Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-10-02
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 octobre 1931 02 octobre 1931
Description : 1931/10/02 (A25,N6830). 1931/10/02 (A25,N6830).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76503876
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
V
N
25e ANNEE. — N° 6.830. - Le NUMÉRO : 50 Centimes '14.6-150, avenue des Champs-Elysées. — Tél.: Elysées 88-81. VENDREDI 2 OCTOBRE 1931
COMŒDIA
JEAN DE ROVERA
Directeur
.Une ample comédie aux cent actes divers ,
Et dont la scène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
REDACTION ADMINISTRATION
145-150. avenue des Champs-Elysées
Téléphone : Elysées 88-81
Le Numéro: CINQUANTE centimes
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sont transférés
150, av. des Champs-Elysées
POLITIQUE l)!TEHNflTIO)iALE ET PROSPÉRITÉ FRANÇAISE
D.
Les idées de M. Louis Rollin
Au moment où le monde se débat
dans une crise économique sans pré-
cédent, crise qui semble avoir touché
le moins la France, niais dont les ré-
percussions atteignent déjà notre art
et notre luxe nationaux, il m'a paru
intéressant pour nos lecteurs de de-
mander son avis à un des maîtres de
l'heure, à un de ceux dont l'officielle
mission est de résoudre ce problème
à la fois angoissant et magnifique :
Au moment où la solidarité euro-
péenne nous oblige à répondre à l'ap-
pel des peuples moins sages, pourvoir
notre pays d'une armature économi-
que propice à lui rendre sa prospérité
d'antan.
ba prospérité? Nous espérons en
voir bientôt, non pas le mirage pro.
metteur, mais les signes indéniables.
Mais ces signes, quels sont-ils t
Je l'ai déjà dit et je me fais un devoir
d? le répéter :
C'est la grande et franche renais-
sance de l'Art, et c'est le plein épa-
nouissement du Luxe.
Loin de moi l'intention de dire que
l'art végète en France et que le luxe
y soit de deuxième zone, mais il faut
bien reconnaître que l'œuvre de re-
dressement est loin d'être achevée.
Certains gouvernants même n'en
prennent pas le chemin, quand leut
seul soin est de considérer le Specta-
cle et le Luxe comme des industries
taillables et corvéables à merci.
La France n'a pas encore vêtu sa
resplendissante robe de fête, n'est pas
encore parée de tous les joyaux de la
félicité.
Et tant que nous ne verrons pas se
dessiner en pleine lumière le vaste
mouvement artistique qui s'élabore
dans l'inquiétude et dans la difficulté
de vivre, tant que nous ne verrons pas
se multiplier jusque dans les moindres
parures ces prodigieuses créations du
luxe qui furent toujours le privilège
du génie français, ce journal, qui voit'
volontiers le symbole de sa mission
dans l'arc-en-ciel de tous les arts, de
tous les luxes, ne cessera d'appeler
de toute sa force le retour des signes
espérés.
J'ai chargé mon excellent collabo-
rateur et ami Alex Delpeyroll, dont le
talent et la compétence s'affirment ici
chaque jour davantage, de 4a-éélicate
mission de demandes à notre éminent
et actif ministre du Commerce, M.
Louis Rollin, son opinion sur cette
question vitale pour notre pays.
J. de R.
Le succès retentissant qu'a obtenu
M. Louis Rollin devant le Conseil de
la S.D.N. vient de porter au premier
plan de l'actualité notre sympathique
M. Louis Rollin
ministre du Commerce. C'est en effet
de son activité, de sa fertile intelli-
gence que dépendent pour une large
part, dans les heures douloureuses
que traverse le Monde, la convales-
cence d'abord, la santé ensuite de
notre commerce et de notre industrie.
Parlant devant la Haute Assemblée
de Genève, M. Louis Rollin a pronon-
cé ces jours derniers un discours dont
le moins qu'on puisse dire est qu'il a
produit sur son auditoire international
une très profonde émotion.
« Notre position, a-t-il dit, en tant
que représentant de nos pays si cruel-
lement éprouvés, a, dans les conjonc-
tures présentes, quelque chose de dou-
loureiix et presque de tragique, car
elle semble nous laisser désarmés de-
vant des événements qui nous dépas-
sent.
« Nous discernons les causes du
mal, les périls qui déjà nous assiè-
gent ou nous menacent. Tous, avec la
même bonne foi, la même sincérité,
la même ferveur, nous voudrions les
écarter. Nous avons entendu les ap-
pels adressés du haut de la tribune de
l'Assemblée par les voix les plus auto-
risées oui ont signalé la gravité des
problèmes présents et l'urgence de
leurs solutions, et nous voudrions pou-
voir répondre par des actes à ces ap-
pels angoissés.
« Nous nous rendons compte que
le salut est dans l'union des peuples,
aujoud'hui si étroitement dépendants
les uns des autres qu'ils peuvent être
comparés aux membres d'un même
corps dont aucun ne saurait être ma-
lade ou souffrant sans que tous les
autres en soient aussitôt affectés. Nous
voudrions favoriser leurs relations éco-
nomiques avec l'ardent espoir que ces
échanges d'intérêt préparent le com-
merce des esprits et le l'approçhement
des cœurs. Et nous nous heurtons à
des barrières brutales où nos volontés
viennent se blesser, sinon se briser.
« A défaut d'une solution totale,
nous recherchons des solutions frag-
mentaires et partielles; mais quand
nous les appliquons aux réalités, nous
les sentons fragiles et insuffisantes.
« La solidarité internationale récla-
me des sacrifices; mais les collecti-
vités nationales, qui sont appelées à
les consentir, tout de suite s'en émeu-
vent et s'en inquiètent.
« L'œuvre qui nous sollicite est
une œuvre de longue haleine, mais les
souffrances ne peuvent pas attendre
et l'heure nous presse. Nous vou-
drions brûler les étapes, et le temps
nous fait sentir qu'il ne permet pas
qu'on se passe de luî.
« Nous voudrions ouvrir de larges
communications entre les peuples,
multiDlier et resserrer les liens qui
les unissent, créer entre eux des com-
munautés d'intérêts et voici que se
dressent pour y faire échec des pré-
ventions et des préjugés accumulés
par les égoïsmes et les malentendus
séculaires.
« Notre grand dessein d'union éco-
nomique suppose la confiance et la
confiance est à créer. »
Ainsi, notre ministre du Commerce,
loin de se dissimuler les très graves
difficultés que suscitent la dévalori-
sation du sterling, la chute des mon-
naies dans la plupart des pays d'Eu-
rope, les méfaits de la surproduction
et ses fatales conséquences sur le chô-
mage, a envisagé dans leur ensemble
et dans leurs détails tous les aspects
d'une situation dont le caractère tra-
gique est, hélas! indéniable.
Et voici que de Berlin, MM. Pierre
Laval et Aristide Briand nous rappor-
tent, avec l'espoir d'un rapprochement
entre la France et l'Allemagne, un or-
ganisme qui, dans le domaine écono-
miaue, a précisément pour mission de
jeter les premières bases de ce néces-
saire rapprochement.
Nul, donc, mieux que M. Louis
RoIlin n'était fondé à nous dire quels
résultats pratiques on est en droit
d attendre de cette institution.
- Il est indispensable, m'a assuré
le ministre du Commerce, que la Com-
mission mixte franco-allemande se
mette tout de suite à l'œuvre, et qu'elle
s'applique à obtenir le plus rapide-
ment possible, fussent-ils modestes au
début, des résultats positifs. Son rôle
consistera notamment à examiner mi-
nutieusement l'état actuel des échan-
ges commerciaux entre nos deux pays
nuis, sans délai. à établir pour ces
échanges des « bases nouvelles d'é-
quité et de réciorocité ».
- N'y a-t-il pas là, Monsieur le
Ministre, un empiétement de la Com-
mission mixte sur les attributions de la
S.D.N. dont la section économîmip pt
le comité d'études pour l'union euro-
péenne visent au même but?
- Assurément non. je ne vois pour
ma part ni double emploi ni contradic-
tion entre cette initiative et la thèse
que j'ai développée au nom de la dé-
légation française devant la Société
des Nations. Lorsque j'ai préconisé
par exemple, le développement des
ententes économiques internationales
et 1 élaboration d'un programme de
grands travaux publics, personne n'a
supposé que des problèmes d'une telle'
envergure pussent trouver leur solu-
tion ailleurs que devant la S.D.N.,
souveraine en la matière. D'autre part'
si ces questions économiques de moin-
dre imDortance mais n'intéressant que
la France et l'Allemagne sont réglées
par la Commission mixte il va de soi
que les ententes ainsi obtenues ne
constitueront pas un tout. Il va de
soi qu'une fois ces accords particuliers
réalisés d'autres pays peuvent être
appelés à y participer. Les communi-
qués officiels sur les attributions du
nouvel organisme ont d'ailleurs spéci-
fié; « Sans préjudice des accords in-
ternationaux ». Et M. Pierre Laval a
lui-même précisé dans ses conversa-
tions avec les dirigeants du Reich que
ces ententes devaient se faire « dans
le cadre tracé à Genève ».
Sans autrement s'attarder sur les
données techniques du problème, M.
Louis Rollin conclut : -
— A la fois comme Français et
comme ministre du Commerce, je ne
Peux que me féliciter de la création
de cette commission « paritaire ». J'ai
foi en elle; j'espère qu'elle pourra
établir 'des communautés d'intérêts
entre les deux pays afin de les ache-
miner par cette voie vers un rappro-
chement infiniment désirable et sou-
haité par le monde entier à raison
même des garanties de sécurité et de
paix qu'il porte en lui.
Alex DELPEYROU.
Une fâcheuse rencontre
Comme on le verra dans notre cour-
rier des théâtres deux nouveaux spec-
tacles seront présentés demain samedi.
La Comédie-Cau.martin a remis à de-
main en matinée la répétition générale
de Caniche et en soirée aura lieu la
présentation du Général Boulanger à
la Porte-Samt-Martin.
Ces deux remises sont excessivement
regrettables. Le samedi est un jour gé-
néralement laissé libre pour les week-
ends. et du reste en donnant deux
spectacles le même jour n'est-ce pas la
meilleure façon pour que la critique
ne puisse pas parler en détails des nou-
velles pièces,
Au Théâtre Saint-Georges
-.-.,
Les Autres»
Comédie en trois actes
de M. Georges Berr
Je n'ai pas l'heur de connaître per-
sonnellement M. Georges Berr.
J'imagine volontiers que s'il lui fal-
lait définir sa formule, en cette épo-
que où la mode est aux classifica-
tions, il répondrait : le théâtre. C'est
en effet l'essence même du théâtre
que ce grand comédien nous donne
dans les pièces qu'il écrit. Tout ce
qui n'est pas « que du théâtre » est
repoussé par lui comme quantité né-
gligeable. A-t-il tort de se confiner
dans une conception qui fut celle de
tant de dramaturges, fidèles à la tra-
dition de la Commedia dell'Arte ;
Sa carrière d'auteur, fructueuse en
succès, répond pour lui. M. Geor-
ges Berr pense que l'optique théâ-
trale nécessite un grossissement des
types comme des effets. Il aime fa-
çonner un personnage, le pousser en
comique, ne redoute pas de le faire
monologuer, c'est-à-dire entrer en
rapports intimes avec le public et si
les ficelles animant ses personnages
apparaissent parais, on a l'impres-
sion que c'est pour mieux nous lais-
ser voir avec quelle technique sûre
d'homme de métier elles furent
agencées.
Il y a une grande force de belle
humeur dans cette comédie satirique
qui ne veut d'ailleurs être qu'une
comédie. Tout y est limpide, aisé,
scénique.
Le sénateur Vincent Lavalette aime
les autres. Sa fortune, sa situation
politique lui permettent d'être géné-
reux. Sa plate-forme, dirai-je, est la
charité. Il préside de multiples œu-
vres de bienfaisance et va jusqu'à se
jeter du pont de la Concorde dans la
Seine, histoire, bien qu'il ne sache
pas nager, de repêcher un jeune
homme qui vient de faire dans le
fleuve le plongeon des désespérés.
Pour que son sauveur ne soit point
noyé, force est au jeune homme, qui,
lui, sait nager, de différer son sui-
cide pour ramener le sénateur sur la
berge. Cette histoire a fait un bruit
énorme, dont Lavalette n'est pas
fâché. Nous démêlons tout de suite
en son altruisme intempestif un per-
sonnalisme accentué et, pour ne nous
point tromper. M. Georeets BepiwuJ
développé son intrigue avec une ri-
goureuse logique, une joyeuse maî-
Mise. Apprenez que le jeune homme
qui voulait se suicider est un nommé
Paul de Gerville, locataire de l'im-
meuble qu'hab.ite Lavalette et dont il
est le propriétaire, que ce Paul de
Gerville vient demander raison à son
prétendu sauveur — Qu'il dut sau-
ver — de sa fâcheuse intervention
et savoir ce qu'il comptt faire pour
lui qu'il ramena ainsi à la vie. II ne
s'agit pas d'argent, le je'une homme
est riche. S'il n'a pas pavé ses der-
mers termes, c'est par oubli, la
somme lui paraissant négligeable.
Non, il s'est suicidé par amour et
par amour pour une femme mariée
qui veut rester honnête. Qui est
donc cette femme? Lavalette perce
le mystère et ne s'émeut pas. C'est
pour Lysiane, sa femme, que ce Ger-
ville voulut abréger ses jours. Qu'à
cela ne tienne. Lavalette sait ce
qu'il doit faire. On ne s'est pas
donné en vain pour mission officielle
de se sacrifier aux autres. L'époux
s'effacera, divorcera pour permettre
à Paul. son sauvé, ef à Lvsiane d'être
heureux tous les deux. Il les invite
même à ne peint différer leur bon-
heur et les envoie coucher. ensem-
ble. Abnégation sublime! Cocu bé-
névole. - hype-rmagnifique, nensez-
vous? Oui, mais attendez. L'auteur
a eu soin de nous montrer la jolie
Mme Lavalette sous les plus noirs
aspects. Elle est violente, acariâtre,
follement dépensière, fait, au trop
généreux sénateur, des scènes inces-
santes. Quel contraste offre avec
elle cette petite dactylo qui répond
au prénom de Claudine! Celle-ci est
douce, fine, polie, jolie, et en admi-
ration devant la bonté du bienfaiteur.
Ainsi, sous couleur d'altruisme, La-
valette, jetant sa femme dans les
bras de Gerville, fait place libre chez
lui et peut prendre Claudine pour
secrétaire. pour secrétaire d'abord.
Ce Jocrisse de la charité a 'son plan.
Mais ivoilà que, ne décelant point
les motifs de son excessive bonté,
Claudine lui demande de vouloir
bien l'étendre à son fiancé. Son
fiancé! Le bonhomme manque d'en
avoir un coup de sang ! Quelle pierre
dans l'étang qu'il voyait tout azuré:
ARMORY.
(Lire la suite en deuxième page.)
Harry-Baur et Joffre
dans la nouvelle pièce Les Autres au
-. Théâtre SajtU-Georges4
M. et Mme Jean Silvain (au théâtre Madeleine Bréville) sur la Plage des
Lecques. (Lire ci-contre, la réponse à notre enquête sur la réorganisation du
théâtre.)
NOS ÉCHOS
Entre nous
JOSEPHINE BAKER
ET « LA CROIX »
Joséphine Baker est vraiment char-
mante. En quittant Paris, elle a fait
parvenir ses remerciements à tous les
journaux qui avaient publié son talent et
ses charmes, en les assurant de sa re-
connaissance. Elle n'a oublié personne.
C'est ainsi que le rédacteur en chef de
La Croix a reçu une lettre signée de sa
main, dans laquelle elle lui dit :
« A la veille de quitter Paris, je
tiens à vous exprimer ici toute ma fecon-
naissance pour les témoignages de sym-
pathie que votre journal, vos rédacteurs,
vos critiques m'ont toujours témoignée. »
Parlant ensuite du succès de la Revue
du Casino de Paris. dont elle était la
grande attraction, Joséphine Baker dil
à notre confrère de La Croix :
« C'est un peu à votre journal que
ie le dois, dont les collaborateurs m'ont
encouragée à mieux faire. »
Joséphine Baker peut se flatter, en
effet, d'avoir eu les sympathies de tous
les journaux sans exception.
La vedette noire termine ainsi sa let-
tre à notre confrère de La Croix •
« Il ne m'est malheureusement pas
possible d'adresser à chacun un mot de
remerciement, mais, certaine de trouver
en votre journal l'interprète fidèle de
mes pensées, je les assure que je saurai
conserver l'amitié qu ils m'ont donnés
et que c'est une Française de cœur qui
leur dit non pas Adieu. mais Au re-
voir. »
Joséphine Baker doit exagérer quand
elle se dit certaine de trouver dans La
Croix <( l'interprète fidèle » de ses pen-
sées. Mais l'âme blanche qu'elle porte
dans un corps noir n'y a pas vu ma-
lice. Elle ne s'est peut-être même pas
demandé si vraiment La Croix avait parlé
d'elle et de sa revue. Elle l'a supposé,
et cette supposition lui a suffi pour
adresser à notre confrère ces remercie-
ments dont il a été peut-être éberlué.
Le grand cœur de Joséphine Baker ne
fait pas de distinction entre les jour-
nalistes. entre les jour-
luies VtRAN.
V
i cœur des Parisiens. 1
Hier matin, un attroupement
s était formé sur la berge du quai
Voltaire.
On venait de retirer de la Seine
une pauvre femme, et des pompiers,
des agents essayaient de la ranimer
par les soins habituels qu'ils prati-
quaient avec un zèle débordant de
bonté. La foule, autour du drame,
s'était amassée, muette, saisie d'une
visible et profonde pitié. Après de
longs efforts, la malheureuse, qu'on
avait étendue sur le ventre et à la-
quelle on avait fait une saignée, re-
mua.
Alors des gens qui étaient tout près
remontèrent vite sur le quai et dirent
à ceux qui regardaient de loin :
— Elle remue ! Elle remue ! com-
me soulagés d'un grand poids.
Et c'est à ce moment-là que nous
Avons vu des assistants pleurer.
DE TOUT UN PEU
a Depuis son départ d. Alep. on est
sans nouvelles de l'aviateur Kingsford
Smith, qui tentait le raid Australie-Angle-
terre. A Londres, l'inquiétude est grande.
CI5 Le président de la République a
retenu, hier, à déjeuner, les souverains
belges. La reine et le roi Albert ont visité,
hier soir, l'Exposition coloniale.
L'hélicostat d'Oemlichen, piloté,
hier, à Orly, par Pierre Debrautelle, est
monté en quatre minutes à 350 mètres
verticalement. La descente, hélice calée,
égalernènt à la verticale, permit à l'appa-
reil d'atterrir juste à son point de départ.
La date du départ de M. Pierre
Laval pour Washington est officiellement
[ au 16 octobre prochain^
D
e la Coupe. aux lèvres.
Les Anglais avaient fondé de
grands espoirs, lors des matches de
tennis pour la Coupe Davis, sur un
joueur aussi habile que sympathique,
H W. Austin. Celui-ci ne gagna pas
la Coupe, mais un cœur de jeune fille,
celui de miss Phyllis Konstam, que
l'écran rendit célèbre. Le mariage au-
ra lieu sous peu dans une vieille
église.
Et les jeunes époux partiront pour
la Suède, sans songer à la Coupe.
mais aux lèvres.,
HORATIO.
(Lire la suite en troisième page)
M. Christian Pfister
qui a quitté hier son poste à l'Univer-
sitéde Strasbourg où M. Dresch,
recteur de Toulouse, va lui succéder.
VOUDRIEZ-VOUS
AVOIR L'OBLIGEANCE
DE PRENDRE NOTE
QU'A PARTIR
D'AUJOURD'HUI
COMŒDIA
A 9 LIGNES
TELEPHONIQUES
GROUPEES SOUS LE N°
ELYSEES 88-81
146-150, Champs-Elysées
La nu-it, à partir de 21 h.,
téléphoner momentanément
à Trudaine 89-22
Renée Devillers
(dans une scène du troisième acte) et
Harry-Baur dans Les Autres au Théâtre
Saint-Georges.
1 pffleâ_fttiq,1
VERS UNE RÉORGANISATION DU THEATRE (1)
,, com(edia demande, sur ce problème,
l'opinion des Auteurs
Réponses de MM. Saint-Georges de Bouhélier
et Jean Silvain
Nous avons dit ici, en inaugurant la
série des réPonses des auteurs drama-
tiques à notre enquête sur « la réorga-
nisation du théâtre », qui complète
celle, non encore terminée, menée ati-
près des directeurs, pourquoi cette
large consultation était devenue néces-
saire.
Nos lecteurs voudront bien, à ce su-
jet, se reporter à notre numéro du
26 septembre. Ils y trouveront égale-
ment une première série de réponses:
celles de MM. Edmond Sée, Romain
Coolus, Alfred Machard et Jean-Jac-
ques Bernard.
Voici aujourd'hui les réponses de
MM. Saint-Georges de Bouhélier et
Jeati Silvain qui nous a prié de consul-
ter aùssi son collaborateur M. Michel
Murray, ce qui a été fait sans résultat
iusqu'à présent. — G. B.
De M. Saint-Georges
de Bouhélier
Pour la saison qui va s'ouvrir, je
dois vous faire cette confession que
je n'ai actuellement que peu de pro-
jets. Ceux de mes confrères dont les
facultés de travail sont assez fertiles
pour leur permettre de fournir chaque
année un ou deux ouvrages font mon
étonnement. Personnellement je suis
loin de compte. Voilà deux ans que
j'ai promis à M. Paul Abram La Vie
d'un héros. C'est un ouvrage qui doit
être considérable. La suite de tableaux
qu'il nécessitera dépassera de beaucoup
tout ce qui a été construit dans ce genre
dans notre théâtre. Le spectacle en
durera pour .le moins six heures. Il
faudra donc le commencer l'après-
midi. Un entr'acte de trois quarts
d'heure oui aura lieu avant huit heu-
res, permettra au public d'aller se res-
taurer, comme cela se fait à Bayreuth,
pendant la Tétralogie. M. Paul Abram
a admis tous mes désirs. C'est un
homme qui aime le théâtre, qui mesure
les dangers que court l'art dramatique,
qui cherche à y remédier et qui n'en
voit pas le moyen hors de la nouveauté
et de l'audace.
C'est bien mon avis. Depuis que
j'écris, ma pensée n'a jamais varié sur
,. ce point. Le théâtre est un art magni-
fique, le premier des arts (et d'ailleurs,
en réalité, il les contient tous) mais il
n'est tel qu'à condition de remplir sa
tâche, de ne pas se laisser amoindrir,
ni ébranler, ni borner. J'étais bien
jeune, en IQO6, quand, dans la préface
de ma première pièce, Le Roi sans cou-
ronne, j'ai dit de telles choses. Vous
me demandez si, dans l'accomplisse-
ment de mes desseins, je n'ai pas ren-
contré de difficultés. Toutes celles qui
peuvent s'offrir à un homme, je les ai
trovPrcooc mue eritve T-V» 'tr Krîcor T",
volonté de faire grand et d'atteindre
mon but sera toujours soutenue. Venu
aux lettres avec une idée dans le cœur,
je n'aurais jamais accepté d'y déroger.
J'ai longtemps connu la misère; rien
ne m'aurait arrêté.
Quand j'ai composé La Vie d'une
femme, après le succès que m'avait
valu Le Carnaval des enfants, en 1910,
personne n'a compris que je pusse
me lancer dans une aventure de cette
envergure. A l'époque, on ne faisait
pas de pièces de ce style. Un drame
devait avoir trois actes, ou Quelquefois
quatre, mais pas davantage. La Vie
d'une femme comptait douze tableaux
et entraînait le spectateur sous les
cieux les plus divers. Si je n'avais
écouté que mon intérêt, la prudence
m'eût empêché d'écrire une telle chose,
qui semblait faite cour bouleverser les
habitudes du public, et navrer les di-
(1) Voir Comœdia des 8, 9, 11, 12, 15,
L7, 18. 20. 21. 23, 25, 26 et 30 septembre.
'recteurs. Je rendrai hommage à M. An-
toine. C'est lui qui a d'abord reçu la
pièce. M. Paul Gavault qui l'a jouée
n'a pas eu ensuite à s'en repentir.
M. Paul Abram qui va 'la reprendre
dans les premiers jours de l'hiver m'a
assuré qu'il l'envelopperait de tous ses
soins. Je pense que l'on y reverra Mlle
Falconetti qui y a fait des débuts écla-
tants, à l'époque de la création, et qui
est née pour la jouer.
., Je puis dire que dans tout ce que
j ai fait, j'ai toujours été au devant des
difficultés. Quelquefois j'ai échoue ; il
m'est arrivé de réussir. Mais je n'ai
jamais joué que le tout pour le tout.
Quand j'ai fait Le Sang de Danion,
que ne m'a-t-on dit? Que je courais à
l'abîme, que jamais une pièce sur la.
Révolution française ne serait jouable
à la Comédie-Française, qu'on y avait
interdit Thermidor, qu'à la Comédie-
Française on allait de plus en plus vers
la pièce facile, en trois actes et avec
un très petit nombre de persQnnages,
que la mienne avait vingt-cinq ta-
bleaux et qu'il y fallait presque toute
la troupe. C'était une gageure. Pen-
dant trois ans, j'ai en effet eu à me
débattre dans des embarras effrayants,
qui ont failli m'écraser. Mais un
homme qui n'espère de la vie ni hon-
neur ni argent, qui n'en attend rien,
comment l'ébranler ? J'ai trouvé d'ail-
leurs à la Comédie de précieux appuis.:
Et le succès nous a donné raison.
Je ne crois pas que les petites piè-
ces, les petits sentiments, les petites
combinaisons qui ont longtemps suffi
au théâtre en France, et ailleurs, par-
viendront à le faire vivre. De plus en
plus je mets ma foi dans les grandes
tentatives, dans les talents vigoureux,
dans le retour aux grandes construc-
tions dramatiques 'dont les Grecs, Sha-
kespeare et Molière nous ont donné des
modèles. Certes, partout où se mani-
feste le mérite, on doit l'admirer. Mais
aujourd'hui plus que jamais le théâ-
tre a besoin de forces ardentes, Se co-
médiens fanatiques et aimant leur art
de poètes visionnaires et pleins de pas-
sions, de metteurs en scène qui soient -
des croyants et des hommes d'initia-
tive. L'école moderne n'a pas épuisé
ses ressources et aucune n'a jamais été*"
plus riche en hommes de valeur.
Dans cette entreprise de relèvement,
dans cette entreprise de rachat et de
rédemption, la critique également au-
rait certainement un grand rôle à
jouer. A elle de recréer la sympthie
autour du théâtre, de l'aider dan.:; ses
recherches, de pousser à son activité
créatrice. D'autre part, je pense bien *
aue la collaboration de l'Etat devrait
être acquise à un tel effort. On incri-
mine parfois le Parlement. Il fait ce
qu'il peut. A la Chambre, nous avons
actuellement un rapporteur des Beaux-
Arts. M. Jean Locquin, qui est d'une
conscience et d'un dévouement admi-
rables. Mais c'est du dehors, des mi-
lieux créateurs, des groupements anis-
tiques eux-mêmes, des écrivains, des di-
recteurs que doit venir le meilleur de
l'action aue nous espérons.
SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER
De M. Jean Silvain.
« Mes Oliviers », les Lecquet.
De ce merveilleux coin des LecQues
où je passe de belles vacances avec
ma chère femme, je suis heureux de
vous dire mes projets et mes travaux.
1° L'adaptation de Colomba de Pros-
per Mérimée, faite en collaboration
avec mon vieil et fidèle ami Michel
Murray qui est en train de se remettre
lentement d'un douloureux et gravc
accident.
(Lire la suite en ,2e page.)
La Comédie judiciaire
LA RENTREE
DES TRIBUNAUX
Ni M. Poincaré,
ni M. Fernand Payen,
n'assisteront à la cérémonie
Il y a quelques Jours, on annonçait
au Palais de Justice — de source sûre
— que M. Raymond Poincaré, ancien
président de la République, bâtonnier
pour l'exercice 1931-1932, viendrait, en
personne, prêter le serment d'usage à
a première chambre de la Cour, au
nom de tous les avocats du barreau de
Paris.
Or, on apprenait hier après-midi, de
source non moins sûre, que « M. le bâ-
tonnier Poincaré. empêché, ne pourrait
pas venir. »
Pourquoi alors avoir lancé la nou-
velle que M. Poincaré viendrait certai-
nement à Paris ? Dans quel mystérieux
dessein d'emporter une adhésion pour
:tre encore hésitante i
N'insistons cas.
On annonce également, et d'une
façon tout à fait subite, que M. Fer-
nand Payen, ancien bâtonnier, « se
trouvant souffrant, est retenu à la
chambre » par ordre de la Faculté..
Ainsi, pour cette cérémonie extraor-
dinaire, c'est Me Guillaumin, ancien
bâtonnier, qui conduira le Conseil de
l'Ordre des- avocats à l'audience solen-
nelle de rentrée de la Cour et se join-
dra au premier président Eugène Drey-
fus pour recevoir au bas du grand es-
calier de la Cour de Mai, M. Doumer.
président de la République.
A cette occasion, la grande porte
dorée qui est surmontée des fleurs de
lys et de la couronne royale, s'ouvrira
à deux battants. Cette porte, on le sait,
est fermée toute l'année, et n'est ou-
verte que pour le passage des têtes cou-
ronnées. -- ;G> D>
Au Salon de l'Automobile
.,.
Promenade au Grand-Palais
avec un célèbre constructeur
avant le vernissage
Mercredi, veille du Salon. Coiffé
d'un melon, ce grand constructeur, qui
aime les pur-sang, se promenait dans
les allées du Grand-Palais, et son
manteau-cloche, au passage, frôlait des
-carrosseries, des capots, des roues et
mille autres choses brillantes, sur les-
quelles, pendant des mois s'étaient
penchés des fronts pensifs et * des
mains tachées d'huile.
Cet homme au teint coloré et au
profil de clown, chaque année, trouve
des lignes et des combinaisons méca-
niques surprenantes.
La poussière des sciures, l'odeur
des vernis neufs noient cette silencieu-
se activité des hommes qui ont confié
à quelques blocs d'acier fin , 'eurs es-
pérances, et les résultats de leur pro-
digieuse imagination.
Ces moteurs vivent. Dans leurs ber-
ceaux d'acier, aux formes chatoyantes,
ils sont comme de beaux fauves àTaf-
fût. Et il suffira d'appuyer ou de tirer
sur une de ces commandes précieuses
pour créer la vie dans un organisée
complexe et sûr comme un réflexe
humain.
Les châssis, les carrosseries en-
trent, vigoureusement poussés par
des troupes d'ouvriers. Ce travail est
joveux. Et demain, tandis que les
acheteurs éventuels et les visiteurs
curieux contempleront ces ensembles,
où s'allient dans une perfection absolue
la mécanique savante et la rigoureuss
beauté des formes, ces foules de met-
N
25e ANNEE. — N° 6.830. - Le NUMÉRO : 50 Centimes '14.6-150, avenue des Champs-Elysées. — Tél.: Elysées 88-81. VENDREDI 2 OCTOBRE 1931
COMŒDIA
JEAN DE ROVERA
Directeur
.Une ample comédie aux cent actes divers ,
Et dont la scène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
REDACTION ADMINISTRATION
145-150. avenue des Champs-Elysées
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POLITIQUE l)!TEHNflTIO)iALE ET PROSPÉRITÉ FRANÇAISE
D.
Les idées de M. Louis Rollin
Au moment où le monde se débat
dans une crise économique sans pré-
cédent, crise qui semble avoir touché
le moins la France, niais dont les ré-
percussions atteignent déjà notre art
et notre luxe nationaux, il m'a paru
intéressant pour nos lecteurs de de-
mander son avis à un des maîtres de
l'heure, à un de ceux dont l'officielle
mission est de résoudre ce problème
à la fois angoissant et magnifique :
Au moment où la solidarité euro-
péenne nous oblige à répondre à l'ap-
pel des peuples moins sages, pourvoir
notre pays d'une armature économi-
que propice à lui rendre sa prospérité
d'antan.
ba prospérité? Nous espérons en
voir bientôt, non pas le mirage pro.
metteur, mais les signes indéniables.
Mais ces signes, quels sont-ils t
Je l'ai déjà dit et je me fais un devoir
d? le répéter :
C'est la grande et franche renais-
sance de l'Art, et c'est le plein épa-
nouissement du Luxe.
Loin de moi l'intention de dire que
l'art végète en France et que le luxe
y soit de deuxième zone, mais il faut
bien reconnaître que l'œuvre de re-
dressement est loin d'être achevée.
Certains gouvernants même n'en
prennent pas le chemin, quand leut
seul soin est de considérer le Specta-
cle et le Luxe comme des industries
taillables et corvéables à merci.
La France n'a pas encore vêtu sa
resplendissante robe de fête, n'est pas
encore parée de tous les joyaux de la
félicité.
Et tant que nous ne verrons pas se
dessiner en pleine lumière le vaste
mouvement artistique qui s'élabore
dans l'inquiétude et dans la difficulté
de vivre, tant que nous ne verrons pas
se multiplier jusque dans les moindres
parures ces prodigieuses créations du
luxe qui furent toujours le privilège
du génie français, ce journal, qui voit'
volontiers le symbole de sa mission
dans l'arc-en-ciel de tous les arts, de
tous les luxes, ne cessera d'appeler
de toute sa force le retour des signes
espérés.
J'ai chargé mon excellent collabo-
rateur et ami Alex Delpeyroll, dont le
talent et la compétence s'affirment ici
chaque jour davantage, de 4a-éélicate
mission de demandes à notre éminent
et actif ministre du Commerce, M.
Louis Rollin, son opinion sur cette
question vitale pour notre pays.
J. de R.
Le succès retentissant qu'a obtenu
M. Louis Rollin devant le Conseil de
la S.D.N. vient de porter au premier
plan de l'actualité notre sympathique
M. Louis Rollin
ministre du Commerce. C'est en effet
de son activité, de sa fertile intelli-
gence que dépendent pour une large
part, dans les heures douloureuses
que traverse le Monde, la convales-
cence d'abord, la santé ensuite de
notre commerce et de notre industrie.
Parlant devant la Haute Assemblée
de Genève, M. Louis Rollin a pronon-
cé ces jours derniers un discours dont
le moins qu'on puisse dire est qu'il a
produit sur son auditoire international
une très profonde émotion.
« Notre position, a-t-il dit, en tant
que représentant de nos pays si cruel-
lement éprouvés, a, dans les conjonc-
tures présentes, quelque chose de dou-
loureiix et presque de tragique, car
elle semble nous laisser désarmés de-
vant des événements qui nous dépas-
sent.
« Nous discernons les causes du
mal, les périls qui déjà nous assiè-
gent ou nous menacent. Tous, avec la
même bonne foi, la même sincérité,
la même ferveur, nous voudrions les
écarter. Nous avons entendu les ap-
pels adressés du haut de la tribune de
l'Assemblée par les voix les plus auto-
risées oui ont signalé la gravité des
problèmes présents et l'urgence de
leurs solutions, et nous voudrions pou-
voir répondre par des actes à ces ap-
pels angoissés.
« Nous nous rendons compte que
le salut est dans l'union des peuples,
aujoud'hui si étroitement dépendants
les uns des autres qu'ils peuvent être
comparés aux membres d'un même
corps dont aucun ne saurait être ma-
lade ou souffrant sans que tous les
autres en soient aussitôt affectés. Nous
voudrions favoriser leurs relations éco-
nomiques avec l'ardent espoir que ces
échanges d'intérêt préparent le com-
merce des esprits et le l'approçhement
des cœurs. Et nous nous heurtons à
des barrières brutales où nos volontés
viennent se blesser, sinon se briser.
« A défaut d'une solution totale,
nous recherchons des solutions frag-
mentaires et partielles; mais quand
nous les appliquons aux réalités, nous
les sentons fragiles et insuffisantes.
« La solidarité internationale récla-
me des sacrifices; mais les collecti-
vités nationales, qui sont appelées à
les consentir, tout de suite s'en émeu-
vent et s'en inquiètent.
« L'œuvre qui nous sollicite est
une œuvre de longue haleine, mais les
souffrances ne peuvent pas attendre
et l'heure nous presse. Nous vou-
drions brûler les étapes, et le temps
nous fait sentir qu'il ne permet pas
qu'on se passe de luî.
« Nous voudrions ouvrir de larges
communications entre les peuples,
multiDlier et resserrer les liens qui
les unissent, créer entre eux des com-
munautés d'intérêts et voici que se
dressent pour y faire échec des pré-
ventions et des préjugés accumulés
par les égoïsmes et les malentendus
séculaires.
« Notre grand dessein d'union éco-
nomique suppose la confiance et la
confiance est à créer. »
Ainsi, notre ministre du Commerce,
loin de se dissimuler les très graves
difficultés que suscitent la dévalori-
sation du sterling, la chute des mon-
naies dans la plupart des pays d'Eu-
rope, les méfaits de la surproduction
et ses fatales conséquences sur le chô-
mage, a envisagé dans leur ensemble
et dans leurs détails tous les aspects
d'une situation dont le caractère tra-
gique est, hélas! indéniable.
Et voici que de Berlin, MM. Pierre
Laval et Aristide Briand nous rappor-
tent, avec l'espoir d'un rapprochement
entre la France et l'Allemagne, un or-
ganisme qui, dans le domaine écono-
miaue, a précisément pour mission de
jeter les premières bases de ce néces-
saire rapprochement.
Nul, donc, mieux que M. Louis
RoIlin n'était fondé à nous dire quels
résultats pratiques on est en droit
d attendre de cette institution.
- Il est indispensable, m'a assuré
le ministre du Commerce, que la Com-
mission mixte franco-allemande se
mette tout de suite à l'œuvre, et qu'elle
s'applique à obtenir le plus rapide-
ment possible, fussent-ils modestes au
début, des résultats positifs. Son rôle
consistera notamment à examiner mi-
nutieusement l'état actuel des échan-
ges commerciaux entre nos deux pays
nuis, sans délai. à établir pour ces
échanges des « bases nouvelles d'é-
quité et de réciorocité ».
- N'y a-t-il pas là, Monsieur le
Ministre, un empiétement de la Com-
mission mixte sur les attributions de la
S.D.N. dont la section économîmip pt
le comité d'études pour l'union euro-
péenne visent au même but?
- Assurément non. je ne vois pour
ma part ni double emploi ni contradic-
tion entre cette initiative et la thèse
que j'ai développée au nom de la dé-
légation française devant la Société
des Nations. Lorsque j'ai préconisé
par exemple, le développement des
ententes économiques internationales
et 1 élaboration d'un programme de
grands travaux publics, personne n'a
supposé que des problèmes d'une telle'
envergure pussent trouver leur solu-
tion ailleurs que devant la S.D.N.,
souveraine en la matière. D'autre part'
si ces questions économiques de moin-
dre imDortance mais n'intéressant que
la France et l'Allemagne sont réglées
par la Commission mixte il va de soi
que les ententes ainsi obtenues ne
constitueront pas un tout. Il va de
soi qu'une fois ces accords particuliers
réalisés d'autres pays peuvent être
appelés à y participer. Les communi-
qués officiels sur les attributions du
nouvel organisme ont d'ailleurs spéci-
fié; « Sans préjudice des accords in-
ternationaux ». Et M. Pierre Laval a
lui-même précisé dans ses conversa-
tions avec les dirigeants du Reich que
ces ententes devaient se faire « dans
le cadre tracé à Genève ».
Sans autrement s'attarder sur les
données techniques du problème, M.
Louis Rollin conclut : -
— A la fois comme Français et
comme ministre du Commerce, je ne
Peux que me féliciter de la création
de cette commission « paritaire ». J'ai
foi en elle; j'espère qu'elle pourra
établir 'des communautés d'intérêts
entre les deux pays afin de les ache-
miner par cette voie vers un rappro-
chement infiniment désirable et sou-
haité par le monde entier à raison
même des garanties de sécurité et de
paix qu'il porte en lui.
Alex DELPEYROU.
Une fâcheuse rencontre
Comme on le verra dans notre cour-
rier des théâtres deux nouveaux spec-
tacles seront présentés demain samedi.
La Comédie-Cau.martin a remis à de-
main en matinée la répétition générale
de Caniche et en soirée aura lieu la
présentation du Général Boulanger à
la Porte-Samt-Martin.
Ces deux remises sont excessivement
regrettables. Le samedi est un jour gé-
néralement laissé libre pour les week-
ends. et du reste en donnant deux
spectacles le même jour n'est-ce pas la
meilleure façon pour que la critique
ne puisse pas parler en détails des nou-
velles pièces,
Au Théâtre Saint-Georges
-.-.,
Les Autres»
Comédie en trois actes
de M. Georges Berr
Je n'ai pas l'heur de connaître per-
sonnellement M. Georges Berr.
J'imagine volontiers que s'il lui fal-
lait définir sa formule, en cette épo-
que où la mode est aux classifica-
tions, il répondrait : le théâtre. C'est
en effet l'essence même du théâtre
que ce grand comédien nous donne
dans les pièces qu'il écrit. Tout ce
qui n'est pas « que du théâtre » est
repoussé par lui comme quantité né-
gligeable. A-t-il tort de se confiner
dans une conception qui fut celle de
tant de dramaturges, fidèles à la tra-
dition de la Commedia dell'Arte ;
Sa carrière d'auteur, fructueuse en
succès, répond pour lui. M. Geor-
ges Berr pense que l'optique théâ-
trale nécessite un grossissement des
types comme des effets. Il aime fa-
çonner un personnage, le pousser en
comique, ne redoute pas de le faire
monologuer, c'est-à-dire entrer en
rapports intimes avec le public et si
les ficelles animant ses personnages
apparaissent parais, on a l'impres-
sion que c'est pour mieux nous lais-
ser voir avec quelle technique sûre
d'homme de métier elles furent
agencées.
Il y a une grande force de belle
humeur dans cette comédie satirique
qui ne veut d'ailleurs être qu'une
comédie. Tout y est limpide, aisé,
scénique.
Le sénateur Vincent Lavalette aime
les autres. Sa fortune, sa situation
politique lui permettent d'être géné-
reux. Sa plate-forme, dirai-je, est la
charité. Il préside de multiples œu-
vres de bienfaisance et va jusqu'à se
jeter du pont de la Concorde dans la
Seine, histoire, bien qu'il ne sache
pas nager, de repêcher un jeune
homme qui vient de faire dans le
fleuve le plongeon des désespérés.
Pour que son sauveur ne soit point
noyé, force est au jeune homme, qui,
lui, sait nager, de différer son sui-
cide pour ramener le sénateur sur la
berge. Cette histoire a fait un bruit
énorme, dont Lavalette n'est pas
fâché. Nous démêlons tout de suite
en son altruisme intempestif un per-
sonnalisme accentué et, pour ne nous
point tromper. M. Georeets BepiwuJ
développé son intrigue avec une ri-
goureuse logique, une joyeuse maî-
Mise. Apprenez que le jeune homme
qui voulait se suicider est un nommé
Paul de Gerville, locataire de l'im-
meuble qu'hab.ite Lavalette et dont il
est le propriétaire, que ce Paul de
Gerville vient demander raison à son
prétendu sauveur — Qu'il dut sau-
ver — de sa fâcheuse intervention
et savoir ce qu'il comptt faire pour
lui qu'il ramena ainsi à la vie. II ne
s'agit pas d'argent, le je'une homme
est riche. S'il n'a pas pavé ses der-
mers termes, c'est par oubli, la
somme lui paraissant négligeable.
Non, il s'est suicidé par amour et
par amour pour une femme mariée
qui veut rester honnête. Qui est
donc cette femme? Lavalette perce
le mystère et ne s'émeut pas. C'est
pour Lysiane, sa femme, que ce Ger-
ville voulut abréger ses jours. Qu'à
cela ne tienne. Lavalette sait ce
qu'il doit faire. On ne s'est pas
donné en vain pour mission officielle
de se sacrifier aux autres. L'époux
s'effacera, divorcera pour permettre
à Paul. son sauvé, ef à Lvsiane d'être
heureux tous les deux. Il les invite
même à ne peint différer leur bon-
heur et les envoie coucher. ensem-
ble. Abnégation sublime! Cocu bé-
névole. - hype-rmagnifique, nensez-
vous? Oui, mais attendez. L'auteur
a eu soin de nous montrer la jolie
Mme Lavalette sous les plus noirs
aspects. Elle est violente, acariâtre,
follement dépensière, fait, au trop
généreux sénateur, des scènes inces-
santes. Quel contraste offre avec
elle cette petite dactylo qui répond
au prénom de Claudine! Celle-ci est
douce, fine, polie, jolie, et en admi-
ration devant la bonté du bienfaiteur.
Ainsi, sous couleur d'altruisme, La-
valette, jetant sa femme dans les
bras de Gerville, fait place libre chez
lui et peut prendre Claudine pour
secrétaire. pour secrétaire d'abord.
Ce Jocrisse de la charité a 'son plan.
Mais ivoilà que, ne décelant point
les motifs de son excessive bonté,
Claudine lui demande de vouloir
bien l'étendre à son fiancé. Son
fiancé! Le bonhomme manque d'en
avoir un coup de sang ! Quelle pierre
dans l'étang qu'il voyait tout azuré:
ARMORY.
(Lire la suite en deuxième page.)
Harry-Baur et Joffre
dans la nouvelle pièce Les Autres au
-. Théâtre SajtU-Georges4
M. et Mme Jean Silvain (au théâtre Madeleine Bréville) sur la Plage des
Lecques. (Lire ci-contre, la réponse à notre enquête sur la réorganisation du
théâtre.)
NOS ÉCHOS
Entre nous
JOSEPHINE BAKER
ET « LA CROIX »
Joséphine Baker est vraiment char-
mante. En quittant Paris, elle a fait
parvenir ses remerciements à tous les
journaux qui avaient publié son talent et
ses charmes, en les assurant de sa re-
connaissance. Elle n'a oublié personne.
C'est ainsi que le rédacteur en chef de
La Croix a reçu une lettre signée de sa
main, dans laquelle elle lui dit :
« A la veille de quitter Paris, je
tiens à vous exprimer ici toute ma fecon-
naissance pour les témoignages de sym-
pathie que votre journal, vos rédacteurs,
vos critiques m'ont toujours témoignée. »
Parlant ensuite du succès de la Revue
du Casino de Paris. dont elle était la
grande attraction, Joséphine Baker dil
à notre confrère de La Croix :
« C'est un peu à votre journal que
ie le dois, dont les collaborateurs m'ont
encouragée à mieux faire. »
Joséphine Baker peut se flatter, en
effet, d'avoir eu les sympathies de tous
les journaux sans exception.
La vedette noire termine ainsi sa let-
tre à notre confrère de La Croix •
« Il ne m'est malheureusement pas
possible d'adresser à chacun un mot de
remerciement, mais, certaine de trouver
en votre journal l'interprète fidèle de
mes pensées, je les assure que je saurai
conserver l'amitié qu ils m'ont donnés
et que c'est une Française de cœur qui
leur dit non pas Adieu. mais Au re-
voir. »
Joséphine Baker doit exagérer quand
elle se dit certaine de trouver dans La
Croix <( l'interprète fidèle » de ses pen-
sées. Mais l'âme blanche qu'elle porte
dans un corps noir n'y a pas vu ma-
lice. Elle ne s'est peut-être même pas
demandé si vraiment La Croix avait parlé
d'elle et de sa revue. Elle l'a supposé,
et cette supposition lui a suffi pour
adresser à notre confrère ces remercie-
ments dont il a été peut-être éberlué.
Le grand cœur de Joséphine Baker ne
fait pas de distinction entre les jour-
nalistes. entre les jour-
luies VtRAN.
V
i cœur des Parisiens. 1
Hier matin, un attroupement
s était formé sur la berge du quai
Voltaire.
On venait de retirer de la Seine
une pauvre femme, et des pompiers,
des agents essayaient de la ranimer
par les soins habituels qu'ils prati-
quaient avec un zèle débordant de
bonté. La foule, autour du drame,
s'était amassée, muette, saisie d'une
visible et profonde pitié. Après de
longs efforts, la malheureuse, qu'on
avait étendue sur le ventre et à la-
quelle on avait fait une saignée, re-
mua.
Alors des gens qui étaient tout près
remontèrent vite sur le quai et dirent
à ceux qui regardaient de loin :
— Elle remue ! Elle remue ! com-
me soulagés d'un grand poids.
Et c'est à ce moment-là que nous
Avons vu des assistants pleurer.
DE TOUT UN PEU
a Depuis son départ d. Alep. on est
sans nouvelles de l'aviateur Kingsford
Smith, qui tentait le raid Australie-Angle-
terre. A Londres, l'inquiétude est grande.
CI5 Le président de la République a
retenu, hier, à déjeuner, les souverains
belges. La reine et le roi Albert ont visité,
hier soir, l'Exposition coloniale.
L'hélicostat d'Oemlichen, piloté,
hier, à Orly, par Pierre Debrautelle, est
monté en quatre minutes à 350 mètres
verticalement. La descente, hélice calée,
égalernènt à la verticale, permit à l'appa-
reil d'atterrir juste à son point de départ.
La date du départ de M. Pierre
Laval pour Washington est officiellement
[ au 16 octobre prochain^
D
e la Coupe. aux lèvres.
Les Anglais avaient fondé de
grands espoirs, lors des matches de
tennis pour la Coupe Davis, sur un
joueur aussi habile que sympathique,
H W. Austin. Celui-ci ne gagna pas
la Coupe, mais un cœur de jeune fille,
celui de miss Phyllis Konstam, que
l'écran rendit célèbre. Le mariage au-
ra lieu sous peu dans une vieille
église.
Et les jeunes époux partiront pour
la Suède, sans songer à la Coupe.
mais aux lèvres.,
HORATIO.
(Lire la suite en troisième page)
M. Christian Pfister
qui a quitté hier son poste à l'Univer-
sitéde Strasbourg où M. Dresch,
recteur de Toulouse, va lui succéder.
VOUDRIEZ-VOUS
AVOIR L'OBLIGEANCE
DE PRENDRE NOTE
QU'A PARTIR
D'AUJOURD'HUI
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ELYSEES 88-81
146-150, Champs-Elysées
La nu-it, à partir de 21 h.,
téléphoner momentanément
à Trudaine 89-22
Renée Devillers
(dans une scène du troisième acte) et
Harry-Baur dans Les Autres au Théâtre
Saint-Georges.
1 pffleâ_fttiq,1
VERS UNE RÉORGANISATION DU THEATRE (1)
,, com(edia demande, sur ce problème,
l'opinion des Auteurs
Réponses de MM. Saint-Georges de Bouhélier
et Jean Silvain
Nous avons dit ici, en inaugurant la
série des réPonses des auteurs drama-
tiques à notre enquête sur « la réorga-
nisation du théâtre », qui complète
celle, non encore terminée, menée ati-
près des directeurs, pourquoi cette
large consultation était devenue néces-
saire.
Nos lecteurs voudront bien, à ce su-
jet, se reporter à notre numéro du
26 septembre. Ils y trouveront égale-
ment une première série de réponses:
celles de MM. Edmond Sée, Romain
Coolus, Alfred Machard et Jean-Jac-
ques Bernard.
Voici aujourd'hui les réponses de
MM. Saint-Georges de Bouhélier et
Jeati Silvain qui nous a prié de consul-
ter aùssi son collaborateur M. Michel
Murray, ce qui a été fait sans résultat
iusqu'à présent. — G. B.
De M. Saint-Georges
de Bouhélier
Pour la saison qui va s'ouvrir, je
dois vous faire cette confession que
je n'ai actuellement que peu de pro-
jets. Ceux de mes confrères dont les
facultés de travail sont assez fertiles
pour leur permettre de fournir chaque
année un ou deux ouvrages font mon
étonnement. Personnellement je suis
loin de compte. Voilà deux ans que
j'ai promis à M. Paul Abram La Vie
d'un héros. C'est un ouvrage qui doit
être considérable. La suite de tableaux
qu'il nécessitera dépassera de beaucoup
tout ce qui a été construit dans ce genre
dans notre théâtre. Le spectacle en
durera pour .le moins six heures. Il
faudra donc le commencer l'après-
midi. Un entr'acte de trois quarts
d'heure oui aura lieu avant huit heu-
res, permettra au public d'aller se res-
taurer, comme cela se fait à Bayreuth,
pendant la Tétralogie. M. Paul Abram
a admis tous mes désirs. C'est un
homme qui aime le théâtre, qui mesure
les dangers que court l'art dramatique,
qui cherche à y remédier et qui n'en
voit pas le moyen hors de la nouveauté
et de l'audace.
C'est bien mon avis. Depuis que
j'écris, ma pensée n'a jamais varié sur
,. ce point. Le théâtre est un art magni-
fique, le premier des arts (et d'ailleurs,
en réalité, il les contient tous) mais il
n'est tel qu'à condition de remplir sa
tâche, de ne pas se laisser amoindrir,
ni ébranler, ni borner. J'étais bien
jeune, en IQO6, quand, dans la préface
de ma première pièce, Le Roi sans cou-
ronne, j'ai dit de telles choses. Vous
me demandez si, dans l'accomplisse-
ment de mes desseins, je n'ai pas ren-
contré de difficultés. Toutes celles qui
peuvent s'offrir à un homme, je les ai
trovPrcooc mue eritve T-V» 'tr Krîcor T",
volonté de faire grand et d'atteindre
mon but sera toujours soutenue. Venu
aux lettres avec une idée dans le cœur,
je n'aurais jamais accepté d'y déroger.
J'ai longtemps connu la misère; rien
ne m'aurait arrêté.
Quand j'ai composé La Vie d'une
femme, après le succès que m'avait
valu Le Carnaval des enfants, en 1910,
personne n'a compris que je pusse
me lancer dans une aventure de cette
envergure. A l'époque, on ne faisait
pas de pièces de ce style. Un drame
devait avoir trois actes, ou Quelquefois
quatre, mais pas davantage. La Vie
d'une femme comptait douze tableaux
et entraînait le spectateur sous les
cieux les plus divers. Si je n'avais
écouté que mon intérêt, la prudence
m'eût empêché d'écrire une telle chose,
qui semblait faite cour bouleverser les
habitudes du public, et navrer les di-
(1) Voir Comœdia des 8, 9, 11, 12, 15,
L7, 18. 20. 21. 23, 25, 26 et 30 septembre.
'recteurs. Je rendrai hommage à M. An-
toine. C'est lui qui a d'abord reçu la
pièce. M. Paul Gavault qui l'a jouée
n'a pas eu ensuite à s'en repentir.
M. Paul Abram qui va 'la reprendre
dans les premiers jours de l'hiver m'a
assuré qu'il l'envelopperait de tous ses
soins. Je pense que l'on y reverra Mlle
Falconetti qui y a fait des débuts écla-
tants, à l'époque de la création, et qui
est née pour la jouer.
., Je puis dire que dans tout ce que
j ai fait, j'ai toujours été au devant des
difficultés. Quelquefois j'ai échoue ; il
m'est arrivé de réussir. Mais je n'ai
jamais joué que le tout pour le tout.
Quand j'ai fait Le Sang de Danion,
que ne m'a-t-on dit? Que je courais à
l'abîme, que jamais une pièce sur la.
Révolution française ne serait jouable
à la Comédie-Française, qu'on y avait
interdit Thermidor, qu'à la Comédie-
Française on allait de plus en plus vers
la pièce facile, en trois actes et avec
un très petit nombre de persQnnages,
que la mienne avait vingt-cinq ta-
bleaux et qu'il y fallait presque toute
la troupe. C'était une gageure. Pen-
dant trois ans, j'ai en effet eu à me
débattre dans des embarras effrayants,
qui ont failli m'écraser. Mais un
homme qui n'espère de la vie ni hon-
neur ni argent, qui n'en attend rien,
comment l'ébranler ? J'ai trouvé d'ail-
leurs à la Comédie de précieux appuis.:
Et le succès nous a donné raison.
Je ne crois pas que les petites piè-
ces, les petits sentiments, les petites
combinaisons qui ont longtemps suffi
au théâtre en France, et ailleurs, par-
viendront à le faire vivre. De plus en
plus je mets ma foi dans les grandes
tentatives, dans les talents vigoureux,
dans le retour aux grandes construc-
tions dramatiques 'dont les Grecs, Sha-
kespeare et Molière nous ont donné des
modèles. Certes, partout où se mani-
feste le mérite, on doit l'admirer. Mais
aujourd'hui plus que jamais le théâ-
tre a besoin de forces ardentes, Se co-
médiens fanatiques et aimant leur art
de poètes visionnaires et pleins de pas-
sions, de metteurs en scène qui soient -
des croyants et des hommes d'initia-
tive. L'école moderne n'a pas épuisé
ses ressources et aucune n'a jamais été*"
plus riche en hommes de valeur.
Dans cette entreprise de relèvement,
dans cette entreprise de rachat et de
rédemption, la critique également au-
rait certainement un grand rôle à
jouer. A elle de recréer la sympthie
autour du théâtre, de l'aider dan.:; ses
recherches, de pousser à son activité
créatrice. D'autre part, je pense bien *
aue la collaboration de l'Etat devrait
être acquise à un tel effort. On incri-
mine parfois le Parlement. Il fait ce
qu'il peut. A la Chambre, nous avons
actuellement un rapporteur des Beaux-
Arts. M. Jean Locquin, qui est d'une
conscience et d'un dévouement admi-
rables. Mais c'est du dehors, des mi-
lieux créateurs, des groupements anis-
tiques eux-mêmes, des écrivains, des di-
recteurs que doit venir le meilleur de
l'action aue nous espérons.
SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER
De M. Jean Silvain.
« Mes Oliviers », les Lecquet.
De ce merveilleux coin des LecQues
où je passe de belles vacances avec
ma chère femme, je suis heureux de
vous dire mes projets et mes travaux.
1° L'adaptation de Colomba de Pros-
per Mérimée, faite en collaboration
avec mon vieil et fidèle ami Michel
Murray qui est en train de se remettre
lentement d'un douloureux et gravc
accident.
(Lire la suite en ,2e page.)
La Comédie judiciaire
LA RENTREE
DES TRIBUNAUX
Ni M. Poincaré,
ni M. Fernand Payen,
n'assisteront à la cérémonie
Il y a quelques Jours, on annonçait
au Palais de Justice — de source sûre
— que M. Raymond Poincaré, ancien
président de la République, bâtonnier
pour l'exercice 1931-1932, viendrait, en
personne, prêter le serment d'usage à
a première chambre de la Cour, au
nom de tous les avocats du barreau de
Paris.
Or, on apprenait hier après-midi, de
source non moins sûre, que « M. le bâ-
tonnier Poincaré. empêché, ne pourrait
pas venir. »
Pourquoi alors avoir lancé la nou-
velle que M. Poincaré viendrait certai-
nement à Paris ? Dans quel mystérieux
dessein d'emporter une adhésion pour
:tre encore hésitante i
N'insistons cas.
On annonce également, et d'une
façon tout à fait subite, que M. Fer-
nand Payen, ancien bâtonnier, « se
trouvant souffrant, est retenu à la
chambre » par ordre de la Faculté..
Ainsi, pour cette cérémonie extraor-
dinaire, c'est Me Guillaumin, ancien
bâtonnier, qui conduira le Conseil de
l'Ordre des- avocats à l'audience solen-
nelle de rentrée de la Cour et se join-
dra au premier président Eugène Drey-
fus pour recevoir au bas du grand es-
calier de la Cour de Mai, M. Doumer.
président de la République.
A cette occasion, la grande porte
dorée qui est surmontée des fleurs de
lys et de la couronne royale, s'ouvrira
à deux battants. Cette porte, on le sait,
est fermée toute l'année, et n'est ou-
verte que pour le passage des têtes cou-
ronnées. -- ;G> D>
Au Salon de l'Automobile
.,.
Promenade au Grand-Palais
avec un célèbre constructeur
avant le vernissage
Mercredi, veille du Salon. Coiffé
d'un melon, ce grand constructeur, qui
aime les pur-sang, se promenait dans
les allées du Grand-Palais, et son
manteau-cloche, au passage, frôlait des
-carrosseries, des capots, des roues et
mille autres choses brillantes, sur les-
quelles, pendant des mois s'étaient
penchés des fronts pensifs et * des
mains tachées d'huile.
Cet homme au teint coloré et au
profil de clown, chaque année, trouve
des lignes et des combinaisons méca-
niques surprenantes.
La poussière des sciures, l'odeur
des vernis neufs noient cette silencieu-
se activité des hommes qui ont confié
à quelques blocs d'acier fin , 'eurs es-
pérances, et les résultats de leur pro-
digieuse imagination.
Ces moteurs vivent. Dans leurs ber-
ceaux d'acier, aux formes chatoyantes,
ils sont comme de beaux fauves àTaf-
fût. Et il suffira d'appuyer ou de tirer
sur une de ces commandes précieuses
pour créer la vie dans un organisée
complexe et sûr comme un réflexe
humain.
Les châssis, les carrosseries en-
trent, vigoureusement poussés par
des troupes d'ouvriers. Ce travail est
joveux. Et demain, tandis que les
acheteurs éventuels et les visiteurs
curieux contempleront ces ensembles,
où s'allient dans une perfection absolue
la mécanique savante et la rigoureuss
beauté des formes, ces foules de met-
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