Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-08-03
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 août 1926 03 août 1926
Description : 1926/08/03 (A20,N4967). 1926/08/03 (A20,N4967).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76520159
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
«3®LANN_ 2. - N" 4967. a LE NUMÉRO : CINQUANTE CENTIMES
«l, rue Saint-Georges. — Tél. Trudaine 70-00. 01. 02
MARDI 3 AOUT 1926,
Gabriel ALPHAUD
Directeur
•..Une ample comédie à cent actes diverl
Et dont la scène est l'Univers.
(LA FONTAINE.)
Ami lecteur
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OMfM postal t OMI
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a M. le directeur de a comoedia »
l Id
Yr j
t. Pièces d'autrefois
en costumes modernes.
^rait d'un automatisme. Tous
les Clncl ans ■— à peu près — un théâtre
fe Cinq ans — à peu près - un théâtre
rep rend une pièce de Shakespeare, de
l scè e ou de Molière, en la mettant en
1 ns des costumes et des décors
f rnes* Cette année, ç'a été le tour
de •r.
1 Celui artuffe, à Berlin, après avoir été
L celui ^an^ett à Londres, l'an dernier,
L lngsway Theatre.
Le S Allais — qui n'ont pas la pé-
tre erle des Allemands — ont, par con-
l | tre, anclué un tantinet du sens du ridi-
f cule, lors de leur dernière reprise du
fc chçf j, œuvre shakespearien. N'ont-ils
pas 'Oeuvre shakespearien. N'ont-ils
cOIl1 tu le prince de Danemark d'un
comnîl et~Veston de golf avec la culotte
(l' dans laquelle il joue la scène
I du 1• IIlet^re notamment? Polonius, en
habit, notamment? Polonius, en
',CSt fait la tête d'un diplomate
appé - pour le moins - d'une des
com de feu M. Scribe, et Ophélie,
ju de feu M. Scribe, et Ophélie,
dé Sur des talons Louis XV, est
tabillée dans quatre-vingts centimè-
* très H e crepe de Chine, tout comme une
Petite inarcheuse de beuglant.
A"Irli frusqués, les héros de Shakes-
cij^ voluent dans des paysages en
cim~ é,,, I uent dans des paysages en
roig irnié ou dans des intérieurs bava-
rrj~s, IllâtInés fortement de modern'styl'
tbelge, tout en récitant leurs tranches de
tejjteans plus pur anglais du sei-
Izièmç Slecle. Déséquilibre manifeste de
eux styles absolument contraires.
1 et be genre même d'adaptation reste bel
même d'adaptation reste bel
i attend e Prototype de ce que l'on peut
f ^ttençj re — une fois pour toutes — de
,¡ ces Cénacles pour lesquels « art modcr-
: Hé „ est une clef à l'usage de toutes les
ejctravaJances; en disloquant et déna-
i turanv classés.
I es chefs-d'œuvre classés. u-
e-n principe - je n'ai absolu-
, ~ntre le théâtre classique « en
f nient [len Contre le théâtre classique « en
, Vestor ». Seulement, le tout est de savoir
choisjr fn ne tombant point dans le car-
- Uln cirque (autre formule chère
e~
; * batea ains metteurs en scène du- dernier
b;ttea, U). Et de savoir choisir, avant
'I triut - Urie forme littéraire pouvant s'a-
S. d;[ Pter à, une forme plastique nouvelle
l'i ne A Une point contraire, sans aller
-- sans aller
Pour cela — dans la salade
ri, %se (opéras de Gounod style cubiste et
t tragédl. es raciniennes à l'ezpressionnis-
* l fous çj Kamemy H de Moscou )
nz J U « Kamemy » de Moscou).
! j j ^°riIIe même d'une pièce de théâ-
f!|^e est T" de par son dialogue — l'évo-
• représentation d'une époque
'» [ Précisé ri2°ureusement limitée dans le
ternpse, ngoureuSement limitée dans le
ter
pOur Hamiet: c'est un prince
P°ur Hamlet: c'est un prince
re TElse neur» tout comme Roméo et Ju-
etteSollt des personnages véronais, le
ii f r°* Lpf et Macbeth des monarques an-
f glaI* S et Jules César un empereur romain
If LnS eur donc leur caractère pro-
1 faire habiller par un tailleur de
M ^fe- ^a^re hâbiller par un tailleur de
q\1e y est aussi faux et détestable
v r ^a^re endosser — à la
* r-n, lilédi e-Française — une culotte de
j^kev Mascarille ou à Valère, un ves-
's; POQ George Dandin, une redingote à
1' et d'envoyer Célimène se
f rç taiM| ]er les cheveux. C'est absurde.
1: f. po tre habillés de costumes moder-
ti s i^ faut que la pièce classique ne soit
It en aucun cas — d'époque ou qu'elle
et., ensuite, qu'elle ne soit
Itit Jouée clans sa forme originale
6 ~c~~ le v ê terne-nt et le décor
:,. re que le vêtement et le décor
h* %e ad es ne sont possibles que pour
fl lirit ad "Ptation ou une traduction, dans
7Û 44 Utre langue. C'est ce que Max
j S 5einharet Wilhelm Baecker ont com-
ti Pris, es tout Dremiers, lorsqu'ils ont fait
1
Û Kurt s.
If' >
représenter, à Berlin et à Munich, L6
Misanthrope et Tartuffe en costumes
d'aujourd'hui.
Une traduction de Molière laisse de
côté tous les caractères propres au style
du dix-septième siècle, cela au bénéfice
d'une transcription en langage moderne.
Ainsi je sais une traduction allemande
du Misanthrope, dans laquelle le
« Laissez-moi là, vous dis-je. » d'Al-
ceste à Philinte, est traduit par une ex-
pression équivalant à « Je vous dis de
me ficher le camp. » (i). Et, de même,
la réplique de Philaminte à Chrysale,
au deuxième acte des Femmes savantes,
qui est: « Avez-vous à lâcher encore
quelque trait?. » est devenue: « Avez-
vous encore une rosserie à dire?. »
Ainsi, le style « Louis XIY » est com-
plètement absent dans le texte traduit,
à même enseigne les vers français de-
viennent de la prose allemande. C'est la
principale raison permettant de jouer Le
Misanthrope et Tartuffe en les habillant
comme vous et moi le sommes.
Traduisez aussi les drames fantaisis-
tes de Shakespeare — non pas les fée-
ries — en français actuel, il n'y a plus
aucune raison pour ne pas les jouer dans
notre plastique contemporaine. Car, dès
que l'on admet une traduction, il est
naturel de l'admettre carrément au goût
de notre époque, dans son style. Sha-
kespeare employait parfois le langage
populaire — voire populacier — d'où
certaines expressions assez vertes et tri-
viales. Il faut donc en trouver l'équiva-
lent actuel dans une traduction.
Par contre, lorsque ces œuvres sont
jouées dans leur texte original, il devient
stupide de les emberlificoter dans une
plastique moderne. Et c'est la raison
pour laquelle Hamlet, parlant le plus pur
anglais du seizième siècle, devient —
frusqué en fellow de Cambridge — gro-
tesque comme un héros de La Belle
Hélène. Imagineriez-vous facilement —
et de même — Pyrrhus dans un com-
plet de « La Belle Jardinière » et Andro-
maque ou Hermione fagotées selon la
mode actuelle, laquelle appuie, plus que
jamais, sur le côté « petite femme de
quatre sous >> avec ses cotillons courts,
ses bras nus et ses cheveux coupés.
C'est cependant farine d'un même aca-
bit.
Serait-ce le symptôme de la fin de la
tragédie cette mascarade d'un goût dou-
teux, et ce spectacle hétéroclite reste
bien le nec plus ultra du divertissement
pour un certain public, soi-disant blasé.
Comme on ne le prend sans vert — ce
public-là — l'on dénature Hamlet à son
intention, afin de lui faisander et dorer
la pilule que l'on tente de lui faire go-
ber. en attendant le moment d'interca-
ler des femmes nues aux cuisses fardées
et des danses américaines entre les tex-
tes de Shakespeare.
Seulement — à ce petit jeu là — l'on
paraît oublier que, dans ce domaine,
l'on peut singulièrement renverser l'ar-
gument. Et — sous le fallacieux pré-
texte que les caractères de l'humanité
sont vrais de tous temps — je ne sais
trop ce que l'on attend pour costumer
Isidore Lechat avec un peplum, Giboyer
avec une robe de croisé, le gendre de M.
Poirier en mousquetaire et Philippe
Derblay, le maître de forges, en sans-
culotte. Pourquoi s'arrêter en si bon
chemin? Et le plus cocasse, c'est que je
suis — hélas ! — persuadé que l'on
dénicherait, sans peine, une bande de
snobs, assoiffée de modernisme, pour
applaudir à ces foutaises-là.
Vincent Vincent.
A Nouvelle architecture
'f il
1 Ill. 4V oire C]> y ,
k- crs.J Un der tche en montre un des plus nOUIVe
( tte, Plus beaux., des plus saisissants
e, clsj car cro(luis où le gigantesque gra
l*1 s'élèn, où le gigantesque gra
zel e eVe 00-mme un orgue immense
wèsaWrç a * celui du building colossal qu'
$Tande f
; 4he editie: rZ° de cinéma., la Paramount,
Igit SaUe à New-York et qui contiendra u
>' i 6 spectacle pouvant recevoir
spectateurs
t NOtre nouveau roman
re nouveau roman
5 H J ) ^Venturcs
, n de la belle Louison
9®ïïînencera que demain.
L4,e ri quatri~,,e page
Souvc L - pag€ :
tvÎT8 le Café Vachette
* Louis RosgYRÇ
< L. -
Une ppétesse prodige
C'est une petite fille d'une petite ville du
département du Lot-et-Garonne.
On dit qu'elle n'a que treize ans, que les
vers d'elle que l'on publie sous le titre de
Poèmes d'enfants, avec préface de Mme de
Noailles, ont été écrits sans qu'elle soit ja-
mais sortie de sa bourgade. On dit que ses
vers ont été par trois fois couronnés aux
Jeux Floraux.
Au surplus, jugez vous-mêmes, car voici
la fin d'un poème de Mlle Sabine Sicard sur
le cinéma .•
TOUS les héros, tu les connaît,
Ceux c'a l'Histoire et ceux de la légende
Tous les contes des Mille et une nuits,
—- Les contes d'autrefois, ceux d'aujourd'hui -
Et les temples, et les palais,
Et les vieux burgs où les claiM de lune descendent.
Tu les connais. Tu les connais, toi, prisonnier,
Peut-être, de murs gris, de choses grises, toi
Dont la vie est grise ou pire.
Voit, des fleurs s'ouvrent, des oiseaux l'invitent, voit;
Aux vergers d'Aladin s'emplissent des paniers.
Cueille ces rêves, toi qui fus un prisonnier !
Ainsi qu'une arche de porphyre,
La muraille t'ecarte. Evade-toi 1
Il pleut - op le vent souffle sur le toit,
Ou c'est juillet qui brûle, ou, dans ta rue,
C'est trop dimanche avec trop de gens qui bavardent-.-
Viens dans ce petit coin merveilleux et regarde.
Ici, l'heure vécue,
Même terrible — tous les drames sont possibles I -
n'est qu'à demi terrible,
Et te voilà, comme les tout-petits,
fciaiit, toi qui pleurais. Tu ris,
Toi — vieux - comme les écoliers que rien n'étonne.
Charlie est là. Charlie » Et Keaton, et Fatty.
Et pour ce bon rire, conquis
Sur toi-même, c'est le meilleur d'eux-mêmes
Ou'ils te donnent.
Art muet, soit.. N'ajoute rien. Tu l'aimes,
Tu l'aimeras, quoi que tu dises, l'art vivant
Qui t'offre son visage neuf et son langage,
Ses ralentis, ses raccourcis, tous ses mirages..
Tous ses cécors mouvants..
Près de ces gens qui, dans t'ombre, s effacent,
Viens seulement t'asseoir, veux-tu, sans parti pris P
ni la nuit d'une salle étroite, aux longs murs gris,
Kegarde ce miracle : ua film 9P' Passe-
Sabine Sicaud.
Les gigantesques ruinée d'un temple des Mayas (Photo Dan,. Mlror.)
Notre cliché présente la façade du « Temple des Guerriers n de la cité sacrée de
Chichen Itza, dans cette Amérique que la guerre religieuse du Mexique met à l'actualité.
A côté de cette cité on trouve une chaussée géante de 83 kilomètres de longueur qui
s'étend jusqu'à l'ancienne cité de Coba, déc ouverte par le Dr Thomas Gann. Ce vestige
de l'ancienne civilisation des Mayas du Mexique remonte au premier siècle.
Entre nous
Nos arbres ct k change
Les étrangers, à la faveur du change, se
jettent sur nos richesses. Tout leur est bon
qui se peut traduire en monnaie. Nos ar-
bres les attirent et ils s'en emparent. Un
lamentable exemple a été signalé à la ré-
cente réunion que tinrent à Evreux, sous
la présidence de M. Marcel Delaunay, les
délégués cantonaux de la Société de pro-
tection des paysages de France.
Il existe dans l'Eure, à Barquet, non
loin de Beaumont-le-Roger, un magnifique
domaine, le domaine de la Vacherie. Ce
vaste domaine comptait environ 18.000
arbres : frênes, hêtres, sapins et chênes
centenaires. Aujourd'hui, de larges trouées
sont ouvertes dans la forêt : les arbres gisent
sur le sol, et les troncs débités, peu à peu,
filent vers la gare. A de certaines places,
la destruction est si .complète qu'on se croi-
rait en présence d'une de nos forêts détrui-
tes par la guerre !
Tout cela, parce que le domaine de la
Vacherie appartient à une société hollan-
daise qui fournit des pieux aux polders des
Pays-Bas!
Qu'attend-on pour agir? Qu'attend-on
pour faire sortir des dossiers parlementai
Tes- l«rprt5ffeflUfc"fof~contre les déboisements
que déposa naguère M-. Jean Durand? Que
le mal, qui s'étend à toute la France, soit
devenu irrémédiable et provoque la colère
des plus indifférents? Au prix où l'on paie
nos parlementaires, ne peut-on exiger d'eux
qu'ils accomplissent enfin du bon travail?
A Evreux. dans l'assemblée dont il est
question plus haut. les vœux ci-après fu-
rent adoDtés:
r. Provoquer la discussion des projets de loi rela-
tifs au boisement et au déboisement des bois des par»
ticuliers.
2. Réclamer d'urgence la fermeture de la frontière
à l'exDortation de tous les bois en grume ou ouvrée
3. En attendant le décret, intervenir auprès des
Compagnies des chemins de fer pour qu'elles ne con
sentent plus des tarifs réduite en faveur des boit
destinés à l'exportation.
4. D'exercer une action morale sur les vendeurs c«
grands domaines afin de neutraliser l'action des mu
chands de biens.
5. D'agir sur l'opinion publique en dénonçant tout
tes attentats qui se préparent contre nos châteaux,
parcs et bois.
6. D'insister auprès de nos parlementaires pour
obtenir une diminution considérable des droite de
mutation et ces impôts, sur ce genre de propriétés
en faisant remarquer qu'à défaut de ces dernières
mesures 3 millions d'hectares de forêts privée en
France disparaîtront entièrement.
Tous les Français qui aiment les arbres
et le visage de leur pays s'y associeront de
toutes leurs forces. Il est temps d'agir, si
l'on ne veut pas que ce qui reste de notre
Gaule chevelue disparaisse peu à peu.
R. T. *
Un petit musée George Sand
à la Comédie-Française
Saisissant l'occasion des fêtes qui vont être
données en l'honneur de George Sand, la
Comédie-Française a occupé la petite vitrine
d'exposition qui se trouve maintenant de fa-
çon permanente dans le foyer du public, par
quelques souvenirs de la grande romancière.
On y voit, à côté d'une série d'éditions ori-
ginales de ses ouvrages de théâtre, plusieurs
des portraits que fit d'elle Calamata, d'au-
très portraits de Charpentier, de Boilly, etc.,
et l'on remarque surtout une extraordinaire
photographie d'une énorme vieille femme awe',
traits allongés et adipeux, qui fait, avec les
lithographies romantiques où le même long
visage a de grands airs de Muse/le plus
affligeant contraste.
Dans une vitrine voisine, ,on, a maintenu
à bon escient ces nombreux et précieux sou-
venirs (couronnes, diadèmes, cheveux, mon-
tres, écritoires, etc.) de Talma,' de ') Ra-
chel, etc., reliques qui contribuent à main-,
tenir le mirage et l'âme de la Maison.
Pour un théâtre national
Simon de Montfort"
aux Arènes de Saintes
Le 8 août prochain les arènes de Saintes
verront la première représentation de Simon
de Montfort, l' œuvre qui fut primée au Con.
cours de Pièces en vers, ouvert par la ville
de Saintes.
■ L'auteur M. Jean Suberville écrit à notre
rédacteur en chef la lettre suivante :
1 Paris, zOr août ïç20j
Mon cher confrère,
i Dans vos suggestives critiques théâtrales,
vous avez souvent parlé d'un renouveau du
théâtre en vers, d'un théâtre purifié et élargi
par le plein air et puisant d'émouvants sujets
dans l'inépuisable réservoir de notre histoire
nationale. Cette idée était véritablement dans
l'air puisque, tandis que vous la répandiez
dans le public en formules brillantes, des
poètes la travaillaient dans l'ombre et que
des détenteurs de théâtres de plein air la pré-
sentaient sous forme de concours.
C'est ainsi que le Comité des fêtes de Sain-
tes, dont les efforts artistiques se poursuivent
chaque année avec tant d'éclat en dehors de
toute préoccupation commerciale, ouvrit l'an
dernier un concours de pièces en vers se rap-
portant à des milieux historiques, de préfé-
rence inclus dans le cercle- du "ttioyerf"âgê.--
J'avais - justement dans mes cartons un
Simon de Montfort. J'envoyai ma pièce, qui
eut la chance d'être primée et qui va avoir
l'honneur d'une somptueuse représentation, le
8 août prochain, dans l'antique décor des
arènes gallo-romaines de Saintes.
Ces messieurs du Comité, que préside avec
tant d'autorité diligente M. Alain d'Harcourt
et dont le robuste auteur d'Oreste et de La
Mort d'Héraclès, notre confrère René Berton
est le directeur artistique si averti et si cor-
dial, n'ont rien épargné : talent, dévouement,
argent, pour donner à mon œuvre un revête-
ment. , plein d'éclat. Vous connaissez, le ca-
dre : il est unique tant par l'ampleur de ses
proportions que par son prestige évocateur.
Deux cents figurants et vingt chevaux évo-
lueront sur le vaste plateau dans un déploie-
ment de couleurs, auquel l'excellent orches-
tre de la cité saintaise ajoutera le déploie-
ment de ses harmonies. Quant à l'interpréta-
tion, elle est vraiment de premier ordre. Des
artistes du Théâtre-Français ou qui en sont
des transfuges pleins de talent, tels que MM.
Maurice Escande, Alcover, Dorival, et mon
vieil ami Albert Reyval, se sont joints à leurs
excellents camarades de l'Odéon ou d'ailleurs,
MM. Pierre Aldebert, Marcel Chabrier, Pierre
Geay, Robert Vidalin, Raphaël Cailloux,
Pierre Sentès et l'exquise Mlle Juliette Ver-
neuil, pour faire une éclatante couronne au-
tour de Mlle Colonna Romano qui réalisera
par sa beauté sa voix moirée, le lyrisme de
son âihe et jusque dans les battements de
Son cœur, le type même de ma Sancia d'Ara-
S'on, reine catalane et fleur de la terre d'Oc.
Reste l'œuvre elle-même, le verbe autour
duquel se déploie cette magnifique orchestra-
tion. Cela est une autre question, qui est du
ressort des critiques. Je dirai seulement que
j'ai pris notre histoire nationale à un tour-
nant tragique et décisif. A quoi tient le des-
tin des peuples ? Parfois à la volonté d'un
homme qui ne connaît pas toujours l'étonnan-
te ampleur de sa tâche. Ainsi, à ce début du
xm8 siècle, le Midi de la France se détache
du Nord et penche vers les Pyrénées.
Mais survient Simon de Montfort, farou-
che dominateur. Il croit faire la croisade,
mais il fait bien autre chose. Tout change
sous son poing:: la France d'Oc se retourne
vers la France d'Oil. et dans le sang l'unité
française est cimentée. C'est de cette con-
quête de la terre d'Oc que j'ai tiré mon su-
jet en lui donnant comme symbole, une no-
ble et pure figure d'enfant. J'ai voulu faire
quelque chose de nationalement émouvant, en
relief et en couleur, avec un mouvement qui
traduisit le tumulte des âmes rudes de ce
xm8, siècle. Ai-je réussi ma tentative ? En-
core une fois, je laisse la parole aux criti-
ques. et au public. 3ean Suberville
Jean Suber ville.
« Quo Vadis ? a au Vélodrome Buffalo (Sboto Henri icumei.)
Où fut donnée, dimanche, la représentation au profit de la Caisse d'amortissement
et dont nous avons rendu compte. Voici une scène entre Lygie et le champion olympique
Paoli, dans le rôle d'UrsuSj qui vient de terrasser le taureau, furieux sur, lequel sa
tompagng avait'Ht attaché**
La Jèunesse vue par ses maUresiV)
Nlers la Fin d'une Élite
M. Ferdinand Brunot, doyen de la Faculté
< constate que la jeunesse se détourne
des hautes études intellectuelles
après le désastre de la guerre
M. Max Frantel, dont nos lecteurs nyont
pas oublié la si intéressante enquête qu'il
mena ici même sur le romantisme, a expose
samedi dernier le but et le caractère de la
consultation ouverte par Comœdia auprès des
maîtres de la jeunesse contemporaine sur
leurs élèves.
Cette consultation ne manquera pas de pro-
voquer la même attention que la précédente
et, dès aujourd'hui, M. Ferdinand Brunot
jette un avertissement grave. Ajoutons enfin
- aux réponses déjà annoncées, celles de Mgr
Baudrillart, recteur de l'Institut catholique,
et M. Richard, proviseur du lycée lanson-de-
Sailly.
M. Ferdinand Brunot. le doyen de la
Faculté des Lettres a des lunettes aux verres
en croissant de lune. - - -
Il semble s être ainsi mis sous I egide de
la déesse Diane dont le croissant de Une
est l'emblème. Et cela serait naturel au
Premier d'une Faculté qui commente la
Théogonie d'Heriode ainsi Que les Méta-
morphoses d'Ovide et aui tient toute sa
vie des racines grecques et latines! Pa-
rasitisme intellectuel que n'accepte point
sans réserve ni mauvaise humeur M. Fer-
dinand Brunot, ainsi qu'on le verra en cet
entretien 1
M. Ferdinand Brunot a des boutades
d'une brusque jovialité. Il ne craint point
de parler franc: comme le dit la locution
populaire, il ne mâche pas ce qu'il a sur
le cœur. Mais il y a une grande bonhomie
en son visage massif et barbu au modelé
d'ébauche.
Sa parole est vive et nerveuse. S'il s'ir-
rite volontiers, il s'épanouit aussi vite.
Quand je lui demande ce qu'il pense de ses
élèves, comme il les juge, comme il les
définit, il fronce le sourcil et sitôt se déride.
Et il fait penser à un Jupiter olympien cfje
l'on rencontrerait dans un fabliau du
moven âge.
- C'est un essai de psychologie mo-
derne que vous me demandez là ! Leur ca-
ractère? D'une grande honnêteté. Les
Mœurs de notre jeunesse témoignent d'un
progrès immense. Quels cris n'a-t-on pous-
sés quand on vit les jeunes filles venir étu-
dier à l'Université 1
« Eh bien, nous n'avons pas eu d'his-
toire. Tous vivent entre eux comme de
bons camarades. Nos jeunes gens en sont
même plus sérieux 1 Le Quartier. Latin est
nettoyé: Elles, elles ont des jupes un peu
courtes, mais elles sont si gentilles! Jamais
nous n'avons eu à adresser à l'un ou à l'une
un rappel à l'ordre.
« La jeunesse n'est pas si mauvaise
qu'on le dit! Et puis ils savent tous que
notre époque ne permet pas beaucoup de
s'amuser. Ils sentent tous le besoin de se
créer une carrière, et vite. Les nécessités
immédiates de la vie les préoccupent. Pour
leurs études on dépense chez eux au moins
7.500 à 8.000 francs par an. S'ils sont
deux dans une même famille cela fait
16.000 francs, la moitié environ de ce que
gagne le père, et il y a peu de gens à qui
leur situation rapporte beaucoup plus de
trente mille francs! Alors? Ils voient chez
eux le problème de la vie posé de la ma-
nière la plus aiguë; et cela les incite à de
salutaires réflexions! Ici, ils travaillent. Ils
font leurs études.
— Du latin?
— Le latin est un peu délaissé. On pré-
fère le grec! On compte dix étudiants qui
font du grec pour un qui fait du latin! Je
comprends cela! -
« Le latin, c'est maintenant comme un
.fruit sec! On n'en tire plus rien. Les études
latines sont vidées! Quant on fait des
fouilles on n'y découvre plus rien de nou-
veau. Ah ! si ! des inscriptions militaires
qui sont toujours les mêmes, et où l'on
parle de la quatorzième ou de la Quinzième
légion ! La civilisation romaine, nous la con-
naissons comme nos poches! Mais la grec-
que, non ! Ses formes sont multiples !
« Là les fouilles apportent sans cesse à
la lumière, des révélations. C'est une vie
multiple et infiniment nuancée qui ressus-
cite à nos yeux! Et cela séduit avec raison
nos étudiants. Il y a ici un professeur de
papyrologie greçque dont ils ont suivi assi-
dument les cours. On leur a montré qu'il
y avait eu en Egypte un hellénisme véri-
table et cela les a captivés. On leur a mon-
tré les relations de Î%rt helléniaue et de
l'art bouddhique, et cela les a passronnés!
— Le latin du moyen âge ?
— Ils s'y intéressent peu! Le latin des
Chartres, ce n'est pas très divertissant!
Les langues romanes, non plus. D auteurs
elles ne font plus partie de l'antiquité!
L'antiquité, ça va jusqu'à Ausone et puis
c'est fini!
« Ah! on fait du byzanti,n! Il y a eu
un professeur de grec moderne qui expli-
quait les évangiles; il montrait qu ils
étaient écrits en grec vulgaire, et que faute
de l'avoir jusque-là compris, on les avait
traduits avec pas mal de contre-sens.
« La littérature comparée aussi est en
grande faveur. S'il' faut classer les études
selon leur attrait sur nos élèves, ie dirai:
d'abord les lettres et les langues vivantes.
ensuite la philosophie et l'histoire. et
puis, en dernier, hélas! la grammaire! »
Ici, M. Ferdinand Brunot-touche une
question qui lui tient à cœur. Comme ie le
comprends! -En notre temps où la langue
française se corrompt plus vite qu'autre-
fois, on ne s'inquiète pas de cette techni-
que du langage qu'est la grammaire. Pour-
quoi ?
Le doyen de la Faculté des lettres me le
dit, avec une tristesse où je sens une vive
et juste irritation.
— Comprenez! Ceux qui veulent se
consacrer à l'enseignement secondaire, dé.
sirent être professeurs ste première, et non
de sixième, cinquième ou même quatriè-
me 1 Et en première on ne s'occupe plus de
grammaire. C'est là une étude facile quand
on est laborieux, mais fort longue. Il faut
dix ans pour faire un philologue. Qui aura
cette patience, maintenant! Qui pourrait at-
tendre si longtemps. Voyez les agréga-
ts) Veir Cemoedia du -31 juillet..
tions. Il en est qui sont aussi recherchées
qu'avant la guerre 1 Mais pe* n'est point
celle de grammaire. L'an dernier le jury
n'a pu donner toutes les places disponibles!
Il fallait vingt-sept agrégés de grammaire.
Et l'Ecole Normal, entendez bien, l'Ecole
Normale elle-meme n'en a fourni que deux.,
Voilà qui est effrayant! L'agrégation de
grammaire se meurt!
-- Et le doctorat? *
- Qui va maintenant oser s'aventurer
au delà de l'agrégation? A moins d'être un
héros, ou d'être fort riche! Faire une thèse.
qui va vous demander dix ans de travail, et
qui ne vous rapportera pas un centime! Et
au bout de dix ans il faut trouver 20.000
francs pour la faire imprimer. Je connais
une thèse, celle de M. Gustave Cahen, sur
Les Français en Hollande, qui a coûté
49.000 francs. Dans vingt ans le doctorat
sera le privilège d'une ploutocratie f L'en-
seignement supérieur est en péril!
., « Il ne faut pas craindre de-le dire. Et
ce n'est pas tout! Vis-à-vis des professeurs
de l'Université, l'Etat n'accomplit pas son
devoir! Les traitements eue l'on nous ac-
corde ici sont honteux! Nous avons ici un
maître de conférence yenu d'une université
M. Ferdinand Brunot
(Photo Henri Manuel.)
de province où il était professeur titulaire,
eh bien, depuis dix ans qu'il est ici, il est
moins payé que celui qui l'a remplacé en
province! Et quand nous ne serons plus
là, nous? Qui prendra notre place? C'est
là où l'on va voir combien tragique est la
disparition de tous ces jeunes hommes qui
furent tués à la guerre et qui devaient
nous succéder! Ce vide, on ne le comblera
pas.
te Actuellement déjà, il v à un poste
éminent qui est vacant à Strasbourg 1 Il
n'y a personne pour le prendre.
« Pour qu'une élite nouvelle remplaçât
l'élite sacrifiée, il faudrait attendre vingt
ans. Et quand ces vingt ans se seront écou-
lés, il n'y aura encore personne. et nous,
nous ne serons plus! Alors on regrettera
une incurie désastreuse. Il sera trop tard.:
« On voudra reformer une élite : il faudra
attendre qu'elle soit parvenue à mâturité.
Il y aura eu près de cinquante ans de per-
dus. Quelle perte, entraînant quelles ruines
intellectuelles, je n'ose l'imaginer!
Il faut souhaiter' que l'on ouvre enfin les
yeux ! Que, dès maintenant, l'on se rési-
gne à faire à l'enseignement supérieur un
sort digne de lui, si on ne veut pas le voir
dépérir. Il y va de notre suprématie spiri-
tuelle. Songez qu'actuellement, ce sont
presque uniauement des étrangers qui fré..
quentent le laboratoire de phonétique expé-
rimentale. Quel indice! Qu'on ne néglige
pas cet avertissement et qu'il nous soit
enfin salutaire: M
, Voilà des paroles terribles, et qui doi-
vent faire trembler. Que des sciences qui
jusque là ont été dans le patrimoine intel-
lectuel de la France les plus admirées de
l'étranger, puissent tomber en d'autres
mains, il n'est pas possible!. Et cepen-
dant cette aliénation se consomme. Ceux
qu'elle n'inquiétera pas allégueront qu'ils
ont trop le sens des réalités pour sures-
timer ces spéculations de l'esprit. Ne sa.
vent-ils donc pas que ce sont eux les chi.
mériques, et qu'il n'est qu'une réalité :
l'idée?
Max Frantel.
Bernard Shaw
et l'Allemagne
Notre correspondant à Berlin a dit ici
l'engouement des Allemands pour Bernard
Shaw. Complétons ces renseignements. A
l'occasion du 708 anniversaire de Fauteur de
Candida, le propre ministre des Affaires
étrangères du Reich, M. Strpsemano, lui a
adressé une lettre de félicitations qui fut re-
mise par l'ambassadeur à Londres.
{:ette fois, tout de même, Bernard Shaw
n'a pas répondu par une potée d'injures ou
de sarcasmes et il a adressé une lettre de re-
merciements, dont voici le principal passage:
La seule façon dont le gouvernement britannique
nit marqué mon 70e anniversaire, c'est en interd'icant
la transmission par radio de ce que je pourrais dire
à ce propos. Le contraste entre son attitude et celle
du gouvernement allemand serait pénible po ir une
nation ayant des traditions de culture, mais nos clas-
(llee gouvernantes en sont plutôt fières. Je loiur doit
ma réputation d'individu dangereux et incigne ; à
l'Allemagne, je dois d'avoir été reconnu en Europe
comme penseur et poète dramatique (1) ,
En Angleterre, nous avons une véritable peur d<
l'intellect, sous quelque forme que ce soit, et la
conviction que l'art, quoique très agréable quand OD
le goûte en cachette, est essentiellement immoral.
Il y a tout de même quelqu'un qui
« prend » ; l'Angleterre !
L'abondance des matières nous oblige à
retarder la publication de notre chronique
hebdomadaire sur LA MODEt
«l, rue Saint-Georges. — Tél. Trudaine 70-00. 01. 02
MARDI 3 AOUT 1926,
Gabriel ALPHAUD
Directeur
•..Une ample comédie à cent actes diverl
Et dont la scène est l'Univers.
(LA FONTAINE.)
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a M. le directeur de a comoedia »
l Id
Yr j
t. Pièces d'autrefois
en costumes modernes.
^rait d'un automatisme. Tous
les Clncl ans ■— à peu près — un théâtre
fe Cinq ans — à peu près - un théâtre
rep rend une pièce de Shakespeare, de
l scè e ou de Molière, en la mettant en
1 ns des costumes et des décors
f rnes* Cette année, ç'a été le tour
de •r.
1 Celui artuffe, à Berlin, après avoir été
L celui ^an^ett à Londres, l'an dernier,
L lngsway Theatre.
Le S Allais — qui n'ont pas la pé-
tre erle des Allemands — ont, par con-
l | tre, anclué un tantinet du sens du ridi-
f cule, lors de leur dernière reprise du
fc chçf j, œuvre shakespearien. N'ont-ils
pas 'Oeuvre shakespearien. N'ont-ils
cOIl1 tu le prince de Danemark d'un
comnîl et~Veston de golf avec la culotte
(l' dans laquelle il joue la scène
I du 1• IIlet^re notamment? Polonius, en
habit, notamment? Polonius, en
',CSt fait la tête d'un diplomate
appé - pour le moins - d'une des
com de feu M. Scribe, et Ophélie,
ju de feu M. Scribe, et Ophélie,
dé Sur des talons Louis XV, est
tabillée dans quatre-vingts centimè-
* très H e crepe de Chine, tout comme une
Petite inarcheuse de beuglant.
A"Irli frusqués, les héros de Shakes-
cij^ voluent dans des paysages en
cim~ é,,, I uent dans des paysages en
roig irnié ou dans des intérieurs bava-
rrj~s, IllâtInés fortement de modern'styl'
tbelge, tout en récitant leurs tranches de
tejjteans plus pur anglais du sei-
Izièmç Slecle. Déséquilibre manifeste de
eux styles absolument contraires.
1 et be genre même d'adaptation reste bel
même d'adaptation reste bel
i attend e Prototype de ce que l'on peut
f ^ttençj re — une fois pour toutes — de
,¡ ces Cénacles pour lesquels « art modcr-
: Hé „ est une clef à l'usage de toutes les
ejctravaJances; en disloquant et déna-
i turanv classés.
I es chefs-d'œuvre classés. u-
e-n principe - je n'ai absolu-
, ~ntre le théâtre classique « en
f nient [len Contre le théâtre classique « en
, Vestor ». Seulement, le tout est de savoir
choisjr fn ne tombant point dans le car-
- Uln cirque (autre formule chère
e~
; * batea ains metteurs en scène du- dernier
b;ttea, U). Et de savoir choisir, avant
'I triut - Urie forme littéraire pouvant s'a-
S. d;[ Pter à, une forme plastique nouvelle
l'i ne A Une point contraire, sans aller
-- sans aller
Pour cela — dans la salade
ri, %se (opéras de Gounod style cubiste et
t tragédl. es raciniennes à l'ezpressionnis-
* l fous çj Kamemy H de Moscou )
nz J U « Kamemy » de Moscou).
! j j ^°riIIe même d'une pièce de théâ-
f!|^e est T" de par son dialogue — l'évo-
• représentation d'une époque
'» [ Précisé ri2°ureusement limitée dans le
ternpse, ngoureuSement limitée dans le
ter
pOur Hamiet: c'est un prince
P°ur Hamlet: c'est un prince
re TElse neur» tout comme Roméo et Ju-
etteSollt des personnages véronais, le
ii f r°* Lpf et Macbeth des monarques an-
f glaI* S et Jules César un empereur romain
If LnS eur donc leur caractère pro-
1 faire habiller par un tailleur de
M ^fe- ^a^re hâbiller par un tailleur de
q\1e y est aussi faux et détestable
v r ^a^re endosser — à la
* r-n, lilédi e-Française — une culotte de
j^kev Mascarille ou à Valère, un ves-
's; POQ George Dandin, une redingote à
1' et d'envoyer Célimène se
f rç taiM| ]er les cheveux. C'est absurde.
1: f. po tre habillés de costumes moder-
ti s i^ faut que la pièce classique ne soit
It en aucun cas — d'époque ou qu'elle
et., ensuite, qu'elle ne soit
Itit Jouée clans sa forme originale
6 ~c~~ le v ê terne-nt et le décor
:,. re que le vêtement et le décor
h* %e ad es ne sont possibles que pour
fl lirit ad "Ptation ou une traduction, dans
7Û 44 Utre langue. C'est ce que Max
j S 5einharet Wilhelm Baecker ont com-
ti Pris, es tout Dremiers, lorsqu'ils ont fait
1
Û Kurt s.
If' >
représenter, à Berlin et à Munich, L6
Misanthrope et Tartuffe en costumes
d'aujourd'hui.
Une traduction de Molière laisse de
côté tous les caractères propres au style
du dix-septième siècle, cela au bénéfice
d'une transcription en langage moderne.
Ainsi je sais une traduction allemande
du Misanthrope, dans laquelle le
« Laissez-moi là, vous dis-je. » d'Al-
ceste à Philinte, est traduit par une ex-
pression équivalant à « Je vous dis de
me ficher le camp. » (i). Et, de même,
la réplique de Philaminte à Chrysale,
au deuxième acte des Femmes savantes,
qui est: « Avez-vous à lâcher encore
quelque trait?. » est devenue: « Avez-
vous encore une rosserie à dire?. »
Ainsi, le style « Louis XIY » est com-
plètement absent dans le texte traduit,
à même enseigne les vers français de-
viennent de la prose allemande. C'est la
principale raison permettant de jouer Le
Misanthrope et Tartuffe en les habillant
comme vous et moi le sommes.
Traduisez aussi les drames fantaisis-
tes de Shakespeare — non pas les fée-
ries — en français actuel, il n'y a plus
aucune raison pour ne pas les jouer dans
notre plastique contemporaine. Car, dès
que l'on admet une traduction, il est
naturel de l'admettre carrément au goût
de notre époque, dans son style. Sha-
kespeare employait parfois le langage
populaire — voire populacier — d'où
certaines expressions assez vertes et tri-
viales. Il faut donc en trouver l'équiva-
lent actuel dans une traduction.
Par contre, lorsque ces œuvres sont
jouées dans leur texte original, il devient
stupide de les emberlificoter dans une
plastique moderne. Et c'est la raison
pour laquelle Hamlet, parlant le plus pur
anglais du seizième siècle, devient —
frusqué en fellow de Cambridge — gro-
tesque comme un héros de La Belle
Hélène. Imagineriez-vous facilement —
et de même — Pyrrhus dans un com-
plet de « La Belle Jardinière » et Andro-
maque ou Hermione fagotées selon la
mode actuelle, laquelle appuie, plus que
jamais, sur le côté « petite femme de
quatre sous >> avec ses cotillons courts,
ses bras nus et ses cheveux coupés.
C'est cependant farine d'un même aca-
bit.
Serait-ce le symptôme de la fin de la
tragédie cette mascarade d'un goût dou-
teux, et ce spectacle hétéroclite reste
bien le nec plus ultra du divertissement
pour un certain public, soi-disant blasé.
Comme on ne le prend sans vert — ce
public-là — l'on dénature Hamlet à son
intention, afin de lui faisander et dorer
la pilule que l'on tente de lui faire go-
ber. en attendant le moment d'interca-
ler des femmes nues aux cuisses fardées
et des danses américaines entre les tex-
tes de Shakespeare.
Seulement — à ce petit jeu là — l'on
paraît oublier que, dans ce domaine,
l'on peut singulièrement renverser l'ar-
gument. Et — sous le fallacieux pré-
texte que les caractères de l'humanité
sont vrais de tous temps — je ne sais
trop ce que l'on attend pour costumer
Isidore Lechat avec un peplum, Giboyer
avec une robe de croisé, le gendre de M.
Poirier en mousquetaire et Philippe
Derblay, le maître de forges, en sans-
culotte. Pourquoi s'arrêter en si bon
chemin? Et le plus cocasse, c'est que je
suis — hélas ! — persuadé que l'on
dénicherait, sans peine, une bande de
snobs, assoiffée de modernisme, pour
applaudir à ces foutaises-là.
Vincent Vincent.
A Nouvelle architecture
'f il
1 Ill. 4V oire C]> y ,
k- crs.J Un der tche en montre un des plus nOUIVe
( tte, Plus beaux., des plus saisissants
e, clsj car cro(luis où le gigantesque gra
l*1 s'élèn, où le gigantesque gra
zel e eVe 00-mme un orgue immense
wèsaWrç a * celui du building colossal qu'
$Tande f
; 4he editie: rZ° de cinéma., la Paramount,
Igit SaUe à New-York et qui contiendra u
>' i 6 spectacle pouvant recevoir
spectateurs
t NOtre nouveau roman
re nouveau roman
5 H J ) ^Venturcs
, n de la belle Louison
9®ïïînencera que demain.
L4,e ri quatri~,,e page
Souvc L - pag€ :
tvÎT8 le Café Vachette
* Louis RosgYRÇ
< L. -
Une ppétesse prodige
C'est une petite fille d'une petite ville du
département du Lot-et-Garonne.
On dit qu'elle n'a que treize ans, que les
vers d'elle que l'on publie sous le titre de
Poèmes d'enfants, avec préface de Mme de
Noailles, ont été écrits sans qu'elle soit ja-
mais sortie de sa bourgade. On dit que ses
vers ont été par trois fois couronnés aux
Jeux Floraux.
Au surplus, jugez vous-mêmes, car voici
la fin d'un poème de Mlle Sabine Sicard sur
le cinéma .•
TOUS les héros, tu les connaît,
Ceux c'a l'Histoire et ceux de la légende
Tous les contes des Mille et une nuits,
—- Les contes d'autrefois, ceux d'aujourd'hui -
Et les temples, et les palais,
Et les vieux burgs où les claiM de lune descendent.
Tu les connais. Tu les connais, toi, prisonnier,
Peut-être, de murs gris, de choses grises, toi
Dont la vie est grise ou pire.
Voit, des fleurs s'ouvrent, des oiseaux l'invitent, voit;
Aux vergers d'Aladin s'emplissent des paniers.
Cueille ces rêves, toi qui fus un prisonnier !
Ainsi qu'une arche de porphyre,
La muraille t'ecarte. Evade-toi 1
Il pleut - op le vent souffle sur le toit,
Ou c'est juillet qui brûle, ou, dans ta rue,
C'est trop dimanche avec trop de gens qui bavardent-.-
Viens dans ce petit coin merveilleux et regarde.
Ici, l'heure vécue,
Même terrible — tous les drames sont possibles I -
n'est qu'à demi terrible,
Et te voilà, comme les tout-petits,
fciaiit, toi qui pleurais. Tu ris,
Toi — vieux - comme les écoliers que rien n'étonne.
Charlie est là. Charlie » Et Keaton, et Fatty.
Et pour ce bon rire, conquis
Sur toi-même, c'est le meilleur d'eux-mêmes
Ou'ils te donnent.
Art muet, soit.. N'ajoute rien. Tu l'aimes,
Tu l'aimeras, quoi que tu dises, l'art vivant
Qui t'offre son visage neuf et son langage,
Ses ralentis, ses raccourcis, tous ses mirages..
Tous ses cécors mouvants..
Près de ces gens qui, dans t'ombre, s effacent,
Viens seulement t'asseoir, veux-tu, sans parti pris P
ni la nuit d'une salle étroite, aux longs murs gris,
Kegarde ce miracle : ua film 9P' Passe-
Sabine Sicaud.
Les gigantesques ruinée d'un temple des Mayas (Photo Dan,. Mlror.)
Notre cliché présente la façade du « Temple des Guerriers n de la cité sacrée de
Chichen Itza, dans cette Amérique que la guerre religieuse du Mexique met à l'actualité.
A côté de cette cité on trouve une chaussée géante de 83 kilomètres de longueur qui
s'étend jusqu'à l'ancienne cité de Coba, déc ouverte par le Dr Thomas Gann. Ce vestige
de l'ancienne civilisation des Mayas du Mexique remonte au premier siècle.
Entre nous
Nos arbres ct k change
Les étrangers, à la faveur du change, se
jettent sur nos richesses. Tout leur est bon
qui se peut traduire en monnaie. Nos ar-
bres les attirent et ils s'en emparent. Un
lamentable exemple a été signalé à la ré-
cente réunion que tinrent à Evreux, sous
la présidence de M. Marcel Delaunay, les
délégués cantonaux de la Société de pro-
tection des paysages de France.
Il existe dans l'Eure, à Barquet, non
loin de Beaumont-le-Roger, un magnifique
domaine, le domaine de la Vacherie. Ce
vaste domaine comptait environ 18.000
arbres : frênes, hêtres, sapins et chênes
centenaires. Aujourd'hui, de larges trouées
sont ouvertes dans la forêt : les arbres gisent
sur le sol, et les troncs débités, peu à peu,
filent vers la gare. A de certaines places,
la destruction est si .complète qu'on se croi-
rait en présence d'une de nos forêts détrui-
tes par la guerre !
Tout cela, parce que le domaine de la
Vacherie appartient à une société hollan-
daise qui fournit des pieux aux polders des
Pays-Bas!
Qu'attend-on pour agir? Qu'attend-on
pour faire sortir des dossiers parlementai
Tes- l«rprt5ffeflUfc"fof~contre les déboisements
que déposa naguère M-. Jean Durand? Que
le mal, qui s'étend à toute la France, soit
devenu irrémédiable et provoque la colère
des plus indifférents? Au prix où l'on paie
nos parlementaires, ne peut-on exiger d'eux
qu'ils accomplissent enfin du bon travail?
A Evreux. dans l'assemblée dont il est
question plus haut. les vœux ci-après fu-
rent adoDtés:
r. Provoquer la discussion des projets de loi rela-
tifs au boisement et au déboisement des bois des par»
ticuliers.
2. Réclamer d'urgence la fermeture de la frontière
à l'exDortation de tous les bois en grume ou ouvrée
3. En attendant le décret, intervenir auprès des
Compagnies des chemins de fer pour qu'elles ne con
sentent plus des tarifs réduite en faveur des boit
destinés à l'exportation.
4. D'exercer une action morale sur les vendeurs c«
grands domaines afin de neutraliser l'action des mu
chands de biens.
5. D'agir sur l'opinion publique en dénonçant tout
tes attentats qui se préparent contre nos châteaux,
parcs et bois.
6. D'insister auprès de nos parlementaires pour
obtenir une diminution considérable des droite de
mutation et ces impôts, sur ce genre de propriétés
en faisant remarquer qu'à défaut de ces dernières
mesures 3 millions d'hectares de forêts privée en
France disparaîtront entièrement.
Tous les Français qui aiment les arbres
et le visage de leur pays s'y associeront de
toutes leurs forces. Il est temps d'agir, si
l'on ne veut pas que ce qui reste de notre
Gaule chevelue disparaisse peu à peu.
R. T. *
Un petit musée George Sand
à la Comédie-Française
Saisissant l'occasion des fêtes qui vont être
données en l'honneur de George Sand, la
Comédie-Française a occupé la petite vitrine
d'exposition qui se trouve maintenant de fa-
çon permanente dans le foyer du public, par
quelques souvenirs de la grande romancière.
On y voit, à côté d'une série d'éditions ori-
ginales de ses ouvrages de théâtre, plusieurs
des portraits que fit d'elle Calamata, d'au-
très portraits de Charpentier, de Boilly, etc.,
et l'on remarque surtout une extraordinaire
photographie d'une énorme vieille femme awe',
traits allongés et adipeux, qui fait, avec les
lithographies romantiques où le même long
visage a de grands airs de Muse/le plus
affligeant contraste.
Dans une vitrine voisine, ,on, a maintenu
à bon escient ces nombreux et précieux sou-
venirs (couronnes, diadèmes, cheveux, mon-
tres, écritoires, etc.) de Talma,' de ') Ra-
chel, etc., reliques qui contribuent à main-,
tenir le mirage et l'âme de la Maison.
Pour un théâtre national
Simon de Montfort"
aux Arènes de Saintes
Le 8 août prochain les arènes de Saintes
verront la première représentation de Simon
de Montfort, l' œuvre qui fut primée au Con.
cours de Pièces en vers, ouvert par la ville
de Saintes.
■ L'auteur M. Jean Suberville écrit à notre
rédacteur en chef la lettre suivante :
1 Paris, zOr août ïç20j
Mon cher confrère,
i Dans vos suggestives critiques théâtrales,
vous avez souvent parlé d'un renouveau du
théâtre en vers, d'un théâtre purifié et élargi
par le plein air et puisant d'émouvants sujets
dans l'inépuisable réservoir de notre histoire
nationale. Cette idée était véritablement dans
l'air puisque, tandis que vous la répandiez
dans le public en formules brillantes, des
poètes la travaillaient dans l'ombre et que
des détenteurs de théâtres de plein air la pré-
sentaient sous forme de concours.
C'est ainsi que le Comité des fêtes de Sain-
tes, dont les efforts artistiques se poursuivent
chaque année avec tant d'éclat en dehors de
toute préoccupation commerciale, ouvrit l'an
dernier un concours de pièces en vers se rap-
portant à des milieux historiques, de préfé-
rence inclus dans le cercle- du "ttioyerf"âgê.--
J'avais - justement dans mes cartons un
Simon de Montfort. J'envoyai ma pièce, qui
eut la chance d'être primée et qui va avoir
l'honneur d'une somptueuse représentation, le
8 août prochain, dans l'antique décor des
arènes gallo-romaines de Saintes.
Ces messieurs du Comité, que préside avec
tant d'autorité diligente M. Alain d'Harcourt
et dont le robuste auteur d'Oreste et de La
Mort d'Héraclès, notre confrère René Berton
est le directeur artistique si averti et si cor-
dial, n'ont rien épargné : talent, dévouement,
argent, pour donner à mon œuvre un revête-
ment. , plein d'éclat. Vous connaissez, le ca-
dre : il est unique tant par l'ampleur de ses
proportions que par son prestige évocateur.
Deux cents figurants et vingt chevaux évo-
lueront sur le vaste plateau dans un déploie-
ment de couleurs, auquel l'excellent orches-
tre de la cité saintaise ajoutera le déploie-
ment de ses harmonies. Quant à l'interpréta-
tion, elle est vraiment de premier ordre. Des
artistes du Théâtre-Français ou qui en sont
des transfuges pleins de talent, tels que MM.
Maurice Escande, Alcover, Dorival, et mon
vieil ami Albert Reyval, se sont joints à leurs
excellents camarades de l'Odéon ou d'ailleurs,
MM. Pierre Aldebert, Marcel Chabrier, Pierre
Geay, Robert Vidalin, Raphaël Cailloux,
Pierre Sentès et l'exquise Mlle Juliette Ver-
neuil, pour faire une éclatante couronne au-
tour de Mlle Colonna Romano qui réalisera
par sa beauté sa voix moirée, le lyrisme de
son âihe et jusque dans les battements de
Son cœur, le type même de ma Sancia d'Ara-
S'on, reine catalane et fleur de la terre d'Oc.
Reste l'œuvre elle-même, le verbe autour
duquel se déploie cette magnifique orchestra-
tion. Cela est une autre question, qui est du
ressort des critiques. Je dirai seulement que
j'ai pris notre histoire nationale à un tour-
nant tragique et décisif. A quoi tient le des-
tin des peuples ? Parfois à la volonté d'un
homme qui ne connaît pas toujours l'étonnan-
te ampleur de sa tâche. Ainsi, à ce début du
xm8 siècle, le Midi de la France se détache
du Nord et penche vers les Pyrénées.
Mais survient Simon de Montfort, farou-
che dominateur. Il croit faire la croisade,
mais il fait bien autre chose. Tout change
sous son poing:: la France d'Oc se retourne
vers la France d'Oil. et dans le sang l'unité
française est cimentée. C'est de cette con-
quête de la terre d'Oc que j'ai tiré mon su-
jet en lui donnant comme symbole, une no-
ble et pure figure d'enfant. J'ai voulu faire
quelque chose de nationalement émouvant, en
relief et en couleur, avec un mouvement qui
traduisit le tumulte des âmes rudes de ce
xm8, siècle. Ai-je réussi ma tentative ? En-
core une fois, je laisse la parole aux criti-
ques. et au public. 3ean Suberville
Jean Suber ville.
« Quo Vadis ? a au Vélodrome Buffalo (Sboto Henri icumei.)
Où fut donnée, dimanche, la représentation au profit de la Caisse d'amortissement
et dont nous avons rendu compte. Voici une scène entre Lygie et le champion olympique
Paoli, dans le rôle d'UrsuSj qui vient de terrasser le taureau, furieux sur, lequel sa
tompagng avait'Ht attaché**
La Jèunesse vue par ses maUresiV)
Nlers la Fin d'une Élite
M. Ferdinand Brunot, doyen de la Faculté
< constate que la jeunesse se détourne
des hautes études intellectuelles
après le désastre de la guerre
M. Max Frantel, dont nos lecteurs nyont
pas oublié la si intéressante enquête qu'il
mena ici même sur le romantisme, a expose
samedi dernier le but et le caractère de la
consultation ouverte par Comœdia auprès des
maîtres de la jeunesse contemporaine sur
leurs élèves.
Cette consultation ne manquera pas de pro-
voquer la même attention que la précédente
et, dès aujourd'hui, M. Ferdinand Brunot
jette un avertissement grave. Ajoutons enfin
- aux réponses déjà annoncées, celles de Mgr
Baudrillart, recteur de l'Institut catholique,
et M. Richard, proviseur du lycée lanson-de-
Sailly.
M. Ferdinand Brunot. le doyen de la
Faculté des Lettres a des lunettes aux verres
en croissant de lune. - - -
Il semble s être ainsi mis sous I egide de
la déesse Diane dont le croissant de Une
est l'emblème. Et cela serait naturel au
Premier d'une Faculté qui commente la
Théogonie d'Heriode ainsi Que les Méta-
morphoses d'Ovide et aui tient toute sa
vie des racines grecques et latines! Pa-
rasitisme intellectuel que n'accepte point
sans réserve ni mauvaise humeur M. Fer-
dinand Brunot, ainsi qu'on le verra en cet
entretien 1
M. Ferdinand Brunot a des boutades
d'une brusque jovialité. Il ne craint point
de parler franc: comme le dit la locution
populaire, il ne mâche pas ce qu'il a sur
le cœur. Mais il y a une grande bonhomie
en son visage massif et barbu au modelé
d'ébauche.
Sa parole est vive et nerveuse. S'il s'ir-
rite volontiers, il s'épanouit aussi vite.
Quand je lui demande ce qu'il pense de ses
élèves, comme il les juge, comme il les
définit, il fronce le sourcil et sitôt se déride.
Et il fait penser à un Jupiter olympien cfje
l'on rencontrerait dans un fabliau du
moven âge.
- C'est un essai de psychologie mo-
derne que vous me demandez là ! Leur ca-
ractère? D'une grande honnêteté. Les
Mœurs de notre jeunesse témoignent d'un
progrès immense. Quels cris n'a-t-on pous-
sés quand on vit les jeunes filles venir étu-
dier à l'Université 1
« Eh bien, nous n'avons pas eu d'his-
toire. Tous vivent entre eux comme de
bons camarades. Nos jeunes gens en sont
même plus sérieux 1 Le Quartier. Latin est
nettoyé: Elles, elles ont des jupes un peu
courtes, mais elles sont si gentilles! Jamais
nous n'avons eu à adresser à l'un ou à l'une
un rappel à l'ordre.
« La jeunesse n'est pas si mauvaise
qu'on le dit! Et puis ils savent tous que
notre époque ne permet pas beaucoup de
s'amuser. Ils sentent tous le besoin de se
créer une carrière, et vite. Les nécessités
immédiates de la vie les préoccupent. Pour
leurs études on dépense chez eux au moins
7.500 à 8.000 francs par an. S'ils sont
deux dans une même famille cela fait
16.000 francs, la moitié environ de ce que
gagne le père, et il y a peu de gens à qui
leur situation rapporte beaucoup plus de
trente mille francs! Alors? Ils voient chez
eux le problème de la vie posé de la ma-
nière la plus aiguë; et cela les incite à de
salutaires réflexions! Ici, ils travaillent. Ils
font leurs études.
— Du latin?
— Le latin est un peu délaissé. On pré-
fère le grec! On compte dix étudiants qui
font du grec pour un qui fait du latin! Je
comprends cela! -
« Le latin, c'est maintenant comme un
.fruit sec! On n'en tire plus rien. Les études
latines sont vidées! Quant on fait des
fouilles on n'y découvre plus rien de nou-
veau. Ah ! si ! des inscriptions militaires
qui sont toujours les mêmes, et où l'on
parle de la quatorzième ou de la Quinzième
légion ! La civilisation romaine, nous la con-
naissons comme nos poches! Mais la grec-
que, non ! Ses formes sont multiples !
« Là les fouilles apportent sans cesse à
la lumière, des révélations. C'est une vie
multiple et infiniment nuancée qui ressus-
cite à nos yeux! Et cela séduit avec raison
nos étudiants. Il y a ici un professeur de
papyrologie greçque dont ils ont suivi assi-
dument les cours. On leur a montré qu'il
y avait eu en Egypte un hellénisme véri-
table et cela les a captivés. On leur a mon-
tré les relations de Î%rt helléniaue et de
l'art bouddhique, et cela les a passronnés!
— Le latin du moyen âge ?
— Ils s'y intéressent peu! Le latin des
Chartres, ce n'est pas très divertissant!
Les langues romanes, non plus. D auteurs
elles ne font plus partie de l'antiquité!
L'antiquité, ça va jusqu'à Ausone et puis
c'est fini!
« Ah! on fait du byzanti,n! Il y a eu
un professeur de grec moderne qui expli-
quait les évangiles; il montrait qu ils
étaient écrits en grec vulgaire, et que faute
de l'avoir jusque-là compris, on les avait
traduits avec pas mal de contre-sens.
« La littérature comparée aussi est en
grande faveur. S'il' faut classer les études
selon leur attrait sur nos élèves, ie dirai:
d'abord les lettres et les langues vivantes.
ensuite la philosophie et l'histoire. et
puis, en dernier, hélas! la grammaire! »
Ici, M. Ferdinand Brunot-touche une
question qui lui tient à cœur. Comme ie le
comprends! -En notre temps où la langue
française se corrompt plus vite qu'autre-
fois, on ne s'inquiète pas de cette techni-
que du langage qu'est la grammaire. Pour-
quoi ?
Le doyen de la Faculté des lettres me le
dit, avec une tristesse où je sens une vive
et juste irritation.
— Comprenez! Ceux qui veulent se
consacrer à l'enseignement secondaire, dé.
sirent être professeurs ste première, et non
de sixième, cinquième ou même quatriè-
me 1 Et en première on ne s'occupe plus de
grammaire. C'est là une étude facile quand
on est laborieux, mais fort longue. Il faut
dix ans pour faire un philologue. Qui aura
cette patience, maintenant! Qui pourrait at-
tendre si longtemps. Voyez les agréga-
ts) Veir Cemoedia du -31 juillet..
tions. Il en est qui sont aussi recherchées
qu'avant la guerre 1 Mais pe* n'est point
celle de grammaire. L'an dernier le jury
n'a pu donner toutes les places disponibles!
Il fallait vingt-sept agrégés de grammaire.
Et l'Ecole Normal, entendez bien, l'Ecole
Normale elle-meme n'en a fourni que deux.,
Voilà qui est effrayant! L'agrégation de
grammaire se meurt!
-- Et le doctorat? *
- Qui va maintenant oser s'aventurer
au delà de l'agrégation? A moins d'être un
héros, ou d'être fort riche! Faire une thèse.
qui va vous demander dix ans de travail, et
qui ne vous rapportera pas un centime! Et
au bout de dix ans il faut trouver 20.000
francs pour la faire imprimer. Je connais
une thèse, celle de M. Gustave Cahen, sur
Les Français en Hollande, qui a coûté
49.000 francs. Dans vingt ans le doctorat
sera le privilège d'une ploutocratie f L'en-
seignement supérieur est en péril!
., « Il ne faut pas craindre de-le dire. Et
ce n'est pas tout! Vis-à-vis des professeurs
de l'Université, l'Etat n'accomplit pas son
devoir! Les traitements eue l'on nous ac-
corde ici sont honteux! Nous avons ici un
maître de conférence yenu d'une université
M. Ferdinand Brunot
(Photo Henri Manuel.)
de province où il était professeur titulaire,
eh bien, depuis dix ans qu'il est ici, il est
moins payé que celui qui l'a remplacé en
province! Et quand nous ne serons plus
là, nous? Qui prendra notre place? C'est
là où l'on va voir combien tragique est la
disparition de tous ces jeunes hommes qui
furent tués à la guerre et qui devaient
nous succéder! Ce vide, on ne le comblera
pas.
te Actuellement déjà, il v à un poste
éminent qui est vacant à Strasbourg 1 Il
n'y a personne pour le prendre.
« Pour qu'une élite nouvelle remplaçât
l'élite sacrifiée, il faudrait attendre vingt
ans. Et quand ces vingt ans se seront écou-
lés, il n'y aura encore personne. et nous,
nous ne serons plus! Alors on regrettera
une incurie désastreuse. Il sera trop tard.:
« On voudra reformer une élite : il faudra
attendre qu'elle soit parvenue à mâturité.
Il y aura eu près de cinquante ans de per-
dus. Quelle perte, entraînant quelles ruines
intellectuelles, je n'ose l'imaginer!
Il faut souhaiter' que l'on ouvre enfin les
yeux ! Que, dès maintenant, l'on se rési-
gne à faire à l'enseignement supérieur un
sort digne de lui, si on ne veut pas le voir
dépérir. Il y va de notre suprématie spiri-
tuelle. Songez qu'actuellement, ce sont
presque uniauement des étrangers qui fré..
quentent le laboratoire de phonétique expé-
rimentale. Quel indice! Qu'on ne néglige
pas cet avertissement et qu'il nous soit
enfin salutaire: M
, Voilà des paroles terribles, et qui doi-
vent faire trembler. Que des sciences qui
jusque là ont été dans le patrimoine intel-
lectuel de la France les plus admirées de
l'étranger, puissent tomber en d'autres
mains, il n'est pas possible!. Et cepen-
dant cette aliénation se consomme. Ceux
qu'elle n'inquiétera pas allégueront qu'ils
ont trop le sens des réalités pour sures-
timer ces spéculations de l'esprit. Ne sa.
vent-ils donc pas que ce sont eux les chi.
mériques, et qu'il n'est qu'une réalité :
l'idée?
Max Frantel.
Bernard Shaw
et l'Allemagne
Notre correspondant à Berlin a dit ici
l'engouement des Allemands pour Bernard
Shaw. Complétons ces renseignements. A
l'occasion du 708 anniversaire de Fauteur de
Candida, le propre ministre des Affaires
étrangères du Reich, M. Strpsemano, lui a
adressé une lettre de félicitations qui fut re-
mise par l'ambassadeur à Londres.
{:ette fois, tout de même, Bernard Shaw
n'a pas répondu par une potée d'injures ou
de sarcasmes et il a adressé une lettre de re-
merciements, dont voici le principal passage:
La seule façon dont le gouvernement britannique
nit marqué mon 70e anniversaire, c'est en interd'icant
la transmission par radio de ce que je pourrais dire
à ce propos. Le contraste entre son attitude et celle
du gouvernement allemand serait pénible po ir une
nation ayant des traditions de culture, mais nos clas-
(llee gouvernantes en sont plutôt fières. Je loiur doit
ma réputation d'individu dangereux et incigne ; à
l'Allemagne, je dois d'avoir été reconnu en Europe
comme penseur et poète dramatique (1) ,
En Angleterre, nous avons une véritable peur d<
l'intellect, sous quelque forme que ce soit, et la
conviction que l'art, quoique très agréable quand OD
le goûte en cachette, est essentiellement immoral.
Il y a tout de même quelqu'un qui
« prend » ; l'Angleterre !
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