Titre : La Justice / dir. G. Clemenceau ; réd. Camille Pelletan
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-10-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32802914p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 octobre 1885 11 octobre 1885
Description : 1885/10/11 (Numéro 2097). 1885/10/11 (Numéro 2097).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2011
Sixième année. â Î. 2097
TJn Numéro : 10 o. Paris et Départements
Dimanche 11 Octobre 1885.
DIRECTEUR POLITIQUE i*
Ö, CLEMENCEAU
S'adresser pour tout co qui coneeme la Rédaction
A M* GUSTAVE OEFFROY
Secrétaire da la Rédaction
iLes manuscrüs iwn insérés ne β wo ni . pas reridut·}
ANNONCES chez MM. DOLLINGEN Fils, SÉGUY ET O,
16· ÎÎ Î G rasi TF o - Batelière
.J - I '· · ": Í - < ·· . _____ , ___
LA JUSTICE
RÉDACTEUR EN CHEF ;
Camille PELLETAN
ABONNEMENTS
PARIS 1 DÉPARTEMENT#
Trois moia...,,, 10 fr. Trois moia Í2 fr.
Six mois....,,.» 20 » Six. mois., 24 »
Un an.......... 40 » | Un an.,., 48 *
Adresser les mandat» à l'Administrateur
M. JE» mÉBlTIEN
10, rue du Faubourg - Montmartre, 10
LA RÈGLE
La résolution adoptée à L'unanimité
par lea représentants de la presse radi-
caie socialiste ne surprendra personne.
Elie était dans l'air lo lendemain du
vote, et s'était bientôt emparée de tous
les esprits.
On s'explique aisément que, au pre-
mier abord, les radicaux socialistes de
Paris aient jugé exorbitant ce sacrifice
à l'union du parti républicain. Si ridicu-
lement incompleta qu'ils fussent, les ré-
sultats du scrutin leur permettaient d'es-
timer par approximation les forces dont
ils disposeraient, en les massant au lieu
de les disperser, dans le département de
la Seine. Bref, se sentant maîtres de la
situation électorale, ils pouvaient être
entraînés à user et même à abuser de la
victoire.
Quelques jours de réflexion ont suffi
pour amener les plus ardents à la notion
do la modération dans la victoire et à la
tactique de la discipline, en vue de la
dernière et décisive bataille. Personne
ne doutait que sans rien abdiquer de
leurs revendications radicales, Paris et
le département do la Seine n'eussent le
pouvoir de mater la petite faction réac-
tionnaire qui, honteusement et hypocri-
ment, avait tenté de s'emparer d'un petit
coin ban et son arriêre-ban, on aécoûplant
le duc qui ne rappelle pas l'auteur des
Maximes au duc qui ne régna jamais
sur Padoue, en accolant le catholicisme
enfantin d'un Keller à la métaphysique
positive d'un Vacherot, en faisant flèche
de tout bois, même du bois mort et du
bois pourri, la réaction était arrivée à
réunir sur ses plus nobles fronts et ses
plus fortes têtes, jusqu'à quatre-vingt-dix
mille voix dans le département de la
Seine. C'était trop assurément. Mais ce
n'était guère que le cinquième des vo-
tants. Môme en maintenant au second
tour la dualité des listes républicaines,
on était encore presque certain de rejeter
en dehors de la représentation nationale
les hommes qui ne veulent s'y introduire
que pour la fausser ou la détruire.
On a trouvé qu'il ne suffisait pas d'une
quasi-certitude. Si à travers les hasards
du scrutin un monarchiste masqué fût
arrivé à se glisser dans la députation de
Paris, quel délire de joie. Quels abus du
mensonge et de la casuistique dans le
camp des jésuites !
On a voulu que la leçon fût claire et
complète, que l'écrasement fût éclatant.
Ce sera fait. Aux chiquenaudes des pyg-
mées de la conspiration cléricale et mo-
narchique le géant parisien va riposter
par un coup do massue.
L'effet moral en sora rendu plus fort et
il dépassera de bien loin les bornes du
département de la Seine. Sur le simple
Soupçon de cette tactique, toutes les di-
visions ont cessé en province. Nos amis
ont donné l'exemplo et voici que, sur
différents points, leurs adversaires de la
veille l'ont déjà suivi. Rien de plus signi-
ficatif â et de plus louable â que le dé-
sistement des candidats opportunistes de
Seine-et-Oise en faveur de la liste radi-
cale. Le gros de l'armée ne peut hésiter
à dessiner la même évolution, car en pa-
reil cas, ce sont les généraux dont la
blessure saigne le plus.
Les gens qui ne connaissent de Paris
que sa légende héroïque, que ses em-
portements, See ardeurs fiévreuses et ses
bouillante* colères, seront surpris de
l'exemple de sagesse qu'il va donner.
Ceux qui comprennent son tempérament
politique y retrouveront toute une tra-
dition contre les ennemis de la Répu-
blique, de cette République qu'il n'a pas
reniée tm seul jour depuis bientôt cent ans,
Paris sut toujours, quand il le fallut, se
montrer irrésistible dans sa foudroyante
unité. Des écrivains ignorants ou de
mauvaise foi parlent souvent des divi-
sions républicaines qui, en 1818, auraient
fait le jeu de la réaction. Rien de moins
justifié par les faits. Le 10 mars 1830, le
département de la Seine était appelé à
élire trois représentants à l'Assemblée
législative.
La majorité de la Chambre était faite
des divers tronçons de la réaction, et la
majorité de Paris appartenait alors,
comme aujourd'hui, à la démocratie ra-
dicale. Elle pouvait, cette majorité, user
de sa force, se montrer exclusive, fermer
l'accès de l'Assemblée aux républicains
modérés qui naguère l'avaient ou mécon-
nue ou maltraitée, lille fit tout juste le
contraire.
Le 10 mars 1830 le comité démocrati-
que socialiste portait ensemble les can-
didatures socialistes de de Flotto, l'ami
de Barbée, de Vidal, le théoricien popu-
laire, et de Carnot membre du gouver-
nement provisoire et de la commission
exécutive. Proudhon, que tant d'esprits
superficiels, ont longtemps regardé
comme le génie 'de la division, applau-
dissait à cette transaction née d'une
haute conception du devoir républicain.
Aujourd'hui la démocratie radicale
laisse aussi place large à l'élément
républicain moins avancé. Lui refuser
son approbation,ce serait prouver qu'on
n'a pas le sentiment des nécessités poli-
tiques d'aujourd'hui, et même de de-
main.
Charlea Longuet.
ELECTIONS
LEGISLATIVES
Dn 4 octobre 1885
SEINE
Hier, après une vérification dernière
de la commission de recensement, les
résultats définitifs du vote du départe-
ment de la Seine ont été proclamés à
l'Hotel-de-Ville. Voici ces résultats :
Inscrits : 563.338. â Votante : 433.090
Bulletins blancs : 3.225
Suffrages exprimés : 430.765
Majorité absolue : 215,383
1. - LOCKROY 272.650
2. â FLOQUET 363. "703
3. â A- DE LA FORGE· · 222.334
4..â BUISSON 215.853
Elut
BALLOTTAGES
5. â BARODET S08.931
ö. - CLEMENCEAU 202.643
â ALlAIN-TARGÉ 301.632
8. â RASPAIL 107.090
0. â MARET 194.562
10. â TONY-RÉVILLON â - 180.346
11. â SIGISM. LACROIX..· 188.793
12. â ERNEST Lï FÉVRE. . 188.475
13. â gEORGES PERIN ... 184.549
14. â CANTAGREL 183.361
15. â DE LANESSAN 180,921
16. â YVES GUYOT 171.433
17. - FRÉBAULT 150.331
18. â DELaTTRE 150.173
19. â M ÎÎ¤Î È 157.105
20.âFOREST 154.650
21. â DREYFUS 153.632
22. â PAU i. BERT 148.175
23. â LAFONT 141.457
24. â HUOE 141.337
25. â BRELAY 141.000
26. â BOURNEVILLE 135.308
27. â GERMAIN CASSE- 133.655
28. â ROQUE DE FILHOL· 132.912
29. â BASLY 131.610
30. â ROCHEFORT 131.535
31. â LAISANT 126.552
32. â CAMELINAT 121.095
38. â PICHON 110.398
34. â VILLENEUVE 119.396
35. â MICHELIN 116.650
36. â FARCY 113.090
37. â DE HEREDIA 104.954
38. â FRÉDÉRIC PASSY ·· 103.988
Viennent ensuite ;
39. â SPULLER 103.632
40. â RANG 103.191
4t. â PERROChEAU 101.606
42. â DAIX 101.178
43. â GREPPO 101.034
44. â JULES ROCHE 100.206
45. â MILLERAND «4.950
46. â HERVÉ 92.177
47. â MAILLARD 92.045
48. â CALLA 89.035
4!). â Dû BARAIL. 88.374
50. â COCHIN 87.970
51. â DALLOZ 87.399
52. â BINDER 87.293
53. â MICHAÜ 87.044
54. â HAUSSMANN 87.012
55. â FERDINAND DDVAL.... 86.802
56. â CADET 86.629
57. â VACHEROT 86.480
58. â DUFAÜRe 86.396
59. â KELLER 86.338
60. â PERRY 86.176
61. â GR. DB CAS8AGNAG... 85.995
62. â MARIUS MARTIN 85.901
63. â CAMILLE ROUSsET 85.899
64. *- BARTHOLONI 85.550
65. â DESPATYS 85.105
66. â DELAFOSSE 85.081
67. â RIANT 85.079
68. â De LA ROCHEFOUCAULT 85.048
69. â CHEVREAU 81.907
70. â GAMARD .. 84.957
71. - LAMB.-SAINTe-CROIX. 84.407
72. â GODELLE '84.407
73. â V AUGHAN 84.245
74. - BARROT 84.087
75. â CARCENAC 84.054
76. â FROMENT MEURICE.... 83.941
77. â HATTAT 83.905
78. - GILLOU 83.558
79. â ARMENGAUD 83.405
80. â LEROLLE.. 83.270
81. â DE ROUGE 83.002
82. â MUZET 82.851
83. â VAUTHIER 82.761
84. â MOREAU 82.621
85. â BOUDET 82.571
86. â PADOUE (duc de) 82.481
87. â DE ROYER 82.375
88. â DENIS POULOT 82.319
8». â LOUVET 82.061
90. â DELEPOUVE 81.668
91. â D'HERBELOT 81.566
¡12. â LEVEL (Emile) 81.435
93. â sAVOURE 81.088
94. â HUMBERT 59.395
95. â LEVEILLE 79.087
96. â STRAUSS 78.401
97. - FIAUX 77.812
98. â HieLARD 77.127
9Ü. - STEENACKERs 76.248
100. â LONGUET 76.041
101. â LAURENT......... 75.585
102. â CLÉRY 74.294
103. - N. LEVEN 73.107
104. â LUCIP1A 72.958
t 105. - LEVRAUD 72.221
106. - PoIRR1ER 71.736 1
107. â LEPELLeTIER.. 71.356 \
108. â METIVIER 70.523 ι
109. â ALARY 70.420
110. â LOISEAU 68.858
111. â HENNAPE 68.668
112. â DELAHAYE 66.611
113. â JACLARD «6-381
114. â TRÉBoiS 64.545
115. - CONSTANT DEvILLE.... 62.194
116. â DEROULeDE ............ 60.593
117. â LOYANT 53.937
118. - F. GAMBON. 50.213
119. â JACQUES 46.561
120. â DELABROUSSE..._ 43.492
121. â MERITENS 42.347
122. - CATALO 42-170
123. - MESUREUR 42.130
124. â DODÉ 40.32«
125. - VAILLANT 39.490
(se. â PEAN 3ss.i32
127. - DE MENORVAL 37.521
ISS. â JOFFRIN 33.452
129. â MAUJAN 33.331
1.30. â WICKHAM 32.631
131. â HOVELACQUE 38.316
132. â OUDiNE 31.401
133. â EUDES 31.202
134. â COPOIX 30.780
135. â LISSAGARAY 30.753
136. â BEAUCAIRE (Ainé) 30.518
137. â GONNARD 29.912
138. âDECORSE 29.354
139. â E. ROCHE 28.494
140. â GRANGE 26.768
141. â ALLEMANE 25.291
112. â RUEL 24.513
143. â J.-B. MAY 23.199
144. - BLONDEAU 20.440
145. â COURTOÜX 19.778
146. â PERRIN 19.324
147. - RETIES 18.667
148. â SAINT MARTIN ...,. 18.32«
14». â RIBANIER 18.140
1150. â BOuTET 18.000
151. -AVELINE 17.985
152. - HEPPENHEIMER 17.945
153. â BRETON 17.936
154. â LUCAS 17.918
155. - D'HERBECOURT 17.885
156. - DELACOÜRT 17.875
157. â SIMON-SOENS 17.850
158. â CHAMPY 17.670
159. â BOULET 17.663
160. - PARLOT 17-558
161. -COUPAT 17.450
102. â MONTAS 17.444
163. - COUTURAT 17.32Ü
164. â MARTELET 17.285
m. â CHARLES ANDRÉ 17.185
166. â LAVAUD (J.-B.) 17.010
167. â FAILLET 16.933
168. â GELY 16.889
169. â VARENNES 16.843
170. â PENET 16.773
171. â DEJEANTE.. 16.769
172. â HERBINET 16.436
173. â KUHN - 16.307
174. â PAILLOT 16:265
175. â VILLATTE 16.166
176. â HAMET 15.965
177. â VAIDY 15.468
178. â GUESDE... 15.413
179. â BENOIT MALON 15.262
180. â FELIX PYAT 14.811
181. â CHAUVIÈRE 13.912
182. â BRISSAC 13.890
183. â NOURRIT 13.841
184. â B. FLOTTÉ 13.661
185. â BOuLE 13.561
186. â ANDRIEUX 13.397
187. â SUSINI 12.832
188. â BERTEAU 12.653
189. â DEREURE 12.275
190. â MAES 12.212
191. - BERGEROL 12.041
192. â DRAIN 11.882
193. â FOUCHET 11.723
194. -GERDY 11.6Ì5
195. â LAFARGUE (P.) 11.558
196. â DANIEL, i 10.916
197. â DEVILLE (G.) 10.771
198. â FOURNIÉRE 10.738
H». _ POIRIER 10.725
200. â PLACE (H.) 10.640
201. â DARLOT 10.581
202.â ROBINET 10.501
203. â DESMOULINS 10.«8
204. - CRÉPIN 10.318
205. â COCHERI 10-317
206. â ROUSSELlE 10.302
207. â BRËUILLE - 10.299
208. â GOULLÉ 10.297
209. - TESSIER ..' 10.187
210. â ODIN 10.145
211.â OURY 10.090
212. â BOISSE 10.OSO
213. âA. MURAT , 9.998
214. â CATTIAUX 9.657
215. â RYSTO 9.846
216. -BLANcK 8.560
217. â DUBOIS 7.383
218. â GUITTON 7.108
219. â MOÏSE 6.945
220. â CHASTELUX 6.82«
,221. â JULES GUYOT 6.156
222. â GELEZ 6.063
223. â LEGRANDAIS 5.925
224. â CHABERT 5.750
225. â LAGUER RE 5.720
226. â LAFOND 5.693
227. - DUVERGiER 5.616
228. â PASQUIER 5.480
229. â EMILE FERRY 4.561
230. â DE LESSEPS 4.336
231.â FENIOU 4.255
232. â DEVISMES 3.073
333. â GUICHARD 2.946
234. â GOULIÉ 2.553
235. â MARSOULAN 2.377
236.. - J.-B. CLEMENT 2.177
Suivent les candidats ayant réuni un
nombre de voix Inférieur à 2,000.
Les représentants de la Presse radicale de
Paris «e sont réunis hier à deux heures, et
sont tombés d'accord à l'unanimité pour
appuyer énerglquement au scrutin de bal-
lottage du 18 octobre les 34 candidats qui,
après les 4 élus du dernier scrutin, ont ob-
tenu le plus grand nombre de voix.
Pareille discipline, basée sur les indica-
tions mêmes du suffrage universel sera re-
commandée cour la France entière aux
candidats républicains de toute nuance sou-
â mia an scrutin de ballottage du 18 octobre,
t Les représentants de la Presse radicale
! ont enfin décidé qu'aujourd'hui, à deux
ι heures, an Çrand-Orient aurait lien une
réunion de tous les représentants de la
Presse républicaine de Paris. Les délégués
du Comité Tolaln, de la Fédération républi -
calne radicale et du Comité départemental
radical socialiste sont convoqués â celte
réunion.
LA
JOURNÉE
¿Nouvelles diverses
Note Haras :
LftS ministres se sont réunis ce matin à l'Ely-
sée, sous la présidence de M. Joies Grêvy.
Ils se sont entretenus de la situation électo-
rale dans les départements et des mesures à
prendre contre les fonctionnaires qui. ont fait
acte d'hostilité contre le gouvernement.
Le cabinet n'a pas encore en à délibérer sor la
politique qu'il se propose de suivre au Tonkin.
Tous les bruits qui ont été mis en circulation â
ce sujet sont absolument faux.
Le conseil a été très court. MM. Demôle al
Sarrien n'y assistaient pas.
Le Radical annonce que M. Patenne, con-
seiller municipal du quartier de C baronne,
vingtième arrondissement, a prévenu M. le pré-
fet de la Seine qu'il l'interpellerait, dans la pre-
mière séance du conseil, sur la manière dont
s'est effectué le dépouillement du scrutin aux
élections du 4 octobre.
A. l'Hôtel de Ville
On trouvera, d'autre part, l'analyse que ïê
Temps a publié ne la lettre adressée hier matin
par M. Poubelle à. la commission du recense-
ment de la Seine qui s'est réunie a l'Hôtel de
Ville.
Cette lettre, après avoir retracé l'historique
des péripéties du dépouillement se termine par
une véritable apologie de l'administration,
La foule qui attendait hier matin, salle Saint-
Jean, leg résultats officiers du dépouillement a
souligné par des murmures Significatifs les ex-
plications de M. Poubelle.
La proclamation des quatre élus a été accueil-
lie par des cris chaleureux de : « Vive la Ré-
publique!»
A trois heures trente-cinq, la séance de Ja
commission de recensement a été suspendue et
n'a été reprise qu'a six heures.
La récapitula lion s'arrêtait en effet au nom de
M. Court houx. Nous publions d'autre part les
résultais complets dn dépouillement.
Le Temps a publié, hier soir, la note très
officieuse qui suit :
La première séance de la commission de re-
censement a eu lieu ce matin, â dix heures et
demie, à ÎÎÏÎβÎ-de-'Ville, sali« Saint-Jean. MM.
Lêopold Auguste, Curé, Frère, Lamouroux,
Weber, membres de la onn ission de recense»
ment, étaient présents. M. Frère a donné Le- j
tore d'une lettre par laquelle le préfet de la !
Seine rend compte à la commission des mesures I
qu'il avait prises pour assurer la rapîdité {sic)
du dépouillement.
On comptait que Ja proportion du nombre des
votants au nombre de$ inscrits serait des cinq
septièmes ; cela aurait donné, pour le départe-
ment de la Seine, 402,380 votants ; il y en a eu
en réalité 434,0ftl. La nécessité d'établir à Parts
un grand nombre de sections était évidente de-
puis que des expériences avalent démontré que
le nombre maximum de bulletins que l'on pou-
vait dépouiller en urne heure de temps était
huit. M. Poubelle, se basant sur ces données,
divisa Paris en 649 fections électorales, ce qui,
avec lés 181 sections de la banlieue, donnait,
pour le département de la Seine, un total de
830 sections. Chacune de ce* sections compre-
nait 700 inscrits, soit à peu près 500 volants.
En organisant cinq tables de scrutateurs, le dé-
pouillement devait durer de douze à quinze
heures. Ces prévisions n'ont pas été réalisées,
Ies scrutateurs ayant mangue dans la plupart
des sections.
Dans la nuit de dimanche à lundi pourtant,
tout était terminé dans vingt sections, et lundi
à midi les résultats de 87 sections étaient par*
venus â la préfecture. La plupart des tableaux
de recensement, au contraire, n'ont été traes-
mis au préfet ds la Seine que dans la journée de
jeudi; quelques-uns même seulement dans la
journée de vendredi. Vendredi soir, à 11 h.
55 m., on avait les résultats de la dernière sec-
! tion.
Il résulte des chiffres officiels des élec-
tions de la Seine quo la banlieue a donné
un nombre considérable de voix aux can-
didats radicaux. C'est un fait important, si
l'on songe que le principal effort des ad-
versaires du radicalisme, vaincus d'avance
à Paris, avait porté sur les communes
du département. Les majorités obtenues
par nus amis démontrent que les élec-
teurs sont acquis, dans lout le département
de la Seine, à la politique de réformes ré-
publicaines. Nous sommes heureux de cons-
tater ce résultat dont nous n'avions jamais
douté.
S. P.
Nous trouvons dans le Petit Journal une
lettre qui pourrait servir de post-scriptum
au triomphe prétendu de la coalition mo-
narchiste. Nous avons constaté avec toute
la presse républicaine que nulle part les
réactionnaires n'avaient osé arborer fran-
chement leur drapeau, et que les bonapar-
tistes d'une part, les royalistes de l'autre,
s'étaient présentis au suffrage universel en-
veloppés dans le sac du Scapia conserva-
teur ou protectionniste.
Le scrutin de ballottage n'est pas encore
ouvert et les réactionnaires sont déjà à
couteaux tirés. On connaît la grande que-
relle des victoriens et des jérômistes. La
lettre que M. Allaln Desvaux, « membre du
comité de l'Union ouvrière légitimiste de
Paris (ite) », adresse á noire confrère, in-
dique que l'accord n'est pas davantage
réalisé entre les légitimistes. Le corres-
pondant du PeUt Journal proteste contre
l'allégation de notre confrère écrivant que
* les monarchistes sont à peu près tous
ralliés à la royaulé légitime, que repré-
sente aujourd'hui le conile de Paris, héri-
tier des familles de Bourbon et d'Orléans.»
M. Allain-Desvaux déclare que celte allé-
gation « constitue une grave erreur histo-
rique et politique », et il rectifie en s'écriant
que « le représentant de la royauté légi-
time n'est pas M. le comte de Paris, prince
d'Orléans, mais bien Jean de Bourbon, chef
de la famille de» bourbons-Anjou, le plus
proche parent du roi défunt, et c'est à lui
que se sont ralliés tons les vrais légiti-
mistes, fidèles observateurs de la loi sali-
que. » Et le membre du comité de l'Union
ouvrière légitimiste ajoute : « M. le comte
de Paris ne peut donc prétendre à la
royauté qu'au même titre que Lonis Phi-
lippe d'Orléans, d'usurpatrice mémoire, » ;
Gomme on le voit, la fameuse querelle
des blancs d'Eu et des blancs d'Espagne
n'est pas prAs de finir. Les monarchistes qui
avaient marché en rangs serrés au pre-
mier tour de scrutin, vont se débander et
s'entre-déchirer au srcond. Ce n'est pas nous
qui nous plaindrons que le grand exemple
de discipline que s'apprêtent à donner les
républicains ne leur serve pas de leçon.
L. M.
COMITÉ
DÉPARTEMENTAL RADICAL SOCIALISTE
DE LA SEINE
Réunion des délégués dimanche, 11 octo-
bre, à deux heures et demie précises, salle
Palrot, 75, me des Martyrs.
ta commission exécutive.
L'AFFAIRE DUTASTA TRUC
On lit dans le Petit Var :
MM. le général Molt et Jollen Pyanet ont
adressé à M. Datasta la lettre qu'on Va li ré :
Monsieur,
Vsns nous avez adressé, le 6 octobre courant,
la lettre suivante que nous croyons necessaire
ïe reproduire ici pour bien déterminer la nature
3e la Emission que vous noue avez confiée.
* Messieurs,
» M. Pierre Truc, que je n'ai pas l'honneur de
connaïtre et que j'ai seulement entrevu deux
[ois en passant, a chargé MM. le colonel Wand-
lïng et Th. de Fallois, rédacteur du Petit Mar-
seillais, de s'aboucher avec moi pour m'inviter
à constituer deux témoins.
» Voici à quelle occasion : i
» Le dimanche k octobre, au moment de l'on- :
vertu re du scrutin, une afficha signée Benéch
et contresignée Blache.fut apposée sur les murs
de Toulon, Elle portait pour titre : Réponse
aux imposteurs, et contenait à mon adresse
les plus grossières injures : imposteur, menson-
ges, fourberies, bonapartiste clérical, trompeur,
infamie, etc.
» En réponse à ce placard, une autre affiche
fut apposée quelques heures après pour démen-
tir les allégations du Comité Beaech. Elle, se
terminait par ces mots
Quant aux injures grotesques qu'ils adressent
» au citoyen Dntasta, nous les leur renvoyons
» toutes en felce, I.s choisiront dans-le tas celles
»qui leur conviennent le mieux. »
» M, Truc, se prétendant offensé par ceg paro-
les, m'invite â constituer des témoin?.
» Je vous prie, messieurs, de vouloir bien ac-
cepter cette mission, l'un parce qu'il connaît
très bien les circonstances des faits dont il s'a-
git; l'autre, parc« que, étranger dans notre ville,
et par conséquent, n'ayant pris aucune part dans
la lutte électorale, Il se trouve dans les meilleu-
res conditions possibles de sangiroid et d'impar-
tialité.
» Je vous remercie de vouloir bien m'assister
en cette circonstance et voici en quoi consiste
la mission que j'ai l'honneur de vous confier :
» Io Déclarer que, n'ayant pas signé raffiche
dont s'agit, mais ayant été personnellement
visé dans le placard injurieux auquel cette affi-
che répond, j'accepte la responsabilité de la ré-
ponse faite pour mo défendre ;
» 25 déclarer que je ne reconnais à M. Truc,
dont le nom n'a pas été prononcé, aucune qua-
lité pour Intervenir, n'étant nt candidat, ni si-
gnataire, ni spécialement visé, l'affiche signée
Darbas n'étant d'ailleurs qu'une réponse provo-
quée par l'affiche signée Senech e
» 3° Déclarer que si l'on des candidats ou l'un
des signataires de l'affiche se substituait à M.
Truc pour nous demander raison, on pourrait
admettre cette prétention, maie sans leur re-
connaître la qualités d'offensés, attendu qu'ils
ont été les provocateurs et que l'on s'est borné
à leur renvoyer leurs expressions en bloc. Cest
moi Seul qui aurais ici le droit de revendiquer
le litre d'offensé et de demander raison, s»{ Ï9
verdict rendu par le suffrage universel ne m'é-
tait pas une sufUsante et même très ample sa-
tisfaction :
» 4° Cependant al M. Truc, bien que n'ayant
aucune qualité pour intervenir dans cette af-
faire et bien que, â même au cas où l'on ad-
mettrait son intervention comme légitime, â
ne pouvant se prétendre offensé par une simple
réplique manifestement provoquee tenait ab-
solument, jour des motifs que j'ignoro et que
le publie appréciera, â se rencontrer sur le ter-
rain avee M, Dutasta, vous déclarerez que M.
Dulasta est prêt à lui donner gracieusement
cet te satisfaction, dont les conditions seront ul-
térieurement, mais dans le plus bref délai, ré-
glées.
«Telle est, messieurs, la,mission que j'ai
l'honneur de confier à votre ferme et loyal
dévouement,
»'Veuillez agréer, messieurs, l'expression de
mes sentiments les plus dévoués.
Î H. DUTASTA. »
A cette lettre étaient annexés différents docu-
ments, notamment le texte de l'affiche intitulée
Réponse aux imposteurs, à laquelle répliquait
raffiche intitulée Dernière heure dont vous
avez accepté la responsabilité,
Noua avons eu plusieurs entrevues avec les
mandataires de M. Truc.
Dès la première, nous avons déclaré, après
avoir pris connaissance de leur mandat et exa-
miné les documents mis à notre disposition,
que nous ne pouvions reconnaître à M. Truc le
droit d'intervenir d'une facon quelconque et de
YOQS réclamer une réparation.
Dans la seconde entrevue, nous avons donné
lecture de îa lettre reproduite ci-dessus en fai-
saot observer seulement que vous en retiriez
le dernier paragraphe, dès l'instant que M. Truc
avait laissé entendre que, si vous n'acceptiez
pas sa provocation, 11 «aurait bien vous y con-
traindre. En présence de ces meo aces, vous nous
aviez chargés, eu effet, de déclarer qu'aucune
rencontre n'était plus possible avec M. Truc,
Agissant en son propre nom.
"Cependant, dans un esprit de conciliation,
pleinement partagé, d'ailleurs, par les manda-
taires de M. Truc, nous avons essayé d'arrêter
les termes d'un procès-verbal qui pût être éga-
lement accepté par les deux parties, dans le-
quel nous déclarions " que M. Truc n'étant pas
visé dAus la Dernière heure, qui s'adressait
seulement aux personnages directement en jeu,
il n'avait aucun motif de réclamer tme rèpa-
> ration.
\ Ce procès-verbal, rédigé d'un commun accora
par les quatre mandataires, vous a été soumis,
Voue avex refusé d'en accepter les termes et
nous avons communiqué cette décision aux
mandataires de M. Truc.
Eu présence de l'impossibilité d'arriver h une
entente, nous nous sommes retirés et nous vow
prions de nous relever de notre mandat, que
nous avaient rendu particulièrement difficile,
d'ailleurs, les Indiscrétions de certains jour-
naux.
Veuillez agréer, monsieur, l'assurance de nos
sentiments les plus dévouée,
Générai Îοtt
Julien PYANET.
M. Dntasta a répondu a MM, le général Mott
et Julien Pyanet la lettre suivante :
« Messieurs,
» J'ai reçu la; lettre par laquelle vous me
faites connaître dans que! esprit de conciliation,
vous avez rempli la mission que je tous aval»
confiée.
« Je voBs en remercie profondément et je dois
vous faire connaître les motifs qui'ne m'ont pas
permis d'accepter les termes du procès-verbal
que vous aviez rédigé de concert avec les man-
dataires de M* Truc.
» M. Truc me réclame une réparation. Dans
toute la campagne électorale, 11 n'y a en qu'un
Insulté : c'est moi.
» Je n'ai donc de réparation a donner à per-
sonne et j'ai le droit d'en demander à tons. Le
scrutin du 4 octobre m'en dispense, m'ayant
donné de toutes oes insultes une suffisante et
même très large satisfaction.
» A M. Truc, moins qu'à tout autre, Je dois
une réparation, parce qu'il n'est si nommé ni
visé dans les deux affiches qui ont provoqué la
présente affaire.
Cependant, tout en maintenant mon droit
d'offensé, je suis prêt a marcher soit avec n'im-
porte lequel des candidats ou des signataires
nommés dans la Réponse aux Imposteurs, et
auxquels j'ai renvoyé en bioo 'le paquet do leurs
invecti ves ; soit avec M. Truc lui-même, s'il set
présente en leur nom et avec l'assentiment
constaté de deux d'entre eux.
⢠Voilà mon dernier mot ; je vous prie de le
faire connaître & ces messieurs et de vouloir
bien considérer ensuite votre mission comme
terminée.
» Veuillez agréer, messieurs, avec l'expres-
sion de toute ma gratitude, l'assurance de mes
sentiments les plus dévoués.
» H. DUTASTA.
Nous louons hautement les témoins de
notre honorable ami, M.Dutasta,pour la fa-
çon dont ils se sont acquittés de leur man-
dat et nous exprimons également à M. Du-
tasta toutes nos félicitations pour son atti-
tude si digne et si ferme.
Le Petit Var publie en dernière heure la
note suivante :
M. Dutasta a reçu de M. Pierre Truc une
lettre d'insultes dont nous parlerons demain, et
nous donnerons en même temps la réponse de
M. Datasta.
AU TONKÍN
Le ministre de la guerre a reçu du géné-
ral de Gourcy plusieurs dépêches relatives
â des demandes de matériel et donnant en
outre les nouvelles suivantes :
Le général Jamont a pris le commandement
de la première division, en remplacement du
général Brière de Tis le.
En Annam, il y a encore quelques désordres
dans les parties non occupées par nous de la ré-
gion Sud.
La tranquillité règne presque partout de Hué
au Tonkin ; nos garnisons sont bien installées
et bien approvisionnées. Rien à craindre.
Thuyet, avec l'ex-roi et un petit nombre
d'adhérents, est réfugié dans le Laos ; aucun
souci ä avoir de ce côté.
Noue lisons dans le Télégraphe :
Li-Hung-Chang, vice roi du; Patehill, a été
désigné par ie gouvernement chinois pour diri-
ger les négociations relatives à la conclusion
d'un nouveau traité de commerce entre la
France et le Céleste-Empire,
En conséquence, notre chargé d'affaires, M.
Cogordan, qui se trouvait ces jours-ci à Shan-
ghaï, vient de partir pour Tien-Tsin, siège du
gouvernement du Petchili.
A MADAGASCAR
Comme complément à la dépêche de Loh-·
dres, publiée nier, sur les incidents mili-
taires à Madagascar, nous reproduisons io
télégramme suivant adressé ae Tamatave,
via Aden, au Standard :
Les étrangers sont tenus ici en grande me··
flanee, surtout depuis l'affaire de Parafatte.
Un sujet anglais a été arrêté comme suspect.
Des nouvelles de la baie de Passandava an-
noncent qu'une nouvelle rencontre a eu lieu en-
tre les Français et les Hovas.
Les Français ayant appris que les Hovas s'a-.
vancaient, sont allés à, leur rencontre.
Les Hovas étaient en grande force, mais
étalent presque tous armès de lances. 4
Les Français, craignant d'être entourés, pri--
rent position sur une montagne, où ils attendi-
rent l'attaque.
Plusieurs engagements ont eu lie«, mais sani
résultat.
Les pertes sont considérables des deux côtés.
Vatoumandri a été bloqué par les Français.
L'amiral Mlot se rend à Majunga.
Le Temps écrit à ce sujet ;
Il paraîtrait que da notre côté il y a eu un«
vingtaine d'hommes hors de combat et deux
cents du côté des Hovas, mais 11 faut se rappe-
ler que la garnison du fort d'Ambodimadiro â
c'est elle qui a été engagée â se compose d'une
simple compagnie d'infanterie de marine qui
appuie nos auxiliaires. Le commandant Penne-
quin, qui est détaché en ce point, situé sur la
côte ferme de la baie de Passandava, a fortifié
la position de manière a la mettre t l'abri da
toute attaque et a créé un village militaire In-
digène, occupé par une compagnie de Sakalaves
armés du fusil Chassepot tranformé, et instruits
à l'européenne.
Dans sa lettre de Tamatave, 3 août, notre
correspondant nous disait que le commandant
Pennequin se proposait de mettre h l'épreuve la
solidité de ses recrues antankaranas en allant
relancer les Hovas jusqu'à leur camp d'Ankara»
m y, distant de nos positions de trente-cinq kilo-
mètres, II est donc Tacile de rétablir mieux, que
ne le fait la dépêche du Standard, ce qui s'est
I passé dans la baie de Passandava. I,es Hovas
! dessinant un mouvement en avant, le comman-
, dant d'Ambodimadiro a marche à leur ren-
I contre, profitant de cette circonstance pour
faire subir le baptême du feu à la compagnie
sakalave et à ses auxiliaires. Les Hovas ont été
TJn Numéro : 10 o. Paris et Départements
Dimanche 11 Octobre 1885.
DIRECTEUR POLITIQUE i*
Ö, CLEMENCEAU
S'adresser pour tout co qui coneeme la Rédaction
A M* GUSTAVE OEFFROY
Secrétaire da la Rédaction
iLes manuscrüs iwn insérés ne β wo ni . pas reridut·}
ANNONCES chez MM. DOLLINGEN Fils, SÉGUY ET O,
16· ÎÎ Î G rasi TF o - Batelière
.J - I '· · ": Í - < ·· . _____ , ___
LA JUSTICE
RÉDACTEUR EN CHEF ;
Camille PELLETAN
ABONNEMENTS
PARIS 1 DÉPARTEMENT#
Trois moia...,,, 10 fr. Trois moia Í2 fr.
Six mois....,,.» 20 » Six. mois., 24 »
Un an.......... 40 » | Un an.,., 48 *
Adresser les mandat» à l'Administrateur
M. JE» mÉBlTIEN
10, rue du Faubourg - Montmartre, 10
LA RÈGLE
La résolution adoptée à L'unanimité
par lea représentants de la presse radi-
caie socialiste ne surprendra personne.
Elie était dans l'air lo lendemain du
vote, et s'était bientôt emparée de tous
les esprits.
On s'explique aisément que, au pre-
mier abord, les radicaux socialistes de
Paris aient jugé exorbitant ce sacrifice
à l'union du parti républicain. Si ridicu-
lement incompleta qu'ils fussent, les ré-
sultats du scrutin leur permettaient d'es-
timer par approximation les forces dont
ils disposeraient, en les massant au lieu
de les disperser, dans le département de
la Seine. Bref, se sentant maîtres de la
situation électorale, ils pouvaient être
entraînés à user et même à abuser de la
victoire.
Quelques jours de réflexion ont suffi
pour amener les plus ardents à la notion
do la modération dans la victoire et à la
tactique de la discipline, en vue de la
dernière et décisive bataille. Personne
ne doutait que sans rien abdiquer de
leurs revendications radicales, Paris et
le département do la Seine n'eussent le
pouvoir de mater la petite faction réac-
tionnaire qui, honteusement et hypocri-
ment, avait tenté de s'emparer d'un petit
coin
le duc qui ne rappelle pas l'auteur des
Maximes au duc qui ne régna jamais
sur Padoue, en accolant le catholicisme
enfantin d'un Keller à la métaphysique
positive d'un Vacherot, en faisant flèche
de tout bois, même du bois mort et du
bois pourri, la réaction était arrivée à
réunir sur ses plus nobles fronts et ses
plus fortes têtes, jusqu'à quatre-vingt-dix
mille voix dans le département de la
Seine. C'était trop assurément. Mais ce
n'était guère que le cinquième des vo-
tants. Môme en maintenant au second
tour la dualité des listes républicaines,
on était encore presque certain de rejeter
en dehors de la représentation nationale
les hommes qui ne veulent s'y introduire
que pour la fausser ou la détruire.
On a trouvé qu'il ne suffisait pas d'une
quasi-certitude. Si à travers les hasards
du scrutin un monarchiste masqué fût
arrivé à se glisser dans la députation de
Paris, quel délire de joie. Quels abus du
mensonge et de la casuistique dans le
camp des jésuites !
On a voulu que la leçon fût claire et
complète, que l'écrasement fût éclatant.
Ce sera fait. Aux chiquenaudes des pyg-
mées de la conspiration cléricale et mo-
narchique le géant parisien va riposter
par un coup do massue.
L'effet moral en sora rendu plus fort et
il dépassera de bien loin les bornes du
département de la Seine. Sur le simple
Soupçon de cette tactique, toutes les di-
visions ont cessé en province. Nos amis
ont donné l'exemplo et voici que, sur
différents points, leurs adversaires de la
veille l'ont déjà suivi. Rien de plus signi-
ficatif â et de plus louable â que le dé-
sistement des candidats opportunistes de
Seine-et-Oise en faveur de la liste radi-
cale. Le gros de l'armée ne peut hésiter
à dessiner la même évolution, car en pa-
reil cas, ce sont les généraux dont la
blessure saigne le plus.
Les gens qui ne connaissent de Paris
que sa légende héroïque, que ses em-
portements, See ardeurs fiévreuses et ses
bouillante* colères, seront surpris de
l'exemple de sagesse qu'il va donner.
Ceux qui comprennent son tempérament
politique y retrouveront toute une tra-
dition contre les ennemis de la Répu-
blique, de cette République qu'il n'a pas
reniée tm seul jour depuis bientôt cent ans,
Paris sut toujours, quand il le fallut, se
montrer irrésistible dans sa foudroyante
unité. Des écrivains ignorants ou de
mauvaise foi parlent souvent des divi-
sions républicaines qui, en 1818, auraient
fait le jeu de la réaction. Rien de moins
justifié par les faits. Le 10 mars 1830, le
département de la Seine était appelé à
élire trois représentants à l'Assemblée
législative.
La majorité de la Chambre était faite
des divers tronçons de la réaction, et la
majorité de Paris appartenait alors,
comme aujourd'hui, à la démocratie ra-
dicale. Elle pouvait, cette majorité, user
de sa force, se montrer exclusive, fermer
l'accès de l'Assemblée aux républicains
modérés qui naguère l'avaient ou mécon-
nue ou maltraitée, lille fit tout juste le
contraire.
Le 10 mars 1830 le comité démocrati-
que socialiste portait ensemble les can-
didatures socialistes de de Flotto, l'ami
de Barbée, de Vidal, le théoricien popu-
laire, et de Carnot membre du gouver-
nement provisoire et de la commission
exécutive. Proudhon, que tant d'esprits
superficiels, ont longtemps regardé
comme le génie 'de la division, applau-
dissait à cette transaction née d'une
haute conception du devoir républicain.
Aujourd'hui la démocratie radicale
laisse aussi place large à l'élément
républicain moins avancé. Lui refuser
son approbation,ce serait prouver qu'on
n'a pas le sentiment des nécessités poli-
tiques d'aujourd'hui, et même de de-
main.
Charlea Longuet.
ELECTIONS
LEGISLATIVES
Dn 4 octobre 1885
SEINE
Hier, après une vérification dernière
de la commission de recensement, les
résultats définitifs du vote du départe-
ment de la Seine ont été proclamés à
l'Hotel-de-Ville. Voici ces résultats :
Inscrits : 563.338. â Votante : 433.090
Bulletins blancs : 3.225
Suffrages exprimés : 430.765
Majorité absolue : 215,383
1. - LOCKROY 272.650
2. â FLOQUET 363. "703
3. â A- DE LA FORGE· · 222.334
4..â BUISSON 215.853
Elut
BALLOTTAGES
5. â BARODET S08.931
ö. - CLEMENCEAU 202.643
â ALlAIN-TARGÉ 301.632
8. â RASPAIL 107.090
0. â MARET 194.562
10. â TONY-RÉVILLON â - 180.346
11. â SIGISM. LACROIX..· 188.793
12. â ERNEST Lï FÉVRE. . 188.475
13. â gEORGES PERIN ... 184.549
14. â CANTAGREL 183.361
15. â DE LANESSAN 180,921
16. â YVES GUYOT 171.433
17. - FRÉBAULT 150.331
18. â DELaTTRE 150.173
19. â M ÎÎ¤Î È 157.105
20.âFOREST 154.650
21. â DREYFUS 153.632
22. â PAU i. BERT 148.175
23. â LAFONT 141.457
24. â HUOE 141.337
25. â BRELAY 141.000
26. â BOURNEVILLE 135.308
27. â GERMAIN CASSE- 133.655
28. â ROQUE DE FILHOL· 132.912
29. â BASLY 131.610
30. â ROCHEFORT 131.535
31. â LAISANT 126.552
32. â CAMELINAT 121.095
38. â PICHON 110.398
34. â VILLENEUVE 119.396
35. â MICHELIN 116.650
36. â FARCY 113.090
37. â DE HEREDIA 104.954
38. â FRÉDÉRIC PASSY ·· 103.988
Viennent ensuite ;
39. â SPULLER 103.632
40. â RANG 103.191
4t. â PERROChEAU 101.606
42. â DAIX 101.178
43. â GREPPO 101.034
44. â JULES ROCHE 100.206
45. â MILLERAND «4.950
46. â HERVÉ 92.177
47. â MAILLARD 92.045
48. â CALLA 89.035
4!). â Dû BARAIL. 88.374
50. â COCHIN 87.970
51. â DALLOZ 87.399
52. â BINDER 87.293
53. â MICHAÜ 87.044
54. â HAUSSMANN 87.012
55. â FERDINAND DDVAL.... 86.802
56. â CADET 86.629
57. â VACHEROT 86.480
58. â DUFAÜRe 86.396
59. â KELLER 86.338
60. â PERRY 86.176
61. â GR. DB CAS8AGNAG... 85.995
62. â MARIUS MARTIN 85.901
63. â CAMILLE ROUSsET 85.899
64. *- BARTHOLONI 85.550
65. â DESPATYS 85.105
66. â DELAFOSSE 85.081
67. â RIANT 85.079
68. â De LA ROCHEFOUCAULT 85.048
69. â CHEVREAU 81.907
70. â GAMARD .. 84.957
71. - LAMB.-SAINTe-CROIX. 84.407
72. â GODELLE '84.407
73. â V AUGHAN 84.245
74. - BARROT 84.087
75. â CARCENAC 84.054
76. â FROMENT MEURICE.... 83.941
77. â HATTAT 83.905
78. - GILLOU 83.558
79. â ARMENGAUD 83.405
80. â LEROLLE.. 83.270
81. â DE ROUGE 83.002
82. â MUZET 82.851
83. â VAUTHIER 82.761
84. â MOREAU 82.621
85. â BOUDET 82.571
86. â PADOUE (duc de) 82.481
87. â DE ROYER 82.375
88. â DENIS POULOT 82.319
8». â LOUVET 82.061
90. â DELEPOUVE 81.668
91. â D'HERBELOT 81.566
¡12. â LEVEL (Emile) 81.435
93. â sAVOURE 81.088
94. â HUMBERT 59.395
95. â LEVEILLE 79.087
96. â STRAUSS 78.401
97. - FIAUX 77.812
98. â HieLARD 77.127
9Ü. - STEENACKERs 76.248
100. â LONGUET 76.041
101. â LAURENT......... 75.585
102. â CLÉRY 74.294
103. - N. LEVEN 73.107
104. â LUCIP1A 72.958
t 105. - LEVRAUD 72.221
106. - PoIRR1ER 71.736 1
107. â LEPELLeTIER.. 71.356 \
108. â METIVIER 70.523 ι
109. â ALARY 70.420
110. â LOISEAU 68.858
111. â HENNAPE 68.668
112. â DELAHAYE 66.611
113. â JACLARD «6-381
114. â TRÉBoiS 64.545
115. - CONSTANT DEvILLE.... 62.194
116. â DEROULeDE ............ 60.593
117. â LOYANT 53.937
118. - F. GAMBON. 50.213
119. â JACQUES 46.561
120. â DELABROUSSE..._ 43.492
121. â MERITENS 42.347
122. - CATALO 42-170
123. - MESUREUR 42.130
124. â DODÉ 40.32«
125. - VAILLANT 39.490
(se. â PEAN 3ss.i32
127. - DE MENORVAL 37.521
ISS. â JOFFRIN 33.452
129. â MAUJAN 33.331
1.30. â WICKHAM 32.631
131. â HOVELACQUE 38.316
132. â OUDiNE 31.401
133. â EUDES 31.202
134. â COPOIX 30.780
135. â LISSAGARAY 30.753
136. â BEAUCAIRE (Ainé) 30.518
137. â GONNARD 29.912
138. âDECORSE 29.354
139. â E. ROCHE 28.494
140. â GRANGE 26.768
141. â ALLEMANE 25.291
112. â RUEL 24.513
143. â J.-B. MAY 23.199
144. - BLONDEAU 20.440
145. â COURTOÜX 19.778
146. â PERRIN 19.324
147. - RETIES 18.667
148. â SAINT MARTIN ...,. 18.32«
14». â RIBANIER 18.140
1150. â BOuTET 18.000
151. -AVELINE 17.985
152. - HEPPENHEIMER 17.945
153. â BRETON 17.936
154. â LUCAS 17.918
155. - D'HERBECOURT 17.885
156. - DELACOÜRT 17.875
157. â SIMON-SOENS 17.850
158. â CHAMPY 17.670
159. â BOULET 17.663
160. - PARLOT 17-558
161. -COUPAT 17.450
102. â MONTAS 17.444
163. - COUTURAT 17.32Ü
164. â MARTELET 17.285
m. â CHARLES ANDRÉ 17.185
166. â LAVAUD (J.-B.) 17.010
167. â FAILLET 16.933
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170. â PENET 16.773
171. â DEJEANTE.. 16.769
172. â HERBINET 16.436
173. â KUHN - 16.307
174. â PAILLOT 16:265
175. â VILLATTE 16.166
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201. â DARLOT 10.581
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203. â DESMOULINS 10.«8
204. - CRÉPIN 10.318
205. â COCHERI 10-317
206. â ROUSSELlE 10.302
207. â BRËUILLE - 10.299
208. â GOULLÉ 10.297
209. - TESSIER ..' 10.187
210. â ODIN 10.145
211.â OURY 10.090
212. â BOISSE 10.OSO
213. âA. MURAT , 9.998
214. â CATTIAUX 9.657
215. â RYSTO 9.846
216. -BLANcK 8.560
217. â DUBOIS 7.383
218. â GUITTON 7.108
219. â MOÏSE 6.945
220. â CHASTELUX 6.82«
,221. â JULES GUYOT 6.156
222. â GELEZ 6.063
223. â LEGRANDAIS 5.925
224. â CHABERT 5.750
225. â LAGUER RE 5.720
226. â LAFOND 5.693
227. - DUVERGiER 5.616
228. â PASQUIER 5.480
229. â EMILE FERRY 4.561
230. â DE LESSEPS 4.336
231.â FENIOU 4.255
232. â DEVISMES 3.073
333. â GUICHARD 2.946
234. â GOULIÉ 2.553
235. â MARSOULAN 2.377
236.. - J.-B. CLEMENT 2.177
Suivent les candidats ayant réuni un
nombre de voix Inférieur à 2,000.
Les représentants de la Presse radicale de
Paris «e sont réunis hier à deux heures, et
sont tombés d'accord à l'unanimité pour
appuyer énerglquement au scrutin de bal-
lottage du 18 octobre les 34 candidats qui,
après les 4 élus du dernier scrutin, ont ob-
tenu le plus grand nombre de voix.
Pareille discipline, basée sur les indica-
tions mêmes du suffrage universel sera re-
commandée cour la France entière aux
candidats républicains de toute nuance sou-
â mia an scrutin de ballottage du 18 octobre,
t Les représentants de la Presse radicale
! ont enfin décidé qu'aujourd'hui, à deux
ι heures, an Çrand-Orient aurait lien une
réunion de tous les représentants de la
Presse républicaine de Paris. Les délégués
du Comité Tolaln, de la Fédération républi -
calne radicale et du Comité départemental
radical socialiste sont convoqués â celte
réunion.
LA
JOURNÉE
¿Nouvelles diverses
Note Haras :
LftS ministres se sont réunis ce matin à l'Ely-
sée, sous la présidence de M. Joies Grêvy.
Ils se sont entretenus de la situation électo-
rale dans les départements et des mesures à
prendre contre les fonctionnaires qui. ont fait
acte d'hostilité contre le gouvernement.
Le cabinet n'a pas encore en à délibérer sor la
politique qu'il se propose de suivre au Tonkin.
Tous les bruits qui ont été mis en circulation â
ce sujet sont absolument faux.
Le conseil a été très court. MM. Demôle al
Sarrien n'y assistaient pas.
Le Radical annonce que M. Patenne, con-
seiller municipal du quartier de C baronne,
vingtième arrondissement, a prévenu M. le pré-
fet de la Seine qu'il l'interpellerait, dans la pre-
mière séance du conseil, sur la manière dont
s'est effectué le dépouillement du scrutin aux
élections du 4 octobre.
A. l'Hôtel de Ville
On trouvera, d'autre part, l'analyse que ïê
Temps a publié ne la lettre adressée hier matin
par M. Poubelle à. la commission du recense-
ment de la Seine qui s'est réunie a l'Hôtel de
Ville.
Cette lettre, après avoir retracé l'historique
des péripéties du dépouillement se termine par
une véritable apologie de l'administration,
La foule qui attendait hier matin, salle Saint-
Jean, leg résultats officiers du dépouillement a
souligné par des murmures Significatifs les ex-
plications de M. Poubelle.
La proclamation des quatre élus a été accueil-
lie par des cris chaleureux de : « Vive la Ré-
publique!»
A trois heures trente-cinq, la séance de Ja
commission de recensement a été suspendue et
n'a été reprise qu'a six heures.
La récapitula lion s'arrêtait en effet au nom de
M. Court houx. Nous publions d'autre part les
résultais complets dn dépouillement.
Le Temps a publié, hier soir, la note très
officieuse qui suit :
La première séance de la commission de re-
censement a eu lieu ce matin, â dix heures et
demie, à ÎÎÏÎβÎ-de-'Ville, sali« Saint-Jean. MM.
Lêopold Auguste, Curé, Frère, Lamouroux,
Weber, membres de la onn ission de recense»
ment, étaient présents. M. Frère a donné Le- j
tore d'une lettre par laquelle le préfet de la !
Seine rend compte à la commission des mesures I
qu'il avait prises pour assurer la rapîdité {sic)
du dépouillement.
On comptait que Ja proportion du nombre des
votants au nombre de$ inscrits serait des cinq
septièmes ; cela aurait donné, pour le départe-
ment de la Seine, 402,380 votants ; il y en a eu
en réalité 434,0ftl. La nécessité d'établir à Parts
un grand nombre de sections était évidente de-
puis que des expériences avalent démontré que
le nombre maximum de bulletins que l'on pou-
vait dépouiller en urne heure de temps était
huit. M. Poubelle, se basant sur ces données,
divisa Paris en 649 fections électorales, ce qui,
avec lés 181 sections de la banlieue, donnait,
pour le département de la Seine, un total de
830 sections. Chacune de ce* sections compre-
nait 700 inscrits, soit à peu près 500 volants.
En organisant cinq tables de scrutateurs, le dé-
pouillement devait durer de douze à quinze
heures. Ces prévisions n'ont pas été réalisées,
Ies scrutateurs ayant mangue dans la plupart
des sections.
Dans la nuit de dimanche à lundi pourtant,
tout était terminé dans vingt sections, et lundi
à midi les résultats de 87 sections étaient par*
venus â la préfecture. La plupart des tableaux
de recensement, au contraire, n'ont été traes-
mis au préfet ds la Seine que dans la journée de
jeudi; quelques-uns même seulement dans la
journée de vendredi. Vendredi soir, à 11 h.
55 m., on avait les résultats de la dernière sec-
! tion.
Il résulte des chiffres officiels des élec-
tions de la Seine quo la banlieue a donné
un nombre considérable de voix aux can-
didats radicaux. C'est un fait important, si
l'on songe que le principal effort des ad-
versaires du radicalisme, vaincus d'avance
à Paris, avait porté sur les communes
du département. Les majorités obtenues
par nus amis démontrent que les élec-
teurs sont acquis, dans lout le département
de la Seine, à la politique de réformes ré-
publicaines. Nous sommes heureux de cons-
tater ce résultat dont nous n'avions jamais
douté.
S. P.
Nous trouvons dans le Petit Journal une
lettre qui pourrait servir de post-scriptum
au triomphe prétendu de la coalition mo-
narchiste. Nous avons constaté avec toute
la presse républicaine que nulle part les
réactionnaires n'avaient osé arborer fran-
chement leur drapeau, et que les bonapar-
tistes d'une part, les royalistes de l'autre,
s'étaient présentis au suffrage universel en-
veloppés dans le sac du Scapia conserva-
teur ou protectionniste.
Le scrutin de ballottage n'est pas encore
ouvert et les réactionnaires sont déjà à
couteaux tirés. On connaît la grande que-
relle des victoriens et des jérômistes. La
lettre que M. Allaln Desvaux, « membre du
comité de l'Union ouvrière légitimiste de
Paris (ite) », adresse á noire confrère, in-
dique que l'accord n'est pas davantage
réalisé entre les légitimistes. Le corres-
pondant du PeUt Journal proteste contre
l'allégation de notre confrère écrivant que
* les monarchistes sont à peu près tous
ralliés à la royaulé légitime, que repré-
sente aujourd'hui le conile de Paris, héri-
tier des familles de Bourbon et d'Orléans.»
M. Allain-Desvaux déclare que celte allé-
gation « constitue une grave erreur histo-
rique et politique », et il rectifie en s'écriant
que « le représentant de la royauté légi-
time n'est pas M. le comte de Paris, prince
d'Orléans, mais bien Jean de Bourbon, chef
de la famille de» bourbons-Anjou, le plus
proche parent du roi défunt, et c'est à lui
que se sont ralliés tons les vrais légiti-
mistes, fidèles observateurs de la loi sali-
que. » Et le membre du comité de l'Union
ouvrière légitimiste ajoute : « M. le comte
de Paris ne peut donc prétendre à la
royauté qu'au même titre que Lonis Phi-
lippe d'Orléans, d'usurpatrice mémoire, » ;
Gomme on le voit, la fameuse querelle
des blancs d'Eu et des blancs d'Espagne
n'est pas prAs de finir. Les monarchistes qui
avaient marché en rangs serrés au pre-
mier tour de scrutin, vont se débander et
s'entre-déchirer au srcond. Ce n'est pas nous
qui nous plaindrons que le grand exemple
de discipline que s'apprêtent à donner les
républicains ne leur serve pas de leçon.
L. M.
COMITÉ
DÉPARTEMENTAL RADICAL SOCIALISTE
DE LA SEINE
Réunion des délégués dimanche, 11 octo-
bre, à deux heures et demie précises, salle
Palrot, 75, me des Martyrs.
ta commission exécutive.
L'AFFAIRE DUTASTA TRUC
On lit dans le Petit Var :
MM. le général Molt et Jollen Pyanet ont
adressé à M. Datasta la lettre qu'on Va li ré :
Monsieur,
Vsns nous avez adressé, le 6 octobre courant,
la lettre suivante que nous croyons necessaire
ïe reproduire ici pour bien déterminer la nature
3e la Emission que vous noue avez confiée.
* Messieurs,
» M. Pierre Truc, que je n'ai pas l'honneur de
connaïtre et que j'ai seulement entrevu deux
[ois en passant, a chargé MM. le colonel Wand-
lïng et Th. de Fallois, rédacteur du Petit Mar-
seillais, de s'aboucher avec moi pour m'inviter
à constituer deux témoins.
» Voici à quelle occasion : i
» Le dimanche k octobre, au moment de l'on- :
vertu re du scrutin, une afficha signée Benéch
et contresignée Blache.fut apposée sur les murs
de Toulon, Elle portait pour titre : Réponse
aux imposteurs, et contenait à mon adresse
les plus grossières injures : imposteur, menson-
ges, fourberies, bonapartiste clérical, trompeur,
infamie, etc.
» En réponse à ce placard, une autre affiche
fut apposée quelques heures après pour démen-
tir les allégations du Comité Beaech. Elle, se
terminait par ces mots
Quant aux injures grotesques qu'ils adressent
» au citoyen Dntasta, nous les leur renvoyons
» toutes en felce, I.s choisiront dans-le tas celles
»qui leur conviennent le mieux. »
» M, Truc, se prétendant offensé par ceg paro-
les, m'invite â constituer des témoin?.
» Je vous prie, messieurs, de vouloir bien ac-
cepter cette mission, l'un parce qu'il connaît
très bien les circonstances des faits dont il s'a-
git; l'autre, parc« que, étranger dans notre ville,
et par conséquent, n'ayant pris aucune part dans
la lutte électorale, Il se trouve dans les meilleu-
res conditions possibles de sangiroid et d'impar-
tialité.
» Je vous remercie de vouloir bien m'assister
en cette circonstance et voici en quoi consiste
la mission que j'ai l'honneur de vous confier :
» Io Déclarer que, n'ayant pas signé raffiche
dont s'agit, mais ayant été personnellement
visé dans le placard injurieux auquel cette affi-
che répond, j'accepte la responsabilité de la ré-
ponse faite pour mo défendre ;
» 25 déclarer que je ne reconnais à M. Truc,
dont le nom n'a pas été prononcé, aucune qua-
lité pour Intervenir, n'étant nt candidat, ni si-
gnataire, ni spécialement visé, l'affiche signée
Darbas n'étant d'ailleurs qu'une réponse provo-
quée par l'affiche signée Senech e
» 3° Déclarer que si l'on des candidats ou l'un
des signataires de l'affiche se substituait à M.
Truc pour nous demander raison, on pourrait
admettre cette prétention, maie sans leur re-
connaître la qualités d'offensés, attendu qu'ils
ont été les provocateurs et que l'on s'est borné
à leur renvoyer leurs expressions en bloc. Cest
moi Seul qui aurais ici le droit de revendiquer
le litre d'offensé et de demander raison, s»{ Ï9
verdict rendu par le suffrage universel ne m'é-
tait pas une sufUsante et même très ample sa-
tisfaction :
» 4° Cependant al M. Truc, bien que n'ayant
aucune qualité pour intervenir dans cette af-
faire et bien que, â même au cas où l'on ad-
mettrait son intervention comme légitime, â
ne pouvant se prétendre offensé par une simple
réplique manifestement provoquee tenait ab-
solument, jour des motifs que j'ignoro et que
le publie appréciera, â se rencontrer sur le ter-
rain avee M, Dutasta, vous déclarerez que M.
Dulasta est prêt à lui donner gracieusement
cet te satisfaction, dont les conditions seront ul-
térieurement, mais dans le plus bref délai, ré-
glées.
«Telle est, messieurs, la,mission que j'ai
l'honneur de confier à votre ferme et loyal
dévouement,
»'Veuillez agréer, messieurs, l'expression de
mes sentiments les plus dévoués.
Î H. DUTASTA. »
A cette lettre étaient annexés différents docu-
ments, notamment le texte de l'affiche intitulée
Réponse aux imposteurs, à laquelle répliquait
raffiche intitulée Dernière heure dont vous
avez accepté la responsabilité,
Noua avons eu plusieurs entrevues avec les
mandataires de M. Truc.
Dès la première, nous avons déclaré, après
avoir pris connaissance de leur mandat et exa-
miné les documents mis à notre disposition,
que nous ne pouvions reconnaître à M. Truc le
droit d'intervenir d'une facon quelconque et de
YOQS réclamer une réparation.
Dans la seconde entrevue, nous avons donné
lecture de îa lettre reproduite ci-dessus en fai-
saot observer seulement que vous en retiriez
le dernier paragraphe, dès l'instant que M. Truc
avait laissé entendre que, si vous n'acceptiez
pas sa provocation, 11 «aurait bien vous y con-
traindre. En présence de ces meo aces, vous nous
aviez chargés, eu effet, de déclarer qu'aucune
rencontre n'était plus possible avec M. Truc,
Agissant en son propre nom.
"Cependant, dans un esprit de conciliation,
pleinement partagé, d'ailleurs, par les manda-
taires de M. Truc, nous avons essayé d'arrêter
les termes d'un procès-verbal qui pût être éga-
lement accepté par les deux parties, dans le-
quel nous déclarions " que M. Truc n'étant pas
visé dAus la Dernière heure, qui s'adressait
seulement aux personnages directement en jeu,
il n'avait aucun motif de réclamer tme rèpa-
> ration.
\ Ce procès-verbal, rédigé d'un commun accora
par les quatre mandataires, vous a été soumis,
Voue avex refusé d'en accepter les termes et
nous avons communiqué cette décision aux
mandataires de M. Truc.
Eu présence de l'impossibilité d'arriver h une
entente, nous nous sommes retirés et nous vow
prions de nous relever de notre mandat, que
nous avaient rendu particulièrement difficile,
d'ailleurs, les Indiscrétions de certains jour-
naux.
Veuillez agréer, monsieur, l'assurance de nos
sentiments les plus dévouée,
Générai Îοtt
Julien PYANET.
M. Dntasta a répondu a MM, le général Mott
et Julien Pyanet la lettre suivante :
« Messieurs,
» J'ai reçu la; lettre par laquelle vous me
faites connaître dans que! esprit de conciliation,
vous avez rempli la mission que je tous aval»
confiée.
« Je voBs en remercie profondément et je dois
vous faire connaître les motifs qui'ne m'ont pas
permis d'accepter les termes du procès-verbal
que vous aviez rédigé de concert avec les man-
dataires de M* Truc.
» M. Truc me réclame une réparation. Dans
toute la campagne électorale, 11 n'y a en qu'un
Insulté : c'est moi.
» Je n'ai donc de réparation a donner à per-
sonne et j'ai le droit d'en demander à tons. Le
scrutin du 4 octobre m'en dispense, m'ayant
donné de toutes oes insultes une suffisante et
même très large satisfaction.
» A M. Truc, moins qu'à tout autre, Je dois
une réparation, parce qu'il n'est si nommé ni
visé dans les deux affiches qui ont provoqué la
présente affaire.
Cependant, tout en maintenant mon droit
d'offensé, je suis prêt a marcher soit avec n'im-
porte lequel des candidats ou des signataires
nommés dans la Réponse aux Imposteurs, et
auxquels j'ai renvoyé en bioo 'le paquet do leurs
invecti ves ; soit avec M. Truc lui-même, s'il set
présente en leur nom et avec l'assentiment
constaté de deux d'entre eux.
⢠Voilà mon dernier mot ; je vous prie de le
faire connaître & ces messieurs et de vouloir
bien considérer ensuite votre mission comme
terminée.
» Veuillez agréer, messieurs, avec l'expres-
sion de toute ma gratitude, l'assurance de mes
sentiments les plus dévoués.
» H. DUTASTA.
Nous louons hautement les témoins de
notre honorable ami, M.Dutasta,pour la fa-
çon dont ils se sont acquittés de leur man-
dat et nous exprimons également à M. Du-
tasta toutes nos félicitations pour son atti-
tude si digne et si ferme.
Le Petit Var publie en dernière heure la
note suivante :
M. Dutasta a reçu de M. Pierre Truc une
lettre d'insultes dont nous parlerons demain, et
nous donnerons en même temps la réponse de
M. Datasta.
AU TONKÍN
Le ministre de la guerre a reçu du géné-
ral de Gourcy plusieurs dépêches relatives
â des demandes de matériel et donnant en
outre les nouvelles suivantes :
Le général Jamont a pris le commandement
de la première division, en remplacement du
général Brière de Tis le.
En Annam, il y a encore quelques désordres
dans les parties non occupées par nous de la ré-
gion Sud.
La tranquillité règne presque partout de Hué
au Tonkin ; nos garnisons sont bien installées
et bien approvisionnées. Rien à craindre.
Thuyet, avec l'ex-roi et un petit nombre
d'adhérents, est réfugié dans le Laos ; aucun
souci ä avoir de ce côté.
Noue lisons dans le Télégraphe :
Li-Hung-Chang, vice roi du; Patehill, a été
désigné par ie gouvernement chinois pour diri-
ger les négociations relatives à la conclusion
d'un nouveau traité de commerce entre la
France et le Céleste-Empire,
En conséquence, notre chargé d'affaires, M.
Cogordan, qui se trouvait ces jours-ci à Shan-
ghaï, vient de partir pour Tien-Tsin, siège du
gouvernement du Petchili.
A MADAGASCAR
Comme complément à la dépêche de Loh-·
dres, publiée nier, sur les incidents mili-
taires à Madagascar, nous reproduisons io
télégramme suivant adressé ae Tamatave,
via Aden, au Standard :
Les étrangers sont tenus ici en grande me··
flanee, surtout depuis l'affaire de Parafatte.
Un sujet anglais a été arrêté comme suspect.
Des nouvelles de la baie de Passandava an-
noncent qu'une nouvelle rencontre a eu lieu en-
tre les Français et les Hovas.
Les Français ayant appris que les Hovas s'a-.
vancaient, sont allés à, leur rencontre.
Les Hovas étaient en grande force, mais
étalent presque tous armès de lances. 4
Les Français, craignant d'être entourés, pri--
rent position sur une montagne, où ils attendi-
rent l'attaque.
Plusieurs engagements ont eu lie«, mais sani
résultat.
Les pertes sont considérables des deux côtés.
Vatoumandri a été bloqué par les Français.
L'amiral Mlot se rend à Majunga.
Le Temps écrit à ce sujet ;
Il paraîtrait que da notre côté il y a eu un«
vingtaine d'hommes hors de combat et deux
cents du côté des Hovas, mais 11 faut se rappe-
ler que la garnison du fort d'Ambodimadiro â
c'est elle qui a été engagée â se compose d'une
simple compagnie d'infanterie de marine qui
appuie nos auxiliaires. Le commandant Penne-
quin, qui est détaché en ce point, situé sur la
côte ferme de la baie de Passandava, a fortifié
la position de manière a la mettre t l'abri da
toute attaque et a créé un village militaire In-
digène, occupé par une compagnie de Sakalaves
armés du fusil Chassepot tranformé, et instruits
à l'européenne.
Dans sa lettre de Tamatave, 3 août, notre
correspondant nous disait que le commandant
Pennequin se proposait de mettre h l'épreuve la
solidité de ses recrues antankaranas en allant
relancer les Hovas jusqu'à leur camp d'Ankara»
m y, distant de nos positions de trente-cinq kilo-
mètres, II est donc Tacile de rétablir mieux, que
ne le fait la dépêche du Standard, ce qui s'est
I passé dans la baie de Passandava. I,es Hovas
! dessinant un mouvement en avant, le comman-
, dant d'Ambodimadiro a marche à leur ren-
I contre, profitant de cette circonstance pour
faire subir le baptême du feu à la compagnie
sakalave et à ses auxiliaires. Les Hovas ont été
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