Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-02-27
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 février 1922 27 février 1922
Description : 1922/02/27 (A16,N3361). 1922/02/27 (A16,N3361).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7652219n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/06/2015
COMŒDIA
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Serge de Diaghilewet Rolf de Maré
« Ballets Russes et BaUets Suédbis ».-
On les nomme, comme si l'on évoquait par
:ette phrase' d'ensemble, le nom d'un grand
artiste s'efforçant vaillamment chaque jour
à développer et à raffermir sa personnalité
naissante. Nous retrouvons de la sorte, chez
les Suédois, que Jacques Hébertot a pro-
posé à notre émotion le plaisir que peut
nous donner toute recherche intense, fé-
brile, sincère, dans le monde des réalisa-
tions esthétiques; cependant que l'image
des Ballets Russes nous émeut toujours par
ses trouvailles classées, par le passé ains.
que par l'attente. 1
Les « chorodidascales » des deux trou-
pes errantes, des Russes et des Suédois,
Serge de Diaghiliew et Rolf de Maré, nous
on* déjà fourni, très largement, les élé-
ments qui nous permettent de comprendre
leurs volontés respectives et leurs métho-
des. L'un, mù admirablement par le besoin
d'un renouveau, cherche selon toute évi-
jence à accroître l'opulence de ces visions
par quoi il émerveilla, et secoue encore si
orofondément, le monde artistique occidenr
tal. L'autre, nordique et caHme, confiant et
précis, cherche le secret de nos inquiétu-
des esthétiques, de nos aspirations, de nos
tendances vers le spectacle moderne le
plus large et le plus "énâvran,t, et nous pré-
sente sans répit des faces nouvelles d'a
l'art représentif présent. Les deux troupes
se sont suivies, l'une venant de l'Orient
somptueux et sensuel, l'autre du Nord pen-
sif et ordonné. Elles se sont suivies, et el-
les se rencontrent parfois dans cet incom-
parable carrefour des volontés, dans cet
unique « lieu de réalisation », selon l'ex-
pression de Péladan, où les artistes du
monde entier viennent composer de leur
Force la plus profonde, le visage expressif
je notre temps: Paris.
« Dans la leçon multiple que la petite
troupe Lumineuse et ailée des Russes nous
a Laissée — pouvais-je écrire dès 1910.
aprè leurs débuts parisiens, dans la Pha-
iànge, de Jean Roy ère — il y a un ensei-
gnement qui n'intéresse pas que l'élite dies
artistes et des gens cultivés. Il touche de
près les aspirations du peuple lui-même,
qui exalte sans cesse l'esprit des créateurs
et attend d'eux la plus grande joie ou plu-
tôt sa plus grande consolation collective : le
Spectacle ». La « leçcn » était en effet
d'importance. La fantaisie 4e- Bakst déchaî-
na la fureur des turbans et des jupes-cu-
t lottes, chez certains marchands de la mode,
autant que l'art des Pré-raphaëlites anglais
avait, à l'heure du Symbolisme, allumé l'a-
mour des milieux artistes pour les robes et
les gestes « florentisisants » et les cheveux
en bandeaux. » '-
Ensuite, Serge de Diaghilew a tenté et
réussi un grand nombre de spectacles, où
musiciens et peintres russes nouveaux col-
laboraient dans une véritable joie féérique.
Mais lorsqu'il sentit que notre vieille devi-
ie « se renouveler ou mourir », le pressait
fermement, et éloigné de sa patrie, de son
foyer d'inspiration par la guerre, le,« cho-
rodidascale » slave s'avisa de demander à
» l'âme latine ses œuvres et ses artistes. Et
ses ballets représentent sans doute la der-
nière évolution de l'opéra musical. Car il
faut se souvenir que, après le drame cho-
ral pindarien, et la monodée éolienne,
l' « opéra » se transforma dans le dithy-
rambe attique pour aboutir, plus près de
nous, à sa forme monodique chantée, celle
de notre vieil opéra. La « musique pure »
s'en détacha, s'isolant, développant sa per-
sonnalité purement musicale dans la Sym-
phonie. Et c'est pour refaire l'unité de la
musique de la parole et du geste, que de
la Symphonie, selon Luciani, naquit la
sj' îendide erreur de Wagner, acharné à ac-
coupler la symphonie a la parole, et que,
de nos jours, surgissent ces ballets die mu-
sique et de gestes. Les Russes gardent la
gloire d'avoir commencé et mené ce mou-
vement vers le spectacle total nouveau. Ils
ont la gloire aujourd'hui de vouloir encore
se renouveler. ,..
C'est pourquoi, après avoir donné des
évocations inattendues et puissantes, capa-
bles de satisfaire et de dépasser même nos
aspirations artistiques les plus généreuses,
avec Scliéhérazade, avec le grouillement
hallucinant de Petrouchka, avec l'expres-
sion panique de la nature d'ans le Sacre du
Printemps, et d'autres œuvres très slaves.
Serge de Diaghilew demande aujourd'hui
aux musiciens latins, de Ravel à Erik Sa-
tie à de Falla et à de Pero et aux peintres
latins, de Picasso à Derain et à Balla, l'é-
ternelle fraîcheur d enotre esthétique.
A côté d'eux, voici la. jeune troupe sué-
doise. Et voici une souriante certitude que
Rolf de Maré nous apporte avec eux. Ils ne
nous laissent point pâmés de volupté sous
l'étreinte formidable de leurs rythmes;' ils
ne nous enivrent pas de scintillements fa-
buleux de lumières et de chairs rythmées.
Les choreutes nordiques ont des charmes
lents. Les chevelures blondes des danseu-
ses ont des pâleurs lunaires; et elles se re-
muent doucement, loin dé l'incomparable
frénésie brune et drue des Slaves. Une
tendre sentimentalité, pleine de pensée, se
dégage de ces farandoles suédoises, de ces
jeux simples que Jean Borlin a pu ordon-
ner dans la Nuit de la Saint-Jean ou dans
les Vierges Folles. Point de ces miracles
élancés, bondissants, magnifiques, des dan-
ses du Prince Igor, de cette vérité exaltan-
te des foules de Petrouchka, de cette fan-
taisie riche de l'Oiseau de Feu. Mais, tout
un rayonnement discret, et en quelque sor-
te serein, de jeunesse naïve extrêmement
sensible. Et puis, tout à coup, l'appel à l'art
le plus neuf, la votante hardie d'exprimer
la sensibilité esthétique de notre temps
par ses poètes, par ses peintres, par ses
musiciens. Et voici l'Homme et son Désir,
du grand Paul Claudel et de Darius Mi-
lhaud, et les Mariés de l'a Tour Eiffel, cette
farce étincelante de Jean Cocteau, œuvrée
par des artistes multiples, aux rythmes
multiples, aux aspirations et aux vigueurs
multiples. toute une petite phalange : Ho-
negger, Autric, MilhalUd, Poulenc, Taille-
fer. Et voici, enfin, un ballet où les pLus
avertis ont' reconnu une formule nouvelle,
celle du feuillage qui aspire à la fleur, des
masses humaines qui aspirent à la perfec-
tion du couple; où d'autres ont cherché un
visage connu de l'art, et ne l'y ont point
trouvé, n'ayant aucune qualité pour être
sensibles à la beauté richissime de. la mu-
~ique d'Honegger, ni à la leçon plastique
nouvelle que Skating-Ring avait inspirée à
Jean Borlin, et que l'éblouissant Fernand
Léger a enveloppée de « cubistes » lumiè-'
res..
Dans la puissance de Serge de Diaghi-
lew, il y a un rayonnement dont tous tes
arts se sont émus et ont profité. Dans, lè
sourire de RdIJ- de Maré, c'est certain, il
y a une grâce de jeunesse très réconfor-,
tante. Nous avions besoin de cette puis-
sance et de cette grâce. Nous avons de plus
en plus besoin de ce renouveau. Et si notre
esprit se chagrine parce qu'il nous est pro-
posé par l'Orient ou par le Nord et plus ou
pas encore par un ballet vraiment français,
nous pouvons nous consoler en pensant que
c'est tout de même dans le monde latin, ce
souverain des civilisations, que les uns et
les autres cherchent le champ le plus
éblouissant pour toute réalisation.
CANUDO.
Échos
:7 Février 1851. — Interdiction de M. Pinchard, de
Ferdinand Dugué, à la Porte Saint-Jlanin.
o
n dit que.
La Grue du Cinquième ne verrait
décIdément pas les feux ce la rampe a la
Scala; que c'est le Chasseur de chez
Maxim's qui remplacerait la Dame; que M.
Quinson monterait au Palais-Royal la Grue
du Cinquième quand elle sera terminée.
L
es quatre règîea, (
r Sur la bande d'un des innombrables
livres primes, un m: rtuu miue extmpiuu c*
par jour.
L'ouvrage ayant paru depuis deux bons
mois, cela ferait 6Q x 8.000 = 480.000
exemplaires. or le volume porte: 100e
nrHe, Alors quoi, l'éditeur aurait oublié ses
quatre règles?
C'est peu probable.
Mais, quand on fait de la réclame, on
n'en fait jamais trop, n'est-ce pas.
lm
arivaux prophète. 1
, Dans - le Prince travesti que joue
« la Petite Scène », on entend Arlequin,
demandant du numéraire, dire:
- Est-ce que vous avez encore de cet
argent .jiiune? v
Arlequin définissait plaisamment ainsi
l'or; mais l'argent jaune,, deux siècles plus
tard, devait devenir la réalité, avec nos ac-
tuelles pièces de 2 fr., de 1 fr. — et même
de 50 centimes, car on commence à en
recevoir quelques-unes. ,.
L
es plus jolies broderies, les plus beaux
sièges et meubles de la Chine et du
japon, ainsi que tous objets car anciens
d'Extrême-Orient, se prouvent chez Perret-
Vibert, 170, Boul. Haussmann.
u
bu dans son quartier.
On sait qu'Ubit Roi fut créé pa,,7
1 Lfcuvre en 189b, sur la scene ou is, rue
Blanche, qui s'appelait le Nouveau-Théâtre
avant de devenir Théâtre Réjane, puis
Théâtre de Paris. Le voici maintenant,
avec la Maison da I'OEuvre, rue de Clichy.
On sait moins qu'entre temps il fit un
stage sur !e plus court chemin entre la rue
Blanche et la rue de Clichy.,
Un an après la création, Georges Bans
et son groupe de la revue La Critique,
montèrent, 6, rue Bail u, un théâtre de ma-
rionnettes où ils donnèrent une série de
représentaions à! il bu.
Mais 1. 'on n'a
Mais l'on n'a pas chez nous. pour les
marionnettes le goût qu'ont les Siciliens et
les Napolitains, et peu nombreux sont les
Parisiens qui assistèrent à cette réalisation
logique du guignol rêvé par Jarry.
A
u moment où l'on discute sur le nu
L masculin au théâtre comme dans la
dfise, en même temps que dans la repré-
sentation sculpturale de l' « Athlète sa-
lua-nt », signalons, pour ceux qui n'ont pas
cultivé le jardin des racines grecques, qu'en
grec nu se disait gymnos.
Le verbe gymnazein, exercer; le terme
gymnasion, lieu d'exercice, en dérivèrent
dès l'époque. 1
Ainsi, notre terme de gymnastique voient
de l'idée de nudité. Gymnase est la traduc-
tion de gymnasion. Et c'est dans ce sens
ds, « lieu d'exercice » qu'il y a un siècle
fut fondé le théâtre du Gymnase-Dramati-
que. N'en résulte-t-ilpas que, selon l'étymo-
îogie, c'est au Gymnase (oui, au « Théâ-
tre de Madame »!) que devraient avoir lieu
les exhibitions actuelles si discutées?
Le Masque de Verre;
Les Matinées CI Comœdia"
M. André de Fouquières a bien vculu accep-
ter d'organiser le programme de la prochaine
matinée Comœdia qui sera donnée le 9 mars,
au Théâtre Michel, et d'y faire une-conférence
sur le « Panache ».
C'est dire que ceHe-ci sera merveilleuse d'é-
- M. André de FOUQUIERES
ruàiîion rare et d'esprit étincelant, et que le
spectacle entier sera un pur régal. De très bril-
lants artistes, dont nous donnerons prochaine-
ment les noms, y apporteront l'éclat de leur
concours.
AJ- La. location , s'ouvrira ces jours-ci, au -Théâ-
tre Miche!. Nous donnerons la date' exacte.
LES FÊTES DE PARIS
il .*
1.
L'Election de la Reine des Reines
Le Concert
Il faut De dire, — car c'est surtout grâce à
la parfaite bonne volonté de tous les excellents
artistes qui nous avaient prêté leur concours que
ce résultat a été atteint — rarement une mati-
née de ce genre s'est déroulée avec autant d'é-
clat et avec autant de régularité et d'exactitude.
Le public a d'ailleurs su. remercier tous ceux
qui avaient si spontanément apporté le tribut de
leur talent à cette manifestation splendide. Le-,
succès de tous a été considérable.
Dès 14 heures, la sella est comble. Il y a du
monde debout dans les travées.Et une foule com-
pacte se voit refuser l'entrée de la salle. 1 *
Fidèle à ses traditions, la Musique de la Gar-
de républicaine sous la direction de son éminent
chef, M. Balay, attaque avant tout la Marseil-
laise. Et le programme se déroule ensuite dans
l'ordre exact qui avait été prévu.
-. Mlle Henriot remporta les premiers applau-
dissements pour son interprétation impeccable de
l'air de Sigurd. —
Mme Huguette Duflos déchaîna de telles ova-
tions qu'il lui faut céder devant l'insistance d'un
public qui ne veut point la laisser partir.
Après que la Musique de la Garde ait elle
aussi, recueilli des bravos enthousiastes, voici
la Poupée de Chiffon qui paraît. Et la danseuse
Jasmine doit bisser cette danse d'une fantaisie
adorable et d'une invention charmante, dont elle
a fait une création si personnelle. M. David' De-
vriès charme alors le public avec l'air du rêve
de Manon et le succès du parfait chanteur est
des plus chauds.
Puis Mme Léonnec, s'accompagnant elle-mê-
me au piano, met les spectateurs en joie avec
des chansons montmartroises.
Mais voici que les tambours, les trompettes et
les clairons de la Garde républicaine viennent
se ranger sur la scène, et c'est le Défilé de la
5e Division qui fait retenir l'immense Voûte du
Trocadéro.
Un bel assaut d'armes met les amateurs de
sport en joie, et ils sont nombreux, si j'en crois
les applaudissements.
Mme Marthe Coiffier met en valeur avec un
art des plus distingués et une voix superbe,
des chansons espagnoles.
Un succès tout particulier est réservé à la
Marche-Apothéose de M. Balay. que son mer-
veilleux orchestre exécute magistralement.
Et maintenant, l'on rit. Le mime Moisseenko
exécute ce que l'on pourrait appeler: un mo-
nologue mimé, d'une originalité étonnante, Le
Pharmacien, et exécute des imitations de music-
hall, caricatures d'une variété saisissante.
Autre caricature non moins saisissante : Miss
Peggy Leblanc fait surgir à nos yeux qui ne
peuvent y croire un Clwrlot si plein de véri-
té que nous cherchons l'écran d'où il vient de
descendre. -
M. Noté termine cette brillante représentation
en chantant avec sa voix admirable trois mor-
ceaux qui lui valent les ovations qui lui sont
coutumières.
A tous nous adressons nos bien vifs remer-
ckments, et aussi à M. Philippe Préval, qui
sut diriger l'exécution du programme avec la
sûreté et l'autorité que lui, confèrent sa grande
expérience.
NOTRE CONCOURS -
La place nous manque pour parler aujourd'hui
de notre concours. Remettons, la chose à de-
main.
P- L -Élection
î L'Élection
Aptès un court entr'acte pendant lequel on
dispose sur la scène le trône de la Reine des
Réines et les sièges des vingt reines, la musique
Mlle Germaine BUCHET Reine des Reines
de la Garde républicaine exécute la Marche du
Couronnement de Gustave Charpentier et précé-
dées de Mlles Yvonne Béchu, Reine des Reines
sortante, les vingt élues de 1922 prennent place.
Derrière la table où se trouve l'urne, M. Cé-
sar Caire président du Conseil municipal, pré-
side le scrutin.
Avant que commence le vote, M. G. Maus
vite-président du Comité des Fêtes, présente
dans les termes heureux qu'il'sait toujours trou-
ver, -des remerciements- à tous ceux -qui ont
participé à l'organisation de cette matinée.
Il remercie en tête, notre confrère et
ami, E. Hannaux, commissaire général du Co-
mité, et nous sommes heureux de trouver là
l'occasion de dire encore tout le dévouement
que cet excellent organisateur dépense sans
compter pour la réussite des Fêtes de Paris.
M. Mauss remercie le Journal, remercie la
Liberté de leurs dons généreux. Il remercie en-
fin Comœdia pour l'organisation de la partie
.artistique. Qu'il nous permette de lui dire que
nous serons toujours heureux de lui' apporter no-
tre collaboration, chaque fois qu'il nous fera
le plaisir de nous la demander..
L'élection commence.
Nous avions présumé 'qu'eHet comporterait
sans doute une surprise. Cette surprise a été
surtout pour l'élue elle-même. Car, parmi les
vingt reines, celle du 12e était une de celles qui
semblaient le moins compter sur la victoire
qu'elle a remporté. --
En effet, alors qu'au premier tour, où les 3e,
6e, 15e, 17e, 19e et 208 arrondissements obte-
naient chacun deux voix et les ier, 41, 5e, 7e, 8e,
1 le arrondissements obtenaient chacun une voix,
le 12e n'en avait pas une; au deuxième tour, il
obtenait trois voix contre deux aux 6e, 8e, 14e,
— LES DEMOISELLES D'HONNEUR DE LA REINE DES REINES.-"
De gauche à droite Mlle CRON, Reine du xiv* A,.,..rnIi,sement j Mlle PEIFFER, Reine du vr
Arrondissement ; Mlle ERNES, Rein. cfu XX' ArrondiSfiement.
et 20e et une aux IV) 3* -t., 5«, 7«t 158, 1¡8, l8.
, , 40 , Se , 7e , 1 5 , 1 7 , 18"
et 191.
(Devant une aussi faible majorité, le Comité a
eu un moment d'hésitation. Mais il y a un rè-
glement que M. Jusseaume a exposé au public.
Il faut l'appliquer: Mlle Germaine Buchet, sté-
no-dactylo, née le 22 août 1899 est élue Reine
dès Reines.
Un troisième tour de scrutin eut lieu pour l'é-
lection des demoiselles d'honneur et comme si
les votantes se sentaient alors plus désintéres-
sées, une vraie majora se réunit sur la Reine
du 6e arrondissement, Mlle Fernand Peiffer qui
obtint huit voix, tandis que Mlle Cron, reine du
146 et Mlle Ernes, reine du 20e obtenaient cha-
cune quatre voix.
Le Comité décida alors qu'il y aurait trois de-
moiselles d'honneur.
La Reine des Reines reçoit sa dot de 20.000
francs, le bon de 10.000 francs de meubles et
tandis que les dix-neufs autres reines reçoivent
chacune un bon de mille francs, Comœdia re-
met a la souveraine suprême et à ses demoiselles
d honneur un souvenir auquel il joint ses féli-
citations.
La foule s'écoule lentement. On entend bierr,
par ci, par là, des protestations, des récrimina-
lions, mais il est manifeste que, quoiqu'on ait
fait, il y eut toujours eu des mécontents.
Ce qu'il faut retenir de cette manifestation
c cet 1 orientation nouvelle oue le Comité des
fêtes donne très heureusement aux réjouissances
de Paris. On a pu voir hier que cet effort très
réel était déjà assuré du plus certain succès.
MARCEL SILVER.
Le Bal Molière
Les dernières loges, s'enlèvent pour le Bal
Molière qui doit avoir lieu demain soir mardi
à l'Opéra.
Rappelons que l'Apothéose de Molière qui
précède le Bal, sera l'occasion d'un cortège
magnifique auquel prennent part près de deux
mille artistes appartenant à tous les théâtres
de Paris. $
La Comédie-Franchise défilera dans la céré-
monie des « Comédies de Molière » avec ton-
tes les vedettes de la célèbre Maison.
Le Bal est paré et travesti à volonté. L'ou-
verture des portes aura lieu à 11 h. 30.
Service d'autobus dans toutes les directions",
jusqu'à 4 heures du matin.
DEMAIN:
Comœdia paraîtra sur 6 pages
: et publiera in extenso:
Il faut que Vieillesse se passe
Comédie en un acte de M. JACQUES NORMAND
et
; - Molière au Valais-Royal
A-Propos en vers de M. HUGUES DELORME
AU THÉÂTRE FEMINA '*
(Spectacle de La Petite Scène)
"La Foire SaihUGermain"
Comédie en Un acte de Dancourt
çç Le Prince Travesti -
- ou l'illustre aventurier**
Comédie en trois actes de Marivaux
Les lecteurs de Comœdia connaissent bien la
« Petite Scène ». C'est une société d'amateurs
qui a cette originalité d'être organisée comme
une compagnie régulière. On y travaille et
l'on y a la foi. Sous l'impulsion d'un homme
du monde, éclairé, ami des lettres, du théâtre,
de la musique et des arts, le vicomte Xavier
de Courville, appuyée, d'autre part, sur la Re-
vue Critique des Idées et des Livres, elle se
propose principalement « de faire, revivre des
œuvres peu connues du répertoire français,
devant une élite de spectateurs cultivés ». Ac-
teurs, musiciens, costumiers, décorateurs, elle
se recrute uniquement parmi des gens du mon-
de. Elle publie hardiment le propos de cons-
tituer, à notre époque, quelque chose comme
«un théâtre de cour ». N'étant ni un théâtre
d'avant-garde ni un théâtre exotique, elle ne
veut que «divertir, et divertir à la française »,
et elle limite son choix aux œuvres anciennes
et oubliées. C'est ainsi que, depuis 1911,' elle
a remis à la scène des œuvres délaissées et
charmantes de Molière, de Marivaux, de Se-
daine, de Dancourt, de Favart, de Racine. En-
fin, étant une compagnie théâtrale au sens plein
du mot, eHe a le dessein de se transporter en
province, en Alsace,' en Lorraine, en Rhénanie,
province, l'étranger, pour y porter le goût de la
nit-ce à pour y porter le jzoùt de la
grâce française. -
Comment n'applaudirait-on pas à un tel pro-
gramme? Mais ce n'est pas seulement un pro-
gramme, c'est déjà presque une histoire, et
voilà dix ans — les années de guerre excep-
tées — que la Petite Scène en démontre l'ex-
cellence à coups de réussites. Les spectacles
qu'elle montre sont toujours fort judicieusement
composés et montés avec des soins scrupuleux ;
les acteurs mondains qu'elle recrute font tous
de leur mieux, avec une bonne volonté et un
zèle exceptionnels, et parfois même avec quel-
que chose en outre. C'est autre chose que de
la comédie de salon. On sent parmi eux une
'discipline, et ils ont pris conscience de leur
mérite au point qu'ils s'enhardissent aujour-
d'hui à appeler le oublie payant et à jouée à
bureaux ouverts: convenons que ce n'est point
banal; c'est la première fois que l'on voit des
gens du monde s'exposer, sur un théâtre, au
jugement du 'passant qui, en payant sa place,
a acquis le droit de critique.
L'ambition de la Petite Scène, pour être au-
dacieuse, s'est pourtant assigné des limites. Ce
qu'elle recherche presque exclusrvement, ce
sont des œuvres peu connues, où s'exprime
quelque chose de ce qui fait l'élégance, l'esprit
et le goût français. C'est une entreprise pleine
d'intérêt. Ces œuvres abondent dans notre ré-
pertoire, principalement dans tout le dix-hui-
tième siècle, mais aussi dans la seconde moitié
du dix-septième, et l'on en découvrirarit aussi
au dix-neuvième ; dans la période pré-classique,
la Petite Scène pourrait encore faire des trou-
vailles. La plupart de ces ouvrages semblent
condamnes à l'oubli, la Comédie-Française et
l'Odéon ayant trop à faire pour songer à ex-
ploiter. un champ si vaste où d'ailleurs il leur
serait souvent malaisé d'entraîner le grand pu-
blic. Sachons gré à des personnes désintéres-
sées de l'effort qu'elles font, avec une ferveur
si pieuse et un goût si assuré, pour balancer,
devant des odorats délicats, tes parfums suran-
nés où nous retrouvons ce qui fut et qui est
demeuré, à travers les différences des modes et
des formes, la grâce de l'âme française.
Il est possible qu'en certains points le zèle
des promoteurs de la Petite Scène soit sujet à
s'abuser. Par exemple, quand ils nous disent :
« Ce genre n'exige-t-il pas une distinction qui
met en défaut bien des comédiens? » on pour-
rait trouver, dans cette proposition, matière à
discuter. La vérité au théâtre n'est jamais qu'u-
ne transposition, et il y a une ésole pour l'élé-
gance des manières comme pour le reste. Une
personne réputée, à la ville, pour la distinc-
tion de son maintien, ne garde pas nécessaire-
ment, dès qu'elle monte sur une scène, tous
ses avantages. La distinction réside surtout
dans l'aisance: c'est l'a b c de l'art du come-
1 dieil, et c'est celle qui manque le plus a des
amateurs. Il est très rare qu'un amateur, même
bien doué,- ne se reconnaisse pas du premier
coup à fea gêne physique; il s'agite à contre-
sens, il ne sait que faire de ses mains, ses
gestes sont empruntés, et cette gaucherie trop
explicable est infiniment dommageable à la dis-
tinction qui est essentiellement une harmonie.-
Ajoutez que, dans les rôles à costumes, no-
tamment, les acteurs professionnels, rompus a
la pratiquer-n'ont point de peine à 1 emporter.
Mais ceci n'est qu'un petit côte, et je ne m'y
serais point aventuré, si la Petite Scene el)3-
même n'avait semblé nous y engager. H y-
a assez de bien à dire de son effort, pour que
l'on se garde d'insister sur le-reste. - .-
Nous lui devons, au Théâtre Femina, une
soirée charmante. Elle a inscrit cette fois, à
Un Page N*g»*e
son programme, une comeaie
en un acte de' Dancourt, La
Foire Saint-Germain, que la
Comédie - Française joua en
1696 sans la reprendre jamais
depuis,, et la comédie en trois
actes de Marivaux, Le Prince
Travesti ou l'Illustre Aventu-
rier, jouée en 1724 au Théâtre
Italien. ■ * - -
La Foire Saint-Germain est
une comédie sur la foire qui se
tenait chaque année, à Saint-
Germain.. et où fréquentait la
plus brillante société. L'intri-
gue, à la fois puérile et com-
pliquée, y a pour objet de
berner un vieux financier pail-
lard et ridicule, et de mener
aux épousailles des jeunes
gens qui s'aiment; mais les
détails en sont amusants et pittoresques, de jo-
lis tableaux de nMettrs s'y succèdent, la musi-
que y alterne avec la danse. Cette aimable co-
médie a été lestement enlevée par la plupart de
ses acteurs. Je mets au premier rang Mlle
Jeanne de Berly, qui a du mouvement, de la
verve, une gaîté vive et jeune; Mme Besnami
de Quelen, M. de Saint-Max, Mme Pierre Ber-
nard, M. Charles de Coynart, Mlle Claire d4
-, mue Lu-
cienne Haydée Le-
vel, qui a, si j'ose
dire, le diable au
corps. Mais il faut
rendre hommage-
en même temps
aux autres inter-
prètes: la comtes-
se Raoul de Per-
cin, Mlle Suzanne
de Saint-Maur ; la
comtesse Olivier de
Carfort, Mlles de
-Carfort et Claire
d'Adieux, la prin-
cesse Olga Trou-
tvetzkoï, M. Albert
Delmas, le vicom-
te Xavier de Cour-
ville, M. Edouard
Maubourguet, M.
Miche! Arin. L'u-
Un Financier
ne des grâces du spectacle, ce furent les danses
délicieuses de Mlle Jane Erb et de M. Pierre
.Margueritte. La compagnie de la Petite Scène
est, vous le voyez, nombreuse; mais il fau-
drait encore nommer les musiciens et les mu-
siciennes de l'orchestre, que dirige M. Félix
iraugel.
C'est autre chose de jouer du Marivaux.
Deux ou trois scènes du Prince Travesti, que
l'Odéon reprit naguère, sous la direction de
M. Paul Ginisty, sont parmi les plus adorables
qu'ait écrites MarNaux. Pour dire cette prose
magnifique, pleine, délicate, rythmée, la plus
nuancée, la plus expressive, la plus. riche que
l'on ait jamais parlée au théâtre, il faut dd
comédiens rompus à leur art, en possession de
toutes les resssources d'une diction précise e(
mure, et c'est une science aui .s.~ s. 'l^vï.r0vis<
LA FOIRE SÂINT-CERMAIN -. _-J-
point. Des amateurs sont bien téméraires, qui
s'aventurent à l'aveugle, à travers un texte
de Marivaux.. Mme Jean Rivain, qui fut une
Hortense pleine de sensibilité et de séduction,
en possède cependant le sens. Elle a du ryth- ,
me et du style, et elle à interprété, avec une
délicate émotion, la grande et belle scène du
second acte ; mais oserai-je lui demander pour-
quoi elle a laissé à la tendre Hortense un
visage moderne, sans poudre, sans fard et sans
perruque? Les autres rôles étaient'-tenus par-
Mlle Rose Worms, M'me Besnard de Quelen,
Mlle Fanah- par le comte Raoul dè Percin. le
vicomte Xavier de Courville, M. Charles de t
Covnart et M. Jean- Cadenet. Au demeurant,
voilà un fort attrayant spectacle. Il est pré-
senté avec soin et avec goût, et il mérite • la
sympathie du public, qui n'aura pas souvent
Tocccasion d'applaudir une si brillante compa-
gnie d'amateurs.
GEORGES BOURDON. ,
La Mise en scène
et les Décora
éien tassées, les petites * boutiques de H
« Foire de Saint-Germain n s'appuizn-, à droite
et à gauche aux tréteaux dont le rideau illystr/
montre un danseur de corde.
Ce décor est ingénieux, sa partie centra!:, f
Un Pierrot
Une Rrleql.ilntt
lieu de se creuser vers l'Infini s'avance ûommt
uns proue de navire. Le passage des person-
nages dans ce lieu de plaisirs populaires est
d'une réalité diminuée, tout à fait charmante.
Chacun, séparément. est une marionnette d'une
fort foàie cbuléur. Comme pour les chères pe-
tites poupées de bois ef dé cartel leur 3û~<~~-.
sité à chacune ou chacun est due à la seule cou.
leur, les matières employées étant humbles, "C8
qui est très bien.
Il faut louer surtout les costumes féminins,
d'une coupe très grand siècle et les bonnets de
style, tous très seyants, augmentant quand M le
faut la cocasserie des expressions comme celle
des attitudes. Un pierrot et une mequine, daM
la gaîté du final, avec leurs ajustements noirs et
blancs apportent une note très moderne pour
1696 ; leur danse, délicieuse, d'une grâce d'opé-
rette anglaise est aussi très en avance sur lea
tarentelles excitées ou les menuets espiègles des
fantoches d'alors-
Sur un palier d'escalier d'une grande austérité,
« Le Prince t-ravesti » nous montre son illustre
aventure. Le décor, sombre à gauche, clair à
droite, fait penser à deux clichés, l'un négatif,
i'autre positif, exactement côte à côte.
En l'honneur de Maiivaux on souhaiterait - un.
décor plus légèrement exécuté et moins âpre." U
transparence de l'aquarelfo ou la poussière sr,
gentée du pastel. Pour les costumes, au lieu dé
lourds et tristes à plats, des étoffes rayées ou
fleuries comme peintes par petites touches au-
raient bien fait près de vaporeuses- -lingeries.
Est-ce l'habit cloche d'Arlequin, le noir et
l'orange dur qui l'enlumine qui lui donnent un
air d'avoir des semelles de plomb? -..
; : o' * c; MAXIME DETHOMAS.
Directeur: GEORGES CASELLA
16e ANNÉE — N° 3361 — Quotidien
te Numéros.
Pans. 0 fr. 20
Hors Paris.. 0 fr. 25
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Adresse Télégraphique ':. COMŒDIA-PARIS
COMŒDI.-PI:BLlCI'I£ — Téléphone : Gui. 41»
Serge de Diaghilewet Rolf de Maré
« Ballets Russes et BaUets Suédbis ».-
On les nomme, comme si l'on évoquait par
:ette phrase' d'ensemble, le nom d'un grand
artiste s'efforçant vaillamment chaque jour
à développer et à raffermir sa personnalité
naissante. Nous retrouvons de la sorte, chez
les Suédois, que Jacques Hébertot a pro-
posé à notre émotion le plaisir que peut
nous donner toute recherche intense, fé-
brile, sincère, dans le monde des réalisa-
tions esthétiques; cependant que l'image
des Ballets Russes nous émeut toujours par
ses trouvailles classées, par le passé ains.
que par l'attente. 1
Les « chorodidascales » des deux trou-
pes errantes, des Russes et des Suédois,
Serge de Diaghiliew et Rolf de Maré, nous
on* déjà fourni, très largement, les élé-
ments qui nous permettent de comprendre
leurs volontés respectives et leurs métho-
des. L'un, mù admirablement par le besoin
d'un renouveau, cherche selon toute évi-
jence à accroître l'opulence de ces visions
par quoi il émerveilla, et secoue encore si
orofondément, le monde artistique occidenr
tal. L'autre, nordique et caHme, confiant et
précis, cherche le secret de nos inquiétu-
des esthétiques, de nos aspirations, de nos
tendances vers le spectacle moderne le
plus large et le plus "énâvran,t, et nous pré-
sente sans répit des faces nouvelles d'a
l'art représentif présent. Les deux troupes
se sont suivies, l'une venant de l'Orient
somptueux et sensuel, l'autre du Nord pen-
sif et ordonné. Elles se sont suivies, et el-
les se rencontrent parfois dans cet incom-
parable carrefour des volontés, dans cet
unique « lieu de réalisation », selon l'ex-
pression de Péladan, où les artistes du
monde entier viennent composer de leur
Force la plus profonde, le visage expressif
je notre temps: Paris.
« Dans la leçon multiple que la petite
troupe Lumineuse et ailée des Russes nous
a Laissée — pouvais-je écrire dès 1910.
aprè leurs débuts parisiens, dans la Pha-
iànge, de Jean Roy ère — il y a un ensei-
gnement qui n'intéresse pas que l'élite dies
artistes et des gens cultivés. Il touche de
près les aspirations du peuple lui-même,
qui exalte sans cesse l'esprit des créateurs
et attend d'eux la plus grande joie ou plu-
tôt sa plus grande consolation collective : le
Spectacle ». La « leçcn » était en effet
d'importance. La fantaisie 4e- Bakst déchaî-
na la fureur des turbans et des jupes-cu-
t lottes, chez certains marchands de la mode,
autant que l'art des Pré-raphaëlites anglais
avait, à l'heure du Symbolisme, allumé l'a-
mour des milieux artistes pour les robes et
les gestes « florentisisants » et les cheveux
en bandeaux. » '-
Ensuite, Serge de Diaghilew a tenté et
réussi un grand nombre de spectacles, où
musiciens et peintres russes nouveaux col-
laboraient dans une véritable joie féérique.
Mais lorsqu'il sentit que notre vieille devi-
ie « se renouveler ou mourir », le pressait
fermement, et éloigné de sa patrie, de son
foyer d'inspiration par la guerre, le,« cho-
rodidascale » slave s'avisa de demander à
» l'âme latine ses œuvres et ses artistes. Et
ses ballets représentent sans doute la der-
nière évolution de l'opéra musical. Car il
faut se souvenir que, après le drame cho-
ral pindarien, et la monodée éolienne,
l' « opéra » se transforma dans le dithy-
rambe attique pour aboutir, plus près de
nous, à sa forme monodique chantée, celle
de notre vieil opéra. La « musique pure »
s'en détacha, s'isolant, développant sa per-
sonnalité purement musicale dans la Sym-
phonie. Et c'est pour refaire l'unité de la
musique de la parole et du geste, que de
la Symphonie, selon Luciani, naquit la
sj' îendide erreur de Wagner, acharné à ac-
coupler la symphonie a la parole, et que,
de nos jours, surgissent ces ballets die mu-
sique et de gestes. Les Russes gardent la
gloire d'avoir commencé et mené ce mou-
vement vers le spectacle total nouveau. Ils
ont la gloire aujourd'hui de vouloir encore
se renouveler. ,..
C'est pourquoi, après avoir donné des
évocations inattendues et puissantes, capa-
bles de satisfaire et de dépasser même nos
aspirations artistiques les plus généreuses,
avec Scliéhérazade, avec le grouillement
hallucinant de Petrouchka, avec l'expres-
sion panique de la nature d'ans le Sacre du
Printemps, et d'autres œuvres très slaves.
Serge de Diaghilew demande aujourd'hui
aux musiciens latins, de Ravel à Erik Sa-
tie à de Falla et à de Pero et aux peintres
latins, de Picasso à Derain et à Balla, l'é-
ternelle fraîcheur d enotre esthétique.
A côté d'eux, voici la. jeune troupe sué-
doise. Et voici une souriante certitude que
Rolf de Maré nous apporte avec eux. Ils ne
nous laissent point pâmés de volupté sous
l'étreinte formidable de leurs rythmes;' ils
ne nous enivrent pas de scintillements fa-
buleux de lumières et de chairs rythmées.
Les choreutes nordiques ont des charmes
lents. Les chevelures blondes des danseu-
ses ont des pâleurs lunaires; et elles se re-
muent doucement, loin dé l'incomparable
frénésie brune et drue des Slaves. Une
tendre sentimentalité, pleine de pensée, se
dégage de ces farandoles suédoises, de ces
jeux simples que Jean Borlin a pu ordon-
ner dans la Nuit de la Saint-Jean ou dans
les Vierges Folles. Point de ces miracles
élancés, bondissants, magnifiques, des dan-
ses du Prince Igor, de cette vérité exaltan-
te des foules de Petrouchka, de cette fan-
taisie riche de l'Oiseau de Feu. Mais, tout
un rayonnement discret, et en quelque sor-
te serein, de jeunesse naïve extrêmement
sensible. Et puis, tout à coup, l'appel à l'art
le plus neuf, la votante hardie d'exprimer
la sensibilité esthétique de notre temps
par ses poètes, par ses peintres, par ses
musiciens. Et voici l'Homme et son Désir,
du grand Paul Claudel et de Darius Mi-
lhaud, et les Mariés de l'a Tour Eiffel, cette
farce étincelante de Jean Cocteau, œuvrée
par des artistes multiples, aux rythmes
multiples, aux aspirations et aux vigueurs
multiples. toute une petite phalange : Ho-
negger, Autric, MilhalUd, Poulenc, Taille-
fer. Et voici, enfin, un ballet où les pLus
avertis ont' reconnu une formule nouvelle,
celle du feuillage qui aspire à la fleur, des
masses humaines qui aspirent à la perfec-
tion du couple; où d'autres ont cherché un
visage connu de l'art, et ne l'y ont point
trouvé, n'ayant aucune qualité pour être
sensibles à la beauté richissime de. la mu-
~ique d'Honegger, ni à la leçon plastique
nouvelle que Skating-Ring avait inspirée à
Jean Borlin, et que l'éblouissant Fernand
Léger a enveloppée de « cubistes » lumiè-'
res..
Dans la puissance de Serge de Diaghi-
lew, il y a un rayonnement dont tous tes
arts se sont émus et ont profité. Dans, lè
sourire de RdIJ- de Maré, c'est certain, il
y a une grâce de jeunesse très réconfor-,
tante. Nous avions besoin de cette puis-
sance et de cette grâce. Nous avons de plus
en plus besoin de ce renouveau. Et si notre
esprit se chagrine parce qu'il nous est pro-
posé par l'Orient ou par le Nord et plus ou
pas encore par un ballet vraiment français,
nous pouvons nous consoler en pensant que
c'est tout de même dans le monde latin, ce
souverain des civilisations, que les uns et
les autres cherchent le champ le plus
éblouissant pour toute réalisation.
CANUDO.
Échos
:7 Février 1851. — Interdiction de M. Pinchard, de
Ferdinand Dugué, à la Porte Saint-Jlanin.
o
n dit que.
La Grue du Cinquième ne verrait
décIdément pas les feux ce la rampe a la
Scala; que c'est le Chasseur de chez
Maxim's qui remplacerait la Dame; que M.
Quinson monterait au Palais-Royal la Grue
du Cinquième quand elle sera terminée.
L
es quatre règîea, (
r Sur la bande d'un des innombrables
livres primes, un m: rtuu miue extmpiuu c*
par jour.
L'ouvrage ayant paru depuis deux bons
mois, cela ferait 6Q x 8.000 = 480.000
exemplaires. or le volume porte: 100e
nrHe, Alors quoi, l'éditeur aurait oublié ses
quatre règles?
C'est peu probable.
Mais, quand on fait de la réclame, on
n'en fait jamais trop, n'est-ce pas.
lm
arivaux prophète. 1
, Dans - le Prince travesti que joue
« la Petite Scène », on entend Arlequin,
demandant du numéraire, dire:
- Est-ce que vous avez encore de cet
argent .jiiune? v
Arlequin définissait plaisamment ainsi
l'or; mais l'argent jaune,, deux siècles plus
tard, devait devenir la réalité, avec nos ac-
tuelles pièces de 2 fr., de 1 fr. — et même
de 50 centimes, car on commence à en
recevoir quelques-unes. ,.
L
es plus jolies broderies, les plus beaux
sièges et meubles de la Chine et du
japon, ainsi que tous objets car anciens
d'Extrême-Orient, se prouvent chez Perret-
Vibert, 170, Boul. Haussmann.
u
bu dans son quartier.
On sait qu'Ubit Roi fut créé pa,,7
1 Lfcuvre en 189b, sur la scene ou is, rue
Blanche, qui s'appelait le Nouveau-Théâtre
avant de devenir Théâtre Réjane, puis
Théâtre de Paris. Le voici maintenant,
avec la Maison da I'OEuvre, rue de Clichy.
On sait moins qu'entre temps il fit un
stage sur !e plus court chemin entre la rue
Blanche et la rue de Clichy.,
Un an après la création, Georges Bans
et son groupe de la revue La Critique,
montèrent, 6, rue Bail u, un théâtre de ma-
rionnettes où ils donnèrent une série de
représentaions à! il bu.
Mais 1. 'on n'a
Mais l'on n'a pas chez nous. pour les
marionnettes le goût qu'ont les Siciliens et
les Napolitains, et peu nombreux sont les
Parisiens qui assistèrent à cette réalisation
logique du guignol rêvé par Jarry.
A
u moment où l'on discute sur le nu
L masculin au théâtre comme dans la
dfise, en même temps que dans la repré-
sentation sculpturale de l' « Athlète sa-
lua-nt », signalons, pour ceux qui n'ont pas
cultivé le jardin des racines grecques, qu'en
grec nu se disait gymnos.
Le verbe gymnazein, exercer; le terme
gymnasion, lieu d'exercice, en dérivèrent
dès l'époque. 1
Ainsi, notre terme de gymnastique voient
de l'idée de nudité. Gymnase est la traduc-
tion de gymnasion. Et c'est dans ce sens
ds, « lieu d'exercice » qu'il y a un siècle
fut fondé le théâtre du Gymnase-Dramati-
que. N'en résulte-t-ilpas que, selon l'étymo-
îogie, c'est au Gymnase (oui, au « Théâ-
tre de Madame »!) que devraient avoir lieu
les exhibitions actuelles si discutées?
Le Masque de Verre;
Les Matinées CI Comœdia"
M. André de Fouquières a bien vculu accep-
ter d'organiser le programme de la prochaine
matinée Comœdia qui sera donnée le 9 mars,
au Théâtre Michel, et d'y faire une-conférence
sur le « Panache ».
C'est dire que ceHe-ci sera merveilleuse d'é-
- M. André de FOUQUIERES
ruàiîion rare et d'esprit étincelant, et que le
spectacle entier sera un pur régal. De très bril-
lants artistes, dont nous donnerons prochaine-
ment les noms, y apporteront l'éclat de leur
concours.
AJ- La. location , s'ouvrira ces jours-ci, au -Théâ-
tre Miche!. Nous donnerons la date' exacte.
LES FÊTES DE PARIS
il .*
1.
L'Election de la Reine des Reines
Le Concert
Il faut De dire, — car c'est surtout grâce à
la parfaite bonne volonté de tous les excellents
artistes qui nous avaient prêté leur concours que
ce résultat a été atteint — rarement une mati-
née de ce genre s'est déroulée avec autant d'é-
clat et avec autant de régularité et d'exactitude.
Le public a d'ailleurs su. remercier tous ceux
qui avaient si spontanément apporté le tribut de
leur talent à cette manifestation splendide. Le-,
succès de tous a été considérable.
Dès 14 heures, la sella est comble. Il y a du
monde debout dans les travées.Et une foule com-
pacte se voit refuser l'entrée de la salle. 1 *
Fidèle à ses traditions, la Musique de la Gar-
de républicaine sous la direction de son éminent
chef, M. Balay, attaque avant tout la Marseil-
laise. Et le programme se déroule ensuite dans
l'ordre exact qui avait été prévu.
-. Mlle Henriot remporta les premiers applau-
dissements pour son interprétation impeccable de
l'air de Sigurd. —
Mme Huguette Duflos déchaîna de telles ova-
tions qu'il lui faut céder devant l'insistance d'un
public qui ne veut point la laisser partir.
Après que la Musique de la Garde ait elle
aussi, recueilli des bravos enthousiastes, voici
la Poupée de Chiffon qui paraît. Et la danseuse
Jasmine doit bisser cette danse d'une fantaisie
adorable et d'une invention charmante, dont elle
a fait une création si personnelle. M. David' De-
vriès charme alors le public avec l'air du rêve
de Manon et le succès du parfait chanteur est
des plus chauds.
Puis Mme Léonnec, s'accompagnant elle-mê-
me au piano, met les spectateurs en joie avec
des chansons montmartroises.
Mais voici que les tambours, les trompettes et
les clairons de la Garde républicaine viennent
se ranger sur la scène, et c'est le Défilé de la
5e Division qui fait retenir l'immense Voûte du
Trocadéro.
Un bel assaut d'armes met les amateurs de
sport en joie, et ils sont nombreux, si j'en crois
les applaudissements.
Mme Marthe Coiffier met en valeur avec un
art des plus distingués et une voix superbe,
des chansons espagnoles.
Un succès tout particulier est réservé à la
Marche-Apothéose de M. Balay. que son mer-
veilleux orchestre exécute magistralement.
Et maintenant, l'on rit. Le mime Moisseenko
exécute ce que l'on pourrait appeler: un mo-
nologue mimé, d'une originalité étonnante, Le
Pharmacien, et exécute des imitations de music-
hall, caricatures d'une variété saisissante.
Autre caricature non moins saisissante : Miss
Peggy Leblanc fait surgir à nos yeux qui ne
peuvent y croire un Clwrlot si plein de véri-
té que nous cherchons l'écran d'où il vient de
descendre. -
M. Noté termine cette brillante représentation
en chantant avec sa voix admirable trois mor-
ceaux qui lui valent les ovations qui lui sont
coutumières.
A tous nous adressons nos bien vifs remer-
ckments, et aussi à M. Philippe Préval, qui
sut diriger l'exécution du programme avec la
sûreté et l'autorité que lui, confèrent sa grande
expérience.
NOTRE CONCOURS -
La place nous manque pour parler aujourd'hui
de notre concours. Remettons, la chose à de-
main.
P- L -Élection
î L'Élection
Aptès un court entr'acte pendant lequel on
dispose sur la scène le trône de la Reine des
Réines et les sièges des vingt reines, la musique
Mlle Germaine BUCHET Reine des Reines
de la Garde républicaine exécute la Marche du
Couronnement de Gustave Charpentier et précé-
dées de Mlles Yvonne Béchu, Reine des Reines
sortante, les vingt élues de 1922 prennent place.
Derrière la table où se trouve l'urne, M. Cé-
sar Caire président du Conseil municipal, pré-
side le scrutin.
Avant que commence le vote, M. G. Maus
vite-président du Comité des Fêtes, présente
dans les termes heureux qu'il'sait toujours trou-
ver, -des remerciements- à tous ceux -qui ont
participé à l'organisation de cette matinée.
Il remercie en tête, notre confrère et
ami, E. Hannaux, commissaire général du Co-
mité, et nous sommes heureux de trouver là
l'occasion de dire encore tout le dévouement
que cet excellent organisateur dépense sans
compter pour la réussite des Fêtes de Paris.
M. Mauss remercie le Journal, remercie la
Liberté de leurs dons généreux. Il remercie en-
fin Comœdia pour l'organisation de la partie
.artistique. Qu'il nous permette de lui dire que
nous serons toujours heureux de lui' apporter no-
tre collaboration, chaque fois qu'il nous fera
le plaisir de nous la demander..
L'élection commence.
Nous avions présumé 'qu'eHet comporterait
sans doute une surprise. Cette surprise a été
surtout pour l'élue elle-même. Car, parmi les
vingt reines, celle du 12e était une de celles qui
semblaient le moins compter sur la victoire
qu'elle a remporté. --
En effet, alors qu'au premier tour, où les 3e,
6e, 15e, 17e, 19e et 208 arrondissements obte-
naient chacun deux voix et les ier, 41, 5e, 7e, 8e,
1 le arrondissements obtenaient chacun une voix,
le 12e n'en avait pas une; au deuxième tour, il
obtenait trois voix contre deux aux 6e, 8e, 14e,
— LES DEMOISELLES D'HONNEUR DE LA REINE DES REINES.-"
De gauche à droite Mlle CRON, Reine du xiv* A,.,..rnIi,sement j Mlle PEIFFER, Reine du vr
Arrondissement ; Mlle ERNES, Rein. cfu XX' ArrondiSfiement.
et 20e et une aux IV) 3* -t., 5«, 7«t 158, 1¡8, l8.
, , 40 , Se , 7e , 1 5 , 1 7 , 18"
et 191.
(Devant une aussi faible majorité, le Comité a
eu un moment d'hésitation. Mais il y a un rè-
glement que M. Jusseaume a exposé au public.
Il faut l'appliquer: Mlle Germaine Buchet, sté-
no-dactylo, née le 22 août 1899 est élue Reine
dès Reines.
Un troisième tour de scrutin eut lieu pour l'é-
lection des demoiselles d'honneur et comme si
les votantes se sentaient alors plus désintéres-
sées, une vraie majora se réunit sur la Reine
du 6e arrondissement, Mlle Fernand Peiffer qui
obtint huit voix, tandis que Mlle Cron, reine du
146 et Mlle Ernes, reine du 20e obtenaient cha-
cune quatre voix.
Le Comité décida alors qu'il y aurait trois de-
moiselles d'honneur.
La Reine des Reines reçoit sa dot de 20.000
francs, le bon de 10.000 francs de meubles et
tandis que les dix-neufs autres reines reçoivent
chacune un bon de mille francs, Comœdia re-
met a la souveraine suprême et à ses demoiselles
d honneur un souvenir auquel il joint ses féli-
citations.
La foule s'écoule lentement. On entend bierr,
par ci, par là, des protestations, des récrimina-
lions, mais il est manifeste que, quoiqu'on ait
fait, il y eut toujours eu des mécontents.
Ce qu'il faut retenir de cette manifestation
c cet 1 orientation nouvelle oue le Comité des
fêtes donne très heureusement aux réjouissances
de Paris. On a pu voir hier que cet effort très
réel était déjà assuré du plus certain succès.
MARCEL SILVER.
Le Bal Molière
Les dernières loges, s'enlèvent pour le Bal
Molière qui doit avoir lieu demain soir mardi
à l'Opéra.
Rappelons que l'Apothéose de Molière qui
précède le Bal, sera l'occasion d'un cortège
magnifique auquel prennent part près de deux
mille artistes appartenant à tous les théâtres
de Paris. $
La Comédie-Franchise défilera dans la céré-
monie des « Comédies de Molière » avec ton-
tes les vedettes de la célèbre Maison.
Le Bal est paré et travesti à volonté. L'ou-
verture des portes aura lieu à 11 h. 30.
Service d'autobus dans toutes les directions",
jusqu'à 4 heures du matin.
DEMAIN:
Comœdia paraîtra sur 6 pages
: et publiera in extenso:
Il faut que Vieillesse se passe
Comédie en un acte de M. JACQUES NORMAND
et
; - Molière au Valais-Royal
A-Propos en vers de M. HUGUES DELORME
AU THÉÂTRE FEMINA '*
(Spectacle de La Petite Scène)
"La Foire SaihUGermain"
Comédie en Un acte de Dancourt
çç Le Prince Travesti -
- ou l'illustre aventurier**
Comédie en trois actes de Marivaux
Les lecteurs de Comœdia connaissent bien la
« Petite Scène ». C'est une société d'amateurs
qui a cette originalité d'être organisée comme
une compagnie régulière. On y travaille et
l'on y a la foi. Sous l'impulsion d'un homme
du monde, éclairé, ami des lettres, du théâtre,
de la musique et des arts, le vicomte Xavier
de Courville, appuyée, d'autre part, sur la Re-
vue Critique des Idées et des Livres, elle se
propose principalement « de faire, revivre des
œuvres peu connues du répertoire français,
devant une élite de spectateurs cultivés ». Ac-
teurs, musiciens, costumiers, décorateurs, elle
se recrute uniquement parmi des gens du mon-
de. Elle publie hardiment le propos de cons-
tituer, à notre époque, quelque chose comme
«un théâtre de cour ». N'étant ni un théâtre
d'avant-garde ni un théâtre exotique, elle ne
veut que «divertir, et divertir à la française »,
et elle limite son choix aux œuvres anciennes
et oubliées. C'est ainsi que, depuis 1911,' elle
a remis à la scène des œuvres délaissées et
charmantes de Molière, de Marivaux, de Se-
daine, de Dancourt, de Favart, de Racine. En-
fin, étant une compagnie théâtrale au sens plein
du mot, eHe a le dessein de se transporter en
province, en Alsace,' en Lorraine, en Rhénanie,
province, l'étranger, pour y porter le goût de la
nit-ce à pour y porter le jzoùt de la
grâce française. -
Comment n'applaudirait-on pas à un tel pro-
gramme? Mais ce n'est pas seulement un pro-
gramme, c'est déjà presque une histoire, et
voilà dix ans — les années de guerre excep-
tées — que la Petite Scène en démontre l'ex-
cellence à coups de réussites. Les spectacles
qu'elle montre sont toujours fort judicieusement
composés et montés avec des soins scrupuleux ;
les acteurs mondains qu'elle recrute font tous
de leur mieux, avec une bonne volonté et un
zèle exceptionnels, et parfois même avec quel-
que chose en outre. C'est autre chose que de
la comédie de salon. On sent parmi eux une
'discipline, et ils ont pris conscience de leur
mérite au point qu'ils s'enhardissent aujour-
d'hui à appeler le oublie payant et à jouée à
bureaux ouverts: convenons que ce n'est point
banal; c'est la première fois que l'on voit des
gens du monde s'exposer, sur un théâtre, au
jugement du 'passant qui, en payant sa place,
a acquis le droit de critique.
L'ambition de la Petite Scène, pour être au-
dacieuse, s'est pourtant assigné des limites. Ce
qu'elle recherche presque exclusrvement, ce
sont des œuvres peu connues, où s'exprime
quelque chose de ce qui fait l'élégance, l'esprit
et le goût français. C'est une entreprise pleine
d'intérêt. Ces œuvres abondent dans notre ré-
pertoire, principalement dans tout le dix-hui-
tième siècle, mais aussi dans la seconde moitié
du dix-septième, et l'on en découvrirarit aussi
au dix-neuvième ; dans la période pré-classique,
la Petite Scène pourrait encore faire des trou-
vailles. La plupart de ces ouvrages semblent
condamnes à l'oubli, la Comédie-Française et
l'Odéon ayant trop à faire pour songer à ex-
ploiter. un champ si vaste où d'ailleurs il leur
serait souvent malaisé d'entraîner le grand pu-
blic. Sachons gré à des personnes désintéres-
sées de l'effort qu'elles font, avec une ferveur
si pieuse et un goût si assuré, pour balancer,
devant des odorats délicats, tes parfums suran-
nés où nous retrouvons ce qui fut et qui est
demeuré, à travers les différences des modes et
des formes, la grâce de l'âme française.
Il est possible qu'en certains points le zèle
des promoteurs de la Petite Scène soit sujet à
s'abuser. Par exemple, quand ils nous disent :
« Ce genre n'exige-t-il pas une distinction qui
met en défaut bien des comédiens? » on pour-
rait trouver, dans cette proposition, matière à
discuter. La vérité au théâtre n'est jamais qu'u-
ne transposition, et il y a une ésole pour l'élé-
gance des manières comme pour le reste. Une
personne réputée, à la ville, pour la distinc-
tion de son maintien, ne garde pas nécessaire-
ment, dès qu'elle monte sur une scène, tous
ses avantages. La distinction réside surtout
dans l'aisance: c'est l'a b c de l'art du come-
1 dieil, et c'est celle qui manque le plus a des
amateurs. Il est très rare qu'un amateur, même
bien doué,- ne se reconnaisse pas du premier
coup à fea gêne physique; il s'agite à contre-
sens, il ne sait que faire de ses mains, ses
gestes sont empruntés, et cette gaucherie trop
explicable est infiniment dommageable à la dis-
tinction qui est essentiellement une harmonie.-
Ajoutez que, dans les rôles à costumes, no-
tamment, les acteurs professionnels, rompus a
la pratiquer-n'ont point de peine à 1 emporter.
Mais ceci n'est qu'un petit côte, et je ne m'y
serais point aventuré, si la Petite Scene el)3-
même n'avait semblé nous y engager. H y-
a assez de bien à dire de son effort, pour que
l'on se garde d'insister sur le-reste. - .-
Nous lui devons, au Théâtre Femina, une
soirée charmante. Elle a inscrit cette fois, à
Un Page N*g»*e
son programme, une comeaie
en un acte de' Dancourt, La
Foire Saint-Germain, que la
Comédie - Française joua en
1696 sans la reprendre jamais
depuis,, et la comédie en trois
actes de Marivaux, Le Prince
Travesti ou l'Illustre Aventu-
rier, jouée en 1724 au Théâtre
Italien. ■ * - -
La Foire Saint-Germain est
une comédie sur la foire qui se
tenait chaque année, à Saint-
Germain.. et où fréquentait la
plus brillante société. L'intri-
gue, à la fois puérile et com-
pliquée, y a pour objet de
berner un vieux financier pail-
lard et ridicule, et de mener
aux épousailles des jeunes
gens qui s'aiment; mais les
détails en sont amusants et pittoresques, de jo-
lis tableaux de nMettrs s'y succèdent, la musi-
que y alterne avec la danse. Cette aimable co-
médie a été lestement enlevée par la plupart de
ses acteurs. Je mets au premier rang Mlle
Jeanne de Berly, qui a du mouvement, de la
verve, une gaîté vive et jeune; Mme Besnami
de Quelen, M. de Saint-Max, Mme Pierre Ber-
nard, M. Charles de Coynart, Mlle Claire d4
-, mue Lu-
cienne Haydée Le-
vel, qui a, si j'ose
dire, le diable au
corps. Mais il faut
rendre hommage-
en même temps
aux autres inter-
prètes: la comtes-
se Raoul de Per-
cin, Mlle Suzanne
de Saint-Maur ; la
comtesse Olivier de
Carfort, Mlles de
-Carfort et Claire
d'Adieux, la prin-
cesse Olga Trou-
tvetzkoï, M. Albert
Delmas, le vicom-
te Xavier de Cour-
ville, M. Edouard
Maubourguet, M.
Miche! Arin. L'u-
Un Financier
ne des grâces du spectacle, ce furent les danses
délicieuses de Mlle Jane Erb et de M. Pierre
.Margueritte. La compagnie de la Petite Scène
est, vous le voyez, nombreuse; mais il fau-
drait encore nommer les musiciens et les mu-
siciennes de l'orchestre, que dirige M. Félix
iraugel.
C'est autre chose de jouer du Marivaux.
Deux ou trois scènes du Prince Travesti, que
l'Odéon reprit naguère, sous la direction de
M. Paul Ginisty, sont parmi les plus adorables
qu'ait écrites MarNaux. Pour dire cette prose
magnifique, pleine, délicate, rythmée, la plus
nuancée, la plus expressive, la plus. riche que
l'on ait jamais parlée au théâtre, il faut dd
comédiens rompus à leur art, en possession de
toutes les resssources d'une diction précise e(
mure, et c'est une science aui .s.~ s. 'l^vï.r0vis<
LA FOIRE SÂINT-CERMAIN -. _-J-
point. Des amateurs sont bien téméraires, qui
s'aventurent à l'aveugle, à travers un texte
de Marivaux.. Mme Jean Rivain, qui fut une
Hortense pleine de sensibilité et de séduction,
en possède cependant le sens. Elle a du ryth- ,
me et du style, et elle à interprété, avec une
délicate émotion, la grande et belle scène du
second acte ; mais oserai-je lui demander pour-
quoi elle a laissé à la tendre Hortense un
visage moderne, sans poudre, sans fard et sans
perruque? Les autres rôles étaient'-tenus par-
Mlle Rose Worms, M'me Besnard de Quelen,
Mlle Fanah- par le comte Raoul dè Percin. le
vicomte Xavier de Courville, M. Charles de t
Covnart et M. Jean- Cadenet. Au demeurant,
voilà un fort attrayant spectacle. Il est pré-
senté avec soin et avec goût, et il mérite • la
sympathie du public, qui n'aura pas souvent
Tocccasion d'applaudir une si brillante compa-
gnie d'amateurs.
GEORGES BOURDON. ,
La Mise en scène
et les Décora
éien tassées, les petites * boutiques de H
« Foire de Saint-Germain n s'appuizn-, à droite
et à gauche aux tréteaux dont le rideau illystr/
montre un danseur de corde.
Ce décor est ingénieux, sa partie centra!:, f
Un Pierrot
Une Rrleql.ilntt
lieu de se creuser vers l'Infini s'avance ûommt
uns proue de navire. Le passage des person-
nages dans ce lieu de plaisirs populaires est
d'une réalité diminuée, tout à fait charmante.
Chacun, séparément. est une marionnette d'une
fort foàie cbuléur. Comme pour les chères pe-
tites poupées de bois ef dé cartel leur 3û~<~~-.
sité à chacune ou chacun est due à la seule cou.
leur, les matières employées étant humbles, "C8
qui est très bien.
Il faut louer surtout les costumes féminins,
d'une coupe très grand siècle et les bonnets de
style, tous très seyants, augmentant quand M le
faut la cocasserie des expressions comme celle
des attitudes. Un pierrot et une mequine, daM
la gaîté du final, avec leurs ajustements noirs et
blancs apportent une note très moderne pour
1696 ; leur danse, délicieuse, d'une grâce d'opé-
rette anglaise est aussi très en avance sur lea
tarentelles excitées ou les menuets espiègles des
fantoches d'alors-
Sur un palier d'escalier d'une grande austérité,
« Le Prince t-ravesti » nous montre son illustre
aventure. Le décor, sombre à gauche, clair à
droite, fait penser à deux clichés, l'un négatif,
i'autre positif, exactement côte à côte.
En l'honneur de Maiivaux on souhaiterait - un.
décor plus légèrement exécuté et moins âpre." U
transparence de l'aquarelfo ou la poussière sr,
gentée du pastel. Pour les costumes, au lieu dé
lourds et tristes à plats, des étoffes rayées ou
fleuries comme peintes par petites touches au-
raient bien fait près de vaporeuses- -lingeries.
Est-ce l'habit cloche d'Arlequin, le noir et
l'orange dur qui l'enlumine qui lui donnent un
air d'avoir des semelles de plomb? -..
; : o' * c; MAXIME DETHOMAS.
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