 JANVIER
HORIZONTALEMENT. — 1
AMANDIER. — 2. LEGERETE. —
3. ITERATIF. — 4. SIP (à l’en-
vers : pis). RE. 5. EA (Léa).
SESAR (à l’envers : rasés). — 6.
RIO. RAIE, -t- 7. ARIMAI. — 8.
SEMAINES.
VERTICALEMENT. — 1. ALI
TERAS. — 2. MET. AIRE. — 3.
AGES. OIM (à l'envers : moi). —
4. NERIS. MA. — 5. DRAPERAI.
— 6. IET (anagr. de : tie). SAIN.
- 7. ETIRAI. - 8. REFEREES,
174-40
Ecrit pour
certains pères
M'
lOI aussi j’ai perdu mon
père à l’autre guerre.
Seulement voilà : il ne
m'a jamais connu. Il avait négligé
d’épouser ma mère avant que de
partir et ma mère fut chassie par
scs parents parce qu’elle avait
déshonoré la famille.
Voilà pourquoi elle est morte
à la peine quand j’avais sept ans.
Et voilà pourquoi je suis seule
ment m pupille de l’Assistance
publique. Oh ! je ne dis pas ça
parce que j'envie les pupilles de
la Nation qui seront l’objet de
mesures spéciales de guerre. Non,
je n'ai personne, pas même une
amie, pas même une marraine.
Alors mieux vaut que ce soit moi
qui soit tué qu’un autre. Si je
vous écris, madame, c’est pour
que vous disies bien, dans vos ar
ticles, que le devoir pour ceux qui
s’en vont, "c’est d’abord de ne pets
laisser une pauvre fille dans la
peine. Paraît qu’elles ne touche
ront même pas la prime à ta nais
sance si le père s’est moqué de
ses oeuvres l Ce n'est pas bien.
J’étais petit ; mais je me rappelle
ma mère qui s’usait à des lessi
ves. Mon père était contremaître
et caporal , J’aurais pu, siil m’a
vait reconnu, être tellement moins
malheureux !
Madame, moi je ne demande
rien ; mais dites-le souvent dans
vos écrits qu’il faut protéger lés
petits que le pire a oubliés. Il en
naît beaucoup pendant la guerre.
Les femmes ont tant de cœur !
Celles qut donnent tout d’elles-
mêmes, sans calcul, sont les plus
punies.
C'est une lettre de quelque
part, au front.
BLANCHE VOGT.
Le prince courageux
L A loi, c’est la loi. Celle qui
s’oppose à ce que tout mern
bre d’une famille qui a ré
gné en France puisse servir no
tre pays, sous une forme ou sous
une autre, demeure inflexible.
La guerre elle-même, ne jus
tifie aucune exception à cette
règle républicaine.
C’est pourquoi on n’a pù ac
corder un engagement dans nos
armées ni au prince René de
Bourbon-Parme ni à son frère
Xavier,
Le prince René s’est alors en
gagé, ces jours derniers, dans
l’afmée finlandaise,
Il y arrive précédé de la ré
putation de courage qu’il avait
acquise au cours de la guerre ci
vile d’Espagne dans les rangs dé
l’armée du général Franco.
Dès le début de cette guerre,
il s’était engagé comme simple
soldat. H avait, un à un, gagné
ses galons de caporal, de sergent,
de lieutenant.
Il avait également reçu dix-
huit blessures dont'plusieurs as
sez graves.
Et cela est aussi un exemple à
donner..
Au temps où ((Casque d’Qrh
la Reine du Trottoir,
fréquentait le théâtre
Belleville...
— Ce sont les généraux qui reviennent de Finlande ...
— Et en va les « refroidir » !...
Cp »■■■■■■■» ■ » ■ ■ ■ — ■*■»«
On ne saurait être
trop prudent
L ONDRES fait savoir aujour
d’hui que, le mois dernier,
• le nombre de personnes
tuées en Angleterre par suite
d’accidents de la circulation était
de 1.155.
On,souligne ce fait que 895 de
ces accidents mortels s'étaient
produits pendant les heures d’ex
tinction des feux.
A méditer, n’est-ce pas ?
Le chapitre du patinage
V OICI que la défense passive
s’en mêle : peut-on, oui ou
non, patiner sur le lad du
bois de Boulogne, même si la
glace atteint l’épaisseur de 12 cen
timètres exigée pour prévenir
tout accident ?
Non, déclare la. défense passive,
— et cela jusqu'à la fin des hos
tilités.
On ne saurait, déclarent les
autorités qui veillent sur la sécu
rité des Parisiens, « laisser des
milliers de personnes se rassem
bler sur un point facilement repé
rable et où la chute d’une bombe
entraînerait une véritable catas
trophe ».
< De plus, l’entretien de la pati
noire temporaire du bois de Bou
logne exige des crédits spéciaux
dont les services des promenades
né disposent plus... »
Mais cette mesure est-elle défi
nitive ?
Père et fils décorés
la même semaine
C ’EST un message qui, dans
son laconisme, en dit long
Le commandant Delà
cour, domicilié «à Livry, près de
Bayeux (Calvados), et son fils
M. Claude Delacour, président de
l’Association des étudiants d’An
gers, actuellement lieutenant de
dragons, viennent d’être, la même
semaine, décorés de la croix de
guerre.
Il est arrivé, au cours de l'au
tre guerre, et depuis septembre
dernier, de voir réunis au front,
dans le même courage patrioti
que, un père et son fils.
Mais que l'un et l'autre aient
eu en même temps l’occasion de
prouver leurs mérites, n'est-ce
pas là un fait rare ?
Soldes d*Edith, bottier .
Fin de séries de haut luxe, ville
et sport, valeur 800 à 400 fr., sa
crifiées de 165 à 195 fr. — 4,,rue
Tronchet.
LETTRES ET ARTS
Le bénéfice des pauvres
c
OMBIEN de gens se mon
trèrent pour le moins sur
pris lorsque dès les premiè
res semaines de guerre, il fut
question de rouvrir le plus pos
sible de salles de spectacle.
Ils regardaient la chose par le
petit bout de la lorgnette, y vou
laient voir un sentiment de fri
volité chez ceux qui défendaient
la cause des professionnels du
plateau à sauver du chômage.
Ils n’avaient pas pensé au côté
bienfaisant de ces exploitations,
à ces Pauvres'de Paris que se
court l’Assistance publique grâce
au théâtre, grâce aux taxes per
çues à chaque représentation, ces
fameuses taxes contre lesquelles
nos directeurs s’élevèrent si sou
vent en raison des charges
qu’elles sont pour eux, mais
qu’ils acceptent sans protestation
en les circonstances actuelles. .
Or, l’Assistance publique peut,
aujourd’hui, faire savoir que ces
taxes lui ont, en novembre der
nier — troisième mois de la guer
re — alors que toutes les 6alles,
aujourd’hui accessibles au public,
n’étaient pas ouvertes, rapporté
la somme de'2.842.000,francs.
Plus de deux millions pour
soulager la misère, dans notre
capitale, n’est-ce pas là un argu
ment solide en faveur du main
tien de l’activité théâtrale pari
sienne ?
X Nous pourrions citer un assez,
grand nombre de journalistes mobi
lisés que la guerre n’a pas fait chan
ger, de métier, non qu’ils soient af
fectés & quelque organisme de pro
pagande mais tout simplement parce
qu’on leur a demandé de rédiger un
grand journal du front. C’est le cas
pour nos confrères Georges Ravon,
du Figaro : Pierre Duflos et Pierre
du Colombier, de Candide ; Georges
Mongredien, des Nouvelles Littérai
res, etc. Le journal dont le capitaine
Mongredien est le rédacteur en chef
a pour titre L’Isard de Mets. Titre
un peu sybillin mais qui s’explique
quand on sait qu’il s’agit du journal
d’un régiment de montagne. Quand
on a voulu écrire le nom du jour
nal, un grave débat s’instaura dont
le premier numéro s’est fait l’écho.
Isard s’écrit-11 avec un S ou avec
un Z ? On opta pour Isard, mais la
discussion fut chaude... On voit que
les soucis de la guerre ne changent
rien aux préoccupations ordinaires
du Français, — peuple grammairien
par excellence si l’on en croit M.
Abel Hermant.
X Le lieutenant Roger de Laffo-
rest et le cavalier Louis Chavance,
leur permission terminée, viennent
de regagner la formation motorisée
à laquelle ils appartiennent tous
les deux. Roger de Lafforest est,
on le sait, l’auteur des Figurants
de la Mort, qui a obtenu, le mois
dernier, le Prix Interallié, et Louis
Chavance, fils de notre confrère
René Chavance, est, lui aussi, un
journaliste de talent.
X Une société de conférences
vient de se former, qui s’appelle
« Visages de France » et qui a pour
but d’aller dans tous les centres
d’évaéu^ en province, pour porter
aux réfugiés des parole» réconfor
tantes sous former de causeries lit
téraires, historiques, artistiques,
scientifiques.
Les conférenciers traiteront de
sujets propres à élever les esprits ;
ils évoqueront de grands Français
qui sont de grands exemples de
noblesse d’âme : but essentielle
ment moral, on le voit
C’est M. Daniel Serruys qui est
le présidait d'honneur de ce grou
pement, dont te présidente et orga
nisatrice est Mme An-thème Fayard
et le secrétaire général M. Lucien
Corpeehot,
Le premier, M. Octave Aubry
partira pour cette croisade de la
pensée. Il se rendra à Rouen, puis
à Louvlers, pour y parler de Napo
léon. Lui succéderont dans ces vil
les MM. Henry Bordeaux, Maurice
Donnay, Jean Schlumbenger.
A la même époque, M. Paul Gé
rai dy se rendra — pour parler de
l'Autriche — à Marseille, puis à
Toulon, où Iront ensuite les frères
Tharaud, qui doivent évoquer Pé
guy.
X La Société des Poètes français,
qui, sous 1a présidence. d'Ernest
Prévost maintient, comme on le
sait son activité littéraire et pour
suit son « Œuvre d’amitié et d’en
traide » aux poètes mobilisés, vient
de décerner le plus important de
ses prix annuels, le prix Marceline
Deabordes-Vaimore, à Mlle Roae
Malbamé, auteur de Au Dieu in
connu et de Avec tes oiseau*. Elle
décerne ses autres prix le 7 février.
X Parmi les anniversaires de
1940, il en est un que nul n’a songé
à signaler et qui offre pourtant un
double Intérêt : celui d’être un
voyage célèbre raconté dans un
livre qui nè l’est pas moins. Il s’agit
de Dans les mers du Sud, de Ste
venson,- écrit par le grand roman
cier anglais au cours de son séjour
aux lies Samoa durant l’année 1890,
il y a cinquante ans.
LGS TREIZE.
Un homme,
trente-huit sauvetages
C
Denis d’Inès, aujourd’hui sociétaire de la Comédie-
Française, nous raconte ses débuts, à 16 ans,
sur cette scène ,célèbre de quartier
ET octogénaire, Norvégien
d’origine, Français par na
turalisation depuis qua
rante-deux ans, qui vient de mou.
rir au Havre, était entouré d’un
prestige énorme pour toutes les
belles actions qu’il comptait au
cours de sa longue existence.
H s’appelait Oslen.
Il avait à son actif trente-huit
sauvetages. Il avait, pour ses
exploits, reçu la croix de . cheva
lier de la Légion d’honneur, la
médaille d’or de la Société cen
trale de sauvetage et le prix
Monthyon.
Le petit père Dêcfudotte
T OUS les habitués du Palais
de Justice connaissaient le
petit père Déchalotte- De
puis vingt-neuf ans, — il devait
prendre sa retraite l’an prochain
— il avait été secrétaire dans la
plupart des services. Il était resté >
plusieurs années au petit Parquet.
Très myope, un peu bossu, il
passait sa vie, penché sur les dos
siers et le» registres, faisant par
fois de longues recherches pour
retrouver le troisième ou le qua
trième prénom d’un inculpé. C’é
tait un homme deux, modeste,
ponctuel et méticulëux.
Quand il écrivait, son nez tou
chait presque la feuille et il pen
chait la tête, car il avait l’oeil
droit moins mauvais que l’autre.
Il déjeunait tous les jours dans
le bureau et il apportait de temps
en temps sa petite bonbonne de
vin que parfois des plaisantins
vidaient à moitié à l’aide d’un
macaroni sec et remplissaient
d’eau.
* * *
On lui faisait des niches. Des
attachés quelquefois lui adres
saient des reproches sévères,
toujours injustifiés, par jeu.
H ne se fâchait jamais, laissait
passer l’orage, puis, pour prendre
congé, leur souhaitait la bonne,
année au mois d’octobre ou de ^30* V0Ü * D * ŸK 8AV6lB 1
bonnes vacances au mois d’avril.
« Si je ne vous vols pas d’id-
là ! » ajoutait-il timidement.
Ce fut une consternation géné
rale quand se répandit la nou
velle : « Le petit père Décha
lotte est mort ! >11 a été as
phyxié à la suite d’un engorge
ment du chauffage central dans
sa petite villa, 6, rue des Roses,
à Savigny-sur-Orge.
Un huissier du Palais qui de- }eûlr aMlen (J . earaiènt) .
puis des années venait tous les tour eipf&l t2o*n—- l? h. « *. m.
jours à Paris Avec lui xuraria cloches de CoroevÜle (Planquette) ; 2i h,
jvutb a .nans avec mi, surpris ue 45 . musicaux (Schubert) ;
ne pas le voir, our le quai de la 22 h. 49 t Mélodies (Use Daniels) ; 01a-
gara, à l’heure habituelle, était
allé le Chercher. Il poussa la
On sait que le Théâtre de Bei-
levilfe a failli être vendu aux en
chères, mais, au dernier moment
— tout comme dans les dénoue
ments des bons mélodrames qu’on
représentait autrefois sur sa scène
— un ordre est arrivé qui suspen
dit « l'exécution ».
Puisque l’actualité replace en ve
dette cet établissement dont te
gloire est endormie depuis des an
nées, il nous a paru intéressant
de demander à l’un de ceux qui
vécurent l’étonnante existence de
te maison au temps des splendeurs,
d’évoquer pour nous quelques Sou
venirs...
Belle époque !
Denis d’Inès, aujourd’hui so
ciétaire de la Comédie-Française,
a fait ses débuts à Belleviffle.
— J’avais 16 ans, nous dit-il.
J’allais au Conservatoire, mais
j’étais très fier d’appartenir à ce
théâtre dont te réputation était
considérable. Ce n’était pas l’avis
de Le Bargy, mon professeur, qui
éoriv't sur mon cahier de notes :
« Bon élève ayant certaines faci
lités, mais gâté par la fréquenta
tion de théâtres de second ordre. »
« Je me rappellerai toujours
mon entrée dans le bureau d’Ed e -
mond Holacher, qui dirigeait _ les
destinées de la scène de Belleville.
Il était moulé dans une superbe
redingote bleu' ciel, ornée de bou
tons jaune d’or et je fus engagé
sur-le-champ comme jeune pre
mier Comique, aux appointements
royaux de 35 francs par semaine.
Je fis mes débuts dan® Gigoleite,
« Quelle belle époque ! Quel ap
prentissage merveilleux pour les
jeunes comédiens qui pouvaient
« se chercher ». Pensez que cha
que semaine on montait un specta
cle nouveau et que ce spectacle
comprenait une quinzaine d’actes !
» Le traître était irégulièrement
conspué. On allait l’attendre à te
sortie des artistes, pour t’injurier 1
La logé de « Casque d’Or »
« En ce temps-là, deux acteur®
tenaient les emplois d’amoureux :
Lemaire, ancien premier prix du
Conservatoire de Lyon (il est de
venu régisseur de Sacha Guitry)
et Demassy (qui est aujourd’hui
Georges Colin). '
. « Nous n’avions pas de quoi
nous offrir l’omnibus pour ren
trer chez nota, Tous les soins, je
revenais donc à pied jusqu’aux
BadgnoMes, avec Demassy. Les
rues étaient peu sûres. C’était alors
te grande époque des apaches. Une
mnit, l’une de ne» camarades, Mme
Boyer jusque chez eEe, enleva
fut brutalement accostée par trois
chenapans. Us allaient lui (frire le
plus mauvais des partis, quand sur
git un quatrième personnage. C’é
tait le chef. Il reconnut l’artiste,
s’excusa et dit ; « La rue n’est
pas tranquille, madame, je vais
vous faire reconduire 1 » Et l’un
des hommes aocompagna Mme
Boyer jusqu’à chez elfe, enleva
respectueusement sa casquette et
lui souhaita une bonne nuit l
« Les apaches étaient d’ailleurs,
à l’occasion, nos collaborateurs.
Ils faisaient de 1a, figuration et
abandonnaient provisoirement le
tricot et le couteau à cran d’arrêt
pour 1a cotte de mailles et te per-
tuisane. Ils étaient aussi nas
clients. Je me souviens que « Cas-,
que d’Or », la .fameuse Reine du
Trottoir, ne . manquait jamais un
spectacle. On lui réservait régu
lièrement l’avant-scène de gauche,
qu’elle occupait, .flanquée de deux
de. ses « demoiselles d’honneur ».
Le public aimera toujours
le « mélo »
« Notre public était enthou
siaste, je vous l’ai dit. Enthou
siaste n’est pas un mot assez fort :
il était déchaîné. Je me rappelle
que, pour éviter le retour de fâ
cheux accidents, on dut douer, aux
dernières galeries, une barrière
supplémentaire, pour empêcha les
plus fous de tomber dans l’or
chestre I Une tradition de quar
tier, totalement oubliée, bien en
tendu, consistait à réclamer « te
gigue ». Lorsqu’un acteur avait,
comme on dit, « crevé le plafond »,
le public, après une ovation qui
durait cinq minutes, criait : * La
gigue ! la gigue » Et l’heureux
. acteur devait, quel que fût son
épuisement, danser jusqu'à en per
dre le souffle. C’était le sommet
du triomphe, te consécration 1a
plus éditante...
« Qu’on ne me dise pas que les
gens n’aiment plus le mélo 1 Com
bien de films, aujourd’hui, ne sont
que d’anciens mélos adaptés ? Et
ce sont ceux qui connaissait le
plus long succès 1 Comment ex
pliquer que l’Odéon fasse salle
comble quand il affiche la Tour
de Nesle, le Bossu ou la Reine
Margot ? Ce qui manque le plus,
c’est cette race d’acteurs d’autre
fois, qui vivaient leur» rôle» avee
intensité, et c’est sans doute cette
race d'auteurs prodigieux dont te
fécondité et l’invention étaient si
merve&leusee ! Il est possible que
des pièces comme La Vénus de te
place Maubert n’auraient aujour
d’hui aucun succès, mais faites-nous
de bon» mélos,-et» situations éngé- .,
merises, et vous verres que le pu
blic n'a pas changé... »
Et qui sait, te Théâtre de Bc&e-
ville, qui vient de l’échapper belle,
se trouve peut-être à te veüfe ds
retrouver son prestige. — P. L.
IL.A RAP I.O
AUJOURD’HUI
INFORMATIONS («tir tous les postes,
sauf- Radio-Paris) : 6 h 30, 8 h. 30.
12 h. 30. 19 h. 30, SI h. 30, 23 h 30.
INFORMATIONS (Radlo-ParlS) t S h. 30,
8 b. 30, 13 h. 30 PREVUE DE PRESSE).
20 h. 30, 23 b. 30, 23 b. 30.
RADIO • REPORTAOCS et ACTUALITES i
20 h. 30.
QUART D’HEURE DU SOLDAT (sur
tous les postes, sauf Radio-Parts) :
11 h. 45. 18 h. 30.
PARIS-F.T.T. (431,7). — 13 b. 45 :
MUS, varié* i 18 b. 15 : Violon (M, ZS-
ghera) ; 18 h. 15 : Georgius ; 19 b. 45 :
Histoires naturelles , (Jules Renard) ;
21 h. : Dorln ; 21 h. 15 : La vl« fémi
nine ; 22 b. : Sketch de Rlp i 22 h. 15 :
Sur les ailes des chansons populaires
(Ch. Pansera) ; 23 h, 15 : L’Obole d'un
soir ancien (J. Sarment).
rlnette (M, Vaceller).
RADIO-PARIS (1.648) — 13 b. 15 :
Mus. de ch. ; 15 h. : Par le Théâtre
porte qui était mal fetmée, vit tm : ^ nt “ n i,W:
cadavre de chat dans le vesti- - - - " “
bille, cassa des carreaux, appela
au secoure.
Mme Déchalotte put être rap
pelée à la vie ; lui était mort.
Bain de mousse
Obésité, circulation, traite la
cellulite. Rajeunissement des
mains. Pousse certaine des cils.
Marcelle Laval, 2, rue Cambon,
Opéra 00-77.
Père Ooriot (Baisse) ; 16 b. 30: Piano
(Chopin) ; 1* h. 45 : Folklore de Fran
ce et de Grande-Bretagne ; 17 h.: Ch an.
sons (Jeanne Manceau) ; 17 h. 15 : mus.
de eh. ; 18 h. 15 : Sonates pour piolon
et piano ; 19 h. : Mus. légère ; 19 h. 30:
donc, symphon. ; 21 h. 45 : Le manège
retrouvé (P? Deseaves) ; 22 h. 15 : Pia
no (Lazare Lévy) : 22 h. 45 : Orcb. R.
Legrand.
RADIO-
DIO-CITE (4*0,9). — 13 h. : Trois
de chez nous : 13 h. 10 i Luoclonl j
13 h. 30 i Oroh. Marok Weber i 18 h.
33 : Orch. Ray Ventura s 15 h. 45 i Mus.
de dans* i 19 h. 45 l Denysls ; 30 h. :
Léo Marjane i 20 h. 05 : Jane 8ourza
(sketch de Souples) ; 20 h. 10 i Vou
lez-vous jouer avec noua 7 i 30 h. 10 :
Minute de la Valse i il h. t J. Beurra
et le Quintette de* ehantonmer* i E3 H. t
Les petits Chanteurs à la Croiz de Bote I
33 h. 10 i Fant, hongralM (Liszt) i
32 h. 30 : Disques rare* j 23 h, 19 i
Mus, de danse.
Radio st (390.6). — is h. 05 : Mus.
gale ; 13 h. 25 : Fant. d’opérettes ; U h.
40 : Mus. variée ; 17 h. 50 : Musette 1
18 b. 15 : Tino Rose! ; 18 tu 45 : Mua.
variée ; 19 b, : Ceux de ches noue ;
10 h. 15 I O. Thlll ; 19 h. 60 : Lee trola
visage* d'une chanson ; 20 h. 10 : Al
bum de* vieilles chanson* ; 21 h,. : Orch.
Radl»-37-Paedeloup ; 22 b. 15 : Cabaret
des Illusions ; 23 h. : Musique doue*.
POSTE PARISIEN (312.0 ', — 13 h. 21 :
Le bon moment ; 18 h. 30 : Danse*
norvégiennes (Grleg) ; 18 h. 00 : Mus.
variée; 18 h. 45 : quart d'heure du
permlsslonn. ; 19 h. 52 : Les Incollable* ;
20 h. 12 : L* lettre radloph. ; 21 h. :
Le ehftteau qui chant* ; 21 h. 15 : Le*
grandes répliques; 22 h. ; Cabaret ; 22 h.
30 ; Mus. variée ; 23 h. 15 : Musique
symphonique,
ILE DE FRANCE (259). — 13 h. :
Pour voyager ; 18 h. 30 : Ejttr. d’opé.
roe-com, ; 30 h. ; Rêves d'amour ; 21 h.;
Sélect.. sur les Contes d’Hoffmann ;
21 h. 50 : Refr. anglais ; 22 h. 16
Musique de dense.
Ce eoir à 21 heures ;
René DORIN, Gee CHARLEY j
Issu MARSAC
jean RIEÜX et jan* SOURZAl
A un bureau de la brigade mobile
de Marseille, appartenaient trois
policiers, liés d’amitié par la com
mune passion de leur métier: Mar-
lin, Julinot et un garçon disgracié
par la nature mais qui accepte le
surnom de Don Juan, en manière
de sobriquet
Or, Don Juan, sans jamais aller
jusqu’à croire & la possibilité d’une
aventure, meublait son imagination
lyrique de toutes Ira femmes mê
lées aux crimes dont U avait &
s’occuper.
Un crime est commis à Saint-
Tropez. Le soir même le trio y arri
vait La maison du crime est la
villa des Palmiers, où un certain
M. Landon a été assassiné.
Plusieurs personnes habitent cette
villa. L’une d’elles est la maîtresse
de la victime; l’autre, sa fille. Ces
deux femmes se détestent.
Les policiers commencent leur
enquête. Les soupçons s’égarent sur
1a jeune fille, Jacotte Landon.
CHAPITRE V
— Vous n’avez à vous excuser de
rien, mademoiselle.
— Ainsi, vous auriez découvert
un Indice, une piste, qui vous per
mettrait...
— En me parlant de piste, vous
me faites songer, mademoiselle, que
j'allais, en cette fin de journée,
oublier de mettre le procureur de
la Républiqueu au courant démon
travail. Vous permettez ?
Martin actionna le téléphone. .
— Priorité, medemoiselle. Vou
lez-vous me donner le cabinet de
M. 1e Procureur de la République
à Draguignan ? Merci, mademoi
selle. Allô. M. le Procureur. Ici
Martin. Non, M. le Procureur, je
n'ai pas terminé tout à fait Je
dois vous avouer que j’ai perdu
pas mal de temps. Une fausse piste.
Seulement, remarquez, M. le Pro
cureur que ce sont les fausses pistes
qui conduisent à la bonne. Je m’é
tais imaginé que l’assassin nq pou
vait être qu’un des habitants de
la villa. Je m’étais trompé. Landon
a été tué par un homme et les
alibis des hommes présents aux
Palmiers tiennent indiscutablement.
De plus, la découverte du couteau
dans la mer, aux abords du lieu
du crime, orientent mes recherches
sur le monde de ces louches navi
gateurs qui infestent les ports de
nos côtes. C’est .là qu'il s’agit de
chercher. Bien sûr, M. le Procu
reur. Je vous tiendrai au courant.
Mes respects.
Julinot écoutait l’exposé de ce
rapport avec une surprise non dis
simulée.
— A présent, nous pouvons aller
paisiblement nous reposer. A de
main les affaires sérieuses. Au re
voir, mademoiselle, et encore une
fois, toutes mes excuses.
Martin souriait largement.
— Ainsi, vous n’avez plus besoin
de moi ? quémanda Jacotte.
— Peut-être demain, pour des
questions de détail ; mais s’il est
possible, j’éviterai de vous déran
ger. Vous aurez une journée char-
DEUX MORTS
SJUNT-IROPO
DE LUCIEN GIUDICE-
Roman
I d’atmosphère j
policière
gée avec les obsèques fixées pour
l’après-midi. S’il vous agrée de
ramener le corps de 'votre père
dans sa chambre, vous le pouvez.
Je n’ai, en somme, plus rien à faire
ici.
— Je vous remercie, M, l’ins
pecteur. Mais toutes dispositions
sont arrêtées pour que le corps
soit gardé à la morgue de l’hôpi
tal. Des religieuses de l’hospice le
veilleront.
— Comme il vous plaira, made
moiselle.
Par la baie, Jacotte suivit d'un
regard d’où avait disparu toute
flamme fiévreuse, les inspecteurs
qui, bientôt, disparurent & un coude
du jardin.
Le portail de la villa des Pal
miers était à peine refermé que
Julinot remarqua :
— Avee ton coup de téléphone
au procureur, tu as voulu ama
douer la petite ?
— Tu ferais un excellent policier,
Julinot, répondit ironiquement
Martin. L’amadouer et chasser de
son esprit* tout* crainte possible. J*
suppose que' le procureur ne m’en-
voudra pas de ce petit stratagème.
Une femme comme elle, qui n’est
pas arrêtée par la crainte, est capa
ble de* beaucoup ' de choses. On
verra si je raisonne juste. En at
tendant, cette nuit, mon petit Ju
linot, nous ne salirons pas, je crois,
les draps de l’hôtel du Port. J’ai
• repéré un coin, là-bas, sur la plage,
où, par cette belle soirée -argentée
de lune, nous pourrons tout à loi
sir rêvasser à la blonde Jacotte et
à la brune Wanda.
CHAPITRE VI
14.RLIN et Julinot arrivè
rent sur le port de Saint-
Tropez, grouillant, à
l’heure inlassablement
retardée de l’apéritif, de cette foule
disparate d’estivants et d’indigè
nes qui, durant les mois d’été,
donne à la station à la mode une
animation tapageuse, créant le plus
surprenant contraste avec le calme
paisible qui’ s’appesantit, les autres
saisons, sur la vieille cité maures
que.
En ce tiède soir d’août, le brou
haha énervait davantage encore la
célèbre promenade, dominée' par
Suffren, car, dans les groupes ser
rés aux terrasses des cafés, sur les
ponts des yachts, le long de la
jetée, autour des voitures, mêlés
aux naturels du pays, on ne parlait
que du drame de la villa des Pal
miers, drame dont Marseille-Soir
donnait la relation première.
'Les. deux inspecteurs durent
presque jouer des coudes pour se
frayer un passage au milieu dé
cette cohue.
A 1a terrasse du Café de Paris,
dans un coin, Martin et Juliont
aperçurent Don Juan et le commis
saire Dupont, qui les attendaient.
Ils durent s’ouvrir un nouveau'pas-
sage, parmi les dos nus des bai
gneuses, si légèrement parées, que
lorsqu’ils atteignirent la table de
leurs collègues, Don Juan n’atten
dit pas pour leur faire part de son
admiration :
— Regardez-moi ça ; toutes ces
splendeurs bronzées. Cette enquête,
quel qu’en soit te résultat, laissera
dans mon esprit le plus impérissa
ble des souvenirs. C’est tout le
faste de Rome, toute la magnifi
cence des palais algériens qui se
déroulent sous nos yeux.
En effet, le spectacle ne man
quait pas de saveur et Martin et
Julinot y arrêtèrent un moment
leurs regards surpris.
— Hein ? qu’en dites-vous ?
triompha Don Juan. Quand je ra
conterai cela à mes copains de Mar
seille vous , verre* qu’il ne me croi
ront pas. Formidable !
Oui... mon vieux Don Juan,
c’est formidable, acquiesça Martin,
mais ce qui est plus formidable
encore c’est que ce soir tu pour
ras admirer en toute liberté tou
tes ces beautés romaines ou algé
riennes, car nous te confions une
mission qui va te combler d’aise :
aussitôt après le dîner, tu visiteras
toutes les boites du pays. Il faut
qu’avant demain matin tu puisses
me dire si Mlle Jacotte Landon a
été vue dans l'un quelconque de
ces établissements. C* renseigne
ment peut m’être fort utile. Com
pris ?
— Compris patron,
Un béat sourire de satisfaction
illumina 1* visage de Don Juan.
. — Quant à vous, M. te commis
saire Dupont, compléta Martin en
poursuivant à voix basse, pour ne
pas être entendu des tables voi
sines, il faut que vous mettiez ce
soir, et même tout de suite, deux
de vos hommes en surveillance de
vant le portail de la Villa des
Palmiers, surveillance très discrète.
Ces hommes ne devront pas quit
ter des yeux la sortie de la pro
priété. S! Mme Wanda Terbizone,
la bonne Hortense Pascal, ou Mlle
Jacotte Landon la franchissait, l’un
de ces hommes devrait prendre im
médiatement en filature cette pro
meneuse nocturne, tandis que l’au
tre viendrait m’avertir. Julinot et
moi, nous nous tiendrons toute 1a
nuit au fond de la plage, contre le
grand rocher qui 1a barre. Je sur
veillerai moi-même l’entrée de la
villa avec un de mes hommes.
— Je n’osais pas vous le deman
der, mais votre concours m'est très
précieux. Maintenant allons dîner.
Je vous mettrai au courant de ré
que je suis en droit d’attendre de
cette opération, lorsque nous se
rons les pieds à table. Et vous-mê
me en profiterez pour me commu
niquer les renseignements que je
vous al fait demander par Don
Juan sur Landon et tes trois. fem
mes. Prions le Dieu des policière
qu’avec tout cela et un tantinet de
veine nous arrivions à sortir de cet
imbroglio.
CHAPITRE VH
La plage, bordant te Villa dre
Palmiers, s'imprégnait de M calme
serein des nuits provençales, lors
que Ira souliers de Martin et Juti-
not firent geindre faiblement Ire
graviers sucé* par une onde gour
mande.
Au fond, Sainte-Maxime, aous
l'écran sombre des montagnes, ja
lonnait de ara lumières, la route
qui suit jusqu’à Saint-Raphaël,
cette fraction de côte de l'Azurie
Varoise. C'était un de ces soirs
féeriques du Midi, où te nature
semble retenir son souffle, pour ne
réveiller ni les pins endormis dans
la coltine ni le golfe silencieux.
Discret sunlight, la lune éclai
rait mollement ce coin de Provence,
prêt à s’endormir. Cette clarté pa
raissait vouloir décéler tout te
mystère des heures nocturnes, tout
comme, au chevet de l'enfant, te
veilleuse, flottant sur ton bain
d'huile, a te mission de chasser Ira
ténèbres autour du berceau.
(A suivre).
imprtm. spéc. da I’intransigkanx
16. rue du Croissant
E. DELION. Imprimeur
Le gérant : R. DEBRUGES
C1‘ANNEE N* StSlé
21 ' ''
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