Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-28
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 juin 1922 28 juin 1922
Description : 1922/06/28 (A16,N3482). 1922/06/28 (A16,N3482).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7652340d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/06/2015
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U * birmeur Liltérairf: FERNAND GREGH Rédacteur en Chef : RAYMOND CHARPENTIER
16e ANNEE - M0 -3482 - Quotidien
GEORGES CASELLA
Directeur (1020-1922)
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L'ART DE REFUSER
S^tif quelques cas exceptionnels, un au-
teur ne jouissant pas d'une notoriété bien
assise, qui dépose un manuscrit dans un
théâtre, ne montre pas un extrême empres-
sement. S'il n'est pas égaré par la pré-
somption, s'il a l'habitude dlune claire vue
des choses, il a la sensation d'être traité
comme un coupable. L'accueil qu'on lui ré-
serve est sévère et lui fait prévoir peu de
curiosité - pour son œuvre. Le cahier qui
porte l'estampille d'une agence de copie
risque fort, en effet, de s'empiler, sur un
grand nombre de ses semblables, dans une
armoire. Si cet auteur vient, après un
temps raisonnable, aux nouvelles, il se
heurte à des procédés dilatoires, qu'il re-
trouvera à chacune de ses visites. Il faudra
bien qu'il comprenne qu'il est considéré
comme un gêneur. !!.. f
C'est tellement la marche coutumière
que beaucoup d'écrivains, parmi lesquels il
en est peut-être qui sont doués pour le
théâtre, ont tenoncé à affronter ces épreu-
ves, dont ils savent l'inutilité, et laissent la
conquête de la scène à de plus habiles
qu'eux en démarches et en une stratégie
qui ne table pas tout d'abord sur le mé-
rite de la pièce. 1
Le manuscrit finit-il par être rendu,
c'est, le plus souvent, sans explications, à
moins que ce ne sort — si l'auteur est à
ce point tenace qu'il soit parvenu à aborder
un de ceux qui tenaient son sort dans leurs
"** mains — avec quelques mots ironiques, ou
bourrus..
Je n'envisage pas ici les conséquences
d'une indifférence directoriale assez géné-
rale qui dédaigne même d'avoir recours aux
stratagèmes célèbres d'un Roqueplan pour
se débarrasser de tous ceux en qui il flai-
rait des fâcheu-x : on voit que ce sont au-
jourd'hui les théâtres « à-côté », où on lit
les pièces, qui donnent les plus intéressan-
tes soirées. Je parle seulement de la dis-
parition de la courtoisie à l'égard des té-
méraires qui, croyant qu'un théâtre est fait
pour jouer des ouvrages dramatiques, y ont
porté le fruit de leurs veilles.
On fait assurément aux théâtres des en-
vois de pièces impossibles, ou même ridi-
cules, mais il en est aussi auxquelles il ne
manque que de l'expérience et dont les au-
teurs pourraient n'être pas découragés. II
y a un art perdu: l'art de refuser. Il ne
comportait pas seulement une vaine poli-
tesse, encore que cette politesse atténuât
la petite blessure d'amour-propre. Il sup-
posait un fond de bienveillance et, en tout
cas, de goût du métier qui allait jusqu'à
donner des conseils. Au demeurant, la cri-
tique de l'ouvrage présenté impliquait qu'on
çn avait au moins parcouru les feuillets.
Je m'amusais, tout à l'heure, à remuer
de vieux papiers de théâtre, que j'ai déni-
chés çà et là, épaves de la vie dramatique
qui rappellent des ambitions, des espoirs et
des déceptions. J'ai notamment sous les
yeux quelques lettres adressées à Thomas-
François Sauvage, qui fut jadis directeur
de l'Odéon, en un temps où ce théâtre était
d'une exploitation difficile. Mais Sauvage
était surtout auteur, et il fut un auteur ex-
trêmement fécond. Malgré le nombre des
pièces qu'il fit représenter, il en avait en-
core en portefeuille. Quelques-unes dataient
du temps de ses débuts. Il avait alors frap-
pé à la portè de tous les théâtres, cher-
chant sa voie en cultivant tous les genres.
Il s'en était fallu de beaucoup qu'il fût aus-
sitôt accueilli, et il avait gardé les répon-
ses négatives qu'jl avait reçues. Car, à
cette époque de la Restauration, où il ten-
tait de faire ses premières armes, les direc-
teurs répondaient, ou faisaient répondre. Et
avec quelle aménité!
Sauvage avait porté des pièces au Théâ-
tre-Louvois, au Théâtre-Favart, à l'Odéon,
à l'Ambigu. Si ces pièces n'étaient pas ad-
mises, du moins lui disait-on les raisons
pour lesquelles elles ne seraient point
jouées. Ce n'était pas un brutal renvoi,
mais une exhortation ,'tu travail et à la pa-
tience. Dans l' « art de refuser » excellait
véritablement le secrétaire de Picard, qui
dirigeait alors plusieurs scènes, un certain
Bézicourt, qui mériterait de n'être pas tout
à fait oublié pour les façons galantes dont
il usait quand il avait à envoyer une mau-
vaise nouvelle. Témoin cette lettre, par
exemple, qui accompagnait la restitution du
manuscrit du Lord impromptu-
"La comédie, Monsieur, ne trouve pas dans notre
ouvrage un fond suffisant. Elle rend justice au mé-
rite du style, mais elle ne croit pas pouvoir en
risquer la représentation. Elle n'en conserve pas
moins une opinion avantageuse de votre talent.
Croyez, Monsieur, qu'elle sera très flattée de con-
tribuer à le faire connaître et qu'elle en saisira
l'occasion avec le plus grand plaisir.
J'ai l'honneur d'être, avec la plus parfait,e con-
sidération, Monsieur, votre très humble et très
obéissant serviteur.
BEzICOURT.
Comment l'amertume éprouvée par l'au-
teur n'eût-elle pas été adoucie par des pro-
cédés d'une aussi exquise politesse à l'é-
gard d'un jeune inconnu?
Bézicourt, quand il parle au nom de
l'Opéra-Comique, n'est pas moins aimable.
Il s'agit, cette fois, du Comte de Soissons.
Il y a, dans les pièces de circonstance, un écueil
qu'on évite rarement : c'est la ressemblance avec
d'autres ouvrages. Il est, en effet, difficile d'être
neuf dans ce genre de production : l'intention est
toujours excellente et les théâtres ne demandent
qu'à seconder le zèle des auteurs, vous savez com-
bien rOpéra-Comique serait enchanté d'en saisir
une occasion favorable, mais il ne doit pas, sous
prétexte d'un aussi beau motif, adopter légèrement
les ouvrages dont l'exécution ne paraît pas rem-
plir le but que l'on doit atteindire. C'est le cas
de celui pouar lequel vous avez demandé lecture.
Cependant, la. Comédie a remarqué la manière dont
le sujet a été traité : les intentions sont claires,
le style est naturel- Elle est donc charmée de pou-
voir mêler aux regrets qu'elle présente à l'auteur
des éloges mérités et les encouragements les plus
sincères.
Bézicourt n'est-il qu'une sorte de « bé-
nisseur »? Mais, dans une autre lettre, on
le voit donner des conseils, faire la criti-
que serrée d'une scène, suggérer des mo-
difications, mettre en garde l'écrivain no-
vice contre les écueils pour une autre piè-
ce. Au demeurant, .c'est le ton général._Sau-
vage a offert *' à la Gaîté son drame Ralaël
délia Torre. La Gaîté a alors aussi son co-
mité de lecture, qui n'admet point cet ou-
vrage, Mais Sannaz, secrétaire de ce comi-
té, semble véritablement peiné d'avoir à
dire que deux boules blanches ont vaine-
ment lutté contre quatre boules noires:
« Le comité a remarqué avec satisfaction
une intrigue bien conduite et habilement
nourrie d'incidents: il aurait voulu y trouver
un égal bond d'intérêt ». Sannaz, lui aussi,
conseille à l'auteur de travailler à un autre
drame.
Mais voici qui est plus étonnant. Le pré-
somptueux Sauvage a envoyé à l'Ambigu-
Comique le plan d'une pièce. Le directeur-
propriétaire du théâtre, l'héritier des Au-
dinot, lui fait répondre sans délai par
Gauze, le secrétaire de l'administration:
Si vous vouLez prendre la peine de passer demain
à mon bureau, vous avez l'assurance, Monsieur,
de m'y trouver depuis midi jusqu'à deux heures,
et j'aurai infiniment de plaisir à vous recevoir.
.Te prévois, cependant, que je ne pourrai vous don-
ner que de faibles conseils sur l'ouvrage que vous
vous proposez de faire : il est bien difficile de
deviner, sur un simple exposé, ce que sera une
pièce. Si un peintre vous mettait dans la confi-
dence du sujet qu'il se propose de traiter, s'il
vous montrait même les couleurs qu'il doit em-
ployer. cela vous suffirait-il pour deviner si son
tableau sera d'un bel effet et si son dessin sera
correct. Il en est de même. je pense, d'un ouvrage
dramatique, c'est le développement des caractères.
c'est la coupe des scènes et la marche de l'action
qui constituent un bon ouvrage, et on ne voit rien
de tout cela dans un plan.
Mais je retirerai toujours de votre démarche
l'avantage de vous connaître particulièrement, et
je compte beaucoup sur ce plaisir.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre humble
serviteur.. -
GAUZE.
Le fond et la forme de cette lettre indi-
quent qu'elle date de longtemps. Sans qu'il
soit besoin de beaucoup d'imagination, on
peut supposer que les auteurs débutants
d'aujourd'hui ne reçoivent pas beaucoup de
réponses analogues, conçues dans cet esprit
d'intérêt et de curiosité pour des idées, et
écrites avec des ménagements laissant l'es-
poir d'une revanche. On était infiniment
poli dans les théâtres, autrefois. Cette poli-
tesse, qui savait adoucir un mécompte,
était, en fait, d'une assez sage politique.
Combien d'auteurs, aussi aimablement in-
fusés dans ces dernières années de la Res-
tauration, où nous reporte cette correspond
dance, et, par ces égards mêmes, pour leur
jeune ardeur, incités à persévérer, se firent
un nom, sous le règne suivant, et assurè-
rent la prospérité des scènes qu'ils avaient
été seulement trop pressés d'aborder!
Paul GINISTY.
L'Incident Caplet
M. André Caplet nous écrit:
Absent, je n'ai pu hier vous faire parvenir
la réponse qu'appellent les assertions contenues
dans la déclaration de M. Rouché (Comoedia,
du 24 juin). ,
Le directeur de l'Opéra s'efforce vainement
de transporter sur le terrain administratif un dé-
bat d'ordre exclusivement artistique.
Que le chef d'orchestre ait qualité pour ré-
gler tous les détails d'un ouvrage destiné à un
théâtre de musique, cela né fait de doute eue
dans l'esprit de M. Rouché. Dans celui des mu-
siciens, je pense que la question est depuis
longtemps affirmativement résolue.
Or, les musiciens, en cette affaire, sont de
mon côté. Cela me réjouit particulièrement.
Je suis également très heureux de constater
que les assertions de M. Laloy sont formelle-
ment contredites par son directeur qui souligne
très nettement les véritables raisons de mon
abstention volontaire. z
Après ces déclarations, il ne fera de doute
pour personne que ma prétendue indisposition
n'a jamais pu exister que dans l'imagination de
M. Laloy.
Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur en
chef,- l'expression de mes sentiments très dis-
tingués.
ANDRÉ CAPLET.
Fidèle à nos habitude d'impartialité, nous
avons demandé à M. Laloy, derechef mis en
cause par M. Caplet, s'il avait quelques obser-
vations à faire au sujet de cette lettre.
Quelles sont, nous a-t-il dit, les « véritables »
raisons d'un homme qui le jeudi soir ne m'en
indiquait aucune, le lendemain à deux heures,
me téléphonait qu'il était malade; le même jour,
écrivait à M. Rouché que la mise en scène lui
paraissait en décomposition, et quelques jours
plus tard, venait parier ici de, l'exécution du
dernier choeur, et de l'harmonium de l'Opéra?
Que le public soit juge entre nous.
L'incident est clos. -
Je me contenterait d'en dégager les conclu-
sions, que voici:
C'est mal servir la musique de Debussy,
c'est la desservir que de lui faire la réputation
d",un arcane réservé à de rares initiés. Réputa-
tion parfaitement imméritée d'ailleurs: on le
saura désormais.
Les six représentations du Martyre du- Saint-
Sébastien à l'Opéra ont tiré de l'oubli une œu-
vre dont l'exécution, lors de sa création en
1911, n'avait guère permis, malgré les efforts
du jeune musicien qui avait alors accepté de
diriger l'orchestre, d'apprécier la valeur ni la
partie. Elles l'ont imposée à l'attention; eIJes
font mise à l'ordre du jour;' elles l'ont réhabi-
lité. Leur succès doit réjouir tous les musiciens.
cle quelque « côté » qu'ils soient en cette affai-
re et en admettant qu'ils y tiert pris parti.
Échos
28 Juin 1889. — A Auteuil, inauguration de la
Maison de Retraite Rossini.
I
n memoriam.
Comme complément au mélancolique
article qui nous fut inspiré hier par la vente
de la maison de Rostand, à Cambo, rappe-
lons ici ces quelques vers de notre con-
frère Auguste Villeroy, vers publiés dans
le Figaro en décembre 1918 et dédiés au
grand disparu:
.Les bassins d'Arnaga, clairs dans ton oasis,
Ne verront plus ton front s'incliner vers leur vas-
[que ;
Ton ombre seule, avec les arômes des l,.q
Emplira désormais la grande maison basque.
La bise aujourd'hui pleure et courbe les cyprès
Et le passant, tendant une oreille inquiète,
Ecoute, par la voix grave de ses forêts,
La montagne gémir sur la mort du Poète. )
Hélas! Après la mort du poète, la mort
de sa maison. Quels visages les - bassins
d'Arnaga verront-ils s'incliner vers eux dé-
sormais ?
c
haliapine dans l'opérette.
1 En voilà du nouveau.
L'illustre créateur de Boris Goddunow,
de Méphistophélès et de tant d'autres rôles
inoubliable, va débuter dans l'opérette. Il va
jouer le rôle de Gaspard, des Cloches de
Corneville, au théâtre. Bausch de Moscou.
Voilà une soirée qui ne manquera pas
d'intérêt -
p
udeur américaine. s
Pendant son séjour en Amérique,
M. Maurice Donnay soutenait, dans un sa-
lon, qu'une pièce n'est pas forcément im-
morale parce qu'elle met en scène l'éternel
trio: le mari, la femme et l'amant; ce thè-
me, disait-il, permet l'étude des conflits psy-
chologiques. les plus curieux
Alors une dame, scandalisée, cria bien
haut qu'elle était allée au théâtre à Paris
et qu'elle savait à quoi s'en tenir.
— Voyons, dit l'éminent académicien.
qu'avez-vous vu jQuer?
- Une seule pièce, et cela m'a suffit.
— Aimer, de Géraldy?
-. Nûn. Ta Bouche 1
f M.. Maurice Donnay sourit et abandonna
la controverse.
-- * LE LA TIN "OMNIBUS"
M. Léon Daudet le demande ¡
à la tribune de la Chambre
M. Léon DAUDET
C'est en lstim que
M. Léon Daudet, hier
matin, à la Chambre, a *
commencé son dis-
cours sur la réforme de,
l'Enseignement : « Bé-
rardus nobis hœc oira
fécit. », a-t-il dit, et'
l'assemblée, à ces
mots que les uns com-
prirent, et que Jes au-
tres feignirent de com-
prendre, se livra à une
longue hilarité.
Mais M. Léon Dau-
det nlinsista pas, et il
poursuivit sa harangue en français, exposant que
la question des humanités dépasse la politique,
car c'est une question nationale.
DES HUMANITES NECESSAIRES
Rien, en effet, ne peut remplacer la culture
générale par les humanités, mads lesquelles ?
Les humanités françaises? Certes, l'humanisme
français compte quelques-uns des plus grands
noms de notre littérature : Villon, Ronsard,
Montaigne, Rabelais, mais M. Léon Daudet est
d'avis qu'onne sauirait lire Montaigne ni Rabe-
lais. sans connaître le latin et un peu de grec.
J'avais sept ans; dit-il, pour étayer sa thèse,
quand mon père, imitant celui de Montaigne, me :
mit à l'étude du latin et du grec. Chaque soir, il
me faisait lire du Montaigne. J'en passais les pas-,
sages grecs ou latin, trop difficiles pour moi. MaiS, ,
plus tard, j'ai vu que ces citations font corps avec
la trame.
La Rabelais a un vocabulaire d'une richesse merveil-
leuse. 11 emploie tout à tour, des mots gascons,
tourangeaux, provençaux, presque felibréens, mê-
me, ainsi que des mots latins et grei. sortis tout
chauds de la Renaissance. -
Aussi est-il impossible d'instituer jin enseigne-
ment des humanités françaises, sans enseignement
préalable dUI latin et du grec.
Et alors, esquissant un programme de pure
pédagogie, M. Léon Daudet exprime cette opi-
nion que de neu.f à vingt ans, la culture des
lettres anciennes est rindispensable pour former
le jugement, et c'est de neuf à vingt ans que le
jugement doit être formé.
Aussi bien devons nous avoir une idée géné-
rale des racines et de la puissance étymologi-
que des mots que nous prononçons.
Matis à qui donner cet enseignement? M.
Léon Daudet pense qu'il serait utilement dis-
pensé à tous les enfants de France, utile qu'il
serait pour la préparation à toutes les carrières,,
si modestes soient-elles, et il- ajoute : « Il n'y a.
du reste, pas de carrières modestes ».
LES LETTRES ET LES SCIENCES
On a métonnu cette vérité, on a subordonné
'les humanités aux études naturelles; ce fut une
erreur; on le reconnaît; c'est fort heureux.
Et M. Léon Daudet, faisant alors le procès
du système d'enseignement adopté à la fin du
XIXe siècle, montre que le thème latin a une
vertu éducative bien plus grande que la version;
car le thème oblige à un effort intellectuel, et
l'enfant ne forme son jugement qu'au prix d'un
effort intellectuel, n'éprouve un - plaisir que
quand il a falit cet effort.
LES DEUX LANGAGES DE FRANCE
Et maintenant, l'orateur se demande si l'étude
des langues vlivantes peut remplacer l'huma-
nisme; il estime que non : en dehors de la lan-
gue française, dit-il, aucune langue vivante ne
donne de modèles échappant à toute discussion.
Et à Côté de la langue française officielle, il y
a la langue d'oc, celle des troubadours, celle
des félibres.
— Mistral, s'écrie M. Herriot, est un autre
Virgile.
M. Léon Daudet riposte :
— Et Aubanel est un autre Catulle.
M. Georges Leygues, qui est de i'Agenaîs,
intervient :
- N'oublions pas Jasmin, dit-il.
Et M. Xavier Villat, qui est de l'Ardèche, -se
met à vanter Roumain lie, qui était du Comtat-
Venaissin. •
'Et M. Léon Daudet se félicite de l'écho fa-
vorable que rencontre un éloge de la langue
d'oc, et le voici qui cite du Mistral, dans son
texte, et qu'il fait applaudir le doux langage de
l'auteur de Mireille.
LA PHILOSOPHIE ALLEMANDE
Mais passant aussitôt après à de plus graves
Sujets, l'orateur fait une critique serrée de la
philosophie allemande, et en particulier de celle
de Kant; c'est cette philosophie^ dit-il, qu'on en-
seigne aujourd'hui, sous le nom de philosophie
laïque; comme on peut le penser, M. Daudet
rencontre en MM. Edouard Herriot et Ferdi-
nand Buisson, d'âpres contradicteurs, mais il
leur répond avec une bonhomie souriante, par
des citations d'auteurs qui vont de Platon à Vic-
tor Hugo, par des paroles de Renan et des con-
versations de Challemel-Lacour ; bref, il tire
devant eux -un véritable feu d'artifice d'éloquen-
ce et de savoir, et c'est tout à fait éblouissant.
LE LATIN A L'ECOLE PRIMAIRE
Mais il en revient au sujet essentiel du dé-
but :
La question de l'enseignement, dit-il, est une
question primordiale. Je suis tout à fait de en
avis qu'après une guerre comme celle-ci. il im-
porte au plus haut point d'utiliser toutes les ai
cliesses de la nation.
J'ai entende dire ici — et je l'apprfu* enlise-
ment — que la jeunesse tout entière a droit à
l'enseignement intégral. Instituteurs, comme pro-
fesseurs de Sorbonne, sent tous des prospecteurs
qui vont a la .recherche des gisements, et daii,
toutes les classes, il y a des gisements. Il y a de
l'or dans les enfants du peuple. Cet or, 11 faut le
ramener à la sus face
Dans toutes les classes, il y a des gens mallieu-
reiisement qui, ne comprennent pas quel sacer-
doce est l'enseignement. L'enseignement, c'est tout
dans un pays.
Je considère que les humanités sont indispensa-
bles, et alors, je vais au bout de mon rouleau :
il faut mettre l?s humanités à 1 école primaire.
C'est insensé ? Non.
'Il est tout à fait possible, en instituant une an-
née de latin dans les écoles primaires, de faciliter
ftUX enfants du peuple l'acd'S de l'enseignement se-
condaire. On objectera peut-être la question dar-
dent. La question d'argent, je m'en moque. Elle
ll't.'xiste pas. La misère d'un pays c'est de n'avoir
par des intelligences pour le guider. L'enseigne-
ment, c'est le pain.
Qu'on fasse donc une année de latin dans les
écoles primaires. Où l'instituteur connaît le latin,
il l'enseignera. Où l'instituteur ignore le latin, eh
bien ! qu'on fasse appel an curé. L'union sacrée
doit commence'r là, dans l'enseignement. Dans
chaque village, il y a un curé et un instituteur.
-Ces gens-là se battent. C'est idiot. Qu'il y ait ail-
leurs une droite, un centre, une gauche pour se
porter des coups mutuels, soit ; mais nous suffi-
sons ici à la besogne.
| L'INSTITUTEUR ET LE CURE
On s'étonne, à gauche et à l'extrême-gauche,
mais M. Léon Daudet est lancé, il poursuit :
J'ajoute, à ce proposât dans le même ordre
d'idées, qu'il est insensé d'avoir exilé les congre-
ganistes !
Si vous ne faites pas ce que je viens de dire.
les enfants du peuple ne sauront pas les humani-
tés ; vous laisserez ainsi debout une barrière
que je trouve odieuse, et vous continuerez à faire
-subir à ce pays une perte de substance effroyable,
car, dans le peuple, il y a des Charcot, des Clau-
de Bernard, des Pasteur. Il faut faire sortir ces
richesses. -
L'instrument d'extraction, ce sont les humani-
tés. Faites donc taire au moins un an d'humanités
dans les écoles primaires. En voyez dans ces écoles
comme inspecteurs des professeurs de l'université.
Il faut que les premières télés du pays s'appli-
quent à cette extraction des richesses que recèle
le peuple, auquel je m'intéresse autant que vous.
Et le député de Paris conclut en ces termes:
Je voudrais que, clercs et laïcs, la main dans la
main; concourent ainsi à l'enseignement de l'en-
fant. Je les y convie. Tous en avant, pour le
latin !
M. Léon Daudet fut unanimement applaudi.
Avant lui, M. de Baudry d'Asson avait demandé
due fut rendu aux congréganistes le droit d'en-
'seignec.
Fernand HAUSER.
SUR LA PISTE M SAULE
M. Molier va présenter
son 42e Spectacle
Ce soir, peur la 426 fois, M. Molier, élégant
et distingué, le buste renversé en arrière, va
faire son apparition à Icheval, dans son cirque
Une scène comique
de la rue BénouviUe, et le huut-reflets à la main,'
saluera les assistants d un large geste.. *
Pour accueillir ce grand sportman, Tout-Paris
se pressera sur les gradins où le précédèrent
l'élite- de la Finance, des Lettres, du Théâtre
et des Arts. - -
La représentation du Cirque Moliier est au-
jourd'hui 'I.::fi.e tradition. Longtemps à l'avance,
tous ceux qui peuvent prétendre à l'épithète de
« mondains », inscrivent la date sur leur « bloc-
notes », et au début ds la belle saison, on ne
doit pas quitter la capitale avant d'avoir assisté
à la soirée de M. Molier.
Comme les années précédentes, les amateurs
de sport ont travaillé sur la piste de sable, tan-
dis que le patron, qctiif et empressé, s'est effor-
cé de composer un programme digne de la cé-
lèbre réputation de son cirque.
Les programmes élaborés avec soin doivent
réserver des surprises. et quelles surprises!.
M. Molier tient toujours à conserver dans ses
spectacles tous les numéros quii ont assuré le
succès des grandes soirées de cirque, chevaux
habilement dressés, écuyères en voltiges, gym-
nasiarques et hercules en maillots, clowns spi-
rituels et humoristes. Nous reverrons donc,
groupés autour de M. Molier ses fidèles amis qui
lui apportent toujours un concours précieux et
lui permettent d'établir de beaux programmes.
Ses collaborateurs seront nombreux :
Il y aura d'abord Mme Blanche Allarty-Mo.
lier, amazone gracieuse, et dont les exercices ôe
haute-école plonge-.t dans le ravissement tous
les spectateurs. On attend toujours impatiem-
ment la jeune Lysiane pour qui la gymnastique
et l'assoupissement n'ont plus de secret. La
partie comique est toujours réservée à M. Jeaa
Hallaure et à ses camarades MM. de Charleval
et Haguenaut de Maistre.
Citer d'autres noms. Mais nous avons pro-
mis au patron d'être discret et de r es pet ter]'in-
cognito de quelques personnalités mondaines
qui prouveront qu'aujourd'hui pas pius qu'hltr
Je Français ne dédaigne le cheval et les exerci-
ces physiques.
M. Moltier sera une fois de plus fidèle à la
devise « Sport et Théâtre », et ceux qui seront
conviés ce soir en l'hôtel de la rue Bénouville
s'apercevront que le programme de 1922 tien-
dra une place d'honneur dans te palmures des
fameuses soirées du cirque.
Nous avons vu au travail le patron aidé de
M. Danset, son administrateur; M. W. La Fon-
ta, son dévoué secrétaire général; M. Charley
B< urgeise, son maître de manège, et d'autre
an.is très zélés.• ci-- un xact et sefupu-
Un poney bu. ,
leux dans la tâche qui lui est confiée. Chacun
sait qu'il contribue à maintenir une grande re-
nommée, et Paris remerciera tme fois de plus
M. Molier d'avoir monté un spectacle qui comp-
tera parmi les plus ibelles fêtes de la Capitale..
J. DEUNI
c
ontraste.
Le Bal de l'Opéra, où se pressaient,
en effet, les Mille Beautés (dF annoncées a
l'extérieur », comportait dans la suite du
Doge, quelques figurants — bénévoles, il
va de soi —- appartenant au Cercle des Es-
choliers. Habillés avec les costumes de Ro-
méo, ils étaient affublés de toquets de ve-
lours, dalmatiques, pourpoint et maillots
collants: leur élégance naturelle achevait de
donner à cet équipement un fort suffisant
cachet vénitien.
Donc, le cortège réuni dans la rotonde
des abonnés se met en route au signal fixé,
monte le grand escalier : en tête, vêtues des
robes à panier, de la Dernière Nuit de Don
Juan, passent nos plus belles artistes qui
sont accueillies par des murmures flatteurs.
Mais, suivent, peu après, les seigneurs vé-
nitiens « sus-mentionnés », les trois pre-
miers — qui sont, dans la vie, gens de robe
— portant binocle et bedonnant quelque
peu : on sourit déjà sur leur passage quand
une exclamation s'élève de la foule: « Qu'ils
sont laids! »
Les trois seigneurs, vexés, se consultent:
- Je crois que nous ferions mieux de met-
tre nos loups, fit l'un d'eux. <
p
ompes funèbres.
Notre excellent confrère le Gahlois,
bien placé pour être renseigne — confirme
notre écho Sur les tentures noires du Bal
de l'Opéra, mais il donne une précision
amusante en ajoutant que « l'organisate f»
du Bal réclama aussitôt, comme commission,
dix pour cent de réduction sur ses frais fu-
néraires — à prendre bien entendu le plus
tard possible 1
L
e mot propre.
Notre ami Fracasse, rappelant dans
l'Echo de Paris combien sonne mal aux
oreilles cette phrase habituellement en fin
de spectacle, aux repentions générales :
« La pièce que nous avons répétée géné-
ralement devant vous, etc. »
signale judicieusement la formule heureuse
qui vient d'être lancée à la générale récente
d'un cabaret montmartrois. C'est: « La
pièce qui vient d'être répétée pour la der-
nière iois devant vous, etc. »
La répétition générale n'est-elle pas, en
effet, la dernière répétition?
T
ravail en série.
Des romans étrangers .paraissent as-
sez fréquemment en feuilletons dans la
presse parisienne,
En voici un, en ce moment, qui se pas-
se à Londres; le nom de l'auteur est in-
diqué en tête; à la fin on signale que la
traduction est de « A. and C°. »
Voici de bonne industrialisation. Ce mon-
sieur A. joûe-t-il dans la raison sociale le
le rôle de Chatrian, cependant que and Co
serait l'Eickmann? M. Augustin et Mme
Hèririette Hanion, traducteurs de Bernard
• Shaw apparaissent en'nom, en double nom :
c'est moins usinier.
s
ouvenirs.
André Dubosc — entre une répéti-
tion de la Petite Chocolatière et le film
l'Idée de Françoise (toujours de Paul Ga-
vault) égrène des souvenirs. A foulouse,
ij était venu naguère avec Paul Mounet
jouer Henri 111 et sa Cour. Cour où, paraît-
iL le noble sport du bilboquet était fort en
faveur. Par un heureux hasard, André Du-
bosc et son frère Gaston avaient acquis
dans la pratique de ce jeu d'adresse une
belle habileté: aussi quand après avoir
volontairement raté plusieurs coups, l'ex-
cellent artiste, face au public, réussit une
belle série, ce fut du délire. La salle comp-
tait les coups à haute voix et applaudissait
à tout rompre!
— Jamais, nous déclara .André Dubosc
-— qui exagère par modestie — je n'ai eu
autant de succès dans ma carrièrei
L
e petit jeu de l' « anagramme ».,-
Il est en ce moment un petit jeu fort
à la mode. En faisant l' « anagramme »,
c'est-à-dire en déplaçant d'une certaine fa-
çon les lettres formant les noms de person-
nalités théâtrales, on obtient de curieux
résultats. -
Ainsi, le nom de Vera Sergine, l'inéga-
lable interprète de La4 Femme Masquée,
donne, en changeant toutes les lettres de
place: « Grave Sirène » et en isolant les
initiatles: « V. S, Génie rare ».
« Génie rare », c'est incontestable, mais
« Grave Sirène » ?.
A qui le tour d'être .« anagrammé »!
Le Masque de Verrc.'
LA MAISON DU POETE
- E.
Arnaga
C'était hier' qu'avait lieu, à la Chambre des
Notaires, la vente du domaine d'Arnaga. Sur la
liste des ventes, la propriété d'Edmand Rostand
portait le n° 32.
Dès une heure et demie, la salle était comble ;
des professionnels seulement; aucun visage de
connaissance.
Les notaires se succèdent sur l'estrade et
procèdent à l'adjudication d'immeubles. Sur le
tapis vert de la table, brille un flambeau à deux
branches ; un fonctionnaire à cravate blanche
rallume inlassablement des bougies. Dernier
feu!. - Eteint. Les greffier, penchés sur leurs
minutes, écrivent avec application.
Des gens d'affaires vont et viennent; on le-
connaît parmi eux les vieux notaires à leur
face rase, ou à leurs favoris à la Paul de
Kock.
Enfin Me Josset apparaît. Il va mettre en
vente Arnaga, sur la somme d'un million 500
mille francs. Un clerc répète l'annonce.
• Et l'on attend les enchères, curieusement et
avec une pointe d'émotion.
Mais d'enchères point.
— C'est trop cher, dit à voix basse uo jeune
clerc qui est connaisseur.'
Des fenêtres, on peut apercevoir. le théâtre
Sarah-Bernhardt, qui s'élève de l'autre côté de
la place.
La vente est remise à une date prochaine.
M. B.
Les Concours du Conservatoire
CONCOURS DE PIANO (FEMMES)
Le piano ! Le concours de piano est le plus
inhibitif des monotonies et des fignolages auto-
matiques. Au surplus, l'instrument préféré du
Trésor public pour les recettes discutées qu'il
tire de sa queue. Tous les concurrents plus
ou moins éleuthérodactyles escomptent des-
carrières de virtuose. Si l'enseignement a élevé
le mécanisme digital à un niveau surprenant,
il n'apparaît pas encore qu'il ait tracé la même
étare aux personnalités, aux indépendances ori-
ginales qui constituent la vertu des interprètes.
La correction disciplinée est le plus souvent
exclusive de la compréhension, de la pensée,
de la pénétration du style.
Quoi qu'il en soit, notre école s'atteste bril-
lante, portant, comme disait Paderewski, « les
traits de sa race » — le goût, la séduction, la
vie. Il lui resterait de s'efforcer vers plus d'ab-
négation de la technique au profit du respect
de la pensée créatrice, et d'asservir ses doigts
et son outil au service de la musique.
Classes de Mme Long, de MM. Cortot, Phi-
lippe, Staub, Riéra. Morceau de concours : pre-
mier. mouvement du 2° Concerto m. sol mirieuji
(opus. 22), de Saint-Saëns. wa,
Mile Gilly Ocr accessit en 1921); blanche
ceinture mauve ; très belle technique, du style,
sensibilité qui se devine plus qu'elle ne s'ex-
tériorise. « !
Mlle Mmana, effleure son piano, l'émotion
d'un début lui enlevant du poids et de l'acti.on,
pétrit les notes chantantes et exagère le rubato
qui ne convient pas dans le récit initial.
Miel Lheureux, couleur ^espérance, du son,
'- (Photo Cornœdia.)
Mlle BERTHELIER
joue toujours sur le même plan, tierces faibles,
ppignets raides.
Mlle Balestra, assez belles qualités de son
dans la forée, manque de calme au début tout
en restant en possession deilt-méme, , chante
(Photo Cornœdia.) -,
Mlle CHAVELSON
avec simplicité, main gauche d'une sonore in-
suffisante ; jeu encore école.
Ici, une observation générale. Presque toutes
les élèves équilibrent mal les sonorités de l'une
et l'autre main dont le dosage constitue 18
perspective des plans. ,
Mlle Heuclin (1er accessit en 1920), écraser
ou rate ses attaques //; jolies intentions d-ans te
chant; tierces et mécaniques faibles.
Encore une observation générale. -Presque
toutes ne savent pas varier les registres, bous-
culent, ne respirent pas et donnent des iBter-
prétations serinées, plates et monotones.
Mlle Bterthelier (2e prix en 1921) ; nature mu.-
sicale héréditaire, du style, de. la simplicité
dans la ligne générale, pondérée, du mrme
sans excès de couleur, sonorité souple et fon-
de, sans dureté; mérite une première récom-
pense. ,
Mlle Trjehblay, jeu gris comme sa robe;
excellente musicienne qui a remporté, je crois,
un premier prix d'harmonie; octaves corrects.
Ici le piano manifeste une certaine fatiguo
en se désaccordant. Il poursuivra ainsi sa' jour-
née de huit heures.
Mlle Guille; son souci est de ne pas perdre
du temps; du velouté et de la solidité.
MUe Montazaud-Carambert, précieuse en sa
jupe rose. Main gauche travaillée - c'est par-
fait, mais le public ne devrait pas s'en aper-
cevoir; s'escrime âprement sur les tierce et
les octaves dont la difficulté nous appar. ain-
si qu'une obsession. -*
Mlle Plfch&n, chevelure rouge s'harmomsant
avec le vert passé de la robe; intelligentes in-
tentions ; sauf un léger accroc, les tierces sor-
tiraient parfaites; sonorité limpide, du goût.
Mlle Lesoux, mince comme une crevette dont
elle p'orte la couleur; plus de force que l'aspect
ne laisserait supposer; joli son, bon phrasé,
musicienne d'avenir.
'Mlle Aiteff, ni plus ni moins de corop ^'iett»
sion que ses camarades; notes travailles. 1^-
U * birmeur Liltérairf: FERNAND GREGH Rédacteur en Chef : RAYMOND CHARPENTIER
16e ANNEE - M0 -3482 - Quotidien
GEORGES CASELLA
Directeur (1020-1922)
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'Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARI3
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COMŒDtA PLHUCtTË - Téléphone : C«t. 41-51
L'ART DE REFUSER
S^tif quelques cas exceptionnels, un au-
teur ne jouissant pas d'une notoriété bien
assise, qui dépose un manuscrit dans un
théâtre, ne montre pas un extrême empres-
sement. S'il n'est pas égaré par la pré-
somption, s'il a l'habitude dlune claire vue
des choses, il a la sensation d'être traité
comme un coupable. L'accueil qu'on lui ré-
serve est sévère et lui fait prévoir peu de
curiosité - pour son œuvre. Le cahier qui
porte l'estampille d'une agence de copie
risque fort, en effet, de s'empiler, sur un
grand nombre de ses semblables, dans une
armoire. Si cet auteur vient, après un
temps raisonnable, aux nouvelles, il se
heurte à des procédés dilatoires, qu'il re-
trouvera à chacune de ses visites. Il faudra
bien qu'il comprenne qu'il est considéré
comme un gêneur. !!.. f
C'est tellement la marche coutumière
que beaucoup d'écrivains, parmi lesquels il
en est peut-être qui sont doués pour le
théâtre, ont tenoncé à affronter ces épreu-
ves, dont ils savent l'inutilité, et laissent la
conquête de la scène à de plus habiles
qu'eux en démarches et en une stratégie
qui ne table pas tout d'abord sur le mé-
rite de la pièce. 1
Le manuscrit finit-il par être rendu,
c'est, le plus souvent, sans explications, à
moins que ce ne sort — si l'auteur est à
ce point tenace qu'il soit parvenu à aborder
un de ceux qui tenaient son sort dans leurs
"** mains — avec quelques mots ironiques, ou
bourrus..
Je n'envisage pas ici les conséquences
d'une indifférence directoriale assez géné-
rale qui dédaigne même d'avoir recours aux
stratagèmes célèbres d'un Roqueplan pour
se débarrasser de tous ceux en qui il flai-
rait des fâcheu-x : on voit que ce sont au-
jourd'hui les théâtres « à-côté », où on lit
les pièces, qui donnent les plus intéressan-
tes soirées. Je parle seulement de la dis-
parition de la courtoisie à l'égard des té-
méraires qui, croyant qu'un théâtre est fait
pour jouer des ouvrages dramatiques, y ont
porté le fruit de leurs veilles.
On fait assurément aux théâtres des en-
vois de pièces impossibles, ou même ridi-
cules, mais il en est aussi auxquelles il ne
manque que de l'expérience et dont les au-
teurs pourraient n'être pas découragés. II
y a un art perdu: l'art de refuser. Il ne
comportait pas seulement une vaine poli-
tesse, encore que cette politesse atténuât
la petite blessure d'amour-propre. Il sup-
posait un fond de bienveillance et, en tout
cas, de goût du métier qui allait jusqu'à
donner des conseils. Au demeurant, la cri-
tique de l'ouvrage présenté impliquait qu'on
çn avait au moins parcouru les feuillets.
Je m'amusais, tout à l'heure, à remuer
de vieux papiers de théâtre, que j'ai déni-
chés çà et là, épaves de la vie dramatique
qui rappellent des ambitions, des espoirs et
des déceptions. J'ai notamment sous les
yeux quelques lettres adressées à Thomas-
François Sauvage, qui fut jadis directeur
de l'Odéon, en un temps où ce théâtre était
d'une exploitation difficile. Mais Sauvage
était surtout auteur, et il fut un auteur ex-
trêmement fécond. Malgré le nombre des
pièces qu'il fit représenter, il en avait en-
core en portefeuille. Quelques-unes dataient
du temps de ses débuts. Il avait alors frap-
pé à la portè de tous les théâtres, cher-
chant sa voie en cultivant tous les genres.
Il s'en était fallu de beaucoup qu'il fût aus-
sitôt accueilli, et il avait gardé les répon-
ses négatives qu'jl avait reçues. Car, à
cette époque de la Restauration, où il ten-
tait de faire ses premières armes, les direc-
teurs répondaient, ou faisaient répondre. Et
avec quelle aménité!
Sauvage avait porté des pièces au Théâ-
tre-Louvois, au Théâtre-Favart, à l'Odéon,
à l'Ambigu. Si ces pièces n'étaient pas ad-
mises, du moins lui disait-on les raisons
pour lesquelles elles ne seraient point
jouées. Ce n'était pas un brutal renvoi,
mais une exhortation ,'tu travail et à la pa-
tience. Dans l' « art de refuser » excellait
véritablement le secrétaire de Picard, qui
dirigeait alors plusieurs scènes, un certain
Bézicourt, qui mériterait de n'être pas tout
à fait oublié pour les façons galantes dont
il usait quand il avait à envoyer une mau-
vaise nouvelle. Témoin cette lettre, par
exemple, qui accompagnait la restitution du
manuscrit du Lord impromptu-
"La comédie, Monsieur, ne trouve pas dans notre
ouvrage un fond suffisant. Elle rend justice au mé-
rite du style, mais elle ne croit pas pouvoir en
risquer la représentation. Elle n'en conserve pas
moins une opinion avantageuse de votre talent.
Croyez, Monsieur, qu'elle sera très flattée de con-
tribuer à le faire connaître et qu'elle en saisira
l'occasion avec le plus grand plaisir.
J'ai l'honneur d'être, avec la plus parfait,e con-
sidération, Monsieur, votre très humble et très
obéissant serviteur.
BEzICOURT.
Comment l'amertume éprouvée par l'au-
teur n'eût-elle pas été adoucie par des pro-
cédés d'une aussi exquise politesse à l'é-
gard d'un jeune inconnu?
Bézicourt, quand il parle au nom de
l'Opéra-Comique, n'est pas moins aimable.
Il s'agit, cette fois, du Comte de Soissons.
Il y a, dans les pièces de circonstance, un écueil
qu'on évite rarement : c'est la ressemblance avec
d'autres ouvrages. Il est, en effet, difficile d'être
neuf dans ce genre de production : l'intention est
toujours excellente et les théâtres ne demandent
qu'à seconder le zèle des auteurs, vous savez com-
bien rOpéra-Comique serait enchanté d'en saisir
une occasion favorable, mais il ne doit pas, sous
prétexte d'un aussi beau motif, adopter légèrement
les ouvrages dont l'exécution ne paraît pas rem-
plir le but que l'on doit atteindire. C'est le cas
de celui pouar lequel vous avez demandé lecture.
Cependant, la. Comédie a remarqué la manière dont
le sujet a été traité : les intentions sont claires,
le style est naturel- Elle est donc charmée de pou-
voir mêler aux regrets qu'elle présente à l'auteur
des éloges mérités et les encouragements les plus
sincères.
Bézicourt n'est-il qu'une sorte de « bé-
nisseur »? Mais, dans une autre lettre, on
le voit donner des conseils, faire la criti-
que serrée d'une scène, suggérer des mo-
difications, mettre en garde l'écrivain no-
vice contre les écueils pour une autre piè-
ce. Au demeurant, .c'est le ton général._Sau-
vage a offert *' à la Gaîté son drame Ralaël
délia Torre. La Gaîté a alors aussi son co-
mité de lecture, qui n'admet point cet ou-
vrage, Mais Sannaz, secrétaire de ce comi-
té, semble véritablement peiné d'avoir à
dire que deux boules blanches ont vaine-
ment lutté contre quatre boules noires:
« Le comité a remarqué avec satisfaction
une intrigue bien conduite et habilement
nourrie d'incidents: il aurait voulu y trouver
un égal bond d'intérêt ». Sannaz, lui aussi,
conseille à l'auteur de travailler à un autre
drame.
Mais voici qui est plus étonnant. Le pré-
somptueux Sauvage a envoyé à l'Ambigu-
Comique le plan d'une pièce. Le directeur-
propriétaire du théâtre, l'héritier des Au-
dinot, lui fait répondre sans délai par
Gauze, le secrétaire de l'administration:
Si vous vouLez prendre la peine de passer demain
à mon bureau, vous avez l'assurance, Monsieur,
de m'y trouver depuis midi jusqu'à deux heures,
et j'aurai infiniment de plaisir à vous recevoir.
.Te prévois, cependant, que je ne pourrai vous don-
ner que de faibles conseils sur l'ouvrage que vous
vous proposez de faire : il est bien difficile de
deviner, sur un simple exposé, ce que sera une
pièce. Si un peintre vous mettait dans la confi-
dence du sujet qu'il se propose de traiter, s'il
vous montrait même les couleurs qu'il doit em-
ployer. cela vous suffirait-il pour deviner si son
tableau sera d'un bel effet et si son dessin sera
correct. Il en est de même. je pense, d'un ouvrage
dramatique, c'est le développement des caractères.
c'est la coupe des scènes et la marche de l'action
qui constituent un bon ouvrage, et on ne voit rien
de tout cela dans un plan.
Mais je retirerai toujours de votre démarche
l'avantage de vous connaître particulièrement, et
je compte beaucoup sur ce plaisir.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre humble
serviteur.. -
GAUZE.
Le fond et la forme de cette lettre indi-
quent qu'elle date de longtemps. Sans qu'il
soit besoin de beaucoup d'imagination, on
peut supposer que les auteurs débutants
d'aujourd'hui ne reçoivent pas beaucoup de
réponses analogues, conçues dans cet esprit
d'intérêt et de curiosité pour des idées, et
écrites avec des ménagements laissant l'es-
poir d'une revanche. On était infiniment
poli dans les théâtres, autrefois. Cette poli-
tesse, qui savait adoucir un mécompte,
était, en fait, d'une assez sage politique.
Combien d'auteurs, aussi aimablement in-
fusés dans ces dernières années de la Res-
tauration, où nous reporte cette correspond
dance, et, par ces égards mêmes, pour leur
jeune ardeur, incités à persévérer, se firent
un nom, sous le règne suivant, et assurè-
rent la prospérité des scènes qu'ils avaient
été seulement trop pressés d'aborder!
Paul GINISTY.
L'Incident Caplet
M. André Caplet nous écrit:
Absent, je n'ai pu hier vous faire parvenir
la réponse qu'appellent les assertions contenues
dans la déclaration de M. Rouché (Comoedia,
du 24 juin). ,
Le directeur de l'Opéra s'efforce vainement
de transporter sur le terrain administratif un dé-
bat d'ordre exclusivement artistique.
Que le chef d'orchestre ait qualité pour ré-
gler tous les détails d'un ouvrage destiné à un
théâtre de musique, cela né fait de doute eue
dans l'esprit de M. Rouché. Dans celui des mu-
siciens, je pense que la question est depuis
longtemps affirmativement résolue.
Or, les musiciens, en cette affaire, sont de
mon côté. Cela me réjouit particulièrement.
Je suis également très heureux de constater
que les assertions de M. Laloy sont formelle-
ment contredites par son directeur qui souligne
très nettement les véritables raisons de mon
abstention volontaire. z
Après ces déclarations, il ne fera de doute
pour personne que ma prétendue indisposition
n'a jamais pu exister que dans l'imagination de
M. Laloy.
Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur en
chef,- l'expression de mes sentiments très dis-
tingués.
ANDRÉ CAPLET.
Fidèle à nos habitude d'impartialité, nous
avons demandé à M. Laloy, derechef mis en
cause par M. Caplet, s'il avait quelques obser-
vations à faire au sujet de cette lettre.
Quelles sont, nous a-t-il dit, les « véritables »
raisons d'un homme qui le jeudi soir ne m'en
indiquait aucune, le lendemain à deux heures,
me téléphonait qu'il était malade; le même jour,
écrivait à M. Rouché que la mise en scène lui
paraissait en décomposition, et quelques jours
plus tard, venait parier ici de, l'exécution du
dernier choeur, et de l'harmonium de l'Opéra?
Que le public soit juge entre nous.
L'incident est clos. -
Je me contenterait d'en dégager les conclu-
sions, que voici:
C'est mal servir la musique de Debussy,
c'est la desservir que de lui faire la réputation
d",un arcane réservé à de rares initiés. Réputa-
tion parfaitement imméritée d'ailleurs: on le
saura désormais.
Les six représentations du Martyre du- Saint-
Sébastien à l'Opéra ont tiré de l'oubli une œu-
vre dont l'exécution, lors de sa création en
1911, n'avait guère permis, malgré les efforts
du jeune musicien qui avait alors accepté de
diriger l'orchestre, d'apprécier la valeur ni la
partie. Elles l'ont imposée à l'attention; eIJes
font mise à l'ordre du jour;' elles l'ont réhabi-
lité. Leur succès doit réjouir tous les musiciens.
cle quelque « côté » qu'ils soient en cette affai-
re et en admettant qu'ils y tiert pris parti.
Échos
28 Juin 1889. — A Auteuil, inauguration de la
Maison de Retraite Rossini.
I
n memoriam.
Comme complément au mélancolique
article qui nous fut inspiré hier par la vente
de la maison de Rostand, à Cambo, rappe-
lons ici ces quelques vers de notre con-
frère Auguste Villeroy, vers publiés dans
le Figaro en décembre 1918 et dédiés au
grand disparu:
.Les bassins d'Arnaga, clairs dans ton oasis,
Ne verront plus ton front s'incliner vers leur vas-
[que ;
Ton ombre seule, avec les arômes des l,.q
Emplira désormais la grande maison basque.
La bise aujourd'hui pleure et courbe les cyprès
Et le passant, tendant une oreille inquiète,
Ecoute, par la voix grave de ses forêts,
La montagne gémir sur la mort du Poète. )
Hélas! Après la mort du poète, la mort
de sa maison. Quels visages les - bassins
d'Arnaga verront-ils s'incliner vers eux dé-
sormais ?
c
haliapine dans l'opérette.
1 En voilà du nouveau.
L'illustre créateur de Boris Goddunow,
de Méphistophélès et de tant d'autres rôles
inoubliable, va débuter dans l'opérette. Il va
jouer le rôle de Gaspard, des Cloches de
Corneville, au théâtre. Bausch de Moscou.
Voilà une soirée qui ne manquera pas
d'intérêt -
p
udeur américaine. s
Pendant son séjour en Amérique,
M. Maurice Donnay soutenait, dans un sa-
lon, qu'une pièce n'est pas forcément im-
morale parce qu'elle met en scène l'éternel
trio: le mari, la femme et l'amant; ce thè-
me, disait-il, permet l'étude des conflits psy-
chologiques. les plus curieux
Alors une dame, scandalisée, cria bien
haut qu'elle était allée au théâtre à Paris
et qu'elle savait à quoi s'en tenir.
— Voyons, dit l'éminent académicien.
qu'avez-vous vu jQuer?
- Une seule pièce, et cela m'a suffit.
— Aimer, de Géraldy?
-. Nûn. Ta Bouche 1
f M.. Maurice Donnay sourit et abandonna
la controverse.
-- * LE LA TIN "OMNIBUS"
M. Léon Daudet le demande ¡
à la tribune de la Chambre
M. Léon DAUDET
C'est en lstim que
M. Léon Daudet, hier
matin, à la Chambre, a *
commencé son dis-
cours sur la réforme de,
l'Enseignement : « Bé-
rardus nobis hœc oira
fécit. », a-t-il dit, et'
l'assemblée, à ces
mots que les uns com-
prirent, et que Jes au-
tres feignirent de com-
prendre, se livra à une
longue hilarité.
Mais M. Léon Dau-
det nlinsista pas, et il
poursuivit sa harangue en français, exposant que
la question des humanités dépasse la politique,
car c'est une question nationale.
DES HUMANITES NECESSAIRES
Rien, en effet, ne peut remplacer la culture
générale par les humanités, mads lesquelles ?
Les humanités françaises? Certes, l'humanisme
français compte quelques-uns des plus grands
noms de notre littérature : Villon, Ronsard,
Montaigne, Rabelais, mais M. Léon Daudet est
d'avis qu'onne sauirait lire Montaigne ni Rabe-
lais. sans connaître le latin et un peu de grec.
J'avais sept ans; dit-il, pour étayer sa thèse,
quand mon père, imitant celui de Montaigne, me :
mit à l'étude du latin et du grec. Chaque soir, il
me faisait lire du Montaigne. J'en passais les pas-,
sages grecs ou latin, trop difficiles pour moi. MaiS, ,
plus tard, j'ai vu que ces citations font corps avec
la trame.
La Rabelais a un vocabulaire d'une richesse merveil-
leuse. 11 emploie tout à tour, des mots gascons,
tourangeaux, provençaux, presque felibréens, mê-
me, ainsi que des mots latins et grei. sortis tout
chauds de la Renaissance. -
Aussi est-il impossible d'instituer jin enseigne-
ment des humanités françaises, sans enseignement
préalable dUI latin et du grec.
Et alors, esquissant un programme de pure
pédagogie, M. Léon Daudet exprime cette opi-
nion que de neu.f à vingt ans, la culture des
lettres anciennes est rindispensable pour former
le jugement, et c'est de neuf à vingt ans que le
jugement doit être formé.
Aussi bien devons nous avoir une idée géné-
rale des racines et de la puissance étymologi-
que des mots que nous prononçons.
Matis à qui donner cet enseignement? M.
Léon Daudet pense qu'il serait utilement dis-
pensé à tous les enfants de France, utile qu'il
serait pour la préparation à toutes les carrières,,
si modestes soient-elles, et il- ajoute : « Il n'y a.
du reste, pas de carrières modestes ».
LES LETTRES ET LES SCIENCES
On a métonnu cette vérité, on a subordonné
'les humanités aux études naturelles; ce fut une
erreur; on le reconnaît; c'est fort heureux.
Et M. Léon Daudet, faisant alors le procès
du système d'enseignement adopté à la fin du
XIXe siècle, montre que le thème latin a une
vertu éducative bien plus grande que la version;
car le thème oblige à un effort intellectuel, et
l'enfant ne forme son jugement qu'au prix d'un
effort intellectuel, n'éprouve un - plaisir que
quand il a falit cet effort.
LES DEUX LANGAGES DE FRANCE
Et maintenant, l'orateur se demande si l'étude
des langues vlivantes peut remplacer l'huma-
nisme; il estime que non : en dehors de la lan-
gue française, dit-il, aucune langue vivante ne
donne de modèles échappant à toute discussion.
Et à Côté de la langue française officielle, il y
a la langue d'oc, celle des troubadours, celle
des félibres.
— Mistral, s'écrie M. Herriot, est un autre
Virgile.
M. Léon Daudet riposte :
— Et Aubanel est un autre Catulle.
M. Georges Leygues, qui est de i'Agenaîs,
intervient :
- N'oublions pas Jasmin, dit-il.
Et M. Xavier Villat, qui est de l'Ardèche, -se
met à vanter Roumain lie, qui était du Comtat-
Venaissin. •
'Et M. Léon Daudet se félicite de l'écho fa-
vorable que rencontre un éloge de la langue
d'oc, et le voici qui cite du Mistral, dans son
texte, et qu'il fait applaudir le doux langage de
l'auteur de Mireille.
LA PHILOSOPHIE ALLEMANDE
Mais passant aussitôt après à de plus graves
Sujets, l'orateur fait une critique serrée de la
philosophie allemande, et en particulier de celle
de Kant; c'est cette philosophie^ dit-il, qu'on en-
seigne aujourd'hui, sous le nom de philosophie
laïque; comme on peut le penser, M. Daudet
rencontre en MM. Edouard Herriot et Ferdi-
nand Buisson, d'âpres contradicteurs, mais il
leur répond avec une bonhomie souriante, par
des citations d'auteurs qui vont de Platon à Vic-
tor Hugo, par des paroles de Renan et des con-
versations de Challemel-Lacour ; bref, il tire
devant eux -un véritable feu d'artifice d'éloquen-
ce et de savoir, et c'est tout à fait éblouissant.
LE LATIN A L'ECOLE PRIMAIRE
Mais il en revient au sujet essentiel du dé-
but :
La question de l'enseignement, dit-il, est une
question primordiale. Je suis tout à fait de en
avis qu'après une guerre comme celle-ci. il im-
porte au plus haut point d'utiliser toutes les ai
cliesses de la nation.
J'ai entende dire ici — et je l'apprfu* enlise-
ment — que la jeunesse tout entière a droit à
l'enseignement intégral. Instituteurs, comme pro-
fesseurs de Sorbonne, sent tous des prospecteurs
qui vont a la .recherche des gisements, et daii,
toutes les classes, il y a des gisements. Il y a de
l'or dans les enfants du peuple. Cet or, 11 faut le
ramener à la sus face
Dans toutes les classes, il y a des gens mallieu-
reiisement qui, ne comprennent pas quel sacer-
doce est l'enseignement. L'enseignement, c'est tout
dans un pays.
Je considère que les humanités sont indispensa-
bles, et alors, je vais au bout de mon rouleau :
il faut mettre l?s humanités à 1 école primaire.
C'est insensé ? Non.
'Il est tout à fait possible, en instituant une an-
née de latin dans les écoles primaires, de faciliter
ftUX enfants du peuple l'acd'S de l'enseignement se-
condaire. On objectera peut-être la question dar-
dent. La question d'argent, je m'en moque. Elle
ll't.'xiste pas. La misère d'un pays c'est de n'avoir
par des intelligences pour le guider. L'enseigne-
ment, c'est le pain.
Qu'on fasse donc une année de latin dans les
écoles primaires. Où l'instituteur connaît le latin,
il l'enseignera. Où l'instituteur ignore le latin, eh
bien ! qu'on fasse appel an curé. L'union sacrée
doit commence'r là, dans l'enseignement. Dans
chaque village, il y a un curé et un instituteur.
-Ces gens-là se battent. C'est idiot. Qu'il y ait ail-
leurs une droite, un centre, une gauche pour se
porter des coups mutuels, soit ; mais nous suffi-
sons ici à la besogne.
| L'INSTITUTEUR ET LE CURE
On s'étonne, à gauche et à l'extrême-gauche,
mais M. Léon Daudet est lancé, il poursuit :
J'ajoute, à ce proposât dans le même ordre
d'idées, qu'il est insensé d'avoir exilé les congre-
ganistes !
Si vous ne faites pas ce que je viens de dire.
les enfants du peuple ne sauront pas les humani-
tés ; vous laisserez ainsi debout une barrière
que je trouve odieuse, et vous continuerez à faire
-subir à ce pays une perte de substance effroyable,
car, dans le peuple, il y a des Charcot, des Clau-
de Bernard, des Pasteur. Il faut faire sortir ces
richesses. -
L'instrument d'extraction, ce sont les humani-
tés. Faites donc taire au moins un an d'humanités
dans les écoles primaires. En voyez dans ces écoles
comme inspecteurs des professeurs de l'université.
Il faut que les premières télés du pays s'appli-
quent à cette extraction des richesses que recèle
le peuple, auquel je m'intéresse autant que vous.
Et le député de Paris conclut en ces termes:
Je voudrais que, clercs et laïcs, la main dans la
main; concourent ainsi à l'enseignement de l'en-
fant. Je les y convie. Tous en avant, pour le
latin !
M. Léon Daudet fut unanimement applaudi.
Avant lui, M. de Baudry d'Asson avait demandé
due fut rendu aux congréganistes le droit d'en-
'seignec.
Fernand HAUSER.
SUR LA PISTE M SAULE
M. Molier va présenter
son 42e Spectacle
Ce soir, peur la 426 fois, M. Molier, élégant
et distingué, le buste renversé en arrière, va
faire son apparition à Icheval, dans son cirque
Une scène comique
de la rue BénouviUe, et le huut-reflets à la main,'
saluera les assistants d un large geste.. *
Pour accueillir ce grand sportman, Tout-Paris
se pressera sur les gradins où le précédèrent
l'élite- de la Finance, des Lettres, du Théâtre
et des Arts. - -
La représentation du Cirque Moliier est au-
jourd'hui 'I.::fi.e tradition. Longtemps à l'avance,
tous ceux qui peuvent prétendre à l'épithète de
« mondains », inscrivent la date sur leur « bloc-
notes », et au début ds la belle saison, on ne
doit pas quitter la capitale avant d'avoir assisté
à la soirée de M. Molier.
Comme les années précédentes, les amateurs
de sport ont travaillé sur la piste de sable, tan-
dis que le patron, qctiif et empressé, s'est effor-
cé de composer un programme digne de la cé-
lèbre réputation de son cirque.
Les programmes élaborés avec soin doivent
réserver des surprises. et quelles surprises!.
M. Molier tient toujours à conserver dans ses
spectacles tous les numéros quii ont assuré le
succès des grandes soirées de cirque, chevaux
habilement dressés, écuyères en voltiges, gym-
nasiarques et hercules en maillots, clowns spi-
rituels et humoristes. Nous reverrons donc,
groupés autour de M. Molier ses fidèles amis qui
lui apportent toujours un concours précieux et
lui permettent d'établir de beaux programmes.
Ses collaborateurs seront nombreux :
Il y aura d'abord Mme Blanche Allarty-Mo.
lier, amazone gracieuse, et dont les exercices ôe
haute-école plonge-.t dans le ravissement tous
les spectateurs. On attend toujours impatiem-
ment la jeune Lysiane pour qui la gymnastique
et l'assoupissement n'ont plus de secret. La
partie comique est toujours réservée à M. Jeaa
Hallaure et à ses camarades MM. de Charleval
et Haguenaut de Maistre.
Citer d'autres noms. Mais nous avons pro-
mis au patron d'être discret et de r es pet ter]'in-
cognito de quelques personnalités mondaines
qui prouveront qu'aujourd'hui pas pius qu'hltr
Je Français ne dédaigne le cheval et les exerci-
ces physiques.
M. Moltier sera une fois de plus fidèle à la
devise « Sport et Théâtre », et ceux qui seront
conviés ce soir en l'hôtel de la rue Bénouville
s'apercevront que le programme de 1922 tien-
dra une place d'honneur dans te palmures des
fameuses soirées du cirque.
Nous avons vu au travail le patron aidé de
M. Danset, son administrateur; M. W. La Fon-
ta, son dévoué secrétaire général; M. Charley
B< urgeise, son maître de manège, et d'autre
an.is très zélés.• ci-- un xact et sefupu-
Un poney bu. ,
leux dans la tâche qui lui est confiée. Chacun
sait qu'il contribue à maintenir une grande re-
nommée, et Paris remerciera tme fois de plus
M. Molier d'avoir monté un spectacle qui comp-
tera parmi les plus ibelles fêtes de la Capitale..
J. DEUNI
c
ontraste.
Le Bal de l'Opéra, où se pressaient,
en effet, les Mille Beautés (dF annoncées a
l'extérieur », comportait dans la suite du
Doge, quelques figurants — bénévoles, il
va de soi —- appartenant au Cercle des Es-
choliers. Habillés avec les costumes de Ro-
méo, ils étaient affublés de toquets de ve-
lours, dalmatiques, pourpoint et maillots
collants: leur élégance naturelle achevait de
donner à cet équipement un fort suffisant
cachet vénitien.
Donc, le cortège réuni dans la rotonde
des abonnés se met en route au signal fixé,
monte le grand escalier : en tête, vêtues des
robes à panier, de la Dernière Nuit de Don
Juan, passent nos plus belles artistes qui
sont accueillies par des murmures flatteurs.
Mais, suivent, peu après, les seigneurs vé-
nitiens « sus-mentionnés », les trois pre-
miers — qui sont, dans la vie, gens de robe
— portant binocle et bedonnant quelque
peu : on sourit déjà sur leur passage quand
une exclamation s'élève de la foule: « Qu'ils
sont laids! »
Les trois seigneurs, vexés, se consultent:
- Je crois que nous ferions mieux de met-
tre nos loups, fit l'un d'eux. <
p
ompes funèbres.
Notre excellent confrère le Gahlois,
bien placé pour être renseigne — confirme
notre écho Sur les tentures noires du Bal
de l'Opéra, mais il donne une précision
amusante en ajoutant que « l'organisate f»
du Bal réclama aussitôt, comme commission,
dix pour cent de réduction sur ses frais fu-
néraires — à prendre bien entendu le plus
tard possible 1
L
e mot propre.
Notre ami Fracasse, rappelant dans
l'Echo de Paris combien sonne mal aux
oreilles cette phrase habituellement en fin
de spectacle, aux repentions générales :
« La pièce que nous avons répétée géné-
ralement devant vous, etc. »
signale judicieusement la formule heureuse
qui vient d'être lancée à la générale récente
d'un cabaret montmartrois. C'est: « La
pièce qui vient d'être répétée pour la der-
nière iois devant vous, etc. »
La répétition générale n'est-elle pas, en
effet, la dernière répétition?
T
ravail en série.
Des romans étrangers .paraissent as-
sez fréquemment en feuilletons dans la
presse parisienne,
En voici un, en ce moment, qui se pas-
se à Londres; le nom de l'auteur est in-
diqué en tête; à la fin on signale que la
traduction est de « A. and C°. »
Voici de bonne industrialisation. Ce mon-
sieur A. joûe-t-il dans la raison sociale le
le rôle de Chatrian, cependant que and Co
serait l'Eickmann? M. Augustin et Mme
Hèririette Hanion, traducteurs de Bernard
• Shaw apparaissent en'nom, en double nom :
c'est moins usinier.
s
ouvenirs.
André Dubosc — entre une répéti-
tion de la Petite Chocolatière et le film
l'Idée de Françoise (toujours de Paul Ga-
vault) égrène des souvenirs. A foulouse,
ij était venu naguère avec Paul Mounet
jouer Henri 111 et sa Cour. Cour où, paraît-
iL le noble sport du bilboquet était fort en
faveur. Par un heureux hasard, André Du-
bosc et son frère Gaston avaient acquis
dans la pratique de ce jeu d'adresse une
belle habileté: aussi quand après avoir
volontairement raté plusieurs coups, l'ex-
cellent artiste, face au public, réussit une
belle série, ce fut du délire. La salle comp-
tait les coups à haute voix et applaudissait
à tout rompre!
— Jamais, nous déclara .André Dubosc
-— qui exagère par modestie — je n'ai eu
autant de succès dans ma carrièrei
L
e petit jeu de l' « anagramme ».,-
Il est en ce moment un petit jeu fort
à la mode. En faisant l' « anagramme »,
c'est-à-dire en déplaçant d'une certaine fa-
çon les lettres formant les noms de person-
nalités théâtrales, on obtient de curieux
résultats. -
Ainsi, le nom de Vera Sergine, l'inéga-
lable interprète de La4 Femme Masquée,
donne, en changeant toutes les lettres de
place: « Grave Sirène » et en isolant les
initiatles: « V. S, Génie rare ».
« Génie rare », c'est incontestable, mais
« Grave Sirène » ?.
A qui le tour d'être .« anagrammé »!
Le Masque de Verrc.'
LA MAISON DU POETE
- E.
Arnaga
C'était hier' qu'avait lieu, à la Chambre des
Notaires, la vente du domaine d'Arnaga. Sur la
liste des ventes, la propriété d'Edmand Rostand
portait le n° 32.
Dès une heure et demie, la salle était comble ;
des professionnels seulement; aucun visage de
connaissance.
Les notaires se succèdent sur l'estrade et
procèdent à l'adjudication d'immeubles. Sur le
tapis vert de la table, brille un flambeau à deux
branches ; un fonctionnaire à cravate blanche
rallume inlassablement des bougies. Dernier
feu!. - Eteint. Les greffier, penchés sur leurs
minutes, écrivent avec application.
Des gens d'affaires vont et viennent; on le-
connaît parmi eux les vieux notaires à leur
face rase, ou à leurs favoris à la Paul de
Kock.
Enfin Me Josset apparaît. Il va mettre en
vente Arnaga, sur la somme d'un million 500
mille francs. Un clerc répète l'annonce.
• Et l'on attend les enchères, curieusement et
avec une pointe d'émotion.
Mais d'enchères point.
— C'est trop cher, dit à voix basse uo jeune
clerc qui est connaisseur.'
Des fenêtres, on peut apercevoir. le théâtre
Sarah-Bernhardt, qui s'élève de l'autre côté de
la place.
La vente est remise à une date prochaine.
M. B.
Les Concours du Conservatoire
CONCOURS DE PIANO (FEMMES)
Le piano ! Le concours de piano est le plus
inhibitif des monotonies et des fignolages auto-
matiques. Au surplus, l'instrument préféré du
Trésor public pour les recettes discutées qu'il
tire de sa queue. Tous les concurrents plus
ou moins éleuthérodactyles escomptent des-
carrières de virtuose. Si l'enseignement a élevé
le mécanisme digital à un niveau surprenant,
il n'apparaît pas encore qu'il ait tracé la même
étare aux personnalités, aux indépendances ori-
ginales qui constituent la vertu des interprètes.
La correction disciplinée est le plus souvent
exclusive de la compréhension, de la pensée,
de la pénétration du style.
Quoi qu'il en soit, notre école s'atteste bril-
lante, portant, comme disait Paderewski, « les
traits de sa race » — le goût, la séduction, la
vie. Il lui resterait de s'efforcer vers plus d'ab-
négation de la technique au profit du respect
de la pensée créatrice, et d'asservir ses doigts
et son outil au service de la musique.
Classes de Mme Long, de MM. Cortot, Phi-
lippe, Staub, Riéra. Morceau de concours : pre-
mier. mouvement du 2° Concerto m. sol mirieuji
(opus. 22), de Saint-Saëns. wa,
Mile Gilly Ocr accessit en 1921); blanche
ceinture mauve ; très belle technique, du style,
sensibilité qui se devine plus qu'elle ne s'ex-
tériorise. « !
Mlle Mmana, effleure son piano, l'émotion
d'un début lui enlevant du poids et de l'acti.on,
pétrit les notes chantantes et exagère le rubato
qui ne convient pas dans le récit initial.
Miel Lheureux, couleur ^espérance, du son,
'- (Photo Cornœdia.)
Mlle BERTHELIER
joue toujours sur le même plan, tierces faibles,
ppignets raides.
Mlle Balestra, assez belles qualités de son
dans la forée, manque de calme au début tout
en restant en possession deilt-méme, , chante
(Photo Cornœdia.) -,
Mlle CHAVELSON
avec simplicité, main gauche d'une sonore in-
suffisante ; jeu encore école.
Ici, une observation générale. Presque toutes
les élèves équilibrent mal les sonorités de l'une
et l'autre main dont le dosage constitue 18
perspective des plans. ,
Mlle Heuclin (1er accessit en 1920), écraser
ou rate ses attaques //; jolies intentions d-ans te
chant; tierces et mécaniques faibles.
Encore une observation générale. -Presque
toutes ne savent pas varier les registres, bous-
culent, ne respirent pas et donnent des iBter-
prétations serinées, plates et monotones.
Mlle Bterthelier (2e prix en 1921) ; nature mu.-
sicale héréditaire, du style, de. la simplicité
dans la ligne générale, pondérée, du mrme
sans excès de couleur, sonorité souple et fon-
de, sans dureté; mérite une première récom-
pense. ,
Mlle Trjehblay, jeu gris comme sa robe;
excellente musicienne qui a remporté, je crois,
un premier prix d'harmonie; octaves corrects.
Ici le piano manifeste une certaine fatiguo
en se désaccordant. Il poursuivra ainsi sa' jour-
née de huit heures.
Mlle Guille; son souci est de ne pas perdre
du temps; du velouté et de la solidité.
MUe Montazaud-Carambert, précieuse en sa
jupe rose. Main gauche travaillée - c'est par-
fait, mais le public ne devrait pas s'en aper-
cevoir; s'escrime âprement sur les tierce et
les octaves dont la difficulté nous appar. ain-
si qu'une obsession. -*
Mlle Plfch&n, chevelure rouge s'harmomsant
avec le vert passé de la robe; intelligentes in-
tentions ; sauf un léger accroc, les tierces sor-
tiraient parfaites; sonorité limpide, du goût.
Mlle Lesoux, mince comme une crevette dont
elle p'orte la couleur; plus de force que l'aspect
ne laisserait supposer; joli son, bon phrasé,
musicienne d'avenir.
'Mlle Aiteff, ni plus ni moins de corop ^'iett»
sion que ses camarades; notes travailles. 1^-
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