Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-07-17
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juillet 1930 17 juillet 1930
Description : 1930/07/17 (A24,N6391). 1930/07/17 (A24,N6391).
Droits : Consultable en ligne
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Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
24' ANNEE. — N° 639TV 5T, tue SaU7-Georj&i< -- Tél. ? Trudaine 02-S0 S 02-Si, JEUDI 17 tt)îïXET 1930.
COMŒDIA
JEAN DE ROVERA
Directeur
p. 'Une ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers.
(LX FONTAINE.)
<— Quel est* cet Etcheverria ?.
--Le. frère de Claude Frollo.
..;. Farceur!
— Point. 11- est bien curé
d'Hernani!
La vie et l'œuvre
du professeur Anglade
Ce grand savant est mort à 62 ans, sans avoir
;1 même été fait chevalier de la Légion d'honneur!
Comœdia a annoncé hier, la mort
du professeur J. Anglade, qui occu-
pait, à la Faculté des Lettres de Tou-
lon, la chaire de langue et littérature
méridionales. C'est une très grande
-perte pour les études romanes, qui
doivent beaucoup au disparu.
Elève, à Montpellier, de Camille
- Chabaneau, qui a laissé un grand nom
! parmi les romanistes, et c'est de ce
temps ancien que datait notre amitié,
Anglade se spécialisa dans le proven-
çal. Mais ce n'est qu'à Toulouse,
après avoir passé par les Universités
de Rennes, de Poitiers et de Nancy,
qu'il put avoir enfin la chaire qui con-
venait à ses aptitudes et enseigner ce
qu'il aimait. Il fut, en outre, dans la
même ville, le metteur en œuvre et
l'animateur de l'Institut des Etudes
méridionales, qui forme spécialement
des romanistes.
Le professeur Anglade laisse un
bagage considérable. Au contraire de
tant de ses confrères, et des plus es-
timés, en philologie, dont l'œuvre par-
cellaire, comme le disait M. Joseph
Bédier de Gaston Paris lui-même, est
faite de morceaux épars dans des re-
vues et publications spéciales, il fut
de ces savants qui savent, un jour,
rassembler leurs notes, rédiger et pu-
blier de vrais livres. Il tâcha enfin
d'atteindre, sinon le grand public, du
moins un public plus étendu que celui
qui entourait sa chaire.
C'est ainsi que Anglade nous a don-
né une édition de Pierre Vidai, de
Rigaut de Barbezieux, deux des plus
importants troubadours, des Vies des
troubadours de Jehan Nostredame.
avec une copieuse et remarquable in-
troduction des études nombreuses sur
les troubadours de Toulouse, de Nar-
bonne, etc. ; une édition définitive des
Leys d'Amors, ou Lois d'Amour, sorte
d'Art poétique que rédigèrent au xiv"
siècle les compagnons de la Gaie
Science, à Toulouse, qui avaient l'am-
bition de revivifier la poésie méridio-
nale que la Croisade albigeoise avait
frappée à mort.
Grand réalisateur, Anglade fut aus-
si tmr vulgarisateur émérite, dans le
plus noble sens du mot. Il donna sur
:la poésie provençale au moyen âge
des séries de conférences à l'Ateneo
de Barcelone, aux Instituts français
de Madrid et de Florence.
Pour faire mieux connaître cette
poésie, trop négligée, ignorée même
pourrait-on dire, dans les histoires de
la littérature, et permettre aux étu-
diants et aux amateurs de l'étudier,
Anglade forgea des instruments de
travail et dota la science française, à
cet effet, des ouvrages qui lui man-
quaient et qu'elle était obligée d'em-
prunter aux Allemands.
Si nous n'avons pas encore en
France de dictionnaire de l'ancien pro-
vençal et si nous sommes toujours
obligés de travailler avec celui de
Lévy, l'éminent provençaliste alle-
mand, Anglade nous a-t-il donné du
moins une Grammaire de l'ancien
vrovençal, quand il n'existait aupara-
vant que celle de Diez. Tout de mê-
me, alors que depuis le Choix de poé-
sies des troubadours de Fauriel, et
bien des découvertes avaient été fai-
tes dans ce domaine depuis cette épo-
que, nous étions obligés de nous en
référer aux Chrestomathies alleman-
des de Mann et de Bartsch. Anglade
nous dota enfin d'une Anthologie des
troubadours, qui précéda de peu, il
est vrai. celle de M. Alfred leanrov.
Ce n'est pas tout. Nous devons en-
core à Anglade un volume sur Les
Troubadours, qui est en passe de de-
venir classique, un chef-d'œuvre de
vulgarisation, où la science la plus
sûre s'unit à l'exposition la plus sim-
ple et la plus claire; une Histoire de
la littérature méridionale au moyen
âge, la seule qui existe : une précieuse
Onomastique des troubadours, enfin
une brochure qui rend bien des ser-
vices: Pour étudier les troubadours,
qui est une bibliographie des ouvra-
ges nécessaires à cette étude.
Il convient d'ajouter que l'on doit
aussi à Anglade une Grammaire du
vieux français.
On peut facilement mesurer les re-
grets qu'inspire la disparition du pro-
fesseur Anglade à l'importance de son
œuvre. Mais de combien ces regrets
s'augmentent-ils pour ceux, confrères,
étudiants, amis, qui ont connu l'hom-
me, si bon, si simple, si dévoué, si
loyal et si gai. C'était un grand tra-
vailleur qui aimait la vie, pour qui la
vie n'était pas toute dans les livres,
demeuré très peuple et, partout où il
passait, populaire, aimant à se dis-
traire de ses travaux avec les vigne-
rons de Lézignan, ses compatriotes,
qui l'avaient élu conseiller municipal.
Au résumé, un grand savant et un
brave homme.
Récemment, au Sénat, M. Mario
Roustan, condisciple et ami d'Anglade
et qui s'honorait lui-même en défen-
dant la cause de ses collègues de:
l'Université, signalait la parcimonie
avec laquelle le gouvernement, et de-
puis toujours, distribuait les distinc-
tions honorifiques aux universitaires.
Combien il avait raison !
Après toute une vie consacrée à
l'Université, et remplie de travaux
remarquables qui lui avaient fait un
nom, le professeur Anglade est mort
à 62 ans, sans être seulement cheva-
lier de la Légioi. d'honneur.
Jules VÉRAN.
Les Choses du Jour
t. 85a
LE REICHSTAG SERA-T-IL
DISSOUS ?
o Le maréchal Hindenburg ne pas-
sait pas, pendant la guerre, pour un tacti-
cien de génie. Il ne paraît pas que le pré-
sident Hindenburg soit, lui non plus, un
manœuvrier de premier ordre.
En effet, s'il est exact — et on a tout
lieu de le penser — qu'en prenant bru-
talement fait et cause pour une organisa-
tion ultra-nationaliste et antirépublicaine le
maréchal-président n'avait d'autre inten-
tion que de « sauver » le cabinet Brüning,
menacé à propos de ses projets financiers,
on peut écrire qu'il a fort mal joué sa
carte et perdu. une belle occasion de se
tenir tranquille.
Le Reichstag a bien voté. avant-hier,
l'article premier du projet de réforme éla-
boré par M. Dietrich pour combler le dé-
ficit, mais, hier, il a repoussé à une forte
majorité le second article du projet, de
sorte qu'une fois de plus le chancelier
parle d'user du droit que lui confère l'ar-
ticle 48 de la Constitution et de dissoudre
le Parlement.
Qu'il en use ou non, il est dès à présent
démontré que le Reichstag n'est pas dis-
posé à céder aux mesures d'intimidation,
directes ou indirectes, du maréchal-prési-
dent.
Mauricet
tu qu'il rii ce moinent à
l'Empire.
: ',. (Vue par Georges Bastia.)
U en va exactement ds même du cabi-
net prussien. M. Otto Braun a adressé au
Maréchal une lettre très digne et très fer-
me, dans laquelle il souligne que l'inter-
diction du « Casque d'acier s, parfaite-
ment légale, est conforme à ïa loi du
22 mars 1921. loi rendue nécessaire « par
de nombreux abus dont le président n'a
peut-être pas eu connaissance t.
On croit cependant qu' un compromis
interviendra et qu'en définitive le maré-
chal assistera aux cérémonies organisées
pour fêter la libération des territoires rhé-
nans.
LA CROIX DE GUERRE
A LA VILLE D'ANVERS.
CZ5 M. François Pietri, ministre des Co-
lonies, assisté de l'ambassadeur de France,
M. Peretti délia Rocca, a présidé, sur la
arand.place d'Anvers, la cérémonie de la
remise de la croix de guerre française à la
-tille. « dont le nom doit rester lié. dans
la piété des générations, au souvenir de
tous ceux qui ont versé leur sang pour la
France m.
Par intérim : L.-R. D.
DE TOUT UN PEU.
a La situation reste très tendue à
Alexandrie. L'émeute, conséquence de
l'ordre wafdhiste dune grève générale de
deux heures, a fait de nombreuses victi-
mes : on compte quatorze morts et plus
d- deux cents blesses.
L'arrivée de soldats égyptiens venus du
Caire a ramené un calme relatif, mais
l'opinion anglaise reste inquiète, réclame
des mesures pour la protection des An-
glais en Egypte et se prononce ouverte-
ment pour une intervention militaire.
M. Mac Donald a tenu à faire aux Com-
munes une déclaration rassurante, tout en
ajoutant que deux navires de guerre bri-
tanniques avaient reçu l'ordre d'appareil-
ler pour les eaux égyptiennes.
o De Rome, on dément formellement
la nouvelle répandue pa. certains journaux
étrangers suivant laquelle M. Mussolini se
trouverait dans de mauvaises conditions de
santé et aurait subi une opération.
CD La XXVIe conférence de l'Union in-
ternationale interparlementaire s'est ou-
verte. hier, au Palais de Westminster, sous
la présidence de M. Fernand Bouisson,
qui a prononcé le discours inaugural.
o Un Conseil de cabinet s'est tenu à
Bruxelles pour arrêter les termes de la ré-
ponse du gouvernement belge au mémo-
randum de M. Briand sur l'Union fédé-
rale européenne.
La note-réponse a été ensuite remise au
quai d'Orsay dans la soirée par l'intermé-
diaire de l'ambassade de Belgique à
Paris.
La réponse du gouvernement britannique
parviendrait à Paris d'ici la fin de la se-
maine.
CD Le président de la République a
reçu, hier, à déjeuner, 5. A. R. !e prince
des Asturies, nls du roi d Espagne.
Le prince doit séjourner a Paris pendant
quelques joilr4.
MON BRRUCH 1.
,. -- -.
"INFANTERIE"
Un grand livre sur la guerre
par M. Jean-Marc NODY
C'est un livre de guerre, vous l'avez
deviné!. et l'un des plus beaux. Je
n'ose dire le plus beau. On hésite sur
soi devant le superlatif. On hésite à con-
trister quiconque. On est encore hanté
par deux ou trois de ces témoignages
étonnants qui, au débotté, nous ont offert,
encore vive, la guerre tout entière.
Mais ici, vraiment, comme le titre
simple et peut-être justement orgueilleux
le dit. voilà /'Infanterie, toute l'infan-
terie.
Evocation surprenante par son réa-
lisme total et par cela même rehaus-
sée d'un détachement qui atteint au
grand ".caractère classique. Pourquoi ?
Parce qu'il y a tout, le pire et le meil-
leur, l'horreur et l'héroïsme, la misère et
la gloire, la saleté et la grandeur, et cha-
que chose à sa place et ces pôles opposés
reliés par les éléments intermédiaires qui
sont la chair des événements et la néga-
tion des partis. Ni nationalisme, ni paci-
fisme : la guerre dans sa plénitude hu-
maine et plus spécialement française.
Comme le soldat J1 a peur mais quelle
vaillance soudain le transporte! Quelle
hantise des plus bas appétits mais soudain
quel sens du sublime et quel tableau
inouï celui de cet agonisant qui fait
appeler le copain pour qu'il lui joue l'air
du pays natal!
Surtout je ne crois pas qu'aucun autre
écrivain de la guerre ait fait plus juste-
ment parler les soldats, ceux des recru-
tements voisins de Paris. C'est à crier
de vérité minutieuse et d'une ampleur
épique. Langue extraordinaire, qui n'est
pas l'argot, qui se nourrit d'images, de
locutions, d'événements adaptés, transpo-
sés, qui rudoie et malaxe la syntaxe pour
des raccourcis prodigieux, dépassant en
se jouant Rabelais et Saint-Simon.
Enfin voilà un livre où le combattant
participe à l'héroïsme sans le vouloir,
sans vouloir le savoir. Goguenardise ou
pudeur ou les deux mêlées, il cache tou-
jours ses grands actes sous un prétexte
immédiat, sous une raison du cœur. La
France dans son sang, dans sa tradition
mais jamais nommée. Et quelle divina-
toire lucidité! Et quelle chevalerie chez
l'homme ou l'officier toujours à son
rang!
Un des grands livres sur la guerre. Le
plus complet et le plus objectif certaine-
ment. Le renouveau issu du méchant
bouquin de Remarque, ne nous eût-il
valu que cela, est pardonné.
Gabriel BOISSY.
Van Duren
le jeune et brillant danseur qui vient
de trouver une mort si singulière.
(Lire l'article ci-contre).
En 1971, à Paris,
les Editeurs tiendront
leur Congrès international
Le Comité exécutif et la Commis-
sion internationale du Congrès des
Editéurs ont décidé que le pro-
chain Congrès international des Edi-
teurs se tiendrait à Paris, au prin-
temps de 1931, sous la présidence de
M. Louis Hachette. Le dernier Congrès
se tint, rappelons-le, à Budapest en
1913.
Le Comité exécutif est composé de
M. Ovetryde (Danemark), président;
M. Louis Hachette (France), premier
vice-président; M. Bruno Hauff (Alle-
magne), deuxième vice-président ;
Stanley Unwin (Angleterre), troisième
vice-président; Bailly-Baillière (Espa-
gne) et Ciarlantini (Italie).
A la Commission internationale,
réunie en séance plénière le 28 mai,
onze nations étaient représentées:
Allemagne, Angleterre, Belgique, Da-
nemark, Espagne, France, Hollande,
Italie, Norvège, Pologne, Suisse.
Page 2
En visitant le Musée de l'Opéra.
Page 3
Notre bulletin de l'Exposition Colo-
niale. ,'.
Page 4
Une adresse des fiabitants de Cas-
sis. Défense du théâtre nouveau, par
Paul Blanchart.
Une ribambelle
de chefs-d'œuvre
quitte le domicile
da peintre Cazot
Le peintre Cazot, ce véritable ar-
tiste, nous le disons sans rire, qui a
eu des malheurs parce qu'il avait si-
gné Millet d'excellents Cazot a vu
hier la fort belle collection de toiles
qu'il avait réunie dans sa villa de
Maisons-Laffitte le quitter pour le
Grand-Palais.
Cette collection ne l'a pas « quit-
té » cette fois pour l'Hôtel des Ven-
tes ou tel galerie à la mode mais pour
les expertises que MM. Goulinat,
Cailleux et Ourticq vont pratiquer au
Grand-Palais pour les besoins de la
justice.
Il y avait là une trentaine de toi-
les. Elles sont signées de noms fa-
meux: Renoir, Harpignies, Boudin,
Utrillo, Decamps, Diaz, Pissaro, Co-
rot. Fantin-Latour, Manet, Lepine,
Ribot et même Daumier. Il y en a
même une qui est signée du mono-
gramme J.-F. M. ce qui veut dire
n'est-ce pas, Jean-François Millet.
Faut-il en déduire que toutes les
autres signatures ou monogrammes
sont de même farine? Nous n'irons
pas jusque là et notre compétence at-
tend celle de M. Goulinat. Mais s!
vraiment il nous fallait conclure, avec
la justice, de la sorte, cela signifie-
rait que M. Cazot est un bien grand
oeintne. En tous cas s'il est Fauter
de certain nu, vierge de signature
celui-là. inclinons-nous !.
Tel grand graveur, dont les œu-
vres se vendent au Doids de l'or au-
jourd'hui, a fait naguère avec son pè-
re des Delacroix aujourd'hui fort pr:
sés. Le peintre Cazot a un grand ave-
nir devant lui 1 - B.
L'Exposition à Stockholm
des Arts Décoratifs
remporte un vif succès
L'Exposition des Arts Décoratifs de
Stockholm remporte un grand succès.
Durant le premier mois, le chiffre des
entrées s'est élevé à 1.143.766 person-
nes. De nombreux touristes arri vent
de toutes les parties de l'Europe et de
l'Amérique.
A noter une heureuse idée, celle des
Journées nationales consacrées à l'évo-
cation d'un pays étranger. La Fin-
lande, l'Amérique ont déjà eu leur
tour et les autres pays auront pro-
chainement le leur.
NOS ÉCHOS
R
encontre.
On annonce, de Londres, le
décès en Suisse de Mrs Harry-John
Smith, qui laisse une fortune appré-
ciable. Feu son mari était dans les
affaires
Ayant un bureau à Paris, il y a
une vingtaine d'années, il avait de-
mandé un jour une secrétaire fran-
çaise. Se rendant le matin à son bu-
reau en vue de la recevoir, il se lais-
sait aller, dans le métro, à conter
.fleurette à Lne jolie petite Parisienne
qui descendit à la même station que-
ici, s'engagea dans les mêmes rues,
s'arrêta devant la menu porte.
C'était elle à qui il avait écrit. Le
moyen, après cela, de ne pas l'en-
gager, quoique ce ne fut pas du tout
là le genre qu'il cherchait pour ses
affaires!
La petite dactylo eut bientôt fait
de se faire épouser, et de devenir
une grande dame. La pauvre Régine
Florv, qui l'avait connue à Paris et
l'avait retrouvée à Londres, racontait
un jour ce petit roman.
T
out est dans la manière.
Ce petit journal hebdomadaire
et montparnassien a une rubrique de
petites annonces. Une note liminaire,
en italique, prévient les clients éven-
tuels que « la direction se réserve
le droit de modifier les textes qui
pourraient nuire à la bonne réputation
du journal ».
Et voici ce qu'on peut lire dans
lesdites. petites annonces:
— Monsieur 58 ans cherche mo-
dèle pour taper machine de 14 à 18
heures. Ecrire: X. bureau du jour-
nal.
— Femme de lettres cherche se-
crétaire, homme 30 ans maximum,
bachelier, brun. Ecrire Jane Z. , aux
bureaux du journal.
— Femme du monde cherche hom-
me qui la fasse souffrir. moralement.
Ecrire: Mme Y.
Evidemment, on peut s'étonner
que, pour taper à la machine, ce mon-
sieur préfère un modèle à une dac-
tylographe; que cette femme de let-
tres ne tolère que des secrétaires
bruns; que cette femme dite du monde
air tant de frénésie pour la souffrance
.morale. (Exiger les points de sus
pension !) Mais, évidemment aussi, la
bonne réputation du journal est sau-
vegardée !
c
uls- de-lampe.
Le représentant d'une grande
maison d édition, charge surtout de
la distribution, chez certains librai-
res, des ouvrages de luxe, apporte à
un de ces libraires un magnifique vo-
lume d'un illustre poète académi.
cien.
Le libraire regarde l'exemplaire
précieux, le soupèse, le tourne et le
retourne, le manipule avec un respect
professionnel, et déclare:
— Evidemment, c'est un très
beau livre. Beau papier. Belle im-
pression. Beaux caractères. Et
puis, cet auteur-là, ça se place tou-
iours. mais.
— Mais?.
— Mais je voudrais bien savoir
quel est l'imbécile qui a dessiné ces
culs-de-lampe !
Le représentant sourit, et se con-
tente de répondre:
— L'imbécile qui a dessiné ces
cuis-de-lampe, c'est Léonard de
Vinci 1.
Le précieux livre était, en effet,
L'Introduction à la méthode de Léo-
naid de Vinci, par M. Paul Valéry!.
u
ne main étendue.
Une jolie et brève aventure
vient d'arriver à une de nos char-
mantes actrices. On dit que c'est
la gracieuse Maxa, pour ne pas la
nommer.
Elle passait boulevard des Capu-
cines dans sa conduite intérieure,
lorsqu'un encombrement l'obligea à
ralentir. Elle voulut tourner alors et
sa main gantée de blanc s'allongea
hors de la portière pour faire con-
naître aux autres voitures son inten-
tion de virage. Intention hélas ! l'en-
combrement était tel que l'aimable
chauffeuse multipliait en vain ses si-
gnaux, sa main toujours hors de la
portière.
Ce fut alors qu'un de nos grands
commerçants du quartier, qui se
trouvait à pied et attendait pour tra-
verser, vit la main gantée de blanc.
Il alla, reconnut l'artiste et. baisa
la main..,
La conductrice, de surprise, faillit
en écraser un passant.
AVIS
à nos abonnés
Un nombre important de de-
mandes de changements d'adres-
ses nous parviennent sans être
accompagnées de la somme de
un franc, correspondant au prix
de la réimpression des bandes.
Nous nous soyons contraints
d'informer nos abonnés qu'il ne
pourra, à notre grand regret,
être tenu aucun compte des de-
mandes d'adresses qui ne seront
pas accompagnées de cette som
me minime de un franc.
L
e docteur Vachet poursuivi.
Il paraît que les bulletins na-
turistes des feuilles de propagande,
dus à la plume du docteur Vachet,
paraissent par trop dénués de réserve.
Ses appels à la libre existence, sa
guerre aux vêtements, taxés par lui
d'inhygiéniques, ont é¡--u des gens
bien pensants et bien vêtus.
Voilà cet apôtre objet des foudres
de la justice.
En vain arguera-t-il que la Vérité
est toute nue. Les hommes l'accusent
de manquer vraiment de pudeur.
Quelques augures académiques,
dit-on, seraient intervenus auprès de
M. Chiappe.
Le docteur Vachet se laissera au
besoin poursuivre. Il ne désarmera
pas.
Un amusant procès en perspective.
L
a mort du spirite.
Quand on apprit naguère que
Conan Doyle s abandonnait aux sug-
gestions du spiritisme, notre ami Hu-
gues Delorme improvisa ce quatrain
que nous croyons inédit:
Conan Doyle a changé de rite,.
Ou (si l'on veut) de rituel;
Mais tout en devenant spirite
Il restera spirituel.
T
rente-quatre degrés à l'ombre.
en Amérique.
Une vague de chaleur est signalée
aux Etats-Unis. Dans plus de dix-huit
villes on enregistre ces jours-ci des
températures supérieures à 40 degrés.
A Saint-Louis le thermomètre est
monté à 43 degrés à l'ombre.
De nombreux incendies ont été pro-
voqués par la chaleur et trente et un
cas d'insolation furent mortels.
A Paris nous avons frais. trop
trais !
p
orter un tablier blanc n'implique
plus une incompétence en ma-
tière de jugement populaire.
On sera quelque peu surpris d'ap-
prendre que le fait d'être domestique
ou d'être inscrit parmi les pens de
maisons, entraînait ipso facto la radia-
tion sur les listes de jurés.
M. Camille Reboul vient de deman-
der que cette radiation n'existe plus.
Domestiques et gens de maisons
vont venir heureusement renforcer les
cadres, jusqu'ici composés de jurés
bourgeois, parrri lesquels, du reste,
les « tireurs au flanc » abondent. Ça
donnera r. ces messieurs en ruoture
de tablier l'occasion d'un repos très
obligé.
On peut f lire appel à leurs bons
offices. L'office. ca les connaît.
HORATIO.
Van Duren
s'est-il suicidé
ou y a-t-il accident?
Il avait avalé un demi-flacon
de « Somnifère »
Une des premières apparitions de
M. Van Duren, entouré des trois sœurs
Guy sur la scène du Concert Mayol,
donnait l'impression de l'harmonie
dans la danse. On sentait chez cet ar-
tiste le souci de donner l'esthétique à
un divertissement, et rien ne faisait
prévoir une fin aussi tragique et dou-
loureuse.
Dans tous les spectacles où, en com-
pagnie d'Edmonde Guy, il avait pris
part, tant au Casino de Paris, au Pa-
lace, à l'Empire que sur des scènes
étrangères, il était souvent l'objet de
maintes critiques, mais jamais il ne
s'écartair de sa ligne de conduite, et
il s'efforçait de trouver du nouveau.
Néanmoins, depuis plusieurs mois, et
en particulier depuis sa dernière appa-
rition à l'Empire au mois de septem-
bre, il paraissait plus affecté des cri-
tiques qui lui étaient adressées. Il
songeait à jouer à l'étranger, et lors-
qu'il retrouvait ses amis parisiens, il
semblait souvent taciturne. Ces derniè-
res années, il avait ajouté à la choré-
graphie le cinéma.. Avec Mlle Edmon-
de Guy, 'il avait tourné le principal
rôle de L'Oublié, d'après le roman de
M. Pierre Benoit, sous la direction de
Mme Germaine Dulac, puis dans Le
Figaro de Gaston Ravel, il avait fait
une très vivante création du célèbre
barbier italien, et dans le monde du
cinéma son nom paraissait avoir ac-
quis un prestige enviable.
Vendredi dernier, à la présentation
du nouveau spectacle de l'Empire, nous
l'avions rencontré. Il nous avait fait
part de ses essais pour une firme qui
devait l'engager en vue de produc-
tions parlées, et à brûle-pourpoint il
nous déclarait qu'il allait changer de
partenaire et danserait dorénavant avec
Mlle Dora Duby.
Nous l'avions quitté sans soupçon-
ner une seconde sa triste destinée. Dans
la nuit de mardi à mercredi, il ren-
trait au luxueux appartement qu'il
occupait rue Saint-Sénoch. Avant de
s'endormir, il absorba la moité d'un
flacon de « Somnifère », soporifique
violent dont on ne doit absorber que
quelques gouttes.
Hier matin, lorsque la femme de mé-
nage arriva dans l'appartement, elle
le trouva râlant sur son lit. Son secré-
taire, M. Esnault, fut aussitôt deman-
dé ; un médecin fut appelé ; l'état du
malade fut jugé tout de suite très
grave et Van Duren mourut hier après-
midi, à 15 heures, sans avoir repris
connaissance.
De l'enquête à laquelle se livra M.
Voinot, commissaire de police, il ré-
sulte que Van Duren avait eu sou-
vent, ces temps derniers, des crises de
neurasthénie. Mais la question reste
troublante et montre le danger de?
demi-stupéfiants vendus pour lutter
contre l'insomnie.
Hollandais d'origine, Van Duren
était épris de son métier en véritable
artiste. A ses dons d'artiste de la dan-
se il joignait des qualités de musicien
et de peintre décorateur. — J. D.
Querelle de costumes
.,
A la recherche
d'un bel uniforme
Il s' agit d'une querelle que certains
trouveront mesquine. Tout en lui acco-
lant cette épithète, M. A. Verdier n'a
pas craint de lui consacrer un long arti-
cle en première page de L'Homme Li-
bre et cela nous encourage à prendre la
défense de cette pauvre marine qu'il
maltraite si fort.
Certes l'habit ne fait pas le moine
ni le casque le pompier. Cependant le
moine tient à son habit et le pompier
à son casque. Peut-on faire grief à la
marine de défendre la tenue de ses offi-
ciers ?
Car tel est son crime, celui qu'elle
n' a pas craint d'avouer en se décidant
à présenter officiellement une réclama-
tion contre les audacieux aviateurs qui
avaient adopté une tenue se rapprochant
de la sienne.
Querelles de toilettes, querelles de
femmes, affirmeront les esprits grin-
cheux. Voire! N'oublions pas que la
France est le pays du panache. L'esprit
de corps qui rend un homme orgueilleux
de son arme et qui, lui donnant l'envie
d'augmenter la gloire collective, décu-
ple sa valeur personnelle, cet esprit de
corps a besoin de se cristalliser autour
d'une marque visible. Cette marque
c'est l'uniforme. On l'a bien vu quand
il s'est agi de changer la tenue des chas-
seurs à pied, véritable corps d'élite.
Qu'on ne s'étonne donc point de la pro-
testation du ministère de la rue Royale.
Assurément il n'est pas question d'en-
lever à nos officiers de marine la cas-
quette et le veston sombre qu'ont popu-
larisé tant d'opérettes et sanctifié tant
d'actes d'héroïsme, mais on a créé une
confusion regrettable en habillant les
aviateurs comme des officiers de vais-
seau. Les détails de la tenue diffèrent,
soit! Mais ces détails, le public ne les
remarque pas tout de suite. Or l' uni-
forme doit avant tout établir une distinc-
tion.
Le bleu marine appartient aux marins.
M. Louis Guichard, qui écrivit sous ce
titre un si beau livre, sera certainement
de cet avis.
Et quant à nos héros de l' air, leur
jeune gloire est assez riche pour les ha-
bilier sans puiser dans l'armoirie aux
accessoires des voisins. Qu'on les vête
de bleu ciel et qu'on leur donne les ai-
les des purs anges! La marine qui n'est
pas jalouse — quoi qu'on dise — applau-
dira.
Georges MOULY*
Un jugement ahurissant
d'un juge de paix
devenu critique de livres
L'édition devra-t-elle désormais
soumettre ses prix au tribunal?
Voici un procès dont les conclusions
sont lourdes t de conséquences. Qu'on
en juge:
La comtesse de G. publie un grand
ouvrage en trois volumes, Encyclopé-
die de la vie pratique, traitant de
droit, de littérature, d'art, de méde-
cine, de science, d'histoire, de cui-
sine, etc.
L'ouvrage est livré à domicile con-
tre la somme de i55*francs.
Or voici qu'un souscripteur de Lyon,
jugeant que les trois volumes ne va-
laient pas ce prix, refuse de payer.
L'éditeur, naturellement,' l'assigne' en
justice de paix.
.Et voilà que la justice de .paix estime
qu'un livre, comme toute marchandise,
peut contenir des vices cachés, et, par
conséquent, être soumis à expertise..
M. Joly, conservateur de la Biblio-
thèque de Lyon, fait un rapport où il
conclut:
io Si, en fait, la valeur matérielle
de l'ouvrage incriminé peut correspon-
dre au prix de vente, la valeur intrin-
sèque est au moins de 20 °/n inférieure
au prix demandé;
20 L'ouvrage présente des lacunes,
des imperfections, en matière historu
que notamment, les auteurs conseillés
sont médiocres et en médecine l'écri-
vain a quelque retard sur la thérapeu-
tique moderne.
Mme de G., justement blessée dans
son amour-propre d'auteur, intervient
au procès et demande à son tour des
dommages-intérêts en réparation du
préjudice causé.
Plaidoiries. Exposés. Discussions.
Enfin, cette décision du juge de paix,
adoptant les conclusions de l'expert,
et décidant que le prix de l'ouvrage
serait baissé de 20 /n. -
Jugement singulier!* Si l'on se met
à expertiser la valeur intrinsèque des
livres, songez à toutes les aventures
qui ne manqueront pas de se pro-
duire.
Vous avez acheté un livre-? Il ne
vous plaît pas ? Procès. Ce livre ne
vaut pas son prix! Le style fen est
mauvais, la matière insuffisante ou les
conclusions erronées !
Vous croyez, sur la foi du titre,
acheter un livre sérieux et vous tom-
bez sur une œuvre légère ? Procès. Il
y a tromperie sur la marchandise.
J Vous achetez un dictionnaire et vous
découvrez qu'il y manque un mot rare ?
Procès. Le dictionnaire est 4incomplet !
Expertise. Expertise. Expertise.
Mais ne sourions pas. La chose- est
grave. C'est, purement et simplement,
si l'on adopte les conclusions de la
justice de paix lyonnaise, la fin de
toute transaction !
Car les auteurs et les éditeurs sont
seuls juges du prix qu'il convient d'éta-
blir pour les livres qu'ils publient. Et
M. Tartempion a parfaitement le drbit,
si tel est son bon plaisir, de vendre
mille francs un recueil de'sonnets, dé
même qu'un éditeur a le droit de ven-
dre pour vingt sous, s'il, lui plaît,
Candide de Voltaire sur papier à chan-
delle.
Et. pourtant, une expertise recon-
naîtrait sans doute que la valeur in-
trinsèque et littéraire de Candide est
supérieure au franc-papier. — P. L.
Ceux que j'ai connus::
.:a- .,.
Séverin, le mime
par GALIPAUX
Puisque jamais on ne l'appelait au-
trement. Je garde de ce bon Séverin
le meilleur souvenir. J'avais pour lui
la plus grande admiration, celle-'
qu'on doit avoir pour tout artiste qui
aime éperdument son art, et Dieu sait
si celui qui nous quitte l'aimait, son
art. C'est même à se. demander si
pour lui il en existait un autre. De
son côté, Séverin voulait bien m'ac-
corder toute son estime artistique;,
parce qu'il savait que sous le comé-
dien, il y a aussi un mime qui, au2
Cercle funambulesque, fit ses preu-
ves, en jouant un acte de lui auquel
i' donna le nom de Pour 'une bouffée
de tabac! et le sous-titre, jamais im-
primé jusqu'alors de « monomime ».
Il y a déjà quelques jours que le
fait se passa puisque eut lieu le 5
mai 1890, au Théâtre de la Bodi-
nière (qu'il ne faut pas confondre
avec la Potinière).
Cet acte eut une telle vogue que
je le jouai dans les salons particu-
liers, les ministères, représentations
à bénéfice environ cinq cents fois.
Il fut suivi de plusieurs autnes, tel
celui qu'.Mbert Carré me demanda
pour faire corps de spectacle à ce
âéveiin, par ^ui-mêma
COMŒDIA
JEAN DE ROVERA
Directeur
p. 'Une ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers.
(LX FONTAINE.)
<— Quel est* cet Etcheverria ?.
--Le. frère de Claude Frollo.
..;. Farceur!
— Point. 11- est bien curé
d'Hernani!
La vie et l'œuvre
du professeur Anglade
Ce grand savant est mort à 62 ans, sans avoir
;1 même été fait chevalier de la Légion d'honneur!
Comœdia a annoncé hier, la mort
du professeur J. Anglade, qui occu-
pait, à la Faculté des Lettres de Tou-
lon, la chaire de langue et littérature
méridionales. C'est une très grande
-perte pour les études romanes, qui
doivent beaucoup au disparu.
Elève, à Montpellier, de Camille
- Chabaneau, qui a laissé un grand nom
! parmi les romanistes, et c'est de ce
temps ancien que datait notre amitié,
Anglade se spécialisa dans le proven-
çal. Mais ce n'est qu'à Toulouse,
après avoir passé par les Universités
de Rennes, de Poitiers et de Nancy,
qu'il put avoir enfin la chaire qui con-
venait à ses aptitudes et enseigner ce
qu'il aimait. Il fut, en outre, dans la
même ville, le metteur en œuvre et
l'animateur de l'Institut des Etudes
méridionales, qui forme spécialement
des romanistes.
Le professeur Anglade laisse un
bagage considérable. Au contraire de
tant de ses confrères, et des plus es-
timés, en philologie, dont l'œuvre par-
cellaire, comme le disait M. Joseph
Bédier de Gaston Paris lui-même, est
faite de morceaux épars dans des re-
vues et publications spéciales, il fut
de ces savants qui savent, un jour,
rassembler leurs notes, rédiger et pu-
blier de vrais livres. Il tâcha enfin
d'atteindre, sinon le grand public, du
moins un public plus étendu que celui
qui entourait sa chaire.
C'est ainsi que Anglade nous a don-
né une édition de Pierre Vidai, de
Rigaut de Barbezieux, deux des plus
importants troubadours, des Vies des
troubadours de Jehan Nostredame.
avec une copieuse et remarquable in-
troduction des études nombreuses sur
les troubadours de Toulouse, de Nar-
bonne, etc. ; une édition définitive des
Leys d'Amors, ou Lois d'Amour, sorte
d'Art poétique que rédigèrent au xiv"
siècle les compagnons de la Gaie
Science, à Toulouse, qui avaient l'am-
bition de revivifier la poésie méridio-
nale que la Croisade albigeoise avait
frappée à mort.
Grand réalisateur, Anglade fut aus-
si tmr vulgarisateur émérite, dans le
plus noble sens du mot. Il donna sur
:la poésie provençale au moyen âge
des séries de conférences à l'Ateneo
de Barcelone, aux Instituts français
de Madrid et de Florence.
Pour faire mieux connaître cette
poésie, trop négligée, ignorée même
pourrait-on dire, dans les histoires de
la littérature, et permettre aux étu-
diants et aux amateurs de l'étudier,
Anglade forgea des instruments de
travail et dota la science française, à
cet effet, des ouvrages qui lui man-
quaient et qu'elle était obligée d'em-
prunter aux Allemands.
Si nous n'avons pas encore en
France de dictionnaire de l'ancien pro-
vençal et si nous sommes toujours
obligés de travailler avec celui de
Lévy, l'éminent provençaliste alle-
mand, Anglade nous a-t-il donné du
moins une Grammaire de l'ancien
vrovençal, quand il n'existait aupara-
vant que celle de Diez. Tout de mê-
me, alors que depuis le Choix de poé-
sies des troubadours de Fauriel, et
bien des découvertes avaient été fai-
tes dans ce domaine depuis cette épo-
que, nous étions obligés de nous en
référer aux Chrestomathies alleman-
des de Mann et de Bartsch. Anglade
nous dota enfin d'une Anthologie des
troubadours, qui précéda de peu, il
est vrai. celle de M. Alfred leanrov.
Ce n'est pas tout. Nous devons en-
core à Anglade un volume sur Les
Troubadours, qui est en passe de de-
venir classique, un chef-d'œuvre de
vulgarisation, où la science la plus
sûre s'unit à l'exposition la plus sim-
ple et la plus claire; une Histoire de
la littérature méridionale au moyen
âge, la seule qui existe : une précieuse
Onomastique des troubadours, enfin
une brochure qui rend bien des ser-
vices: Pour étudier les troubadours,
qui est une bibliographie des ouvra-
ges nécessaires à cette étude.
Il convient d'ajouter que l'on doit
aussi à Anglade une Grammaire du
vieux français.
On peut facilement mesurer les re-
grets qu'inspire la disparition du pro-
fesseur Anglade à l'importance de son
œuvre. Mais de combien ces regrets
s'augmentent-ils pour ceux, confrères,
étudiants, amis, qui ont connu l'hom-
me, si bon, si simple, si dévoué, si
loyal et si gai. C'était un grand tra-
vailleur qui aimait la vie, pour qui la
vie n'était pas toute dans les livres,
demeuré très peuple et, partout où il
passait, populaire, aimant à se dis-
traire de ses travaux avec les vigne-
rons de Lézignan, ses compatriotes,
qui l'avaient élu conseiller municipal.
Au résumé, un grand savant et un
brave homme.
Récemment, au Sénat, M. Mario
Roustan, condisciple et ami d'Anglade
et qui s'honorait lui-même en défen-
dant la cause de ses collègues de:
l'Université, signalait la parcimonie
avec laquelle le gouvernement, et de-
puis toujours, distribuait les distinc-
tions honorifiques aux universitaires.
Combien il avait raison !
Après toute une vie consacrée à
l'Université, et remplie de travaux
remarquables qui lui avaient fait un
nom, le professeur Anglade est mort
à 62 ans, sans être seulement cheva-
lier de la Légioi. d'honneur.
Jules VÉRAN.
Les Choses du Jour
t. 85a
LE REICHSTAG SERA-T-IL
DISSOUS ?
o Le maréchal Hindenburg ne pas-
sait pas, pendant la guerre, pour un tacti-
cien de génie. Il ne paraît pas que le pré-
sident Hindenburg soit, lui non plus, un
manœuvrier de premier ordre.
En effet, s'il est exact — et on a tout
lieu de le penser — qu'en prenant bru-
talement fait et cause pour une organisa-
tion ultra-nationaliste et antirépublicaine le
maréchal-président n'avait d'autre inten-
tion que de « sauver » le cabinet Brüning,
menacé à propos de ses projets financiers,
on peut écrire qu'il a fort mal joué sa
carte et perdu. une belle occasion de se
tenir tranquille.
Le Reichstag a bien voté. avant-hier,
l'article premier du projet de réforme éla-
boré par M. Dietrich pour combler le dé-
ficit, mais, hier, il a repoussé à une forte
majorité le second article du projet, de
sorte qu'une fois de plus le chancelier
parle d'user du droit que lui confère l'ar-
ticle 48 de la Constitution et de dissoudre
le Parlement.
Qu'il en use ou non, il est dès à présent
démontré que le Reichstag n'est pas dis-
posé à céder aux mesures d'intimidation,
directes ou indirectes, du maréchal-prési-
dent.
Mauricet
tu qu'il rii ce moinent à
l'Empire.
: ',. (Vue par Georges Bastia.)
U en va exactement ds même du cabi-
net prussien. M. Otto Braun a adressé au
Maréchal une lettre très digne et très fer-
me, dans laquelle il souligne que l'inter-
diction du « Casque d'acier s, parfaite-
ment légale, est conforme à ïa loi du
22 mars 1921. loi rendue nécessaire « par
de nombreux abus dont le président n'a
peut-être pas eu connaissance t.
On croit cependant qu' un compromis
interviendra et qu'en définitive le maré-
chal assistera aux cérémonies organisées
pour fêter la libération des territoires rhé-
nans.
LA CROIX DE GUERRE
A LA VILLE D'ANVERS.
CZ5 M. François Pietri, ministre des Co-
lonies, assisté de l'ambassadeur de France,
M. Peretti délia Rocca, a présidé, sur la
arand.place d'Anvers, la cérémonie de la
remise de la croix de guerre française à la
-tille. « dont le nom doit rester lié. dans
la piété des générations, au souvenir de
tous ceux qui ont versé leur sang pour la
France m.
Par intérim : L.-R. D.
DE TOUT UN PEU.
a La situation reste très tendue à
Alexandrie. L'émeute, conséquence de
l'ordre wafdhiste dune grève générale de
deux heures, a fait de nombreuses victi-
mes : on compte quatorze morts et plus
d- deux cents blesses.
L'arrivée de soldats égyptiens venus du
Caire a ramené un calme relatif, mais
l'opinion anglaise reste inquiète, réclame
des mesures pour la protection des An-
glais en Egypte et se prononce ouverte-
ment pour une intervention militaire.
M. Mac Donald a tenu à faire aux Com-
munes une déclaration rassurante, tout en
ajoutant que deux navires de guerre bri-
tanniques avaient reçu l'ordre d'appareil-
ler pour les eaux égyptiennes.
o De Rome, on dément formellement
la nouvelle répandue pa. certains journaux
étrangers suivant laquelle M. Mussolini se
trouverait dans de mauvaises conditions de
santé et aurait subi une opération.
CD La XXVIe conférence de l'Union in-
ternationale interparlementaire s'est ou-
verte. hier, au Palais de Westminster, sous
la présidence de M. Fernand Bouisson,
qui a prononcé le discours inaugural.
o Un Conseil de cabinet s'est tenu à
Bruxelles pour arrêter les termes de la ré-
ponse du gouvernement belge au mémo-
randum de M. Briand sur l'Union fédé-
rale européenne.
La note-réponse a été ensuite remise au
quai d'Orsay dans la soirée par l'intermé-
diaire de l'ambassade de Belgique à
Paris.
La réponse du gouvernement britannique
parviendrait à Paris d'ici la fin de la se-
maine.
CD Le président de la République a
reçu, hier, à déjeuner, 5. A. R. !e prince
des Asturies, nls du roi d Espagne.
Le prince doit séjourner a Paris pendant
quelques joilr4.
MON BRRUCH 1.
,. -- -.
"INFANTERIE"
Un grand livre sur la guerre
par M. Jean-Marc NODY
C'est un livre de guerre, vous l'avez
deviné!. et l'un des plus beaux. Je
n'ose dire le plus beau. On hésite sur
soi devant le superlatif. On hésite à con-
trister quiconque. On est encore hanté
par deux ou trois de ces témoignages
étonnants qui, au débotté, nous ont offert,
encore vive, la guerre tout entière.
Mais ici, vraiment, comme le titre
simple et peut-être justement orgueilleux
le dit. voilà /'Infanterie, toute l'infan-
terie.
Evocation surprenante par son réa-
lisme total et par cela même rehaus-
sée d'un détachement qui atteint au
grand ".caractère classique. Pourquoi ?
Parce qu'il y a tout, le pire et le meil-
leur, l'horreur et l'héroïsme, la misère et
la gloire, la saleté et la grandeur, et cha-
que chose à sa place et ces pôles opposés
reliés par les éléments intermédiaires qui
sont la chair des événements et la néga-
tion des partis. Ni nationalisme, ni paci-
fisme : la guerre dans sa plénitude hu-
maine et plus spécialement française.
Comme le soldat J1 a peur mais quelle
vaillance soudain le transporte! Quelle
hantise des plus bas appétits mais soudain
quel sens du sublime et quel tableau
inouï celui de cet agonisant qui fait
appeler le copain pour qu'il lui joue l'air
du pays natal!
Surtout je ne crois pas qu'aucun autre
écrivain de la guerre ait fait plus juste-
ment parler les soldats, ceux des recru-
tements voisins de Paris. C'est à crier
de vérité minutieuse et d'une ampleur
épique. Langue extraordinaire, qui n'est
pas l'argot, qui se nourrit d'images, de
locutions, d'événements adaptés, transpo-
sés, qui rudoie et malaxe la syntaxe pour
des raccourcis prodigieux, dépassant en
se jouant Rabelais et Saint-Simon.
Enfin voilà un livre où le combattant
participe à l'héroïsme sans le vouloir,
sans vouloir le savoir. Goguenardise ou
pudeur ou les deux mêlées, il cache tou-
jours ses grands actes sous un prétexte
immédiat, sous une raison du cœur. La
France dans son sang, dans sa tradition
mais jamais nommée. Et quelle divina-
toire lucidité! Et quelle chevalerie chez
l'homme ou l'officier toujours à son
rang!
Un des grands livres sur la guerre. Le
plus complet et le plus objectif certaine-
ment. Le renouveau issu du méchant
bouquin de Remarque, ne nous eût-il
valu que cela, est pardonné.
Gabriel BOISSY.
Van Duren
le jeune et brillant danseur qui vient
de trouver une mort si singulière.
(Lire l'article ci-contre).
En 1971, à Paris,
les Editeurs tiendront
leur Congrès international
Le Comité exécutif et la Commis-
sion internationale du Congrès des
Editéurs ont décidé que le pro-
chain Congrès international des Edi-
teurs se tiendrait à Paris, au prin-
temps de 1931, sous la présidence de
M. Louis Hachette. Le dernier Congrès
se tint, rappelons-le, à Budapest en
1913.
Le Comité exécutif est composé de
M. Ovetryde (Danemark), président;
M. Louis Hachette (France), premier
vice-président; M. Bruno Hauff (Alle-
magne), deuxième vice-président ;
Stanley Unwin (Angleterre), troisième
vice-président; Bailly-Baillière (Espa-
gne) et Ciarlantini (Italie).
A la Commission internationale,
réunie en séance plénière le 28 mai,
onze nations étaient représentées:
Allemagne, Angleterre, Belgique, Da-
nemark, Espagne, France, Hollande,
Italie, Norvège, Pologne, Suisse.
Page 2
En visitant le Musée de l'Opéra.
Page 3
Notre bulletin de l'Exposition Colo-
niale. ,'.
Page 4
Une adresse des fiabitants de Cas-
sis. Défense du théâtre nouveau, par
Paul Blanchart.
Une ribambelle
de chefs-d'œuvre
quitte le domicile
da peintre Cazot
Le peintre Cazot, ce véritable ar-
tiste, nous le disons sans rire, qui a
eu des malheurs parce qu'il avait si-
gné Millet d'excellents Cazot a vu
hier la fort belle collection de toiles
qu'il avait réunie dans sa villa de
Maisons-Laffitte le quitter pour le
Grand-Palais.
Cette collection ne l'a pas « quit-
té » cette fois pour l'Hôtel des Ven-
tes ou tel galerie à la mode mais pour
les expertises que MM. Goulinat,
Cailleux et Ourticq vont pratiquer au
Grand-Palais pour les besoins de la
justice.
Il y avait là une trentaine de toi-
les. Elles sont signées de noms fa-
meux: Renoir, Harpignies, Boudin,
Utrillo, Decamps, Diaz, Pissaro, Co-
rot. Fantin-Latour, Manet, Lepine,
Ribot et même Daumier. Il y en a
même une qui est signée du mono-
gramme J.-F. M. ce qui veut dire
n'est-ce pas, Jean-François Millet.
Faut-il en déduire que toutes les
autres signatures ou monogrammes
sont de même farine? Nous n'irons
pas jusque là et notre compétence at-
tend celle de M. Goulinat. Mais s!
vraiment il nous fallait conclure, avec
la justice, de la sorte, cela signifie-
rait que M. Cazot est un bien grand
oeintne. En tous cas s'il est Fauter
de certain nu, vierge de signature
celui-là. inclinons-nous !.
Tel grand graveur, dont les œu-
vres se vendent au Doids de l'or au-
jourd'hui, a fait naguère avec son pè-
re des Delacroix aujourd'hui fort pr:
sés. Le peintre Cazot a un grand ave-
nir devant lui 1 - B.
L'Exposition à Stockholm
des Arts Décoratifs
remporte un vif succès
L'Exposition des Arts Décoratifs de
Stockholm remporte un grand succès.
Durant le premier mois, le chiffre des
entrées s'est élevé à 1.143.766 person-
nes. De nombreux touristes arri vent
de toutes les parties de l'Europe et de
l'Amérique.
A noter une heureuse idée, celle des
Journées nationales consacrées à l'évo-
cation d'un pays étranger. La Fin-
lande, l'Amérique ont déjà eu leur
tour et les autres pays auront pro-
chainement le leur.
NOS ÉCHOS
R
encontre.
On annonce, de Londres, le
décès en Suisse de Mrs Harry-John
Smith, qui laisse une fortune appré-
ciable. Feu son mari était dans les
affaires
Ayant un bureau à Paris, il y a
une vingtaine d'années, il avait de-
mandé un jour une secrétaire fran-
çaise. Se rendant le matin à son bu-
reau en vue de la recevoir, il se lais-
sait aller, dans le métro, à conter
.fleurette à Lne jolie petite Parisienne
qui descendit à la même station que-
ici, s'engagea dans les mêmes rues,
s'arrêta devant la menu porte.
C'était elle à qui il avait écrit. Le
moyen, après cela, de ne pas l'en-
gager, quoique ce ne fut pas du tout
là le genre qu'il cherchait pour ses
affaires!
La petite dactylo eut bientôt fait
de se faire épouser, et de devenir
une grande dame. La pauvre Régine
Florv, qui l'avait connue à Paris et
l'avait retrouvée à Londres, racontait
un jour ce petit roman.
T
out est dans la manière.
Ce petit journal hebdomadaire
et montparnassien a une rubrique de
petites annonces. Une note liminaire,
en italique, prévient les clients éven-
tuels que « la direction se réserve
le droit de modifier les textes qui
pourraient nuire à la bonne réputation
du journal ».
Et voici ce qu'on peut lire dans
lesdites. petites annonces:
— Monsieur 58 ans cherche mo-
dèle pour taper machine de 14 à 18
heures. Ecrire: X. bureau du jour-
nal.
— Femme de lettres cherche se-
crétaire, homme 30 ans maximum,
bachelier, brun. Ecrire Jane Z. , aux
bureaux du journal.
— Femme du monde cherche hom-
me qui la fasse souffrir. moralement.
Ecrire: Mme Y.
Evidemment, on peut s'étonner
que, pour taper à la machine, ce mon-
sieur préfère un modèle à une dac-
tylographe; que cette femme de let-
tres ne tolère que des secrétaires
bruns; que cette femme dite du monde
air tant de frénésie pour la souffrance
.morale. (Exiger les points de sus
pension !) Mais, évidemment aussi, la
bonne réputation du journal est sau-
vegardée !
c
uls- de-lampe.
Le représentant d'une grande
maison d édition, charge surtout de
la distribution, chez certains librai-
res, des ouvrages de luxe, apporte à
un de ces libraires un magnifique vo-
lume d'un illustre poète académi.
cien.
Le libraire regarde l'exemplaire
précieux, le soupèse, le tourne et le
retourne, le manipule avec un respect
professionnel, et déclare:
— Evidemment, c'est un très
beau livre. Beau papier. Belle im-
pression. Beaux caractères. Et
puis, cet auteur-là, ça se place tou-
iours. mais.
— Mais?.
— Mais je voudrais bien savoir
quel est l'imbécile qui a dessiné ces
culs-de-lampe !
Le représentant sourit, et se con-
tente de répondre:
— L'imbécile qui a dessiné ces
cuis-de-lampe, c'est Léonard de
Vinci 1.
Le précieux livre était, en effet,
L'Introduction à la méthode de Léo-
naid de Vinci, par M. Paul Valéry!.
u
ne main étendue.
Une jolie et brève aventure
vient d'arriver à une de nos char-
mantes actrices. On dit que c'est
la gracieuse Maxa, pour ne pas la
nommer.
Elle passait boulevard des Capu-
cines dans sa conduite intérieure,
lorsqu'un encombrement l'obligea à
ralentir. Elle voulut tourner alors et
sa main gantée de blanc s'allongea
hors de la portière pour faire con-
naître aux autres voitures son inten-
tion de virage. Intention hélas ! l'en-
combrement était tel que l'aimable
chauffeuse multipliait en vain ses si-
gnaux, sa main toujours hors de la
portière.
Ce fut alors qu'un de nos grands
commerçants du quartier, qui se
trouvait à pied et attendait pour tra-
verser, vit la main gantée de blanc.
Il alla, reconnut l'artiste et. baisa
la main..,
La conductrice, de surprise, faillit
en écraser un passant.
AVIS
à nos abonnés
Un nombre important de de-
mandes de changements d'adres-
ses nous parviennent sans être
accompagnées de la somme de
un franc, correspondant au prix
de la réimpression des bandes.
Nous nous soyons contraints
d'informer nos abonnés qu'il ne
pourra, à notre grand regret,
être tenu aucun compte des de-
mandes d'adresses qui ne seront
pas accompagnées de cette som
me minime de un franc.
L
e docteur Vachet poursuivi.
Il paraît que les bulletins na-
turistes des feuilles de propagande,
dus à la plume du docteur Vachet,
paraissent par trop dénués de réserve.
Ses appels à la libre existence, sa
guerre aux vêtements, taxés par lui
d'inhygiéniques, ont é¡--u des gens
bien pensants et bien vêtus.
Voilà cet apôtre objet des foudres
de la justice.
En vain arguera-t-il que la Vérité
est toute nue. Les hommes l'accusent
de manquer vraiment de pudeur.
Quelques augures académiques,
dit-on, seraient intervenus auprès de
M. Chiappe.
Le docteur Vachet se laissera au
besoin poursuivre. Il ne désarmera
pas.
Un amusant procès en perspective.
L
a mort du spirite.
Quand on apprit naguère que
Conan Doyle s abandonnait aux sug-
gestions du spiritisme, notre ami Hu-
gues Delorme improvisa ce quatrain
que nous croyons inédit:
Conan Doyle a changé de rite,.
Ou (si l'on veut) de rituel;
Mais tout en devenant spirite
Il restera spirituel.
T
rente-quatre degrés à l'ombre.
en Amérique.
Une vague de chaleur est signalée
aux Etats-Unis. Dans plus de dix-huit
villes on enregistre ces jours-ci des
températures supérieures à 40 degrés.
A Saint-Louis le thermomètre est
monté à 43 degrés à l'ombre.
De nombreux incendies ont été pro-
voqués par la chaleur et trente et un
cas d'insolation furent mortels.
A Paris nous avons frais. trop
trais !
p
orter un tablier blanc n'implique
plus une incompétence en ma-
tière de jugement populaire.
On sera quelque peu surpris d'ap-
prendre que le fait d'être domestique
ou d'être inscrit parmi les pens de
maisons, entraînait ipso facto la radia-
tion sur les listes de jurés.
M. Camille Reboul vient de deman-
der que cette radiation n'existe plus.
Domestiques et gens de maisons
vont venir heureusement renforcer les
cadres, jusqu'ici composés de jurés
bourgeois, parrri lesquels, du reste,
les « tireurs au flanc » abondent. Ça
donnera r. ces messieurs en ruoture
de tablier l'occasion d'un repos très
obligé.
On peut f lire appel à leurs bons
offices. L'office. ca les connaît.
HORATIO.
Van Duren
s'est-il suicidé
ou y a-t-il accident?
Il avait avalé un demi-flacon
de « Somnifère »
Une des premières apparitions de
M. Van Duren, entouré des trois sœurs
Guy sur la scène du Concert Mayol,
donnait l'impression de l'harmonie
dans la danse. On sentait chez cet ar-
tiste le souci de donner l'esthétique à
un divertissement, et rien ne faisait
prévoir une fin aussi tragique et dou-
loureuse.
Dans tous les spectacles où, en com-
pagnie d'Edmonde Guy, il avait pris
part, tant au Casino de Paris, au Pa-
lace, à l'Empire que sur des scènes
étrangères, il était souvent l'objet de
maintes critiques, mais jamais il ne
s'écartair de sa ligne de conduite, et
il s'efforçait de trouver du nouveau.
Néanmoins, depuis plusieurs mois, et
en particulier depuis sa dernière appa-
rition à l'Empire au mois de septem-
bre, il paraissait plus affecté des cri-
tiques qui lui étaient adressées. Il
songeait à jouer à l'étranger, et lors-
qu'il retrouvait ses amis parisiens, il
semblait souvent taciturne. Ces derniè-
res années, il avait ajouté à la choré-
graphie le cinéma.. Avec Mlle Edmon-
de Guy, 'il avait tourné le principal
rôle de L'Oublié, d'après le roman de
M. Pierre Benoit, sous la direction de
Mme Germaine Dulac, puis dans Le
Figaro de Gaston Ravel, il avait fait
une très vivante création du célèbre
barbier italien, et dans le monde du
cinéma son nom paraissait avoir ac-
quis un prestige enviable.
Vendredi dernier, à la présentation
du nouveau spectacle de l'Empire, nous
l'avions rencontré. Il nous avait fait
part de ses essais pour une firme qui
devait l'engager en vue de produc-
tions parlées, et à brûle-pourpoint il
nous déclarait qu'il allait changer de
partenaire et danserait dorénavant avec
Mlle Dora Duby.
Nous l'avions quitté sans soupçon-
ner une seconde sa triste destinée. Dans
la nuit de mardi à mercredi, il ren-
trait au luxueux appartement qu'il
occupait rue Saint-Sénoch. Avant de
s'endormir, il absorba la moité d'un
flacon de « Somnifère », soporifique
violent dont on ne doit absorber que
quelques gouttes.
Hier matin, lorsque la femme de mé-
nage arriva dans l'appartement, elle
le trouva râlant sur son lit. Son secré-
taire, M. Esnault, fut aussitôt deman-
dé ; un médecin fut appelé ; l'état du
malade fut jugé tout de suite très
grave et Van Duren mourut hier après-
midi, à 15 heures, sans avoir repris
connaissance.
De l'enquête à laquelle se livra M.
Voinot, commissaire de police, il ré-
sulte que Van Duren avait eu sou-
vent, ces temps derniers, des crises de
neurasthénie. Mais la question reste
troublante et montre le danger de?
demi-stupéfiants vendus pour lutter
contre l'insomnie.
Hollandais d'origine, Van Duren
était épris de son métier en véritable
artiste. A ses dons d'artiste de la dan-
se il joignait des qualités de musicien
et de peintre décorateur. — J. D.
Querelle de costumes
.,
A la recherche
d'un bel uniforme
Il s' agit d'une querelle que certains
trouveront mesquine. Tout en lui acco-
lant cette épithète, M. A. Verdier n'a
pas craint de lui consacrer un long arti-
cle en première page de L'Homme Li-
bre et cela nous encourage à prendre la
défense de cette pauvre marine qu'il
maltraite si fort.
Certes l'habit ne fait pas le moine
ni le casque le pompier. Cependant le
moine tient à son habit et le pompier
à son casque. Peut-on faire grief à la
marine de défendre la tenue de ses offi-
ciers ?
Car tel est son crime, celui qu'elle
n' a pas craint d'avouer en se décidant
à présenter officiellement une réclama-
tion contre les audacieux aviateurs qui
avaient adopté une tenue se rapprochant
de la sienne.
Querelles de toilettes, querelles de
femmes, affirmeront les esprits grin-
cheux. Voire! N'oublions pas que la
France est le pays du panache. L'esprit
de corps qui rend un homme orgueilleux
de son arme et qui, lui donnant l'envie
d'augmenter la gloire collective, décu-
ple sa valeur personnelle, cet esprit de
corps a besoin de se cristalliser autour
d'une marque visible. Cette marque
c'est l'uniforme. On l'a bien vu quand
il s'est agi de changer la tenue des chas-
seurs à pied, véritable corps d'élite.
Qu'on ne s'étonne donc point de la pro-
testation du ministère de la rue Royale.
Assurément il n'est pas question d'en-
lever à nos officiers de marine la cas-
quette et le veston sombre qu'ont popu-
larisé tant d'opérettes et sanctifié tant
d'actes d'héroïsme, mais on a créé une
confusion regrettable en habillant les
aviateurs comme des officiers de vais-
seau. Les détails de la tenue diffèrent,
soit! Mais ces détails, le public ne les
remarque pas tout de suite. Or l' uni-
forme doit avant tout établir une distinc-
tion.
Le bleu marine appartient aux marins.
M. Louis Guichard, qui écrivit sous ce
titre un si beau livre, sera certainement
de cet avis.
Et quant à nos héros de l' air, leur
jeune gloire est assez riche pour les ha-
bilier sans puiser dans l'armoirie aux
accessoires des voisins. Qu'on les vête
de bleu ciel et qu'on leur donne les ai-
les des purs anges! La marine qui n'est
pas jalouse — quoi qu'on dise — applau-
dira.
Georges MOULY*
Un jugement ahurissant
d'un juge de paix
devenu critique de livres
L'édition devra-t-elle désormais
soumettre ses prix au tribunal?
Voici un procès dont les conclusions
sont lourdes t de conséquences. Qu'on
en juge:
La comtesse de G. publie un grand
ouvrage en trois volumes, Encyclopé-
die de la vie pratique, traitant de
droit, de littérature, d'art, de méde-
cine, de science, d'histoire, de cui-
sine, etc.
L'ouvrage est livré à domicile con-
tre la somme de i55*francs.
Or voici qu'un souscripteur de Lyon,
jugeant que les trois volumes ne va-
laient pas ce prix, refuse de payer.
L'éditeur, naturellement,' l'assigne' en
justice de paix.
.Et voilà que la justice de .paix estime
qu'un livre, comme toute marchandise,
peut contenir des vices cachés, et, par
conséquent, être soumis à expertise..
M. Joly, conservateur de la Biblio-
thèque de Lyon, fait un rapport où il
conclut:
io Si, en fait, la valeur matérielle
de l'ouvrage incriminé peut correspon-
dre au prix de vente, la valeur intrin-
sèque est au moins de 20 °/n inférieure
au prix demandé;
20 L'ouvrage présente des lacunes,
des imperfections, en matière historu
que notamment, les auteurs conseillés
sont médiocres et en médecine l'écri-
vain a quelque retard sur la thérapeu-
tique moderne.
Mme de G., justement blessée dans
son amour-propre d'auteur, intervient
au procès et demande à son tour des
dommages-intérêts en réparation du
préjudice causé.
Plaidoiries. Exposés. Discussions.
Enfin, cette décision du juge de paix,
adoptant les conclusions de l'expert,
et décidant que le prix de l'ouvrage
serait baissé de 20 /n. -
Jugement singulier!* Si l'on se met
à expertiser la valeur intrinsèque des
livres, songez à toutes les aventures
qui ne manqueront pas de se pro-
duire.
Vous avez acheté un livre-? Il ne
vous plaît pas ? Procès. Ce livre ne
vaut pas son prix! Le style fen est
mauvais, la matière insuffisante ou les
conclusions erronées !
Vous croyez, sur la foi du titre,
acheter un livre sérieux et vous tom-
bez sur une œuvre légère ? Procès. Il
y a tromperie sur la marchandise.
J Vous achetez un dictionnaire et vous
découvrez qu'il y manque un mot rare ?
Procès. Le dictionnaire est 4incomplet !
Expertise. Expertise. Expertise.
Mais ne sourions pas. La chose- est
grave. C'est, purement et simplement,
si l'on adopte les conclusions de la
justice de paix lyonnaise, la fin de
toute transaction !
Car les auteurs et les éditeurs sont
seuls juges du prix qu'il convient d'éta-
blir pour les livres qu'ils publient. Et
M. Tartempion a parfaitement le drbit,
si tel est son bon plaisir, de vendre
mille francs un recueil de'sonnets, dé
même qu'un éditeur a le droit de ven-
dre pour vingt sous, s'il, lui plaît,
Candide de Voltaire sur papier à chan-
delle.
Et. pourtant, une expertise recon-
naîtrait sans doute que la valeur in-
trinsèque et littéraire de Candide est
supérieure au franc-papier. — P. L.
Ceux que j'ai connus::
.:a- .,.
Séverin, le mime
par GALIPAUX
Puisque jamais on ne l'appelait au-
trement. Je garde de ce bon Séverin
le meilleur souvenir. J'avais pour lui
la plus grande admiration, celle-'
qu'on doit avoir pour tout artiste qui
aime éperdument son art, et Dieu sait
si celui qui nous quitte l'aimait, son
art. C'est même à se. demander si
pour lui il en existait un autre. De
son côté, Séverin voulait bien m'ac-
corder toute son estime artistique;,
parce qu'il savait que sous le comé-
dien, il y a aussi un mime qui, au2
Cercle funambulesque, fit ses preu-
ves, en jouant un acte de lui auquel
i' donna le nom de Pour 'une bouffée
de tabac! et le sous-titre, jamais im-
primé jusqu'alors de « monomime ».
Il y a déjà quelques jours que le
fait se passa puisque eut lieu le 5
mai 1890, au Théâtre de la Bodi-
nière (qu'il ne faut pas confondre
avec la Potinière).
Cet acte eut une telle vogue que
je le jouai dans les salons particu-
liers, les ministères, représentations
à bénéfice environ cinq cents fois.
Il fut suivi de plusieurs autnes, tel
celui qu'.Mbert Carré me demanda
pour faire corps de spectacle à ce
âéveiin, par ^ui-mêma
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