Titre : La Justice / dir. G. Clemenceau ; réd. Camille Pelletan
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-03-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32802914p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 45941 Nombre total de vues : 45941
Description : 07 mars 1886 07 mars 1886
Description : 1886/03/07 (Numéro 2244). 1886/03/07 (Numéro 2244).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k771489s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2011
Septième année. N, 2244.
Un Numero î ia «â¢ Paris et Départements
Dimanche 7 Mars 1886.
niKECTxug mmouK s
G. CLEMENCEAU!
S'idreaser pour tout ce qui concerne la Kéd&ctfûu
» H. LOUIS NULLES
Secreiaire ce la Rédaction
{Let manuscrits non intérêt ne seront pas renrfui.)
ANNONCE «IMK MM. DOUiKBKN l'US, SÊÛUT «1 O
10, ra« ara Dit®- c«:«li4r»
LA JUSTICE
alsuTsn n our :
CAMII.X.X3 PELLETAI^
ABONNEMENTS
fARIS DÉ J»A RT t M EMTB
iVoia molo, 10 1t. Trois muis. 13 fr.
Six moia* 20 > Six mois 34 *
Ua 4a.... 40 » Un an .......... 40 »
Adresser Us mandat* à l'AdminiitratOUJ
ȕ. C. TUEBUTIBN
10, ruo fia Faubourg- Lïontnuayrtr#, 10
LA
PART DU FEU
Le vote du conseil municipal en faveur
des « habitants de ta commune de Deca-
zeville victimes de la cessation du travail
des mines «n'est pas attaqué par la presse
modérée ou conservatrice avec autant de
virulence qu'on eut pu le supposer. Le
National seul pousse un cri rauque et
désespéré. Il y a de quoi: Dans une même
séance le conseil refuse de voter d'urgen-
ce, sans examen, une subvention à l'éta-
blissement de M. Pasteur et au contraire
il accorde sans se faire prier un secours
aux mineurs. Les enragés du modéran-
tisme ont donc deux motifs également
légitimes de se croire perdus.
En véritable opportuniste, le Temps,
lui, n'est enragé qu'à bon escient et à ses
heures. Aujourd'hui, il ne semble pas
avoir remarqué l'effrayante coïncidence
des deux votes. Il ne dit rien des conseil-
lers qui n'ont pas jugé que l'hydrophobie
fat un péril assez général et assez immi-
nent pour accorder, au pied lové, une
subvention à M. Pasteur. Et, d'autre part,
il critique sans trop d'amertume, ceux
qui n'ont pas voulu attendre que les mi-
neurs de Decazaville fussent vaincus,
soumis ou chassés de la mine, pour leur
accorder une marque de sympathie et
l'appui moral de la Ville de Paris.
Cette atténuation voulue d'une mal-
veillance ordinaire est un symptôme de
plus que nous recommandons à l'atten-
tion de la Compagnie houillère. Elle de-
vra le rapprocher des dispositions bien
connues de toutes les populations envi-
ronnantes en faveur des ouvriers de De-
cazeville. 11 est en effet remarquable que
si peu de temps après la mort tragique de
M. Watrin, les modérés ne croient plus
pouvoir exploiter ce déplorable événe-
ment contre les griefs les plus justifiés
et les' réclamations les plus innocentes
des mineurs. 11 a fallu que les adminis-
trateurs fussent bien maladroits, bien
provocateurs, bien violents pour retour-
ner ainsi contre eux leurs alliés naturels
et leurs défenseurs attitrés.
Les choses en sont à ce point qu'il n'y
a plus en ce moment que M. Léon Say
qui proteste â et non sans précautions
oratoires â contre les déclarations attri-
buées à M. le ministre des travaux pu-
blics.
Encore si le préisdent du conseil d'ad-
ministration de Decazeville se bornait à
une protestation digne et solennelle.
Mais non, il discute, il argumente, il er-
gote. 11 torture la loi de 1791, celle de
1810. Il veut prouver son droit. Bien
mieux, il cherche à démontrer aux ba-
dauds qui ne connaissent pas le premier
mot de la question, qu'il n'y a pas, en
dehors de lui, et de ses congénères, d'ex-
ploitation possible ni des mines de l'Avey-
ron ni d'aucunes autres. Il discute, le
malheureux ! Ne sait-il donc pas que tout
despotisme, tout privilège qui commence
à argumenter, qui veut établir son droit
sur la raison et la justice est, par cela
môme, condamné à confesser son ini-
quité l Ne sait-il donc pas qu'il est, ce
jour-là, à la veille de sa chute?
IL y aurait profit assurément à réfuter
da point en point les différentes thèses
que soutient l'administrateur de Decaze-
ville dans le dernier numéro du Journal
des Débats. C'est un plaisir qui sera dif-
féré mais ne sera pas perdu. A côlê de la
petite question qui, naturellement, pas-
sionne en ce moment M. Léon Say, il y a
la grande question du régime de posses-
sion et d'exploitation des mines qui soit
le plus conforme à la fois aux intérêts
des ouvriers et aux intérêts de la nation
tout entière. Elle reviendra prochaine-
ment soit à la Chambre, soit au Conseil
municipal. C'est, On peut lo dire, entre
toutes les divisions de la question so-
ciale, celle dont le souci de la Répu-
blique elle-même impose la solution
à brève échéance. Il peut se faire que
dans l'état actuel de l'esprit public
et de l'opinion des gouvernants la 30'
lution ne soit pas la définitive, celte
que nous préconiserons. Il peut se faire
que l'Etat ne procède que partiellement
et faiblement à « la révision des contrats
ayant aliéné la propriété publique ». Il
peut se faire enfin qne le personnel ex-
ploitant ne soit pas, du premier coup,
complètement affranchi de ses présents
seigneurs. Il peut se faire qu'avant d'être
élevés à la dignité de travailleurs libres
et associés, les mineurs passent par un
degré intermédiaire et ne soient d'abord
qua des participants.
Ce qu'il faut quo le financier des Dé-
bals sache et comprenne, c'est que le ré-
gime de ses préférences â pour ne pas
dire de ses dividendes â ne peut pas
durer plus longtemps sans trahison en-
vers le peuple, ni sans péril pour l'ordre
républicain.
Quand M. Léon Say aura compris
cela, nul doute qu'il ns se décide à étu-
dier les idées do ses adversaires au lieu
de les travestir. S'il n'a pas la hauteur
de vues des privilégiés de la nuit du 4
août, il est assez malin, politiquement
et financièrement, pour faire la part du
feu. Nous l'engageons à se hâter.
Charles Longuet.
LA
JOURNÉE
Conseil des ministres
Note Havas :
Les ministres se sont réunis hier, à l'Elysée,
sous la présidence de M. Joies Grèvy.
M. Sadl Carnot n'a encore pu assister & ce
conseil.
M. Baïllaut, ministre des travaux publics, a
entretenu ses collègues des interprétations in-
exactes données par une partie de la presse à ses
paroles dans l'entrevue qu'il a eue, le 3 mars,
arec les délégués de l'Extrême gauche. Sans se
prononcer sur les responsabilités engagées, M.
Baïhaut avait déclaré que le gouvernement use-
rait, au besoin, du droit Inscrit dans la législa-
tion sur les mines. Loin de se déclarer favorable
à l'éventualité de l'exploitation de gisements
houillers par l'Etat, 11 avait en soin de faire à
cet égard les réserves les plus formelles au point
de vue dn droit, et il s'est appliqué A faire res-
sortir les graves Inconvénients qui pourraient
en résulter.
M. Sarrlen, ministre de l'intérieur, a fait con-
naître la situation & Decazeville. La grève con-
tinue. Quoique quelques symptômes de détente
se soient produits, des ouvriers grévistes, qui
s'étalent embauchés pour la mine de Cransac,
ont, au dernier moment, refusé de partir.
A Saint-Quentin, 60 ouvriers, sur 80 qu'oc-
cupe l'usine Ham, ont abandonné le travail.
M. Sarrlen a rendu compte de l'attentat com-
mis hier à la Bourse. Une seule personne a été
atteinte légèrement par le ricochet de l'une des
balles.
Le ministre de l'Intérieur a été autorisé & dé-
poser, sur le bureau de la Chambre des députés,
un projet de loi tendant au prélèvement de la
somme de cinq millions, au profit des départe-
ments et des communes de la métropole, sur la
dotation de l'emprunt réservée à la construc-
tion de chemins vicinanx en Algérie.
Le ministre de la guerre déposera également
le projet tendant à la répression de l'espion-
nage, projet qui a été préparé par le conseil
d'Etat.
L'amiral Aube a présenté à la signature du
président de la République deux décrets por-
tant : l'un, réorganisation des défenses sous-
marines, et l'autre, réorganisation des services
hydrographiques.
M. Sarrlen a lait signer un mouvement ad-
ministratif portant sur les trois préfectures
suivantes : M. Bageton, préfet de la Dordogne,
est nommé préfet de la Loire ; M. Laugier-
Mathieu, préfet de la Haute-Marne, est nommé
préfet de la Dordogne; M. Delpech, sous-préfet
de Langres, est nommé préfet de la Haute-
Marne.
M. Demôle a fait signer un mouvement judi-
ciaire comprenant la nomination de M. Alar-
gue, ancien député, comme conseiller à la cour
de Paris.
Les déclarations faites par M. Baihaut à ses
collègues ne peuvent s'appliquer, a aucun titre,
A la note parue dans les journaux radicaux a
la suite de l'entrevue des députés de l'Extrême
gauche avec le ministre des travaux publics.
Ces déclarations ne rectifient, en effet, aucun
passage de la note que nous avons publiée et
qui relatait très exactement les opinlpns échan-
gées entre le ministre et ses interlocuteurs.
Nouvelles diverse»
Le général Appert ne rentrera en France
qu'après avoir représenté le gouvernement fran-
çais aux fêtes qui auront lieu le 14 mars, à
Saint-Pétersbourg, pour le cinquième anniver-
saire de l'avènement du tsar.
Le général prendra alors un congé A l'expira-
tion duquel le nouvel ambassadeur de Saint-
Pétersbourg sera désigné.
Une nouvelle réorganisation des bureaux du
ministère de l'intérieur est en ce moment à l'é-
tude. Celle réoganisation entraînerait la sup-
pression d'une vingtaine de chefs de bureau,
qui seraient remplacés par des sous-chefs. Le
nombre des employés aéra désormais limité,
dans chaque service, d'après le travail qui sera
reconnu strictement nécessaire.
Sur le rapport de M. le général Boulanger,
ministre de la guerre, M. Jules Grévy vient de
rendre un décret aux termes duquel leB con-
trôleurs généraux de 1" classe seront admis
dans la 2e section du cadre de réserve à l'âge
de soixante-cinq ans, et les contrôleurs, géné-
raux de 2* classe à l'âge de soixante-deùx ans.
An .Sénat
Le Sénat, réuni dans ses bureaux, a nommé,
diverses commissions j our l'examen de plusieurs
propositions émanant de l'initiative de ses mem-
bres.
Sont élus commissaires pour l'examen de la
proposition de loi de M. Marcel Barthe, ayant
pour objet les conditions d'almission et d'avan-
cement dans les fonctions publiques : MM. Mu-
nier, Marcel Barthe, Forcioli Isaac, Lenoël,
Chardon, Combescure, Parent, Halgan ;
Commissaires pour l'examen du projet de ré-
solution de M. Isaac, tendant a la constitution
d'une commission de dix-hait membres, chargée
de rechercher les modifications à introduire
dans l'organisation des colonies : MM. Dietz-
Monnin Barbey, Vigarosy, Isaac, le généra!
Pélissier, le gênerai Guillemant l'amiral Jaurès,
le général Frèbault, Michaud ;
Commissaires pour l'examen du projet de ré-
solution de M. Fresneau, tendant â la nomina-
tion d'une commission d'enquête sur les prove-
nances, qualités et prix des fournitures mili-
taires et autres inscrites au budget de l'Etat :
MM. Dietz-Monnin, Tézenas, Loubet, Le Guen,
Fresneau, Le Bastard, Blavier, Dabois-Fresney,
Noblot.
On a distribué hier le rapport de M. Bozérian
relatif i la proposition do loi ayant pour objet
de modifier les articles du Code d'instruction
criminelle et du Code pénal relatifs aux cir-
constances atténuantes.
La proposition de loi comprend deux parties
qui modifient l'article 341 du Code d'instruction
criminelle relatif à la déclaration des clrcons-
tauces atténuantes et le dernier paragraphe de
l'article 463.
Comme nous l'avons déjà dit, ce projet de loi
a été inspire par plusieurs acquittements pro-
noncés par le jury daus da récentes affaires
d'assassinats, de meurtres ou de coups ou bles-
sures volontaires.
Le rapport, après être entré dans l'examen
approfondi de la question et avoir montré que
le remède à la situation que l'on vise a déjà élè
trouvé daus plusieurs pays étrangers, a Ge-
nève, en Danemark, en Suède, en Norwège,
conclut à la prise en considération de la propo-
sition de loi modifiant l'article Ml (du Code d'ins-
truction criminelle.
D'après la nouvelle rédaction proposée, le jury
devra maintenant déclarer qu'il y a, en faveur
de l'accusé, des circonstances atténuantes ou
très atténuantes.
Le dernier paragraphe de l'article 463 do Code
pénal est remplacé comme suit : « Lorsque les
circonstances auront été reconnues très atté-
nuantes, la cour appliquera les dispositions de
l'article 401 relatives à l'emprisonnement et A
l'amende, sans pouvoir élever la peine ou l'em-
prisonnement au-dessus de deux ans, ni l'abais-
ser au-dessous de trois mois. »
Da plus « dans le cas où l'amende est substi-
tuée à l'emprisonnement, si la peine de l'empri-
sonnement est seule prononcée par l'article dont
il est fait application, le maximum de cette
amende sera de 3,000 francs. « Le reste de l'ar-
ticle ne subit pas de changement.
On mande de Hanoi, 6 mars, au Temps :
Les travaux de la commission de délimitation
n'ont pas encore repris,
M. de Saint-Chaffray a fait savoir aux com-
missaires chinois, qu'il en référerait à Paris
pour certaines rectifications qu'ils réclamaient.
De leur côté, les commissaires chinois ont éga-
lement référé A Pékin. On pense qu'il s'écoulera
plusieurs jours avant que la commission puisse
recommencer ses travaux.
La mauvaise saison va obliger à suspendre
prochainement les opérations ; les chemins au-
tour de Dong-Dang sont impraticables.
Voici ce qu'on lit dans le Figaro :
Nous avons entendu l'un d«s amis du prince
Jérôme dire en sortant du Palais-Bourbon ;
« Décidément cette Chambre est pourrie d'or-
léanisme. »
PERSONNEL LAIQUE
. ,£? â¢nt de voter en première
primaire 11 Snr l'enseignement
Ce n'a pas été Bans beaucoup de paro-
vnvéf fKirC échec' 13 dro'le a en-
toura M rhâUnei8e 3 plu? fouSueux ora-
sSt leRmw ? ?nsq5I ost' comme on
a fnimiii ?' 1?1^ 6 du Luxembourg,
a ⢠*1 0 Pr°Jet Ses plus véhe-
mentes périodes. A ses côtés MM. do Ga-
vardie, Delsol et autres paladins de l'en-
seignement congréganistes, au'il était
tout naturel d'entendre défendre leurs
gn on s attendait peut-être moins à voir
jouer en cette affaire un tel rôle, ont dé-
o ' uîâC? 6 ,e3t dispositions soumises
t 6 hélas ! inutile,
iant defforts sont restés stérilos Le
dieu des armées et des congrégations a
regarde combattre et battre ses soldats
Bouleâ¢nt à éclairer f?!m
de la majorité.16⢠CB ies mécréants
ap.ré! .^utre, les articles ont dé-
rti la în?an ÎS a' 0d CODOaî' l'esprit
^sumo 'ou' entier dans
qH!- dlsP°ss 1«e. dans toutes
les ecoles publiques, l'enseignement sera
exclusivement confié à un personnel
laïque. Tous les autres articles n'ont
m°enrt ^'organiser le fonctionne-
ment de cette disposition fondamentale.
00⢠Tocn en3?'Snemâ¢t primaire du
avalt Posé le principe de la
neutralité des programmes, lillo appelait
⢠e 1Qdi3Pensable. La loi qui
vient d etre une première fois votée par
Ce serait en effet un singulier moyen
^L^LrTpecterie 3 consistions de tous,
dans 1 école, que d'en confier la direction
L, Jgens 9U1> par profession, sont
tenus de courir sus à toutes les convic-
tions qui ne sont poiDt les leurs.
Les cléricaux, je le sais, parlent de
persécution. N'est-ce point admirable? Ils
ont le droitâ et ils en usent â de fon-
laï«ue l'écolecon-
gregamste. Liberté leur est donnée d'oD-
poser enseignement à enseignement II
y aJ>lu.f-NO"*" sommes dans un pays où
en dépit de 1 étiquette républicaine, sub-
siste encore cette anomalie monstrueuse
de religions payées par l'Etat. A côté de
lecole sont des edificesélevés.dans l'im-
monse majorité des cas, aux frais des
contribubles, entretenus par eux. Des
prêtres, qui vivent à nos dépens, y prê-
chent librement leurs dogmes. lit nos
bons réactionnaires crient au martyre
parce que nous nous refusons à laisser
plus longtemps les congréganistes ins-
talles jusque dans les chaires de nos éco-
les ! C est une dénsion.
Que l'Etat ait d'ailleurs le droit de
confier à qui lui plaît cette fonction si
délicate, si grave, d'enseigner dans les
établissements publics, personne à quel-
que parti qu'il appartienne ne saurait le
contester sérieusement. Eh bien i il y a
un devoir étroit pour le gouvernement
républicain, c'est de no pas souffrir oue
dans ses écoles aucun instituteur se
fasse, au profit d'une secte, l'adversaire
â¡ opinions philosophiques ou religieuses
qui ont droit à être respectées. Est. ce
que le congreganiste peut être ce maî-
tre tolérant, impartial, respectueux des
convictions d'autroi, non, il n'en a pas le
droit. Sa robe noie lui permet pas.
En voulez-vous une preuve nouvelle
et bien intéressante? Lisez cet article 1"
des statuts des frères des écoles chré-
« La fin de cet institut est de donner
» une instruction chrétienno aux en-
» fants et c'est pour cela qu'on y tient
» des écoles, afin que les enfants étant
» sous la conduite des maîtres depuis le
» matin jusqu'au soir, ces maîtres puis-
» sent leur apprendre à vivre en les
» instruisant des principes de notre
»> sainte religion, en leur inspirant les
» maximes chrétiennes et enleurdon-
» nant ainsi l'éducation qui leur con-
» Ils mettront leur premier et leur
» principal soin. à apprendre à leurs
» éieves les prières du matin et du soir
» le Pater, l'Ave Maria, la Credo et lé
» Confileor, et ces mêmes prières en
» Iran fais ; les commandements de Dieu
» et de l'Eglise, tes réponses de la sainte
» messe, le catéchisme, les devoirs du
» chrétien et les maximes pratiques que
» le Seigneur nous a laissées dans le
a saint Evangile. »
Voilà qui est sans ambages, j'imagine.
Il faut avouer que nous serions de grands
naïfs si, connaissant les engagements
qu'imposent les chefs des congrégations
à leurs subordonnés, nous demandions à
ceux qui y ont souscrit d'aller donner
à nos enfants une éducation diamétrale-
ment opposée à celle qu'ils ont promis
de répandre. Les faits, du reste, sont là,
plus éloquents qu'aucun raisonnement.
C'est le ministre de l'instruction publique
lui-mêmeâ la chose est assez piquanteâ
qui, dans le courant do la discussion,, a
du avouer à la tribune que la neutralité
établie par la loi de 1882 qu'il a charge
de faire respecter, est outrageusement
violée partout où les congréganistes sont
encore maîtres de l'enseignement pu-
blic.
De l'Est et de l'Ouest, du Midi et du
Nord, les plaintes des pères de familles
arrivent identiques. En Meurthe-et-Mo-
selle comme dans le Finistère, dans la
Haute-Garonne comme dans le Pas-de-
Calais, les agissements des bons frères
sont tous les mêmes. Distribution d'ima-
ges religieuses, enseignement du caté-
chisme pondant les heures de classe, ré-
citation de prières au commencement et
à la fia de chaque exercice. Partout où il
y a un congreganiste il en est ainsi. Il
n'en saurait être autrement. Il est aussi
impossible à un ne pas parler catéchisme dans son école
qu'à une « bonne soeur », dans son hôpi-
tal, de ne pas agacer les malades de
ses turlutaines mystiques. Dans un cas
comme dans l'autre il n'y a qu'un re-
mède : remplacer le congréganiste par
le laïque.
Je sais bien que nos bons cléricaux
crient du haut de leur tête à l'abomina-
tion do la désolation. Nous connaissons
le refrain des « écoles sans Dieu ». Je
n'ai pas la prétention de me faire enten-
dre de gens qui se bouchent les oreilles.
Mais il n'est pas mauvais de juger, sur
les documents mêmes, quelles idées diri-
gent nos maîtres et nos maîtresses laï-
ques. Je veux mettre sous les yeux de
nos lecteurs nn passage de l'allocution
qu'il y a quelques semaines, adressait au
ministre, de passage à Bordeaux, la di-
rectrice de l'école normale de filles de
cette ville :
« Nous savons, disait cette institutrice,
» à quelle oeuvre belle et sérieuse, et at-
» tachante entre toutes, vous nous avez
» fait l'honneur de nous associer. Nous
» savons que la France attend de nous
» que nous agissions sur l'esprit et sur
» l'âme des enfants du peuple, de Ces
» humbles que leur grand nombre a fait
» jusqu'ici déshériter de la véritable eul-
» ture de l'esprit et du coeur, ainsi que
» de la liberté, et qu'un régime austère,
» mais digne d'eux, appelle aujourd'hui
» à se conduire eux-mêmes. Nous savons
» que vous attendez de nous, non seule-
» ment que nous donnions aux élèves des
» écoles primaires un savoir que les con-
» ditions de la vie rendent aujourd'hui
» nécessaire, mais la rectitude du juge-
» ment, la sagesse de l'esprit, l'élévation
» des sentiments et la force des convic-
tions morales qui assureront l'avenir
» de la démocratie française. »
Un commentaire serait superflu. La
France républicaine peut remettre svec
confiance le soin d'élever ses enfants à
des maîtres qui pensent et qui parlent
ainsi. Us n'ont à redouter aucune compa-
raison, sous aucun rapport, avec ls3 con-
gréganistes de toute robe dont M. Ches-
nelong et ses amis pleurent le départ.
A. Millerand.
LE SÉNAT
Le Sénat a discuté hier et approuvé le
traité de Madagascar; comme a la Cham-
bre, la plupart des orateurs ont déclaré
qu'ils étaient prêts à ratifier cet instru-
ment diplomatique, tout en le criblant de
sévères critiques, et notre ami Georges
Perin s'est ainsi trouvé avoir raison dans
les deux Chambres. On ne peut se dissi-
muler, en effet, que ce protectorat atté-
nué impose à la France des charges qui
ne sont pas proportionnées aux avan-
tages qu'elle en retire. Et M. de Frey-
cinet, pressé par l'argumentation de M.
Buffet, a été obligé de convenir une fois
de plus auo la guerre pouvait sortir de
chacun des articles du traité, soit par
le fait de la mauvaise foi des Hovas,
soit parce qu'à tout instant nous pou-
vons nous trouver en conflit avec une
nation étrangère. Nous voulons bien ad-
mettre, avec M. do Freycinet, qu'on en-
visageant ainsi les hypothèses les moins
favorables, on pourrait faire le môme
procès à toutes les conventions diploma-
tiques.
11 n'en reste pas moins vrai que ce
protectorat lointain, tel qu'il est défini
par le traité, peut un jour ou l'autre,
selon l'humeur d'un ministre aventu-
reux, devenir pour la France une cause
d'embarras et de conflit, qu'on aurait
évités par un simple traité de paix.
Toutes ces réserves faites, le traité a
été approuvé par le Sénat.
E. D.
L'Evénement a publié la note suivante :
Oq sait le» polémiques soulevées dernière-
ment en ltalie par la question de la statue de
Napoléon III a Installer sar nue des places de
Milan.
A ce propos, on écrit de Rome que le Comité
exécutif démocratique italien vient d'adresser à
M. Clemenceau une lettre dans laquelle 11 af-
firme sa sympathie pour la République fran-
çaise, afin qu il ne reste pas de doute à cet
égard ni de malentendu.
La lettre suivante vient, en effet, d'être
adressée à M. Clemenceau :
Monsieur le député,
En ce momen-où ceux qui travaillent de plus
en plus à séparer l'Italie de la France, prétendent
donner à leurs tentatives une sanction solen-
nelle, en quelque sorte populaire, par la créa-
tion d'un monument à Milan, nous éprouvons
le désir d'envoyer par votre entremise et au
nom da parti démocratique Italien une frater-
nelle parole de solidarité à la démocratie fran-
çaise.
Ea s'opposant & la création d'un monument
qui rappellerait & la France comme à l'Italie des
jours de deuil et de honte, la démocratie Ita-
lienne n'a pas seulement pour but d'empêcher
un outrage immérité au peuple français et au
peuple Italien ; elle entend aussi démentir les :
semblants de réalisation même lointaine qu'on
affecte d'attribuer à certains rêves contre la
liberté.
La lutte tantôt sourde, tantôt manifeste fo-
mentée contre nous par l'Europe officielle n'est
pas dirigée contre la France-Nation, mais contre
la France-République. Cest contre votre cons-
cience, contre votre pensée, contre votre presse
et votre tribune, c'est non seulement contre ce
que vous avez déjà, conquis, mais encore c'est
contre ce que vous vous apprêtez à conquérir
que la guerre est déclarée, c'est contre tout ce
qui, en somme, fait l'honneur du nom français,
l'espérance de son peuple, le patrimoine et l'ob-
jectif de la civilisation moderne.
C'est sur ce terrain que se donnent rendez-
vous tous ceux qui, de Vienne au Vatican, tra-
vaillent avec une ténébreuse persistance aux
projets de réaction.
En Italie comme en Autriche, en France
comme en Allemagne, en Grèce comme parmi
les peuples slaves, lis ont intérêt à barrer la
marche ascendante du peuple sur le grand che-
min des revendications nationales, politiques et
économiques.
L'Italie à Rome, la France à Paris, ront les
victimes désignées a la haine implacable de la
réaction universelle.
En présence de ces menaces, la démocratie
française et la démocratie italienne ont le de-
voir de s'unir pour lenr défense et d'affirmer
leur fraternité.
Cette fraternité cimentée sur les champs de
bataille, à Magenta comme à. Dijon, preuve sa-
crée de l'Identité des origines, de l'analogie des
langues et des traditions proclame solennelle-
ment son accord unanime et l'association de ses
forces respectives en vue de l'oeuvré civilisa-
trice de la société moderne.
Conformément à ce veen de l'immense majorité
de la démocratie italienne que cous avons l'hon-
neur de représenter nous vous invitons â main-
tenant que la réaction semble relever la têle â
à joindre nos efforts pour sauvegarder le monde
moderne des embûches contre la liberté, pour
consolider et défendre le progrès dans tout ce
qu'il promet de plus grand, de plus glorieux, de
plus fécond à l'humanité.
Recevez, monsieur le député, etc.
Ant. MÀFFI, député.â EDOÀRDO PANTANO.
Getle éloquent© protestation prouve une
fois de plus la communauté d'Idées et la
fraternité des sentiments qui unissent étroi-
tement la démocratie italienne et la démo-
cratie française. Noua sommes heureux de
cette nouvelle occasion de remercier nos
voisins et de protester de notre chaleureux
dévouement à la cause de la liberté ita-
lienne.
CHRONIQUE
BALS MASQUES
Peut-être bien que le carnaval s'en'va, et
que les roses vont éclore. Mais 11 n'y a ja-
mais rien là de dêfinitif Toujours les roses
se fanent, et toujours le carnaval revient.
On peut empêcher le boeuf gras de sortir de
l'abattoir; on pentrester en stupéfaction de-
vant un masqne rencontré sur le boulevard.
Rien n'y fait. Ceux qui ne veulent pas dé-
mordre de la recherche traditionnelle du
plaisir, se réunissent à huis-clos ; une Folie
de 1832 sort du magasin des accessoires ; le
monsieur en habit noir suit avec un crêpe
autour de son cerveau ; le gouvernement
met des municipaux à cheval àla porte pour
protéger l'immuable manifestation du rire
national. Kl tout le monde entre ; et l'on ren-
contre, sous l'horloge aux rendez-vous,
ceux qui manifestaient, la veille, l'horreur
la plus profonde pour ce genre de distrac-
tions ; et l'on entend les gens qui remettent
leurs paletots déclarer que, cette fois-ci, Ils
ne se sont pas trop ennuyés.
Sans doute ne s'est-on jamais amusé da-
vantage, et ne manque-t-il qu'un moraliste
et un dessinateur travaillant d'après nature
pour trouver l'aspect et la signification du
Plaisir de 1886.
C'est vrai qn'on danse partout, de l'Opéra
aux boulevards extérieurs et do la rue VI-
vienne à Grenelle. On plutôt â on regarde
danser. I,e â monsieur », aujourd'hui, ne
danse plus, qu'il ait les articulation ) rouil-
lées, ou qu'il aolt envahi par la timidité. Il
regarde danser, il t'incorpore le rythme
par les yeux, et il déclara prendre assez
d'exercice. Les choses se passent exacte-
ment, dans l'endroit public, comme daus le
« monde ». Il y a comme un fil invisible qui
sépare l'action de la passivité. Dans le
monde, 11 n'y a plus que les tout jeunes qui
dansent, les vieux jeunes gecs fument
et parlent administration. Au bal mas-
qué, il faut payer les danseurs par le
droit d'accès, par des consommations choi-
sies , â 11 faudra bientôt ouvrir un
guichet, tenir une comptabilité, solder
les valses et les mazurkas. Qui n'a pas vu
les huissiers de l'Opéra ramener violem-
ment au centre des opérations les Paillasses
et les Colombines eu rupture de quadrilles î
qui n'a entendu ces forçats du Tout A ia Joie
s'épuiser en objurgations, faire valoir des
heurés et des heures de déhanchements et
de grands écarts? C'est à penser que bien-
tôt ce seront les raflés du Dépôt et les con-
damnés de la Petite-Roquette qu'on amè-
nera en voitures cellulaires aux greffes des
lieux de plaisir, et qu'on attachera a des
piquets, avec l'Injonction d'obéir toute une
nnit au bâton du chef d'orchestre I Les cho-
ses prennent cette tournure. Les désoeuvrés
veulent bleu regarder en orientaux, mais
jamais plus Us ne consentiront à entrer dana
la danse.
Iront-ils même regarder, dans quelque
temps î II est tort possible que non. A l'O-
péra, le foyer et le couloir des premières
loges sont autrement fréquentés que la salle.
Cest que, dans le couloir surtout, les sil-
houettes et les occupations sont davan-
tage intéressantes. Les éclats blancs et
les taches noires se croisent, s'accro-
chent, se confondent. Des yeux prennent
du charme au velours des masques ; des
sourires s'atténuent mystérieusement sous
les barbes des dentelles. La lumière pas
trop vive change un peu la vulgarité vi-
vante en une crépusculaire promenade
d'ombres. Des filles se sauvent avec des
allures de très grandes dames poursuivies
dans les corridors de la Tour de Nesle. Il
y a des accotements et des conversations
dans des coins qui font songer à l'Installa-
tion d'un drame intime ou d'une comédie
spirituelle dans une figuration bien réglée.
Des portes de loges se ferment sur des gaités
mal en train et sur des indignations pour
rire. Des têtes de vieux font songer à
des affûts de satyres dans des bols. Ché-
rubin passe avec nne fleur à la boutonnière
et uu chapeau mécanique sous le bras.
Tontes les femmes ont le bénéfice de l'inco-
gnito. Chacune cherche à être autre chose
que ce qu'elle est tous les autres Jours de
l'année ; elle s'est, avant de venir, essayée
à conjuguer tous les temps dn verbe Intri-
guer. C'est la banalité costumée, mais c'est
le geste composé, la raideur voulue, la voix
changée, le regard retouché. Celles qui
n'ont pas travaillé à styler leur personne
sont rares. Les efforts veulent atteindre des
distinctions ou des Ingénuités admirées au
théâtre. Des promeneuses classées et numéro-
tées savent garder le silence et montrer des
pudeurs.âLe couloir de l'Opéra est peut-être
le seul endroit do Paris, où, quatre fols par
an, la grossièreté s'apprenne à marivauder,
où la galanterie consente h être aimable.
Ce sont là les réflexions qui viennent à
ceux qui rêvassent une philosophie dans le
bruit de la musique mêlé an bruit des voix,
dans le remuement des couleurs, dans le
mince Inconnu possible, dans la grâce qui
pent subitement se lever de la mélancolie
du plaisir. â Quelques-uns de ceux-là qui
aiment, après ces fatigues des yeux, & cau-
ser longuement autour d'une table de res-
taurant, dans la fumée des cigarettes, s'é-
talent réunis à la sortie d'une de ces der.
nlèresjfétes masquées. Ils s'étaient mis d'ac-
cord qu'on pouvait feuilleter les anciennes
collections et regarder les réalités d'il y a
cinq minutes sans trouver d'appréciables
changements. 113 s'en fournissaient comme
preuve que dans tout ce qui était crié, dit,
chuchoté, on trouvait de quoi accompagner
les attitudes et les gesticulations, de façon à
donner parfois l'illusion suffisante de l'es-
prit et de la gaieté. Cent phrases, mille
phrases Ineptes, certes, â mais de temps à
autre, une légende possible. Et l'un citait
le pierrot entrevu tout à l'heure, un pierrot
pauvre, ratatiné et grelottant, filant le long
des murs, tout blafard ;et tout funambu-
lesque dans le gris du matin, et gromme-
lant dans sa collerette! un : « J'ai-t-y sué»
si convaincu et si admiratif 1 Et un autre
racontait ce court dialogue entre deux
hommes et une femme, les deux hommes
vantant, ou réclamant, vaguement, la fer-
meté des gorges et des épaules, et la fem-
me, une Ironique et désenchantée per-
sonne, répondant simplement, d'une voix
tranquille : < Routiniers 1 »
C'est vrai que Gavarni aurait bâti deux
beaux dessins au-dessus de ces deux mots 1
Gustave Geffroy.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Ea réforme de 1» Chambre
de» pair*)
On mande de Londres, 5 mars :
Chambre des communes. â M. Labouchère
dépose une proposition ayant pour objet de dé-
clarer qu'il est contraire anx principes du gou-
vernement représentatif qu'aucun membre du
Parlement dans les deux Chambres tienne son
mandat de législateur par droit d'hérédité.
M. Gladstone reconnaît que la Chambre des
communes et le pays ont de justes griefs contre
la Chambre des pairs.
Cependant, il doit combattre la proposition
Labouchère.
Tout le monde est maintenant d'accord pour
reconnaître la nécessité d'une rèforme de la
Chambre de? pairs ; mais, ajoute M. Gladstone,
je ne sais pas encore en mesure de proposer
l'abolition du principe héréditaire, et la Cham-
bre ne doit pas prématurément lier sou action
future daus une question si grave et si impor-
tante par l'adoption d'une proposition se pro-
duisant comme celle de M. Labouchère.
Cette proposition est rejeté** par 202 voix
contre 166.
Uii discours du marquis de
Hartington
On télégraphie de Londres, G mars :
Le marquis de Hartinglon a pris la parole au
banquet libéral qui a eu lieu hier soir à l'hôtel
de ,Westmiaster-Palace.
L'orateur a déclaré que sa séparation momen-
tanée de ses anciens collègues loi était très pé-
nible.
Abordant la question du gouvernement de
l'Irlande, il a critique 1a politique de l'adminis-
tration précédente qui, en essayant de gouver-
ner le pays sans recourir a la législation spé-
ciale du Crimes Act, avait fait naitre dans la
population des espérances qu'on n'avait pas l'in-
tention de réaliser.
Lé marquis de Hartington a fait remarquer
que le Parlement ne peut consentir à se
laisser violenter par les partisans de M. Par-
nell, mais il a admis qu'il y aurait justice à
faire certaines concessions a Tir ia de. 11 a pro
testé contre cette assertion que les députes
nationalistes représentent la majorité du peu â¢
pis irlandais, attendu, a-t-il dit, quu les élec-
tions se sont faites sous un régime d'intimida-
tion.
L'orateur a dèfendu les recentes déclarations
Un Numero î ia «â¢ Paris et Départements
Dimanche 7 Mars 1886.
niKECTxug mmouK s
G. CLEMENCEAU!
S'idreaser pour tout ce qui concerne la Kéd&ctfûu
» H. LOUIS NULLES
Secreiaire ce la Rédaction
{Let manuscrits non intérêt ne seront pas renrfui.)
ANNONCE «IMK MM. DOUiKBKN l'US, SÊÛUT «1 O
10, ra« ara Dit®- c«:«li4r»
LA JUSTICE
alsuTsn n our :
CAMII.X.X3 PELLETAI^
ABONNEMENTS
fARIS DÉ J»A RT t M EMTB
iVoia molo, 10 1t. Trois muis. 13 fr.
Six moia* 20 > Six mois 34 *
Ua 4a.... 40 » Un an .......... 40 »
Adresser Us mandat* à l'AdminiitratOUJ
ȕ. C. TUEBUTIBN
10, ruo fia Faubourg- Lïontnuayrtr#, 10
LA
PART DU FEU
Le vote du conseil municipal en faveur
des « habitants de ta commune de Deca-
zeville victimes de la cessation du travail
des mines «n'est pas attaqué par la presse
modérée ou conservatrice avec autant de
virulence qu'on eut pu le supposer. Le
National seul pousse un cri rauque et
désespéré. Il y a de quoi: Dans une même
séance le conseil refuse de voter d'urgen-
ce, sans examen, une subvention à l'éta-
blissement de M. Pasteur et au contraire
il accorde sans se faire prier un secours
aux mineurs. Les enragés du modéran-
tisme ont donc deux motifs également
légitimes de se croire perdus.
En véritable opportuniste, le Temps,
lui, n'est enragé qu'à bon escient et à ses
heures. Aujourd'hui, il ne semble pas
avoir remarqué l'effrayante coïncidence
des deux votes. Il ne dit rien des conseil-
lers qui n'ont pas jugé que l'hydrophobie
fat un péril assez général et assez immi-
nent pour accorder, au pied lové, une
subvention à M. Pasteur. Et, d'autre part,
il critique sans trop d'amertume, ceux
qui n'ont pas voulu attendre que les mi-
neurs de Decazaville fussent vaincus,
soumis ou chassés de la mine, pour leur
accorder une marque de sympathie et
l'appui moral de la Ville de Paris.
Cette atténuation voulue d'une mal-
veillance ordinaire est un symptôme de
plus que nous recommandons à l'atten-
tion de la Compagnie houillère. Elle de-
vra le rapprocher des dispositions bien
connues de toutes les populations envi-
ronnantes en faveur des ouvriers de De-
cazeville. 11 est en effet remarquable que
si peu de temps après la mort tragique de
M. Watrin, les modérés ne croient plus
pouvoir exploiter ce déplorable événe-
ment contre les griefs les plus justifiés
et les' réclamations les plus innocentes
des mineurs. 11 a fallu que les adminis-
trateurs fussent bien maladroits, bien
provocateurs, bien violents pour retour-
ner ainsi contre eux leurs alliés naturels
et leurs défenseurs attitrés.
Les choses en sont à ce point qu'il n'y
a plus en ce moment que M. Léon Say
qui proteste â et non sans précautions
oratoires â contre les déclarations attri-
buées à M. le ministre des travaux pu-
blics.
Encore si le préisdent du conseil d'ad-
ministration de Decazeville se bornait à
une protestation digne et solennelle.
Mais non, il discute, il argumente, il er-
gote. 11 torture la loi de 1791, celle de
1810. Il veut prouver son droit. Bien
mieux, il cherche à démontrer aux ba-
dauds qui ne connaissent pas le premier
mot de la question, qu'il n'y a pas, en
dehors de lui, et de ses congénères, d'ex-
ploitation possible ni des mines de l'Avey-
ron ni d'aucunes autres. Il discute, le
malheureux ! Ne sait-il donc pas que tout
despotisme, tout privilège qui commence
à argumenter, qui veut établir son droit
sur la raison et la justice est, par cela
môme, condamné à confesser son ini-
quité l Ne sait-il donc pas qu'il est, ce
jour-là, à la veille de sa chute?
IL y aurait profit assurément à réfuter
da point en point les différentes thèses
que soutient l'administrateur de Decaze-
ville dans le dernier numéro du Journal
des Débats. C'est un plaisir qui sera dif-
féré mais ne sera pas perdu. A côlê de la
petite question qui, naturellement, pas-
sionne en ce moment M. Léon Say, il y a
la grande question du régime de posses-
sion et d'exploitation des mines qui soit
le plus conforme à la fois aux intérêts
des ouvriers et aux intérêts de la nation
tout entière. Elle reviendra prochaine-
ment soit à la Chambre, soit au Conseil
municipal. C'est, On peut lo dire, entre
toutes les divisions de la question so-
ciale, celle dont le souci de la Répu-
blique elle-même impose la solution
à brève échéance. Il peut se faire que
dans l'état actuel de l'esprit public
et de l'opinion des gouvernants la 30'
lution ne soit pas la définitive, celte
que nous préconiserons. Il peut se faire
que l'Etat ne procède que partiellement
et faiblement à « la révision des contrats
ayant aliéné la propriété publique ». Il
peut se faire enfin qne le personnel ex-
ploitant ne soit pas, du premier coup,
complètement affranchi de ses présents
seigneurs. Il peut se faire qu'avant d'être
élevés à la dignité de travailleurs libres
et associés, les mineurs passent par un
degré intermédiaire et ne soient d'abord
qua des participants.
Ce qu'il faut quo le financier des Dé-
bals sache et comprenne, c'est que le ré-
gime de ses préférences â pour ne pas
dire de ses dividendes â ne peut pas
durer plus longtemps sans trahison en-
vers le peuple, ni sans péril pour l'ordre
républicain.
Quand M. Léon Say aura compris
cela, nul doute qu'il ns se décide à étu-
dier les idées do ses adversaires au lieu
de les travestir. S'il n'a pas la hauteur
de vues des privilégiés de la nuit du 4
août, il est assez malin, politiquement
et financièrement, pour faire la part du
feu. Nous l'engageons à se hâter.
Charles Longuet.
LA
JOURNÉE
Conseil des ministres
Note Havas :
Les ministres se sont réunis hier, à l'Elysée,
sous la présidence de M. Joies Grèvy.
M. Sadl Carnot n'a encore pu assister & ce
conseil.
M. Baïllaut, ministre des travaux publics, a
entretenu ses collègues des interprétations in-
exactes données par une partie de la presse à ses
paroles dans l'entrevue qu'il a eue, le 3 mars,
arec les délégués de l'Extrême gauche. Sans se
prononcer sur les responsabilités engagées, M.
Baïhaut avait déclaré que le gouvernement use-
rait, au besoin, du droit Inscrit dans la législa-
tion sur les mines. Loin de se déclarer favorable
à l'éventualité de l'exploitation de gisements
houillers par l'Etat, 11 avait en soin de faire à
cet égard les réserves les plus formelles au point
de vue dn droit, et il s'est appliqué A faire res-
sortir les graves Inconvénients qui pourraient
en résulter.
M. Sarrlen, ministre de l'intérieur, a fait con-
naître la situation & Decazeville. La grève con-
tinue. Quoique quelques symptômes de détente
se soient produits, des ouvriers grévistes, qui
s'étalent embauchés pour la mine de Cransac,
ont, au dernier moment, refusé de partir.
A Saint-Quentin, 60 ouvriers, sur 80 qu'oc-
cupe l'usine Ham, ont abandonné le travail.
M. Sarrlen a rendu compte de l'attentat com-
mis hier à la Bourse. Une seule personne a été
atteinte légèrement par le ricochet de l'une des
balles.
Le ministre de l'Intérieur a été autorisé & dé-
poser, sur le bureau de la Chambre des députés,
un projet de loi tendant au prélèvement de la
somme de cinq millions, au profit des départe-
ments et des communes de la métropole, sur la
dotation de l'emprunt réservée à la construc-
tion de chemins vicinanx en Algérie.
Le ministre de la guerre déposera également
le projet tendant à la répression de l'espion-
nage, projet qui a été préparé par le conseil
d'Etat.
L'amiral Aube a présenté à la signature du
président de la République deux décrets por-
tant : l'un, réorganisation des défenses sous-
marines, et l'autre, réorganisation des services
hydrographiques.
M. Sarrlen a lait signer un mouvement ad-
ministratif portant sur les trois préfectures
suivantes : M. Bageton, préfet de la Dordogne,
est nommé préfet de la Loire ; M. Laugier-
Mathieu, préfet de la Haute-Marne, est nommé
préfet de la Dordogne; M. Delpech, sous-préfet
de Langres, est nommé préfet de la Haute-
Marne.
M. Demôle a fait signer un mouvement judi-
ciaire comprenant la nomination de M. Alar-
gue, ancien député, comme conseiller à la cour
de Paris.
Les déclarations faites par M. Baihaut à ses
collègues ne peuvent s'appliquer, a aucun titre,
A la note parue dans les journaux radicaux a
la suite de l'entrevue des députés de l'Extrême
gauche avec le ministre des travaux publics.
Ces déclarations ne rectifient, en effet, aucun
passage de la note que nous avons publiée et
qui relatait très exactement les opinlpns échan-
gées entre le ministre et ses interlocuteurs.
Nouvelles diverse»
Le général Appert ne rentrera en France
qu'après avoir représenté le gouvernement fran-
çais aux fêtes qui auront lieu le 14 mars, à
Saint-Pétersbourg, pour le cinquième anniver-
saire de l'avènement du tsar.
Le général prendra alors un congé A l'expira-
tion duquel le nouvel ambassadeur de Saint-
Pétersbourg sera désigné.
Une nouvelle réorganisation des bureaux du
ministère de l'intérieur est en ce moment à l'é-
tude. Celle réoganisation entraînerait la sup-
pression d'une vingtaine de chefs de bureau,
qui seraient remplacés par des sous-chefs. Le
nombre des employés aéra désormais limité,
dans chaque service, d'après le travail qui sera
reconnu strictement nécessaire.
Sur le rapport de M. le général Boulanger,
ministre de la guerre, M. Jules Grévy vient de
rendre un décret aux termes duquel leB con-
trôleurs généraux de 1" classe seront admis
dans la 2e section du cadre de réserve à l'âge
de soixante-cinq ans, et les contrôleurs, géné-
raux de 2* classe à l'âge de soixante-deùx ans.
An .Sénat
Le Sénat, réuni dans ses bureaux, a nommé,
diverses commissions j our l'examen de plusieurs
propositions émanant de l'initiative de ses mem-
bres.
Sont élus commissaires pour l'examen de la
proposition de loi de M. Marcel Barthe, ayant
pour objet les conditions d'almission et d'avan-
cement dans les fonctions publiques : MM. Mu-
nier, Marcel Barthe, Forcioli Isaac, Lenoël,
Chardon, Combescure, Parent, Halgan ;
Commissaires pour l'examen du projet de ré-
solution de M. Isaac, tendant a la constitution
d'une commission de dix-hait membres, chargée
de rechercher les modifications à introduire
dans l'organisation des colonies : MM. Dietz-
Monnin Barbey, Vigarosy, Isaac, le généra!
Pélissier, le gênerai Guillemant l'amiral Jaurès,
le général Frèbault, Michaud ;
Commissaires pour l'examen du projet de ré-
solution de M. Fresneau, tendant â la nomina-
tion d'une commission d'enquête sur les prove-
nances, qualités et prix des fournitures mili-
taires et autres inscrites au budget de l'Etat :
MM. Dietz-Monnin, Tézenas, Loubet, Le Guen,
Fresneau, Le Bastard, Blavier, Dabois-Fresney,
Noblot.
On a distribué hier le rapport de M. Bozérian
relatif i la proposition do loi ayant pour objet
de modifier les articles du Code d'instruction
criminelle et du Code pénal relatifs aux cir-
constances atténuantes.
La proposition de loi comprend deux parties
qui modifient l'article 341 du Code d'instruction
criminelle relatif à la déclaration des clrcons-
tauces atténuantes et le dernier paragraphe de
l'article 463.
Comme nous l'avons déjà dit, ce projet de loi
a été inspire par plusieurs acquittements pro-
noncés par le jury daus da récentes affaires
d'assassinats, de meurtres ou de coups ou bles-
sures volontaires.
Le rapport, après être entré dans l'examen
approfondi de la question et avoir montré que
le remède à la situation que l'on vise a déjà élè
trouvé daus plusieurs pays étrangers, a Ge-
nève, en Danemark, en Suède, en Norwège,
conclut à la prise en considération de la propo-
sition de loi modifiant l'article Ml (du Code d'ins-
truction criminelle.
D'après la nouvelle rédaction proposée, le jury
devra maintenant déclarer qu'il y a, en faveur
de l'accusé, des circonstances atténuantes ou
très atténuantes.
Le dernier paragraphe de l'article 463 do Code
pénal est remplacé comme suit : « Lorsque les
circonstances auront été reconnues très atté-
nuantes, la cour appliquera les dispositions de
l'article 401 relatives à l'emprisonnement et A
l'amende, sans pouvoir élever la peine ou l'em-
prisonnement au-dessus de deux ans, ni l'abais-
ser au-dessous de trois mois. »
Da plus « dans le cas où l'amende est substi-
tuée à l'emprisonnement, si la peine de l'empri-
sonnement est seule prononcée par l'article dont
il est fait application, le maximum de cette
amende sera de 3,000 francs. « Le reste de l'ar-
ticle ne subit pas de changement.
On mande de Hanoi, 6 mars, au Temps :
Les travaux de la commission de délimitation
n'ont pas encore repris,
M. de Saint-Chaffray a fait savoir aux com-
missaires chinois, qu'il en référerait à Paris
pour certaines rectifications qu'ils réclamaient.
De leur côté, les commissaires chinois ont éga-
lement référé A Pékin. On pense qu'il s'écoulera
plusieurs jours avant que la commission puisse
recommencer ses travaux.
La mauvaise saison va obliger à suspendre
prochainement les opérations ; les chemins au-
tour de Dong-Dang sont impraticables.
Voici ce qu'on lit dans le Figaro :
Nous avons entendu l'un d«s amis du prince
Jérôme dire en sortant du Palais-Bourbon ;
« Décidément cette Chambre est pourrie d'or-
léanisme. »
PERSONNEL LAIQUE
. ,£? â¢nt de voter en première
primaire 11 Snr l'enseignement
Ce n'a pas été Bans beaucoup de paro-
vnvéf fKirC échec' 13 dro'le a en-
toura M rhâUnei8e 3 plu? fouSueux ora-
sSt leRmw ? ?nsq5I ost' comme on
a fnimiii ?' 1?1^ 6 du Luxembourg,
a ⢠*1 0 Pr°Jet Ses plus véhe-
mentes périodes. A ses côtés MM. do Ga-
vardie, Delsol et autres paladins de l'en-
seignement congréganistes, au'il était
tout naturel d'entendre défendre leurs
gn on s attendait peut-être moins à voir
jouer en cette affaire un tel rôle, ont dé-
o ' uîâC? 6 ,e3t dispositions soumises
t 6 hélas ! inutile,
iant defforts sont restés stérilos Le
dieu des armées et des congrégations a
regarde combattre et battre ses soldats
Bouleâ¢nt à éclairer f?!m
de la majorité.16⢠CB ies mécréants
ap.ré! .^utre, les articles ont dé-
rti la în?an ÎS a' 0d CODOaî' l'esprit
^sumo 'ou' entier dans
qH!- dlsP°ss 1«e. dans toutes
les ecoles publiques, l'enseignement sera
exclusivement confié à un personnel
laïque. Tous les autres articles n'ont
m°enrt ^'organiser le fonctionne-
ment de cette disposition fondamentale.
00⢠Tocn en3?'Snemâ¢t primaire du
avalt Posé le principe de la
neutralité des programmes, lillo appelait
⢠e 1Qdi3Pensable. La loi qui
vient d etre une première fois votée par
Ce serait en effet un singulier moyen
^L^LrTpecterie 3 consistions de tous,
dans 1 école, que d'en confier la direction
L, Jgens 9U1> par profession, sont
tenus de courir sus à toutes les convic-
tions qui ne sont poiDt les leurs.
Les cléricaux, je le sais, parlent de
persécution. N'est-ce point admirable? Ils
ont le droitâ et ils en usent â de fon-
laï«ue l'écolecon-
gregamste. Liberté leur est donnée d'oD-
poser enseignement à enseignement II
y aJ>lu.f-NO"*" sommes dans un pays où
en dépit de 1 étiquette républicaine, sub-
siste encore cette anomalie monstrueuse
de religions payées par l'Etat. A côté de
lecole sont des edificesélevés.dans l'im-
monse majorité des cas, aux frais des
contribubles, entretenus par eux. Des
prêtres, qui vivent à nos dépens, y prê-
chent librement leurs dogmes. lit nos
bons réactionnaires crient au martyre
parce que nous nous refusons à laisser
plus longtemps les congréganistes ins-
talles jusque dans les chaires de nos éco-
les ! C est une dénsion.
Que l'Etat ait d'ailleurs le droit de
confier à qui lui plaît cette fonction si
délicate, si grave, d'enseigner dans les
établissements publics, personne à quel-
que parti qu'il appartienne ne saurait le
contester sérieusement. Eh bien i il y a
un devoir étroit pour le gouvernement
républicain, c'est de no pas souffrir oue
dans ses écoles aucun instituteur se
fasse, au profit d'une secte, l'adversaire
â¡ opinions philosophiques ou religieuses
qui ont droit à être respectées. Est. ce
que le congreganiste peut être ce maî-
tre tolérant, impartial, respectueux des
convictions d'autroi, non, il n'en a pas le
droit. Sa robe noie lui permet pas.
En voulez-vous une preuve nouvelle
et bien intéressante? Lisez cet article 1"
des statuts des frères des écoles chré-
« La fin de cet institut est de donner
» une instruction chrétienno aux en-
» fants et c'est pour cela qu'on y tient
» des écoles, afin que les enfants étant
» sous la conduite des maîtres depuis le
» matin jusqu'au soir, ces maîtres puis-
» sent leur apprendre à vivre en les
» instruisant des principes de notre
»> sainte religion, en leur inspirant les
» maximes chrétiennes et enleurdon-
» nant ainsi l'éducation qui leur con-
» Ils mettront leur premier et leur
» principal soin. à apprendre à leurs
» éieves les prières du matin et du soir
» le Pater, l'Ave Maria, la Credo et lé
» Confileor, et ces mêmes prières en
» Iran fais ; les commandements de Dieu
» et de l'Eglise, tes réponses de la sainte
» messe, le catéchisme, les devoirs du
» chrétien et les maximes pratiques que
» le Seigneur nous a laissées dans le
a saint Evangile. »
Voilà qui est sans ambages, j'imagine.
Il faut avouer que nous serions de grands
naïfs si, connaissant les engagements
qu'imposent les chefs des congrégations
à leurs subordonnés, nous demandions à
ceux qui y ont souscrit d'aller donner
à nos enfants une éducation diamétrale-
ment opposée à celle qu'ils ont promis
de répandre. Les faits, du reste, sont là,
plus éloquents qu'aucun raisonnement.
C'est le ministre de l'instruction publique
lui-mêmeâ la chose est assez piquanteâ
qui, dans le courant do la discussion,, a
du avouer à la tribune que la neutralité
établie par la loi de 1882 qu'il a charge
de faire respecter, est outrageusement
violée partout où les congréganistes sont
encore maîtres de l'enseignement pu-
blic.
De l'Est et de l'Ouest, du Midi et du
Nord, les plaintes des pères de familles
arrivent identiques. En Meurthe-et-Mo-
selle comme dans le Finistère, dans la
Haute-Garonne comme dans le Pas-de-
Calais, les agissements des bons frères
sont tous les mêmes. Distribution d'ima-
ges religieuses, enseignement du caté-
chisme pondant les heures de classe, ré-
citation de prières au commencement et
à la fia de chaque exercice. Partout où il
y a un congreganiste il en est ainsi. Il
n'en saurait être autrement. Il est aussi
impossible à un
qu'à une « bonne soeur », dans son hôpi-
tal, de ne pas agacer les malades de
ses turlutaines mystiques. Dans un cas
comme dans l'autre il n'y a qu'un re-
mède : remplacer le congréganiste par
le laïque.
Je sais bien que nos bons cléricaux
crient du haut de leur tête à l'abomina-
tion do la désolation. Nous connaissons
le refrain des « écoles sans Dieu ». Je
n'ai pas la prétention de me faire enten-
dre de gens qui se bouchent les oreilles.
Mais il n'est pas mauvais de juger, sur
les documents mêmes, quelles idées diri-
gent nos maîtres et nos maîtresses laï-
ques. Je veux mettre sous les yeux de
nos lecteurs nn passage de l'allocution
qu'il y a quelques semaines, adressait au
ministre, de passage à Bordeaux, la di-
rectrice de l'école normale de filles de
cette ville :
« Nous savons, disait cette institutrice,
» à quelle oeuvre belle et sérieuse, et at-
» tachante entre toutes, vous nous avez
» fait l'honneur de nous associer. Nous
» savons que la France attend de nous
» que nous agissions sur l'esprit et sur
» l'âme des enfants du peuple, de Ces
» humbles que leur grand nombre a fait
» jusqu'ici déshériter de la véritable eul-
» ture de l'esprit et du coeur, ainsi que
» de la liberté, et qu'un régime austère,
» mais digne d'eux, appelle aujourd'hui
» à se conduire eux-mêmes. Nous savons
» que vous attendez de nous, non seule-
» ment que nous donnions aux élèves des
» écoles primaires un savoir que les con-
» ditions de la vie rendent aujourd'hui
» nécessaire, mais la rectitude du juge-
» ment, la sagesse de l'esprit, l'élévation
» des sentiments et la force des convic-
tions morales qui assureront l'avenir
» de la démocratie française. »
Un commentaire serait superflu. La
France républicaine peut remettre svec
confiance le soin d'élever ses enfants à
des maîtres qui pensent et qui parlent
ainsi. Us n'ont à redouter aucune compa-
raison, sous aucun rapport, avec ls3 con-
gréganistes de toute robe dont M. Ches-
nelong et ses amis pleurent le départ.
A. Millerand.
LE SÉNAT
Le Sénat a discuté hier et approuvé le
traité de Madagascar; comme a la Cham-
bre, la plupart des orateurs ont déclaré
qu'ils étaient prêts à ratifier cet instru-
ment diplomatique, tout en le criblant de
sévères critiques, et notre ami Georges
Perin s'est ainsi trouvé avoir raison dans
les deux Chambres. On ne peut se dissi-
muler, en effet, que ce protectorat atté-
nué impose à la France des charges qui
ne sont pas proportionnées aux avan-
tages qu'elle en retire. Et M. de Frey-
cinet, pressé par l'argumentation de M.
Buffet, a été obligé de convenir une fois
de plus auo la guerre pouvait sortir de
chacun des articles du traité, soit par
le fait de la mauvaise foi des Hovas,
soit parce qu'à tout instant nous pou-
vons nous trouver en conflit avec une
nation étrangère. Nous voulons bien ad-
mettre, avec M. do Freycinet, qu'on en-
visageant ainsi les hypothèses les moins
favorables, on pourrait faire le môme
procès à toutes les conventions diploma-
tiques.
11 n'en reste pas moins vrai que ce
protectorat lointain, tel qu'il est défini
par le traité, peut un jour ou l'autre,
selon l'humeur d'un ministre aventu-
reux, devenir pour la France une cause
d'embarras et de conflit, qu'on aurait
évités par un simple traité de paix.
Toutes ces réserves faites, le traité a
été approuvé par le Sénat.
E. D.
L'Evénement a publié la note suivante :
Oq sait le» polémiques soulevées dernière-
ment en ltalie par la question de la statue de
Napoléon III a Installer sar nue des places de
Milan.
A ce propos, on écrit de Rome que le Comité
exécutif démocratique italien vient d'adresser à
M. Clemenceau une lettre dans laquelle 11 af-
firme sa sympathie pour la République fran-
çaise, afin qu il ne reste pas de doute à cet
égard ni de malentendu.
La lettre suivante vient, en effet, d'être
adressée à M. Clemenceau :
Monsieur le député,
En ce momen-où ceux qui travaillent de plus
en plus à séparer l'Italie de la France, prétendent
donner à leurs tentatives une sanction solen-
nelle, en quelque sorte populaire, par la créa-
tion d'un monument à Milan, nous éprouvons
le désir d'envoyer par votre entremise et au
nom da parti démocratique Italien une frater-
nelle parole de solidarité à la démocratie fran-
çaise.
Ea s'opposant & la création d'un monument
qui rappellerait & la France comme à l'Italie des
jours de deuil et de honte, la démocratie Ita-
lienne n'a pas seulement pour but d'empêcher
un outrage immérité au peuple français et au
peuple Italien ; elle entend aussi démentir les :
semblants de réalisation même lointaine qu'on
affecte d'attribuer à certains rêves contre la
liberté.
La lutte tantôt sourde, tantôt manifeste fo-
mentée contre nous par l'Europe officielle n'est
pas dirigée contre la France-Nation, mais contre
la France-République. Cest contre votre cons-
cience, contre votre pensée, contre votre presse
et votre tribune, c'est non seulement contre ce
que vous avez déjà, conquis, mais encore c'est
contre ce que vous vous apprêtez à conquérir
que la guerre est déclarée, c'est contre tout ce
qui, en somme, fait l'honneur du nom français,
l'espérance de son peuple, le patrimoine et l'ob-
jectif de la civilisation moderne.
C'est sur ce terrain que se donnent rendez-
vous tous ceux qui, de Vienne au Vatican, tra-
vaillent avec une ténébreuse persistance aux
projets de réaction.
En Italie comme en Autriche, en France
comme en Allemagne, en Grèce comme parmi
les peuples slaves, lis ont intérêt à barrer la
marche ascendante du peuple sur le grand che-
min des revendications nationales, politiques et
économiques.
L'Italie à Rome, la France à Paris, ront les
victimes désignées a la haine implacable de la
réaction universelle.
En présence de ces menaces, la démocratie
française et la démocratie italienne ont le de-
voir de s'unir pour lenr défense et d'affirmer
leur fraternité.
Cette fraternité cimentée sur les champs de
bataille, à Magenta comme à. Dijon, preuve sa-
crée de l'Identité des origines, de l'analogie des
langues et des traditions proclame solennelle-
ment son accord unanime et l'association de ses
forces respectives en vue de l'oeuvré civilisa-
trice de la société moderne.
Conformément à ce veen de l'immense majorité
de la démocratie italienne que cous avons l'hon-
neur de représenter nous vous invitons â main-
tenant que la réaction semble relever la têle â
à joindre nos efforts pour sauvegarder le monde
moderne des embûches contre la liberté, pour
consolider et défendre le progrès dans tout ce
qu'il promet de plus grand, de plus glorieux, de
plus fécond à l'humanité.
Recevez, monsieur le député, etc.
Ant. MÀFFI, député.â EDOÀRDO PANTANO.
Getle éloquent© protestation prouve une
fois de plus la communauté d'Idées et la
fraternité des sentiments qui unissent étroi-
tement la démocratie italienne et la démo-
cratie française. Noua sommes heureux de
cette nouvelle occasion de remercier nos
voisins et de protester de notre chaleureux
dévouement à la cause de la liberté ita-
lienne.
CHRONIQUE
BALS MASQUES
Peut-être bien que le carnaval s'en'va, et
que les roses vont éclore. Mais 11 n'y a ja-
mais rien là de dêfinitif Toujours les roses
se fanent, et toujours le carnaval revient.
On peut empêcher le boeuf gras de sortir de
l'abattoir; on pentrester en stupéfaction de-
vant un masqne rencontré sur le boulevard.
Rien n'y fait. Ceux qui ne veulent pas dé-
mordre de la recherche traditionnelle du
plaisir, se réunissent à huis-clos ; une Folie
de 1832 sort du magasin des accessoires ; le
monsieur en habit noir suit avec un crêpe
autour de son cerveau ; le gouvernement
met des municipaux à cheval àla porte pour
protéger l'immuable manifestation du rire
national. Kl tout le monde entre ; et l'on ren-
contre, sous l'horloge aux rendez-vous,
ceux qui manifestaient, la veille, l'horreur
la plus profonde pour ce genre de distrac-
tions ; et l'on entend les gens qui remettent
leurs paletots déclarer que, cette fois-ci, Ils
ne se sont pas trop ennuyés.
Sans doute ne s'est-on jamais amusé da-
vantage, et ne manque-t-il qu'un moraliste
et un dessinateur travaillant d'après nature
pour trouver l'aspect et la signification du
Plaisir de 1886.
C'est vrai qn'on danse partout, de l'Opéra
aux boulevards extérieurs et do la rue VI-
vienne à Grenelle. On plutôt â on regarde
danser. I,e â monsieur », aujourd'hui, ne
danse plus, qu'il ait les articulation ) rouil-
lées, ou qu'il aolt envahi par la timidité. Il
regarde danser, il t'incorpore le rythme
par les yeux, et il déclara prendre assez
d'exercice. Les choses se passent exacte-
ment, dans l'endroit public, comme daus le
« monde ». Il y a comme un fil invisible qui
sépare l'action de la passivité. Dans le
monde, 11 n'y a plus que les tout jeunes qui
dansent, les vieux jeunes gecs fument
et parlent administration. Au bal mas-
qué, il faut payer les danseurs par le
droit d'accès, par des consommations choi-
sies , â 11 faudra bientôt ouvrir un
guichet, tenir une comptabilité, solder
les valses et les mazurkas. Qui n'a pas vu
les huissiers de l'Opéra ramener violem-
ment au centre des opérations les Paillasses
et les Colombines eu rupture de quadrilles î
qui n'a entendu ces forçats du Tout A ia Joie
s'épuiser en objurgations, faire valoir des
heurés et des heures de déhanchements et
de grands écarts? C'est à penser que bien-
tôt ce seront les raflés du Dépôt et les con-
damnés de la Petite-Roquette qu'on amè-
nera en voitures cellulaires aux greffes des
lieux de plaisir, et qu'on attachera a des
piquets, avec l'Injonction d'obéir toute une
nnit au bâton du chef d'orchestre I Les cho-
ses prennent cette tournure. Les désoeuvrés
veulent bleu regarder en orientaux, mais
jamais plus Us ne consentiront à entrer dana
la danse.
Iront-ils même regarder, dans quelque
temps î II est tort possible que non. A l'O-
péra, le foyer et le couloir des premières
loges sont autrement fréquentés que la salle.
Cest que, dans le couloir surtout, les sil-
houettes et les occupations sont davan-
tage intéressantes. Les éclats blancs et
les taches noires se croisent, s'accro-
chent, se confondent. Des yeux prennent
du charme au velours des masques ; des
sourires s'atténuent mystérieusement sous
les barbes des dentelles. La lumière pas
trop vive change un peu la vulgarité vi-
vante en une crépusculaire promenade
d'ombres. Des filles se sauvent avec des
allures de très grandes dames poursuivies
dans les corridors de la Tour de Nesle. Il
y a des accotements et des conversations
dans des coins qui font songer à l'Installa-
tion d'un drame intime ou d'une comédie
spirituelle dans une figuration bien réglée.
Des portes de loges se ferment sur des gaités
mal en train et sur des indignations pour
rire. Des têtes de vieux font songer à
des affûts de satyres dans des bols. Ché-
rubin passe avec nne fleur à la boutonnière
et uu chapeau mécanique sous le bras.
Tontes les femmes ont le bénéfice de l'inco-
gnito. Chacune cherche à être autre chose
que ce qu'elle est tous les autres Jours de
l'année ; elle s'est, avant de venir, essayée
à conjuguer tous les temps dn verbe Intri-
guer. C'est la banalité costumée, mais c'est
le geste composé, la raideur voulue, la voix
changée, le regard retouché. Celles qui
n'ont pas travaillé à styler leur personne
sont rares. Les efforts veulent atteindre des
distinctions ou des Ingénuités admirées au
théâtre. Des promeneuses classées et numéro-
tées savent garder le silence et montrer des
pudeurs.âLe couloir de l'Opéra est peut-être
le seul endroit do Paris, où, quatre fols par
an, la grossièreté s'apprenne à marivauder,
où la galanterie consente h être aimable.
Ce sont là les réflexions qui viennent à
ceux qui rêvassent une philosophie dans le
bruit de la musique mêlé an bruit des voix,
dans le remuement des couleurs, dans le
mince Inconnu possible, dans la grâce qui
pent subitement se lever de la mélancolie
du plaisir. â Quelques-uns de ceux-là qui
aiment, après ces fatigues des yeux, & cau-
ser longuement autour d'une table de res-
taurant, dans la fumée des cigarettes, s'é-
talent réunis à la sortie d'une de ces der.
nlèresjfétes masquées. Ils s'étaient mis d'ac-
cord qu'on pouvait feuilleter les anciennes
collections et regarder les réalités d'il y a
cinq minutes sans trouver d'appréciables
changements. 113 s'en fournissaient comme
preuve que dans tout ce qui était crié, dit,
chuchoté, on trouvait de quoi accompagner
les attitudes et les gesticulations, de façon à
donner parfois l'illusion suffisante de l'es-
prit et de la gaieté. Cent phrases, mille
phrases Ineptes, certes, â mais de temps à
autre, une légende possible. Et l'un citait
le pierrot entrevu tout à l'heure, un pierrot
pauvre, ratatiné et grelottant, filant le long
des murs, tout blafard ;et tout funambu-
lesque dans le gris du matin, et gromme-
lant dans sa collerette! un : « J'ai-t-y sué»
si convaincu et si admiratif 1 Et un autre
racontait ce court dialogue entre deux
hommes et une femme, les deux hommes
vantant, ou réclamant, vaguement, la fer-
meté des gorges et des épaules, et la fem-
me, une Ironique et désenchantée per-
sonne, répondant simplement, d'une voix
tranquille : < Routiniers 1 »
C'est vrai que Gavarni aurait bâti deux
beaux dessins au-dessus de ces deux mots 1
Gustave Geffroy.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Ea réforme de 1» Chambre
de» pair*)
On mande de Londres, 5 mars :
Chambre des communes. â M. Labouchère
dépose une proposition ayant pour objet de dé-
clarer qu'il est contraire anx principes du gou-
vernement représentatif qu'aucun membre du
Parlement dans les deux Chambres tienne son
mandat de législateur par droit d'hérédité.
M. Gladstone reconnaît que la Chambre des
communes et le pays ont de justes griefs contre
la Chambre des pairs.
Cependant, il doit combattre la proposition
Labouchère.
Tout le monde est maintenant d'accord pour
reconnaître la nécessité d'une rèforme de la
Chambre de? pairs ; mais, ajoute M. Gladstone,
je ne sais pas encore en mesure de proposer
l'abolition du principe héréditaire, et la Cham-
bre ne doit pas prématurément lier sou action
future daus une question si grave et si impor-
tante par l'adoption d'une proposition se pro-
duisant comme celle de M. Labouchère.
Cette proposition est rejeté** par 202 voix
contre 166.
Uii discours du marquis de
Hartington
On télégraphie de Londres, G mars :
Le marquis de Hartinglon a pris la parole au
banquet libéral qui a eu lieu hier soir à l'hôtel
de ,Westmiaster-Palace.
L'orateur a déclaré que sa séparation momen-
tanée de ses anciens collègues loi était très pé-
nible.
Abordant la question du gouvernement de
l'Irlande, il a critique 1a politique de l'adminis-
tration précédente qui, en essayant de gouver-
ner le pays sans recourir a la législation spé-
ciale du Crimes Act, avait fait naitre dans la
population des espérances qu'on n'avait pas l'in-
tention de réaliser.
Lé marquis de Hartington a fait remarquer
que le Parlement ne peut consentir à se
laisser violenter par les partisans de M. Par-
nell, mais il a admis qu'il y aurait justice à
faire certaines concessions a Tir ia de. 11 a pro
testé contre cette assertion que les députes
nationalistes représentent la majorité du peu â¢
pis irlandais, attendu, a-t-il dit, quu les élec-
tions se sont faites sous un régime d'intimida-
tion.
L'orateur a dèfendu les recentes déclarations
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "PACA1"La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k771489s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k771489s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k771489s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k771489s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k771489s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k771489s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k771489s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest