Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-08
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32793876w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 octobre 1908 08 octobre 1908
Description : 1908/10/08 (Numéro 10312). 1908/10/08 (Numéro 10312).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
VINGT-mnTTElCS ÂNKEB» «• R* 105V
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JEUDI- 8 OCTOBRE" 1308
ss»
Si oh veut ;
la guerre,
la Turquie
est prête
Usez ces Intéressan
tes déclarations qui
nous sont faites par
un renseigné. •
— Il est très tacite de dire que ta Tur
quie sera battue Mais je v£x.s*défie bien
de le prouver l •
Correct et froid, habillé d’un complet
anglais, l'homme qui me parle n’évoque
en rien l’idée que nous nous faisons,
bien à tort, d’ailleurs, d’un Turc, aux
traits un peu lourds,: à la redingote-lé
vite et au fez pacifique-. Moninterlocü-
t'eiir ’ donné, au > contraire, l’impression
de l’homme actif, ouvert, entraîné,,
sportif, de Thorrinie: véritablement mbr •
deriie. .. / . , ’ ■ i
Il a servi dans Tarmée turque; ' Et ses -
états de service sont^gloriéux. Il'nst au-
jôurd’hyLi en vue parmi les-plus intelli
gents dé ses compatriotes. Et ses paro
les,appuj^éés de: chiffres et dé faits, ne i
sont pas prononcées à la légère. j -■
Comment-pourrais-je. rendre.l'ardente
conviction, la sincérité évidente avec la
quelle il me parle ?
— Vous croirez, me dit-ll, que j’exa-
gèfe, que je m’illusionne. Mais les faits
parlent pour nous. Réfléchissez. On a
bien voulu, en Europe, rendre’justice
aux qualités morales du soldat turc,
mais on dit qu'il est mal commandé.
C’est faux. Nos officiers sont travail
leurs, instruits. Qu'ils sortent de votre
3aint-Gyr, qu’ils viennent de l’Ecole al
lemande de Potsdam, ou - qu’ils aient
'ait leur instruction à notre Saînt-Cyr,
i’Ecolé Pangalti, à Péra, nos chefs sont
mimés du zèle et de la foi patriotiques.
On dit : Mais les armes sont mauvai- i
56S«*
Cet argument ne lient pas debout
Notre artillerie ? Si elle ne marchait
pas,, nous.nous en prendrions à vous. ? -
-S,’ '. ' ; -
Et, comme j’esquisse un geste, mon
interlocuteur continue : : ;
—-Parfaitement, à vous. C’est la Fran
ce qui nous arme. II y a doux ans, —
cela n’â pas été dit, et je le sais, puisque,
j’y étais, — vos Forges du Creusot nous
ont vendu soixante-dix batteries d'artil
lerie, munies' des derniers perfection
nements. Je défie M. Schneider de dé
mentir le fait. Dira-t-on que l’artillerie
française, si justeififent réputée, devient
inférieure dans le simple voyage du
Ureusot à Constantinople ?
Ajoutez à cette fourniture française
arie commande d’égale, importance que
aous avons faite dans le même temps
aux usines Krupp. Cela fait 140 batte
ries à tir rapide dans le meilleur état.
Et notez que le calibre de chacun des
canons, le français et l’allemand, a été
commandé identique. Grâce à cette pré
voyance, les munitions sont interchan
geables. Pas de surprises à craindre
cÔmme dans la guerre russe.
Passons à la cavalerie. Est-elle à né
gliger ? C’est qu’alors il faudrait renier
au cheval arabe sa légendaire, réputa
tion de souplesse et de résistance. Nous
avons, en cavalerie régulière, 75.000
hommes. Mais n’oublifcz pas les Hami-
iiés, qui sont pour nous ce que sont aux
Russes leurs Cosaques,des hommes mer
veilleusement entraînés, des cavaliers
i toute épreuve. Nous en avons cent ré
giments de 600 hommes chacun.
Notre marine' compte '50.000 ma
rins, aguerris par des petites manœu
vres permanentes accomplies d’un bout
de l’année à l’autre dans ces mille pe
tites criques que nos côtes offrent.
•&> •& •&
.On objecte : Mais la mobilisation sera
longue, le gros des troupes viendra de
la Turquie d’Asie. Il faudra des mois.
Là encore, les gens qui parient ne sa-.
vent pas ce qu’ils disent. Le Turc est
pauvre. Le Turc est sobre. 11 n’a pas de
bien. Il faut quarante-huit heures pour '
le mobiliser. Sa fortune tient dans un
paquet de hardes qu’il emporte avec
lui. Au premier signe, il se lève. Tl est
prêt. •
Alors, calculez. Voilà Ismit, port mi
litaire, voilà Scutari, Smyrne, et Médi
ne, tout récemment ouvert. A ces points
de concentration aboutissent les che
mins de fer qui sillonnent tout le pays.
En mobilisation, vous savez qu'une li
gne fournit une moyenne de 70 trains
Eâr jour» Il nous faut huit jours au plus
.pour, concentrer à la frontière le gros de
nos forces. ■*
:. Souvenez-vous dé- la guerre-grecque . :;
à la déclaration, nous avions une divi
sion, une. sôule, en présence de l’enne
mi. ; trois, jours après, trois divisions.
En huit jours, tout était prêt.
; Et tenez, ajouta mon interlocuteur:
en squriant, si vous croyez que j’exa-
gère, consultez un Français, un homme
dont la compétence est indiscutable, le
général Niox, et demandez à ce spécia
liste «e qu’il pense de l’armée turque.
Si nous avons été battus dans la guerre
russo-turque, ç’a été écrasés par le nom
bre.
Mais à Plewna même, où les miens
ont combattu, le soldat russe n’a-t-il
pas été bien, près de succomber devant
nos armes ? Il cédait. On a dû appeler
à l’aide le gros de l’armée roumaine.
Aussi, quand au soir de Plewna, le
prince Charles, aujourd’hui roi Carol
de Roumanie, ému par le magnifique
courage des troupes- turques, demanda
à serrer la main à Osman pacha, qui
s’était battu comme un lion : —- « Je re
fuse, répondit dédaigneusement Osman
pacha.. Nous n’avions qu’un escadron dé
cavalerie, et pourtant, nous. aurions bat-,
•tu les - Russes sans. la. Roumanie", " hier
notre.alliée. Je refuse
; Et vous voudriez,'' me 'dit; eh' con--
clùant mon Ottoman, qui avait peine à
garder ce calme d’apparence due jè. lui
voyais, au^ début: de T’entre tien, vo.us vopr
driez que nous hésitions devant-les sol- :
dats bulgares ! L’Europe nous les dé-;
peint comme des êtres exceptionnels,
comme dès civilisés: Laissez-moi rire î
Mais grattez le Bulgare : vous trouvé-
rez le barbare 1 ■ Souvenez-vous donc de
leurs comitadjis qui, en Macédoine,
coupent le nez et les oreilles aux soldats^
turcs qu’ils rencontrent, violent les fem
mes, les égorgent et-leur arrachent la
peau (sic) comme on ferait d’un lapin I
Non, l’Europe ne sait pas. Elle est mal
renseignée. Certes, nous ne souhaitons
pas la guerre. Mais si elle est nécessai
re, souvenez-vous de ce que je vous ai
dit. Contre la Bulgarie ou contre l’Au
triche, ou contre les deux ensemble, la
Turquie renouvellera les prodiges et les
surprises auxquels le Japon vous fit as
sister dans la guerre récente. Et il sera
trop tard alors pour vous en étonner t
. ... . éfcAfJ TORCY
« Ce qu’on a pris
on le garde »
Ce qui est vraiment admirable, c’est
la simplicité d’âme avec laquelle les di
plomates réclament la convocation d’un
congrès. Le geste d’un chirurgien po
sant un cautère sur une jambe de bois 1 ;
Le mouvement du propriétaire à qui un
apache à volé son argenterie, et qui
s’en irait porter plainte au pape.
Les puissances, que l’Autriche a mi
ses dedans, violant pour son compte,
à leur nez, le traité de Berlin, cher
chent, il est 1 vrai, à sauver leur mise.
Mais nous ne sommes plus en un temps
où rette comédie peut porter. Le res
pect s’en va. Les diplomates, avec leurs
grands airs, n’en font plus accroire à
personne.
Ils veulent un congrès. Soit T On" va
les convoquer à Pétersbourg ou à Pa
ris. Les réunions dureront deux ou trois
mois. Autour des discussions, pour la
plupart oiseuses, le secret sera à peu
près gardé, et pour cause. Ce qui n’em
pêchera pas les journaux de dire là-
dessus beaucoup de bêtises. Et puis
après ?
Après, la Bulgarie demeurera indé
pendante comme devant. Et l’Autri
che gardera la Bosnie et d’Herzégovine,
que pas une des puissances n’osera ve
nir, au congrès, lui disputer.
L’Autriche, d’ailleurs, a pris les de
vants, Elle est vraiment très surpre
nante, cette vieille Autriche, qu’on nous
disait si fatiguée, si moribonde 1 Elle
se montre, au contraire, très allante,
très prenante. S’il faut en croire les cor
respondances de Vienne, «elle refuserait
d’ores et déjà de se rendre au congrès.;
Et ça n’est pas si bête. François-Jo
seph estime que la question est posée
entre l’Autriche et la Turquie seules,
non entre l’Autriche et les puissances.
11 ajoute : « Si la Porte n’est pas con
tente, qu’elle vienne me le dire. »
Au fond, ce vieux prince est îe seul
qui soit logique. Son cambriolage n’est
peut-être pas très honnête. Mais l’ayant
accompli, il refuse de laisser discuter
un fait qu’il tient pour acquis. C’est
une leçon d’énergie, d’audace, de con
fiance en soi, que les chancelleries eu
ropéennes, éplorées, défaillantes, neu
rasthéniques, .auraient bien besoin de
méditer.
LEON BAILJÜ5.
est le Péril ?
La Serbie Constantinople
mobilise manifeste
La Bosnie ;
est calme
A Londres, ■on 1 ..'centânue à être--pessi
miste.
M'. Haldane; 'ministre de la guerre', par
lant hier soir ; ' à Prestonpnns, a constaté
que l'horizon politique de l’Eùropè qui, de
puis longtemps,’ètciit sans nuages, s'était
soudain "assombri. . ..
LA CRÈTE ANNEXÉE A LA GRÈCE ?
On télégraphie de la Canée, 7 octobre
(source anglaise) à l’agence Havas
« Un coup d’Etat proclamant l’union de
la Crète à la Grèce est attendu pour au
jourd’hui: H
On ne sait encore si la Conférence européenne aura Heu
Quelques indications sur lo rôle de l'Allemagne.
Nous publierons demain our la .crise
orientale un intéressant article écrit spé
cialement pour notre journal par
La situation extérieure est toujours in
certaine.
L’annexion de la Bosnie et de. l’Herzêgo-
vina est aujourd’hui un fait accompli.
. Les grandes puissances négocient .en vue
d’une conférence internationale qui se réu
nirait soit à Paris, soit à Saint-Péters
bourg. Mais l'Allemagne se réserve et l'Au
triche est hostile.
En Orient, la Serbie entre en scène. Elle
proteste véhémentement contre l'annexion
à; l’empire austro-hongrois de la Bosnie et
de l’Herzégovine. De violentes manifesta--
•tions. se produisent dans tout le royaume
et T'armée est partiellement mobilisée.
Il y a là 'un péril sérieux pour la paix: , i
. A,.Sofia et à.Constantinople, au contrai
re, oh reste dans la-plus grande réserve, èt
"pour le moment, on ne prévoit pas de com
plications.-. • ..
. LA SERBIE MOBILISE
' Belgrade, 7 octobre: — L'ordre' de mobi
lisation de '35.000 hommes signé Hier par
le-roi iHerre vst Confirmé.-' -
•i L’armée se trouve portée à 70.000 hom
mes. . '
De violentes manifestations se sont pro
duites-; il-est à craindre que le gouverne
ment qui semble débordé ne soit obligé
d’agir.
Hier à eu lieu un grand meeting natio-
'na! ppur protester contre la décision de'
l'Autriche.
Le meeting fut ouvert par le maire de
Belgrade ; vingt-cinq mille personnes y
assistaient. ■ ’
Quatre députés, dont un ancien prési-,
dent de la-Chambre, et un autre ancien ml-.
nistre, y prirent la parole ; le caractère
de. tous les discours fut fort belliqueux.
Une. grande surexcitation règne dans la
population. On entend les cris répétés de :
u Marchons à la Drina au secours de nos -
frères ! Donnez-nous des armes ! »
La population, suivant plusieurs dra»
peaux, parmi lesquels un drapeau turc,
est allée manifester. devant les légations
turque, russe, anglaise, française, ita-,
lienne. '
• Un fort cordon de gendarmerie garda
l’accès de la légation autrichienne.-
Devant lè 'ministère des affaires étràn- -
gères, la population a longuement mani
festé.
LES ENTRETIENS DIPLOMATIQUES
M, Clemenceau, président du Conseil,
après avoir reçu-ce matin'Le ministrê’de-
Grèce à Paris, a longuement conféré avec
M. Pichon, ministre des affaires étran
gères, et sir Francis Bértie, ambassadeur
d’Angleterre à Paris.
De son côté,. M. Piohcn, ministre des"
affaires étrangères, s’est entretenu ce ma
tin des événements de Bulgarie avec sir
Francis Bertie, ambassadeur de Grande-
Bretagne, MM. Gallina, ambassadeur d'I
talie, de. Nelidoff. ambassadeur de Russie,
et Vesnitch, ministre de Serbie!
Le projet d’une conférence internatio
nale subsiste toujours et c’est très proba
blement la Russie qui en prendra l’initia
tive. ■' ' u ■■. :
L’adhésion de toutes les puissances às
cette conférence n’étant pas encore ac
quise, des négociations sont nécessaires
qui, Vraisemblablement, demanderont quel
ques jours avant d’aboutir.
Londres, 7 octobre. — Le bruit avait
courii que la Conférence, relative aux évé
nements de Bulgarie, devait avoir lieu à
Paris. C’est aller un peu vite en-besogne.
Rien n’est fixé encore à cet égard. Les
pourparlers continuent ; tout permet de
croire qu’ils aboutiront.
DANS LA BOSNIE ANNEXÉE
Budapest, 7 octobre, 10 hr -40. — On
mande de Serajevo que la tranquillité
n’est pas troublée. La population reste
calme. >
La troupe reste consignée par mesure de
prudence.
Cependant, dans les milieux qfficiels, on
ne se fait aucune illusion sur les difficul
tés de la situation.
La grande majorité de la population est
serbe et elle est tout entière dévouée à là
Serbie et au roi Pierre. Les mahométans
.se tournent vers la Turquie.
Seule est favorable à l'annexion la mino
rité croate catholique. ■ *
Vienne, 7 octobre. — Dn annonce qu’à
l’occasion de l’annexion' de la Bosnie et
de l’Herzégovine, l’empereur François-Jo
seph va . conférer des titres de noblesse à
de nombreuses personnalités des deux pro
vinces. 1
Une promotion spéciale dans les diffé
rents ordres autro-hongrois aura lieu en-
l’honneur de l'incorporation de la Bosnie
à l’empire. O», parle .notamment d’une dis
tinction toute particulière dont M.-Beck
sera le-bénéficiaire. - . -
CONSTANTINOPLE MANIFESTE j
Constantinople, 7 octobre. X- D’impoh
tantes maniiestatdons patriotiques et. pi-'
oiliq-ues. o'nt eu lieu hier soir,-'.elles se soiit
prolongées cette :»uit.-. dans-.les-'rues dé:
Constantinople. -, •
- • Des mâliiers .de personnes, arborant des 1
drapeaux ottomans, français, anglais et
grecs, ont acclamé la Turquie, la France
et l'Angleterre, et crié : « A bas la Bul
garie !»
Le grand-vizir a été l'objet de démons
trations très sympathiques. Les manifes
tations ont conservé un caractère de loya
lisme.
La décision du gouvernement d’en ap
peler aux puissances est généralement ap
prouvée:
Des télégrammes ont été expédiés au
roi Edouard et à l’ambassade d’Angleter
re . à -ïhéra.p&a, pour. exprimer la profonde
r - gratitude des Ottomans pour l'attitude de
l’Angleterre.en présence de la conduite de
La Bulgarie.
LA PRESSE TURQUE
Constantinople, 7 octobre. — D'après le
Janine, la Porte, outre celui des puissan
ces/ a demandé lavis des Etats balkani
ques.
Le grand-vfrir, répondant à un rédac
teur du Tanine qui lui demandait si l’in
dépendance, de la Bulgarie constituait un
« casus. balM », a déclaré que la Porte ver
ra -quelles décisions seront prises par les
puissances. ,
: Commentant la proclamation de l'hidé-
pendance de la Bulgarie et les bridts d*
l’annexion ; de la Bosnie, Vlkdam. dit que
ces, faits indiquent le commencement 'des
intrigues .de, quelques grandes, puissances
qui'sont partisans de. l’ancien -régime. Ces’
puissances sont l'Autriche et l’Allemagne,
ce seraient elles qui mettraient en avant,
la Bulgarie.
Les Ottomans, dit Vlkdam,devront mon
trer liéur'grandeur en discernant cette po
litique d’witrigues et en ne s’en faisant pas
les victimes.
SOFIA FETE SON TSAR
Sofia, 7 octobre. — Jusqu’à hier soir, au
cune réponse des représentants des Etats
à Sofia, à la notification de la proclama
tion de l’indépendance, n’était parvenue
au. gouvernement.
Le nouveau ts.ar est: attendu à Sofia,
pour dimanche matin, à 10 heures. 11 est
en ce moment à Philippopoli où il passe
en revue les troupes massées à la frontiè
re. ■.
On fait de grands préparatifs dans la
ville en vue d’une réception triomphale.
L’enthousiasme de la population est à
son comble, mais aucun incident n’est à
signaler pour l’instant, un ordre parfait
règne partout. -
LES POINTS NOIRS
L’Allemagne aurait été l’instigatrice de
l’annexion de la Bosnie et de rHerzégovi-
ne."
: A Vienne, en effet, dans les milieux bien
imfo-rmés, on dit que la première idée du
fait aujourd’hui accompli fut lancé, par.
i’empereur Guillaume, au cours de la vi
site faite le 7 mai dernier à l’empereur
François-Joseph à l’occasion de son jubilé.
D’autre part, on affirme que l’Italie était
au courant de ce. qui .devait se passer' et
qu’elle a .obtenu, de son côté, d’impbrtan-'
tes compensations. ■ ^
SS C’ÉTAIT LA GUERRE!
mm*
Les Effectifs et les Armements , ,
des Etats intéressés
^ par le Conflit Balkanique
••cm.
En premisr lien
HOMMES '
CANONS x
FLOTTE .
T u rqu i o •'•*•«% * «•'« •
1.677.000
1.300
69 bâtimenfe
BUlgâfiO «trjTi’i •muni •
190.451
1.080
1 croiseur
Serbie
353.122
420
- »
Grèce
191.000
198
11 bâtiments
Roumanie ■«■♦■«•aït i
300.000
' 1.096
31 bâtiments
Monténégro «t» v r «Y«v*•«
37.200
148
»
Autriche-Hongrie ..nm-.
1.823.000
2.920
132 bâtiments
En second lieu (?)
Russie * • tt»<» i • • • • • * i® i
3.616.000
3.828
377 bâtiments
Angleterre t«* «tt« • •
796.000
1.618
488 bâtiments
AllOItlêlgtlO rïTmWi ■ nt • • •
3.950.000
6.238
274 bâtiments
France ...tt.tti
0,350.C00
6.000
450 bâtiments
Emile Flourens
Ancien ministre des Affaires,;Etrangères
et la chronique hebdomadaire de notre
collaborateur
Marcel Boulanger
LE ROMAN VECU
Leserptieiille
Déraciné. —' Heures d'ennui. — Là rén-
' contre, -r- A mon chienchicn J f-. Le ,
vitriol."'
; -. 7. i .
Cultivateur, dans un petit village de
l’Aude, Baptiste- Ferrie r aidait son père
aux durs travaux des champs, lorsqu’il lüi
fallut' partir au service.
Grand, brun, robuste, l’œil vif, la phy
sionomie martialement barrée d’-une mous
tache militaire, il ne pouvait faire qu’un
cuirassier. Nature simple, il se plia! faci
lement aux exigénees de la discipliné et
conquit vite son premier grade. Quand il
quitta la caserne, il avait, sur la manche,
le V d’argent du marehef.—
Retour au pays, il reprit la charrue, en
attendant mieux. Gar, depuis son séjour
au régiment, • la campagne lui semblait
morne ; la ville l’attirait. Sa belle taille,
ses galons, ses habitudes, dépassaient
maintenant l’horizon étroit de son village.
Quelle situation, parmi celles d’ordinaire
offertes aux sous-officiers lui pouvait ser
vir de cadre, à la vie plus ; active et plus
noble qu’il rêvait ? 11 fit une demande poux
devenir gardien de la : paix.
"u - • " : ~
Nouvelle existence, pleine de. corvées
sans doute et de-traças.; Mais on n’ést pas'
tout le temps pris. U ÿ a des heures de ré
pit, des jours de repos. Ferrier'est à Paris,'
en plein cœur de la Ville, rue Drouot. On
peut dire qu!il a été gâté ! Quand il est de'
service, .clest .d’ordinaire sur les. boule
vards. .fi n’a pas de temps de s’ennuyer.-
Quand il est de' repos, il court 'poser sa
tunique, chez lui, 13 bis, avenue du Père-
Lachaise et,, se mêlant à la foule, des tra
vailleurs affairés, il s’amuse aiï-x mille
distractions de la rue, ouvrière et popu
leuse. Cela le change du luxe et du confort
des boulevards. •
.Tout de même, il s’ennuie. La vie soit
taire lui pèse. Une femme emplira son
logis vide. Celle-ci : une petite ouvrière,
confectionneuse, une payse par dessus le
marché. Om a beau secouer ses racines, il
y reste toujours un peu de terre natale :
Anna Vibrousse, 18 ans, courte, - brune,
menue, « tu sais bien, la petite ferme de
i’autre côté du vallon, quand tu te fendais
à la ville, c’est là que je demeurais. — Ah !
oui, oui, je mè rappelle. »
Et les voilà pris, mariés, heureux.
III
Cinq ans de bonheur, du vrai. -Puis,
avril, le printemps, l’occasion, la rencon
tre. Pourquoi faut-il qu’il s’arrête, à boire,
rue d’Hauteville. C’est qu’il fait chaud
pciir la saison ; c’est qu’il a soif ; c’est
que, pour désunir le ménage et briser leur
bonheur, une belle femme, grande, forte,
blonde, juste l’opposé de sa femme, vrai
ment trop petite, insignifiante et qui lui ar
rive aux- épaules ! — Quelle idée de s’être
amourachée dé ce nabot l une belle limo
nadière, trône derrière le comptoir,, agréa
ble et souriante !... Ça marche. Ça marche
même très bien, très vite. Huit jours plus
tard — Dieu ! qu’il a eu chaud et soif ces
huit jours-là ! — sergent de ville et limo
nadière, c’est le doigt du marehef et le
gant d’ordonnance, le coupe-choux et le
fourreau ! Voilà au moins une/créature as
sortie ! « Tu iië trouves pas, Anna, que
Mme Berthe a des manières distinguées ? »
Mme Berthe ? Eh ! oui, la femme de Ber
nard, le. 251 du 20° ! Le bandit ! Il a poussé
l'impudence jusqu’à mener, sous ce pré
texte, sa. maîtresse chez sa femme ! Oui.
Mais Anna n’ést pas aveugle. Et puis, les
coups de poing — car il est devenu maus
sade et brutal — les. coups dè poing qui
font voir trente-six chandelles, éclairent,
dévoilent le manège, font sortir de l’ombre
lès manigances.
Au reste, c’est un maladroit. Il laisse
traîner des photographies : « A mon gros
loup •! » et des lettres : « A son chien-
chien ! » Un soir, il la met dehors. Quinze.
jours'dé larmes, de rancœur, de traîne. .
Elle en a assez? Elle va se venger. Elle
se souvient du vitriol - qui, jadis, servait à
nettoyer les tonneaux de leur cave. Elle
piend une bouteille, guette son mari, et,
hier soir, au moment où il va s’attabler
avec l’enjôleuse, dans l’arrière-salle du
bar, elle lui jette en plein visage lq vitriol.
Il est atteint, atrocement. Mais, mala
droitement, elle en a sa part. Et tandis
qu'on l’emporté, lui., dans une pharmacie,
puis à l’hôpital, elle, Aveuglée, folle de
rage et de douleur, va se jeter dans le pre
mier agent venu, sur le trottoir.
k pierre Larue.
La Lorraine
se souvient,
ï’ÀIsace
n’oublie pas
Ecoutez ce que dit un
7 Français qui a vu, à
Metz, le drapeau tri-
colore acclamé.
Dans Hetz où les. officiels allemands 1
traînent leurs . sabres, faisant sonner
sur le pavé leurs éperons bruyants, dana
Metz où vingt .mille soldats prussiens,
bavarois, badois et vingt mille Ger
mains immigrés contiennent par le sa
bre et par la loi quarante mille Lor*
ràins, dans Metz depuis, trente-huit.anj
prisonnière le cri de,: Vive la France 1
a été poussé'dimanche^ et d’innombra
bles àÇçlâmatiohs ont .salué; oé t cri ;
c’est là un événement considérable ; il
.doit être-fortement souligné. " :
On-nous ' disait. « Ils oublient ; ils 1
ont oublié ; ils ne. se -souviennent plus
‘de rien ; ils s’expriment en allemand :
ils sont heureux de leur sort ;.ils de-
mandè.iit. à entrer dâns .ïè. concert deî
provinces, .fédéré^, de- T'Empire Allé-.,
mànd ; ils sont ralliés ; que voulez-
vous ! Depuis, trente-huit, années, tant
d’eau passa sous les ponts de la Mo
selle..»-»'
Oui, depuis trente-huit années, beau
coup d’eau passa’ sous 1-es ponts de la
Moselle, niais c’était de l'eau qui venait
de Fran'ce ; et elle murmurait aux oreil
les des Lorrains annexés de si douces
chansons, cette eau française, que le
souvenir français est demeuré là-bas
aussi vivace qu’au premier jour...
O l’émotion ressentie par ceux qui vi
rent les Lorrains, jeunes et vieux, bai
ser de leurs lèvres le drapeau tricolore!
Il y avait des jeunes femmes qui le
vaient leurs enfants jusqu'aux plis du
drapeau : « Embrasse, disaient-elles ;
embrasse la France !... » Et les enfants
embrassaient l’étoffe sacrée.
• A la cathédrale, au temple protestant,
à la synagogue, ce fut autour du dra
peau bleu blanc rouge une ruée-de gens
qui voulaient baiser, ou toucher les ma
giques couleurs. Jamais on ne vit au
tour de saintes .reliques pareil empresse
ment ; il semblait que les Lorrains eus
sent .la pensée que ■ s’ils touchaient le
drapeau de la France, cela leu* porte
rait bonheur t
-
Et à Noisseviîle !
Là-bas, sur ce champ dans lequel re
posent près de quatre mille soldats fran
çais, autour du monument qui commé
more nos désastres, mais aussi les hé*
roïsmes de ceux qui sauvèrent l’hon
neur, plus de cent mille Lorrains
'étaient accourus ! : Tous parlaient en
français t Oui, tous, vieux et jeunes
malgré les maîtres d’école allemands,
malgré la caserne allemande, malgré
les nécessités de la vie qui font que les
Lorrains doivent, pour gagner leur
pain, faire commerce av-ec les ’ Alle
mands, tous s’exprimaient en français!..-
Et tous pleuraient ! Et tous acclamaient
les drapeaux tricolores ; et tous lan
çaient des bravos aux orateurs qui pro
nonçaient leur discours en français. Il
y eut un discours en allemand, celui du
préfet de la Lorraine ; ce fut la pierre
de touche ; il ne recueillit pas un ap
plaudissement !... .
Il fallut que le préfet de la Lorraine'
traduisît son discours en français pour
que quelques marques d’approbation se
fissent entendre...
Ce monument, les Lorrains ont failli
l'élever en France ; l’empereur alle
mand s’étant fait, montrer la maquette,
demanda la suppression du drapeau
français ; le Comité répondit •: « C’est
bien, nous inaugurerons ce monument
à la frontière, sur la terre de France ! »
7 Devant cette déclaration, et à l’idée de
cent mille Lorrains allant en France
inaugurer un monument à leurs morts,
l’empereur céda.
Les Lorrains voulaient exécuter Ta
Marseillaise , à Noisseviîle ; l’empereur
donna l’autorisation, à la condition
qu’on jouât aussi l’hymne allemand :
« Alors, n'en parlons plus », firent Tes
membres du Comité.
Simples et fortes paroles qui mon
trent que le Lorrain est demeuré Fran
çais... *
Dans la nie Serpenoise, qui port®
■ maintenant’un nom allemand, mais que
tous les Lorrains persistent à appeler
Serpenoise, ce fut une manifestation
formidable, quand passa la musique d®
Pont-à-Mousson, drapeau tricolore en
tête ! Les musiciens jouaient la Marche
Lorraine ; dix mille personnes sui
vaient, criant : « Vive la, France ! » Et
aux fenêtres, tout le monde applaudis
sait !
Les agents de police, casque en tâte,
considéraient-, impassibles, cet émou
vant spectacle. ■
Après trente-hiiit an3, voilà ce qui
CUQ'CamnBKBS
C1SEQ CEBmSWSS 1
JEUDI- 8 OCTOBRE" 1308
ss»
Si oh veut ;
la guerre,
la Turquie
est prête
Usez ces Intéressan
tes déclarations qui
nous sont faites par
un renseigné. •
— Il est très tacite de dire que ta Tur
quie sera battue Mais je v£x.s*défie bien
de le prouver l •
Correct et froid, habillé d’un complet
anglais, l'homme qui me parle n’évoque
en rien l’idée que nous nous faisons,
bien à tort, d’ailleurs, d’un Turc, aux
traits un peu lourds,: à la redingote-lé
vite et au fez pacifique-. Moninterlocü-
t'eiir ’ donné, au > contraire, l’impression
de l’homme actif, ouvert, entraîné,,
sportif, de Thorrinie: véritablement mbr •
deriie. .. / . , ’ ■ i
Il a servi dans Tarmée turque; ' Et ses -
états de service sont^gloriéux. Il'nst au-
jôurd’hyLi en vue parmi les-plus intelli
gents dé ses compatriotes. Et ses paro
les,appuj^éés de: chiffres et dé faits, ne i
sont pas prononcées à la légère. j -■
Comment-pourrais-je. rendre.l'ardente
conviction, la sincérité évidente avec la
quelle il me parle ?
— Vous croirez, me dit-ll, que j’exa-
gèfe, que je m’illusionne. Mais les faits
parlent pour nous. Réfléchissez. On a
bien voulu, en Europe, rendre’justice
aux qualités morales du soldat turc,
mais on dit qu'il est mal commandé.
C’est faux. Nos officiers sont travail
leurs, instruits. Qu'ils sortent de votre
3aint-Gyr, qu’ils viennent de l’Ecole al
lemande de Potsdam, ou - qu’ils aient
'ait leur instruction à notre Saînt-Cyr,
i’Ecolé Pangalti, à Péra, nos chefs sont
mimés du zèle et de la foi patriotiques.
On dit : Mais les armes sont mauvai- i
56S«*
Cet argument ne lient pas debout
Notre artillerie ? Si elle ne marchait
pas,, nous.nous en prendrions à vous. ? -
-S,’ '. ' ; -
Et, comme j’esquisse un geste, mon
interlocuteur continue : : ;
—-Parfaitement, à vous. C’est la Fran
ce qui nous arme. II y a doux ans, —
cela n’â pas été dit, et je le sais, puisque,
j’y étais, — vos Forges du Creusot nous
ont vendu soixante-dix batteries d'artil
lerie, munies' des derniers perfection
nements. Je défie M. Schneider de dé
mentir le fait. Dira-t-on que l’artillerie
française, si justeififent réputée, devient
inférieure dans le simple voyage du
Ureusot à Constantinople ?
Ajoutez à cette fourniture française
arie commande d’égale, importance que
aous avons faite dans le même temps
aux usines Krupp. Cela fait 140 batte
ries à tir rapide dans le meilleur état.
Et notez que le calibre de chacun des
canons, le français et l’allemand, a été
commandé identique. Grâce à cette pré
voyance, les munitions sont interchan
geables. Pas de surprises à craindre
cÔmme dans la guerre russe.
Passons à la cavalerie. Est-elle à né
gliger ? C’est qu’alors il faudrait renier
au cheval arabe sa légendaire, réputa
tion de souplesse et de résistance. Nous
avons, en cavalerie régulière, 75.000
hommes. Mais n’oublifcz pas les Hami-
iiés, qui sont pour nous ce que sont aux
Russes leurs Cosaques,des hommes mer
veilleusement entraînés, des cavaliers
i toute épreuve. Nous en avons cent ré
giments de 600 hommes chacun.
Notre marine' compte '50.000 ma
rins, aguerris par des petites manœu
vres permanentes accomplies d’un bout
de l’année à l’autre dans ces mille pe
tites criques que nos côtes offrent.
•&> •& •&
.On objecte : Mais la mobilisation sera
longue, le gros des troupes viendra de
la Turquie d’Asie. Il faudra des mois.
Là encore, les gens qui parient ne sa-.
vent pas ce qu’ils disent. Le Turc est
pauvre. Le Turc est sobre. 11 n’a pas de
bien. Il faut quarante-huit heures pour '
le mobiliser. Sa fortune tient dans un
paquet de hardes qu’il emporte avec
lui. Au premier signe, il se lève. Tl est
prêt. •
Alors, calculez. Voilà Ismit, port mi
litaire, voilà Scutari, Smyrne, et Médi
ne, tout récemment ouvert. A ces points
de concentration aboutissent les che
mins de fer qui sillonnent tout le pays.
En mobilisation, vous savez qu'une li
gne fournit une moyenne de 70 trains
Eâr jour» Il nous faut huit jours au plus
.pour, concentrer à la frontière le gros de
nos forces. ■*
:. Souvenez-vous dé- la guerre-grecque . :;
à la déclaration, nous avions une divi
sion, une. sôule, en présence de l’enne
mi. ; trois, jours après, trois divisions.
En huit jours, tout était prêt.
; Et tenez, ajouta mon interlocuteur:
en squriant, si vous croyez que j’exa-
gère, consultez un Français, un homme
dont la compétence est indiscutable, le
général Niox, et demandez à ce spécia
liste «e qu’il pense de l’armée turque.
Si nous avons été battus dans la guerre
russo-turque, ç’a été écrasés par le nom
bre.
Mais à Plewna même, où les miens
ont combattu, le soldat russe n’a-t-il
pas été bien, près de succomber devant
nos armes ? Il cédait. On a dû appeler
à l’aide le gros de l’armée roumaine.
Aussi, quand au soir de Plewna, le
prince Charles, aujourd’hui roi Carol
de Roumanie, ému par le magnifique
courage des troupes- turques, demanda
à serrer la main à Osman pacha, qui
s’était battu comme un lion : —- « Je re
fuse, répondit dédaigneusement Osman
pacha.. Nous n’avions qu’un escadron dé
cavalerie, et pourtant, nous. aurions bat-,
•tu les - Russes sans. la. Roumanie", " hier
notre.alliée. Je refuse
; Et vous voudriez,'' me 'dit; eh' con--
clùant mon Ottoman, qui avait peine à
garder ce calme d’apparence due jè. lui
voyais, au^ début: de T’entre tien, vo.us vopr
driez que nous hésitions devant-les sol- :
dats bulgares ! L’Europe nous les dé-;
peint comme des êtres exceptionnels,
comme dès civilisés: Laissez-moi rire î
Mais grattez le Bulgare : vous trouvé-
rez le barbare 1 ■ Souvenez-vous donc de
leurs comitadjis qui, en Macédoine,
coupent le nez et les oreilles aux soldats^
turcs qu’ils rencontrent, violent les fem
mes, les égorgent et-leur arrachent la
peau (sic) comme on ferait d’un lapin I
Non, l’Europe ne sait pas. Elle est mal
renseignée. Certes, nous ne souhaitons
pas la guerre. Mais si elle est nécessai
re, souvenez-vous de ce que je vous ai
dit. Contre la Bulgarie ou contre l’Au
triche, ou contre les deux ensemble, la
Turquie renouvellera les prodiges et les
surprises auxquels le Japon vous fit as
sister dans la guerre récente. Et il sera
trop tard alors pour vous en étonner t
. ... . éfcAfJ TORCY
« Ce qu’on a pris
on le garde »
Ce qui est vraiment admirable, c’est
la simplicité d’âme avec laquelle les di
plomates réclament la convocation d’un
congrès. Le geste d’un chirurgien po
sant un cautère sur une jambe de bois 1 ;
Le mouvement du propriétaire à qui un
apache à volé son argenterie, et qui
s’en irait porter plainte au pape.
Les puissances, que l’Autriche a mi
ses dedans, violant pour son compte,
à leur nez, le traité de Berlin, cher
chent, il est 1 vrai, à sauver leur mise.
Mais nous ne sommes plus en un temps
où rette comédie peut porter. Le res
pect s’en va. Les diplomates, avec leurs
grands airs, n’en font plus accroire à
personne.
Ils veulent un congrès. Soit T On" va
les convoquer à Pétersbourg ou à Pa
ris. Les réunions dureront deux ou trois
mois. Autour des discussions, pour la
plupart oiseuses, le secret sera à peu
près gardé, et pour cause. Ce qui n’em
pêchera pas les journaux de dire là-
dessus beaucoup de bêtises. Et puis
après ?
Après, la Bulgarie demeurera indé
pendante comme devant. Et l’Autri
che gardera la Bosnie et d’Herzégovine,
que pas une des puissances n’osera ve
nir, au congrès, lui disputer.
L’Autriche, d’ailleurs, a pris les de
vants, Elle est vraiment très surpre
nante, cette vieille Autriche, qu’on nous
disait si fatiguée, si moribonde 1 Elle
se montre, au contraire, très allante,
très prenante. S’il faut en croire les cor
respondances de Vienne, «elle refuserait
d’ores et déjà de se rendre au congrès.;
Et ça n’est pas si bête. François-Jo
seph estime que la question est posée
entre l’Autriche et la Turquie seules,
non entre l’Autriche et les puissances.
11 ajoute : « Si la Porte n’est pas con
tente, qu’elle vienne me le dire. »
Au fond, ce vieux prince est îe seul
qui soit logique. Son cambriolage n’est
peut-être pas très honnête. Mais l’ayant
accompli, il refuse de laisser discuter
un fait qu’il tient pour acquis. C’est
une leçon d’énergie, d’audace, de con
fiance en soi, que les chancelleries eu
ropéennes, éplorées, défaillantes, neu
rasthéniques, .auraient bien besoin de
méditer.
LEON BAILJÜ5.
est le Péril ?
La Serbie Constantinople
mobilise manifeste
La Bosnie ;
est calme
A Londres, ■on 1 ..'centânue à être--pessi
miste.
M'. Haldane; 'ministre de la guerre', par
lant hier soir ; ' à Prestonpnns, a constaté
que l'horizon politique de l’Eùropè qui, de
puis longtemps,’ètciit sans nuages, s'était
soudain "assombri. . ..
LA CRÈTE ANNEXÉE A LA GRÈCE ?
On télégraphie de la Canée, 7 octobre
(source anglaise) à l’agence Havas
« Un coup d’Etat proclamant l’union de
la Crète à la Grèce est attendu pour au
jourd’hui: H
On ne sait encore si la Conférence européenne aura Heu
Quelques indications sur lo rôle de l'Allemagne.
Nous publierons demain our la .crise
orientale un intéressant article écrit spé
cialement pour notre journal par
La situation extérieure est toujours in
certaine.
L’annexion de la Bosnie et de. l’Herzêgo-
vina est aujourd’hui un fait accompli.
. Les grandes puissances négocient .en vue
d’une conférence internationale qui se réu
nirait soit à Paris, soit à Saint-Péters
bourg. Mais l'Allemagne se réserve et l'Au
triche est hostile.
En Orient, la Serbie entre en scène. Elle
proteste véhémentement contre l'annexion
à; l’empire austro-hongrois de la Bosnie et
de l’Herzégovine. De violentes manifesta--
•tions. se produisent dans tout le royaume
et T'armée est partiellement mobilisée.
Il y a là 'un péril sérieux pour la paix: , i
. A,.Sofia et à.Constantinople, au contrai
re, oh reste dans la-plus grande réserve, èt
"pour le moment, on ne prévoit pas de com
plications.-. • ..
. LA SERBIE MOBILISE
' Belgrade, 7 octobre: — L'ordre' de mobi
lisation de '35.000 hommes signé Hier par
le-roi iHerre vst Confirmé.-' -
•i L’armée se trouve portée à 70.000 hom
mes. . '
De violentes manifestations se sont pro
duites-; il-est à craindre que le gouverne
ment qui semble débordé ne soit obligé
d’agir.
Hier à eu lieu un grand meeting natio-
'na! ppur protester contre la décision de'
l'Autriche.
Le meeting fut ouvert par le maire de
Belgrade ; vingt-cinq mille personnes y
assistaient. ■ ’
Quatre députés, dont un ancien prési-,
dent de la-Chambre, et un autre ancien ml-.
nistre, y prirent la parole ; le caractère
de. tous les discours fut fort belliqueux.
Une. grande surexcitation règne dans la
population. On entend les cris répétés de :
u Marchons à la Drina au secours de nos -
frères ! Donnez-nous des armes ! »
La population, suivant plusieurs dra»
peaux, parmi lesquels un drapeau turc,
est allée manifester. devant les légations
turque, russe, anglaise, française, ita-,
lienne. '
• Un fort cordon de gendarmerie garda
l’accès de la légation autrichienne.-
Devant lè 'ministère des affaires étràn- -
gères, la population a longuement mani
festé.
LES ENTRETIENS DIPLOMATIQUES
M, Clemenceau, président du Conseil,
après avoir reçu-ce matin'Le ministrê’de-
Grèce à Paris, a longuement conféré avec
M. Pichon, ministre des affaires étran
gères, et sir Francis Bértie, ambassadeur
d’Angleterre à Paris.
De son côté,. M. Piohcn, ministre des"
affaires étrangères, s’est entretenu ce ma
tin des événements de Bulgarie avec sir
Francis Bertie, ambassadeur de Grande-
Bretagne, MM. Gallina, ambassadeur d'I
talie, de. Nelidoff. ambassadeur de Russie,
et Vesnitch, ministre de Serbie!
Le projet d’une conférence internatio
nale subsiste toujours et c’est très proba
blement la Russie qui en prendra l’initia
tive. ■' ' u ■■. :
L’adhésion de toutes les puissances às
cette conférence n’étant pas encore ac
quise, des négociations sont nécessaires
qui, Vraisemblablement, demanderont quel
ques jours avant d’aboutir.
Londres, 7 octobre. — Le bruit avait
courii que la Conférence, relative aux évé
nements de Bulgarie, devait avoir lieu à
Paris. C’est aller un peu vite en-besogne.
Rien n’est fixé encore à cet égard. Les
pourparlers continuent ; tout permet de
croire qu’ils aboutiront.
DANS LA BOSNIE ANNEXÉE
Budapest, 7 octobre, 10 hr -40. — On
mande de Serajevo que la tranquillité
n’est pas troublée. La population reste
calme. >
La troupe reste consignée par mesure de
prudence.
Cependant, dans les milieux qfficiels, on
ne se fait aucune illusion sur les difficul
tés de la situation.
La grande majorité de la population est
serbe et elle est tout entière dévouée à là
Serbie et au roi Pierre. Les mahométans
.se tournent vers la Turquie.
Seule est favorable à l'annexion la mino
rité croate catholique. ■ *
Vienne, 7 octobre. — Dn annonce qu’à
l’occasion de l’annexion' de la Bosnie et
de l’Herzégovine, l’empereur François-Jo
seph va . conférer des titres de noblesse à
de nombreuses personnalités des deux pro
vinces. 1
Une promotion spéciale dans les diffé
rents ordres autro-hongrois aura lieu en-
l’honneur de l'incorporation de la Bosnie
à l’empire. O», parle .notamment d’une dis
tinction toute particulière dont M.-Beck
sera le-bénéficiaire. - . -
CONSTANTINOPLE MANIFESTE j
Constantinople, 7 octobre. X- D’impoh
tantes maniiestatdons patriotiques et. pi-'
oiliq-ues. o'nt eu lieu hier soir,-'.elles se soiit
prolongées cette :»uit.-. dans-.les-'rues dé:
Constantinople. -, •
- • Des mâliiers .de personnes, arborant des 1
drapeaux ottomans, français, anglais et
grecs, ont acclamé la Turquie, la France
et l'Angleterre, et crié : « A bas la Bul
garie !»
Le grand-vizir a été l'objet de démons
trations très sympathiques. Les manifes
tations ont conservé un caractère de loya
lisme.
La décision du gouvernement d’en ap
peler aux puissances est généralement ap
prouvée:
Des télégrammes ont été expédiés au
roi Edouard et à l’ambassade d’Angleter
re . à -ïhéra.p&a, pour. exprimer la profonde
r - gratitude des Ottomans pour l'attitude de
l’Angleterre.en présence de la conduite de
La Bulgarie.
LA PRESSE TURQUE
Constantinople, 7 octobre. — D'après le
Janine, la Porte, outre celui des puissan
ces/ a demandé lavis des Etats balkani
ques.
Le grand-vfrir, répondant à un rédac
teur du Tanine qui lui demandait si l’in
dépendance, de la Bulgarie constituait un
« casus. balM », a déclaré que la Porte ver
ra -quelles décisions seront prises par les
puissances. ,
: Commentant la proclamation de l'hidé-
pendance de la Bulgarie et les bridts d*
l’annexion ; de la Bosnie, Vlkdam. dit que
ces, faits indiquent le commencement 'des
intrigues .de, quelques grandes, puissances
qui'sont partisans de. l’ancien -régime. Ces’
puissances sont l'Autriche et l’Allemagne,
ce seraient elles qui mettraient en avant,
la Bulgarie.
Les Ottomans, dit Vlkdam,devront mon
trer liéur'grandeur en discernant cette po
litique d’witrigues et en ne s’en faisant pas
les victimes.
SOFIA FETE SON TSAR
Sofia, 7 octobre. — Jusqu’à hier soir, au
cune réponse des représentants des Etats
à Sofia, à la notification de la proclama
tion de l’indépendance, n’était parvenue
au. gouvernement.
Le nouveau ts.ar est: attendu à Sofia,
pour dimanche matin, à 10 heures. 11 est
en ce moment à Philippopoli où il passe
en revue les troupes massées à la frontiè
re. ■.
On fait de grands préparatifs dans la
ville en vue d’une réception triomphale.
L’enthousiasme de la population est à
son comble, mais aucun incident n’est à
signaler pour l’instant, un ordre parfait
règne partout. -
LES POINTS NOIRS
L’Allemagne aurait été l’instigatrice de
l’annexion de la Bosnie et de rHerzégovi-
ne."
: A Vienne, en effet, dans les milieux bien
imfo-rmés, on dit que la première idée du
fait aujourd’hui accompli fut lancé, par.
i’empereur Guillaume, au cours de la vi
site faite le 7 mai dernier à l’empereur
François-Joseph à l’occasion de son jubilé.
D’autre part, on affirme que l’Italie était
au courant de ce. qui .devait se passer' et
qu’elle a .obtenu, de son côté, d’impbrtan-'
tes compensations. ■ ^
SS C’ÉTAIT LA GUERRE!
mm*
Les Effectifs et les Armements , ,
des Etats intéressés
^ par le Conflit Balkanique
••cm.
En premisr lien
HOMMES '
CANONS x
FLOTTE .
T u rqu i o •'•*•«% * «•'« •
1.677.000
1.300
69 bâtimenfe
BUlgâfiO «trjTi’i •muni •
190.451
1.080
1 croiseur
Serbie
353.122
420
- »
Grèce
191.000
198
11 bâtiments
Roumanie ■«■♦■«•aït i
300.000
' 1.096
31 bâtiments
Monténégro «t» v r «Y«v*•«
37.200
148
»
Autriche-Hongrie ..nm-.
1.823.000
2.920
132 bâtiments
En second lieu (?)
Russie * • tt»<» i • • • • • * i® i
3.616.000
3.828
377 bâtiments
Angleterre t«* «tt« • •
796.000
1.618
488 bâtiments
AllOItlêlgtlO rïTmWi ■ nt • • •
3.950.000
6.238
274 bâtiments
France ...tt.tti
0,350.C00
6.000
450 bâtiments
Emile Flourens
Ancien ministre des Affaires,;Etrangères
et la chronique hebdomadaire de notre
collaborateur
Marcel Boulanger
LE ROMAN VECU
Leserptieiille
Déraciné. —' Heures d'ennui. — Là rén-
' contre, -r- A mon chienchicn J f-. Le ,
vitriol."'
; -. 7. i .
Cultivateur, dans un petit village de
l’Aude, Baptiste- Ferrie r aidait son père
aux durs travaux des champs, lorsqu’il lüi
fallut' partir au service.
Grand, brun, robuste, l’œil vif, la phy
sionomie martialement barrée d’-une mous
tache militaire, il ne pouvait faire qu’un
cuirassier. Nature simple, il se plia! faci
lement aux exigénees de la discipliné et
conquit vite son premier grade. Quand il
quitta la caserne, il avait, sur la manche,
le V d’argent du marehef.—
Retour au pays, il reprit la charrue, en
attendant mieux. Gar, depuis son séjour
au régiment, • la campagne lui semblait
morne ; la ville l’attirait. Sa belle taille,
ses galons, ses habitudes, dépassaient
maintenant l’horizon étroit de son village.
Quelle situation, parmi celles d’ordinaire
offertes aux sous-officiers lui pouvait ser
vir de cadre, à la vie plus ; active et plus
noble qu’il rêvait ? 11 fit une demande poux
devenir gardien de la : paix.
"u - • " : ~
Nouvelle existence, pleine de. corvées
sans doute et de-traças.; Mais on n’ést pas'
tout le temps pris. U ÿ a des heures de ré
pit, des jours de repos. Ferrier'est à Paris,'
en plein cœur de la Ville, rue Drouot. On
peut dire qu!il a été gâté ! Quand il est de'
service, .clest .d’ordinaire sur les. boule
vards. .fi n’a pas de temps de s’ennuyer.-
Quand il est de' repos, il court 'poser sa
tunique, chez lui, 13 bis, avenue du Père-
Lachaise et,, se mêlant à la foule, des tra
vailleurs affairés, il s’amuse aiï-x mille
distractions de la rue, ouvrière et popu
leuse. Cela le change du luxe et du confort
des boulevards. •
.Tout de même, il s’ennuie. La vie soit
taire lui pèse. Une femme emplira son
logis vide. Celle-ci : une petite ouvrière,
confectionneuse, une payse par dessus le
marché. Om a beau secouer ses racines, il
y reste toujours un peu de terre natale :
Anna Vibrousse, 18 ans, courte, - brune,
menue, « tu sais bien, la petite ferme de
i’autre côté du vallon, quand tu te fendais
à la ville, c’est là que je demeurais. — Ah !
oui, oui, je mè rappelle. »
Et les voilà pris, mariés, heureux.
III
Cinq ans de bonheur, du vrai. -Puis,
avril, le printemps, l’occasion, la rencon
tre. Pourquoi faut-il qu’il s’arrête, à boire,
rue d’Hauteville. C’est qu’il fait chaud
pciir la saison ; c’est qu’il a soif ; c’est
que, pour désunir le ménage et briser leur
bonheur, une belle femme, grande, forte,
blonde, juste l’opposé de sa femme, vrai
ment trop petite, insignifiante et qui lui ar
rive aux- épaules ! — Quelle idée de s’être
amourachée dé ce nabot l une belle limo
nadière, trône derrière le comptoir,, agréa
ble et souriante !... Ça marche. Ça marche
même très bien, très vite. Huit jours plus
tard — Dieu ! qu’il a eu chaud et soif ces
huit jours-là ! — sergent de ville et limo
nadière, c’est le doigt du marehef et le
gant d’ordonnance, le coupe-choux et le
fourreau ! Voilà au moins une/créature as
sortie ! « Tu iië trouves pas, Anna, que
Mme Berthe a des manières distinguées ? »
Mme Berthe ? Eh ! oui, la femme de Ber
nard, le. 251 du 20° ! Le bandit ! Il a poussé
l'impudence jusqu’à mener, sous ce pré
texte, sa. maîtresse chez sa femme ! Oui.
Mais Anna n’ést pas aveugle. Et puis, les
coups de poing — car il est devenu maus
sade et brutal — les. coups dè poing qui
font voir trente-six chandelles, éclairent,
dévoilent le manège, font sortir de l’ombre
lès manigances.
Au reste, c’est un maladroit. Il laisse
traîner des photographies : « A mon gros
loup •! » et des lettres : « A son chien-
chien ! » Un soir, il la met dehors. Quinze.
jours'dé larmes, de rancœur, de traîne. .
Elle en a assez? Elle va se venger. Elle
se souvient du vitriol - qui, jadis, servait à
nettoyer les tonneaux de leur cave. Elle
piend une bouteille, guette son mari, et,
hier soir, au moment où il va s’attabler
avec l’enjôleuse, dans l’arrière-salle du
bar, elle lui jette en plein visage lq vitriol.
Il est atteint, atrocement. Mais, mala
droitement, elle en a sa part. Et tandis
qu'on l’emporté, lui., dans une pharmacie,
puis à l’hôpital, elle, Aveuglée, folle de
rage et de douleur, va se jeter dans le pre
mier agent venu, sur le trottoir.
k pierre Larue.
La Lorraine
se souvient,
ï’ÀIsace
n’oublie pas
Ecoutez ce que dit un
7 Français qui a vu, à
Metz, le drapeau tri-
colore acclamé.
Dans Hetz où les. officiels allemands 1
traînent leurs . sabres, faisant sonner
sur le pavé leurs éperons bruyants, dana
Metz où vingt .mille soldats prussiens,
bavarois, badois et vingt mille Ger
mains immigrés contiennent par le sa
bre et par la loi quarante mille Lor*
ràins, dans Metz depuis, trente-huit.anj
prisonnière le cri de,: Vive la France 1
a été poussé'dimanche^ et d’innombra
bles àÇçlâmatiohs ont .salué; oé t cri ;
c’est là un événement considérable ; il
.doit être-fortement souligné. " :
On-nous ' disait. « Ils oublient ; ils 1
ont oublié ; ils ne. se -souviennent plus
‘de rien ; ils s’expriment en allemand :
ils sont heureux de leur sort ;.ils de-
mandè.iit. à entrer dâns .ïè. concert deî
provinces, .fédéré^, de- T'Empire Allé-.,
mànd ; ils sont ralliés ; que voulez-
vous ! Depuis, trente-huit, années, tant
d’eau passa sous les ponts de la Mo
selle..»-»'
Oui, depuis trente-huit années, beau
coup d’eau passa’ sous 1-es ponts de la
Moselle, niais c’était de l'eau qui venait
de Fran'ce ; et elle murmurait aux oreil
les des Lorrains annexés de si douces
chansons, cette eau française, que le
souvenir français est demeuré là-bas
aussi vivace qu’au premier jour...
O l’émotion ressentie par ceux qui vi
rent les Lorrains, jeunes et vieux, bai
ser de leurs lèvres le drapeau tricolore!
Il y avait des jeunes femmes qui le
vaient leurs enfants jusqu'aux plis du
drapeau : « Embrasse, disaient-elles ;
embrasse la France !... » Et les enfants
embrassaient l’étoffe sacrée.
• A la cathédrale, au temple protestant,
à la synagogue, ce fut autour du dra
peau bleu blanc rouge une ruée-de gens
qui voulaient baiser, ou toucher les ma
giques couleurs. Jamais on ne vit au
tour de saintes .reliques pareil empresse
ment ; il semblait que les Lorrains eus
sent .la pensée que ■ s’ils touchaient le
drapeau de la France, cela leu* porte
rait bonheur t
-
Et à Noisseviîle !
Là-bas, sur ce champ dans lequel re
posent près de quatre mille soldats fran
çais, autour du monument qui commé
more nos désastres, mais aussi les hé*
roïsmes de ceux qui sauvèrent l’hon
neur, plus de cent mille Lorrains
'étaient accourus ! : Tous parlaient en
français t Oui, tous, vieux et jeunes
malgré les maîtres d’école allemands,
malgré la caserne allemande, malgré
les nécessités de la vie qui font que les
Lorrains doivent, pour gagner leur
pain, faire commerce av-ec les ’ Alle
mands, tous s’exprimaient en français!..-
Et tous pleuraient ! Et tous acclamaient
les drapeaux tricolores ; et tous lan
çaient des bravos aux orateurs qui pro
nonçaient leur discours en français. Il
y eut un discours en allemand, celui du
préfet de la Lorraine ; ce fut la pierre
de touche ; il ne recueillit pas un ap
plaudissement !... .
Il fallut que le préfet de la Lorraine'
traduisît son discours en français pour
que quelques marques d’approbation se
fissent entendre...
Ce monument, les Lorrains ont failli
l'élever en France ; l’empereur alle
mand s’étant fait, montrer la maquette,
demanda la suppression du drapeau
français ; le Comité répondit •: « C’est
bien, nous inaugurerons ce monument
à la frontière, sur la terre de France ! »
7 Devant cette déclaration, et à l’idée de
cent mille Lorrains allant en France
inaugurer un monument à leurs morts,
l’empereur céda.
Les Lorrains voulaient exécuter Ta
Marseillaise , à Noisseviîle ; l’empereur
donna l’autorisation, à la condition
qu’on jouât aussi l’hymne allemand :
« Alors, n'en parlons plus », firent Tes
membres du Comité.
Simples et fortes paroles qui mon
trent que le Lorrain est demeuré Fran
çais... *
Dans la nie Serpenoise, qui port®
■ maintenant’un nom allemand, mais que
tous les Lorrains persistent à appeler
Serpenoise, ce fut une manifestation
formidable, quand passa la musique d®
Pont-à-Mousson, drapeau tricolore en
tête ! Les musiciens jouaient la Marche
Lorraine ; dix mille personnes sui
vaient, criant : « Vive la, France ! » Et
aux fenêtres, tout le monde applaudis
sait !
Les agents de police, casque en tâte,
considéraient-, impassibles, cet émou
vant spectacle. ■
Après trente-hiiit an3, voilà ce qui
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