Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-10-02
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 octobre 1923 02 octobre 1923
Description : 1923/10/02 (A17,N3941). 1923/10/02 (A17,N3941).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76471400
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
17,, Année - No 394.1 Le Numéro quotidien (Paris-Départements) : YINGT-CINO Centimes Mardi 2 Octobre Î923
Gabriel ALPHAUD
Directeur
.Une ample comédie à cent actes divers
Et dont la scène est l'Univers.
(LA FONTAINE.)
RÉDACTION-ADMINISTRATION
81* Boulevard /'o;ssomlièTeJ Parti
Paul QRJÈQORIO, Secréfcaire-GéaéraJ
AB°NNEMENTS S MOIS 6 MOIS 1 AN
r;.. - - - -
iC et Atonies. as 11 *3 » 78 »
011 Postale. 34 » 6* » 1XO »
^BLicité : aux Bureaux de Comœdia
a l'Agence Havas, 62, Rue de Richelieu
et dans ses succursales
* t. e ta r-^rrf*pondmncc doit Hrc adressée au Dvrtetewr
.:. AUJOURD'HUI.;.
--
1S..S. Anges Gardiens
Temps devenant progressivement inccriait.
Quelques ondées sont i, prévoir
Maximum : +2iu
RÉDACTION: Lonvr* ( 18-07
- t r ( 88-07
ADMNISTP..: L en l'a. ( 88-08
Adresse Télégraphique: COMŒDIA-PARI)
Chèque postal: 326-72-PARIS
te, T
Hui tuent l
f) u Congrès de Strasbourg
au Congrès de Lyon
Le Ç' 'Ongrès de la Fédération Géné-
rale des Spectacles de Province s'ou-
vre aujourd'hui à Lyon.
Lorsqu'on voit — grâce au remar-
quable rapport du Comité Directeur
— ln e, rapport du Comité Directeur
018 par mois, semaine par se-
Oe' détail par détail, la somme des
des démarches tjui se sont
accumulés du 23 avril 1922 au 2 oc-
tobre 923, on est stupéfait que tant
de diligence ingénieuse, tant de zèle
lumineux et clair aient été dépensés
en purel"e clair aient été dépensés
en pure perte. ou presque. Car il y
a eu tout de même un résultat en fa-
veur J®68 seuls cinématographes. En-
core "i, l enleVlé, dans une séance de
nuit, à CInq heures du matin, par l'ho-
norable député M. Levasseur, assisté
de MM. AurIol, Dariac, Bokanowski,
Taurines et Barthe.
Depuis l'année 1922, qui vit le Con-
grès de e Strasbourg, les résolutions
étaient mûres. Les actes suivirent
1
Le 27 mai, en effet, la Délégation,
issue du Congrès avec tous pouvoirs,
top wUe au ministère des Finances
par M. llibière, au ministère de l'In-
térieur P&r M. Maunoury.
Le 20 Juin, M. Taurines dépose, un
projet e loi signé par vingt-huit dé-
Le 28 juin, entrevue importante (le
M. Bérard, ministre de l'Instruction
Publique, de MM. Franck, Dufresne,
Brézillon, ?n, Robert de Fiers, Bokanowski
Le l'tot réunion au Concert
Le 6 juillet, réunion au Concert
Le 7 septembre, nouvelle réunion
Le 29 septembre, assemblée inter-
syndicale à Paris, au Théâtre.Edouard-
Le 20 octobre, lettre ouverte aux dé-
putés e t sénateurs.
Le 26 octobre, nouvelle réunion à
6 rioverabre, réception à la Cham-
bre des députés du Bureau de la Fédé-
ration Nationale des Spectacles par M.
bokanowski.
Le 14 Novembre, création du Groupe
interparementaire du Spectacle.
17 novembre, nouvelle entrevue
au ïki^s"®ourbon, avec MM. Taurines
Delaune.
Le 27 novembre, encore une réu-
au Palais-Bourbon.
Le Ier décembre, encore une réunion
interparlementaire pour préparer une
visite au ministère des Finances.]
çue décembre, la Délégation est re-
tç * le ministre des Finances.
Le 23 décembre, dépôt sur le Bureau
de la Cambre de la proposition Au-
Le 20 janvier (le seul résultat ob-
'~a~~ de la loi modifiant les taxes
raphiques sur les bases du
Taurines modifiées par l'amen-
ment Barthe.
Le 29 janvier, réunion du Conseil
à Lyon.
Le 3o janvier, réunion sous la pré-
sidence de M. le Sénateur Deloncle.
Le 3i janvier, dîner et réunion Au-
riol.
Le 2 février, nouvelle visite au mi-
nistère des Finances avec M. Robert
de Fiers, président des Auteurs.
Le 3 février, réunion au Palais des
Fêtes à Paris.
Le 5 février, envoi des rapports à
tous les affiliés de la Fédération.
Le 8 février, lettre ouverte du Syn-
dicat. Echanges de correspondance
jusqu'au 17 février avec M. Delaune.
Le 21 février, entretien avec M. Au-
riol.
Le 23 février, lettre Goiffon.
Le 25 février, lettre Fougeret.
Le 2$ février, nouvelle réunion au
Sénat.
Le i3 mars, lettre à M. Chaumet et
démarche auprès du Comité Mascu-
raud.
Le 27 mars, intervention de la
Chambre de Commerce de Bordeaux.
Le 25 avril, assemblée générale à
Toulouse.
Le 2 mai, visite à M. le Directeur
des Contributions Indirectes.
Le 17 mai, nouvelle réunion à la
Chambre des députés.
Le 15 juin, réception par M. Dariac,
président de la Commission des Fi-
nances de la Chambre.
Etc., etc.
Je ne crois pas qu'une fédération
quelconque, aussi nombreuse et aussi
dispersée que l'est à travers la France
la Fédération du Spectacle, ait jamais
donné autant de preuves d'une appli-
cation aussi soutenue. pour si peu de
résultat.
Il a donc manqué quelque chose
la méthode.
Car on était et on est aujourd'hui
encore d'accord sur la doctrine.
Il faut dès lors trouver autre chose
que les moyens employés jusqu'à ce
jour.
Il y a trop de temps perdu en iéu-
nions, en démarches, en visites inef-
ficaces. Je m'excuse de fe dire à nos
amis. en toute simplicité.
Il faut qu'il sorte du Congrès de
Lyon un programme d'application
réalisable dans le minimum de temps
avec le maximum d'intensité.
Pour sa part, Comœdia va s'y em-
ployer.
Gabriel Alphaud.
M. Alfred Bruneau, commandeur de la Lé-
gion d'honneur, directeur de l'Enseignement
musical, vient d'être officiellement délégué
par M. le ministre des Beaux-Arts pour le
représenter au Congrès de Lyon, organisé
par la Fédération générale des Associations
de directeurs de spectacle de Province.
M. Alfred Bruneau présidera la séance de
clôture et le banquet qui auront lieu le jeudi
4 octobre à Lyon.
- Ivou
A Propos d'une barbe
Donc, rilon cher Nozière, peu vous
chaut que le Néron de la Comédie-Fran-
çaise soit a.vec ou sans barbe. Vous don-
'1ClI! avec ou sans barbe. Vous clon-
près de deux colonnes de Y Avenir
cette querelle et vous espérez qu'un
quaire f, « de bonne volonté » se trou-
li i Justifiera le Néron à barbe de
! \P rt Lambert.
Je veux vous faire la partie belle :
utile de courir chez l'antiquaire. Le
Louvre suffira : il abrite un Néron ado-
lescent au visage adouci par un collier
de frisottant duvet. Hélas ! Ce ne fut
sottant duvet. Hélas ! Ce ne fut
on que le Néron d'un jour. Non
le Néron de notre imagination et de
histoire. C'èst celui-là qu'il faut nous
monter, comme le fit M- de Max, com-
i ~omme le fit M. de Max, com-
fait, fougueux et fol, M. Jean
\\,¡:. te Nero. définitif, non l'acciden-
Avec sa barbe mussetique, M. Albert
Lambert 110 peut même pas nous faire
Il poils follets du fils d'OEno-
ns. One la grande et la petite his-
1 Clutes deux, condamnent ce Né-
1\ n c^ier ^ozi('re' lorsque vous
10n cher Nozlere, lorsque vous
prochez ma « cruauté » à l'égard
de M. Albert Lambert parce que j'aurai
qué, estimez-vous, une dislance
« entre son talent et le génie de Mounet-
Sully », ne serait-ce pas vous le plus
oniquement cruel?
Je m'étais bien gardé de développer
ce point, sachant mieux que person-
ne qu'il n' est pas un comédien au Théâ-
Français uçals qui ne tienne Mounet-Sul-
pour un sommet. Vous êtes, mon cher
Sozière, plus royaliste que nos rois de
théâtre.
Et derechef, voire icr-oc-ité me navre,
bon apotre, lorsque YOus Il) l" irpro-
de "'Jupe!' celle barbe en quatre
1 Une soirée parisienne
La victoire de Cora,
Comme directrice, comme artiste. Mme
Cora Laparcerie a remporté hier une dou-
ble victoire. Ceux-là seuls la nieront qui
ignorent tout des difficultés administratives,
qui n'abaissent jamais les yeux sur
les labeurs de la préparation. Ceux-là seuls
la nieront qui dans cette atmosphère em-
poisonnée de l'après-guerre, ne veulent
plus ou ne savent plus être des juges équi-
tables, des spectateurs loyaux.
Tout Paris était là, ce joli public des
grandes premières qu'il est si difficile de
réunir, si délicat de bien assembler. Et
lorsque, face à la salle magnifique, Cora
apparut « masquée, cuirassée d'ombre »,
silencieuse et -émouvante comme l'ange
noir de la douleur, la salle lui fit tout d'un
coup ovation : non point une de ces ova-
tions bruyantes, qui ne vont pas sans pré-
paratifs, mais une de ces ovations du cœur
et de l'esprit que les vrais Parisiens savent
seuls trouver.
Belle récompense d'un labeur acharné et
d'une création admirable, dont M. Régis
Gignoux et M. Armory parleront demain
avec leur autorité et leur verve coutu-
mières. G. A.
et découvrez la vraie question, la ques-
tion d'âge. Pardieu! nous le savons de-
puis le bachot que prendre cette ques-
tion par la barbe c'est « la prendre
par le petit côté » et qu'il nous faudrait
un Néron jeune.
Vous parlez d'or et je suis heureux
de savoir enfin, par votre entremise,
sans malice, que le Néron de Racine est
encore très jeune. Mais, croyez-moi, un
comédien préférera toujours, même s'il
n'est qu'un homme, qu'on lui fasse une
querelle de barbe plutôt qu'une querel-
le d'âge. J'avais rêvé d'éviter ce dot
au bon M. Albert Lambert. Vous le lui
infligez. Vous êtes un néronien, ô No-
zièreî —- et barbu!.
Gabriel Boissy.
Béret duvetine brodé or sur bande noire, porté par Mlle Andrée Reynis. Modèle Jane
Blanchot. — Chapeau porté par Mlle Vaudry. Modèle Blanche et Simonne.
(Photos Henri Mannel)
•Ola^que^ et Viçagcç
D@:~ pêrpejS De Venise
VENISE, 28 septembre.
(De notre envoyé spécial)
La grande saison se tasse. La Monte-'
fiori, la Casati sont déjà parties pour
Rome. Mme de Polignac a donné ses
dernières réceptions dans son palais du
Canale, gardé par ses pieux aux flam-
mes blanches et rouges : Ardendo ar-
disco! s'écrie d'Annunzio en les voyant
du balconnet de son jardin qui, en face,
cache son petit pavillon rose derrière
deux cèdres bleus ; des pots de pierre,
un angillon tout nu, faisant des taches
blanches dans la verdure.
Les autres dames de Venise n'ont pas
d'argent et ne donnent plus de fêtes.
Elles se contentent d'offrir le vermouth à
la terrasse de Florian : une demi-dou-
zaine de commères aux noms grandilo-
quents, arrivant sur la Piazza, solennel-
les comme la Venise de Véronèse, et
aussitôt assises s'allumant à des potins
de manucures, aidées par un diplomate
serbe, deux ou trois charmantes petites
poules françaises folâtrant avec l'innom-
brable légion des princes italiens, trois
dames américaines et l'étonnant Tolen-
tino, peintre, musicien, quattrocentistc,
Le phare de Saint-Marc à Venise
baisant des mains, saluant des pieds,
plus encore que le doge actuel, Aldô
Jesurum, propriétaire de la plupart des
églises et des bars de Venise.
Ou bien, pour faire des économies,
n'invitent-elles qu'à des tangos où cha-
cun paie ses* vingt lire, pour l'entrée et
les consommations : la vie est chère à
Venise !. Le racolage s'y fait comme
aux beaux temps et trouve-t-on de tout,
presque de toutes dans ces bals.
— Moi, je travaille les étrangers jus-
qu'au premier janvier. Après quoi, je
vis ma vie pour recommencer à la
prochaine saison, dès avril.
Ainsi s'excusait la plus authentique et
aussi la plus délicieuse comtesse.
Aussi les étrangers s'amusent-ils entre
eux, si j'ose dire, et c'est eux qui orga-
nisent les véritables fêtes vénitiennes, au
Doméli, au Grand Hôtel ou simplement
chez eux quand ils ont trouvé un palais
à louer.
Vous rappelez-vous la petite baronne
Lyska Kostio, celle qui, avec Mlle For-
zane, lança, vers 1913, la mode du ven-
tre en avant et du parapluie sous le
bras ?
- Elle est dans Venise et tous les jours
époustoufle la Piazza de ses châles, de
ses pendants d'oreilles, de ses barzoïs à
colliers de turquoises, de ses domesti-
ques hindous et chinois habillés comme
des Borgias.
Elle a loué dans San Trovaso un pa-
lais Renaissance en face du Nani-Moce-
niso, le palais des splendeurs! et où le
jardin est un des plus grands de Venise.
Faute d'antilopes et de léopards, elle y
a lâché tous ses chiens russes, habillés
comme sur les fresques de Tiepolo, une
vingtaine de singes à collerettes et à
grelots, et un nombre inimaginable de
cacatoès qui, toute la nuit, font presque
autant de bruit que les gondoliers.
Il y a des terrasses, des pièces d'eau,
des bosquets .d'amour, des rampes, des
marbres : fûts de colonnes et Vénus ac-
croupies que brutalisent toutes ces bêtes
de conte. Et c'est là dedans que Lyska
Kostio a imaginé une fête « retour de
Chine et d'Afghan », tous les soutiers,
marins, rôdeurs asiatiques du port réqui-
sitionnés pour être costumés en por-
teurs de lanternes, pourvu qu'ils eus-
sent la gueule jaune et pas trop de lèpre
aux doigts.
Et, dès minuit, la fête commença, les
invités arrivant en gondoles portant cha-
cune un teneur de torchères, de sorte
que les canaux semblaient parcourus
par des zigzags de feu.
Sur le perron, selon la tradition, tous
les tapis du hall avaient été jetés jus-
qu'aux marches. Et sur un socle, telle
naguère la Casati, entre deux Nubiens
portant glaive, étendard et lumières, la
belle Caucasienne recevait ses invités.
Elle était nue, si l'on peut être nue
dans un costume de verre, fait de perles
de feu enroulées autour d'elle et lui
donnant l'aspect d'une énorme chrysa-
lide transparente et enflammée.
Ce que fut le bal, le festin, on s'en
doute ; après le défilé d'usage : le duc de
T. porté sur le pavois par toute sa
maison, la moindre dame en litière et
suivie de ses pages, notre ami Fasquelle
en ambassadeur du Thibet, enveloppé
dans un tel manteau d'or que s'étei-
gnaient les cadres des miroirs d'alen-
tour. Dans le patio, la table servie pour
cent convives, d'un seul jet de marbre
noir, haussant des tours de fruits, de pâ-
tes sucrées, de glaces si haut qu'elles
atteignaient les balcons.
Et les fanfares sonnant, les orchestres
violonnant, les chiens, les singes, les ca-
catoès menant leur charivari sous la
lune, auquel un autre se mêla bientôt.
Et ce fut la belle cohue.
Les soutiers, les marins, les figurants,
les bestiaires, les esclaves enfin, bien-
tôt ivres, ne purent résister à tant de
promesses visibles, car il faisait bien
chaud et les manteaux ne couvraient que
des voiles.
Ils s'élancèrent. Les vieilles furent
discrètes. Mais quelques autres piaillè-
rent.
* Ce fut l'assaut.
— Lâchez les chiens, mais gardez les
singes! criait la maîtresse du palais.
Ce fut la fuite .des masques par les
petites rues. Et, plus vite qu'à l'ordi-
naire, toute la bande gagna la place
Saint-Marc où elle rencontra la masca-
rade venant du Lido.
Elle s'y jeta, mais comme Gribouille
dans l'eau, les seigneurs vénitiens ache-
vant à leur avantage ce qu'avaient com-
mencé les patibulaires Asiatiques.
Michel Georges-Michel
La Promotion Pasteur
Nous pouvons ajouter quelques indications
à celles que nous avons données hier au su-
jet de la promotion Pasteur.
Sont promus:
Grands-officiers. - MM. d'Arsonval, Mou-
reu.
Commandeurs. - MM. Lacroix (du Mu-
séum), Roger (doyen de la Faculté de mé-
decine).
Officiers. — MM. Caullcry, Hademard,
Langevin, docteur Marcel Labbé.
Chevaliers. MM. Dauzat, Chassaigne.
En dcwricmc page. :
L'cclicc tin la greve des "machinistes.
Les Fêtes du Peuple
Pour inaugurer leur sixième saison, les
Fêtes du Peuple donneront, le 31 octobre,
en soirée, au Trocadéro, un festival Wag-
ner-Beethoven, avec le tableau final des Maî-
tres Chanteurs et la Neuvième Symphonie.
La préparation chorale commence ce soir
même, mardi 2 octobre. Répétition (hom-
mes), 20 h. 30, au siège, 17, rue de Sambre-
et-Meuse (mercredis : ferrmes ; vendredis :
ensemble ).
La chorale mixte des Fêtes du Peuple de-
mande des voix de femmes. Auditions et ins-
criptions (gratuites), Je vendredi. (H n'est
Das nécessaire de connaître la musique.)
j Maison de f Œuvre 1
La Maison avant tout ! PIF
Drame en 3 actes de M. Pierre Hamp
, Perinde ac cadaver.
Mme Vve Enard dirige le tissage Enard,
laines et soies, avec le concours de M.
Victor Vasseur, son fondé de pouvoir et de
M. Vincent Houssac, chef de vente. Les
deux hommes ont des goûts différents, des
idées personnelles : ils ne s'aiment pas.
'Mais ils s'accordent pour servir la maison
Enard, la maintenir dans la prospérité tant
que M. Paul Enard, 26 ans, n'aura pas
succédé à sa mère. Ils l'aiment, cette mai-
son, parce qu'elle est le monument élevé
par des générations de patrons et de tra-
vailleurs. Ils l'aiment également pour un
autre motif : Victor Vasseur exprime dans
son dévouement l'amour timide, respec-
tueux qu'il a voué à sa patronne. Plus
simple, plus entier, Vincent Houssac aime
la maison parce qu'il aime vendre, bien
vendre de belles marchandises et -que !e
tissage Enard en fabrique qu'on ne trouve
pas sur le marché.
Le jils Enard est impatient de diriger la
maison, de remplacer sa mère : froid or-
gueilleux, perfide, c'est une sorte de petit
Néron qui n'ose envisager tout de suite
la mort d'Aggripine. Mais Victor Vasseur,
devant son coffre-fort, est comme un Bur-
rhus. Il monte la garde, le fils Enard l'as-
somme avec un cadre de bronze qui enfer-
me la médaille donnée au vieux serviteur
pour ses trente ans de service.
Le vieux serviteur en mourant n'a pas
dénoncé son assassin. Pour l'honneur de
la maison, il a dit qu'il était tombé. Mais
le secret du meurtre a été découvert. La
police a mené une enquête. Vainement.
Les deux secrétaires. Mlle Henriette et
Mlle Claire, 24 ans et 22 ans sont restées
discrètes, comme le leur demandait Vas-
seur; devenu fondé de pouvoirs. Le client
qui croit profiter de l'accident pour ache-
ter à bon compte trouve le tissage mieux
organisé que jamais : ou lui livrera la
marchandise à l'heure dite, même qualité,
mêmes conditions et toujours dévoué à vos
ordres.
Le fils Enard, toujours impatient, s'en
prend alors au nouveau fondé de pouvoirs.
Mais celui-ci est un vieux renard. Il n'op-
pose pas au jeune ambitieux la passivité
de la première victime. Son tempérament,
ses habitudes de vendeur lui ont donné une
faconde, une jovialité qui sont ses armes
défensives. Estimant que le fils a montré
ses aptitudes, a gagné sa maîtrise en ven-
dant habilement un stock de vieux draps,
il lui cède la place, il force la reine-mère
à abdiquer.
Etant donné le tortueux et ténébreux
petit patron, je crois que le fidèle employé
eut mieux fait de le tuer discrètement,
proprement, car ce fils Enard me semble
trop volontaire, trop entêté pour être jamais
un bon directeur d'usine. Mais il faut ad-
mettre qu'un employé comme Vasseur a
plus d'expérience, plus de perspicacité que
nous. Le drame est resté celui du double
sacrifice que deux employés consentent dé-
libérément, spontanément, naturellement
pour sauver l'honneur commercial, de mê-
me que des patriotes donneraient leur vie
ou leur fortune pour l'honneur national,
des martyrs pour leur religion, des fana-
tiques pour leur Dieu, des jésuites pour
leur ordre. Le perinde ac cadaver devient
la maison avant tout!
Ainsi, venant à la scène. M. Pierre
Hamp y apporte le nouvel évangile qui
est dans ses romans. (Le mot évangile a
été employé par M. André Beaunier dans
les belles pages d'Au service de la déesse
qu'il a consacrées à l'auteur de la Peine
des hommes). Pour ses débuts au théâtre,
le romancier \¡ dédaigné de changer sa ma-
nière. Il n'a pas modifié, comme diraient
ses personnages, ses procédés de fabrica-
1 De gauche à droite !: Mlle Cazeneuve, MM. Lugné Poe, Roger Wéber.
(rii'ito lli'ini Mhuik.1.)
tion. Que lui importe si la mode est de
sacrifier la qualité à l'apparence, la solidité
à l'élégance. Que lui importe si l'article de
Paris se vend plus facilement sous un em-
paquetage coquet, avec une preseiVation
plus aimable. Cet artisan ne travaille pas
pour les bazars. Il prend son sujet brut,
en belle matière, il le forge et le tourne,
il en tire cent idées solides. Mais il refuse
de nickeler, de dorer, de vernir. Aux con-
sommateurs d'apprécier. Ceux qui sont fi-
dèles à la Maison de l'Œuvre, qui mettent
]a maison avant tout, ont acclamé hier le
premier drame de M. Pierre Hamp, sans
chicaner certaines naïvetés à un pareil dé-
butant. Ce qui surprendra le plus un pu-
blic; parisien, c'est que le dévouement des
vieux1 employés. leur culte de l'honneur
commercial soient partagés par les deux jeu-
ne^. secrétaires qui gardent le secret du
drame, alors que chacune d'elles aime l'un
des deux adversaires, l'une le jeune pa-
tron, l'autre l'employé. On s'accordait à
voir là une invraisemblance. N'est-ce pas
chercher des poux dans la crinière du
lion ?
M. Lugné-Poe qui a découvert l'origina-
lité de cette œuvre, nous fait comprendre
sa densité, sa force de pénétration, sa beau-
té. Il joue avec une ardeur magnifique et
son comique le plus sûr ce (5a.udissart du
Nord. M. Francis Baissac exprime avec
autant de simplicité que de dignité la mé-
lancolie du vieil amoureux offert en holo-
causte. Mme Cazencuve est une mère froi
de, calme : la patronne. Mmes Suzy Prir^
et Christiane Lauray sont avec toute leur
grâce et leur sensibilité les deux petites
employées à la fois discrètes et bavardes.
M. Roger Weber, voi«£ aux rôles téné-
M. Lugné Poe (Houssac)
: (Dessin de Pavi' ;
breux, est le petit Néron du tissage. M.
Alain Dhurtal est naïf comme tout bon
acheteur. 1 - .-
Régis Gignoux.
LA SOIREE
.Parlons, avant tout, de la Maison. Celle
ck rCEuvre, à l'instar de beaucoup d'autre
théâtres, s'est refait une beauté., Chaque:<.n..
née, Lugné .Poe fait subir à l'ancienne "Salle1
Berlioz quelques modifications et* embellis-
*
sements nouveaux. *
Comme jè pénètre en la cité'.Mbuthiers et>
me dirige vers le contrôle, suivant, docup,
la foule des invités, 'les-critiques que vous
savez, les théâtr.eux avertis et quelques mes-
sieurs de la littérature, des gens< me disent
aussitôt : « Avez-vous vu le sous-sol?*11'"fabt
avoir vu le sous-sol. » l
Je ne manquai pas, dès le premier entr er*
te, de descendre à la cave, cave illumina
comme lie sont à présent les celliers pari-
siens où l'on accoutume de donner l'a corné-
die, en me rappelant seulement que, jadis, les
sous-sols étaient réservés à la conserva'on
des breuvages, par l'installation voisiae d'un
bar américain.
L'e bar, ici, est suédois, tout au moins le
faut-il supposer, car la barmaid est genti-
ment parée du costume national. Si ce ms-
tume national-là n'est pas le costume nr::o-
nal suédois, ce n'est de ma faute. Enrin,
c'est toujours un costume national et ça re-
jouit les âmes compétentes et les amateurs
de pittoresque. L'ensemble de ce sous-sol est
pimpant, rutilant, amusant. Tout y donn4
l'impression que l'on est en voyage, ce qui
convient bien dans cette maison qui s'rst
fait si longtemps une spécialité des produits
d'importation. -
Pour mieux compléter notre illusion, on a
i. nstalle là une petite bibliothèque de che.
tous les goûts. Si vous n'aimez pas les belles
lettres, vous êtes indigne d'être à l'Œrnre.
D ailleurs, j'ai des compagnons de voyage
dont les têtes me reviennent parfaitement
Je les ai déjà rencontres quelque part.
L'avant-veille peut-être. Un nomade de let-
tres m'interroge : « Où croyez-vous être, ,.J,n
cher confrt'rc? x. D'abord, je suis beau-' 11.
trop modeste pour croire être même-quçique
Gabriel ALPHAUD
Directeur
.Une ample comédie à cent actes divers
Et dont la scène est l'Univers.
(LA FONTAINE.)
RÉDACTION-ADMINISTRATION
81* Boulevard /'o;ssomlièTeJ Parti
Paul QRJÈQORIO, Secréfcaire-GéaéraJ
AB°NNEMENTS S MOIS 6 MOIS 1 AN
r;.. - - - -
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011 Postale. 34 » 6* » 1XO »
^BLicité : aux Bureaux de Comœdia
a l'Agence Havas, 62, Rue de Richelieu
et dans ses succursales
* t. e ta r-^rrf*pondmncc doit Hrc adressée au Dvrtetewr
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Quelques ondées sont i, prévoir
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- t r ( 88-07
ADMNISTP..: L en l'a. ( 88-08
Adresse Télégraphique: COMŒDIA-PARI)
Chèque postal: 326-72-PARIS
te, T
Hui tuent l
f) u Congrès de Strasbourg
au Congrès de Lyon
Le Ç' 'Ongrès de la Fédération Géné-
rale des Spectacles de Province s'ou-
vre aujourd'hui à Lyon.
Lorsqu'on voit — grâce au remar-
quable rapport du Comité Directeur
— ln e, rapport du Comité Directeur
018 par mois, semaine par se-
Oe' détail par détail, la somme des
des démarches tjui se sont
accumulés du 23 avril 1922 au 2 oc-
tobre 923, on est stupéfait que tant
de diligence ingénieuse, tant de zèle
lumineux et clair aient été dépensés
en purel"e clair aient été dépensés
en pure perte. ou presque. Car il y
a eu tout de même un résultat en fa-
veur J®68 seuls cinématographes. En-
core "i, l enleVlé, dans une séance de
nuit, à CInq heures du matin, par l'ho-
norable député M. Levasseur, assisté
de MM. AurIol, Dariac, Bokanowski,
Taurines et Barthe.
Depuis l'année 1922, qui vit le Con-
grès de e Strasbourg, les résolutions
étaient mûres. Les actes suivirent
1
Le 27 mai, en effet, la Délégation,
issue du Congrès avec tous pouvoirs,
top wUe au ministère des Finances
par M. llibière, au ministère de l'In-
térieur P&r M. Maunoury.
Le 20 Juin, M. Taurines dépose, un
projet e loi signé par vingt-huit dé-
Le 28 juin, entrevue importante (le
M. Bérard, ministre de l'Instruction
Publique, de MM. Franck, Dufresne,
Brézillon, ?n, Robert de Fiers, Bokanowski
Le l'tot réunion au Concert
Le 6 juillet, réunion au Concert
Le 7 septembre, nouvelle réunion
Le 29 septembre, assemblée inter-
syndicale à Paris, au Théâtre.Edouard-
Le 20 octobre, lettre ouverte aux dé-
putés e t sénateurs.
Le 26 octobre, nouvelle réunion à
6 rioverabre, réception à la Cham-
bre des députés du Bureau de la Fédé-
ration Nationale des Spectacles par M.
bokanowski.
Le 14 Novembre, création du Groupe
interparementaire du Spectacle.
17 novembre, nouvelle entrevue
au ïki^s"®ourbon, avec MM. Taurines
Delaune.
Le 27 novembre, encore une réu-
au Palais-Bourbon.
Le Ier décembre, encore une réunion
interparlementaire pour préparer une
visite au ministère des Finances.]
çue décembre, la Délégation est re-
tç * le ministre des Finances.
Le 23 décembre, dépôt sur le Bureau
de la Cambre de la proposition Au-
Le 20 janvier (le seul résultat ob-
'~a~~ de la loi modifiant les taxes
raphiques sur les bases du
Taurines modifiées par l'amen-
ment Barthe.
Le 29 janvier, réunion du Conseil
à Lyon.
Le 3o janvier, réunion sous la pré-
sidence de M. le Sénateur Deloncle.
Le 3i janvier, dîner et réunion Au-
riol.
Le 2 février, nouvelle visite au mi-
nistère des Finances avec M. Robert
de Fiers, président des Auteurs.
Le 3 février, réunion au Palais des
Fêtes à Paris.
Le 5 février, envoi des rapports à
tous les affiliés de la Fédération.
Le 8 février, lettre ouverte du Syn-
dicat. Echanges de correspondance
jusqu'au 17 février avec M. Delaune.
Le 21 février, entretien avec M. Au-
riol.
Le 23 février, lettre Goiffon.
Le 25 février, lettre Fougeret.
Le 2$ février, nouvelle réunion au
Sénat.
Le i3 mars, lettre à M. Chaumet et
démarche auprès du Comité Mascu-
raud.
Le 27 mars, intervention de la
Chambre de Commerce de Bordeaux.
Le 25 avril, assemblée générale à
Toulouse.
Le 2 mai, visite à M. le Directeur
des Contributions Indirectes.
Le 17 mai, nouvelle réunion à la
Chambre des députés.
Le 15 juin, réception par M. Dariac,
président de la Commission des Fi-
nances de la Chambre.
Etc., etc.
Je ne crois pas qu'une fédération
quelconque, aussi nombreuse et aussi
dispersée que l'est à travers la France
la Fédération du Spectacle, ait jamais
donné autant de preuves d'une appli-
cation aussi soutenue. pour si peu de
résultat.
Il a donc manqué quelque chose
la méthode.
Car on était et on est aujourd'hui
encore d'accord sur la doctrine.
Il faut dès lors trouver autre chose
que les moyens employés jusqu'à ce
jour.
Il y a trop de temps perdu en iéu-
nions, en démarches, en visites inef-
ficaces. Je m'excuse de fe dire à nos
amis. en toute simplicité.
Il faut qu'il sorte du Congrès de
Lyon un programme d'application
réalisable dans le minimum de temps
avec le maximum d'intensité.
Pour sa part, Comœdia va s'y em-
ployer.
Gabriel Alphaud.
M. Alfred Bruneau, commandeur de la Lé-
gion d'honneur, directeur de l'Enseignement
musical, vient d'être officiellement délégué
par M. le ministre des Beaux-Arts pour le
représenter au Congrès de Lyon, organisé
par la Fédération générale des Associations
de directeurs de spectacle de Province.
M. Alfred Bruneau présidera la séance de
clôture et le banquet qui auront lieu le jeudi
4 octobre à Lyon.
- Ivou
A Propos d'une barbe
Donc, rilon cher Nozière, peu vous
chaut que le Néron de la Comédie-Fran-
çaise soit a.vec ou sans barbe. Vous don-
'1ClI! avec ou sans barbe. Vous clon-
près de deux colonnes de Y Avenir
cette querelle et vous espérez qu'un
quaire f, « de bonne volonté » se trou-
li i Justifiera le Néron à barbe de
! \P rt Lambert.
Je veux vous faire la partie belle :
utile de courir chez l'antiquaire. Le
Louvre suffira : il abrite un Néron ado-
lescent au visage adouci par un collier
de frisottant duvet. Hélas ! Ce ne fut
sottant duvet. Hélas ! Ce ne fut
on que le Néron d'un jour. Non
le Néron de notre imagination et de
histoire. C'èst celui-là qu'il faut nous
monter, comme le fit M- de Max, com-
i ~omme le fit M. de Max, com-
fait, fougueux et fol, M. Jean
\\,¡:. te Nero. définitif, non l'acciden-
Avec sa barbe mussetique, M. Albert
Lambert 110 peut même pas nous faire
Il poils follets du fils d'OEno-
ns. One la grande et la petite his-
1 Clutes deux, condamnent ce Né-
1\ n c^ier ^ozi('re' lorsque vous
10n cher Nozlere, lorsque vous
prochez ma « cruauté » à l'égard
de M. Albert Lambert parce que j'aurai
qué, estimez-vous, une dislance
« entre son talent et le génie de Mounet-
Sully », ne serait-ce pas vous le plus
oniquement cruel?
Je m'étais bien gardé de développer
ce point, sachant mieux que person-
ne qu'il n' est pas un comédien au Théâ-
Français uçals qui ne tienne Mounet-Sul-
pour un sommet. Vous êtes, mon cher
Sozière, plus royaliste que nos rois de
théâtre.
Et derechef, voire icr-oc-ité me navre,
bon apotre, lorsque YOus Il) l" irpro-
de "'Jupe!' celle barbe en quatre
1 Une soirée parisienne
La victoire de Cora,
Comme directrice, comme artiste. Mme
Cora Laparcerie a remporté hier une dou-
ble victoire. Ceux-là seuls la nieront qui
ignorent tout des difficultés administratives,
qui n'abaissent jamais les yeux sur
les labeurs de la préparation. Ceux-là seuls
la nieront qui dans cette atmosphère em-
poisonnée de l'après-guerre, ne veulent
plus ou ne savent plus être des juges équi-
tables, des spectateurs loyaux.
Tout Paris était là, ce joli public des
grandes premières qu'il est si difficile de
réunir, si délicat de bien assembler. Et
lorsque, face à la salle magnifique, Cora
apparut « masquée, cuirassée d'ombre »,
silencieuse et -émouvante comme l'ange
noir de la douleur, la salle lui fit tout d'un
coup ovation : non point une de ces ova-
tions bruyantes, qui ne vont pas sans pré-
paratifs, mais une de ces ovations du cœur
et de l'esprit que les vrais Parisiens savent
seuls trouver.
Belle récompense d'un labeur acharné et
d'une création admirable, dont M. Régis
Gignoux et M. Armory parleront demain
avec leur autorité et leur verve coutu-
mières. G. A.
et découvrez la vraie question, la ques-
tion d'âge. Pardieu! nous le savons de-
puis le bachot que prendre cette ques-
tion par la barbe c'est « la prendre
par le petit côté » et qu'il nous faudrait
un Néron jeune.
Vous parlez d'or et je suis heureux
de savoir enfin, par votre entremise,
sans malice, que le Néron de Racine est
encore très jeune. Mais, croyez-moi, un
comédien préférera toujours, même s'il
n'est qu'un homme, qu'on lui fasse une
querelle de barbe plutôt qu'une querel-
le d'âge. J'avais rêvé d'éviter ce dot
au bon M. Albert Lambert. Vous le lui
infligez. Vous êtes un néronien, ô No-
zièreî —- et barbu!.
Gabriel Boissy.
Béret duvetine brodé or sur bande noire, porté par Mlle Andrée Reynis. Modèle Jane
Blanchot. — Chapeau porté par Mlle Vaudry. Modèle Blanche et Simonne.
(Photos Henri Mannel)
•Ola^que^ et Viçagcç
D@:~ pêrpejS De Venise
VENISE, 28 septembre.
(De notre envoyé spécial)
La grande saison se tasse. La Monte-'
fiori, la Casati sont déjà parties pour
Rome. Mme de Polignac a donné ses
dernières réceptions dans son palais du
Canale, gardé par ses pieux aux flam-
mes blanches et rouges : Ardendo ar-
disco! s'écrie d'Annunzio en les voyant
du balconnet de son jardin qui, en face,
cache son petit pavillon rose derrière
deux cèdres bleus ; des pots de pierre,
un angillon tout nu, faisant des taches
blanches dans la verdure.
Les autres dames de Venise n'ont pas
d'argent et ne donnent plus de fêtes.
Elles se contentent d'offrir le vermouth à
la terrasse de Florian : une demi-dou-
zaine de commères aux noms grandilo-
quents, arrivant sur la Piazza, solennel-
les comme la Venise de Véronèse, et
aussitôt assises s'allumant à des potins
de manucures, aidées par un diplomate
serbe, deux ou trois charmantes petites
poules françaises folâtrant avec l'innom-
brable légion des princes italiens, trois
dames américaines et l'étonnant Tolen-
tino, peintre, musicien, quattrocentistc,
Le phare de Saint-Marc à Venise
baisant des mains, saluant des pieds,
plus encore que le doge actuel, Aldô
Jesurum, propriétaire de la plupart des
églises et des bars de Venise.
Ou bien, pour faire des économies,
n'invitent-elles qu'à des tangos où cha-
cun paie ses* vingt lire, pour l'entrée et
les consommations : la vie est chère à
Venise !. Le racolage s'y fait comme
aux beaux temps et trouve-t-on de tout,
presque de toutes dans ces bals.
— Moi, je travaille les étrangers jus-
qu'au premier janvier. Après quoi, je
vis ma vie pour recommencer à la
prochaine saison, dès avril.
Ainsi s'excusait la plus authentique et
aussi la plus délicieuse comtesse.
Aussi les étrangers s'amusent-ils entre
eux, si j'ose dire, et c'est eux qui orga-
nisent les véritables fêtes vénitiennes, au
Doméli, au Grand Hôtel ou simplement
chez eux quand ils ont trouvé un palais
à louer.
Vous rappelez-vous la petite baronne
Lyska Kostio, celle qui, avec Mlle For-
zane, lança, vers 1913, la mode du ven-
tre en avant et du parapluie sous le
bras ?
- Elle est dans Venise et tous les jours
époustoufle la Piazza de ses châles, de
ses pendants d'oreilles, de ses barzoïs à
colliers de turquoises, de ses domesti-
ques hindous et chinois habillés comme
des Borgias.
Elle a loué dans San Trovaso un pa-
lais Renaissance en face du Nani-Moce-
niso, le palais des splendeurs! et où le
jardin est un des plus grands de Venise.
Faute d'antilopes et de léopards, elle y
a lâché tous ses chiens russes, habillés
comme sur les fresques de Tiepolo, une
vingtaine de singes à collerettes et à
grelots, et un nombre inimaginable de
cacatoès qui, toute la nuit, font presque
autant de bruit que les gondoliers.
Il y a des terrasses, des pièces d'eau,
des bosquets .d'amour, des rampes, des
marbres : fûts de colonnes et Vénus ac-
croupies que brutalisent toutes ces bêtes
de conte. Et c'est là dedans que Lyska
Kostio a imaginé une fête « retour de
Chine et d'Afghan », tous les soutiers,
marins, rôdeurs asiatiques du port réqui-
sitionnés pour être costumés en por-
teurs de lanternes, pourvu qu'ils eus-
sent la gueule jaune et pas trop de lèpre
aux doigts.
Et, dès minuit, la fête commença, les
invités arrivant en gondoles portant cha-
cune un teneur de torchères, de sorte
que les canaux semblaient parcourus
par des zigzags de feu.
Sur le perron, selon la tradition, tous
les tapis du hall avaient été jetés jus-
qu'aux marches. Et sur un socle, telle
naguère la Casati, entre deux Nubiens
portant glaive, étendard et lumières, la
belle Caucasienne recevait ses invités.
Elle était nue, si l'on peut être nue
dans un costume de verre, fait de perles
de feu enroulées autour d'elle et lui
donnant l'aspect d'une énorme chrysa-
lide transparente et enflammée.
Ce que fut le bal, le festin, on s'en
doute ; après le défilé d'usage : le duc de
T. porté sur le pavois par toute sa
maison, la moindre dame en litière et
suivie de ses pages, notre ami Fasquelle
en ambassadeur du Thibet, enveloppé
dans un tel manteau d'or que s'étei-
gnaient les cadres des miroirs d'alen-
tour. Dans le patio, la table servie pour
cent convives, d'un seul jet de marbre
noir, haussant des tours de fruits, de pâ-
tes sucrées, de glaces si haut qu'elles
atteignaient les balcons.
Et les fanfares sonnant, les orchestres
violonnant, les chiens, les singes, les ca-
catoès menant leur charivari sous la
lune, auquel un autre se mêla bientôt.
Et ce fut la belle cohue.
Les soutiers, les marins, les figurants,
les bestiaires, les esclaves enfin, bien-
tôt ivres, ne purent résister à tant de
promesses visibles, car il faisait bien
chaud et les manteaux ne couvraient que
des voiles.
Ils s'élancèrent. Les vieilles furent
discrètes. Mais quelques autres piaillè-
rent.
* Ce fut l'assaut.
— Lâchez les chiens, mais gardez les
singes! criait la maîtresse du palais.
Ce fut la fuite .des masques par les
petites rues. Et, plus vite qu'à l'ordi-
naire, toute la bande gagna la place
Saint-Marc où elle rencontra la masca-
rade venant du Lido.
Elle s'y jeta, mais comme Gribouille
dans l'eau, les seigneurs vénitiens ache-
vant à leur avantage ce qu'avaient com-
mencé les patibulaires Asiatiques.
Michel Georges-Michel
La Promotion Pasteur
Nous pouvons ajouter quelques indications
à celles que nous avons données hier au su-
jet de la promotion Pasteur.
Sont promus:
Grands-officiers. - MM. d'Arsonval, Mou-
reu.
Commandeurs. - MM. Lacroix (du Mu-
séum), Roger (doyen de la Faculté de mé-
decine).
Officiers. — MM. Caullcry, Hademard,
Langevin, docteur Marcel Labbé.
Chevaliers. MM. Dauzat, Chassaigne.
En dcwricmc page. :
L'cclicc tin la greve des "machinistes.
Les Fêtes du Peuple
Pour inaugurer leur sixième saison, les
Fêtes du Peuple donneront, le 31 octobre,
en soirée, au Trocadéro, un festival Wag-
ner-Beethoven, avec le tableau final des Maî-
tres Chanteurs et la Neuvième Symphonie.
La préparation chorale commence ce soir
même, mardi 2 octobre. Répétition (hom-
mes), 20 h. 30, au siège, 17, rue de Sambre-
et-Meuse (mercredis : ferrmes ; vendredis :
ensemble ).
La chorale mixte des Fêtes du Peuple de-
mande des voix de femmes. Auditions et ins-
criptions (gratuites), Je vendredi. (H n'est
Das nécessaire de connaître la musique.)
j Maison de f Œuvre 1
La Maison avant tout ! PIF
Drame en 3 actes de M. Pierre Hamp
, Perinde ac cadaver.
Mme Vve Enard dirige le tissage Enard,
laines et soies, avec le concours de M.
Victor Vasseur, son fondé de pouvoir et de
M. Vincent Houssac, chef de vente. Les
deux hommes ont des goûts différents, des
idées personnelles : ils ne s'aiment pas.
'Mais ils s'accordent pour servir la maison
Enard, la maintenir dans la prospérité tant
que M. Paul Enard, 26 ans, n'aura pas
succédé à sa mère. Ils l'aiment, cette mai-
son, parce qu'elle est le monument élevé
par des générations de patrons et de tra-
vailleurs. Ils l'aiment également pour un
autre motif : Victor Vasseur exprime dans
son dévouement l'amour timide, respec-
tueux qu'il a voué à sa patronne. Plus
simple, plus entier, Vincent Houssac aime
la maison parce qu'il aime vendre, bien
vendre de belles marchandises et -que !e
tissage Enard en fabrique qu'on ne trouve
pas sur le marché.
Le jils Enard est impatient de diriger la
maison, de remplacer sa mère : froid or-
gueilleux, perfide, c'est une sorte de petit
Néron qui n'ose envisager tout de suite
la mort d'Aggripine. Mais Victor Vasseur,
devant son coffre-fort, est comme un Bur-
rhus. Il monte la garde, le fils Enard l'as-
somme avec un cadre de bronze qui enfer-
me la médaille donnée au vieux serviteur
pour ses trente ans de service.
Le vieux serviteur en mourant n'a pas
dénoncé son assassin. Pour l'honneur de
la maison, il a dit qu'il était tombé. Mais
le secret du meurtre a été découvert. La
police a mené une enquête. Vainement.
Les deux secrétaires. Mlle Henriette et
Mlle Claire, 24 ans et 22 ans sont restées
discrètes, comme le leur demandait Vas-
seur; devenu fondé de pouvoirs. Le client
qui croit profiter de l'accident pour ache-
ter à bon compte trouve le tissage mieux
organisé que jamais : ou lui livrera la
marchandise à l'heure dite, même qualité,
mêmes conditions et toujours dévoué à vos
ordres.
Le fils Enard, toujours impatient, s'en
prend alors au nouveau fondé de pouvoirs.
Mais celui-ci est un vieux renard. Il n'op-
pose pas au jeune ambitieux la passivité
de la première victime. Son tempérament,
ses habitudes de vendeur lui ont donné une
faconde, une jovialité qui sont ses armes
défensives. Estimant que le fils a montré
ses aptitudes, a gagné sa maîtrise en ven-
dant habilement un stock de vieux draps,
il lui cède la place, il force la reine-mère
à abdiquer.
Etant donné le tortueux et ténébreux
petit patron, je crois que le fidèle employé
eut mieux fait de le tuer discrètement,
proprement, car ce fils Enard me semble
trop volontaire, trop entêté pour être jamais
un bon directeur d'usine. Mais il faut ad-
mettre qu'un employé comme Vasseur a
plus d'expérience, plus de perspicacité que
nous. Le drame est resté celui du double
sacrifice que deux employés consentent dé-
libérément, spontanément, naturellement
pour sauver l'honneur commercial, de mê-
me que des patriotes donneraient leur vie
ou leur fortune pour l'honneur national,
des martyrs pour leur religion, des fana-
tiques pour leur Dieu, des jésuites pour
leur ordre. Le perinde ac cadaver devient
la maison avant tout!
Ainsi, venant à la scène. M. Pierre
Hamp y apporte le nouvel évangile qui
est dans ses romans. (Le mot évangile a
été employé par M. André Beaunier dans
les belles pages d'Au service de la déesse
qu'il a consacrées à l'auteur de la Peine
des hommes). Pour ses débuts au théâtre,
le romancier \¡ dédaigné de changer sa ma-
nière. Il n'a pas modifié, comme diraient
ses personnages, ses procédés de fabrica-
1 De gauche à droite !: Mlle Cazeneuve, MM. Lugné Poe, Roger Wéber.
(rii'ito lli'ini Mhuik.1.)
tion. Que lui importe si la mode est de
sacrifier la qualité à l'apparence, la solidité
à l'élégance. Que lui importe si l'article de
Paris se vend plus facilement sous un em-
paquetage coquet, avec une preseiVation
plus aimable. Cet artisan ne travaille pas
pour les bazars. Il prend son sujet brut,
en belle matière, il le forge et le tourne,
il en tire cent idées solides. Mais il refuse
de nickeler, de dorer, de vernir. Aux con-
sommateurs d'apprécier. Ceux qui sont fi-
dèles à la Maison de l'Œuvre, qui mettent
]a maison avant tout, ont acclamé hier le
premier drame de M. Pierre Hamp, sans
chicaner certaines naïvetés à un pareil dé-
butant. Ce qui surprendra le plus un pu-
blic; parisien, c'est que le dévouement des
vieux1 employés. leur culte de l'honneur
commercial soient partagés par les deux jeu-
ne^. secrétaires qui gardent le secret du
drame, alors que chacune d'elles aime l'un
des deux adversaires, l'une le jeune pa-
tron, l'autre l'employé. On s'accordait à
voir là une invraisemblance. N'est-ce pas
chercher des poux dans la crinière du
lion ?
M. Lugné-Poe qui a découvert l'origina-
lité de cette œuvre, nous fait comprendre
sa densité, sa force de pénétration, sa beau-
té. Il joue avec une ardeur magnifique et
son comique le plus sûr ce (5a.udissart du
Nord. M. Francis Baissac exprime avec
autant de simplicité que de dignité la mé-
lancolie du vieil amoureux offert en holo-
causte. Mme Cazencuve est une mère froi
de, calme : la patronne. Mmes Suzy Prir^
et Christiane Lauray sont avec toute leur
grâce et leur sensibilité les deux petites
employées à la fois discrètes et bavardes.
M. Roger Weber, voi«£ aux rôles téné-
M. Lugné Poe (Houssac)
: (Dessin de Pavi' ;
breux, est le petit Néron du tissage. M.
Alain Dhurtal est naïf comme tout bon
acheteur. 1 - .-
Régis Gignoux.
LA SOIREE
.Parlons, avant tout, de la Maison. Celle
ck rCEuvre, à l'instar de beaucoup d'autre
théâtres, s'est refait une beauté., Chaque:<.n..
née, Lugné .Poe fait subir à l'ancienne "Salle1
Berlioz quelques modifications et* embellis-
*
sements nouveaux. *
Comme jè pénètre en la cité'.Mbuthiers et>
me dirige vers le contrôle, suivant, docup,
la foule des invités, 'les-critiques que vous
savez, les théâtr.eux avertis et quelques mes-
sieurs de la littérature, des gens< me disent
aussitôt : « Avez-vous vu le sous-sol?*11'"fabt
avoir vu le sous-sol. » l
Je ne manquai pas, dès le premier entr er*
te, de descendre à la cave, cave illumina
comme lie sont à présent les celliers pari-
siens où l'on accoutume de donner l'a corné-
die, en me rappelant seulement que, jadis, les
sous-sols étaient réservés à la conserva'on
des breuvages, par l'installation voisiae d'un
bar américain.
L'e bar, ici, est suédois, tout au moins le
faut-il supposer, car la barmaid est genti-
ment parée du costume national. Si ce ms-
tume national-là n'est pas le costume nr::o-
nal suédois, ce n'est de ma faute. Enrin,
c'est toujours un costume national et ça re-
jouit les âmes compétentes et les amateurs
de pittoresque. L'ensemble de ce sous-sol est
pimpant, rutilant, amusant. Tout y donn4
l'impression que l'on est en voyage, ce qui
convient bien dans cette maison qui s'rst
fait si longtemps une spécialité des produits
d'importation. -
Pour mieux compléter notre illusion, on a
i. nstalle là une petite bibliothèque de che.
lettres, vous êtes indigne d'être à l'Œrnre.
D ailleurs, j'ai des compagnons de voyage
dont les têtes me reviennent parfaitement
Je les ai déjà rencontres quelque part.
L'avant-veille peut-être. Un nomade de let-
tres m'interroge : « Où croyez-vous être, ,.J,n
cher confrt'rc? x. D'abord, je suis beau-' 11.
trop modeste pour croire être même-quçique
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