Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1935-01-08
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 janvier 1935 08 janvier 1935
Description : 1935/01/08 (A29,N8004). 1935/01/08 (A29,N8004).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76495667
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
COXOEDIX. — Mardi 8 Janvier 1936
3
- hes
, BELLES
l'O LETTRES
* fes lettres françaises et le Japon
1 ¡ ,
~etk on nous parle du Japon,
helle c'est pour nous inquié-
y Il y a le drame mandchou,
tragédie du dumping. Ce que
e rnurit dans ses mines loin-
iie/) Des canons, des munitions,
aines torpilles humaines,
r pi ?ur le Pacifique ! Menaces
8 31e et sur le monde entier !
Poli?rt Estions d'ordre économique
e" !qUe n'étant Pas admises en la
^eritB Urue brique, hâtons-nous donc
'M»s Réjouir, sans réserves expri-
tres nouvelles qui nous
h fnent de là-bas, par le canal du
,
8 ntéress nt bulletin France-
culture française est, au pays
lQnnp Levant, de plus en plus à
'Uc/j- r- C'est ainsi que M. Yama-
s pA vient de traduire en japonais
de Jules Romains et les
Olinayeurs (ce qui porte à
Ht i chiffre des œuvres de Gide
si tes en langue nippone) ; c'est
ê r les professew's et tes cri-
&t 8 de okio, de Kyoto, commen-
ilafjrQson et Valéry, Baudelaire
étéjarmé ; - qu'il existe une so-
o Japonaise des Amis de Marcel
Jeftj: laquelle fait paraître men-
Çjjj. une « revue prous-
I\u »
,J!¡4âtre, on voit afficher Mo-
lière, Dumas fUs, Pagnol, Tristan
Bernard, Vildrac, Géraldy-
Parmi les titres des dernières pu-
blications, on lit : De Rousseau à
Balzac, Paris, par Sémon Dazai ;
Croquis de Paris, par K. Matsuo
(essais sur Gide, Duhamel, Max Ja-
cob), Œuvres complètes de Balzac.
Et puis, soulignons ceci, qui en dit
long sur les sympathies franco-japo-
naises. sous le signe de la poésie :
en même temps que le Comité fran-
çais des Amis de Léon Deubel, pré-
sidé par Georges Duhamel, il existe
à Tokio un Comité japonais, grou-
pant des poètes, des romanciers, des
professeurs, et qui se propose de
participer à la souscription du mo-
nument que l'on doit inaugurer en
juin prochain, œuvre d'ailleurs d'un
sculpteur japonais, M, Eirsatzu Ta-
kata.
Deubel, Ze malheureux Deubel,
mort de misère en Occident et, au-
jourd'hui, connu, aimé, honoré, jus-
qu'en Extrême-Orient 1
Dumping ? Gros canons ? Péril
jaune ?
Je veux voir, d'abord, sous le
Chrysanthème Auroral, tous ces poè-
tes aux yeux bridés, tous ces amis
des poètes .— de nos poètes.
Fernand LOT.
I Une fantaisie théâtrale
t où se retrouve
î un vrai poète
i M h-v
* ~c~ Tonton publie Pendant
is flle,. fantaisie "théâtrale avec
; ifo: 0r%iimaux de A. Mem-im, aux
i SI10tlIS de 'la Caravelle.
I ûjj Vfôs monts de la Provence, au
.; Qie tOmbant le poète de Pierre
le8 t4, de Hôtes et Gardiens a sû-
1 V reiiicoffiitré quelque eue h an-
• ikpJ :P°ur que la vie réelle lui soit
< C 6 sous De telles 'lumières.
| fantaisie théâtrale en six ta-
i m J** (deux en vers et prose, deux
I et deux en vers) présente
i analogie avec un film mu-
4 ^couleurs, tanit ^imagination
c'!'!é-é librement évocations et
llt !?ri'e Tonton, modieete entre tous,
Ibilj^ttien'tiqiUie poète pair la S'em-
e> la frappe moderne, certes.
honore et. cadencée du vers et
luSéantiiltesae de la pensée. TouL
L oeuvre est ,lten()¡rn et noble à
Wi. llS- Conjonction rare du senti-
de 'l'atlàtude et de l'expres-
f P. B.
| etit courrier littéraire
, ,.¡.
'e soir, à 20 h. 30, au Café Voi.
a.r dîner Adrien Frissant (anciens
du « Provençal de Paris »), sous
^idence de Charles Maurras.
S. 'hçyu Pa^hénon^r19i, boailevard "Ma.-
s, mercredis janvier, à 21 heu-
'ÎL P^c^SÉîauir; Gabriel Petit, de
~H~Qiie de.xMédiecine, présidera. la.
~t. aneodoticyue de notre exoed-
Kn». r^aborateur M. Jean-Emile Bayard
brea QUelques auteurs et comédiens célè-
o, Auditions. Entrée gratuite.
tlo^^oiis apprenons la naissance de
,te Jean, fille de M. André Jean, le
tju Drug store. Toutes nos féûici-
.¡..
^t^haries DodemMl, dont nous avons
la mort, était une figure fami-
^ïtoaux habitués des quais: homme de
,%lO, il était aussi bouquiniste, et on
it monter la garde sous son cha-
à. larges bords devant ses boites,
^yftianites de volumes dont il savait
f~ Urs exactement la teneur — et le
-44r Cette faction de libraire en plein
(;'é'ta 11 la prit trente-six ans durant.
~sta" le doyen des quais ! Il laisse
fyC. ouvrages: Le Journal d'un bou-
^te; Le Long des quais.
itri A Bari, un éditeur Italien connu, M.
a et sa femme, ont été dé-
W«rts asphyxiés dans leur salle de
of. Rar suite d'une fuite de gaz.
tJ7te Zes Nouvelles Littéraires publient
heure avec Bruno Cicognani, ro-
Cl®r italien, par M. Frédéric Lefèvre.
LE PARISIEN.
En Ardenne belge
seront gravés
des vers d'Apollinaire
Noue avons récemment annoncé
que te Société royalie deis Beaux-Arts
de Vorviiers avant, décidé, sur l'ini-
tial ive d.e M. Ghiri&t.ian Fet.tweiss, au-
teur d'Apollinaire en Ardente, d'éle-
ver un monument à Guiilil anine Apol-
linaire dians les Ardmwets belges
où te poète d'Alcools fit, adolescent-,
un long ts<éjou:r qui a laissé dang son
oeuvre des tra-oes certaimies.
Le Mémorial sera si't.uié au point
culminant de la côte de Bternicter,
e,.nittiie St-avelot, Francorchamps et
Malmédy, d'où l'on découvre tout le
pays que parc ouïr t Apofil,ina,iT'e.
Il cons'isitieira en un bloc dû pierre
de forme géométrique, portant en
lettres de bronze : A Guillaume Apol-
linaire, 1899. Ce bloc sera entouré
de pieirres plus petites dont chacune
portera gravés quelques moi's d'-.--
veirs de Calligrammes.
Au comité de patronage figurent
les noms die MM. Paul Valéry. Henri
de Régnier, André Gide, Francis
Jammes,, Francis Carco, J. Romains,
Andiré Billy, Jean Cocteau, Max Jacob.
L. Des caves. Andiré Rouveyre, P. Mac
Orlan. P. Léautaud, Henri Duver-
noiis, etc.
Le bey de Tunis
crée le « Prix de Carthage »
Le bey de Tunis vient de décréter
l'institution d'un prix annuel de
4.000 francs, dit, « Prix de Car-
thage », à décerner à un ouvrage
littéraire, d'imagination ou de docu-
mentation, portant sur des sujets
d'inspiration ou d'intérêt nord-afri-
cain et plus spécialement tunisien.
Peuvent concourir à ce prix tous
les auteurs, ordinaires ou non de
l'Afrique du Nord, sans condition de
nationalité ni d-e domicile.
La 'liste des déclarations de candi-
dature est arrêtée au - 1er décembre
de chaque année et le prix décerné
dans la dernière semaine de décem-
bre. Chaque concurrent devra adTes-
ser au directeur de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts, à Tunis, sa
déclaration de candidature, sept
exemplaires imprimée de son ou-
vrage ou trois exemplaires dactylo-
graphiés plus un bulletin de nais-
sance.
Le champ des prix littéraires
s'étend. Et c'est tant mieux. Car,
ainsi que le c-onstate. iM. André Thé-
rive, les prix littéraires font, « de
toutes façons », plus de bien que de
mal !
AU COURS D'UN VOYAGE
Quelques lueurs, à la faveur de Noël,
sur le mystère de l'âme allemande
Le Rhin coule sous mes fenêtres.
Les cloches du vieux Dôme mayen-
çais sonnent, à toute volée; c'est la
quinzaine de Noël, le grand Noël du
pays allemand.
Depuis huit jours nous avons tra-
versé villes, villages, hameaux, en
territoire bado.is, wurLembergeois,
hessois, rhénan et partout la plus
grande fête des fêtes allemandes
chante aux coeurs et à l'âme le can-
tique ancien et nouveau.
Mais certaines coutumes se sont
déjà - transformées. Hitler, a voulu
innover, en ce domaine comme en
tous les autres, faisant appel à « la
race » et y réveillant tout ce qui en
elle sommeillait d'inconscient. Jus-
que dans le choix de ses symboles, il
est bien le « Führer, le conducteur
de peuple ».
Toutes les villes, depuis la moin-
dre bourgade jusqu'aux plus impor-
tantes cités, sont pavoisees. Au cen-
tre de la grande Place, un arbre gi-
gantesque surchargé de lumière bril-
le dans la nuit; et au pied, devant
la table recouverte de la nappe blan-
che symbolique, des nazis reçoivent
les dons, les dons des. pauvres com-
me ceux des riches, car les pauvres
apportent aux plus pauvres, après
avoir épargné sou par sou depuis
des mois. Pas une maison ou une
éfflise oui n'ait son arbre, nas un
foyer qui - n'entende ses chants, pas
une tombe qui ne porte son sapin
givré et illuminé.
Avant ce qu'on nomme la « Be-
cheerung » tous se sont, rendus au
cimetière, et à la lueur des bougies,
au scintillement et au brasillemêIlL
des cierges, dans le grand silence
nocturne de la cité de leurs morts,
tous, d'une seule voix, devant les
tombes ont chanté:
Stille Nacht, Eeilige Yacht.
Nuit silencieuse, nuit Sainte.
Ce fut ensuite la fête populaire,
où nous vîmes apparaîtra en leur
étrange confusion les innovations
d'Hitler. Réunissant en une seule fê-
te les traditions chrétiennes et les
anciens rites des religions germani-
ques, il a voulu que le .soll,ice d'hi-
ver fut fêté en même temps que la
naissance du Fils de l'Homme. Fête
du Soleil, fête du Christ, Bethléem
et l'Edda.
A Heidelberg sur la place de l'Uni-
versité, se massent les jeunes filles
vêtues de la chemise blanche, jupe
foncée et cravate noire, les jeunes
enfants coiffés de bérets écossais
noir, puis les Sections d'Assaut, le-
chemises brunes et la Reichswehr,
aux uniformes réséda. -
La foule attend, silencieuse.
Soudain, les drapeaux rouge et
blanc à la croix gammée, noire, sont
hissés aux deux extrémités de la pla-
ce. Au centre brûle le "brand bûcher,
symbole du Feu. le Feu de Wotan.
de Brunehilde, du Crépuscule des
dieux. En face l'Arbre aux mille
bougies étincelle.
Les accents d'un chant très pur
s'élève, suivi des sons de l'appasio-
nata, en sourdine. Puis éclatent les
paroles des chœurs, parlées, scan-
dées, martelées. Enfin, sont lancées
dans le bûcher, trois couronnes de
feuillages, l'une pour ceux qui sont
morts au front, la seconde pour ceux
qui ont fait le sacrifice de leur vie
à la cause de la liberté et la troisiè-
me pour ceux qui sont morts de mi-
sère avant la venue du Sauveur du
peuple allemand. Les trois couron-
nes sont englouties dans le brasier,
et, sauvage, l'appel au feu retentit,
crié par des milliers de poitrines:
« Feuer, Feuer !! » pendant que l'im-
mense clameur monte vers le ciel.
On amène les drapeaux, la foule
se disperse, et c'est le retour dans
la nuit, la ville tout entière semble
en prière.
Toute cette semaine, jusqu'à l'Epi-
iphanie, les sapins garderont leur pa-
rure de lumière. Dans les rues, sur
les places, les inscriptions et les em-
blèmes sont multipliés.
Sous leg banderolles flottant au
vent et le long des colonnes éclai-
rées par des torches, pullulent les
inscriptions qui partout répandent
les appels:
Aidez-vous les uns les autres. Ce-
lui qui ne donne pas n'est pas un
Allemand. — Se sacrifier est un de-
voir. — Donnez afin d'alléger la mi-
sère. — La misée parlée n'est plus
la misère. — Allemand, aide tes frè-
res. — La misère de l'AUemand, c'est
ta mort. — Que personne n'ait froid,
que personne n'ait faim. - Nous
avons besoin de ton Aide. - A la
grandeur de ton offrande, on re-
connaîtra l'amour que tu portes à
ion pays. — Prouve que tu es Alle-
mand en aidant les autres. — Alle-
mands, pensez à la Sarre. — La Sar-
re est allemande.
Et oeci, que je relève:
Le peuple Allemand veut devenir
une nation, mais il ne sera une na-
tion que lorsqu'il se sera confondu
dans un même vouloir d'entende-
ment. C'est faire le travail de Dieu
que d'être une nation arrachée au
désespoir et d'apporter la paix au
monde. Nous voulons voir dans le
bûcher du Soleil, Solstice d'hiver, et
dans l'Arbre scintillant dans la nuit,
le symbole de la lumière divine, et
nous restons debout, unis dans cette
grande fête.
Devant toutes ces manifestations
du rêve germanique autant que de la
force germanique, on demeure un
peu déconcerté. L'enthousiasme es!
porté à son comble, et, malgré cela
certains vous diront: « Enthousias-
me dont nous sommes lassés, en-
thousiasme de commande, réglemen-
té, voulu, ordonné; l'élan n'est plus
vrai. »
Déification de l'homme, de la race
et déchristianisation, ou bien, élar-
gissement de la pensée humaine
dans plus de vie impersonnelle 1
Voyons-nous monter un vouloir
mystique tendu vers une plus gran-
de fraternité, ou bien assistons-nous
à un bouillonnement en vase clos
des énergies latentes issues d'un
égocentrisme inquiétant ? Orgueil
démesuré ou oubli collectif de soi-
même ? - -
Nous n'osons rien affirmer, on ju-
gera l'arbre d'après- ce qu'il donnera:
Hitler, malgré des excès qui nom
froissent, a accompli, dans l'ordre
des intérêts de son pays, véritable-
ment une grande tâche. Attendons
que cette tâche porte ses fruits.
Il est un point sur lequel tous ici
sont d'accord: cet homme est sincère
et loyal, il est le rocher solide sur
lequel peut être édifiée la maison
qui demeure.
Tel est le point de vue allemand.
Quant au point de vue Français ?.
Ne nous hâtons point de conclure .!
Gabri-elle CASTELOT.
NOS ECHOS
(Sui-te de la première page)
Sage conseil
1
1 y a vingt-cinq ans on inaugurait,
au Père-Lachaise, comme nous
l'avons rappelé, un monument à
Cornély, qui fut un parfait jour-
naliste, un de ceux qui firent hon-
neur à la corporation.
C'était aussi un homme assez
caustique.
Un jour, un jeune poète vint lui
montrer un poème dont il sollicitait
l'insertion. Cornély y jeta les yeux :
— C'est trop long, dit-il après
avoir lu quelques lignes.
L'auteur se montra chagriné.
— Que faut-il faire ? demanda-t-
il, insistant.
— Retrancher la moitié d'abord,
répondit Cornély.
- Ah !
— Et puis supprimer l'autre.
Le jeune poète avait compris.
c
hez VIEL,
8, boulevard de la Madeleine,
à tout moment ae la journée vous
trouverez, dans un cadre char-
mant, soit à prix fixe, soit à tta
carte, des plats délicatement pré-
parés à des prix de circonstance,
Déjeuners. Thés. Dîners. Soirée.
Petits Soupers. Orchestre féminin.
Paradoxe.
c
omment peut-on être les meil-
leurs sroecialistes de l'achat de
bijoux et les moins chers parmi les
bons joailliers dans la venter
Les experts Sirop et Pauliet, bien
connus des lecteurs pour leur pu-
blication du cours des métaux pré-
cieux et du barème des brillants,
le démontrent clairement par une
organisation unique à Paris, où
leurs bureaux d'achats, ateliers de
fabrication, de transformation de
bijoux et de retaille de brillants,
222, rue Saint-Martin, est complé=
tée, pour la vente directe aux par..
ticuliers, par leur magasin, 86,
avenue Malakoff.
HORATIO.
tt. t~"
~(~ M.I:hm!J
JJM FOURRURgS PRÉCIEUSES I
■m, 179, Boulevard HAUSSMANN angle rue Washington I
.Tél: ÉLY. 15-,61
LES
BEAUX
ARTS
Le Salon de l'Ecole Française
une brillante assistance a inauguré
samedi la 28* exposition annuelle du
Salon de l'Ecole française. Il appa-
rait, semblable à ses prédécesseurs,
apportant son contingent coutumicr
de bustes, de statues et de tableaux
au Grand-Pillais où il surgit chaque
janvier. Cette année, il met en avant
et se réclame de la maquette de M.
Réal del Sarte pour le monument
aux rois Pierre r* de Serbie et
Alexandre 1er de Yougoslavie. Il com-
porte une section d'affiches et l'art
décoratif y tient rang avec des ta-
bleaux et ornements religieux signés
Sidftl.
Comme dans la plupart des salons,
fleurs, intérieurs, natures - mortes,
paysages, figures habillées ou nues
tapissent les murs. Presque au ha-
jard, citons quelques tableaux : M.
Clément-Chassagne retrace les arbres
neigeux qu'enlace la brume dans la
forêt d'Othe; des espaces panorami-
ques sont décrits par M. Cornïl, la
Perse est évoquée par Mme Suzanne
F rémont. M. Lemonnier s'évade vers
la haute montagne, M. Paul Lentas-
son, à la manière des primitifs, a
1VU.'P.l'YI.h1.p. filJ/is fit. narcons. M. Bm's-
wJlwald apporte des céramiques, M.
André Boucheret un paysage bien
rythmé, M. Rousseau-Deceue deux
nus lisses et blonds, M. Mecera des.
petits villages, M. Dubson des mi-
niatures; Mmes Louppe, Louise Gef-
froy, Bignon, Caspers, Danard-Pui, ','
Crance, Dupuy, Lapparont, Lehuchér,
Rivoire, ordonnent délicatement des
fleurs.
Toute une flotte 'de bateatix vogue
sur diverses eaux par. les soins de
MM. Lacaze, Lattes, Bardon, Vebank,
Macret, Mercier-Mary et constituent
une Section de Merine. Il y a aussi
une Pastorale de M. Azema, une Es -
pagnole par M. Vincent-Anglade, des
panneaux éclatants par M. Lartigue,
des paysages par MM. de Plument,
Robin, Pompery, Jeanson, Duques-
noy, Moracchini, etc. M. Bennèteau
apporte une série de bustes, M. Bro-
quet un Manque esquisse du Prési-
dent Poincané, M. H. Calvet un Busite
die M. Ga'ston Dousmergue et l'ensem-
ble constitue un petit salon attrayant,
qui présage le retour des autres, et
la venue du printemps.
Rp~.Ytt*w
Le docteur Auzéloux
au Dispensaire des Artistes
Le Dispensaire des artistes, que
préside et qu'anime Mme Robert
Gujllou, vient d'appeler parmi les
membres de son Conseil médical le
docteur Jean Auseloux. -
Ami des artistes, le docteur Auze-
loux est un praticien d'un raja dé-
vouement.
Il rendra, dans ses nouvelles fonc-
tions, de très grands services aux ar-
tistes.
Pour protéger l'hôtel Matignon
Sous la présidence de M. Lerolle,
député de Paris, et de M. Frédéric
Dupont, conseiller municipal de
Paris, vient de se constituer un co-
mité d'informations e't - de défense
pour protester contre la construction
de murs élevés entourant l'hôtel
Matignon et le parc y attenant, murs
qui modifieraient l'aspect artistique
d'un monument et d'un parc classés.
M. Wladimir d'Ormesson a été
nommé à l'unanimité président de
ce Comité dont le siège se trouve
55, rue de Varenne.
Une série de conférences
de M. Gusman sur la gravure
M. Pierre Gusman va commencer
au Musée du Louvre une série de
conférences sur la gravure en
France, accompagnées de présenta-
tion de planches et d'épreuves, et
dont voici le programme
Mercredi 9 janvier, à 14 h. 30 :
La xylographie primitive et la gra-
vure sur bois du xw au XVIIIe siè-
cle. ,- -
Mercredi 23 janvier, à 14 h. 30 :
La gravure des orfèvres et la gra-
vure sur bois moderne.
Mercredi 6 février, à 14 ht 30 ';
L'estampe japonaise.
Mercredi 20 février, à 14 îï. 30 :
La gravure au burin des origines à
nos jours.
Mercredi 6 mars, à ;14 h. 30 : La
gravure en couleurs du XVIIF siècle
à nos jours.
Mercredi 20 mars, à 14 h. 30 ; La
litgigrapbie.
L'œuvre de Daraghès
au Pavillon de Marsan
Le vendredi 11 janvier SIera inau-
gurée, au Musée des Arts Décoratifs,
Pavillon de Marsan, 107, vue de Ri-
voli, -l'exposition de l'œuvre de J.-G.
Daragnès, l'un des maîtres de la gra-
vure française contemporaine.
M. André Rivoliet
à la Samotkrace
M. Rivollet, ministre des Pensions,
accompagné de MM. Pélioder, chef ad-
joint de son cabinet, et Bernard d'Eté,
directeur du contrôle, vient de viSli-
têr, à la gailesrie Charpentier, le salon
de la « Samôthraoe », section des
beaux-arts, de l'Union des Messes de
guerre.
M. du Paty de Clam, prési" dent de
l'^ Association, a priésemté des œuvres
exposées au ministre des Pensions,
qui a vivement félicité les artistes
pour leurs belles réalisations, "dont
nous, avons dit tout d'intérêt.
Petit courrier artistique
⊙ Sous le titre < Prestige du Dessin),
notre excellent confrère Beaux-Arts
présentera dans sa galerie, 140, fau-
bourg Saint-Honoré, du 9 au 23 janvier,
un ensemble de dessins de Bonnard,
Dali, Derain, Dufy, La Fresnaye, Léger,
Matiase, Modigliani, L.-A. Moreau, Pas-
cin, Pioasso, Pierre Roy, Dunoyer de
Segonzac, Severini, Vuillard, etc.
O L'Association des Artistes de Paris
et du département de la Seine a trans-
féré son siège 23, rue d'Orléans, à
Neuilly-sur-Seine.
0 Christian Cailarti, Paul Cornet,
Dignimoot, Friesz, Derain, Dufy,
RouauWt, eltc. exposent, 10, rue Jac-
ques Calot.
LE RAPm.
EXPOSITIONS
— Musée Cama-valet (23, rue de Sévi-
gné). — Expositions Rétif de la Bretonne
et OarmonteUe.
— Grand Dépôt et Galerie Art (21 et 23
rue Drouot.) — Exposition de sculpture *
moderne et d'objets d'art décoratif pour y
cadeaux de Nouvel An, et de modèles de ';,
services de table édités à la suite du con-
cours organisé par* le "Gorupement Syndi-
cal des Artisans d'Art.
Musée de l'Orangerie (Terrasse des Tul.
leries). — Exposition des peintres de 16
Réalité.
— Musée du Jeu-de-Paume (Terrasse des
Tuileries). — Exposition des sculptures
monumentales de José Flora van ti (jusqu'au
10 janvier).
— Grand-Palais. — Salon de l'Ecole
Française (Jusqu'au 1er février)..
— Hôtel Mlramlon (47, quai de la Tour-
nelle). — Musée de l'Assistance publique.
— Petit Palais (Champs-Elysées). «
—
Nouvelle galerie de sculptures. Nouvelles
salles d'estampes de la collection Dutuit.
Exposition des Artistes de ce Temps.
— Maison de Delacroix (6, rue de Puril.
temberg). — Peintures et dessina de De-
lacroix.
- Château de VIncennes : Musée de Ut
Guerre. — Exposition de dons récente. —
C lia pelle et donjon : Musée Historique du
chl),teau.
— Musée d'Ethnographie (Trocadéro). -
Nouvelle salle de Madagascar.
— Galeries Malesherbes (27. Bd Males-
herbes). — Du 21 décembre au 15 Janvier.
Quelques peintres modernes.
— Galerie Férault (122, rue La Boëtie). -
Interprétations piotumles d'oeuvres de J.-S.
Bach. Beethoven. Berlioz, Chopin, Dukas,
Fauré, Franlt, Mozart Ravel, Saint-Saëns,
Schubert, Schu mann, Wagner par Gustave
Bourgogne (jusqu'au 12 janvier).
LES LIVRES ET LES HOMMES
Les deux extréxnitésooo
Catherine Bakounine : Le Corps. — Daniel-Rops : Mort, où est ta victoire ?
| e préférence, naturellement,
1 je m'attache ici à des li-
I || NV vres tout frais, qui oint pa-
ru dans la semaine ou
<^1^ }s là quinzaine; dans le mois
t au plus.
tojj,/1 livre légèrement plus ancien
oll efois, uin beau livre qui a deux
s mois de date, ou davantage
i~~ ~e, s'il m'a échappé pour une
011 ou pour une autre (par
Pie da.ns la vaste bagarre an-
'Ile des prix littéraires), pour-
|e 1 m'interdirai s-je d'en raison-
4é r9 Qu'il m'ait d'abord échappé,
eîi seAtirai ni confusion ni re-
~s. Dans un océan pareil
par la suite me priver de lui
e hommage, sous prétexte
)}ç le temps a uin peu pas-sé, je
ik 'Ille le pardonnerais pas !
tvr, alld il s'agit, au contraire, de li-
Wf qui ont chance de vaincre le
Hu P.s : comme ce magnifique ro-
de Daniel Rops et ce beau et
ue romain de Bakounine.
'5 mieux : quand il s'agit de li-
lires auxquels on n'a pas encore
Cordé partout, malheureusement,
passio'nnée qui leur est
tl ience passionnée qui leur est
t
roman d'une Russe émigrée
e. les autres ouvrages m'ont pas
été traduits, à ma conmais-
Pt kee, ou dont c'est peut-être le
iieier ouvrage ) et ce roman de
t^M-Rops, où l'auteur estimé de
l ^'essais s'est lui-même dépas-
î^.11 accompli de telle sorte qu'il
ppj yoir en lui désormais un des
W^îiers romanciers de notre
He Ps, ces deux beaux livres, donc,
^bfe Souvent pas réunis sur ma
.roi e par hasard. Ils s'y sont re-
'en considération d'une don-
aïJt 'Psychologique (capitale) qu'ils
,:ft\J.t commun, et. de l'attitude
l'é e différente des auteurs, à
r de cette donnée. Toutefois,
amerai ces deux gâteaux suc-
tël'e l1ts par un - autre bout. Je m'm-
i,erai d'abord à des différen-
ce, autre ordre, à des diffé-
f d'ordre formel.
Ne craignez pas. Nous avons af-
faire à deux gâteaux magiques, je
veux dire à deux révélations de la
vie réelle d'une entière efficacité
non seulement par leur fidélité de
miroir mais par l'aura d'émotiom
et de réflexion où elles baignent,
Or, il importe de savoir comment
les magiciens opèrent. Les mira-
cles de leur action n'en sont pas
diminués mais exaltés, La forme
d'une œuvre d'art. Sa forme tou-
jours double : cette forme superfi-
cielle, d'abord, cette forme d'en
dessus, qui tient au détail de l'ex-
pression, au style; et où l'âme
pourtant déjà affleure et persiste;
et cette forme plus profonde, d'au-
tre part, ,la proportion, mieux
confondue encore avec l'intention
essentielle et l'aptitude, — dont
elle est la cire, le réceptacle moulé.
Chez Bakounitnte, une biographie
courte, rapide, abrégée, — je ne
veux pas du tout dire sommaire.
Ce n'est pas une nouvelle, puis-
qu'il ne s'y agit pas rigoureuse-
ment d'urne seule situation mais
d'une suite de situations concentri-
que. Ce 'n'est pas non plus, par
conséquent, l'une de ces monogra-
phies romanesques, sœurs de la
tragédie classique, et comme elle
réduites à dessein à une crise uni-
taire : nouée, dénouée, et il suffit
(pourvu que l'on en soit comblé).
C'est bel et bien une biographie, la
vie d'une femme, tout du long,
c'est-à-dire un romain en règle, —
biem que fort bref, je le répète, el-
liptique.
Le style, le discours, le langage
(autant qu'on en peut juger par la
traduction — excellente, il me sem-
ble, — de Mme D. Ergaz) en est
court aussi, court exprès, limité à la
sensation et au sentiment, au con-
cret et à l'immédiat, mais allant
très loin dans ce sens : si loin que
,nousparvelnons jusqu'au sein des
,gouffre's qui s'ouvrent en nous.
L'aisance et la sûreté de cet atti-
cisime barbare, — si l'on peut se
permettre y ne pareille association
_gç -p
d'idées et de termes, — s'exercent
irrésistiblement Je ne crois pas
que la chair de la femme, la phy-
siologie de la femme, ait jamais
été dans un romaIn plus audacieu-
sement 'ni plus naïvement (je veux
dire plus infailliblement) atteinte
et rendue.
Chez Daniel Rops une biogra-
phie également, et ia biographie
également d'une femme, mais lon-
gue, minutieuse, et qui suit tout le
parcours, depuis l'enfance jus-
qu'aux portes du tombeau.
Ce pourrait être un roman-fleu-
ve, Ulli roman cyclique, l'un ,de ces
romans annelés, à labyrinthe, où
la représentation des milieux et
des groupes préoccupe autant que
l'évocation des individus (si même
elle n'a le pas). Dans la juste me-
sure où Daniel-Rops l'a voulu, en
ce chef-d'œuvre de roman, — car
c'est un cihef-d'ceuvre, j'espère le
prouver,— il rivalise avec les épo-
pées bourgeoises à multiples per-
sonlllages d'un Robert Francis ou
même d'un Jules Romains. Lui
aussi nous peint un tableau des
mœurs et des générations, comme
un panorama de notre vie à la
veille et au letndemaifi de la guer-
re. Mais Mort, où est ta victoire ?
se distingue des romans cycliques
de notre temps par une subordi-
nation délibérée des milieux et de
tous les personnages au personna-
ge principal, à l'héroïne. La figure
de cette héroïne se détache avec
un relief et dans une splendeur
d'unité dont la perfection n'a pas
beaucoup de précédents' qui lui
soient comparables.
Pas de méprise. Je ne viens pas
de sacrifier ooten¡:e à un autre, et
l'admirable dispersion £&lçulée dE
Romains a l'admirable unité de
Daniel-Rops. Le'roman, c'est Pro-
tée. Je finirai par admettre qu'il
peut tout au monde. Et c'est seule-
ment sur le plan où Daniel-Rops
a clhoisi de se tenir que j'ai tressé
de tout oœur, à son intention, la
couronne du plus vert laurier.
Un ohef-d'œuvre, j'insiste, de
composition! et d'émotion, de ton et
d'élévation, de pertinence et d'am-
pleur. Plus, uln style qui fIle se pri-
ve de rien, ni de l'éloquence ni du
pittoresque, ni de l'abstraction ni
des plus vives et subtiles finesses
du tour, précisément parce qu'il
se sait capable de garder, à travers
toutes les parures, un naturel sans
défaillance : celui de la persuasion
intime, de l'inspiration authenti-
que. Et qu'ai-je parlé de parure ?
Il s'agit bien de parure ! Ne sont
eni cause que l'humaine vérité, la
tvérité des êtres, et le mal et la
peine de vivre.
Celle dont Catherine Bakounine
nous retrace l'existence affreuse-
ment humiliée, je la définirais vo-
lontiers une MIme Bovary des
steppes.
Supérieure a Mme Bovary par
la force de l'intelligence, par la lu-
cidité terrible avec laquelle elle
s'examine ei examine son destin,
elle tombe matériellement plus
bas encore que Mme Bovary; dans
un plus aride désert de platitude
et d'ennui. Sans cesser une secon-
de de valoir plus qu'elle (je -ne
compare en ce moment qu'une hé-
roïne à l'autre) par son étonnante
liberté d'esprit. Ce n'est pas à elle
que les pitoyables exaltations du
romantisme moral pourraient ser-
vir d'alibi et de réconfort, fût-ce
provisoires. Acculée dans son in-
tellect à un matérialisme désespéré
et dans son sort temporel par la
révolution et par l'exil, par sa pro-
pre veulerie également, à une dé-
solante misère, à une médiocrité
irrespirable, ce n'est pas elle qui
décorerait ces deux impasses tra-
giques du nom de palais.
J'ai fréquemment déploré que
nous n'eussions encore obtenu au-
cun grand romani de l'émigration
russe en France. C'est l'une des bi-
zarreries de notre époque : sa mer-
veineuse fécondité littéraire est
indéniable, je ,ne,'cesse pas de m'en
réjouir; et elle s'obstine néan-
moins, d'une manière qui fera
l'étonnement de la postérité, à fuir,
certains grands sujets, les plus
grands qui puissent la tenter, dont
celui-là. En voici du 'moin.s un
lambeau caractéristique, en voici
du moins un cas, une émouvante
parcelle. Ici encore je parlerais de
chef-d'œuvre, si je ne redoutais
d'abuser, si je ne redoutais de me
voir attribuer, et reprocher peut-
être, une manie laudative. Qu'on
se rassure ! Je compte procéder
bientôt à une ou deux offensives
bien dépourvues de tendresse.
Mais, il est vrai, j'ai plaisir à louer.
Où est le mal ? s'il y a lieu en ef-
fet de louer, si la matière l'appelle
et le mérite, — et que ce soit seu-
lement la hardiesse qui manque,
en général ?
Comme l'héroïne de Bakounine
e,t comme celle de Flaubert, l'hé-
roïne de Daniel-Rops est soumise
à. rinstinct-, à la chair, à l'organe,
à la fonction.
Telle est la donnée, commune
aux deux auteurs, que je signalai^
en commençant
Mais l'héroïne de Daniel-Rops
— cette inoubliable Laure Malaus-
sème - apporte à cet abandon
d'elle-même déjà une violence et
un sang-froid qui l'un et l'autre,
et joints tous deux à cette intelli-
gence qu'elle a (d'un sage, d'un ar-
tiste : Marguerite de Navarre), à
chaque pas la révèlent. Ce n'est
plus un abandon, mais une furieu-
'se revanche à l'égard des promes-
ses non tenues par le sort; une
tentative éperdue aussi d'échapper
au vertige universel, en cédant au
sien propre; — du moins cet eni-
vrement de l'être physique ! Belle
de la tête aux pieds, généreuse,
d'une éblouissante loyauté; physi-
quement et neurologiquement, si
je m'enhardis à m'exprimer ainsi,
un pur sang; intellectuellement et
moralement, une créature rarissi-
me, une créature unique. La dif-
ficulté de son destin devait être
précisément de rencontrer celui
qui eût été digne de l'aimer. Elle
ne le rencontre pas; et c'est sa
croix, sa première croix. Ensuite,
sa compréhension du malheur s'é-
tend bien au delà de sa personne;
elle s'étend à toute vie terrestre et
jusqu'à nos fins dernières. Ame
emportée jusqu'au sublime, qui ne
trouvera finalement la paix du
cœur et celle de l'esprit que dans
les sacrifices et les contemplations
du Carmel. -
Sachons un gré infini à Daniel-
Rops d'avoir discerné que l'hu-
maine réalité comporte de ces êtres
rares, si complètement oubliés par
Je réalisme myope du xix* siècle,
de ces êtres uniques, eni qui la vie
de l'intelligence et celle de l'âme
prévalent. De telle sorte que non.
'Seulement les facultés normales
mais les facultés nobles (norma-
lement nobles) et non seulement
les idées vraies mais les idées
vraies et grandes sont perpétuel-
lement en jeu dans cet énorme,
dans ce majestueux roman; et non
pas d'ailleurs, entendez-moi, — car
en ce cas je n'en louerais person-
ne, - seulement allégiiées ou for-
mulées, mais tissées, incorporées,
prises dans le flot, devenues elles--
mêmes matière romanesque. Da-
niel-Rops s'égale partout, en vrait
semblance, jusque dans le plus
humble détail, aux réalistes du siè-
cle dernier et du nôtre. Il l'emporte
sur eux par la dignité du ton, cer-
tes : exactement, pour avoir stï
convertir en substance romanes-
que un élément intellectuel et mo-
ral, spirituel, dérivé de Bossuet, de
Pascal, de l'incomparable psycho-
logie chrétienne et classique.
Par un privilège qu'aujourd'hui
encore (après que les étroites po-
sitions d'un réalisme tendancieux
ont été abandonnées par tout les
monde) il ne partage qu'avec uni
très petit nombre de romanciers.
Avec aucun peut-être, du moins aii
même degré de plénitude.
Une fois de plus le lecteur qui
aura cherché dans ce feuilleton les
« compte rendu » littéral, le résu-
mé, l'analyse, au petit seins diï
mot, des livres dont il allait êtrg
question:, s'en retournera déçu.
Que je m'explique dôme un4
bonne fois à ce propos. Ces ama-t
lyses, j'en suis sûr, conviennent
mal à la critique, dont le métier;
est d'élucider, et d'ainsi créer ài
son tour, si possible, en décelant
les conditions de l'art, et les rela-
tions de rart et de la vie, et quel*
que chose même des mystères des
la vie.
Par dessus le marché ces analy-
ses bornées sont entièrement inm
tiles. Impuissantes à attirer l'at-
tention de ceux qui n'éprouvent
aucune sympathie pour la chose
,Iittéra,ire, selon l'expression de!
Bernard Grasset, elles désobligent
tous les autres. Celui qui déjà;
connaît le livre en est importuné.
Celui qui l'ignore, on lui gâte son;
plaisir.
Ou bien il faudrait disposer
d'une place immense. Alors, oui,
l'analyse menue, l'analyse de l'aci
tion, serait recevable : elle servie
rait de tremplin.
V-r Eugène MARSAN. j
3
- hes
, BELLES
l'O LETTRES
* fes lettres françaises et le Japon
1 ¡ ,
~etk on nous parle du Japon,
helle c'est pour nous inquié-
y Il y a le drame mandchou,
tragédie du dumping. Ce que
e rnurit dans ses mines loin-
iie/) Des canons, des munitions,
aines torpilles humaines,
r pi ?ur le Pacifique ! Menaces
8 31e et sur le monde entier !
Poli?rt Estions d'ordre économique
e" !qUe n'étant Pas admises en la
^eritB Urue brique, hâtons-nous donc
'M»s Réjouir, sans réserves expri-
tres nouvelles qui nous
h fnent de là-bas, par le canal du
,
8 ntéress nt bulletin France-
culture française est, au pays
lQnnp Levant, de plus en plus à
'Uc/j- r- C'est ainsi que M. Yama-
s pA vient de traduire en japonais
de Jules Romains et les
Olinayeurs (ce qui porte à
Ht i chiffre des œuvres de Gide
si tes en langue nippone) ; c'est
ê r les professew's et tes cri-
&t 8 de okio, de Kyoto, commen-
ilafjrQson et Valéry, Baudelaire
étéjarmé ; - qu'il existe une so-
o Japonaise des Amis de Marcel
Jeftj: laquelle fait paraître men-
Çjjj. une « revue prous-
I\u »
,J!¡4âtre, on voit afficher Mo-
lière, Dumas fUs, Pagnol, Tristan
Bernard, Vildrac, Géraldy-
Parmi les titres des dernières pu-
blications, on lit : De Rousseau à
Balzac, Paris, par Sémon Dazai ;
Croquis de Paris, par K. Matsuo
(essais sur Gide, Duhamel, Max Ja-
cob), Œuvres complètes de Balzac.
Et puis, soulignons ceci, qui en dit
long sur les sympathies franco-japo-
naises. sous le signe de la poésie :
en même temps que le Comité fran-
çais des Amis de Léon Deubel, pré-
sidé par Georges Duhamel, il existe
à Tokio un Comité japonais, grou-
pant des poètes, des romanciers, des
professeurs, et qui se propose de
participer à la souscription du mo-
nument que l'on doit inaugurer en
juin prochain, œuvre d'ailleurs d'un
sculpteur japonais, M, Eirsatzu Ta-
kata.
Deubel, Ze malheureux Deubel,
mort de misère en Occident et, au-
jourd'hui, connu, aimé, honoré, jus-
qu'en Extrême-Orient 1
Dumping ? Gros canons ? Péril
jaune ?
Je veux voir, d'abord, sous le
Chrysanthème Auroral, tous ces poè-
tes aux yeux bridés, tous ces amis
des poètes .— de nos poètes.
Fernand LOT.
I Une fantaisie théâtrale
t où se retrouve
î un vrai poète
i M h-v
* ~c~ Tonton publie Pendant
is flle,. fantaisie "théâtrale avec
; ifo: 0r%iimaux de A. Mem-im, aux
i SI10tlIS de 'la Caravelle.
I ûjj Vfôs monts de la Provence, au
.; Qie tOmbant le poète de Pierre
le8 t4, de Hôtes et Gardiens a sû-
1 V reiiicoffiitré quelque eue h an-
• ikpJ :P°ur que la vie réelle lui soit
< C 6 sous De telles 'lumières.
| fantaisie théâtrale en six ta-
i m J** (deux en vers et prose, deux
I et deux en vers) présente
i analogie avec un film mu-
4 ^couleurs, tanit ^imagination
c'!'!é-é librement évocations et
llt !?ri'e Tonton, modieete entre tous,
Ibilj^ttien'tiqiUie poète pair la S'em-
e> la frappe moderne, certes.
honore et. cadencée du vers et
luSéantiiltesae de la pensée. TouL
L oeuvre est ,lten()¡rn et noble à
Wi. llS- Conjonction rare du senti-
de 'l'atlàtude et de l'expres-
f P. B.
| etit courrier littéraire
, ,.¡.
'e soir, à 20 h. 30, au Café Voi.
a.r dîner Adrien Frissant (anciens
du « Provençal de Paris »), sous
^idence de Charles Maurras.
S. 'hçyu Pa^hénon^r19i, boailevard "Ma.-
s, mercredis janvier, à 21 heu-
'ÎL P^c^SÉîauir; Gabriel Petit, de
~H~Qiie de.xMédiecine, présidera. la.
~t. aneodoticyue de notre exoed-
Kn». r^aborateur M. Jean-Emile Bayard
brea QUelques auteurs et comédiens célè-
o, Auditions. Entrée gratuite.
tlo^^oiis apprenons la naissance de
,te Jean, fille de M. André Jean, le
tju Drug store. Toutes nos féûici-
.¡..
^t^haries DodemMl, dont nous avons
la mort, était une figure fami-
^ïtoaux habitués des quais: homme de
,%lO, il était aussi bouquiniste, et on
it monter la garde sous son cha-
à. larges bords devant ses boites,
^yftianites de volumes dont il savait
f~ Urs exactement la teneur — et le
-44r Cette faction de libraire en plein
(;'é'ta 11 la prit trente-six ans durant.
~sta" le doyen des quais ! Il laisse
fyC. ouvrages: Le Journal d'un bou-
^te; Le Long des quais.
itri A Bari, un éditeur Italien connu, M.
a et sa femme, ont été dé-
W«rts asphyxiés dans leur salle de
of. Rar suite d'une fuite de gaz.
tJ7te Zes Nouvelles Littéraires publient
heure avec Bruno Cicognani, ro-
Cl®r italien, par M. Frédéric Lefèvre.
LE PARISIEN.
En Ardenne belge
seront gravés
des vers d'Apollinaire
Noue avons récemment annoncé
que te Société royalie deis Beaux-Arts
de Vorviiers avant, décidé, sur l'ini-
tial ive d.e M. Ghiri&t.ian Fet.tweiss, au-
teur d'Apollinaire en Ardente, d'éle-
ver un monument à Guiilil anine Apol-
linaire dians les Ardmwets belges
où te poète d'Alcools fit, adolescent-,
un long ts<éjou:r qui a laissé dang son
oeuvre des tra-oes certaimies.
Le Mémorial sera si't.uié au point
culminant de la côte de Bternicter,
e,.nittiie St-avelot, Francorchamps et
Malmédy, d'où l'on découvre tout le
pays que parc ouïr t Apofil,ina,iT'e.
Il cons'isitieira en un bloc dû pierre
de forme géométrique, portant en
lettres de bronze : A Guillaume Apol-
linaire, 1899. Ce bloc sera entouré
de pieirres plus petites dont chacune
portera gravés quelques moi's d'-.--
veirs de Calligrammes.
Au comité de patronage figurent
les noms die MM. Paul Valéry. Henri
de Régnier, André Gide, Francis
Jammes,, Francis Carco, J. Romains,
Andiré Billy, Jean Cocteau, Max Jacob.
L. Des caves. Andiré Rouveyre, P. Mac
Orlan. P. Léautaud, Henri Duver-
noiis, etc.
Le bey de Tunis
crée le « Prix de Carthage »
Le bey de Tunis vient de décréter
l'institution d'un prix annuel de
4.000 francs, dit, « Prix de Car-
thage », à décerner à un ouvrage
littéraire, d'imagination ou de docu-
mentation, portant sur des sujets
d'inspiration ou d'intérêt nord-afri-
cain et plus spécialement tunisien.
Peuvent concourir à ce prix tous
les auteurs, ordinaires ou non de
l'Afrique du Nord, sans condition de
nationalité ni d-e domicile.
La 'liste des déclarations de candi-
dature est arrêtée au - 1er décembre
de chaque année et le prix décerné
dans la dernière semaine de décem-
bre. Chaque concurrent devra adTes-
ser au directeur de l'Instruction pu-
blique et des Beaux-Arts, à Tunis, sa
déclaration de candidature, sept
exemplaires imprimée de son ou-
vrage ou trois exemplaires dactylo-
graphiés plus un bulletin de nais-
sance.
Le champ des prix littéraires
s'étend. Et c'est tant mieux. Car,
ainsi que le c-onstate. iM. André Thé-
rive, les prix littéraires font, « de
toutes façons », plus de bien que de
mal !
AU COURS D'UN VOYAGE
Quelques lueurs, à la faveur de Noël,
sur le mystère de l'âme allemande
Le Rhin coule sous mes fenêtres.
Les cloches du vieux Dôme mayen-
çais sonnent, à toute volée; c'est la
quinzaine de Noël, le grand Noël du
pays allemand.
Depuis huit jours nous avons tra-
versé villes, villages, hameaux, en
territoire bado.is, wurLembergeois,
hessois, rhénan et partout la plus
grande fête des fêtes allemandes
chante aux coeurs et à l'âme le can-
tique ancien et nouveau.
Mais certaines coutumes se sont
déjà - transformées. Hitler, a voulu
innover, en ce domaine comme en
tous les autres, faisant appel à « la
race » et y réveillant tout ce qui en
elle sommeillait d'inconscient. Jus-
que dans le choix de ses symboles, il
est bien le « Führer, le conducteur
de peuple ».
Toutes les villes, depuis la moin-
dre bourgade jusqu'aux plus impor-
tantes cités, sont pavoisees. Au cen-
tre de la grande Place, un arbre gi-
gantesque surchargé de lumière bril-
le dans la nuit; et au pied, devant
la table recouverte de la nappe blan-
che symbolique, des nazis reçoivent
les dons, les dons des. pauvres com-
me ceux des riches, car les pauvres
apportent aux plus pauvres, après
avoir épargné sou par sou depuis
des mois. Pas une maison ou une
éfflise oui n'ait son arbre, nas un
foyer qui - n'entende ses chants, pas
une tombe qui ne porte son sapin
givré et illuminé.
Avant ce qu'on nomme la « Be-
cheerung » tous se sont, rendus au
cimetière, et à la lueur des bougies,
au scintillement et au brasillemêIlL
des cierges, dans le grand silence
nocturne de la cité de leurs morts,
tous, d'une seule voix, devant les
tombes ont chanté:
Stille Nacht, Eeilige Yacht.
Nuit silencieuse, nuit Sainte.
Ce fut ensuite la fête populaire,
où nous vîmes apparaîtra en leur
étrange confusion les innovations
d'Hitler. Réunissant en une seule fê-
te les traditions chrétiennes et les
anciens rites des religions germani-
ques, il a voulu que le .soll,ice d'hi-
ver fut fêté en même temps que la
naissance du Fils de l'Homme. Fête
du Soleil, fête du Christ, Bethléem
et l'Edda.
A Heidelberg sur la place de l'Uni-
versité, se massent les jeunes filles
vêtues de la chemise blanche, jupe
foncée et cravate noire, les jeunes
enfants coiffés de bérets écossais
noir, puis les Sections d'Assaut, le-
chemises brunes et la Reichswehr,
aux uniformes réséda. -
La foule attend, silencieuse.
Soudain, les drapeaux rouge et
blanc à la croix gammée, noire, sont
hissés aux deux extrémités de la pla-
ce. Au centre brûle le "brand bûcher,
symbole du Feu. le Feu de Wotan.
de Brunehilde, du Crépuscule des
dieux. En face l'Arbre aux mille
bougies étincelle.
Les accents d'un chant très pur
s'élève, suivi des sons de l'appasio-
nata, en sourdine. Puis éclatent les
paroles des chœurs, parlées, scan-
dées, martelées. Enfin, sont lancées
dans le bûcher, trois couronnes de
feuillages, l'une pour ceux qui sont
morts au front, la seconde pour ceux
qui ont fait le sacrifice de leur vie
à la cause de la liberté et la troisiè-
me pour ceux qui sont morts de mi-
sère avant la venue du Sauveur du
peuple allemand. Les trois couron-
nes sont englouties dans le brasier,
et, sauvage, l'appel au feu retentit,
crié par des milliers de poitrines:
« Feuer, Feuer !! » pendant que l'im-
mense clameur monte vers le ciel.
On amène les drapeaux, la foule
se disperse, et c'est le retour dans
la nuit, la ville tout entière semble
en prière.
Toute cette semaine, jusqu'à l'Epi-
iphanie, les sapins garderont leur pa-
rure de lumière. Dans les rues, sur
les places, les inscriptions et les em-
blèmes sont multipliés.
Sous leg banderolles flottant au
vent et le long des colonnes éclai-
rées par des torches, pullulent les
inscriptions qui partout répandent
les appels:
Aidez-vous les uns les autres. Ce-
lui qui ne donne pas n'est pas un
Allemand. — Se sacrifier est un de-
voir. — Donnez afin d'alléger la mi-
sère. — La misée parlée n'est plus
la misère. — Allemand, aide tes frè-
res. — La misère de l'AUemand, c'est
ta mort. — Que personne n'ait froid,
que personne n'ait faim. - Nous
avons besoin de ton Aide. - A la
grandeur de ton offrande, on re-
connaîtra l'amour que tu portes à
ion pays. — Prouve que tu es Alle-
mand en aidant les autres. — Alle-
mands, pensez à la Sarre. — La Sar-
re est allemande.
Et oeci, que je relève:
Le peuple Allemand veut devenir
une nation, mais il ne sera une na-
tion que lorsqu'il se sera confondu
dans un même vouloir d'entende-
ment. C'est faire le travail de Dieu
que d'être une nation arrachée au
désespoir et d'apporter la paix au
monde. Nous voulons voir dans le
bûcher du Soleil, Solstice d'hiver, et
dans l'Arbre scintillant dans la nuit,
le symbole de la lumière divine, et
nous restons debout, unis dans cette
grande fête.
Devant toutes ces manifestations
du rêve germanique autant que de la
force germanique, on demeure un
peu déconcerté. L'enthousiasme es!
porté à son comble, et, malgré cela
certains vous diront: « Enthousias-
me dont nous sommes lassés, en-
thousiasme de commande, réglemen-
té, voulu, ordonné; l'élan n'est plus
vrai. »
Déification de l'homme, de la race
et déchristianisation, ou bien, élar-
gissement de la pensée humaine
dans plus de vie impersonnelle 1
Voyons-nous monter un vouloir
mystique tendu vers une plus gran-
de fraternité, ou bien assistons-nous
à un bouillonnement en vase clos
des énergies latentes issues d'un
égocentrisme inquiétant ? Orgueil
démesuré ou oubli collectif de soi-
même ? - -
Nous n'osons rien affirmer, on ju-
gera l'arbre d'après- ce qu'il donnera:
Hitler, malgré des excès qui nom
froissent, a accompli, dans l'ordre
des intérêts de son pays, véritable-
ment une grande tâche. Attendons
que cette tâche porte ses fruits.
Il est un point sur lequel tous ici
sont d'accord: cet homme est sincère
et loyal, il est le rocher solide sur
lequel peut être édifiée la maison
qui demeure.
Tel est le point de vue allemand.
Quant au point de vue Français ?.
Ne nous hâtons point de conclure .!
Gabri-elle CASTELOT.
NOS ECHOS
(Sui-te de la première page)
Sage conseil
1
1 y a vingt-cinq ans on inaugurait,
au Père-Lachaise, comme nous
l'avons rappelé, un monument à
Cornély, qui fut un parfait jour-
naliste, un de ceux qui firent hon-
neur à la corporation.
C'était aussi un homme assez
caustique.
Un jour, un jeune poète vint lui
montrer un poème dont il sollicitait
l'insertion. Cornély y jeta les yeux :
— C'est trop long, dit-il après
avoir lu quelques lignes.
L'auteur se montra chagriné.
— Que faut-il faire ? demanda-t-
il, insistant.
— Retrancher la moitié d'abord,
répondit Cornély.
- Ah !
— Et puis supprimer l'autre.
Le jeune poète avait compris.
c
hez VIEL,
8, boulevard de la Madeleine,
à tout moment ae la journée vous
trouverez, dans un cadre char-
mant, soit à prix fixe, soit à tta
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Paradoxe.
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omment peut-on être les meil-
leurs sroecialistes de l'achat de
bijoux et les moins chers parmi les
bons joailliers dans la venter
Les experts Sirop et Pauliet, bien
connus des lecteurs pour leur pu-
blication du cours des métaux pré-
cieux et du barème des brillants,
le démontrent clairement par une
organisation unique à Paris, où
leurs bureaux d'achats, ateliers de
fabrication, de transformation de
bijoux et de retaille de brillants,
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tée, pour la vente directe aux par..
ticuliers, par leur magasin, 86,
avenue Malakoff.
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.Tél: ÉLY. 15-,61
LES
BEAUX
ARTS
Le Salon de l'Ecole Française
une brillante assistance a inauguré
samedi la 28* exposition annuelle du
Salon de l'Ecole française. Il appa-
rait, semblable à ses prédécesseurs,
apportant son contingent coutumicr
de bustes, de statues et de tableaux
au Grand-Pillais où il surgit chaque
janvier. Cette année, il met en avant
et se réclame de la maquette de M.
Réal del Sarte pour le monument
aux rois Pierre r* de Serbie et
Alexandre 1er de Yougoslavie. Il com-
porte une section d'affiches et l'art
décoratif y tient rang avec des ta-
bleaux et ornements religieux signés
Sidftl.
Comme dans la plupart des salons,
fleurs, intérieurs, natures - mortes,
paysages, figures habillées ou nues
tapissent les murs. Presque au ha-
jard, citons quelques tableaux : M.
Clément-Chassagne retrace les arbres
neigeux qu'enlace la brume dans la
forêt d'Othe; des espaces panorami-
ques sont décrits par M. Cornïl, la
Perse est évoquée par Mme Suzanne
F rémont. M. Lemonnier s'évade vers
la haute montagne, M. Paul Lentas-
son, à la manière des primitifs, a
1VU.'P.l'YI.h1.p. filJ/is fit. narcons. M. Bm's-
wJlwald apporte des céramiques, M.
André Boucheret un paysage bien
rythmé, M. Rousseau-Deceue deux
nus lisses et blonds, M. Mecera des.
petits villages, M. Dubson des mi-
niatures; Mmes Louppe, Louise Gef-
froy, Bignon, Caspers, Danard-Pui, ','
Crance, Dupuy, Lapparont, Lehuchér,
Rivoire, ordonnent délicatement des
fleurs.
Toute une flotte 'de bateatix vogue
sur diverses eaux par. les soins de
MM. Lacaze, Lattes, Bardon, Vebank,
Macret, Mercier-Mary et constituent
une Section de Merine. Il y a aussi
une Pastorale de M. Azema, une Es -
pagnole par M. Vincent-Anglade, des
panneaux éclatants par M. Lartigue,
des paysages par MM. de Plument,
Robin, Pompery, Jeanson, Duques-
noy, Moracchini, etc. M. Bennèteau
apporte une série de bustes, M. Bro-
quet un Manque esquisse du Prési-
dent Poincané, M. H. Calvet un Busite
die M. Ga'ston Dousmergue et l'ensem-
ble constitue un petit salon attrayant,
qui présage le retour des autres, et
la venue du printemps.
Rp~.Ytt*w
Le docteur Auzéloux
au Dispensaire des Artistes
Le Dispensaire des artistes, que
préside et qu'anime Mme Robert
Gujllou, vient d'appeler parmi les
membres de son Conseil médical le
docteur Jean Auseloux. -
Ami des artistes, le docteur Auze-
loux est un praticien d'un raja dé-
vouement.
Il rendra, dans ses nouvelles fonc-
tions, de très grands services aux ar-
tistes.
Pour protéger l'hôtel Matignon
Sous la présidence de M. Lerolle,
député de Paris, et de M. Frédéric
Dupont, conseiller municipal de
Paris, vient de se constituer un co-
mité d'informations e't - de défense
pour protester contre la construction
de murs élevés entourant l'hôtel
Matignon et le parc y attenant, murs
qui modifieraient l'aspect artistique
d'un monument et d'un parc classés.
M. Wladimir d'Ormesson a été
nommé à l'unanimité président de
ce Comité dont le siège se trouve
55, rue de Varenne.
Une série de conférences
de M. Gusman sur la gravure
M. Pierre Gusman va commencer
au Musée du Louvre une série de
conférences sur la gravure en
France, accompagnées de présenta-
tion de planches et d'épreuves, et
dont voici le programme
Mercredi 9 janvier, à 14 h. 30 :
La xylographie primitive et la gra-
vure sur bois du xw au XVIIIe siè-
cle. ,- -
Mercredi 23 janvier, à 14 h. 30 :
La gravure des orfèvres et la gra-
vure sur bois moderne.
Mercredi 6 février, à 14 ht 30 ';
L'estampe japonaise.
Mercredi 20 février, à 14 îï. 30 :
La gravure au burin des origines à
nos jours.
Mercredi 6 mars, à ;14 h. 30 : La
gravure en couleurs du XVIIF siècle
à nos jours.
Mercredi 20 mars, à 14 h. 30 ; La
litgigrapbie.
L'œuvre de Daraghès
au Pavillon de Marsan
Le vendredi 11 janvier SIera inau-
gurée, au Musée des Arts Décoratifs,
Pavillon de Marsan, 107, vue de Ri-
voli, -l'exposition de l'œuvre de J.-G.
Daragnès, l'un des maîtres de la gra-
vure française contemporaine.
M. André Rivoliet
à la Samotkrace
M. Rivollet, ministre des Pensions,
accompagné de MM. Pélioder, chef ad-
joint de son cabinet, et Bernard d'Eté,
directeur du contrôle, vient de viSli-
têr, à la gailesrie Charpentier, le salon
de la « Samôthraoe », section des
beaux-arts, de l'Union des Messes de
guerre.
M. du Paty de Clam, prési" dent de
l'^ Association, a priésemté des œuvres
exposées au ministre des Pensions,
qui a vivement félicité les artistes
pour leurs belles réalisations, "dont
nous, avons dit tout d'intérêt.
Petit courrier artistique
⊙ Sous le titre < Prestige du Dessin),
notre excellent confrère Beaux-Arts
présentera dans sa galerie, 140, fau-
bourg Saint-Honoré, du 9 au 23 janvier,
un ensemble de dessins de Bonnard,
Dali, Derain, Dufy, La Fresnaye, Léger,
Matiase, Modigliani, L.-A. Moreau, Pas-
cin, Pioasso, Pierre Roy, Dunoyer de
Segonzac, Severini, Vuillard, etc.
O L'Association des Artistes de Paris
et du département de la Seine a trans-
féré son siège 23, rue d'Orléans, à
Neuilly-sur-Seine.
0 Christian Cailarti, Paul Cornet,
Dignimoot, Friesz, Derain, Dufy,
RouauWt, eltc. exposent, 10, rue Jac-
ques Calot.
LE RAPm.
EXPOSITIONS
— Musée Cama-valet (23, rue de Sévi-
gné). — Expositions Rétif de la Bretonne
et OarmonteUe.
— Grand Dépôt et Galerie Art (21 et 23
rue Drouot.) — Exposition de sculpture *
moderne et d'objets d'art décoratif pour y
cadeaux de Nouvel An, et de modèles de ';,
services de table édités à la suite du con-
cours organisé par* le "Gorupement Syndi-
cal des Artisans d'Art.
Musée de l'Orangerie (Terrasse des Tul.
leries). — Exposition des peintres de 16
Réalité.
— Musée du Jeu-de-Paume (Terrasse des
Tuileries). — Exposition des sculptures
monumentales de José Flora van ti (jusqu'au
10 janvier).
— Grand-Palais. — Salon de l'Ecole
Française (Jusqu'au 1er février)..
— Hôtel Mlramlon (47, quai de la Tour-
nelle). — Musée de l'Assistance publique.
— Petit Palais (Champs-Elysées). «
—
Nouvelle galerie de sculptures. Nouvelles
salles d'estampes de la collection Dutuit.
Exposition des Artistes de ce Temps.
— Maison de Delacroix (6, rue de Puril.
temberg). — Peintures et dessina de De-
lacroix.
- Château de VIncennes : Musée de Ut
Guerre. — Exposition de dons récente. —
C lia pelle et donjon : Musée Historique du
chl),teau.
— Musée d'Ethnographie (Trocadéro). -
Nouvelle salle de Madagascar.
— Galeries Malesherbes (27. Bd Males-
herbes). — Du 21 décembre au 15 Janvier.
Quelques peintres modernes.
— Galerie Férault (122, rue La Boëtie). -
Interprétations piotumles d'oeuvres de J.-S.
Bach. Beethoven. Berlioz, Chopin, Dukas,
Fauré, Franlt, Mozart Ravel, Saint-Saëns,
Schubert, Schu mann, Wagner par Gustave
Bourgogne (jusqu'au 12 janvier).
LES LIVRES ET LES HOMMES
Les deux extréxnitésooo
Catherine Bakounine : Le Corps. — Daniel-Rops : Mort, où est ta victoire ?
| e préférence, naturellement,
1 je m'attache ici à des li-
I || NV vres tout frais, qui oint pa-
ru dans la semaine ou
<^1^ }s là quinzaine; dans le mois
t au plus.
tojj,/1 livre légèrement plus ancien
oll efois, uin beau livre qui a deux
s mois de date, ou davantage
i~~ ~e, s'il m'a échappé pour une
011 ou pour une autre (par
Pie da.ns la vaste bagarre an-
'Ile des prix littéraires), pour-
|e 1 m'interdirai s-je d'en raison-
4é r9 Qu'il m'ait d'abord échappé,
eîi seAtirai ni confusion ni re-
~s. Dans un océan pareil
par la suite me priver de lui
e hommage, sous prétexte
)}ç le temps a uin peu pas-sé, je
ik 'Ille le pardonnerais pas !
tvr, alld il s'agit, au contraire, de li-
Wf qui ont chance de vaincre le
Hu P.s : comme ce magnifique ro-
de Daniel Rops et ce beau et
ue romain de Bakounine.
'5 mieux : quand il s'agit de li-
lires auxquels on n'a pas encore
Cordé partout, malheureusement,
passio'nnée qui leur est
tl ience passionnée qui leur est
t
roman d'une Russe émigrée
e. les autres ouvrages m'ont pas
été traduits, à ma conmais-
Pt kee, ou dont c'est peut-être le
iieier ouvrage ) et ce roman de
t^M-Rops, où l'auteur estimé de
l ^'essais s'est lui-même dépas-
î^.11 accompli de telle sorte qu'il
ppj yoir en lui désormais un des
W^îiers romanciers de notre
He Ps, ces deux beaux livres, donc,
^bfe Souvent pas réunis sur ma
.roi e par hasard. Ils s'y sont re-
'en considération d'une don-
aïJt 'Psychologique (capitale) qu'ils
,:ft\J.t commun, et. de l'attitude
l'é e différente des auteurs, à
r de cette donnée. Toutefois,
amerai ces deux gâteaux suc-
tël'e l1ts par un - autre bout. Je m'm-
i,erai d'abord à des différen-
ce, autre ordre, à des diffé-
f d'ordre formel.
Ne craignez pas. Nous avons af-
faire à deux gâteaux magiques, je
veux dire à deux révélations de la
vie réelle d'une entière efficacité
non seulement par leur fidélité de
miroir mais par l'aura d'émotiom
et de réflexion où elles baignent,
Or, il importe de savoir comment
les magiciens opèrent. Les mira-
cles de leur action n'en sont pas
diminués mais exaltés, La forme
d'une œuvre d'art. Sa forme tou-
jours double : cette forme superfi-
cielle, d'abord, cette forme d'en
dessus, qui tient au détail de l'ex-
pression, au style; et où l'âme
pourtant déjà affleure et persiste;
et cette forme plus profonde, d'au-
tre part, ,la proportion, mieux
confondue encore avec l'intention
essentielle et l'aptitude, — dont
elle est la cire, le réceptacle moulé.
Chez Bakounitnte, une biographie
courte, rapide, abrégée, — je ne
veux pas du tout dire sommaire.
Ce n'est pas une nouvelle, puis-
qu'il ne s'y agit pas rigoureuse-
ment d'urne seule situation mais
d'une suite de situations concentri-
que. Ce 'n'est pas non plus, par
conséquent, l'une de ces monogra-
phies romanesques, sœurs de la
tragédie classique, et comme elle
réduites à dessein à une crise uni-
taire : nouée, dénouée, et il suffit
(pourvu que l'on en soit comblé).
C'est bel et bien une biographie, la
vie d'une femme, tout du long,
c'est-à-dire un romain en règle, —
biem que fort bref, je le répète, el-
liptique.
Le style, le discours, le langage
(autant qu'on en peut juger par la
traduction — excellente, il me sem-
ble, — de Mme D. Ergaz) en est
court aussi, court exprès, limité à la
sensation et au sentiment, au con-
cret et à l'immédiat, mais allant
très loin dans ce sens : si loin que
,nousparvelnons jusqu'au sein des
,gouffre's qui s'ouvrent en nous.
L'aisance et la sûreté de cet atti-
cisime barbare, — si l'on peut se
permettre y ne pareille association
_gç -p
d'idées et de termes, — s'exercent
irrésistiblement Je ne crois pas
que la chair de la femme, la phy-
siologie de la femme, ait jamais
été dans un romaIn plus audacieu-
sement 'ni plus naïvement (je veux
dire plus infailliblement) atteinte
et rendue.
Chez Daniel Rops une biogra-
phie également, et ia biographie
également d'une femme, mais lon-
gue, minutieuse, et qui suit tout le
parcours, depuis l'enfance jus-
qu'aux portes du tombeau.
Ce pourrait être un roman-fleu-
ve, Ulli roman cyclique, l'un ,de ces
romans annelés, à labyrinthe, où
la représentation des milieux et
des groupes préoccupe autant que
l'évocation des individus (si même
elle n'a le pas). Dans la juste me-
sure où Daniel-Rops l'a voulu, en
ce chef-d'œuvre de roman, — car
c'est un cihef-d'ceuvre, j'espère le
prouver,— il rivalise avec les épo-
pées bourgeoises à multiples per-
sonlllages d'un Robert Francis ou
même d'un Jules Romains. Lui
aussi nous peint un tableau des
mœurs et des générations, comme
un panorama de notre vie à la
veille et au letndemaifi de la guer-
re. Mais Mort, où est ta victoire ?
se distingue des romans cycliques
de notre temps par une subordi-
nation délibérée des milieux et de
tous les personnages au personna-
ge principal, à l'héroïne. La figure
de cette héroïne se détache avec
un relief et dans une splendeur
d'unité dont la perfection n'a pas
beaucoup de précédents' qui lui
soient comparables.
Pas de méprise. Je ne viens pas
de sacrifier ooten¡:e à un autre, et
l'admirable dispersion £&lçulée dE
Romains a l'admirable unité de
Daniel-Rops. Le'roman, c'est Pro-
tée. Je finirai par admettre qu'il
peut tout au monde. Et c'est seule-
ment sur le plan où Daniel-Rops
a clhoisi de se tenir que j'ai tressé
de tout oœur, à son intention, la
couronne du plus vert laurier.
Un ohef-d'œuvre, j'insiste, de
composition! et d'émotion, de ton et
d'élévation, de pertinence et d'am-
pleur. Plus, uln style qui fIle se pri-
ve de rien, ni de l'éloquence ni du
pittoresque, ni de l'abstraction ni
des plus vives et subtiles finesses
du tour, précisément parce qu'il
se sait capable de garder, à travers
toutes les parures, un naturel sans
défaillance : celui de la persuasion
intime, de l'inspiration authenti-
que. Et qu'ai-je parlé de parure ?
Il s'agit bien de parure ! Ne sont
eni cause que l'humaine vérité, la
tvérité des êtres, et le mal et la
peine de vivre.
Celle dont Catherine Bakounine
nous retrace l'existence affreuse-
ment humiliée, je la définirais vo-
lontiers une MIme Bovary des
steppes.
Supérieure a Mme Bovary par
la force de l'intelligence, par la lu-
cidité terrible avec laquelle elle
s'examine ei examine son destin,
elle tombe matériellement plus
bas encore que Mme Bovary; dans
un plus aride désert de platitude
et d'ennui. Sans cesser une secon-
de de valoir plus qu'elle (je -ne
compare en ce moment qu'une hé-
roïne à l'autre) par son étonnante
liberté d'esprit. Ce n'est pas à elle
que les pitoyables exaltations du
romantisme moral pourraient ser-
vir d'alibi et de réconfort, fût-ce
provisoires. Acculée dans son in-
tellect à un matérialisme désespéré
et dans son sort temporel par la
révolution et par l'exil, par sa pro-
pre veulerie également, à une dé-
solante misère, à une médiocrité
irrespirable, ce n'est pas elle qui
décorerait ces deux impasses tra-
giques du nom de palais.
J'ai fréquemment déploré que
nous n'eussions encore obtenu au-
cun grand romani de l'émigration
russe en France. C'est l'une des bi-
zarreries de notre époque : sa mer-
veineuse fécondité littéraire est
indéniable, je ,ne,'cesse pas de m'en
réjouir; et elle s'obstine néan-
moins, d'une manière qui fera
l'étonnement de la postérité, à fuir,
certains grands sujets, les plus
grands qui puissent la tenter, dont
celui-là. En voici du 'moin.s un
lambeau caractéristique, en voici
du moins un cas, une émouvante
parcelle. Ici encore je parlerais de
chef-d'œuvre, si je ne redoutais
d'abuser, si je ne redoutais de me
voir attribuer, et reprocher peut-
être, une manie laudative. Qu'on
se rassure ! Je compte procéder
bientôt à une ou deux offensives
bien dépourvues de tendresse.
Mais, il est vrai, j'ai plaisir à louer.
Où est le mal ? s'il y a lieu en ef-
fet de louer, si la matière l'appelle
et le mérite, — et que ce soit seu-
lement la hardiesse qui manque,
en général ?
Comme l'héroïne de Bakounine
e,t comme celle de Flaubert, l'hé-
roïne de Daniel-Rops est soumise
à. rinstinct-, à la chair, à l'organe,
à la fonction.
Telle est la donnée, commune
aux deux auteurs, que je signalai^
en commençant
Mais l'héroïne de Daniel-Rops
— cette inoubliable Laure Malaus-
sème - apporte à cet abandon
d'elle-même déjà une violence et
un sang-froid qui l'un et l'autre,
et joints tous deux à cette intelli-
gence qu'elle a (d'un sage, d'un ar-
tiste : Marguerite de Navarre), à
chaque pas la révèlent. Ce n'est
plus un abandon, mais une furieu-
'se revanche à l'égard des promes-
ses non tenues par le sort; une
tentative éperdue aussi d'échapper
au vertige universel, en cédant au
sien propre; — du moins cet eni-
vrement de l'être physique ! Belle
de la tête aux pieds, généreuse,
d'une éblouissante loyauté; physi-
quement et neurologiquement, si
je m'enhardis à m'exprimer ainsi,
un pur sang; intellectuellement et
moralement, une créature rarissi-
me, une créature unique. La dif-
ficulté de son destin devait être
précisément de rencontrer celui
qui eût été digne de l'aimer. Elle
ne le rencontre pas; et c'est sa
croix, sa première croix. Ensuite,
sa compréhension du malheur s'é-
tend bien au delà de sa personne;
elle s'étend à toute vie terrestre et
jusqu'à nos fins dernières. Ame
emportée jusqu'au sublime, qui ne
trouvera finalement la paix du
cœur et celle de l'esprit que dans
les sacrifices et les contemplations
du Carmel. -
Sachons un gré infini à Daniel-
Rops d'avoir discerné que l'hu-
maine réalité comporte de ces êtres
rares, si complètement oubliés par
Je réalisme myope du xix* siècle,
de ces êtres uniques, eni qui la vie
de l'intelligence et celle de l'âme
prévalent. De telle sorte que non.
'Seulement les facultés normales
mais les facultés nobles (norma-
lement nobles) et non seulement
les idées vraies mais les idées
vraies et grandes sont perpétuel-
lement en jeu dans cet énorme,
dans ce majestueux roman; et non
pas d'ailleurs, entendez-moi, — car
en ce cas je n'en louerais person-
ne, - seulement allégiiées ou for-
mulées, mais tissées, incorporées,
prises dans le flot, devenues elles--
mêmes matière romanesque. Da-
niel-Rops s'égale partout, en vrait
semblance, jusque dans le plus
humble détail, aux réalistes du siè-
cle dernier et du nôtre. Il l'emporte
sur eux par la dignité du ton, cer-
tes : exactement, pour avoir stï
convertir en substance romanes-
que un élément intellectuel et mo-
ral, spirituel, dérivé de Bossuet, de
Pascal, de l'incomparable psycho-
logie chrétienne et classique.
Par un privilège qu'aujourd'hui
encore (après que les étroites po-
sitions d'un réalisme tendancieux
ont été abandonnées par tout les
monde) il ne partage qu'avec uni
très petit nombre de romanciers.
Avec aucun peut-être, du moins aii
même degré de plénitude.
Une fois de plus le lecteur qui
aura cherché dans ce feuilleton les
« compte rendu » littéral, le résu-
mé, l'analyse, au petit seins diï
mot, des livres dont il allait êtrg
question:, s'en retournera déçu.
Que je m'explique dôme un4
bonne fois à ce propos. Ces ama-t
lyses, j'en suis sûr, conviennent
mal à la critique, dont le métier;
est d'élucider, et d'ainsi créer ài
son tour, si possible, en décelant
les conditions de l'art, et les rela-
tions de rart et de la vie, et quel*
que chose même des mystères des
la vie.
Par dessus le marché ces analy-
ses bornées sont entièrement inm
tiles. Impuissantes à attirer l'at-
tention de ceux qui n'éprouvent
aucune sympathie pour la chose
,Iittéra,ire, selon l'expression de!
Bernard Grasset, elles désobligent
tous les autres. Celui qui déjà;
connaît le livre en est importuné.
Celui qui l'ignore, on lui gâte son;
plaisir.
Ou bien il faudrait disposer
d'une place immense. Alors, oui,
l'analyse menue, l'analyse de l'aci
tion, serait recevable : elle servie
rait de tremplin.
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