Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-06-23
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 juin 1920 23 juin 1920
Description : 1920/06/23 (A14,N2746). 1920/06/23 (A14,N2746).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76535123
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
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TiLf>npS£ CtU\iRAL 94-96. 94.97
Un nouveau Conservatoire
On sait que la Fédération des spectres
1 chargé Firniin Gémier de diriger une des
casses du Conservatoire Syndicat. Il pro-
¡eSSe dans son théâtre boulevard de Stras-
bourg. Parmi les jeunes gens qu'il instruit,
les uns ont passé un examen institué par la
fédération; les autres sont des auditeurs
iibres. Quelques-uns sont des employés de
-ûmmerce, des dactylos, des cousettes qui
fréquentent cette école par délassement et
ne se proposent pas d'embrasser la oarriè-
'e artistique. Mais il ne faut jurer de rien :
!ln démon intérieur les tentera peut-être.
Suivons une des leçons. Elle est donnée
5ur la scène dans le décor de La Captive:
!*ne vérandah de chalet suisse.
Le rideau de fer est baissé. Quelques
!mpouI'Cs sont allumées. Le professeur est
* une table avec l'acteur Duillin qui le se-
conde dans sa tâche. Une quinzaine d'élè-
ves sont assis sur des chaises de paille ou
tes coffres.
- « Je vous demande, dit Gémier, de
jamais me croire sur parole. Ici l'on n'o-
béit pas à un maître, mais seulement à la
Mérité. Si elle parle par ma voix, écouitez-
'-3; mais vous pourrez toujours me contre-
dire. Nous discuterons ensemble. Si vous
ftvez raison, je m'inclinerai. Vous ferez de
même si je n'ai pas tort ». -
On commence par étudier la rythmique,
- est-à-dire le mouvement.
- « Figurez-vous, dit Gémier, qu'un
5eau rempli d'eau est posé là. Vous le pre-
nez et vous le portez de l'autre côté de la
kùoe. Imaginez qu'il est assez lourd. Tâ-
chez de bien concevoir ce que nous allez
faire, de vous halluciner, pour ainsi dire.
Si vous y parvenez, votre geste sera jus-
te. » .—
On croît peut-être que la démarche de
tous les élèves va être identique et qu'une
Action si simple ne peut donner lieu à au-
cune divergence d'interprétation. Comme
~n se trompe ! Même dans la manière de
Saisir un seau, se trahissent maintes nuan-
ces de caractère.
-
Un adolescent qui visiblement se pique
de joindre la force à l'élégance, affecte de
foulever la charge sans aucune peine. Il a
j'air de tenir une fleur.
Une jeune fille écarte le seau tant qu'elle
Peu.t. Notez qu'il s'agit d'un seau fictif. Elle
lle le porte pas, mais croit le porter, et com-
Ineelleest un peu princesse, elle craint
de répandre de l'eau sur sa coquette robe
Courte, sur ses jolis bas de soie et sur ses
Lignons souliers à hauts talons.
Une autre, au contraire, empoigne har-
diment le "fardeau et le trimbale à la bon-
ne franquette. C'est une brave fille, qui,
sans doute, a l'habitude de vaquer chez elle
é\:ux soins du ménage.
Alors Gémier va chercher dans un cou-
rir une petite vieille qui est en train d'é-
Ponger le linoléum. Il la prie de porter son
Seau sur la scène. Elle rit et clopinant
CGmme un canard, elle fait ce qu'on lui
demande.
- « Régaliez bien, dit le professeur à
se®, élèves.
Ceta inwnfcrk travailleuse donnée corn-
ue modèle, à des apprentis artistes, quelle
Juchante leçon! A ceux qui ambitionnent
de représenter des conquérants et des im-
pératrices, c'est d'abord une laveuse dé
Parquets qui sert d'exemple.
— « Eh ! bien, refaites ce mouvement,
lt Gémier à sa classe. »
Mafntenant le geste est Peau coup plus
eXact. Quand tous ont défilé, Gémier es-
quisse lui-même quatre ou cinq pas. On di-
rait un porteur d'eau d'Edme. Bouchardon.
L'épaule qui tire se hausse un peu, le bras
Qui tient le seau est légèrement rejeté en
Prière, le brais libre s'étend horizontafe-
Men.t pour faire balancier et soudain c'est
un-dessin de maître à côté de griffonnages
Puérils.
La rythmique, c'est la base du théâtre.
Avant tout, il faut que les acteurs s'appli-
quent à faire de leurs corps une statue ani-
mée. Mais Germer ne veut pas que ses
élèves imitent les mouvements comme des
singes. II désire qu'ils imaginent l'effort et
c'est à leur esprit, à leur intelligence qu'il
S'adresse même quand il les invite à repro-
duire u.ne action toute physique, comme de
Porter dé l'eau.
A présent, on passe à la traduction des
^niâments. , •
C'est ici qu'apparaît une innovation
presque paradoxale.
Les autres maîtres font d'abord appren-
dre un texte à leur classe. Gémier non.
11 a observé en effet que les débutants pré-
occupés de retenir des mots négligent lés
idées. Ils ressemblent à l'oiseau mécani-
que dont parle Andersen dans son, beau
conte du Rossignol. Ils ont l'air d'être re-
montés et dévident très vite des sons qu'ils
ne comprennent pas.
C'est au contraire l'intelligence que Gé-
mier cherche à développer chez ses élè-
ves. Et voici comment il s'y prend. Au lieu
de leur donner des phrases à réciter il
leur indique des sentiments à rendre '1.13,r
des expressions de physionomie et des. ges-
tes. Ainsi, poui, commencer, point de paro-
les. Par une longue cure de silence, Pytha-
gore sollicitait la pensée chez ses disci-
ples. Gémier procède à peu près de même.
Mais voyons-le à l'oeuvre,.
Il explique un fh ème t
— « Vous êtes plongé dans une affrète
se détresse. Vous êtes désespéré. Devant
vous, passe un couple d'amoureux. Leur
bonheur contraste avec votre affliction.
Tandis que vous les suivez des yeux, -. son-
nent les cloches d'une église et leur tinte-
ment vous rappelle votre enfance qui fut
heureuse. Soudain vous apercevez un ami
très riche, il ne vous remarque pas d'abord
et vous ne faites rien pour attirer son at-
tention. Mais par hasard, il se tourne vers
vous, il vous reconnait et s'approche. A
votre aspect, il devine votre dénûmemt et il
vous interroge. Vous cherchez à lui cacher
votre misère, mais il insiste tellement qu'il
vous en arrache l'aveu et fraternellement
il vous force à accepter de l'argent.
« Comprenez-moi bien, continue Gémifer,
je ne vous enseigne pas la pantomime. Il
ne s'agit pas de faire des signes qui rem-
placent des mots. Il s'agit de sentir, et les
gestes doivent suivre nécessaikement.Qua'nd
l'idée n'appelle aucun geste, vous n'avez
qu'à .rester immobile. Mettez-vous seule-
ment dans la situation des personnages et
je suis sûr qu'alors votre visage prendra
l'expression, votre corps affectera Les atti-
tudes et les mouvements qui interpréteront
l'état de votre âme.
« Je vous en prie, ne vous pressez pas,
réfléchissez longtemps avant d'entrer en
scène ».
Les élèves exécutent successivement cet
exercice et montrent la différence de leur
sensibi 1 i té.Suèvant qu'elle est plus ou moins
subtile, ils envient les amoureux ou. dédai-
gnent la fragilité de leur joie. Ils @ abrègent
ou prolongent la résistance à l'ami qui veut
apprendre leur malheur et les secourir.
Gémier fait ses remarques. A ceux mê-
mes qui en sont l'objet il demandé s'ils
les trouvent justifiées et il convie leurs con-
disciples à donner leur avis. Souvent i¡l. lui
arrive de dire: — « Pas mal, mais c'est
un peu flou, vous n'imaginez pas suffisam-
ment les circonstances où vous vous trou-
vez ».
Il choisit alors un thème plus familier:
— « Vous longez ce rideau de fer, et
voilà que par derrière retentissent des éclats
de rire. Vous vous arrêtez i n volontairement.
Ce qui se dit est fort comique et vous di-
vertit beaucoup. Mais soudain, vous enten-
dez prononcer votre nom. On tient sur vous
des propos malveillants. Ils vous semblent
odieux et vous vous éloignez en colère. »
Plus que le précédent exercice, celui-ci
met à nu l'âme des élèves.
Une jeune fille, quand elle feint de per-
cevoir des rires, s'avance en tapinois vers
la ponte qui est ménagée dans le rideau mé-
tallique: elle y colle son oreille ou cherche
à regarder par le trou de la serrure.
Ses camarades et Gémier raillent ami-
calement la petite curieuse sur ses allures
par trop indiscrètes. Au contraire, un ado-
lescent hésite avant d'écouter. Il veut s'é-
loigner, revient, puis heurte violemment à
la cloison pour avertir ses détracteurs que
leur entretien ne lui plait pas.
- « Très bien, fait Gémier. Voilà un
noble mouvement qjlm vient du coeuir. Vous
auriez même pu. ouvrir la porte et la .refer-
mer avec brusquerie. »
La petite troupe se passionne a:u point
d'oublier les nécessités de la. vie. Mais
quelqu'un, par hasard, regardant son. brace-
let-montre, s'avise que l'heure d'avoir faim
a sonné depuis longtemps et l'on quitte le
théâtre à regret.
(A suivre)
Firmin Gémier et Paul Gsell.
Échos
> Juin 1906. - La Société d'Histoire du Théâtre
lait représenter, 0" ne saurait penser à tout, de
Musset et Carmontelle.
u
n accident de montagne. à l'Opéra. -
Le rideau allait se lever sur le ta-
beau du Col de la Montagne pendant une
'présentation de La Légende de Saint-
Christophe. ,. - _o.
1 M. Franz prenait le frais sur la montagne
en compagnie de M. Mierle-Forest, régis-
seur général, lorsque soudain, le sol man-
qua sous ses pieds et il disparut dans une
Levasse. - - ■ -
Les chœurs, étant dissimulés sous la mon-
tagne, on avait remplacé le praticable par
Une toile pour qu'on le entendît mieux.C'est
8 travers cette toile que passa le géant Au-
6miS. M. Merle-Forest, le retint fort heu-
feusem-en.t de sa poigne herculéenne et Au-
fé.T1:1S atterrit - sans accident sur le pupitre
•to bhef des choeurs très ému par cette ap-
parition inattendue. :
r
raitements publics et privés.
On apprend, au premier acte de
"adame Lebureau, que Gobert (Aleraie),
Mple rédacteur à une Compagnie de tram-
ways, est payé 2.000 fr. par mois.
Il a changé d'employeur au 26 acte, et
^t passé au service d'une société maritime
,- à coup sûr, on y gagne plus. Et combien
touche donc « le » sous-chef de bureau?
dit-on.
Le public a trouvé tout cela un peu in-
Inaisemtbl-able, étant donné que (et depuis
peu, d'ailleurs), dans les ministères, u« ré-
dacteur, entre après un difficile,
gagne 500 fr. et un sous^chef mérae pee
1.000.
Eh bien voki qu'un discours d* M.
à la chambre vient précisément
appceaàre (séance du 9 juin) que
« les compagnies de navigation payent
50; 000, 60.000 et même 100.000 fr. par
an* des employés d'élite », tandis que le
Parlement « donne parcimonieusement des
bribes de crédits pour payer misérabler
ment nos fonctionnaires ».
La divorcée qu'incarne avec esprit Char-
lotte Lysès a peut-être plus intérêt à re-
tourner à son mari qu'à épouser un séna-
teur!
L
'entrechat.
Les danses- de notre concours ne
quittent pas le sol.
Où est le temps où le fin du fin était
1 entrechat?
; La Camargo le mit à la mode en '1730,
se lançant en l'air, puis croisant rapidement
ses: pieds quatre fois avant die retomber.
Bientôt on le battit à six et à huit. Vestris
et Trenitz le basaient jusqu'à dix.
Utilité de l'émulation, pour amener les
records !
; On cherche souvent trop loin le sens et
I'étymologie du mot entrechat. Détruisons
une illusion eh signalant qu'il vient — com-
me beaucoup de termes musicaux ou cho-
régraphiques — de l'italien: intrecciato
veut dire: entrelacé. La race féline n'a rien
à y voir.
p
ro pudor.
On se souvient encore du violent
discours prononcé par M. de LamarzerlJe,
au Sénat, contre la licence de certains spec-
tacles et de certaines affiches.
Revuistes et caricaturistes de s'en empa-
rer aussitôt pour décocher au moraliste
leurs flèches les plus aiguës.
Soyons les premiers à signaler, parmi
celies-ci, une affiche destinée à te publicité
d'une fcvue qui verra procèaioement le
jour et qui montre l'honorable sénateur
s'enfuyant éperdunws&t devant une troupe
de jepnes personnes légèrement vêtues.
M. de Latfwtrzelte en fera sûrement une
mâkdûw - - •
FANTAISIE
l* Habit Vert
A Robert de FJers 7
(à l'occasion de' son banquet}
Quelle belle aventure 4
Pour la littérature ;
Notre de Flers (Robert)',
Gentilhomme de lettres
Et prince des Chers Maitres,
Endosse l'habit vertl
rA Meilhac il ressemble.
Et Musset tout ensemblesg,
Qu'il en ait hérité
La grâce et, la malice.
Du sieur de La Palisse,,
C'est une vérité*
Il est protéiforme,
Ubiquiste; et l'énorma
Et délicat labeur
Où son esprit folâtre f
(Journaux, discours, thédireï ,.
Commande la stupeur* .,/ 1
Un jour en Roumanie,
Dextrement il manie
L'art de feu Talleyrafiât
Car, quoi qu'il improvise,
il n'a qu'une devise : r
« Toujours au premier rang!.»
Tudieu! Quel répertoire
Brillant et méritoire,
Si joliment français l
Soit: quatre-vingt-quatre actes,
(Statistiques' exactes)
Et rien que des s ùëcè's-O.
Quelle touchante Prose,
Soupire Primerose !
A quel rire strident
Chonchette nous excitel.
Entre elles on hésite
Ane de Buridan!.
Tout l'enchante et l'amuse,
Rôis sacré de la Muse,
Sentiers de la Vertu. ?.
A l'aise il y circule/ -
Et ses travaux d'Hercule? :
Lui ouvrent l'Institut f.
Une blague courante
Affirme : — Les Quarante
Ont, s'ils sont au complet,
De l'esprit comme quatre/.«j' >
C'est un point à débattre
Puisque de Flers en est;
Il serait juste, même,
Retournant le problème, 3
- De dire: -- Ce filleul îj
Des maîtres qu'on renommé
A, lui, de Vesprit comme v
Quarante à lui tout seull. -
HUGUES DELORME.
L
es deux impératrices.
L'une: quatre-vingts ans, continuant
de vivre après que sa raison a sombre dans
up drame d'épouvanté, qui date de - 1867,
et que des peintres ont reproduit pour il-
lustrer les annales de l'Histoire, Edouard
Manet et Jean-Paul Laurens ; eHe deîççttPC,
quasi immobilisée par la doyleur de r~~
cution de Queretaro, dans le château 40
Bouchout, près de Bruxelles, c'elt ?
ratrice au Bois dormant, qui ne s'éveilla
sans doute de son rêve ensanglanté que pour
moufif.
L'autre : quatre-vingt quinze ans — qui du:
reste a connu la première — fêtée,heureuse,
dansant aux Tuileries, survit à tous les dd.
s'astres; eHe a perdu beauté, couronner son
coeur d'épouse, de mère, ne s'est pas brisé ;
eliîe voyage, quitte la grise Angleterre pour
le Midi doré ; erre à pas menus et tremblot-
tants sous les ombrages du Cap Martin ; va
jusqu'en Espagne; revoit les décors de satin
enfance et de sa jeunesse ; subit en. passant
l'opération de la cataracte, et sur ces:épau..
i'es qui se courbent sous le poids de', près»
que un siècle, la tête évoque-encore le«loin»
tain portrait peint par Winterhaiter* ?
S
arah Bernhardt romancière.
L'activité de là célèbre artiste est
décidément, inouïe. -Entre ses représenta-
tions à Paris," ses tournées en Firancé et à
l'étranger, la direction de son théâtre, et$;,
Sarah Bernhardt a trouvé le moyen d'écrire
un roman, un vrai roman qui va pamîtte
très prochainement dans un magazine Amé-
ricain'. '., - :,<,
: Dite que l'héroïne de cette oeuvra n'a
pas beaucoup de ressemblance aive|: la
grande tragédienne. Si. N'empêche; que
l'imagination a aussi sa part dans cette œu':'
vre que nous pourrons sans doute lire aussi
quelque jour, à Paris.
L
a Légion d'honneur posthume de^Chax-
"tes Péguy. p
Le texte vient de paraître; le voici, de»
son impressionnante simplicité :
Peguy (Charles-Pierre), lieutenant : offlcler
d'une grande valeur morale. A fait preuve ctor
plus grand courage dans des circonstances très?
critiques. A été. tué à la tête de la troupe qu'il,
conduisait à l'attaque. A été cité.
Le Masque de Verrez
Abonnez = vous
à "Comœdia"
L'avantage de rabonMfMCt est d'une réci-
procité parfaite.
D'une part, l'abonné réalise une économie
appréciable - exactement vingt-deux France par
an. D'autre part, nos lecteurs,- en s'abonnant,
assurent au journal une base de vente qui-rf.
duit, dans une très' large mesure, le nombre
desinvendus ». C'est là une considération
dont Importance ne peut échapper, à per-
sonne, si 011 songe que la crise du papier *
toujours aussi grave.
Si nous demandons une fois de plus à nue
lecteurs de préférer l'abonnement à l'achet au
numéro, c'est parce que nous savons que notre
appel sera entendu..
Nous connaissons en effet la cordialité par-
faite qui existe entre lecteurs et rédacteurs. Et
enfin, il faut bien le dire : depuis quelques
jours, notre tirage a augmenté dans des propor-
tions considérables.
Nous publierons demain un article de
CHARLES PAGOT
et « La Mode à Paris » Zo t
- SWELU ',:.
LENDEMAIN D'ÉLECTION
Les auteurs et compositeurs dramatiques
0 offrent un banquet à leur président a
M. Robert de Fiers, élu académicien
Ce fut, comme Fa dit spirîtfublîeiment M.
Tristan Bernard, une' sorts de répétition géné^
naîe de la prochaane séanicte die (réception, dés
M. 'RÓÎhenït de Flairs à FAcadémie. Mais câle-ct
fut sans fîaste et sans aiwarat. Jamais « ban-
quiet » ne correspond lits miiteux à ce qu'à le terme
éçvoquie (daïîs son: principe, 'hélas ! plus souvent
que dlàns sa réa.$,tIé) de joie" die cordialité et
r'ôie simjpliicité. 'C'est que lies nombreux, assis-
tuts n'y appoirtèriewt pas iqu'unte présence in-
différente et forcée, mais l'élan d'unie sincère
affection, d'une camaraderife heureuse; M. de
Fiers a, en effet, atteint le succès et les tou-
rneurs par 'une route claairle et droite — 'où le
coeur et fe taJeratî marchèrent steuîs et dams
un étruit parallélisni,el, et où l'envie aurait cher-
ché en vain à mordre; M. Robert d!e Fiers,
s'il ]:Uii est arrivé d'avoir diss •adversaires, ne
compte pas d'ennemis. Sa plume, à laqueHe
on doit 'd"'inouib>!Ji!lIbles succès de rires, s'est
mise chaque fois qiu'il l'a Milu, au) Service
, de tciuitie rooiblé cause, de toute 'ré:fo.rme soii-
hialîtatofe, et c'est parce 'qu'ils savent qu'ils se-
rtotet les pfremiiers bénéficiaires de toute auto-
fJJté nouvelle que prendra l'éaui d'h!Ïiflr, que les
écrivains considéraient cette 'fête comme un
peu 'Heur fête à eux tous. Les discours ont
r appelé sa bonté délicate et iangénieuse, qui
sait prendre sans cesse des initiatives sans se
mettre jamais en avant. Critique, il a la fa-
culté de savoir adoneber et de faire aimer ceux
q.iv'ïl admire. 'Et qui ne se soient des pa-
roles d'une émotion si douice., si pénétran.tç
qu'il adressa à Jacques Porei sur la tombe de
Rélan,e?
Donc, h'ier, près die dbux cents convives
s'étaient réunis chez 'Çruber. Nous avons re<
connm: Mme Robeîrt de Fijetrs et M. François
de Fiers son Ms, Mme Cora Lapatrced'e, MM'. A|-«
fofied Athis, Marcel Ballot, d)e Bassani, Berandi^
Tristan Bernard, Alfred Blooh, Bernède; André
Barde, Fumck-Brentano1, Bruneaui, Alfred Ca-
pus, Michel Carré, Cihanice^ Chantrkiîl, Chas-
son, Romain CooJue, Georges Coulrteline, Ro-
bert Ciharvay, Hugues Delorme, Desvalldères,
Jacques Deval, Docquois, Février, Max et Alex
Fischer, J.-F. Fonson, Foirest, Gansera, Régis
Gignoux, Glelze, de Gorsse, Guaenheimi, Gus-
tave Guiches, Edmond Guirauo, Guaifebo'urg,
Fursy, Haraucouirt, Abel Hermanit, Kéroul,
Henry Kistema,eckers, Lavedan, A. Le Borne,
Andlré de Larde, Luigné^Pœ, Marches, Messar
.ger, Emile Mioreau, Gharlies Mémé, Pierre Mor-
tiler, Peter, Micuézy-Eon, Nozièrel, Georges Ri-
cou, Claude Rollend,, André Rivoine, Quinson,
Saint-Saëns, Soudaine, Tarride, Terrasse, Tian-
mory, Robert Tîréborj Valabrègùe, Vanderem,
Dessin de CI R qui illustrait le menu du déjeuner'
Pierre Veber, Wilnetf, Pierre Wolff, Xanroir,
etc.
Président d'honneur de la Société 'des Au*
teurs, M. Paul Février .retrace, en terfmes d'iine
rare délicatesse, la carrière, lè eairabtère et. W
rôle de M'. Robert de Fiers. Sco, discours, trop
bref, est très applaudi.
M. Chapelle prend ensuite la .parole a:u nom,
de la Société des Compositeurs et Editeurs de
musique. Il rappelle avec chaleur et avec élo-
quence l'appui que ceux-ci n'ont, cessé dte trou-
ver chez le nouvel acagémildien.
Au nom de la Société de Secours mutuel, M.
Xanrof redit toute la bonté « inlassable, vigi-
lante et délcicate » dte M. Robert de Fiers.
M. Redelspergier lluii succède et, en guise;
de discours, dlît ce morcieaut où se retrouve touie
sa verve fine et inventsve ;
i
Mon cher de Fl^rs, pendant que - noué faisons
- [bombances.
En votre honneur. je veux lever mes vers
Et conter à tout l'univers
Cer tain , détail touchant votre naissance,
C'est qU'.aJU.f.oulr de votre berceau
D'atteinitives et douces fées
De générosités ont voulu faire, assaut
Pour que leurs dons un jour se changent en tro-
[pilées ;
L'une tous a légué les nobles parchemins
Dont vous avez gardé l'honneur héréditaire ;
L'autre a mis dans vos mains
La; plume alerte de Voltaire ;
Celle-ci, furetant dans le fond de son sac
Vous a passé l'esprit capiteux de Meilhac,
Pendant que celle-là, fille de l'Acropole,
RembotfTrait un fauteuil pour vous sous la Cou-
[pole.
Ennn, sous l'oreiller, une dernière a mis,
Tel un billet doux sous la porte,
Un papier conçu de la sorte :
« Mon protégé m'aura que des amis ! »
Et, si nous vous faisions escorte,
Aujourd'hui dans cette maison,
C'est, vous le devinez, pour lui donner taises.
Et c'est le tour- de M. Tristan Bernard.
L'imagination de celuirci est si riche et si dé-
'T.!œte en même temps, si ingénieuse et si évon
catrrce, qu'en réalité elle touche ptus au ly-
risme qu'à la fantaisie. Chacune de ses phra-
ses, sous une apparence humoristique ou; pa-
radoxale, recèle une somme d'observation,• qui,
délayée, ferait à ellîie -seule la matière d'uni dis-i
cours substantiel.. Et, sous unie exquise fami-
liarité et une nonchalance pleine dfe grâ e, qu.-l
sens de la pihirase rythmée et solide, de la svn-
taxe impeccable, de la beauté de notre langue.
De tels morceaux sont des chefs-d'œuvre —
c'est la qualité et non l'étendiue qui fait la va-
leur d'un texte.
Nos lecteurs nous en vendrai^ent de ne pas
citer une partie de celui-ci.
Cet hommage rendu au renom d'écrivain par
les hommes politiques, nous ne l'obtenons d'eux
toutefois que lorsqu'ils avancent en âge, et qu'ils
ont connu les postes suprêmes. Mais ceux qui
sont simplement en train d'arriver parlent avec
moins de sympathie des « littérateurs ,1,' Si bien
qu'un jour, à un déjeuner amical qui réunissait
des hommes de lettres et des députés, je fus obligé
d'établir une distinction entre les littérateurs et
les écrivains. Et je n'hésitai pas à affirmer que
l'appellation moins pesante de littérateurs s'ap-
pliquait plutôt aux hommes politiques, car ils ne
se croient pas obligés, chaque fois qu'ils gsmploient
un mot, de l'alourdir de sens. De même ils re-
buteraient leur nombreuse clientèle, s'ils cher-
chaient constamment à lui offrir des vérités nou-
velles. Dieu merci ! nous avons en France un
magnifique patrimoine d'idées courantes et d'opi-
nions admises ; il ne faut pas le laisser perdre ;
on doit y puiser sans relâche. Pourquoi s'imposer
pourquoi imposer aux électeurs l'effort pénible
d'admettre d'autres idées encore ? puisque nous
avons tant d'idées que nous n'avons pas besoin
de comprendre. Nous les avons reçues de nos pè-
res et de nos grands-pères. Faisons confiance à
nos ancêtres : ils ont pensé pour nous.
Mon cher Robert, ils vous ont élu à l'Académie,
parce que les écrivais qu'il y a chez eux leur
ont dit ce qui était : à savoir que vbus avez écrit
des comédies pleines d'esprit et de charme, des
critiques étonnantes de justesse et de subtilité.
Mais on ne leur a pas tout révélé. Et 'maintenant
que l'élection est faite, qu'il n'y a plus à y re-
yeDlil", nous nouvons, mous vos amie, qui vous -
Mme Robert de FLERS M. Paul FERRIER M. Robert de PLERS
connaissons bien, proclamer que vous êtes un es-
prit très indépendant, bien que vous n'en fassiez
pas profession. Mais les indépendants amateurs
sont quelquefois aussi dangereux, c'est-à-dire aussi
utiles au progrès social que les indépendants pro-
fessionnels. Nous savons que vous n'êtes pas réac-
tionnaire du tout, que vous êtes même un peu
bolchevik, bien, que vous ne vous promeniez pas
dans la vie avec un couteau entre les dents. Je
ne sais pas s'ils s'en apercevront, le jeudi, dans
leurs séances du dictionnaire : Us ont introduit
dans l'atelier un garçon bienveillant et de bonne
êducatiCin., mais d'une clairvoyance terrible et je
ne serais pas tranquilile, à la place de ces vieux
camarades syndiqués. Mais enfin, c'est leur af-
faâjgg. Notre affaire à nous, c'est de vous avoir
comme président. Nous savons, pour les raisons
ditftsfpliUS haut, que vous irez de l'avant. Et quand
vous vous occuperez des jeunes auteurs, on. n'accu-
serai pas votre zèle d'être entretenu par des inté-
rêts électoraux, on connaît trop votre caractère,
pour pouvoir vous reprocher cela. On sait" seule-
ment qu'écrivain de race, si' vous cherchez a fa-
ciliter la. carrière des débutants, c'est que vous
aurez vu là le bon moyen Ife perpétuei la raci
des écrivains. Et voUa pourquoi on a tort d<
confondre le mot de réactionnaire avec celui ùi
conservateur. Conserver, ce n'est pas penser à
hier, mais à demain. Romain Coolus, qui v,ou* a
précédé, a toujours' compris ceux qui, comme moi1,
sont venus à la. commission, pour essayer d'atti-
rer L'attention, des commissaires sur le vrai sens
de la prévoyance sociale. Certains d'entre eux
nous traitaient d'esprits faux. Et j'admirais la
certitude monumentale qu'ils avaient d'êt.,.. des
esprits justes..
On n'est Jamais sûr de ne pas se tromper ? ce
n'est pas une raison pour se dispenser a'«gir.
.Ma,is si l'on se méfie de soi, il y a certaines
personnes en qui on peut avoir confiance. Robert,
de Fiers, nous avons confiance en vous, pour iu
défense et l'iililustration de l'art que nous aimons
Je vous le dis comme je le pense et j'adresse des
actseifourni une nouvelle occasion de vous le dlre.
.(Lire la suite des Discours en deuxième page.)
AUJOURD'HUI. A 14 H. 30, AU THÉÂTRE MARIGNY
troisième journée des éliminatoires du - h f
Championnat du Monde
de Danses Modernes
10.000 francs de Prix 0 34.000 francs de bourses
Cent cinquante engagés!
t'AFFLUENCE DU PUBLIC FUT ENCORE PLUS CONSIDERABLE QUE LA VEILLE. COMMENT
ILS ONT DANSE. - LE PROGRAMME D'AUJOURD'HUI. — DERNIEiRS AVIS AUX CONCURRENTS.
La cause est désormais entendue 4 grâce au
championnat du monde que nous faisons dis-
puter à l'heure présente, la Danse qui — pour
les profanes tout au moins — n'était considé-
rée que comme un « délassement mondain »,
a pris place parmi les sports reconnus et clas-
sés. Cette conviction, nous la devons à l'em-
pressement du public, au dévouement admirable
des membres du jury, à l'entrain de toute cette
belle jeunesse qui défend ses chances avec une
élégance et une courtoisie inégalables.
Grâce à eux tous, l'attention de la foule est
à jamais fixée et l'art de la chorégraphie a devant
lui im avenir magnifique. La salle était, hier,
encore plus « choisie » que la veille, et nous
devons reculer devant la hardiesse de citer des
noms; nous aurions trop peur de faire des mé-
contents en faisant des omissions inévitables..*
QUELQUES-UNS DES CONCURRENTS .V
iPihoto Sâbouiia tMOftHMMmMtt Btp
M. HARDOUIN et ^Ile OUROVICZ CIT. M. DIEGO et Mlle Rosarfo LASSERRE W, Mlle Ut*
CAPELLE (3), M. Sjlva et Mlle Mlle Joyce JÔLLY (4), M. Bernard PESSI8 et Mlle Jolye DINAN (5> ','
il! K i
; Sur le plateau. |
Les épreuves commencèrent $ >44 fî.te
jury était ainsi composé )■ ";
MM. André de Fouquières* R. de Préjelaii,
J. de Perceval, Je vicomte de Vaugiraud, RoDe,
Quinault, Duque, Harry Pilcer, B. Macias, AM
fredo Ghiso, Vicente Madero, le comte de Saint,
Genis; Mmes Lefort, Marcelle Praince, Paule m
Duval.
COMMENT ILS ONT DANSE
Quelques professionnels croient devoir exa"
gérer la fantaisie. C'est une erreur, lorsqu'il
s'agit d'une danse de salon, car la fantaisie pous-
sée à J'extrême dénature la danse classique tlf
en fait une danse nouvelle. En ce- qui concerna
la maxixe, le cas est un peu spécial, car c'eijt
une chorégraphie trop mouvementée pour êtrt
une parfaite danse de salon. ¡
A moins d'être inscrit dans une catégorie
spéciale, il est préférable de conserver $uf
danses de salon leur caractère et ne p..
i > l'innovation. L'originalité ne consiste pii
dans : l'invention de pas nouveau, mais da"
l'interprétation pers-onnelle d'un pas classique.
Ceo posé, nous donnerons, comme hier, leq
notes attribuées à chaque concurrent au court
de l'épreuve 1 7- ,',-
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e-7. BouJ. Poissonnières PARIS (2e)
LONDON OFFICE, 20, High Holborn W. C. 1
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TiLf>npS£ CtU\iRAL 94-96. 94.97
Un nouveau Conservatoire
On sait que la Fédération des spectres
1 chargé Firniin Gémier de diriger une des
casses du Conservatoire Syndicat. Il pro-
¡eSSe dans son théâtre boulevard de Stras-
bourg. Parmi les jeunes gens qu'il instruit,
les uns ont passé un examen institué par la
fédération; les autres sont des auditeurs
iibres. Quelques-uns sont des employés de
-ûmmerce, des dactylos, des cousettes qui
fréquentent cette école par délassement et
ne se proposent pas d'embrasser la oarriè-
'e artistique. Mais il ne faut jurer de rien :
!ln démon intérieur les tentera peut-être.
Suivons une des leçons. Elle est donnée
5ur la scène dans le décor de La Captive:
!*ne vérandah de chalet suisse.
Le rideau de fer est baissé. Quelques
!mpouI'Cs sont allumées. Le professeur est
* une table avec l'acteur Duillin qui le se-
conde dans sa tâche. Une quinzaine d'élè-
ves sont assis sur des chaises de paille ou
tes coffres.
- « Je vous demande, dit Gémier, de
jamais me croire sur parole. Ici l'on n'o-
béit pas à un maître, mais seulement à la
Mérité. Si elle parle par ma voix, écouitez-
'-3; mais vous pourrez toujours me contre-
dire. Nous discuterons ensemble. Si vous
ftvez raison, je m'inclinerai. Vous ferez de
même si je n'ai pas tort ». -
On commence par étudier la rythmique,
- est-à-dire le mouvement.
- « Figurez-vous, dit Gémier, qu'un
5eau rempli d'eau est posé là. Vous le pre-
nez et vous le portez de l'autre côté de la
kùoe. Imaginez qu'il est assez lourd. Tâ-
chez de bien concevoir ce que nous allez
faire, de vous halluciner, pour ainsi dire.
Si vous y parvenez, votre geste sera jus-
te. » .—
On croît peut-être que la démarche de
tous les élèves va être identique et qu'une
Action si simple ne peut donner lieu à au-
cune divergence d'interprétation. Comme
~n se trompe ! Même dans la manière de
Saisir un seau, se trahissent maintes nuan-
ces de caractère.
-
Un adolescent qui visiblement se pique
de joindre la force à l'élégance, affecte de
foulever la charge sans aucune peine. Il a
j'air de tenir une fleur.
Une jeune fille écarte le seau tant qu'elle
Peu.t. Notez qu'il s'agit d'un seau fictif. Elle
lle le porte pas, mais croit le porter, et com-
Ineelleest un peu princesse, elle craint
de répandre de l'eau sur sa coquette robe
Courte, sur ses jolis bas de soie et sur ses
Lignons souliers à hauts talons.
Une autre, au contraire, empoigne har-
diment le "fardeau et le trimbale à la bon-
ne franquette. C'est une brave fille, qui,
sans doute, a l'habitude de vaquer chez elle
é\:ux soins du ménage.
Alors Gémier va chercher dans un cou-
rir une petite vieille qui est en train d'é-
Ponger le linoléum. Il la prie de porter son
Seau sur la scène. Elle rit et clopinant
CGmme un canard, elle fait ce qu'on lui
demande.
- « Régaliez bien, dit le professeur à
se®, élèves.
Ceta inwnfcrk travailleuse donnée corn-
ue modèle, à des apprentis artistes, quelle
Juchante leçon! A ceux qui ambitionnent
de représenter des conquérants et des im-
pératrices, c'est d'abord une laveuse dé
Parquets qui sert d'exemple.
— « Eh ! bien, refaites ce mouvement,
lt Gémier à sa classe. »
Mafntenant le geste est Peau coup plus
eXact. Quand tous ont défilé, Gémier es-
quisse lui-même quatre ou cinq pas. On di-
rait un porteur d'eau d'Edme. Bouchardon.
L'épaule qui tire se hausse un peu, le bras
Qui tient le seau est légèrement rejeté en
Prière, le brais libre s'étend horizontafe-
Men.t pour faire balancier et soudain c'est
un-dessin de maître à côté de griffonnages
Puérils.
La rythmique, c'est la base du théâtre.
Avant tout, il faut que les acteurs s'appli-
quent à faire de leurs corps une statue ani-
mée. Mais Germer ne veut pas que ses
élèves imitent les mouvements comme des
singes. II désire qu'ils imaginent l'effort et
c'est à leur esprit, à leur intelligence qu'il
S'adresse même quand il les invite à repro-
duire u.ne action toute physique, comme de
Porter dé l'eau.
A présent, on passe à la traduction des
^niâments. , •
C'est ici qu'apparaît une innovation
presque paradoxale.
Les autres maîtres font d'abord appren-
dre un texte à leur classe. Gémier non.
11 a observé en effet que les débutants pré-
occupés de retenir des mots négligent lés
idées. Ils ressemblent à l'oiseau mécani-
que dont parle Andersen dans son, beau
conte du Rossignol. Ils ont l'air d'être re-
montés et dévident très vite des sons qu'ils
ne comprennent pas.
C'est au contraire l'intelligence que Gé-
mier cherche à développer chez ses élè-
ves. Et voici comment il s'y prend. Au lieu
de leur donner des phrases à réciter il
leur indique des sentiments à rendre '1.13,r
des expressions de physionomie et des. ges-
tes. Ainsi, poui, commencer, point de paro-
les. Par une longue cure de silence, Pytha-
gore sollicitait la pensée chez ses disci-
ples. Gémier procède à peu près de même.
Mais voyons-le à l'oeuvre,.
Il explique un fh ème t
— « Vous êtes plongé dans une affrète
se détresse. Vous êtes désespéré. Devant
vous, passe un couple d'amoureux. Leur
bonheur contraste avec votre affliction.
Tandis que vous les suivez des yeux, -. son-
nent les cloches d'une église et leur tinte-
ment vous rappelle votre enfance qui fut
heureuse. Soudain vous apercevez un ami
très riche, il ne vous remarque pas d'abord
et vous ne faites rien pour attirer son at-
tention. Mais par hasard, il se tourne vers
vous, il vous reconnait et s'approche. A
votre aspect, il devine votre dénûmemt et il
vous interroge. Vous cherchez à lui cacher
votre misère, mais il insiste tellement qu'il
vous en arrache l'aveu et fraternellement
il vous force à accepter de l'argent.
« Comprenez-moi bien, continue Gémifer,
je ne vous enseigne pas la pantomime. Il
ne s'agit pas de faire des signes qui rem-
placent des mots. Il s'agit de sentir, et les
gestes doivent suivre nécessaikement.Qua'nd
l'idée n'appelle aucun geste, vous n'avez
qu'à .rester immobile. Mettez-vous seule-
ment dans la situation des personnages et
je suis sûr qu'alors votre visage prendra
l'expression, votre corps affectera Les atti-
tudes et les mouvements qui interpréteront
l'état de votre âme.
« Je vous en prie, ne vous pressez pas,
réfléchissez longtemps avant d'entrer en
scène ».
Les élèves exécutent successivement cet
exercice et montrent la différence de leur
sensibi 1 i té.Suèvant qu'elle est plus ou moins
subtile, ils envient les amoureux ou. dédai-
gnent la fragilité de leur joie. Ils @ abrègent
ou prolongent la résistance à l'ami qui veut
apprendre leur malheur et les secourir.
Gémier fait ses remarques. A ceux mê-
mes qui en sont l'objet il demandé s'ils
les trouvent justifiées et il convie leurs con-
disciples à donner leur avis. Souvent i¡l. lui
arrive de dire: — « Pas mal, mais c'est
un peu flou, vous n'imaginez pas suffisam-
ment les circonstances où vous vous trou-
vez ».
Il choisit alors un thème plus familier:
— « Vous longez ce rideau de fer, et
voilà que par derrière retentissent des éclats
de rire. Vous vous arrêtez i n volontairement.
Ce qui se dit est fort comique et vous di-
vertit beaucoup. Mais soudain, vous enten-
dez prononcer votre nom. On tient sur vous
des propos malveillants. Ils vous semblent
odieux et vous vous éloignez en colère. »
Plus que le précédent exercice, celui-ci
met à nu l'âme des élèves.
Une jeune fille, quand elle feint de per-
cevoir des rires, s'avance en tapinois vers
la ponte qui est ménagée dans le rideau mé-
tallique: elle y colle son oreille ou cherche
à regarder par le trou de la serrure.
Ses camarades et Gémier raillent ami-
calement la petite curieuse sur ses allures
par trop indiscrètes. Au contraire, un ado-
lescent hésite avant d'écouter. Il veut s'é-
loigner, revient, puis heurte violemment à
la cloison pour avertir ses détracteurs que
leur entretien ne lui plait pas.
- « Très bien, fait Gémier. Voilà un
noble mouvement qjlm vient du coeuir. Vous
auriez même pu. ouvrir la porte et la .refer-
mer avec brusquerie. »
La petite troupe se passionne a:u point
d'oublier les nécessités de la. vie. Mais
quelqu'un, par hasard, regardant son. brace-
let-montre, s'avise que l'heure d'avoir faim
a sonné depuis longtemps et l'on quitte le
théâtre à regret.
(A suivre)
Firmin Gémier et Paul Gsell.
Échos
> Juin 1906. - La Société d'Histoire du Théâtre
lait représenter, 0" ne saurait penser à tout, de
Musset et Carmontelle.
u
n accident de montagne. à l'Opéra. -
Le rideau allait se lever sur le ta-
beau du Col de la Montagne pendant une
'présentation de La Légende de Saint-
Christophe. ,. - _o.
1 M. Franz prenait le frais sur la montagne
en compagnie de M. Mierle-Forest, régis-
seur général, lorsque soudain, le sol man-
qua sous ses pieds et il disparut dans une
Levasse. - - ■ -
Les chœurs, étant dissimulés sous la mon-
tagne, on avait remplacé le praticable par
Une toile pour qu'on le entendît mieux.C'est
8 travers cette toile que passa le géant Au-
6miS. M. Merle-Forest, le retint fort heu-
feusem-en.t de sa poigne herculéenne et Au-
fé.T1:1S atterrit - sans accident sur le pupitre
•to bhef des choeurs très ému par cette ap-
parition inattendue. :
r
raitements publics et privés.
On apprend, au premier acte de
"adame Lebureau, que Gobert (Aleraie),
Mple rédacteur à une Compagnie de tram-
ways, est payé 2.000 fr. par mois.
Il a changé d'employeur au 26 acte, et
^t passé au service d'une société maritime
,- à coup sûr, on y gagne plus. Et combien
touche donc « le » sous-chef de bureau?
dit-on.
Le public a trouvé tout cela un peu in-
Inaisemtbl-able, étant donné que (et depuis
peu, d'ailleurs), dans les ministères, u« ré-
dacteur, entre après un difficile,
gagne 500 fr. et un sous^chef mérae pee
1.000.
Eh bien voki qu'un discours d* M.
à la chambre vient précisément
appceaàre (séance du 9 juin) que
« les compagnies de navigation payent
50; 000, 60.000 et même 100.000 fr. par
an* des employés d'élite », tandis que le
Parlement « donne parcimonieusement des
bribes de crédits pour payer misérabler
ment nos fonctionnaires ».
La divorcée qu'incarne avec esprit Char-
lotte Lysès a peut-être plus intérêt à re-
tourner à son mari qu'à épouser un séna-
teur!
L
'entrechat.
Les danses- de notre concours ne
quittent pas le sol.
Où est le temps où le fin du fin était
1 entrechat?
; La Camargo le mit à la mode en '1730,
se lançant en l'air, puis croisant rapidement
ses: pieds quatre fois avant die retomber.
Bientôt on le battit à six et à huit. Vestris
et Trenitz le basaient jusqu'à dix.
Utilité de l'émulation, pour amener les
records !
; On cherche souvent trop loin le sens et
I'étymologie du mot entrechat. Détruisons
une illusion eh signalant qu'il vient — com-
me beaucoup de termes musicaux ou cho-
régraphiques — de l'italien: intrecciato
veut dire: entrelacé. La race féline n'a rien
à y voir.
p
ro pudor.
On se souvient encore du violent
discours prononcé par M. de LamarzerlJe,
au Sénat, contre la licence de certains spec-
tacles et de certaines affiches.
Revuistes et caricaturistes de s'en empa-
rer aussitôt pour décocher au moraliste
leurs flèches les plus aiguës.
Soyons les premiers à signaler, parmi
celies-ci, une affiche destinée à te publicité
d'une fcvue qui verra procèaioement le
jour et qui montre l'honorable sénateur
s'enfuyant éperdunws&t devant une troupe
de jepnes personnes légèrement vêtues.
M. de Latfwtrzelte en fera sûrement une
mâkdûw - - •
FANTAISIE
l* Habit Vert
A Robert de FJers 7
(à l'occasion de' son banquet}
Quelle belle aventure 4
Pour la littérature ;
Notre de Flers (Robert)',
Gentilhomme de lettres
Et prince des Chers Maitres,
Endosse l'habit vertl
rA Meilhac il ressemble.
Et Musset tout ensemblesg,
Qu'il en ait hérité
La grâce et, la malice.
Du sieur de La Palisse,,
C'est une vérité*
Il est protéiforme,
Ubiquiste; et l'énorma
Et délicat labeur
Où son esprit folâtre f
(Journaux, discours, thédireï ,.
Commande la stupeur* .,/ 1
Un jour en Roumanie,
Dextrement il manie
L'art de feu Talleyrafiât
Car, quoi qu'il improvise,
il n'a qu'une devise : r
« Toujours au premier rang!.»
Tudieu! Quel répertoire
Brillant et méritoire,
Si joliment français l
Soit: quatre-vingt-quatre actes,
(Statistiques' exactes)
Et rien que des s ùëcè's-O.
Quelle touchante Prose,
Soupire Primerose !
A quel rire strident
Chonchette nous excitel.
Entre elles on hésite
Ane de Buridan!.
Tout l'enchante et l'amuse,
Rôis sacré de la Muse,
Sentiers de la Vertu. ?.
A l'aise il y circule/ -
Et ses travaux d'Hercule? :
Lui ouvrent l'Institut f.
Une blague courante
Affirme : — Les Quarante
Ont, s'ils sont au complet,
De l'esprit comme quatre/.«j' >
C'est un point à débattre
Puisque de Flers en est;
Il serait juste, même,
Retournant le problème, 3
- De dire: -- Ce filleul îj
Des maîtres qu'on renommé
A, lui, de Vesprit comme v
Quarante à lui tout seull. -
HUGUES DELORME.
L
es deux impératrices.
L'une: quatre-vingts ans, continuant
de vivre après que sa raison a sombre dans
up drame d'épouvanté, qui date de - 1867,
et que des peintres ont reproduit pour il-
lustrer les annales de l'Histoire, Edouard
Manet et Jean-Paul Laurens ; eHe deîççttPC,
quasi immobilisée par la doyleur de r~~
cution de Queretaro, dans le château 40
Bouchout, près de Bruxelles, c'elt ?
ratrice au Bois dormant, qui ne s'éveilla
sans doute de son rêve ensanglanté que pour
moufif.
L'autre : quatre-vingt quinze ans — qui du:
reste a connu la première — fêtée,heureuse,
dansant aux Tuileries, survit à tous les dd.
s'astres; eHe a perdu beauté, couronner son
coeur d'épouse, de mère, ne s'est pas brisé ;
eliîe voyage, quitte la grise Angleterre pour
le Midi doré ; erre à pas menus et tremblot-
tants sous les ombrages du Cap Martin ; va
jusqu'en Espagne; revoit les décors de satin
enfance et de sa jeunesse ; subit en. passant
l'opération de la cataracte, et sur ces:épau..
i'es qui se courbent sous le poids de', près»
que un siècle, la tête évoque-encore le«loin»
tain portrait peint par Winterhaiter* ?
S
arah Bernhardt romancière.
L'activité de là célèbre artiste est
décidément, inouïe. -Entre ses représenta-
tions à Paris," ses tournées en Firancé et à
l'étranger, la direction de son théâtre, et$;,
Sarah Bernhardt a trouvé le moyen d'écrire
un roman, un vrai roman qui va pamîtte
très prochainement dans un magazine Amé-
ricain'. '., - :,<,
: Dite que l'héroïne de cette oeuvra n'a
pas beaucoup de ressemblance aive|: la
grande tragédienne. Si. N'empêche; que
l'imagination a aussi sa part dans cette œu':'
vre que nous pourrons sans doute lire aussi
quelque jour, à Paris.
L
a Légion d'honneur posthume de^Chax-
"tes Péguy. p
Le texte vient de paraître; le voici, de»
son impressionnante simplicité :
Peguy (Charles-Pierre), lieutenant : offlcler
d'une grande valeur morale. A fait preuve ctor
plus grand courage dans des circonstances très?
critiques. A été. tué à la tête de la troupe qu'il,
conduisait à l'attaque. A été cité.
Le Masque de Verrez
Abonnez = vous
à "Comœdia"
L'avantage de rabonMfMCt est d'une réci-
procité parfaite.
D'une part, l'abonné réalise une économie
appréciable - exactement vingt-deux France par
an. D'autre part, nos lecteurs,- en s'abonnant,
assurent au journal une base de vente qui-rf.
duit, dans une très' large mesure, le nombre
desinvendus ». C'est là une considération
dont Importance ne peut échapper, à per-
sonne, si 011 songe que la crise du papier *
toujours aussi grave.
Si nous demandons une fois de plus à nue
lecteurs de préférer l'abonnement à l'achet au
numéro, c'est parce que nous savons que notre
appel sera entendu..
Nous connaissons en effet la cordialité par-
faite qui existe entre lecteurs et rédacteurs. Et
enfin, il faut bien le dire : depuis quelques
jours, notre tirage a augmenté dans des propor-
tions considérables.
Nous publierons demain un article de
CHARLES PAGOT
et « La Mode à Paris » Zo t
- SWELU ',:.
LENDEMAIN D'ÉLECTION
Les auteurs et compositeurs dramatiques
0 offrent un banquet à leur président a
M. Robert de Fiers, élu académicien
Ce fut, comme Fa dit spirîtfublîeiment M.
Tristan Bernard, une' sorts de répétition géné^
naîe de la prochaane séanicte die (réception, dés
M. 'RÓÎhenït de Flairs à FAcadémie. Mais câle-ct
fut sans fîaste et sans aiwarat. Jamais « ban-
quiet » ne correspond lits miiteux à ce qu'à le terme
éçvoquie (daïîs son: principe, 'hélas ! plus souvent
que dlàns sa réa.$,tIé) de joie" die cordialité et
r'ôie simjpliicité. 'C'est que lies nombreux, assis-
tuts n'y appoirtèriewt pas iqu'unte présence in-
différente et forcée, mais l'élan d'unie sincère
affection, d'une camaraderife heureuse; M. de
Fiers a, en effet, atteint le succès et les tou-
rneurs par 'une route claairle et droite — 'où le
coeur et fe taJeratî marchèrent steuîs et dams
un étruit parallélisni,el, et où l'envie aurait cher-
ché en vain à mordre; M. Robert d!e Fiers,
s'il ]:Uii est arrivé d'avoir diss •adversaires, ne
compte pas d'ennemis. Sa plume, à laqueHe
on doit 'd"'inouib>!Ji!lIbles succès de rires, s'est
mise chaque fois qiu'il l'a Milu, au) Service
, de tciuitie rooiblé cause, de toute 'ré:fo.rme soii-
hialîtatofe, et c'est parce 'qu'ils savent qu'ils se-
rtotet les pfremiiers bénéficiaires de toute auto-
fJJté nouvelle que prendra l'éaui d'h!Ïiflr, que les
écrivains considéraient cette 'fête comme un
peu 'Heur fête à eux tous. Les discours ont
r appelé sa bonté délicate et iangénieuse, qui
sait prendre sans cesse des initiatives sans se
mettre jamais en avant. Critique, il a la fa-
culté de savoir adoneber et de faire aimer ceux
q.iv'ïl admire. 'Et qui ne se soient des pa-
roles d'une émotion si douice., si pénétran.tç
qu'il adressa à Jacques Porei sur la tombe de
Rélan,e?
Donc, h'ier, près die dbux cents convives
s'étaient réunis chez 'Çruber. Nous avons re<
connm: Mme Robeîrt de Fijetrs et M. François
de Fiers son Ms, Mme Cora Lapatrced'e, MM'. A|-«
fofied Athis, Marcel Ballot, d)e Bassani, Berandi^
Tristan Bernard, Alfred Blooh, Bernède; André
Barde, Fumck-Brentano1, Bruneaui, Alfred Ca-
pus, Michel Carré, Cihanice^ Chantrkiîl, Chas-
son, Romain CooJue, Georges Coulrteline, Ro-
bert Ciharvay, Hugues Delorme, Desvalldères,
Jacques Deval, Docquois, Février, Max et Alex
Fischer, J.-F. Fonson, Foirest, Gansera, Régis
Gignoux, Glelze, de Gorsse, Guaenheimi, Gus-
tave Guiches, Edmond Guirauo, Guaifebo'urg,
Fursy, Haraucouirt, Abel Hermanit, Kéroul,
Henry Kistema,eckers, Lavedan, A. Le Borne,
Andlré de Larde, Luigné^Pœ, Marches, Messar
.ger, Emile Mioreau, Gharlies Mémé, Pierre Mor-
tiler, Peter, Micuézy-Eon, Nozièrel, Georges Ri-
cou, Claude Rollend,, André Rivoine, Quinson,
Saint-Saëns, Soudaine, Tarride, Terrasse, Tian-
mory, Robert Tîréborj Valabrègùe, Vanderem,
Dessin de CI R qui illustrait le menu du déjeuner'
Pierre Veber, Wilnetf, Pierre Wolff, Xanroir,
etc.
Président d'honneur de la Société 'des Au*
teurs, M. Paul Février .retrace, en terfmes d'iine
rare délicatesse, la carrière, lè eairabtère et. W
rôle de M'. Robert de Fiers. Sco, discours, trop
bref, est très applaudi.
M. Chapelle prend ensuite la .parole a:u nom,
de la Société des Compositeurs et Editeurs de
musique. Il rappelle avec chaleur et avec élo-
quence l'appui que ceux-ci n'ont, cessé dte trou-
ver chez le nouvel acagémildien.
Au nom de la Société de Secours mutuel, M.
Xanrof redit toute la bonté « inlassable, vigi-
lante et délcicate » dte M. Robert de Fiers.
M. Redelspergier lluii succède et, en guise;
de discours, dlît ce morcieaut où se retrouve touie
sa verve fine et inventsve ;
i
Mon cher de Fl^rs, pendant que - noué faisons
- [bombances.
En votre honneur. je veux lever mes vers
Et conter à tout l'univers
Cer tain , détail touchant votre naissance,
C'est qU'.aJU.f.oulr de votre berceau
D'atteinitives et douces fées
De générosités ont voulu faire, assaut
Pour que leurs dons un jour se changent en tro-
[pilées ;
L'une tous a légué les nobles parchemins
Dont vous avez gardé l'honneur héréditaire ;
L'autre a mis dans vos mains
La; plume alerte de Voltaire ;
Celle-ci, furetant dans le fond de son sac
Vous a passé l'esprit capiteux de Meilhac,
Pendant que celle-là, fille de l'Acropole,
RembotfTrait un fauteuil pour vous sous la Cou-
[pole.
Ennn, sous l'oreiller, une dernière a mis,
Tel un billet doux sous la porte,
Un papier conçu de la sorte :
« Mon protégé m'aura que des amis ! »
Et, si nous vous faisions escorte,
Aujourd'hui dans cette maison,
C'est, vous le devinez, pour lui donner taises.
Et c'est le tour- de M. Tristan Bernard.
L'imagination de celuirci est si riche et si dé-
'T.!œte en même temps, si ingénieuse et si évon
catrrce, qu'en réalité elle touche ptus au ly-
risme qu'à la fantaisie. Chacune de ses phra-
ses, sous une apparence humoristique ou; pa-
radoxale, recèle une somme d'observation,• qui,
délayée, ferait à ellîie -seule la matière d'uni dis-i
cours substantiel.. Et, sous unie exquise fami-
liarité et une nonchalance pleine dfe grâ e, qu.-l
sens de la pihirase rythmée et solide, de la svn-
taxe impeccable, de la beauté de notre langue.
De tels morceaux sont des chefs-d'œuvre —
c'est la qualité et non l'étendiue qui fait la va-
leur d'un texte.
Nos lecteurs nous en vendrai^ent de ne pas
citer une partie de celui-ci.
Cet hommage rendu au renom d'écrivain par
les hommes politiques, nous ne l'obtenons d'eux
toutefois que lorsqu'ils avancent en âge, et qu'ils
ont connu les postes suprêmes. Mais ceux qui
sont simplement en train d'arriver parlent avec
moins de sympathie des « littérateurs ,1,' Si bien
qu'un jour, à un déjeuner amical qui réunissait
des hommes de lettres et des députés, je fus obligé
d'établir une distinction entre les littérateurs et
les écrivains. Et je n'hésitai pas à affirmer que
l'appellation moins pesante de littérateurs s'ap-
pliquait plutôt aux hommes politiques, car ils ne
se croient pas obligés, chaque fois qu'ils gsmploient
un mot, de l'alourdir de sens. De même ils re-
buteraient leur nombreuse clientèle, s'ils cher-
chaient constamment à lui offrir des vérités nou-
velles. Dieu merci ! nous avons en France un
magnifique patrimoine d'idées courantes et d'opi-
nions admises ; il ne faut pas le laisser perdre ;
on doit y puiser sans relâche. Pourquoi s'imposer
pourquoi imposer aux électeurs l'effort pénible
d'admettre d'autres idées encore ? puisque nous
avons tant d'idées que nous n'avons pas besoin
de comprendre. Nous les avons reçues de nos pè-
res et de nos grands-pères. Faisons confiance à
nos ancêtres : ils ont pensé pour nous.
Mon cher Robert, ils vous ont élu à l'Académie,
parce que les écrivais qu'il y a chez eux leur
ont dit ce qui était : à savoir que vbus avez écrit
des comédies pleines d'esprit et de charme, des
critiques étonnantes de justesse et de subtilité.
Mais on ne leur a pas tout révélé. Et 'maintenant
que l'élection est faite, qu'il n'y a plus à y re-
yeDlil", nous nouvons, mous vos amie, qui vous -
Mme Robert de FLERS M. Paul FERRIER M. Robert de PLERS
connaissons bien, proclamer que vous êtes un es-
prit très indépendant, bien que vous n'en fassiez
pas profession. Mais les indépendants amateurs
sont quelquefois aussi dangereux, c'est-à-dire aussi
utiles au progrès social que les indépendants pro-
fessionnels. Nous savons que vous n'êtes pas réac-
tionnaire du tout, que vous êtes même un peu
bolchevik, bien, que vous ne vous promeniez pas
dans la vie avec un couteau entre les dents. Je
ne sais pas s'ils s'en apercevront, le jeudi, dans
leurs séances du dictionnaire : Us ont introduit
dans l'atelier un garçon bienveillant et de bonne
êducatiCin., mais d'une clairvoyance terrible et je
ne serais pas tranquilile, à la place de ces vieux
camarades syndiqués. Mais enfin, c'est leur af-
faâjgg. Notre affaire à nous, c'est de vous avoir
comme président. Nous savons, pour les raisons
ditftsfpliUS haut, que vous irez de l'avant. Et quand
vous vous occuperez des jeunes auteurs, on. n'accu-
serai pas votre zèle d'être entretenu par des inté-
rêts électoraux, on connaît trop votre caractère,
pour pouvoir vous reprocher cela. On sait" seule-
ment qu'écrivain de race, si' vous cherchez a fa-
ciliter la. carrière des débutants, c'est que vous
aurez vu là le bon moyen Ife perpétuei la raci
des écrivains. Et voUa pourquoi on a tort d<
confondre le mot de réactionnaire avec celui ùi
conservateur. Conserver, ce n'est pas penser à
hier, mais à demain. Romain Coolus, qui v,ou* a
précédé, a toujours' compris ceux qui, comme moi1,
sont venus à la. commission, pour essayer d'atti-
rer L'attention, des commissaires sur le vrai sens
de la prévoyance sociale. Certains d'entre eux
nous traitaient d'esprits faux. Et j'admirais la
certitude monumentale qu'ils avaient d'êt.,.. des
esprits justes..
On n'est Jamais sûr de ne pas se tromper ? ce
n'est pas une raison pour se dispenser a'«gir.
.Ma,is si l'on se méfie de soi, il y a certaines
personnes en qui on peut avoir confiance. Robert,
de Fiers, nous avons confiance en vous, pour iu
défense et l'iililustration de l'art que nous aimons
Je vous le dis comme je le pense et j'adresse des
actseifourni une nouvelle occasion de vous le dlre.
.(Lire la suite des Discours en deuxième page.)
AUJOURD'HUI. A 14 H. 30, AU THÉÂTRE MARIGNY
troisième journée des éliminatoires du - h f
Championnat du Monde
de Danses Modernes
10.000 francs de Prix 0 34.000 francs de bourses
Cent cinquante engagés!
t'AFFLUENCE DU PUBLIC FUT ENCORE PLUS CONSIDERABLE QUE LA VEILLE. COMMENT
ILS ONT DANSE. - LE PROGRAMME D'AUJOURD'HUI. — DERNIEiRS AVIS AUX CONCURRENTS.
La cause est désormais entendue 4 grâce au
championnat du monde que nous faisons dis-
puter à l'heure présente, la Danse qui — pour
les profanes tout au moins — n'était considé-
rée que comme un « délassement mondain »,
a pris place parmi les sports reconnus et clas-
sés. Cette conviction, nous la devons à l'em-
pressement du public, au dévouement admirable
des membres du jury, à l'entrain de toute cette
belle jeunesse qui défend ses chances avec une
élégance et une courtoisie inégalables.
Grâce à eux tous, l'attention de la foule est
à jamais fixée et l'art de la chorégraphie a devant
lui im avenir magnifique. La salle était, hier,
encore plus « choisie » que la veille, et nous
devons reculer devant la hardiesse de citer des
noms; nous aurions trop peur de faire des mé-
contents en faisant des omissions inévitables..*
QUELQUES-UNS DES CONCURRENTS .V
iPihoto Sâbouiia tMOftHMMmMtt Btp
M. HARDOUIN et ^Ile OUROVICZ CIT. M. DIEGO et Mlle Rosarfo LASSERRE W, Mlle Ut*
CAPELLE (3), M. Sjlva et Mlle Mlle Joyce JÔLLY (4), M. Bernard PESSI8 et Mlle Jolye DINAN (5> ','
il! K i
; Sur le plateau. |
Les épreuves commencèrent $ >44 fî.te
jury était ainsi composé )■ ";
MM. André de Fouquières* R. de Préjelaii,
J. de Perceval, Je vicomte de Vaugiraud, RoDe,
Quinault, Duque, Harry Pilcer, B. Macias, AM
fredo Ghiso, Vicente Madero, le comte de Saint,
Genis; Mmes Lefort, Marcelle Praince, Paule m
Duval.
COMMENT ILS ONT DANSE
Quelques professionnels croient devoir exa"
gérer la fantaisie. C'est une erreur, lorsqu'il
s'agit d'une danse de salon, car la fantaisie pous-
sée à J'extrême dénature la danse classique tlf
en fait une danse nouvelle. En ce- qui concerna
la maxixe, le cas est un peu spécial, car c'eijt
une chorégraphie trop mouvementée pour êtrt
une parfaite danse de salon. ¡
A moins d'être inscrit dans une catégorie
spéciale, il est préférable de conserver $uf
danses de salon leur caractère et ne p..
i > l'innovation. L'originalité ne consiste pii
dans : l'invention de pas nouveau, mais da"
l'interprétation pers-onnelle d'un pas classique.
Ceo posé, nous donnerons, comme hier, leq
notes attribuées à chaque concurrent au court
de l'épreuve 1 7- ,',-
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