Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-01-02
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 janvier 1920 02 janvier 1920
Description : 1920/01/02 (A14,N2573). 1920/01/02 (A14,N2573).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7653340q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
2
COMŒDIA
2-T-20
s'est p t gêné pour en dire : « Ce pont,
c'est ut., ordure. « Le pont Notre-Dame a été
inauguré dernièrement ; lors de cette inaugu-
ration, le président de la République compli-
menta M. Lemarchand — il y avait vraiment de
quoi ! — lui remit la Légion d'honneur, en lui
décernant le titre de « Bénédictin de l'Hôtel
de Ville ».
Bénédictin !
Et les arches du pont Notre-Dame, arche de
fer comprise,n'en tombèrent pas immédiatement
à l'eau! M. Poincaré en a de bonnes!
Encouragé par sa victoire sur Notre-Dame,
voilà donc notre bénédictin parti en guerre a
la fois contre l'Archevêché, Saint-Louis et Saint-
Michel. Heureux encore qu'on ne débaptise
pas ces ponts par trop « cléricaux » pour leur
donner les noms, désormais glorieux, des ca-
marades qui les auront démolis.
L'arche de fer du pont Notre-Dame n'ayant
Das été goûtée, M. Lemarchand nous annonce que
le pont de la Tournelle sera rebâti en pierre.
Fort bien. M. Lemarchand dit mieux : « Il
n'a jamais été question de toucher au pont
Marie, pas plus qu'à ta berge et aux arbres du
quai d'Orléans. Ce serait un crime. »
Il reconnaît donc que toucher à certains mo-
numents et détériorer certains sites constitue
un crime. Pour l'île Saint-Louis, le crime à été
commis, et rien ne le rachètera, pas même la
professe d'un éclairage intensif de ladite île,
l'éclairage intensif du parvis Notre-Dame nous
avant déjà fixés ; pas même cette autre pro-
messe — non moins alléchante, j'en conviens
- de bâtir des maisons dites ouvrières sur les
ruines de la rue des Deux-Points tout en respec-
tant le style ( !) et l'esthétique ( !) d'un des
lieux les plus enchanteurs de notre capitale.
Retenons de tout ceci qu'on ne touchera pas
au pont Marie, ce pont dont l'innocent dos d'â-
ne excite chez M. Lemarchand un redoutable
esprit de concurrence. Comœdia, au nom de,
l'Art. au nom de l'Histoire, de même qu'au
nom de tous ceux qui sont soucieux de l'in-
térêt général, saurait le rappeler s'il le fallait,
Et comme il le faudrait, au Conseil municipal
de F'oris.
MARIUS BOISSON.
Le Carnet des Lettres
et des Arts
L'ALMANACH DU BON LECTEUR
i— Et toi, mon pauvre petit, que leur portes-
- Des rêves, monsieur le Bon Dieu, ce sont
encore les seuls jouets qui fassent de l'usage.
Cette légende souligne une gravure sur bois
en couleur qui forme la couverture de Z Aîma-
nach du Bon Lecteur, pour l'an MGMXX, pu-
blié par une jeune et vaillante revue: L'Encrier.
le veux signaïer cette publication faite avec
'des moyens très simples, mais tout imprégnée
de ces^ieux qualités, entre toute %, enviables :
la jeunesse et le goût.
J'y trouve un bet~ sentée: des bois taillés originaux de MM. Deli-
*
gnières, Jean-Paul Duhray, larges de dessin Et
d'exécution franche en sincère; des vers de
haute tenue de MM. Jean Braud, Robert Rey,
Jacques Robertfrance, Ch.-E. Sauty, André La-
mandé; la fin de l'amusant roman de M. Roger
Devigne: Janot, le jeune homnie aux ailes d'or;
ides fantaisies de M. Léon Baranger.
Oui, 1? signale avec joie ces tentatives désin-
téressées qui doivent être encouragées, comme
fe rappelle celles du Crapouillot : les unes et les
autres nous prouvent que l'on peut créer en
France des publications gaies, littéraires, artis-
fiques. Il nous appartient de les faire vivre.
J. VALMY-BAYSSE.
!LES LETTRES. — M. Jacques Rainville. re-
Toit le Prix du Capitole, d'une valeur de 4.000 fr.
pour son livre : La Guerre et l'Italie.
— Avec Vivre î Mime -Cétile Périn avait af-
firmé ses dons de poètes, - et les livres qui sui-
virent: Les Pas légers, Variations du Coeur
pensif,'La Pelouse, ne firent qu'augmenter l'ad-
jniration que nous avions pour cette poésie de
force et de sensibilité. Aujourd'hui, Les Capti-
ves, poèmes (1914-1918), enrichissent l'œuvre
de Mme Cécile Périn d'un beau-livre puç de
forme et sobre de lignes. Beaucoup de ces poè-
mes nous rappellent le temps de guerre :
Mainlt,e,¡loa.n.t que le sort- a séparé les êtres.
Sur qui la doumux d'être deux
«j» nf'nirîfraiit sàin-s qu'on silt toujours la reconnaitre,
Sans qu'on baisât sets ywix heureux,
On se rewrfxahe tout ce qui ne flll pas t^rodie.
— Vous voulez savoir ce que fut Michawago ?
Lui-même va vous.le dire:
ftlitcliawago, tel est mon nom,
Mon pèfe me l'a ctonmié, il y la longtemps,
Le Jour où je naxjpis au bord du Lac,
Sous tta tènite .de Peaux, .d'élan cousues-avec-des-
[joncs.
i Ces Chansons 'de Michawago, savoureuses et
'Sauvages, sont- imprégnées des douceurs de la
forêt agitéelrpar les vents de l'ouest; traduites
avec le goût le plus sûr par M. Jean/Toussaint
Samat, elles gardent toute leur saveur et toute
jeur force. (Edition du Petit Marseillais.)
- 1 M. Gustave Pigot devient rédacteur en
Vhef du Cri de ;France.
LES ARTS. — Dans la Revue des Beaux-
;qrts, dirigée par M. Henri Revers, un vibrant
article sur Renoir, de M. Georges Denoinville ;
et sur les Figures et Portraits au Salon d'Au-
tomne, une étude pleine de judicieux aperçus
par M. M. Valet.
— Sous la présidence de M. Dalimier, Le
'Comité Français des Arts et des Lettres qui
comprend des musiciens, des artistes et des
chroniqueurs vient de -se former* L'administra-
teur en est M. Xanrof qui s'est voué aux gran-
des questions de solidarité artistique et litté-
raire. Le nouveau comité a son siège : 5, rue
le Savoie.
J. V.-B.
lrETITE CORRESPONDANCE. — M. Henri Mau-
Jait, 56, rue de la Chapelle : 391, dépositaire:
Eugène Figuière, 3, place de l'Odéon.
— M.. Maurice Da Costa. — J'ai transmis
fct vous remercie de vottre aimable et lointain
Souvenir.
APRES VALERTE
M. Dehelly a le sourire
L'EXCELLENT ARTISTE SE FELICITE D'AVOIR
GAGNE LA PARTIE
M. Dehelly, tout à fait remis d'une grippe
légère, reparaît demain soir, dans. L'Epreuve,
de Marivaux, sur fa scène de cette Comédie-
Française qu'il avait failli quitter pour toujours.
- Oui, j'ai le sourire, nous a dit l'excellent
artiste, et pourquoi ne l'aurai-je pas? Après
l'alerte si chaude, la partie n'a-t-elle pas été ga-
gnée par nous? J'ai de multiples raisons de me
montrer aujourd'hui satisfait.
(t Si j'ai été surpris de la décision du comité?
Oh ! pas le moins du monde. J'avais envoyé,
(Photo Paul Boyer)
M. DEHELLY
il y a deux ans déjà au comité une réclamation
assez vive. Je m'étonnais de l'indifférence qu'on
manifestait vis-à-vis des serviteurs du répertoire.
Je me plaignais du mépris dans lequel on les
tenait, le répertoire et ses représentants méri-,
tant mieux dans une Maison qui n'est subven-
tionnée que grâce à eux ! On ne m'avait même
pas accusé réception de ma lettre! Aussi n'ai-je
pas été surpris de recevoir ma réponse. après
deux ans de retard, car la réclamation d'alors
reste plus que jamais d'actualité! Ah! voyez-
vous,comme les temps sont changés !Comme l'at-
mosphère est aujourd'hui différente ! Comme l'in-
timité et la confiance semblent aujourd'hui lettres
mortes ! Comme on s'est vite aperçu que le grand
Mounet n'était plus là ! Mounet-Sully fut pendant
toute ma carrière l'Exemple, car sul se servit
plus la Maison, sans s'en servir jamais, comme
on le fait maintenant ! Nul ne fut plus en dehors
des intrigues, des rancunes personnelles, des
mesquineries humaines. Je le pleure comme
soutien et-comme ami. Que de fois venait-il
jusqu'à ma loge pour m'invectiver parce que
je n'avais pas répété ou joué à son gré! J'avais
de grosses larmes, mais quel réconfort le len-
demain, quand d'une parole il me donnait con-
fiance! Comme l'effort semblait tout de suite
.ma facile et comme tout cela est déjà loin !
« N'imaginez pas. pourtant que je nourrisse
une amertume quelconque. Et comment oserais-
je me plaindre quand la mesure dont j'ai faills
être l'objet m'a valu de si grands et de si cha-
leureux défenseurs? Comment pourrais-je ou-
blier l'attitude de De Max et de Georges Berr?
Et comment ne saurais-je pas un éternel gré à
tous les critiques, que je ne connaissais pas,
pour avoir, par leur insistance; contraint le co-
mité à revenir sur une décision dont ils avaient
'si spontanément souligné l'injustice? Comment
n'exprimerais-je pas ma reccltlaissance infinie
au ministre qui regardait .tout cela malicieuse-
ment et d'un peu haut? En me signifiant mon
congé, on m'a donné l'occasion si rare de comp-
ter tous ses amis. Et vous voudriez me voir
aigri? Allons donc! Laissez-moi, au contraire,
remercier non seulement tous ceux qui m'ont
soutenu, mais encore, mais surtout ceux qui
ont voté mon renvoi, car sans leur décision bru-
tale, aurais-je vu si brusquement, je vous le
demande, doubler le nombre de mes amis?
« Croyez-moi, c'est avec le sourire, c'est
avec une ardeur nouvelle que ie vais endosser
les chers costumes du répertoire ! »
A. JL.
LA GREVE!
L'Opéra fera=t=il
relâche ce soir?
•
Les habitués de l'Opéra vont-ils receveur
les fâcheuses étrennes que leur ont promises
choristes, chorégraphes et musiciens?
La journéè d'hier n'a pas apporté de change-
ment dans la situation. On a fêté le Nouvel An,
et, pour un jour, semble-t-il, on oublia querelles
et menaces.
Comme nous l'annoncions hier, aucune démar-
che nouvelle n'a été tentée ; de part et d'autre
on attend. C'est ce soir que tout va se décider.
Le petit personnel se réunit à cinq heures et
demie à la Bourse du Travail. De ce meeting
va sortir Ja décision de la dernière heure, et
la soirée nous dira si c'est la guerre ou la paix.
A. R.
JEAN JiULLIEN
i
Notre collaborateur Lugné-Poe publie dans la
dernier numéro du bulletin de l'Œuvre' un frèsi
intéressant article sur Jean Jullien. Nous som
mes heureux de reproduire ces lignes, qui évo-,
quent avec une émotion discrète l'attachante'
personnalité du grand écrivain de La Poigne
et de L'Oasis.
et nous perdons Jean Jullien!.
Faudra-t-il à l'Œuvre dire ce qu'il était? -
Mais l'ami que je pleure m'est bien plus cherj
que le maître qui aimait cette petite tribuiie
où les habitués de l'Œuvre le retrouvaient à
chaque numéro. L' « ami » était sûr et con-,
fortable ; on le savait, près ou loin du moindre-
effort. toujours l'ami; il n'a jamais abandonnée
ou trompé une amitié. J
Ses conseils étaient ceux d'un maître modeste!
et affectueux il fut souvent trahi et il ne savait
pas garder rancune. »
Je lui devais les premiers bons accueils faits;
à mes essais jadis. Bien d'autres que moi se,
souviendront du petit entresol de: la rue .des|
Canettes, dans la cour à gauche, où le fondateur,
d'Art et Critique vous attendait, l'œil malicieux, ;
le geste affectueux et bon. Où sont-ils drsper-t
sés tous ceux qui débutèrent là et se rappro- ,
chèrent du sourire de notre ami si réconfort
tant aux 'heures où l'on doute., aux temps où
les jeunes étaient .timides?.
Et après Art et Critique, je le revois au Gu-
tenberg, boulevard Poissonnière, le dimanche,
entouré de ses vieux camarades du Théâtre Li-
bre ou de ceux de la presse « en avant », de-
visant, critiquant, jamais méchant. Il avait pris
le rendez-vous vers six heures le dimanche avec
tous ses fidèles, parce que le fils de la pro-,
priétaire du café, Ludovic Malquin, coxalgique
et presque impotent, lui plaisait par son esprit
et son cœur, et Jean Jullien forçait tous les ca-
marades à le retrouver là, créant à. cet apôtre
de bonté, Malquin, trop tôt disparu, un petit
cénacle d'amis qui s'enthousiasmaient du con-
tact d'hommes si simples et cependant si beaux. :
D'une.distinction supérieure, Jean Jullien n'of-
frait rien de séduisant aux esprits vulgaires,
à telle enseigne que très peu apprécièrent à
leur valeur l'aristocratie profonde de sa débon-
nare malice, de sa rusticité d'apparences: une
sorte de paysan du Danube aux discours ren-
trés. — Il ne fut jamais un humble ou un sol-
liciteur; il ne s'inscrivit jamais derrière aucune
personnalité à succès, loin de là. Il ne courtisa
jamais l'argent; il ne rechercha jamais le bail-
leur de fonds d'une comédienne pour placer ses
pièces; il ne comptait que sur sa droiture dont,
il n'estimait même pas la vertu. — Voilà quelle
fut la distinction de ce caractère.
Il y avait depuis longtemps comme une cons-
piration autour de ce qu'il écrivait ou de ce
qui sortait de son cabinet de travail de Ville1-
d'Avray. Les directeurs ne voulaient pas le
jouer; il semblait qu'il eût suffi qu'il ait rem-
porté un succès dans un théâtre classé (on ap-
pelle ainsi à Paris les lieux de spectacles ou
de plaisirs aux mains de la petite maison de
Commission-Exportation -théâtrale) pour que'
l'Affaire fût compromise ensuite. Si. le public
eût trouvé du goût à un « Oasis », par exem-
ple, que serait-il arrivé ensuite?. Comment
trouver un autre auteur de la même farine parmi
nous? - Ah! non, que crève plutôt Jean Jul-
lien ! - Ou bien, -non, comme il ne faut pas
renouveler le sort de Becque, cherchons-lui un
secrétariat, une fonction de travail et de petit
honneur'littéraire. et voilà! — et les auteurs
du jour étaient d'accord avec les directeurs du
soir. A bons chats!.
Jean Julien avait, il y a une dizaine d'an-
nées, donne avec le plus franc succès Les Plu-
mes du Geai, aux Bouffes-du-Nord. Ce fut un
sourire heureux* dans sa vie, l'apéritif d'un dî-
ner qui ne vint jamais.
La pièce n'a jamais été reprise, alors que
cant de veines médiocres de quelques soirs sont
vidées, raclées dans toutes les réouvertures par
la Gent-qui-sait-y-faire. Pas même à l'Odéon,
où il y a des sortes de lettres de change qui
sont les reprises pour les auteurs qu'on veut
ménager, pas même au Théâtre Français, ouf ! - - -
Mieux. — La pièce publiée, heureusement,
pouvait lui rapporter un peu de finances, à ce
Grand Discret; il fut, je m'en souviens, ravi
de sa traduction en Espagne, mais jamais elle-
ne fut même signalée à l'Agent franco-espagnol
au delà des mers, celui qui veille au grain, là-
bas, pour les auteurs.
Je le sais, j'en ai causé avec lui, il Ignorait
jusqu'au nom de Jean JuJlien. — Il en ignore
bien d'autres, et ee n'est pas sa faute.
Jean Jullien voyait vrai avec une réalité amère
qui lui valut ses premiers succès au Théâtre
Libre, puis au Gymnase avec La Poigne. Je
l'avais connu au Théâtre Libre, où j'avais joué
fort mal un vague homme d'affaires de village
dans Le Maître; toutefois, nous étions devenus
des amis. J'ajoute que féru de poètes à cette
époque, nous tendions avec nos camarades de
YŒuvre à nous écarter des écrivains qui se
groupaient autour de Jean Jullien ou même de
George Anoey ; — et tous deux restèrent tou-
jours les plufe bienveillants des adversaires, et
même les plus avertis. — Je pourrais citer de
plaisants gentilhommeaux du théâtre réaliste ou
rosse qui touchèrent aux plus grands succès,
aux honneurs, ramassant les miettes de Jean
Jullien ou de George Ancey, et qui se montrè-
rent toujours dédaigneux des plus belles cam-
pagnes de YŒuvre. — Aussi, lorsque Jean Jul-
lien, qui composait avec art l'ouvrage drama-
tique, me montra L'Oasis, cette admirable pièce
si différente de tout ce qu'il avait jusque là
produit, je fus fier de la lui monter de notre
mieux.
Quelle soirée fut celle de L'Oasis sur laquelle
Jean Jullien comptait: un orchestre important
mobilisé; à l'heure du lever du rideau, l'artiste
principal tombe malade et on doit supprimer
le. spectacle ! La presse fut congédiée, les amis,
etc. Et quand le protagoniste fut guéri, on ne
put plus réunir les nôtres du premier soir; la
critique se dispersa et L'Oasis n'eut jamais sa
presse. Jean Jullien ne garda même pas ran-
cune au jeune comédien qui l'avait abandonné
si aisément et qui ne voyait pas combien il avait
causé de préjudice à l'écrivain ; au contraire,
je crois me souvenir qu'il essaya de le recom-
mander à divers directeurs.
Il arrive parfois aujourd'hui si l'on indique
l'ostracisme dont semblait frappé Jean Jullien et
son théâtre, que l'on réplique: « Ne dites pas
cela ; voyez Cure! ; est-on injuste avec lui ? »
Il y aurait beaucoup à dire ; ne serait-ce que :
si l'on est juste avec Curel, doit-on être injuste
aux autres? — Et d'abord, est-on juste avec
Curel? — Je ne le vois pas ; oui, il y a
les reprises de La nouvelle Idole, etc., à la
Comédie, mais à quoi riment-elles?. à quels
motifs obéissent-elles?. ne sont-elles pas dues
[Photo Henri Manuel)
Jean JULLIEN
aux raisons qui sont complaisantes à tout' ce
qui vient de l'Académie Française, à tout ce
qui s'agite autour d'elle?.
Car il en est ainsi chez nous encore aujour-
d'hui, et si M. François ae Cure! se fût nomme
Tartempion ou jean Jullien, non seulement il
n'eût eu que beaucoup plus tard son fauteuil
chez les immortels, mais jamais il n'eût béné-
ficié de cette publicité particulière qui s'agite
jusque dans les revues dites « les plus avan-
cées », parce que chez nous, on reste féroce-
ment attaché aux « traditions » et que l'on est
persuadé que M. F. de Curel a de la « tradi-
tion » ; pour moi, j'admire sincèrement cet au-
teur, mais sa tradition ne m'émeut pas. Enfin,
je le déclare tout net, ce n'est pas à la Comé-
die — ce musée — que je voudrais voir jouer
Gurel, mais au Vaudeville, au Gymnase, dans
des théâtres où son action sur notre public se-
rait bien plus bienfaisante que toute autre.
Il y a quatre ou cinq pièces de M. F. de
Curel que je voudrais voir sur l'affiche ; on les
connaîtrait mieux, on nous connaîtrait mieux, et
dans le monde entier. — Enfin on désaxerait
l'odieuse dramaturgie que nous subissons, que
Jean Jullien a toujours combattue et qui si elle
persiste ruinera jusqu'à nos espérances.
Jean Jullien, qui avait aime de rédiger pour
nos lecteurs chaque mois un article d'ensem-
ble, écrivait en mai 1912 ceci, qui reste lu-
mineusement vrai et prophétique ; il constatait
que si la statistique prouve des recettes tou-
jours croissantes à notre société des auteurs,
la valeur de notre théâtre n'était pas en relation
directe de ce succès apparent : a Je dirai
mus, cette prospérité financière présente même
pour notre théâtre un danger, celui qui menace
toute exploitation largement rémunératrice, que
l'on ne cherche pas,à renouveler. Qu'arrivera-
t-il aux commerçants et aux industriels dans
une telle situation? Tandis qu'ils restent sta-
tionnaires, leurs concurrents progressent et fi-
nissent par les supplanter. Déjà nos productions
dramatiques sont moins, recherchées à l'étran-
ger, et ceux de nos compatriotes qui se tien-
,nent au courant vous diront qu'à l'étranger les
productions dramatiques deviennent supérieures
aux nôtres!. »
Comme il voyait juste, et quelle perte pour
notre vie nationale! — Qui parlera aujourd'hui
avec l'autorité de l'honneur d'un véritable ar-
tiste de ce qu'il exprimait-souvent, véhément
et vrai, au risque d'y perdre les ressources de
son travail?. Je regarde de tous les côtés, et.
je ne vois personne. — Le théâtre français, li-
bre, hardi, poétique ou humain n'intéresse plus
auère que des faiseurs et parfois des couturiers.
b Mon cher Jean Jullien, qui vous remplacera?
LUGNE-POE.
ÇA fi LA
Hier, à l'église Saint-Médard, a été célébré,
dans la stricte intimité familiale, le mariage
de Mlle Hélène Lecomte, fille de Mme et de
M. Georges Lecomte, président de la Société
des' Gens de Lettres, avec M. Paul Fehner,
avocat-avoué près le tribunal de Colmar. La bé-
nédiction nuptiale leur a été donnée par M. l'ab-
bé Schaeffer, curé de l'église Saint-Lambert.
* *
Le dimanche 4 janvier, à 14 h. 30, aura lieu,
au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, une
importante manifestation d'amitié latine, orga-
nisée par le « Soc ».
Première représentation de la Mort de Ver-
cingétorix, ,poème tragique de Guy-Félix Fon-
tenaille. Entrée gratuite.
AUJOURD'HUI
A rEMPÏRE-THÉATRE, 20 h. 15, première re-
présentation (reprise) de La Vivandière, musique
de Benjamin Godard.
Olt.
Il est de tradition en notre Académie Na-
tionale que Faust y clôture l'année théâtrale.
Doit-on voir là une sorte de symbole et con-
sidérer que, pareil au légendaire docteur, le
Temps va dépouiller son apparence chenue pour
apparaître aujourd'hui sous l'aspect juvénile
d'un fringant cavalier?
Le certain c'est que l'usage fut, mercredi,
respecté. Et puisque l'ouvrage de Gounod sem-
ble s'approprier les dates marquantes, rappelons
qu'il a été r&préseiMé dans un moment tragi-
que, à la veille de la déclaration de guerre, le
31 juillet 1914.
Ce 31 décembre 1919, le publie paraissait
n'avoir point de soucis en tête: il béait d'ad-
miration aux effets les moins inattendus, s'en
donnait à plaisir dès que la plus minime occa-
sion lui était offerte. Chacun d'applaudir Mlle
Visconti et M. Paul Goffin lorsque Faust ren-
contre Marguerite; puis, M. couard conquiert
tout le monde à la cause de Valentin, la pour-
suite de Siébel par Méphistopihélès s'accompa-
gne d'éclats de rire prolongés, tandis que dis-
paraît Mme Courbières fuyant devant M. Hu-
berty, bon diable; enfin, une danseuse qui perd
son jupon provoque des manifestations de joie
délirante.
Heureusement que cet infime incident se pas-
sait à la fin de l'acte, sans quoi l'excellent chef
M. RuhJmann eût, devant le tumulte hilarant,
risqué de perdre la direction de son orches-
tre.
JEAN POUEIGH.
*
Le concert de musique espagnole qui sera
donné à l'Opéra, dimanche, peur- la reconsti-
tution des Aryennes dévastées, comprendra plu-
sieurs œuvres de Granados, dont ce se.ra la
première audition, notamment des Danses pour
orchestre et le prélude de son drame Maria del
Carmen, ainsi que des morceaux du recueil
Iberia, d'Albeniz, transcrits pour orchestre par
M. E.-F. Arbos.
conslkvatoire:
Les grandes réformes.
Est-ce un prélude? Sont-ce là les grandes
réformes annoncées? Le décret et l'arrêté dont
j'ai signalé l'économie principale s'arrêteront-
ils à ce timide retapage du règlement orga-
nique'1
Précisons. Le décret du 17 décembre 1919
supprime les examens de janvier et de mai.
Il modifie la composition des comités d'examen
dorénavant constitués ainsi : les membres de
droit du Conseil supérieur de l'enseignement
(ministre, directeur des Beaux-Arts, directeur-
du Conservatoire, chef de bureau des théâtres,
M. Bourgeat, secrétaire avec voix délibéra-
tive), 4 membres du Conseil supérieur dési-
gnés par leurs collègues, membres nommés
par le ministre en nombre égal à celui des pro-
fesseurs de la spécialité exclus (au minimum
quatre), les secrétaires de l'Opéra et de l'Opé-
ra-Comique pour le chant, MM. Fabre et Ga-
vault pour la déclamation.
En somme, il n'y a rien de changé, sauf
en ceci : pour les classes ne comportant pas
de jurys d'admission, les comités sont com-
posés : des membres de droit du Conseil su-
périeur, de 4 membres de cet aréopage choisis
par leurs collègues, de six membres choisis
par le ministre.
Tout en supprimant le principe des examens,
celui de janvier est maintenu pour les classes
d'harmonie, contrepoint, composition, chant et
déclamation.
Un point, c'est tout. Chassé-croisé périodi-
que et tripatouillages anodins.
Mais à ce décret se juxtapose un arrêté de
M. Léon Bérard du 20 décembre.
Visant d'abord les classes d'harmonie, con-
trepoint, composition et fugue, il abolit qua-
tre articles de l'arrêté de 1915 et les rem-
place par celui-ci : « A l'examen de janvier,
les élèves présentent leurs travaux. Les con-
cours se font en loge en une seule séance ».
Il semble que l'enseignement ci-dessus eût
mérité quelque attention approfondie. Prenons,
par exemple, l'harmonie. Ne serait-il pas in-
téressant de créer une classe vrévaratoire à
l'usage des débutants, dont le programme com-
prendrait l'étude complète du traité? La limite
d'âge pourrait être fixée à vingt ans et la du-
rée de séjour à deux années (la limite d'en-
trée étant n:t.as actuellement à vingt-deux ans
pour les seules classes supérieures existantes)?
Ne pourrait-on créer un concours pour cette
classe préparatoire, concours de fin d'année
avec médailles et mentions?
La raison qui semble militer en faveur de
cette réforme est la suivante : les auditeurs
des classes actuelles — quand le professeur en
admet — traînent pendant des années, végè-
tent souvent, car le maître ne peut, en géné-
ral, s'occuper efficacement d'eux, à moins
qu'ils ne possèdent les moyens de se payer
des leçons particulières.
Les élèves de la classe préparatoire passe-
raient ensuite dans la supérieure avec une du-
rée maxima de trois ans.
(A suivre.) CH. TENROC.
DEMAIN
Au THÉÂTRE DE L'CEUVRE, 55, rue de Client
20 h. 30,^/reprise de Maison de Poupée, pièct
en cinq actes de Henri Ibsen.
Il est intéressant puisqu'il n'est bruit que d'en-
gagements de jeter un coup d'œil récapi-tulatit
sur les départs nombreux qui viennent assez
rapidement de réduire les cadres de la Comé-
die-Française. J
Au premier janvier 1920 la troupe, du côte
sociétaires se trouve à tort ou à raison, de gré
ou de force, par décès ou par déport privée de
Mmes Bartet, Pierson, Lara et de M. Leitner;
A ce dernier on. est, presque tenté de joindre
M. Ravet dont les services étaient précieux ei
qui correspondrait, n'aurait-ce été que physique-
ment, à uni emploi' qui se trouvera bientôt sans
tenant de bonne taille et de carrure. Parmi les
pensionnaires un certain nombre se sont discrè-
tement retirés pour des motifs divers et le ha-
sard. ou le ciel — qui ordonnent parfois fort
bien les chsoes — ont fait que ce sont en gé-
néral les moins intéressants qui sont partis..
Leur absence donc, sauf celle de M. Ravet qus
je mets tout à fait à pairt et considère presque
comme .un sociétaire, n'est donc pas à déplorer,
très fort.
Mais il en est autrement avec les quatre au-
tres noms cités ci-dessus, touis les quatre étaient
des premiers dans l'interprétation du répertoire.
Avec des qualités différentes et des succès iné-
gaux, ils étaient de ces artistes qui pirmertent
d'établir l'assiette d'une affiche et oai, pn même
temps, aident personnellement à la recette. Pouf
la plupart d'entre eux il n'existe actuellement
personne dans la troiupe, tant sociétaires que
pensionnaires, capable de prendre leur succes-
sion, de s'y affirmer rapidement et, en un mot,
de combler, avec autant sinon davantage d'é-
clat, le vide. Il s'agit toujours, j'y insiste, du
répertoire. Le cas d'espèce confirme donc au-
jourd'hui! la règle qui doit présider à tous les
engagements à la Comédie-Françffiise : aptitudes
à interpréter le répertoire, et dans le cas ac-
tuel les rôles très particuliers, de facultés assez
rares que tenaient les disparus.
Le critérium à de nouveaux engagements ne
peut donc être actuellement que ceci : auquel
des partants les candidats sont-ils capables de
succéder dans leurs rôles dit répèrtoire ? Car la
troupe tragique, tant que de nouveaux départs
qui: seront bientôt nécessaires ne se seront pas
produits, est suffisante.
Or, bien entendu*, il ne s'agit plus de fan-
taisies, de camps de sonde, d'envies, de faveurs,
d'engagements ,pour telle ou telle pièce de tel
ou ted auteur plus ou moins impérieusamenv
excité. Il s'agit de l'avenir die la Comédie-
Française, de l'interprétation die cent chefs-
d'œuvre qui représentent la mission et la for-
tune de la Maison. Il s'agit enfin de ne pas em-
bouteiller t'accession au sociétariat par des noms
énormes qui n'apportent qu'eux-mêmes, c'est-à-
dire frivolité, et ne comptaient que grâce à un
répertoire spécial. Au monuenit des sollicitations
,les plais grands devant l'arche sainte se fonl
bien petits, discrets, humbles, sans autre am-
bition que d'entrouvrir l'huas. Une fois en
place autre chanson!. L'ambition éclate, s'é-
tale, s'impose. Cette ambition peut avoir d'ex-
cellents motifs personnels: s'ils ne corrsepon-
dent pas aux besoins de ta Maison ils sont quand
même pernicieiuix.
Ils risquent surtout, par suite du petit nom-
bre die parts qui seront a distribuer fin 1920,
de découtrager plusieurs pensionnaires qui doi-
vent être falift sociétaires et qui, s'ils ont moins
d'éclat, incarnent une plus haute somme de bon
et adéquat travail. DeOà pointe le cas de M-
Desjardins. je in'iirai pas comme M. Emile Fa-
bre jusqu'à déclarer personne « indispensable )l,
mais attention! et n'oublions pas que ce cas
n'est point le seuil.
Emifln une actre ques.t:.n se pose : celle du
répertoire moâerr.rve. A propos de L'Ame -et* Fo-
lie, M. Antoine dtns un retrarquab'e fetiillotor»
de l'Information a ouvert un débat qui n'est pa9
près de finir, car M faudra peu à peu. expulse1,
toutes ces vieilleries qui, - sans avoir le mérite
d'être des pièces-types d'époque, encombrent
les soirées de la Comédie autant que l'esprit
de son public.
GABRIEL BOISSY.
★*
* *
Le service de seconde pour le Prince d'An-
rec sera reçu ce soir. *
* -k
La cinquième fournée officielle.
La cinquième tournée officielle en Belgique
rentre aujourd'hui. On a donné La Parisienne
(MM. de Féraudy, Henry Mayer, Le Roy, Mmea
Cerny et Valpreux) et Venise (MM. Le Roy,
Falconnier, Numa, Mlle Valpreux). Bruxelles,:
Liège et Gand ont réservé aux œuvres et aU"-
interprètes un accueil chaleureux.
*
* *
Petites nouvelles.
Mme Weber, qui a fait ses débuts de noU*
velle doyenne hier après-midi, dans Triomphe*.
de M. Fernand Gregh, jouera Horace ce soif.
Il est probable que M. Desjardins reviendra
sur sa décision et recevra, pour l'an prochain,
la promesse du sociétariat avec les premierSi
douzièmes disponibles.
Mlle Madeleine Rooh et M. Jean Hervé vo~
jouer Andromaque et Horace au cours d'un#
tournée de quelques jours.
M. Dehelly fera sa rentrée demain dan4
l'Epreuve et il jouera lundi Cléante de Y Avare*,
Odéon
Depuis quelques jours, Mlle Devillers iotid
dans Monsieur Dassoucy, et avec une grâce
très personnelle, le rôle de Catherine de Brie.
créé par Mlle Ponzio, actuellement souftrante..
X
OUVRES NOUVELLES DE MM. FLORENT-SCHMITT
et ROCER-DUCASSE (1)
'Après les maîtres, voici les disciples devenus
ttianres à leur tour. Dè M. Saint-Saëns à M.
Fauré, et de M: Fauré à MM, Schmitt et Roger-
Ducasse, que de chemin' parcouru ! Mais aussi,
pomme il est aisé de suivre ce chemin et de
retrouver sur ses bords les mêmes paysages
~t une flore pareille !
Et voyez se réaliser dans la tradition d'un
jneme art le miracle de ^épanouissement des
personnes ! Car nous ne savons .rien de plus
le personnel » que le style de chacun des mu-
siciens que nous venons de nommer. Nous re-
connaîtrions entre mille autres une œuvre de
JM. Schmitt ou de M. Roger-Ducasse. En pour-
rait-on dire autant de celle d'un disciple de
Debussy ?
En art, en effet, il importe surtout d'être
tin « continuateur progressif ». L'imitation est
stérile. (c Sur le Racine mort, a écrit Victor
Hugo, le Campistron pullule. » Rien n'est plus
)Irai. L'artiste créateur de styles est exception-
nel et ne sera pas nécessairement considéré
tomme plus grand que le traditionaliste. Wagner
qui n'est, au résumé, que le couronnement ma-
êniftque de ia formidable épopée musicale al-
lemande, demeure plus grand que notre De-
oussy qui, pourtant, ne devait à peu près rien
à personne, malgré ses affinités avec certains
Russes oa avec Erik Satie. En revanche,
jun Gabriel Fauré, si nouveau dansr une forme
traditionnelle, sera sans aucun doute considéré
atr l'avenir comme le musicien le plus par-
J, LU A Durand, Sditow
fait et le plus représentatif de l'école française
moderne.
Il ne faut donc point s'engouer outre me-
sure du néologisme artistique et mettre au-
dessus de tous et de tout celui qui en fut
l'ingénieux trouveur et le systématisa. Cette
tendance fâcheuse d'un public ignorant est mal-
heureusement favorisée par la véhémente partia-
lité des jeunes musiciens et critiques. « d'avant-
garde » qui, dans la sincérité intransigeant de
leurs admirations exclusives, conduisent invo-
lontairement la foule moutonnante des amateurs
au mépris aussi stupide que bêlant de nos
gloires les plus authentiques. Qu'un Georges
Auric, par exemple, ou même ce délicieux
Francis Poulenc, s'en prennent à leurs aînés et
dissèquent impitoyablement leurs œuvres, cela
est fort bien. Ils se doivent à eux-mêmes, ar-
tistes créateurs et actifs, non passifs, d'être en
perpétuelle défiance a l'égard du passé. Mais
la même attitude, de la part d'un public qui a
tout à apprendre, n'est que grotesque. Qu'un
journaliste provincial de quarante-cinquième or-
dre, qui n'ouvrit de sa vie le moindre traité
d'harmonie, traite un Saint-Saëns de « vieille
baderne », voilà qui dépasse l'imagination de
ceux-là mêmes qui, vraiment musiciens, n'ai-
ment point M. Saint-Saëns pour des raisons
musicales, qu'ils exposent par ailleurs avec tout
le respect que l'on doit à un artiste univer-
sellement admiré.
MM. Florent Schmitt et Roger-Ducasse sont
absolument dissemblables. Et pourtant, ce sont
deux disciples de Gabriel Fauré, et cela saute
aux yeux de tout musicien averti.
Aussi bien nous avons plaisir à constater
qu'Us le reconnaissent eux-mêmes. L'admira-
tion d'un Florent Schmitt pour Gabriel Fauré
n'est point douteuse. N'écrivait-il point dans le
Courrier musical ces lignes que je cite pour
l'édification de mes lecteurs qui seraient tentés
de croire que j'exagère : « M. Gabriel Fauré,
quoique le plus- grand musicien français existant,
est lui-même académicien, académicien d'extrê-
me-gauche, toutefois, et dont les préoccupations
artistiques planent si incommensurableiment 'alu-
dessus de la mêlée des épées vertes qu'on peut
dire qu'il réalise l'exception confirmant la rè-
gle. C'est le bolchevick die l'Institut. Artiste pro-
fond et raffitté, d'une pureté et d'une conscien-
ce intraitables, il n'écrivit jamais que de la
« musique », au sens le plus divin, même lors-
qu'il composa pour le théâtre, l'endroit par
définition ennemi de la musique. La belle Fan-
taisie pour piano et orchestre ne me démentira
pas. Cette œuvre est construite en un seul mou-
vement, allegro moderato, mais avec une partie
médiane plus vive et qui semblerait tenir lieu de
scherzo. iLes idées, tour à tour énergiques et
tendres, et si délicieusement » fauréennes ! ont
une noblesse, une grandeur comparables au mer-
veiNeux second quatuor. La tenue générale est
d'une remarquable aisance, l'unité la plus har-
monieuse y préside. »
Nous sommes heureux de nous rencontrer
avec M. Florent Schmitt sur le sujet de Ga-
briel Fauré, car îles lecteurs de Comœdia ont pu
H.re dans un précédent feuiLleton un jugement
analogue à celui que porte ici l'auteur de La
Tragédie de Salomé.
Oui, M. Gabriel Fauré est le « bolchevik »
de l'Institut, et sente ne s'en aperçoit pas la
masse populaire qui est foncièrement ennemie
de ta musique.
Mais si nous admettons le « bolchevisme »
musical de Gabriel Faune, nous ne trouvons pas
digne de la haute personnalité de M. Florent
Schmitt ce « bolchevisme » de la plume qui le
fait être sarcastique à l'égard de ce qu'il appelle
« nos galonnés nationaux ». L'anticléircalisme
désuet confondait jadis la religion et ses mi-
nistres. Le bolchevisme actuel consisterait-il à
confondre l'année et ses officiers? Le jeu en
serait trop aisé. Nous voulons croire que M.
Schmitt n'a commis qu'un lapsus calami.
Au surplus, voilà qui est fait pour nous ras-
surer : Nous avons sous les yeux un macnit
tique Chant de guerre pour chœur d'hommes et
ténor solo avec accompagnement d'orchestre, dé-
dié par M. Florent Schmitt « au médecin-ma-
jor Lambert 0).
C'est une des rares œuvres inspirées par la
guerre, qui demeure purement musicale. Nous
dirons plus, et ne craindrons point d'affirmer
qu'elle cause en nous une émotion sacrée ana-
logue à celle qui, se dégage du finale de la Neu-
vième symphonie. De proportions imposantes,
d'une grandie sobriété de lignes malgré de sai-
sissantes modulations, et bâtis sur deux thè-
mes nettement distincts, ce Chant de guerre
est houleux et sonnant à souhait.
Le premier thème ou dessin confié aux via-
lons en sourdines est une mouvante suite de
quartes sur lesquelles se posent aussitôt en la
bémol les mystérieuses quintes des voix humai-
nes, lointaines et fondues comme le chant d'un
peuple en marche. Dès la cinquième mesure ap-
paraît le grand thème héroïque qui rappelle un
peu le motif « populaire » de Siegfried-Idyll.
Puis le soliste (soprano ou ténor) entame son
chant épique, d'un superbe mouvement. Les
deux thèmes se répondent en un dialogue fris-
sonnant comme celui d'une armés et de son
étendard. Ils se transforment, se magnifient, mo-
dulent, se pressent, s'augmentent, s'exorbitent
enfin, dans une triomphante péroraiSon où nous
regagnons la tonalité primitive. Cela est d'une
splendeur pareille, nous le répétons, à celle
du finale de la Neuvième ou encore des Maî-
tres chanteurs. Un grand souffle passe avec les
clameurs des voix et de l'orchestre, qui vous
prend et vous secoue, tout entiers. Nous con-
fessons trouver ce Chant de guerre génial.
Le thème principal de I'oeuvre nous rappelle
encore celui d'un Hymne à IJEté, écrit dans un
radieux mi majeur par M. Florent Schmitt pour
un « orchestre vocal à trois choeurs » sur un
texte d'Armand Silvestre. Cet hymne parut en
1914, et il respire un éclatant bonheur de vi-
vre. Il est captivant de comparer les deux ins-
pirations: celle de 1914, et celle de 1915.
Les deux thèmes sont frères, le premier fleu-
ri de ces grupetti que Wagner prit à l'Italie et
à l'Espagne et « occidentalisa »-, le second ré-
duit à ses seuls éléments. Le ton de. l'hymne
lest mi majeur, celui du chant guerrier la bé-
mol. La joie etride dans l'hymne, le mysticis"
me s'épand sur le chant de guerre. Dans l'un
et l'autre, c'est la même puissance, le même
art dans les gradations. Et l'impression qui se
déprend de la lecture de ces deux œuvres sœurs
est totalement différente. Tant il est vrai que le
métier n'est qu'un « moyen » et non un « but ».
M. Florent Schmitt ajoute à l'art de Fauré
une violence tumultueuse, une âpreté, parfois
même une angoisse, qui révèlent l'origine lor-
raine de l'artiste, alors que le sourire de l'œu-
vre fauréenne décèle une origine méridionale.
Cette qualité de race qui caractérise le Psau-
me XLVI ainsi que le célèbre Quintette pour
piano et cordes qui atteint souvent au paroxys-
me de l'énervement, et surtout la Tragédie de
Salomé, plus inquiétante que celles de Strauss
et de Mariotte, nous la retrouvons à l'état pur
en ces Musiques de plein air que l'auteur a
su rendre pianistiques par une transcription à
quatre mains parue en 1914. La Procession
dans la Montagne, la Danse désuète et - Accal-
mie sont assez connues pour que nous n'ayons
pas à les analyser. Qu'il nous suffise de dire
qu'elles ne perdent rien à être ainsi transcrites
pour le clavier, ce qui prouve leur impérissable
musicalité.
En revanche, nous avouons humblement ne
guère comprendre telle mélodie nouvelle de M.
Florent Schmitt intitulée Star (op. 67, n° II),
Sur un poème de M. G. Jean Aubry dont on
peut dire qu'il est « suprasensible » la musi-
que qui doit être jouée « vive et légère » est
une véritable mosaïque d'agrégations harmoni-
ques difficultueuses et d'une interprétation pia-
nistique assez rebutante. On demeure quelque
peu ahuri devant tant de subtilité. Et c'est avec
ravissement que l'on ouvre, après ces compli-
cations inutiles, les Trois poèmes de Pétrone
de Louis Durey ou les recueils publiés de Fran-
cis Poulenc. Le style dépouillé de ces deux
jeunes mais exquis musiciens est un rafraîchis-
sement pour l'oreille que la dernière manière
de M. Florent Schmitt a comme ébouillantée.
Une réaction semble en effet se dessiner au
sein même de la Société Musicale indépendante,
contre la complexité symphonique que M. Vin-
cent d'Indy prétendait devoir être toujours plus
grande à l'inverse de l'évolution marquée dei
la musique dramatique qui s'achemine vers 101
toujours plus simple. Nous aurons t'occasion,
dans un prochain feuilleton d'aborder l'étude de1
ce mouvement singulier et séduisant dont notJS:
pouvons dire, dès maintenant, qu'il a pour chefs
Darius Milhaud, Georges Auric, Louis Durey,
Arthur Honegger, Francis Poulenc et Gennaine.
Tailleferre, sous l'égide philosophique de M-
Jean Cocteau.
La Société Musicale Indépendante dont M.'
Florent Schmitt est l'âme semble accueillir avec
sympathie les manifestations de ce « bolche"
visme » latent. Mais ses membres n'en seront'
ils pas les premières victimes? ,
Nous inclinons à le penser, en contemplant
les adorables arabesques décrites par M. RM0'-
ger Ducasse, le compagnon d'armes de j\1.
Florent Schmitt, en sa dernière œuvre pianis"
tique judicieusement intitulée Sonorités. De
même que dans le Star, de M. Florent Schmltf'
il paraît impossible de pousser plus loin que
ne le fait M. Roger Ducasse la science de
l'alchimie sonore. Dans une enivrante ton3'
lité de la bémol majeur le thème, qui n'es
au demeurant qu'une succession chromatiq1^
d'harmonies riches et pleines, chatoie soury Io
parure rutilante d' « ornements » de toi**?'
sortes et toujours renouvelées. C'est d'un rgla
nement tel que l'on se sent devenir « alur
bide ». M. Roger Ducasse a absorbé le ee:
bussysme sans qu'il y paraisse et son laflga!L
fauréen, déjà si ondoyant, s'est enrichi de Pr
ciosités, de quintessences à vous éberluer. y
Star et Sonorités marquent peut-être C èS
MM. Schmitt et Roger Ducasse un progr eS
vers l'immatériel. Mais qui va désormaiS, loc
suivre? Nous avons pleinement goûté d ftlila
part le Quintette et la Tragédie de
d'autre part le Jardin de Marguerite, la Sait y
Française, le Quatuor en sol. Mais nous fi u
effrayons devant Star et Sonorités. Ces detàtd
œuvres sont de purs joyaux d'un art que pitti
ne peut plus parfaire. Après, il n'y * * fa
rien ! Si : la Sonate pour deux Clarinette*' dl
Francis Poulenc, ou les Chandelles romatn:S? do
Georges Auric. Ceci ne tuera-t-11 pas ceta^,,
HENRI COLLBÏ-
COMŒDIA
2-T-20
s'est p t gêné pour en dire : « Ce pont,
c'est ut., ordure. « Le pont Notre-Dame a été
inauguré dernièrement ; lors de cette inaugu-
ration, le président de la République compli-
menta M. Lemarchand — il y avait vraiment de
quoi ! — lui remit la Légion d'honneur, en lui
décernant le titre de « Bénédictin de l'Hôtel
de Ville ».
Bénédictin !
Et les arches du pont Notre-Dame, arche de
fer comprise,n'en tombèrent pas immédiatement
à l'eau! M. Poincaré en a de bonnes!
Encouragé par sa victoire sur Notre-Dame,
voilà donc notre bénédictin parti en guerre a
la fois contre l'Archevêché, Saint-Louis et Saint-
Michel. Heureux encore qu'on ne débaptise
pas ces ponts par trop « cléricaux » pour leur
donner les noms, désormais glorieux, des ca-
marades qui les auront démolis.
L'arche de fer du pont Notre-Dame n'ayant
Das été goûtée, M. Lemarchand nous annonce que
le pont de la Tournelle sera rebâti en pierre.
Fort bien. M. Lemarchand dit mieux : « Il
n'a jamais été question de toucher au pont
Marie, pas plus qu'à ta berge et aux arbres du
quai d'Orléans. Ce serait un crime. »
Il reconnaît donc que toucher à certains mo-
numents et détériorer certains sites constitue
un crime. Pour l'île Saint-Louis, le crime à été
commis, et rien ne le rachètera, pas même la
professe d'un éclairage intensif de ladite île,
l'éclairage intensif du parvis Notre-Dame nous
avant déjà fixés ; pas même cette autre pro-
messe — non moins alléchante, j'en conviens
- de bâtir des maisons dites ouvrières sur les
ruines de la rue des Deux-Points tout en respec-
tant le style ( !) et l'esthétique ( !) d'un des
lieux les plus enchanteurs de notre capitale.
Retenons de tout ceci qu'on ne touchera pas
au pont Marie, ce pont dont l'innocent dos d'â-
ne excite chez M. Lemarchand un redoutable
esprit de concurrence. Comœdia, au nom de,
l'Art. au nom de l'Histoire, de même qu'au
nom de tous ceux qui sont soucieux de l'in-
térêt général, saurait le rappeler s'il le fallait,
Et comme il le faudrait, au Conseil municipal
de F'oris.
MARIUS BOISSON.
Le Carnet des Lettres
et des Arts
L'ALMANACH DU BON LECTEUR
i— Et toi, mon pauvre petit, que leur portes-
- Des rêves, monsieur le Bon Dieu, ce sont
encore les seuls jouets qui fassent de l'usage.
Cette légende souligne une gravure sur bois
en couleur qui forme la couverture de Z Aîma-
nach du Bon Lecteur, pour l'an MGMXX, pu-
blié par une jeune et vaillante revue: L'Encrier.
le veux signaïer cette publication faite avec
'des moyens très simples, mais tout imprégnée
de ces^ieux qualités, entre toute %, enviables :
la jeunesse et le goût.
J'y trouve un bet~
*
gnières, Jean-Paul Duhray, larges de dessin Et
d'exécution franche en sincère; des vers de
haute tenue de MM. Jean Braud, Robert Rey,
Jacques Robertfrance, Ch.-E. Sauty, André La-
mandé; la fin de l'amusant roman de M. Roger
Devigne: Janot, le jeune homnie aux ailes d'or;
ides fantaisies de M. Léon Baranger.
Oui, 1? signale avec joie ces tentatives désin-
téressées qui doivent être encouragées, comme
fe rappelle celles du Crapouillot : les unes et les
autres nous prouvent que l'on peut créer en
France des publications gaies, littéraires, artis-
fiques. Il nous appartient de les faire vivre.
J. VALMY-BAYSSE.
!LES LETTRES. — M. Jacques Rainville. re-
Toit le Prix du Capitole, d'une valeur de 4.000 fr.
pour son livre : La Guerre et l'Italie.
— Avec Vivre î Mime -Cétile Périn avait af-
firmé ses dons de poètes, - et les livres qui sui-
virent: Les Pas légers, Variations du Coeur
pensif,'La Pelouse, ne firent qu'augmenter l'ad-
jniration que nous avions pour cette poésie de
force et de sensibilité. Aujourd'hui, Les Capti-
ves, poèmes (1914-1918), enrichissent l'œuvre
de Mme Cécile Périn d'un beau-livre puç de
forme et sobre de lignes. Beaucoup de ces poè-
mes nous rappellent le temps de guerre :
Mainlt,e,¡loa.n.t que le sort- a séparé les êtres.
Sur qui la doumux d'être deux
«j» nf'nirîfraiit sàin-s qu'on silt toujours la reconnaitre,
Sans qu'on baisât sets ywix heureux,
On se rewrfxahe tout ce qui ne flll pas t^rodie.
— Vous voulez savoir ce que fut Michawago ?
Lui-même va vous.le dire:
ftlitcliawago, tel est mon nom,
Mon pèfe me l'a ctonmié, il y la longtemps,
Le Jour où je naxjpis au bord du Lac,
Sous tta tènite .de Peaux, .d'élan cousues-avec-des-
[joncs.
i Ces Chansons 'de Michawago, savoureuses et
'Sauvages, sont- imprégnées des douceurs de la
forêt agitéelrpar les vents de l'ouest; traduites
avec le goût le plus sûr par M. Jean/Toussaint
Samat, elles gardent toute leur saveur et toute
jeur force. (Edition du Petit Marseillais.)
- 1 M. Gustave Pigot devient rédacteur en
Vhef du Cri de ;France.
LES ARTS. — Dans la Revue des Beaux-
;qrts, dirigée par M. Henri Revers, un vibrant
article sur Renoir, de M. Georges Denoinville ;
et sur les Figures et Portraits au Salon d'Au-
tomne, une étude pleine de judicieux aperçus
par M. M. Valet.
— Sous la présidence de M. Dalimier, Le
'Comité Français des Arts et des Lettres qui
comprend des musiciens, des artistes et des
chroniqueurs vient de -se former* L'administra-
teur en est M. Xanrof qui s'est voué aux gran-
des questions de solidarité artistique et litté-
raire. Le nouveau comité a son siège : 5, rue
le Savoie.
J. V.-B.
lrETITE CORRESPONDANCE. — M. Henri Mau-
Jait, 56, rue de la Chapelle : 391, dépositaire:
Eugène Figuière, 3, place de l'Odéon.
— M.. Maurice Da Costa. — J'ai transmis
fct vous remercie de vottre aimable et lointain
Souvenir.
APRES VALERTE
M. Dehelly a le sourire
L'EXCELLENT ARTISTE SE FELICITE D'AVOIR
GAGNE LA PARTIE
M. Dehelly, tout à fait remis d'une grippe
légère, reparaît demain soir, dans. L'Epreuve,
de Marivaux, sur fa scène de cette Comédie-
Française qu'il avait failli quitter pour toujours.
- Oui, j'ai le sourire, nous a dit l'excellent
artiste, et pourquoi ne l'aurai-je pas? Après
l'alerte si chaude, la partie n'a-t-elle pas été ga-
gnée par nous? J'ai de multiples raisons de me
montrer aujourd'hui satisfait.
(t Si j'ai été surpris de la décision du comité?
Oh ! pas le moins du monde. J'avais envoyé,
(Photo Paul Boyer)
M. DEHELLY
il y a deux ans déjà au comité une réclamation
assez vive. Je m'étonnais de l'indifférence qu'on
manifestait vis-à-vis des serviteurs du répertoire.
Je me plaignais du mépris dans lequel on les
tenait, le répertoire et ses représentants méri-,
tant mieux dans une Maison qui n'est subven-
tionnée que grâce à eux ! On ne m'avait même
pas accusé réception de ma lettre! Aussi n'ai-je
pas été surpris de recevoir ma réponse. après
deux ans de retard, car la réclamation d'alors
reste plus que jamais d'actualité! Ah! voyez-
vous,comme les temps sont changés !Comme l'at-
mosphère est aujourd'hui différente ! Comme l'in-
timité et la confiance semblent aujourd'hui lettres
mortes ! Comme on s'est vite aperçu que le grand
Mounet n'était plus là ! Mounet-Sully fut pendant
toute ma carrière l'Exemple, car sul se servit
plus la Maison, sans s'en servir jamais, comme
on le fait maintenant ! Nul ne fut plus en dehors
des intrigues, des rancunes personnelles, des
mesquineries humaines. Je le pleure comme
soutien et-comme ami. Que de fois venait-il
jusqu'à ma loge pour m'invectiver parce que
je n'avais pas répété ou joué à son gré! J'avais
de grosses larmes, mais quel réconfort le len-
demain, quand d'une parole il me donnait con-
fiance! Comme l'effort semblait tout de suite
.ma facile et comme tout cela est déjà loin !
« N'imaginez pas. pourtant que je nourrisse
une amertume quelconque. Et comment oserais-
je me plaindre quand la mesure dont j'ai faills
être l'objet m'a valu de si grands et de si cha-
leureux défenseurs? Comment pourrais-je ou-
blier l'attitude de De Max et de Georges Berr?
Et comment ne saurais-je pas un éternel gré à
tous les critiques, que je ne connaissais pas,
pour avoir, par leur insistance; contraint le co-
mité à revenir sur une décision dont ils avaient
'si spontanément souligné l'injustice? Comment
n'exprimerais-je pas ma reccltlaissance infinie
au ministre qui regardait .tout cela malicieuse-
ment et d'un peu haut? En me signifiant mon
congé, on m'a donné l'occasion si rare de comp-
ter tous ses amis. Et vous voudriez me voir
aigri? Allons donc! Laissez-moi, au contraire,
remercier non seulement tous ceux qui m'ont
soutenu, mais encore, mais surtout ceux qui
ont voté mon renvoi, car sans leur décision bru-
tale, aurais-je vu si brusquement, je vous le
demande, doubler le nombre de mes amis?
« Croyez-moi, c'est avec le sourire, c'est
avec une ardeur nouvelle que ie vais endosser
les chers costumes du répertoire ! »
A. JL.
LA GREVE!
L'Opéra fera=t=il
relâche ce soir?
•
Les habitués de l'Opéra vont-ils receveur
les fâcheuses étrennes que leur ont promises
choristes, chorégraphes et musiciens?
La journéè d'hier n'a pas apporté de change-
ment dans la situation. On a fêté le Nouvel An,
et, pour un jour, semble-t-il, on oublia querelles
et menaces.
Comme nous l'annoncions hier, aucune démar-
che nouvelle n'a été tentée ; de part et d'autre
on attend. C'est ce soir que tout va se décider.
Le petit personnel se réunit à cinq heures et
demie à la Bourse du Travail. De ce meeting
va sortir Ja décision de la dernière heure, et
la soirée nous dira si c'est la guerre ou la paix.
A. R.
JEAN JiULLIEN
i
Notre collaborateur Lugné-Poe publie dans la
dernier numéro du bulletin de l'Œuvre' un frèsi
intéressant article sur Jean Jullien. Nous som
mes heureux de reproduire ces lignes, qui évo-,
quent avec une émotion discrète l'attachante'
personnalité du grand écrivain de La Poigne
et de L'Oasis.
et nous perdons Jean Jullien!.
Faudra-t-il à l'Œuvre dire ce qu'il était? -
Mais l'ami que je pleure m'est bien plus cherj
que le maître qui aimait cette petite tribuiie
où les habitués de l'Œuvre le retrouvaient à
chaque numéro. L' « ami » était sûr et con-,
fortable ; on le savait, près ou loin du moindre-
effort. toujours l'ami; il n'a jamais abandonnée
ou trompé une amitié. J
Ses conseils étaient ceux d'un maître modeste!
et affectueux il fut souvent trahi et il ne savait
pas garder rancune. »
Je lui devais les premiers bons accueils faits;
à mes essais jadis. Bien d'autres que moi se,
souviendront du petit entresol de: la rue .des|
Canettes, dans la cour à gauche, où le fondateur,
d'Art et Critique vous attendait, l'œil malicieux, ;
le geste affectueux et bon. Où sont-ils drsper-t
sés tous ceux qui débutèrent là et se rappro- ,
chèrent du sourire de notre ami si réconfort
tant aux 'heures où l'on doute., aux temps où
les jeunes étaient .timides?.
Et après Art et Critique, je le revois au Gu-
tenberg, boulevard Poissonnière, le dimanche,
entouré de ses vieux camarades du Théâtre Li-
bre ou de ceux de la presse « en avant », de-
visant, critiquant, jamais méchant. Il avait pris
le rendez-vous vers six heures le dimanche avec
tous ses fidèles, parce que le fils de la pro-,
priétaire du café, Ludovic Malquin, coxalgique
et presque impotent, lui plaisait par son esprit
et son cœur, et Jean Jullien forçait tous les ca-
marades à le retrouver là, créant à. cet apôtre
de bonté, Malquin, trop tôt disparu, un petit
cénacle d'amis qui s'enthousiasmaient du con-
tact d'hommes si simples et cependant si beaux. :
D'une.distinction supérieure, Jean Jullien n'of-
frait rien de séduisant aux esprits vulgaires,
à telle enseigne que très peu apprécièrent à
leur valeur l'aristocratie profonde de sa débon-
nare malice, de sa rusticité d'apparences: une
sorte de paysan du Danube aux discours ren-
trés. — Il ne fut jamais un humble ou un sol-
liciteur; il ne s'inscrivit jamais derrière aucune
personnalité à succès, loin de là. Il ne courtisa
jamais l'argent; il ne rechercha jamais le bail-
leur de fonds d'une comédienne pour placer ses
pièces; il ne comptait que sur sa droiture dont,
il n'estimait même pas la vertu. — Voilà quelle
fut la distinction de ce caractère.
Il y avait depuis longtemps comme une cons-
piration autour de ce qu'il écrivait ou de ce
qui sortait de son cabinet de travail de Ville1-
d'Avray. Les directeurs ne voulaient pas le
jouer; il semblait qu'il eût suffi qu'il ait rem-
porté un succès dans un théâtre classé (on ap-
pelle ainsi à Paris les lieux de spectacles ou
de plaisirs aux mains de la petite maison de
Commission-Exportation -théâtrale) pour que'
l'Affaire fût compromise ensuite. Si. le public
eût trouvé du goût à un « Oasis », par exem-
ple, que serait-il arrivé ensuite?. Comment
trouver un autre auteur de la même farine parmi
nous? - Ah! non, que crève plutôt Jean Jul-
lien ! - Ou bien, -non, comme il ne faut pas
renouveler le sort de Becque, cherchons-lui un
secrétariat, une fonction de travail et de petit
honneur'littéraire. et voilà! — et les auteurs
du jour étaient d'accord avec les directeurs du
soir. A bons chats!.
Jean Julien avait, il y a une dizaine d'an-
nées, donne avec le plus franc succès Les Plu-
mes du Geai, aux Bouffes-du-Nord. Ce fut un
sourire heureux* dans sa vie, l'apéritif d'un dî-
ner qui ne vint jamais.
La pièce n'a jamais été reprise, alors que
cant de veines médiocres de quelques soirs sont
vidées, raclées dans toutes les réouvertures par
la Gent-qui-sait-y-faire. Pas même à l'Odéon,
où il y a des sortes de lettres de change qui
sont les reprises pour les auteurs qu'on veut
ménager, pas même au Théâtre Français, ouf ! - - -
Mieux. — La pièce publiée, heureusement,
pouvait lui rapporter un peu de finances, à ce
Grand Discret; il fut, je m'en souviens, ravi
de sa traduction en Espagne, mais jamais elle-
ne fut même signalée à l'Agent franco-espagnol
au delà des mers, celui qui veille au grain, là-
bas, pour les auteurs.
Je le sais, j'en ai causé avec lui, il Ignorait
jusqu'au nom de Jean JuJlien. — Il en ignore
bien d'autres, et ee n'est pas sa faute.
Jean Jullien voyait vrai avec une réalité amère
qui lui valut ses premiers succès au Théâtre
Libre, puis au Gymnase avec La Poigne. Je
l'avais connu au Théâtre Libre, où j'avais joué
fort mal un vague homme d'affaires de village
dans Le Maître; toutefois, nous étions devenus
des amis. J'ajoute que féru de poètes à cette
époque, nous tendions avec nos camarades de
YŒuvre à nous écarter des écrivains qui se
groupaient autour de Jean Jullien ou même de
George Anoey ; — et tous deux restèrent tou-
jours les plufe bienveillants des adversaires, et
même les plus avertis. — Je pourrais citer de
plaisants gentilhommeaux du théâtre réaliste ou
rosse qui touchèrent aux plus grands succès,
aux honneurs, ramassant les miettes de Jean
Jullien ou de George Ancey, et qui se montrè-
rent toujours dédaigneux des plus belles cam-
pagnes de YŒuvre. — Aussi, lorsque Jean Jul-
lien, qui composait avec art l'ouvrage drama-
tique, me montra L'Oasis, cette admirable pièce
si différente de tout ce qu'il avait jusque là
produit, je fus fier de la lui monter de notre
mieux.
Quelle soirée fut celle de L'Oasis sur laquelle
Jean Jullien comptait: un orchestre important
mobilisé; à l'heure du lever du rideau, l'artiste
principal tombe malade et on doit supprimer
le. spectacle ! La presse fut congédiée, les amis,
etc. Et quand le protagoniste fut guéri, on ne
put plus réunir les nôtres du premier soir; la
critique se dispersa et L'Oasis n'eut jamais sa
presse. Jean Jullien ne garda même pas ran-
cune au jeune comédien qui l'avait abandonné
si aisément et qui ne voyait pas combien il avait
causé de préjudice à l'écrivain ; au contraire,
je crois me souvenir qu'il essaya de le recom-
mander à divers directeurs.
Il arrive parfois aujourd'hui si l'on indique
l'ostracisme dont semblait frappé Jean Jullien et
son théâtre, que l'on réplique: « Ne dites pas
cela ; voyez Cure! ; est-on injuste avec lui ? »
Il y aurait beaucoup à dire ; ne serait-ce que :
si l'on est juste avec Curel, doit-on être injuste
aux autres? — Et d'abord, est-on juste avec
Curel? — Je ne le vois pas ; oui, il y a
les reprises de La nouvelle Idole, etc., à la
Comédie, mais à quoi riment-elles?. à quels
motifs obéissent-elles?. ne sont-elles pas dues
[Photo Henri Manuel)
Jean JULLIEN
aux raisons qui sont complaisantes à tout' ce
qui vient de l'Académie Française, à tout ce
qui s'agite autour d'elle?.
Car il en est ainsi chez nous encore aujour-
d'hui, et si M. François ae Cure! se fût nomme
Tartempion ou jean Jullien, non seulement il
n'eût eu que beaucoup plus tard son fauteuil
chez les immortels, mais jamais il n'eût béné-
ficié de cette publicité particulière qui s'agite
jusque dans les revues dites « les plus avan-
cées », parce que chez nous, on reste féroce-
ment attaché aux « traditions » et que l'on est
persuadé que M. F. de Curel a de la « tradi-
tion » ; pour moi, j'admire sincèrement cet au-
teur, mais sa tradition ne m'émeut pas. Enfin,
je le déclare tout net, ce n'est pas à la Comé-
die — ce musée — que je voudrais voir jouer
Gurel, mais au Vaudeville, au Gymnase, dans
des théâtres où son action sur notre public se-
rait bien plus bienfaisante que toute autre.
Il y a quatre ou cinq pièces de M. F. de
Curel que je voudrais voir sur l'affiche ; on les
connaîtrait mieux, on nous connaîtrait mieux, et
dans le monde entier. — Enfin on désaxerait
l'odieuse dramaturgie que nous subissons, que
Jean Jullien a toujours combattue et qui si elle
persiste ruinera jusqu'à nos espérances.
Jean Jullien, qui avait aime de rédiger pour
nos lecteurs chaque mois un article d'ensem-
ble, écrivait en mai 1912 ceci, qui reste lu-
mineusement vrai et prophétique ; il constatait
que si la statistique prouve des recettes tou-
jours croissantes à notre société des auteurs,
la valeur de notre théâtre n'était pas en relation
directe de ce succès apparent : a Je dirai
mus, cette prospérité financière présente même
pour notre théâtre un danger, celui qui menace
toute exploitation largement rémunératrice, que
l'on ne cherche pas,à renouveler. Qu'arrivera-
t-il aux commerçants et aux industriels dans
une telle situation? Tandis qu'ils restent sta-
tionnaires, leurs concurrents progressent et fi-
nissent par les supplanter. Déjà nos productions
dramatiques sont moins, recherchées à l'étran-
ger, et ceux de nos compatriotes qui se tien-
,nent au courant vous diront qu'à l'étranger les
productions dramatiques deviennent supérieures
aux nôtres!. »
Comme il voyait juste, et quelle perte pour
notre vie nationale! — Qui parlera aujourd'hui
avec l'autorité de l'honneur d'un véritable ar-
tiste de ce qu'il exprimait-souvent, véhément
et vrai, au risque d'y perdre les ressources de
son travail?. Je regarde de tous les côtés, et.
je ne vois personne. — Le théâtre français, li-
bre, hardi, poétique ou humain n'intéresse plus
auère que des faiseurs et parfois des couturiers.
b Mon cher Jean Jullien, qui vous remplacera?
LUGNE-POE.
ÇA fi LA
Hier, à l'église Saint-Médard, a été célébré,
dans la stricte intimité familiale, le mariage
de Mlle Hélène Lecomte, fille de Mme et de
M. Georges Lecomte, président de la Société
des' Gens de Lettres, avec M. Paul Fehner,
avocat-avoué près le tribunal de Colmar. La bé-
nédiction nuptiale leur a été donnée par M. l'ab-
bé Schaeffer, curé de l'église Saint-Lambert.
* *
Le dimanche 4 janvier, à 14 h. 30, aura lieu,
au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, une
importante manifestation d'amitié latine, orga-
nisée par le « Soc ».
Première représentation de la Mort de Ver-
cingétorix, ,poème tragique de Guy-Félix Fon-
tenaille. Entrée gratuite.
AUJOURD'HUI
A rEMPÏRE-THÉATRE, 20 h. 15, première re-
présentation (reprise) de La Vivandière, musique
de Benjamin Godard.
Olt.
Il est de tradition en notre Académie Na-
tionale que Faust y clôture l'année théâtrale.
Doit-on voir là une sorte de symbole et con-
sidérer que, pareil au légendaire docteur, le
Temps va dépouiller son apparence chenue pour
apparaître aujourd'hui sous l'aspect juvénile
d'un fringant cavalier?
Le certain c'est que l'usage fut, mercredi,
respecté. Et puisque l'ouvrage de Gounod sem-
ble s'approprier les dates marquantes, rappelons
qu'il a été r&préseiMé dans un moment tragi-
que, à la veille de la déclaration de guerre, le
31 juillet 1914.
Ce 31 décembre 1919, le publie paraissait
n'avoir point de soucis en tête: il béait d'ad-
miration aux effets les moins inattendus, s'en
donnait à plaisir dès que la plus minime occa-
sion lui était offerte. Chacun d'applaudir Mlle
Visconti et M. Paul Goffin lorsque Faust ren-
contre Marguerite; puis, M. couard conquiert
tout le monde à la cause de Valentin, la pour-
suite de Siébel par Méphistopihélès s'accompa-
gne d'éclats de rire prolongés, tandis que dis-
paraît Mme Courbières fuyant devant M. Hu-
berty, bon diable; enfin, une danseuse qui perd
son jupon provoque des manifestations de joie
délirante.
Heureusement que cet infime incident se pas-
sait à la fin de l'acte, sans quoi l'excellent chef
M. RuhJmann eût, devant le tumulte hilarant,
risqué de perdre la direction de son orches-
tre.
JEAN POUEIGH.
*
Le concert de musique espagnole qui sera
donné à l'Opéra, dimanche, peur- la reconsti-
tution des Aryennes dévastées, comprendra plu-
sieurs œuvres de Granados, dont ce se.ra la
première audition, notamment des Danses pour
orchestre et le prélude de son drame Maria del
Carmen, ainsi que des morceaux du recueil
Iberia, d'Albeniz, transcrits pour orchestre par
M. E.-F. Arbos.
conslkvatoire:
Les grandes réformes.
Est-ce un prélude? Sont-ce là les grandes
réformes annoncées? Le décret et l'arrêté dont
j'ai signalé l'économie principale s'arrêteront-
ils à ce timide retapage du règlement orga-
nique'1
Précisons. Le décret du 17 décembre 1919
supprime les examens de janvier et de mai.
Il modifie la composition des comités d'examen
dorénavant constitués ainsi : les membres de
droit du Conseil supérieur de l'enseignement
(ministre, directeur des Beaux-Arts, directeur-
du Conservatoire, chef de bureau des théâtres,
M. Bourgeat, secrétaire avec voix délibéra-
tive), 4 membres du Conseil supérieur dési-
gnés par leurs collègues, membres nommés
par le ministre en nombre égal à celui des pro-
fesseurs de la spécialité exclus (au minimum
quatre), les secrétaires de l'Opéra et de l'Opé-
ra-Comique pour le chant, MM. Fabre et Ga-
vault pour la déclamation.
En somme, il n'y a rien de changé, sauf
en ceci : pour les classes ne comportant pas
de jurys d'admission, les comités sont com-
posés : des membres de droit du Conseil su-
périeur, de 4 membres de cet aréopage choisis
par leurs collègues, de six membres choisis
par le ministre.
Tout en supprimant le principe des examens,
celui de janvier est maintenu pour les classes
d'harmonie, contrepoint, composition, chant et
déclamation.
Un point, c'est tout. Chassé-croisé périodi-
que et tripatouillages anodins.
Mais à ce décret se juxtapose un arrêté de
M. Léon Bérard du 20 décembre.
Visant d'abord les classes d'harmonie, con-
trepoint, composition et fugue, il abolit qua-
tre articles de l'arrêté de 1915 et les rem-
place par celui-ci : « A l'examen de janvier,
les élèves présentent leurs travaux. Les con-
cours se font en loge en une seule séance ».
Il semble que l'enseignement ci-dessus eût
mérité quelque attention approfondie. Prenons,
par exemple, l'harmonie. Ne serait-il pas in-
téressant de créer une classe vrévaratoire à
l'usage des débutants, dont le programme com-
prendrait l'étude complète du traité? La limite
d'âge pourrait être fixée à vingt ans et la du-
rée de séjour à deux années (la limite d'en-
trée étant n:t.as actuellement à vingt-deux ans
pour les seules classes supérieures existantes)?
Ne pourrait-on créer un concours pour cette
classe préparatoire, concours de fin d'année
avec médailles et mentions?
La raison qui semble militer en faveur de
cette réforme est la suivante : les auditeurs
des classes actuelles — quand le professeur en
admet — traînent pendant des années, végè-
tent souvent, car le maître ne peut, en géné-
ral, s'occuper efficacement d'eux, à moins
qu'ils ne possèdent les moyens de se payer
des leçons particulières.
Les élèves de la classe préparatoire passe-
raient ensuite dans la supérieure avec une du-
rée maxima de trois ans.
(A suivre.) CH. TENROC.
DEMAIN
Au THÉÂTRE DE L'CEUVRE, 55, rue de Client
20 h. 30,^/reprise de Maison de Poupée, pièct
en cinq actes de Henri Ibsen.
Il est intéressant puisqu'il n'est bruit que d'en-
gagements de jeter un coup d'œil récapi-tulatit
sur les départs nombreux qui viennent assez
rapidement de réduire les cadres de la Comé-
die-Française. J
Au premier janvier 1920 la troupe, du côte
sociétaires se trouve à tort ou à raison, de gré
ou de force, par décès ou par déport privée de
Mmes Bartet, Pierson, Lara et de M. Leitner;
A ce dernier on. est, presque tenté de joindre
M. Ravet dont les services étaient précieux ei
qui correspondrait, n'aurait-ce été que physique-
ment, à uni emploi' qui se trouvera bientôt sans
tenant de bonne taille et de carrure. Parmi les
pensionnaires un certain nombre se sont discrè-
tement retirés pour des motifs divers et le ha-
sard. ou le ciel — qui ordonnent parfois fort
bien les chsoes — ont fait que ce sont en gé-
néral les moins intéressants qui sont partis..
Leur absence donc, sauf celle de M. Ravet qus
je mets tout à fait à pairt et considère presque
comme .un sociétaire, n'est donc pas à déplorer,
très fort.
Mais il en est autrement avec les quatre au-
tres noms cités ci-dessus, touis les quatre étaient
des premiers dans l'interprétation du répertoire.
Avec des qualités différentes et des succès iné-
gaux, ils étaient de ces artistes qui pirmertent
d'établir l'assiette d'une affiche et oai, pn même
temps, aident personnellement à la recette. Pouf
la plupart d'entre eux il n'existe actuellement
personne dans la troiupe, tant sociétaires que
pensionnaires, capable de prendre leur succes-
sion, de s'y affirmer rapidement et, en un mot,
de combler, avec autant sinon davantage d'é-
clat, le vide. Il s'agit toujours, j'y insiste, du
répertoire. Le cas d'espèce confirme donc au-
jourd'hui! la règle qui doit présider à tous les
engagements à la Comédie-Françffiise : aptitudes
à interpréter le répertoire, et dans le cas ac-
tuel les rôles très particuliers, de facultés assez
rares que tenaient les disparus.
Le critérium à de nouveaux engagements ne
peut donc être actuellement que ceci : auquel
des partants les candidats sont-ils capables de
succéder dans leurs rôles dit répèrtoire ? Car la
troupe tragique, tant que de nouveaux départs
qui: seront bientôt nécessaires ne se seront pas
produits, est suffisante.
Or, bien entendu*, il ne s'agit plus de fan-
taisies, de camps de sonde, d'envies, de faveurs,
d'engagements ,pour telle ou telle pièce de tel
ou ted auteur plus ou moins impérieusamenv
excité. Il s'agit de l'avenir die la Comédie-
Française, de l'interprétation die cent chefs-
d'œuvre qui représentent la mission et la for-
tune de la Maison. Il s'agit enfin de ne pas em-
bouteiller t'accession au sociétariat par des noms
énormes qui n'apportent qu'eux-mêmes, c'est-à-
dire frivolité, et ne comptaient que grâce à un
répertoire spécial. Au monuenit des sollicitations
,les plais grands devant l'arche sainte se fonl
bien petits, discrets, humbles, sans autre am-
bition que d'entrouvrir l'huas. Une fois en
place autre chanson!. L'ambition éclate, s'é-
tale, s'impose. Cette ambition peut avoir d'ex-
cellents motifs personnels: s'ils ne corrsepon-
dent pas aux besoins de ta Maison ils sont quand
même pernicieiuix.
Ils risquent surtout, par suite du petit nom-
bre die parts qui seront a distribuer fin 1920,
de découtrager plusieurs pensionnaires qui doi-
vent être falift sociétaires et qui, s'ils ont moins
d'éclat, incarnent une plus haute somme de bon
et adéquat travail. DeOà pointe le cas de M-
Desjardins. je in'iirai pas comme M. Emile Fa-
bre jusqu'à déclarer personne « indispensable )l,
mais attention! et n'oublions pas que ce cas
n'est point le seuil.
Emifln une actre ques.t:.n se pose : celle du
répertoire moâerr.rve. A propos de L'Ame -et* Fo-
lie, M. Antoine dtns un retrarquab'e fetiillotor»
de l'Information a ouvert un débat qui n'est pa9
près de finir, car M faudra peu à peu. expulse1,
toutes ces vieilleries qui, - sans avoir le mérite
d'être des pièces-types d'époque, encombrent
les soirées de la Comédie autant que l'esprit
de son public.
GABRIEL BOISSY.
★*
* *
Le service de seconde pour le Prince d'An-
rec sera reçu ce soir. *
* -k
La cinquième fournée officielle.
La cinquième tournée officielle en Belgique
rentre aujourd'hui. On a donné La Parisienne
(MM. de Féraudy, Henry Mayer, Le Roy, Mmea
Cerny et Valpreux) et Venise (MM. Le Roy,
Falconnier, Numa, Mlle Valpreux). Bruxelles,:
Liège et Gand ont réservé aux œuvres et aU"-
interprètes un accueil chaleureux.
*
* *
Petites nouvelles.
Mme Weber, qui a fait ses débuts de noU*
velle doyenne hier après-midi, dans Triomphe*.
de M. Fernand Gregh, jouera Horace ce soif.
Il est probable que M. Desjardins reviendra
sur sa décision et recevra, pour l'an prochain,
la promesse du sociétariat avec les premierSi
douzièmes disponibles.
Mlle Madeleine Rooh et M. Jean Hervé vo~
jouer Andromaque et Horace au cours d'un#
tournée de quelques jours.
M. Dehelly fera sa rentrée demain dan4
l'Epreuve et il jouera lundi Cléante de Y Avare*,
Odéon
Depuis quelques jours, Mlle Devillers iotid
dans Monsieur Dassoucy, et avec une grâce
très personnelle, le rôle de Catherine de Brie.
créé par Mlle Ponzio, actuellement souftrante..
X
OUVRES NOUVELLES DE MM. FLORENT-SCHMITT
et ROCER-DUCASSE (1)
'Après les maîtres, voici les disciples devenus
ttianres à leur tour. Dè M. Saint-Saëns à M.
Fauré, et de M: Fauré à MM, Schmitt et Roger-
Ducasse, que de chemin' parcouru ! Mais aussi,
pomme il est aisé de suivre ce chemin et de
retrouver sur ses bords les mêmes paysages
~t une flore pareille !
Et voyez se réaliser dans la tradition d'un
jneme art le miracle de ^épanouissement des
personnes ! Car nous ne savons .rien de plus
le personnel » que le style de chacun des mu-
siciens que nous venons de nommer. Nous re-
connaîtrions entre mille autres une œuvre de
JM. Schmitt ou de M. Roger-Ducasse. En pour-
rait-on dire autant de celle d'un disciple de
Debussy ?
En art, en effet, il importe surtout d'être
tin « continuateur progressif ». L'imitation est
stérile. (c Sur le Racine mort, a écrit Victor
Hugo, le Campistron pullule. » Rien n'est plus
)Irai. L'artiste créateur de styles est exception-
nel et ne sera pas nécessairement considéré
tomme plus grand que le traditionaliste. Wagner
qui n'est, au résumé, que le couronnement ma-
êniftque de ia formidable épopée musicale al-
lemande, demeure plus grand que notre De-
oussy qui, pourtant, ne devait à peu près rien
à personne, malgré ses affinités avec certains
Russes oa avec Erik Satie. En revanche,
jun Gabriel Fauré, si nouveau dansr une forme
traditionnelle, sera sans aucun doute considéré
atr l'avenir comme le musicien le plus par-
J, LU A Durand, Sditow
fait et le plus représentatif de l'école française
moderne.
Il ne faut donc point s'engouer outre me-
sure du néologisme artistique et mettre au-
dessus de tous et de tout celui qui en fut
l'ingénieux trouveur et le systématisa. Cette
tendance fâcheuse d'un public ignorant est mal-
heureusement favorisée par la véhémente partia-
lité des jeunes musiciens et critiques. « d'avant-
garde » qui, dans la sincérité intransigeant de
leurs admirations exclusives, conduisent invo-
lontairement la foule moutonnante des amateurs
au mépris aussi stupide que bêlant de nos
gloires les plus authentiques. Qu'un Georges
Auric, par exemple, ou même ce délicieux
Francis Poulenc, s'en prennent à leurs aînés et
dissèquent impitoyablement leurs œuvres, cela
est fort bien. Ils se doivent à eux-mêmes, ar-
tistes créateurs et actifs, non passifs, d'être en
perpétuelle défiance a l'égard du passé. Mais
la même attitude, de la part d'un public qui a
tout à apprendre, n'est que grotesque. Qu'un
journaliste provincial de quarante-cinquième or-
dre, qui n'ouvrit de sa vie le moindre traité
d'harmonie, traite un Saint-Saëns de « vieille
baderne », voilà qui dépasse l'imagination de
ceux-là mêmes qui, vraiment musiciens, n'ai-
ment point M. Saint-Saëns pour des raisons
musicales, qu'ils exposent par ailleurs avec tout
le respect que l'on doit à un artiste univer-
sellement admiré.
MM. Florent Schmitt et Roger-Ducasse sont
absolument dissemblables. Et pourtant, ce sont
deux disciples de Gabriel Fauré, et cela saute
aux yeux de tout musicien averti.
Aussi bien nous avons plaisir à constater
qu'Us le reconnaissent eux-mêmes. L'admira-
tion d'un Florent Schmitt pour Gabriel Fauré
n'est point douteuse. N'écrivait-il point dans le
Courrier musical ces lignes que je cite pour
l'édification de mes lecteurs qui seraient tentés
de croire que j'exagère : « M. Gabriel Fauré,
quoique le plus- grand musicien français existant,
est lui-même académicien, académicien d'extrê-
me-gauche, toutefois, et dont les préoccupations
artistiques planent si incommensurableiment 'alu-
dessus de la mêlée des épées vertes qu'on peut
dire qu'il réalise l'exception confirmant la rè-
gle. C'est le bolchevick die l'Institut. Artiste pro-
fond et raffitté, d'une pureté et d'une conscien-
ce intraitables, il n'écrivit jamais que de la
« musique », au sens le plus divin, même lors-
qu'il composa pour le théâtre, l'endroit par
définition ennemi de la musique. La belle Fan-
taisie pour piano et orchestre ne me démentira
pas. Cette œuvre est construite en un seul mou-
vement, allegro moderato, mais avec une partie
médiane plus vive et qui semblerait tenir lieu de
scherzo. iLes idées, tour à tour énergiques et
tendres, et si délicieusement » fauréennes ! ont
une noblesse, une grandeur comparables au mer-
veiNeux second quatuor. La tenue générale est
d'une remarquable aisance, l'unité la plus har-
monieuse y préside. »
Nous sommes heureux de nous rencontrer
avec M. Florent Schmitt sur le sujet de Ga-
briel Fauré, car îles lecteurs de Comœdia ont pu
H.re dans un précédent feuiLleton un jugement
analogue à celui que porte ici l'auteur de La
Tragédie de Salomé.
Oui, M. Gabriel Fauré est le « bolchevik »
de l'Institut, et sente ne s'en aperçoit pas la
masse populaire qui est foncièrement ennemie
de ta musique.
Mais si nous admettons le « bolchevisme »
musical de Gabriel Faune, nous ne trouvons pas
digne de la haute personnalité de M. Florent
Schmitt ce « bolchevisme » de la plume qui le
fait être sarcastique à l'égard de ce qu'il appelle
« nos galonnés nationaux ». L'anticléircalisme
désuet confondait jadis la religion et ses mi-
nistres. Le bolchevisme actuel consisterait-il à
confondre l'année et ses officiers? Le jeu en
serait trop aisé. Nous voulons croire que M.
Schmitt n'a commis qu'un lapsus calami.
Au surplus, voilà qui est fait pour nous ras-
surer : Nous avons sous les yeux un macnit
tique Chant de guerre pour chœur d'hommes et
ténor solo avec accompagnement d'orchestre, dé-
dié par M. Florent Schmitt « au médecin-ma-
jor Lambert 0).
C'est une des rares œuvres inspirées par la
guerre, qui demeure purement musicale. Nous
dirons plus, et ne craindrons point d'affirmer
qu'elle cause en nous une émotion sacrée ana-
logue à celle qui, se dégage du finale de la Neu-
vième symphonie. De proportions imposantes,
d'une grandie sobriété de lignes malgré de sai-
sissantes modulations, et bâtis sur deux thè-
mes nettement distincts, ce Chant de guerre
est houleux et sonnant à souhait.
Le premier thème ou dessin confié aux via-
lons en sourdines est une mouvante suite de
quartes sur lesquelles se posent aussitôt en la
bémol les mystérieuses quintes des voix humai-
nes, lointaines et fondues comme le chant d'un
peuple en marche. Dès la cinquième mesure ap-
paraît le grand thème héroïque qui rappelle un
peu le motif « populaire » de Siegfried-Idyll.
Puis le soliste (soprano ou ténor) entame son
chant épique, d'un superbe mouvement. Les
deux thèmes se répondent en un dialogue fris-
sonnant comme celui d'une armés et de son
étendard. Ils se transforment, se magnifient, mo-
dulent, se pressent, s'augmentent, s'exorbitent
enfin, dans une triomphante péroraiSon où nous
regagnons la tonalité primitive. Cela est d'une
splendeur pareille, nous le répétons, à celle
du finale de la Neuvième ou encore des Maî-
tres chanteurs. Un grand souffle passe avec les
clameurs des voix et de l'orchestre, qui vous
prend et vous secoue, tout entiers. Nous con-
fessons trouver ce Chant de guerre génial.
Le thème principal de I'oeuvre nous rappelle
encore celui d'un Hymne à IJEté, écrit dans un
radieux mi majeur par M. Florent Schmitt pour
un « orchestre vocal à trois choeurs » sur un
texte d'Armand Silvestre. Cet hymne parut en
1914, et il respire un éclatant bonheur de vi-
vre. Il est captivant de comparer les deux ins-
pirations: celle de 1914, et celle de 1915.
Les deux thèmes sont frères, le premier fleu-
ri de ces grupetti que Wagner prit à l'Italie et
à l'Espagne et « occidentalisa »-, le second ré-
duit à ses seuls éléments. Le ton de. l'hymne
lest mi majeur, celui du chant guerrier la bé-
mol. La joie etride dans l'hymne, le mysticis"
me s'épand sur le chant de guerre. Dans l'un
et l'autre, c'est la même puissance, le même
art dans les gradations. Et l'impression qui se
déprend de la lecture de ces deux œuvres sœurs
est totalement différente. Tant il est vrai que le
métier n'est qu'un « moyen » et non un « but ».
M. Florent Schmitt ajoute à l'art de Fauré
une violence tumultueuse, une âpreté, parfois
même une angoisse, qui révèlent l'origine lor-
raine de l'artiste, alors que le sourire de l'œu-
vre fauréenne décèle une origine méridionale.
Cette qualité de race qui caractérise le Psau-
me XLVI ainsi que le célèbre Quintette pour
piano et cordes qui atteint souvent au paroxys-
me de l'énervement, et surtout la Tragédie de
Salomé, plus inquiétante que celles de Strauss
et de Mariotte, nous la retrouvons à l'état pur
en ces Musiques de plein air que l'auteur a
su rendre pianistiques par une transcription à
quatre mains parue en 1914. La Procession
dans la Montagne, la Danse désuète et - Accal-
mie sont assez connues pour que nous n'ayons
pas à les analyser. Qu'il nous suffise de dire
qu'elles ne perdent rien à être ainsi transcrites
pour le clavier, ce qui prouve leur impérissable
musicalité.
En revanche, nous avouons humblement ne
guère comprendre telle mélodie nouvelle de M.
Florent Schmitt intitulée Star (op. 67, n° II),
Sur un poème de M. G. Jean Aubry dont on
peut dire qu'il est « suprasensible » la musi-
que qui doit être jouée « vive et légère » est
une véritable mosaïque d'agrégations harmoni-
ques difficultueuses et d'une interprétation pia-
nistique assez rebutante. On demeure quelque
peu ahuri devant tant de subtilité. Et c'est avec
ravissement que l'on ouvre, après ces compli-
cations inutiles, les Trois poèmes de Pétrone
de Louis Durey ou les recueils publiés de Fran-
cis Poulenc. Le style dépouillé de ces deux
jeunes mais exquis musiciens est un rafraîchis-
sement pour l'oreille que la dernière manière
de M. Florent Schmitt a comme ébouillantée.
Une réaction semble en effet se dessiner au
sein même de la Société Musicale indépendante,
contre la complexité symphonique que M. Vin-
cent d'Indy prétendait devoir être toujours plus
grande à l'inverse de l'évolution marquée dei
la musique dramatique qui s'achemine vers 101
toujours plus simple. Nous aurons t'occasion,
dans un prochain feuilleton d'aborder l'étude de1
ce mouvement singulier et séduisant dont notJS:
pouvons dire, dès maintenant, qu'il a pour chefs
Darius Milhaud, Georges Auric, Louis Durey,
Arthur Honegger, Francis Poulenc et Gennaine.
Tailleferre, sous l'égide philosophique de M-
Jean Cocteau.
La Société Musicale Indépendante dont M.'
Florent Schmitt est l'âme semble accueillir avec
sympathie les manifestations de ce « bolche"
visme » latent. Mais ses membres n'en seront'
ils pas les premières victimes? ,
Nous inclinons à le penser, en contemplant
les adorables arabesques décrites par M. RM0'-
ger Ducasse, le compagnon d'armes de j\1.
Florent Schmitt, en sa dernière œuvre pianis"
tique judicieusement intitulée Sonorités. De
même que dans le Star, de M. Florent Schmltf'
il paraît impossible de pousser plus loin que
ne le fait M. Roger Ducasse la science de
l'alchimie sonore. Dans une enivrante ton3'
lité de la bémol majeur le thème, qui n'es
au demeurant qu'une succession chromatiq1^
d'harmonies riches et pleines, chatoie soury Io
parure rutilante d' « ornements » de toi**?'
sortes et toujours renouvelées. C'est d'un rgla
nement tel que l'on se sent devenir « alur
bide ». M. Roger Ducasse a absorbé le ee:
bussysme sans qu'il y paraisse et son laflga!L
fauréen, déjà si ondoyant, s'est enrichi de Pr
ciosités, de quintessences à vous éberluer. y
Star et Sonorités marquent peut-être C èS
MM. Schmitt et Roger Ducasse un progr eS
vers l'immatériel. Mais qui va désormaiS, loc
suivre? Nous avons pleinement goûté d ftlila
part le Quintette et la Tragédie de
d'autre part le Jardin de Marguerite, la Sait y
Française, le Quatuor en sol. Mais nous fi u
effrayons devant Star et Sonorités. Ces detàtd
œuvres sont de purs joyaux d'un art que pitti
ne peut plus parfaire. Après, il n'y * * fa
rien ! Si : la Sonate pour deux Clarinette*' dl
Francis Poulenc, ou les Chandelles romatn:S? do
Georges Auric. Ceci ne tuera-t-11 pas ceta^,,
HENRI COLLBÏ-
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