Titre : L'Intransigeant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-10-10
Contributeur : Rochefort, Henri (1831-1913). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32793876w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 octobre 1881 10 octobre 1881
Description : 1881/10/10 (Numéro 453). 1881/10/10 (Numéro 453).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7751617
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol Lc2-3980
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
iô Vendémiaire An 90. — N° 450
Le .Numéro : 10 .Centimes dans toute la France
Lundi! 10 Octobre; 1881 „
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Rédacteur en Chef : HENRI ROCHEFORÎ
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Wiini,jWri
rj Les personnes dont l'abonnement expire
i le ï 5 octobre sont priées de le renouveler
j sans' retard afin d'éviter toute interrup-
j tion dans le service du journal.
' Le meilleur mode de renouvellement et
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posté à l’adresse dé l’administrateur'J
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faix mois auront droit à une magnifique
fprifrte •
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LES NMJFRAGEURS
ROMAN PARISIEN
PAfi HENRL/RQCHEFORiT
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Envoi franco par. la poste, moyennant
45 centimes.
Jules Ferry est refait. Il avait trouvé
une combinaison qui lui permettait à
la fois de reprendre d’une main le por
tefeuille qu’il déposait de l’autre, et de
faire donnera la Chambre, par le nou
veau président du conseil, les explica
tions qu’il aurait été si embarrassé de
fournir lui-même; ' ’
Ce plan, qui étàit le derûier mot de
la probité politique, 'rappelait le trait
de génie de ce bohème qui, ne sachant
comment aller à Bruxelles, elïerche
querelle à un monsieur très riche,
accepte d’aller se battre en Belgique,
à la condition qu’on lui paiera le
voyage, et qui, une fois sur le terrain,
se hâte d’arranger l’affaire.
L’affaire où s’est imprudemment
engagé le pauvre Ferry, n’a malheu
reusement pas pu s’arranger. Il avait
espéré disparaître comme président
du petit ministère et reparaître comme
membre du grand. L’amour de Gam
betta lui aurait refait une virgirtité.
Mais Gambetta est allé porter ses hom
mages ailleurs, et voilà Jules Ferry
obligé de se présenter devant la Cham
bre, comme un domestique se présente
devant son maître pour recevoir ses
huit jours.
Il doit pourtant connaître assez la
grandeur d’âme de M. Gambetta, pour
savoir quecelui-ci,après avoir pousséde
toutes les colonnes de son journal à
l’expédition de Tunisie, n’aurait rien
de plus pressé que d’en laisser la res-
! ponsabilité à d’autres. Depuis le rejet
delà proposition Bardoux, le Génois
gardait au Vosgien un chien de sa
-chienne. Comme il esthomine à perdre
une aussi belle occasion de se venger
en même temps que de se débarrasser
d’un concurrent ministériel qui a déjà
osé iui disputer le pouvoir 1
Non seulement il forcera cet adver
saire. à comparaître devant la Cham
bre, mais il aidera sans le moindre
scrupule à son écrasement. Il faut que
M. Ferry ait été bien totalement aveu
glé par l’envie de rester ministre pour
avoir ainsi donné dans le panneau. Il
s'est proclamé il y a quelques mois le
lieutenant de M. Gambetta, et son gé
néral lui à dit, avec son sans-gêne or
dinaire :
« Puisque tu es mon lieutenant, je
t’ordonne d’aller te faire tuer à ma
place.»
Ce sera du reste, paraît-il, une de ces
exécutions dont le supplice de Damiens
ne donnerait qu’une faible idée. On
loue déjà des stalles pour voir mourir
le condamné et, surcroît de barbarie,
M. Gambetta, en qui l’infortuné avg.it
mis toute sa confiance, dressera lui-
même les bois de l’échafaud et grais
sera le couteau de là guillotine. La ven-
; geance demande à être mangée froide.
Or, voilà quatre mois que M. Gambetta
la laisse refroidir.
j f II est cependant probable que, bien
que dûment couché dans le cimetière
des suppliciés, ce Banco ne laissera
pas son Macbeth, dormir absolument,
tranquille. Lé spectre de Jules Ferry
ne tardera pas à venir troubler les re
pas politiques de son meurtrier, sous
forme de votes hostiles dans lesquels,
tout défunt qu’il* sera, il - entraînera
certainement une. centaine de centre-
gauchers et de gauchers mpdérés, dés-
appointés d’avoir vu leur soumission à
l’égard du Maître récompensée par tant
d’ingratitude. . ‘
Nous allons assister à ùne guerre de
coups d’épingles, qui fesfa songer à
'Bataille de Dames, et les* deux en
nemis étant juste' aussi intéressants
l’un que l’autre, nous les regarderons,
en riant, se disputer l’os ministériel,
comme les hommes de la Terre de Feu
parqués au Jardin d’acclimatation;
s’arrachent à belles dents les entre
côtes, qu’ils dévorent sans même se
donhe.r le temps do îeâ faire ciiire.-.^. î; -
;Si-îes jours, de M, Ferry sont.comp
tés, cëtix de M. Gambetta ne tarderont
pâs a l’être, à moins que les deux irrér.
conciliables, voyant qu’ils ne peuvent
gouverner l’un sans l’autre, néfinissent
par se réconcilier et faire partie du
même cabinet, auquel cas, ce sera,
comme toujours, la France qui paiera
les dégâts. . m
HENRI ROCHEFQRT
Le journal Paris ayant, dans une note
publiée en tête de sescoîonnes, attribué à
M. le capitaine Vyse les articles relatifs
à l’affaire de Tunis qui ont paru dans
l 'Intransigeant, la lettre suivante a été
adressée au directeur de la feuille garu-
bettiste :
Monsieur le directeur,
Je suis obligé de vous donner un démenti
catégorique au sujet de votre assertion re
lative aux révélations de l'Intransigeant
sur les tristes affaires de Tunis..
Je ne.connais ni n’ai jamais vu M. Roche-
fort et jamais je no lui ai adressé aucune
communication ni .écrite ni verbale;, Vous,
on êtes donc pour vos frais d’invention et
de calomnie.
Je vous invite à pûblier cette lettre dans
votre prochain numéro.
J’ai l’honneur de vous saluer.
F. Howard Vyse.
• ! • h, cité da Reiiro,
(30, faubourg St-Honoré:
Informations
Le conseil des ministres s’étant réuni ven
dredi soir. il n’y a pas eu, hier matin, le
conseil ordinaire du samedi.
Le prochain'conseil aura lieu mardi, à
l’Elysée, sous la présidence de M. Grévy.
.....
. * *
On annonce le mariage de Mlle Alice
Grévy, fille de M. le président de la Républi
que, avec M. Daniel Wilson, député d’Indre-
et-Loire et sous-secrétaire d’Etat au minis
tère des finances. Les bans seront affichés
aujourd’hui à là mairie du huitième arron
dissement.
Le mariage auralieu le 22 octobre.
' . ■ ■ ***
La date du 8 janyier pour les élections
sénatoriales est adoptée en principe par le
gouvernement. Cette décision sera rendue
publique la semaine prochaine.
Z’- * * '■
Sur la demande du ministre des postes et
télégraphes, M. le procureur général a dé
signé M. Clément, commissaire de policé
aux délégations judiciaires, pour que ce
magistrat ait à entendre les directeurs et
les gérants du Triboulel et de la Lanterne,
au sujet des violations de lettres que ces
journaux ont reprochées à l’administration
deM. Cochery. .
*
* *
M. Gambetta sera à Paris incessamment.
Nous apprenons que l’administration mu
nicipale de Rouen a l'intention de faire une
démai’che auprès de-lui pour l’inviter *à
passer quelques heures dans cette ville, au
cas où il donnerait suite à son projet de
voyage au Havre.
***
Le Journal officiel a publié hier matin
plusieurs décrets portant promotions et no
minations dans l'ordre de la Légion d’hon
neur, pour faits de gueri-é en Algérie et en
Tunisie.
***
Par décret rendu sur la proposition du
ministre des beaux-arts, et inséré au Jour
nal officiel, M. Barrias (Louis-Ernest), sculp
teur, est nommé officier dans l'ordre natio
nal de la Légion d’honneur. Chevalier de
puis 1878. Prix de Rome 1865; médailles en
1870, en 1872, l r ® classe; médaille d’hon
neur au Salon de 1878; médaille de > r ® c'as-
i'se, en 1878, à l’Exposition deH878. Hors
i concours. -Auteur ; du monument ' commé-
! moratif de la défense de Saint-Quentin. Ti
tres exceptionnels.
Toujours les victimes dü suffrage uni
versel.
On annonce à présent que M. Camille
Sée est nommé conseiller d’Etat en ser
vice ordinaire, en remplacement de feu
M. Durand-Désormeaux.
On se souvient que M. Camille Sée avait
obtenu un nombre si dérisoire de suffra
ges,- le 21 août, qu’il avait renoncé à se
présenter au second tour.
L’honneur qu’on lui confère était tout
indiqué. . .
M. Granet est battu à Arles. On le case
à l’administration départementale et com
munale. M. Sée est battu à Saint-Denis.
On le casé àù conseil d’Etat. Il y fera
même partie de la section de législation,
sans doute parce que les électeurs l’ont
jugé indigne d’être législateur.
Que pense le ministère ? dira-l-on.
/ Il panse des plaies, et-Yoilà tout. j
Notre ami Tonÿ'Révillon, qui a été si
odieusement diffamé pendant la période
électorale, traduit ses calçmniateurs en
police correctionnelle, par application de
la loi du 29 juillet dernier.
Nous ferons 'connaître le jour de l’au
dience. , .v ■■■■■■ •
C’est M° Gatineau, député de Dreux, qui
assistera le'nouveau député de Paris.
Mais qu’est-ce donc que M. Gam
betta? De quelle cuisse est-il sorti? Il
prétend toujours à des rôles spéciaux
et supérieurs, et à des situations faites
pour lui seul. Il a commencé par con
sidérer comme au-dessous de lui d’en
trer dans une combinaison ministé
rielle quelconque. La présidence même
de la. République, il affectait d’attendre,
pour la prendre, qu’elle se fût accrue
en pouvoir et qu’elle eût grandi en
.prèstige. -
' Aujourd’hui, forcé d’en rabattre
parce qu’il a été battu, chassé de Belle-
ville, compromis par les événements,
ayaiît vu se changer en orties ses lau
riers électoraux; il affiche encore la
prétention de n’être ministre qu’à la,
condition de ne pas l’être comme tout
le monde. Il va rentrer en scène avec
sa popularité de moins, et sa tante de
plus ; il voudrait, néanmoins, être mi
nistre sans portefeuille. .
Sans portefeuille? Pourquoi ? A quel
titre ? A-t-on vu, depuis l'Empire, un
seul exemple d’un pareil poste minis
tériel? M. Jules Favre a-t r il été minis
tre sans portefeuille ? M. Dufaure â-t-il
été ministre sans portefeuille? M. Jules
Simon a-t-il été ministre,sans porte
feuille? Quelqu’un, à un moment quel
conque, dans un ministère quelcon
que, a-t-il jamais été, depuis M. Rouher,
ministre sans portefeuille ?
Sans portefeuille I cela veut dire
sans besogne précise, sans attribu
tions visibles, et par conséquent sans
responsabilité déterminée. Nous y
voilai C’est encore le pouvoir occulte.
S’agit-il d’intriguer, de déjeuner,
d’émanger, de tendre ses lèvres aux
pots-de-vin, d’offrir ses narine^ à l’en
censoir? M! Gambetta est là. Toujours ;
lui, partout lui! S’agit-ü de s’appli
quer aux détails de l’intendance, de la
justice, de l’instruction publique? M.
Gambetta n’est plus là. Jamais lui,
lui nulle part! M. Gambetta fuit la
responsabilité comme si elle s’appelait
Molinari.
Il existe, dans le monde des théâtres,
des faiseurs de pièces qui sont de toutes
les opérettes, de tous les vaudevilles,
de toutes les féeries et de tous les” mé
lodrames , et dont on chercherait
vainement la signature sur les affT-
ches. Ils ont, grâce à on ne sait quel
vieux renom d’habileté, le privilège dé
gagner de l'argent avec tous les spec
tacles qui font recette, et de laisser aux
.autres les sifflets et les pommes cuites,
quand il y en a.
M. Gambietta a transporté dans la
politique cette manière de procéder.
Jusqu’à présent, il a été de toutes les
comédies ministérielles, pans jamais
en signeraucune.il les a toujours vu
tomber. Il se soucie moins gue jamais
de s’exposer de près aux huees du par
terre, et sommé de se découvrir, il
cherche maintenant, dans les profon
deurs de son sac, un nouveau moyen
de se dérober, une nouvelle clef pour
sortir au moment de la' chutp. De quoi
se plaignait-on? Qu’il ne signât pas ?
J1 signera, désormais, avec les noms
des autres !
Nous l'avons dit maintes fois, c’est à
M. Gambetta que nous devons ï’amon-
cel lement. de boue sanglante où s’est
enlisée la République.' Nous ne com
prenons pas, nous ne comprendrons
jamais qu’on'le charge de l’en tirer.
On ne sauve pas un homme, qui se
noie en lui sautant à pieds joints sur
la têteMais,, non. seulement il, serait
question de livrer le pouvoir à l’homme
qùi promet d’en user delà fàeonlaplus
funeste; on parle encore de l’y établir
coinme on rfy a jamais établi personne.
C’est trop. M. Gambetta n’a pas besoin
d’être sans portefeuille, c’est assez
qu’il soit sans conscience ! -
Maurice Talmoyr,
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Les Espagnols en Afrique
; Madrid, 8 octobre.
L’Espagne .est décidée, de. .prendre une
part très active sur les affaires d’Afrique,
,e'n cas que .la France , ou L'Angleterre vou-
.'drtiient étendr/i aü !dçlà leur pouvoir dans
cette partie du monde.’
(Agence Claes.)
Italie
Rome, 8 octobre.
On dément officiellement le bruit de la
découverte d’un complot contre ia vie du
roi Humbert. - - - , .
Le comte Wimpfcn, ambassadeur autri
chien, est attendu ici le 16 courant. On as
sure qu’il est porteur d’une lettre autogra
phe de l’empereur Joseph pour le rpi Hum
bert. ' , - .
Dans le Zululand.
Londres, 7 octobre.
(Fort Amiel, 6 octobre).
On parle d’un soulèvement important dans
le Zululand. Oham, frère de Cettiwayo, en
serait, dit-on, l’instigateur.
Affaires d’Egypte
- Londres; 8 octobre.
On télégraphie û’Alexandrie que les com
missaires turcs, termineront ^l’enquête sui
tes causes do ïa révolte milifcairo, dans trois
semaines’et sans fàire aucun!} proposition
au gouvernement égyptien, -ils soumettront
un rapport très détaille à .l’examen du sul
tan; ! .
- On signale un échange très actif do notes
entre les cabinets de Saint-JamesetdeSalnt-
Pétersbourg, au sujet des fortifications
d’Asbadakar (Asie).
(Agence continentale).
Incrédules, lisez ceci :
Une dépêche de Tunisie annonce qu’un
Te Deum d’actions de grâce, chanté dans
la chapelle catholique de Sousse, a pro
duit un excellent effet sur l’esprit des
musulmans et des juifs de la contrée.
• Je ne me révolterai même pas contre
ce Te Deum, exécuté devant une armée
républicaine par ordre d’un gouverne
ment républicain!
Mais quelle agence est assez Havas pour
nous faire croire à la satisfaction des Mu
sulmans et des Juifs à l’audition de cette
vieille chanson catholique?
Pourquoi pas, pendant qu’on y était,
ne pas nous conter que le chant de guerre
désormais choisi par Ali-Bey est le Vcni
Creator ? '
LE CENTENAIRE
Les journaux lyonnais ont dernière
ment publié les lignes suivantes :
« Le nommé Brossand (Pierre), jour
nalier, né en 177/i, a été trouvé avant-
hier soir, couché sur un banc, près du
boulevard des Hirondelles, et écroué pour
vagabondage. »
Voilà tout. Pas de commentaires. Pour
tant, la chose en'mérite.
Q
11 y a un journal qui simplement fait
précéder le fait-divers de cette réflexion
laconique :
« Un vagabond de .107 ans J — On aura
peine à le croire, mais cela est cepen
dant. »
Un point. A la ligne.
Certes, on a de la peine à le croire, on
voudrait pouvoir se refuser à le croire...
Mais cela est.
Que cela soit, — c’est une honte so
ciale. ,
Je ne veux pas faire de phrases. Le
fait parle plus haut que toutes les
phrases.
Quand on a dit ceci :
Il y a un centenaire, qui est vagabond*
qui it’a pas un coin où Teposer sa tête sur.
laquelle oht neigé cent sept hivers, pas
un abri, pas un taudis, pas un repaire !...'
il me semble qu’on a tout dit.
Que voulez-vous dire de plus poignant,
de plus affreux, de plus tragique?
CeS quelques lignes sont tout un réqui
sitoire contre l’état social actuel. '
On nous parle souvent de payer à la
société notre dette. >
Soit !
Mais, si nous ayons des devoirs envers
elle, elle aussi doit avoir dçs devoirs en
vers nous.
Ces devoirs, les remplit-elle,en laissant
vagabonder des centenaires ?
Quiconque, vivant dans le travail et la
misère, arrive à un certain âge, a néces
sairement fait son labeur, accompli sa
tâche....
Cette tâche accomplie, cette besogne
faite ne lui donnent-elles pas le droit de
se croiser les bras et ‘de se coucher —
pour attendre la mort — ailleurs que sur
un banc d’un^promenadè publique ?'- -
Quand on a cent sept ans, à moins d’a-
Voir vécu, de vols, on a lutté, travaillé,
été utile.
Ces devoirs remplis créent des droits.
Ces droits sont méconnus.
Pierre Brossand, l’homme du boulevard
des -Hirondelles, n’était pas un voleur.
C’ést un « journalier », donc un travail
leur...,.- ;/. /•; • ■. .
Les vieux voleurs, dü moins, ont le vi
vre et lé couvert dans quelque centrale.
Lui, le travailleur, Pierre Brossand, va
gabondait. ’
On l’a arrêté enfin, écroué...
A'quoi ça lui aura-t-il servi de ne pas
être un voleur ?
A attendre plus longtemps la même
pâture et le même logis que ceux qui vo
lent!
. Ce que la société ne fait pas pour les
vieillards, elle ne le fait pas non plus
pour les enfants. ’ ..
, L’histoire de ce séculaire vagabond nous
remet — les extrêmes se touchent — en
mémoire une lettre..que nous adressait
réc'emmont, au sujet deé infanticides, un:
malheureux père de famille, et dans' la
quelle il nous disait : î
tt Pourquoi les filles-mères se don
nent-elles la peine de tuer leurs enfants
et de se faire acquitter par le jury ? Elles
se débarrasseront aussi bien de leurs pe
tits en les confiant à l’administration.
J’en ai, pour ma part, confié neuf aux
nourrices de la municipalité ; je n’èn ai
jamais l’evu un seul. »
Nous voulons croire que ce père de fa
mille a été particulièrement malheu
reux.
Mais il est certain que la mortalité sé
vit effroyablement sur les enfants con
fiés aux soins de l’administration.
Dernièrement, un médçcin spécialiste
publiait un travail sur cette douloureuse
question, et disait des enfants assistés
qu’on les appelait sans doute ainsi par
antiphrase, parce qu’ils manquent de
tout, i
C’est là une autorité' scientifique, que
.personne ne récusera coinme suspecte de
démagogie et de passions subversives.
En résumé, la société n’accorde ni aux
enfants ni aux vieillards la protection à
laquelle ils ont droit, ceux-là comme
étant l’avenir, ceux-ci comme étant le
p'assé, et les uns et les autres au nom de
leur faiblesse.
Des asiles pour les enfants ! des refu
ges pour les vieillards ! avec admission
de droit à de certains âges — sans favo
ritisme, sans démarches, sans paperas
ses : voilà ce que nous ne cesserons de
réclamer.
Les enfants ont le droit de vivre et de
se développer dans des conditions favo
rables ; les vieux, le droit de mourir en
paix.
Gramont.
laissait absolument insuffisant, le préfet
s’est avisé -qu’il serait plus malin de dé^
guiser ses intentions.
Voici donc ce qu’il a imaginé :
Tous les cinq ans, il est d’usage de pro
céder au recensement de la population. ’
Jusqu’à présent ; les mairies étaient char
gées de ce service. Seulement, Wtèz ceci:
les mairies ne ressortissent,en aucun cas,
à la sûreté générale, et elles ne s’abais
seraient pas à lui fournir des renseigne
ments. -
Comment se tirer de là?
Toùt simplement par ceci : l’adminis
tration . se prépare à confier la besogne
aux bureaux de police.
De la sorte, l’opération change de ca
ractère : sous prétexte de recenser, on
perquisitionnera.
Il est vrai qu’aux gens qui crieront à la
perquisition, l’administration, de son air
le plus innocent, répondra :
— Pardon ! je recense.
De telles malices ne témoignent-ellei>
■pas d’-un ,déplorable abaissement.des ca
ractères? - , . . "
- ü.-
ETAT SANITAIRE DIS TROUPE!
EÜH ALGÉRIE ET EN TUNISIE
« Plusieurs journaux continuant à pu
bliér, sur l’état sanitaire des troupes e;
Tunisie et en Algérie, des renseignement
dont le caractère alafmantpourrait trom
per l’opinion publique et surtoùjt jeterd
l’inquiétude dans les familles, il import
de donner des chiffres précis qui permèl-
tent à tous d’apprécier la situation en
pleine connaissance de cause. » ,
C’est le ministre de la guerre qui s’ex
prime ainsi, dans une longue note qu’il a
fait insérer dansl’0//?ciel,note rédigée,dit-
il, d’après la situation qu’il a fait établi,
par le conseil de santé, pour la première
quinzaine de septembre, et qui se résume
dans les chiffres suivants :
Etat sanitaire de l’armée du 5 au 10
Septembre (ce qui n’est pas tout à fait la
première quinzaine) :
Tunisie...
Algérie.
Franco.
V-.
Malades Décès
5,10 0[0 . . 0,170 OiO
7,;85
A, 70
0,052
0,057
1 Situation du 10 au 15 septembre :
Tunisie. ...
J.,83
0,092
Algérie.....
Z.,82
0,058
France
h,30
0,058
L’hypocrisie est de nature policière, de
même que la police est de nature hypo
crite.
Ayant des investigations à fairedansles
divers « repaires » de Charonne et autres
lieux, M. Camescence était fort embar
rassé. ,
Déjà il avait essayé. Il avait envoyé ses
hommes les moins compromis —' c’est-à-
dire les moins connus. Mais ça n’avait
pas réussi. Les visites subreptices faites
chez les citoyens suspects à M. Gambetta
avaient été ébruitées. On avait protesté,
écrit aux journaux, ému le public. En
deux mots, coup manqué.
Alors, comme déguiser les agents pa-
Si le ministre s’imagine faire croire
que ces chiffres permettent à tous d’ap
précier la situation en connaissance de
cause, il faut qu’il prenne le public pour
bien plus crédule qu’il n’est, ou que M.
Fai’re soit lui-même encore plus.... naïi
qu’on ne l’avait supposé, ce. qui n’est pas
peu dire.
Quelle garantie d’exactitude offrent
cés chiffres? Absolument aucune; c’esl
ce qu’a déjà fait remarquer à M. Farre lc>
Petit Parisien. Mais que vaudraient ces
chiffres, s’ils étaient rigoureusement
exacts? Ils vaudraient tout juste rien.
Les chiffres qu’il aurait fallu publier,
que le public a le droit de connaître,
nous les avons indiqués il y a quelques
jours au chef aliüri de l’administration
de là guerre. Ces chiffres sont :
1° Le chiffre exact des troupes doux
chaque province d’Afrique ;
2° La date d’arrivée sur le sol africain
. de chaque corps ou détachement ;
3° Le nombre exact de malades et de
morts de chacun de ces-, corps bu déta
chements ;
h° Enfin, le nombre exact des malades
.deGhacun.de ces corps, évacués sur la
France. ^ • - ' - -
Ces chiffres, M. Farre les connaît-tl?
Pourrait-il les publier? Très probable
ment, pour ne pas dire certainement,
non.
S’il les connaissait, les publierait-il?
Sans aucun doute , non. Pourquoi ?
Parce que, seuls, ils exprimeraient la
vérité et que le ministre et le ministère
ont adopté pour système le mensonge'.
Or, ces chiffres sont absolument indis
pensables « pour que tous puissent ap
précier la situation en connaissance de
cause. » Il suffit de quelques secondes
pour s’en convaincre :
Si, par exemple, on évacue en France fc
quart, la moitié ou même les trois quarts
des malades de Tunisie ou d’Algérie, il
est évident qu’on diminue d’autant les
chiffres des malades et des morts de l’ar
mée d’Afrique, en chargeant d’autant las
chiffres correspondants- de l’armés de
France. Ce raisonnement est à la portée
des intelligences les plus' obtuses, et il
serait vraiment désespérant et honteux
pour nous que celle du ministre îie pût y
atteindre.
Quel est donc le chiffre des évacua
tions ? Le ministre, avons-nous dit, ne le
connaît pas, ou, s’il le connaît, ne veut
pasi le dire. Mais, malgré son silence cal
culé ou forcé, nous savons que ce chiffre
est considérable. '
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Le .Numéro : 10 .Centimes dans toute la France
Lundi! 10 Octobre; 1881 „
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Rédacteur en Chef : HENRI ROCHEFORÎ
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faix mois auront droit à une magnifique
fprifrte •
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LES NMJFRAGEURS
ROMAN PARISIEN
PAfi HENRL/RQCHEFORiT
- » ' • • - ■ *- ; ■ r ■ ■ ■ - v '
Envoi franco par. la poste, moyennant
45 centimes.
Jules Ferry est refait. Il avait trouvé
une combinaison qui lui permettait à
la fois de reprendre d’une main le por
tefeuille qu’il déposait de l’autre, et de
faire donnera la Chambre, par le nou
veau président du conseil, les explica
tions qu’il aurait été si embarrassé de
fournir lui-même; ' ’
Ce plan, qui étàit le derûier mot de
la probité politique, 'rappelait le trait
de génie de ce bohème qui, ne sachant
comment aller à Bruxelles, elïerche
querelle à un monsieur très riche,
accepte d’aller se battre en Belgique,
à la condition qu’on lui paiera le
voyage, et qui, une fois sur le terrain,
se hâte d’arranger l’affaire.
L’affaire où s’est imprudemment
engagé le pauvre Ferry, n’a malheu
reusement pas pu s’arranger. Il avait
espéré disparaître comme président
du petit ministère et reparaître comme
membre du grand. L’amour de Gam
betta lui aurait refait une virgirtité.
Mais Gambetta est allé porter ses hom
mages ailleurs, et voilà Jules Ferry
obligé de se présenter devant la Cham
bre, comme un domestique se présente
devant son maître pour recevoir ses
huit jours.
Il doit pourtant connaître assez la
grandeur d’âme de M. Gambetta, pour
savoir quecelui-ci,après avoir pousséde
toutes les colonnes de son journal à
l’expédition de Tunisie, n’aurait rien
de plus pressé que d’en laisser la res-
! ponsabilité à d’autres. Depuis le rejet
delà proposition Bardoux, le Génois
gardait au Vosgien un chien de sa
-chienne. Comme il esthomine à perdre
une aussi belle occasion de se venger
en même temps que de se débarrasser
d’un concurrent ministériel qui a déjà
osé iui disputer le pouvoir 1
Non seulement il forcera cet adver
saire. à comparaître devant la Cham
bre, mais il aidera sans le moindre
scrupule à son écrasement. Il faut que
M. Ferry ait été bien totalement aveu
glé par l’envie de rester ministre pour
avoir ainsi donné dans le panneau. Il
s'est proclamé il y a quelques mois le
lieutenant de M. Gambetta, et son gé
néral lui à dit, avec son sans-gêne or
dinaire :
« Puisque tu es mon lieutenant, je
t’ordonne d’aller te faire tuer à ma
place.»
Ce sera du reste, paraît-il, une de ces
exécutions dont le supplice de Damiens
ne donnerait qu’une faible idée. On
loue déjà des stalles pour voir mourir
le condamné et, surcroît de barbarie,
M. Gambetta, en qui l’infortuné avg.it
mis toute sa confiance, dressera lui-
même les bois de l’échafaud et grais
sera le couteau de là guillotine. La ven-
; geance demande à être mangée froide.
Or, voilà quatre mois que M. Gambetta
la laisse refroidir.
j f II est cependant probable que, bien
que dûment couché dans le cimetière
des suppliciés, ce Banco ne laissera
pas son Macbeth, dormir absolument,
tranquille. Lé spectre de Jules Ferry
ne tardera pas à venir troubler les re
pas politiques de son meurtrier, sous
forme de votes hostiles dans lesquels,
tout défunt qu’il* sera, il - entraînera
certainement une. centaine de centre-
gauchers et de gauchers mpdérés, dés-
appointés d’avoir vu leur soumission à
l’égard du Maître récompensée par tant
d’ingratitude. . ‘
Nous allons assister à ùne guerre de
coups d’épingles, qui fesfa songer à
'Bataille de Dames, et les* deux en
nemis étant juste' aussi intéressants
l’un que l’autre, nous les regarderons,
en riant, se disputer l’os ministériel,
comme les hommes de la Terre de Feu
parqués au Jardin d’acclimatation;
s’arrachent à belles dents les entre
côtes, qu’ils dévorent sans même se
donhe.r le temps do îeâ faire ciiire.-.^. î; -
;Si-îes jours, de M, Ferry sont.comp
tés, cëtix de M. Gambetta ne tarderont
pâs a l’être, à moins que les deux irrér.
conciliables, voyant qu’ils ne peuvent
gouverner l’un sans l’autre, néfinissent
par se réconcilier et faire partie du
même cabinet, auquel cas, ce sera,
comme toujours, la France qui paiera
les dégâts. . m
HENRI ROCHEFQRT
Le journal Paris ayant, dans une note
publiée en tête de sescoîonnes, attribué à
M. le capitaine Vyse les articles relatifs
à l’affaire de Tunis qui ont paru dans
l 'Intransigeant, la lettre suivante a été
adressée au directeur de la feuille garu-
bettiste :
Monsieur le directeur,
Je suis obligé de vous donner un démenti
catégorique au sujet de votre assertion re
lative aux révélations de l'Intransigeant
sur les tristes affaires de Tunis..
Je ne.connais ni n’ai jamais vu M. Roche-
fort et jamais je no lui ai adressé aucune
communication ni .écrite ni verbale;, Vous,
on êtes donc pour vos frais d’invention et
de calomnie.
Je vous invite à pûblier cette lettre dans
votre prochain numéro.
J’ai l’honneur de vous saluer.
F. Howard Vyse.
• ! • h, cité da Reiiro,
(30, faubourg St-Honoré:
Informations
Le conseil des ministres s’étant réuni ven
dredi soir. il n’y a pas eu, hier matin, le
conseil ordinaire du samedi.
Le prochain'conseil aura lieu mardi, à
l’Elysée, sous la présidence de M. Grévy.
.....
. * *
On annonce le mariage de Mlle Alice
Grévy, fille de M. le président de la Républi
que, avec M. Daniel Wilson, député d’Indre-
et-Loire et sous-secrétaire d’Etat au minis
tère des finances. Les bans seront affichés
aujourd’hui à là mairie du huitième arron
dissement.
Le mariage auralieu le 22 octobre.
' . ■ ■ ***
La date du 8 janyier pour les élections
sénatoriales est adoptée en principe par le
gouvernement. Cette décision sera rendue
publique la semaine prochaine.
Z’- * * '■
Sur la demande du ministre des postes et
télégraphes, M. le procureur général a dé
signé M. Clément, commissaire de policé
aux délégations judiciaires, pour que ce
magistrat ait à entendre les directeurs et
les gérants du Triboulel et de la Lanterne,
au sujet des violations de lettres que ces
journaux ont reprochées à l’administration
deM. Cochery. .
*
* *
M. Gambetta sera à Paris incessamment.
Nous apprenons que l’administration mu
nicipale de Rouen a l'intention de faire une
démai’che auprès de-lui pour l’inviter *à
passer quelques heures dans cette ville, au
cas où il donnerait suite à son projet de
voyage au Havre.
***
Le Journal officiel a publié hier matin
plusieurs décrets portant promotions et no
minations dans l'ordre de la Légion d’hon
neur, pour faits de gueri-é en Algérie et en
Tunisie.
***
Par décret rendu sur la proposition du
ministre des beaux-arts, et inséré au Jour
nal officiel, M. Barrias (Louis-Ernest), sculp
teur, est nommé officier dans l'ordre natio
nal de la Légion d’honneur. Chevalier de
puis 1878. Prix de Rome 1865; médailles en
1870, en 1872, l r ® classe; médaille d’hon
neur au Salon de 1878; médaille de > r ® c'as-
i'se, en 1878, à l’Exposition deH878. Hors
i concours. -Auteur ; du monument ' commé-
! moratif de la défense de Saint-Quentin. Ti
tres exceptionnels.
Toujours les victimes dü suffrage uni
versel.
On annonce à présent que M. Camille
Sée est nommé conseiller d’Etat en ser
vice ordinaire, en remplacement de feu
M. Durand-Désormeaux.
On se souvient que M. Camille Sée avait
obtenu un nombre si dérisoire de suffra
ges,- le 21 août, qu’il avait renoncé à se
présenter au second tour.
L’honneur qu’on lui confère était tout
indiqué. . .
M. Granet est battu à Arles. On le case
à l’administration départementale et com
munale. M. Sée est battu à Saint-Denis.
On le casé àù conseil d’Etat. Il y fera
même partie de la section de législation,
sans doute parce que les électeurs l’ont
jugé indigne d’être législateur.
Que pense le ministère ? dira-l-on.
/ Il panse des plaies, et-Yoilà tout. j
Notre ami Tonÿ'Révillon, qui a été si
odieusement diffamé pendant la période
électorale, traduit ses calçmniateurs en
police correctionnelle, par application de
la loi du 29 juillet dernier.
Nous ferons 'connaître le jour de l’au
dience. , .v ■■■■■■ •
C’est M° Gatineau, député de Dreux, qui
assistera le'nouveau député de Paris.
Mais qu’est-ce donc que M. Gam
betta? De quelle cuisse est-il sorti? Il
prétend toujours à des rôles spéciaux
et supérieurs, et à des situations faites
pour lui seul. Il a commencé par con
sidérer comme au-dessous de lui d’en
trer dans une combinaison ministé
rielle quelconque. La présidence même
de la. République, il affectait d’attendre,
pour la prendre, qu’elle se fût accrue
en pouvoir et qu’elle eût grandi en
.prèstige. -
' Aujourd’hui, forcé d’en rabattre
parce qu’il a été battu, chassé de Belle-
ville, compromis par les événements,
ayaiît vu se changer en orties ses lau
riers électoraux; il affiche encore la
prétention de n’être ministre qu’à la,
condition de ne pas l’être comme tout
le monde. Il va rentrer en scène avec
sa popularité de moins, et sa tante de
plus ; il voudrait, néanmoins, être mi
nistre sans portefeuille. .
Sans portefeuille? Pourquoi ? A quel
titre ? A-t-on vu, depuis l'Empire, un
seul exemple d’un pareil poste minis
tériel? M. Jules Favre a-t r il été minis
tre sans portefeuille ? M. Dufaure â-t-il
été ministre sans portefeuille? M. Jules
Simon a-t-il été ministre,sans porte
feuille? Quelqu’un, à un moment quel
conque, dans un ministère quelcon
que, a-t-il jamais été, depuis M. Rouher,
ministre sans portefeuille ?
Sans portefeuille I cela veut dire
sans besogne précise, sans attribu
tions visibles, et par conséquent sans
responsabilité déterminée. Nous y
voilai C’est encore le pouvoir occulte.
S’agit-il d’intriguer, de déjeuner,
d’émanger, de tendre ses lèvres aux
pots-de-vin, d’offrir ses narine^ à l’en
censoir? M! Gambetta est là. Toujours ;
lui, partout lui! S’agit-ü de s’appli
quer aux détails de l’intendance, de la
justice, de l’instruction publique? M.
Gambetta n’est plus là. Jamais lui,
lui nulle part! M. Gambetta fuit la
responsabilité comme si elle s’appelait
Molinari.
Il existe, dans le monde des théâtres,
des faiseurs de pièces qui sont de toutes
les opérettes, de tous les vaudevilles,
de toutes les féeries et de tous les” mé
lodrames , et dont on chercherait
vainement la signature sur les affT-
ches. Ils ont, grâce à on ne sait quel
vieux renom d’habileté, le privilège dé
gagner de l'argent avec tous les spec
tacles qui font recette, et de laisser aux
.autres les sifflets et les pommes cuites,
quand il y en a.
M. Gambietta a transporté dans la
politique cette manière de procéder.
Jusqu’à présent, il a été de toutes les
comédies ministérielles, pans jamais
en signeraucune.il les a toujours vu
tomber. Il se soucie moins gue jamais
de s’exposer de près aux huees du par
terre, et sommé de se découvrir, il
cherche maintenant, dans les profon
deurs de son sac, un nouveau moyen
de se dérober, une nouvelle clef pour
sortir au moment de la' chutp. De quoi
se plaignait-on? Qu’il ne signât pas ?
J1 signera, désormais, avec les noms
des autres !
Nous l'avons dit maintes fois, c’est à
M. Gambetta que nous devons ï’amon-
cel lement. de boue sanglante où s’est
enlisée la République.' Nous ne com
prenons pas, nous ne comprendrons
jamais qu’on'le charge de l’en tirer.
On ne sauve pas un homme, qui se
noie en lui sautant à pieds joints sur
la têteMais,, non. seulement il, serait
question de livrer le pouvoir à l’homme
qùi promet d’en user delà fàeonlaplus
funeste; on parle encore de l’y établir
coinme on rfy a jamais établi personne.
C’est trop. M. Gambetta n’a pas besoin
d’être sans portefeuille, c’est assez
qu’il soit sans conscience ! -
Maurice Talmoyr,
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Les Espagnols en Afrique
; Madrid, 8 octobre.
L’Espagne .est décidée, de. .prendre une
part très active sur les affaires d’Afrique,
,e'n cas que .la France , ou L'Angleterre vou-
.'drtiient étendr/i aü !dçlà leur pouvoir dans
cette partie du monde.’
(Agence Claes.)
Italie
Rome, 8 octobre.
On dément officiellement le bruit de la
découverte d’un complot contre ia vie du
roi Humbert. - - - , .
Le comte Wimpfcn, ambassadeur autri
chien, est attendu ici le 16 courant. On as
sure qu’il est porteur d’une lettre autogra
phe de l’empereur Joseph pour le rpi Hum
bert. ' , - .
Dans le Zululand.
Londres, 7 octobre.
(Fort Amiel, 6 octobre).
On parle d’un soulèvement important dans
le Zululand. Oham, frère de Cettiwayo, en
serait, dit-on, l’instigateur.
Affaires d’Egypte
- Londres; 8 octobre.
On télégraphie û’Alexandrie que les com
missaires turcs, termineront ^l’enquête sui
tes causes do ïa révolte milifcairo, dans trois
semaines’et sans fàire aucun!} proposition
au gouvernement égyptien, -ils soumettront
un rapport très détaille à .l’examen du sul
tan; ! .
- On signale un échange très actif do notes
entre les cabinets de Saint-JamesetdeSalnt-
Pétersbourg, au sujet des fortifications
d’Asbadakar (Asie).
(Agence continentale).
Incrédules, lisez ceci :
Une dépêche de Tunisie annonce qu’un
Te Deum d’actions de grâce, chanté dans
la chapelle catholique de Sousse, a pro
duit un excellent effet sur l’esprit des
musulmans et des juifs de la contrée.
• Je ne me révolterai même pas contre
ce Te Deum, exécuté devant une armée
républicaine par ordre d’un gouverne
ment républicain!
Mais quelle agence est assez Havas pour
nous faire croire à la satisfaction des Mu
sulmans et des Juifs à l’audition de cette
vieille chanson catholique?
Pourquoi pas, pendant qu’on y était,
ne pas nous conter que le chant de guerre
désormais choisi par Ali-Bey est le Vcni
Creator ? '
LE CENTENAIRE
Les journaux lyonnais ont dernière
ment publié les lignes suivantes :
« Le nommé Brossand (Pierre), jour
nalier, né en 177/i, a été trouvé avant-
hier soir, couché sur un banc, près du
boulevard des Hirondelles, et écroué pour
vagabondage. »
Voilà tout. Pas de commentaires. Pour
tant, la chose en'mérite.
Q
11 y a un journal qui simplement fait
précéder le fait-divers de cette réflexion
laconique :
« Un vagabond de .107 ans J — On aura
peine à le croire, mais cela est cepen
dant. »
Un point. A la ligne.
Certes, on a de la peine à le croire, on
voudrait pouvoir se refuser à le croire...
Mais cela est.
Que cela soit, — c’est une honte so
ciale. ,
Je ne veux pas faire de phrases. Le
fait parle plus haut que toutes les
phrases.
Quand on a dit ceci :
Il y a un centenaire, qui est vagabond*
qui it’a pas un coin où Teposer sa tête sur.
laquelle oht neigé cent sept hivers, pas
un abri, pas un taudis, pas un repaire !...'
il me semble qu’on a tout dit.
Que voulez-vous dire de plus poignant,
de plus affreux, de plus tragique?
CeS quelques lignes sont tout un réqui
sitoire contre l’état social actuel. '
On nous parle souvent de payer à la
société notre dette. >
Soit !
Mais, si nous ayons des devoirs envers
elle, elle aussi doit avoir dçs devoirs en
vers nous.
Ces devoirs, les remplit-elle,en laissant
vagabonder des centenaires ?
Quiconque, vivant dans le travail et la
misère, arrive à un certain âge, a néces
sairement fait son labeur, accompli sa
tâche....
Cette tâche accomplie, cette besogne
faite ne lui donnent-elles pas le droit de
se croiser les bras et ‘de se coucher —
pour attendre la mort — ailleurs que sur
un banc d’un^promenadè publique ?'- -
Quand on a cent sept ans, à moins d’a-
Voir vécu, de vols, on a lutté, travaillé,
été utile.
Ces devoirs remplis créent des droits.
Ces droits sont méconnus.
Pierre Brossand, l’homme du boulevard
des -Hirondelles, n’était pas un voleur.
C’ést un « journalier », donc un travail
leur...,.- ;/. /•; • ■. .
Les vieux voleurs, dü moins, ont le vi
vre et lé couvert dans quelque centrale.
Lui, le travailleur, Pierre Brossand, va
gabondait. ’
On l’a arrêté enfin, écroué...
A'quoi ça lui aura-t-il servi de ne pas
être un voleur ?
A attendre plus longtemps la même
pâture et le même logis que ceux qui vo
lent!
. Ce que la société ne fait pas pour les
vieillards, elle ne le fait pas non plus
pour les enfants. ’ ..
, L’histoire de ce séculaire vagabond nous
remet — les extrêmes se touchent — en
mémoire une lettre..que nous adressait
réc'emmont, au sujet deé infanticides, un:
malheureux père de famille, et dans' la
quelle il nous disait : î
tt Pourquoi les filles-mères se don
nent-elles la peine de tuer leurs enfants
et de se faire acquitter par le jury ? Elles
se débarrasseront aussi bien de leurs pe
tits en les confiant à l’administration.
J’en ai, pour ma part, confié neuf aux
nourrices de la municipalité ; je n’èn ai
jamais l’evu un seul. »
Nous voulons croire que ce père de fa
mille a été particulièrement malheu
reux.
Mais il est certain que la mortalité sé
vit effroyablement sur les enfants con
fiés aux soins de l’administration.
Dernièrement, un médçcin spécialiste
publiait un travail sur cette douloureuse
question, et disait des enfants assistés
qu’on les appelait sans doute ainsi par
antiphrase, parce qu’ils manquent de
tout, i
C’est là une autorité' scientifique, que
.personne ne récusera coinme suspecte de
démagogie et de passions subversives.
En résumé, la société n’accorde ni aux
enfants ni aux vieillards la protection à
laquelle ils ont droit, ceux-là comme
étant l’avenir, ceux-ci comme étant le
p'assé, et les uns et les autres au nom de
leur faiblesse.
Des asiles pour les enfants ! des refu
ges pour les vieillards ! avec admission
de droit à de certains âges — sans favo
ritisme, sans démarches, sans paperas
ses : voilà ce que nous ne cesserons de
réclamer.
Les enfants ont le droit de vivre et de
se développer dans des conditions favo
rables ; les vieux, le droit de mourir en
paix.
Gramont.
laissait absolument insuffisant, le préfet
s’est avisé -qu’il serait plus malin de dé^
guiser ses intentions.
Voici donc ce qu’il a imaginé :
Tous les cinq ans, il est d’usage de pro
céder au recensement de la population. ’
Jusqu’à présent ; les mairies étaient char
gées de ce service. Seulement, Wtèz ceci:
les mairies ne ressortissent,en aucun cas,
à la sûreté générale, et elles ne s’abais
seraient pas à lui fournir des renseigne
ments. -
Comment se tirer de là?
Toùt simplement par ceci : l’adminis
tration . se prépare à confier la besogne
aux bureaux de police.
De la sorte, l’opération change de ca
ractère : sous prétexte de recenser, on
perquisitionnera.
Il est vrai qu’aux gens qui crieront à la
perquisition, l’administration, de son air
le plus innocent, répondra :
— Pardon ! je recense.
De telles malices ne témoignent-ellei>
■pas d’-un ,déplorable abaissement.des ca
ractères? - , . . "
- ü.-
ETAT SANITAIRE DIS TROUPE!
EÜH ALGÉRIE ET EN TUNISIE
« Plusieurs journaux continuant à pu
bliér, sur l’état sanitaire des troupes e;
Tunisie et en Algérie, des renseignement
dont le caractère alafmantpourrait trom
per l’opinion publique et surtoùjt jeterd
l’inquiétude dans les familles, il import
de donner des chiffres précis qui permèl-
tent à tous d’apprécier la situation en
pleine connaissance de cause. » ,
C’est le ministre de la guerre qui s’ex
prime ainsi, dans une longue note qu’il a
fait insérer dansl’0//?ciel,note rédigée,dit-
il, d’après la situation qu’il a fait établi,
par le conseil de santé, pour la première
quinzaine de septembre, et qui se résume
dans les chiffres suivants :
Etat sanitaire de l’armée du 5 au 10
Septembre (ce qui n’est pas tout à fait la
première quinzaine) :
Tunisie...
Algérie.
Franco.
V-.
Malades Décès
5,10 0[0 . . 0,170 OiO
7,;85
A, 70
0,052
0,057
1 Situation du 10 au 15 septembre :
Tunisie. ...
J.,83
0,092
Algérie.....
Z.,82
0,058
France
h,30
0,058
L’hypocrisie est de nature policière, de
même que la police est de nature hypo
crite.
Ayant des investigations à fairedansles
divers « repaires » de Charonne et autres
lieux, M. Camescence était fort embar
rassé. ,
Déjà il avait essayé. Il avait envoyé ses
hommes les moins compromis —' c’est-à-
dire les moins connus. Mais ça n’avait
pas réussi. Les visites subreptices faites
chez les citoyens suspects à M. Gambetta
avaient été ébruitées. On avait protesté,
écrit aux journaux, ému le public. En
deux mots, coup manqué.
Alors, comme déguiser les agents pa-
Si le ministre s’imagine faire croire
que ces chiffres permettent à tous d’ap
précier la situation en connaissance de
cause, il faut qu’il prenne le public pour
bien plus crédule qu’il n’est, ou que M.
Fai’re soit lui-même encore plus.... naïi
qu’on ne l’avait supposé, ce. qui n’est pas
peu dire.
Quelle garantie d’exactitude offrent
cés chiffres? Absolument aucune; c’esl
ce qu’a déjà fait remarquer à M. Farre lc>
Petit Parisien. Mais que vaudraient ces
chiffres, s’ils étaient rigoureusement
exacts? Ils vaudraient tout juste rien.
Les chiffres qu’il aurait fallu publier,
que le public a le droit de connaître,
nous les avons indiqués il y a quelques
jours au chef aliüri de l’administration
de là guerre. Ces chiffres sont :
1° Le chiffre exact des troupes doux
chaque province d’Afrique ;
2° La date d’arrivée sur le sol africain
. de chaque corps ou détachement ;
3° Le nombre exact de malades et de
morts de chacun de ces-, corps bu déta
chements ;
h° Enfin, le nombre exact des malades
.deGhacun.de ces corps, évacués sur la
France. ^ • - ' - -
Ces chiffres, M. Farre les connaît-tl?
Pourrait-il les publier? Très probable
ment, pour ne pas dire certainement,
non.
S’il les connaissait, les publierait-il?
Sans aucun doute , non. Pourquoi ?
Parce que, seuls, ils exprimeraient la
vérité et que le ministre et le ministère
ont adopté pour système le mensonge'.
Or, ces chiffres sont absolument indis
pensables « pour que tous puissent ap
précier la situation en connaissance de
cause. » Il suffit de quelques secondes
pour s’en convaincre :
Si, par exemple, on évacue en France fc
quart, la moitié ou même les trois quarts
des malades de Tunisie ou d’Algérie, il
est évident qu’on diminue d’autant les
chiffres des malades et des morts de l’ar
mée d’Afrique, en chargeant d’autant las
chiffres correspondants- de l’armés de
France. Ce raisonnement est à la portée
des intelligences les plus' obtuses, et il
serait vraiment désespérant et honteux
pour nous que celle du ministre îie pût y
atteindre.
Quel est donc le chiffre des évacua
tions ? Le ministre, avons-nous dit, ne le
connaît pas, ou, s’il le connaît, ne veut
pasi le dire. Mais, malgré son silence cal
culé ou forcé, nous savons que ce chiffre
est considérable. '
l
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