Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-06-13
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 juin 1921 13 juin 1921
Description : 1921/06/13 (A15,N3101). 1921/06/13 (A15,N3101).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76468225
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
Directeur: GEORGES CASELLA -
154 ÀNNÈH - N. 3101 — tJuoTTOww
te Numéro :
Paris 0 fr- 20
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êl: lIoIb 5352 Principal Correspondant H. Donnair,
ABONNEMENTS
y:o UN Al. G MOIS 3 MOIS
*rnnce 65 » 35 » 20 »
t-iranrrpp 8K » 45 » 2a.
ttXNfcl 13 JUIN 1921;
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La Société de l'Histoire du Théâtre
La Société de l'Histoire du Théâtre tiendra au-
T-JUrd'hui lundi, à 4 heures, au foyer de l'Odéon,
slol'6 la présidence de M. Henri Lavedan, sa
j^gtième assemblée générale. La bonne grâce
de M, Paul Gavault lui permet de se retrouver,
PoU'r quelques heures, en ce théâtre où elle
p'5quit.
VOici donc vingt ans que, avec une discré-
qui fut, dès l'origine, dans ses goûts, elle
^ntinue son œuvre, dont l'importance est attes-
.te Par la collection de ses.-Bulletins, riches de
arches et de travaux t'une aimable érudi-
n- Si le zèle et l'ardeur de ses fondateurs,
Aidant à ma convocation, devaient lui don-
ner de solides assises, quelque mélancolie se
nièlt à mes souvenirs de cette période de dé-
5lJt- Que de disparus, successivement parmi ses
Ambres de la première heure: deux de ses
^sidents, mon très cher ami Henry Roujon,
:u¡ apportait avec lui tant de vie, d'esprit, de
liante philosophie, et Victorien Sardou,
orÚrnpt à tempêter soudainement, s'apaisant en
^tant divinement quelque piquante anecdote ;
vice-présidents, Gustave Larroumet, Edouard
faille, grand, mince, d'une élégance militaire,
ar sien: "de Paris pour ne pas adorer le
^àtr.e sous tous ses aspects; puis Monval, l'ar-
tiste de la Comédie-Français'e, pour qui le
,~ devait être si cruel en privant de la vue
î? sagace déchiffreur de vieux papiers; Henry
,. oUcho.t le conservateur des estampes à la Na-
tale, u,ne sorte de colosse, qui semblait dé-
!|îr la maladie ; le bon Weckerlin, notre doyen
J aI°rs, avec son fort accent alsacien; Chartes
Ilh-erbe le bibliothécaire de l'Opéra, qui met-
à notre disposition le trésor de ses docu-
•ents de théâtre; Gustave Roger, Quentin-Bau-
r art, dont une rue de Paris porte aujourd'hui Le
r•°ni ; Maurice Faure, qui ne pensait qu'au- théâ-
tre d'Orange; Henry Fouquier, ce merveilleux
^'Tialiste, qui avait rédigé l'avant-propos du nu-
ero initial de notre Bulletin; Georges Gain,
î"1 remuant, si cordial, formant toujours des pro-
lek; Albert Soubies, qui institua le premier des
décerné par la société ; Mounet-Sully, Jules
7°rchevill:e, ce savant de la musique, tué glo-
r'eusement pendant la guerre.
es ombres amies repassent devant les yeux
k ceux qui demeurent, heureusement nom-
breux.
ta revois par la pensée nos premières séan-
ces, dans la bibliothèque de l'Odéon, devant
e*e de bronze — métal imposant pour sa
()jre légère —du bon Picard. L'Odéon, c'est
un théâtre où l'on répète partout, dans tous les
coins. Parfois, je dois m'excuser auprès de mes
hôtes de les faire attendre un instant la fin d'une
scène. On s'installe. Quelques-uns déposent sur
la table de précieux paquets : c'est M. G. Hart-
]"fl, qui montrera des pièces rares de sa col-
1011 d'estampes relatives à Paris; c'est M.
enri Martin, qui fera admirer les dessins d'un
manuscrit ancien; c'est M. J. d'Estournelles de
Constant, déroulant avec précaution une affi-
che de 1824, signée par le préfet de police De-
lavau, qui interdit aux acteurs et aux actrices
de reparaître sur la scène, même à la demande
du Public, après la chute du rideau, — ordon-
nance quelque peu tombée en désuétude. C'est
Georges Cain qui déploie un panorama du bou-
levard du Temple, avec ses théâtres à côté les
uns des autres.
1 ■». »Am« « -o*r—fcionnncnTtcattun des—Mé*
~ncires de Got, bien avant qu'on songe à les
publier et en lit des fragments. G. Lenôtre a
découvert dans la Gazette des Tribunaux de
?^31 l'étonnant procès, fait par Claparède, direc-
le Ur du Théâtre de Besançon, à un comédien
e sa troupe, un certain Carré, qui refusa de
1"I'r le rôle de Napoléon dans Schœnbrunn et
3 ^lnte~Hélène. Carré prétend que ce rôle n'est
pas dans ses moyens, et que le directeur, en le
lui ^^kuanî, à voulu faire l'économie de bot-
te» à t'écuyère, l'artiste en possédant une su-
perbe paire. Henri de Curzon retrace l'œuvre
le la censure impériale, qui émondait Corneil-
le et présente l'étrange travail de retouches qui
s'est exercé sur Héraclius. Funck-Brentano of-
fre son importante étude sur le For-l'Evêque, la
Bastille des comédiens. Georges Montorgueil dé-
« u le théâtre des Enfants du sieur Moreau
.! ai* Palais-Royal, en 1791. » Arthur Pougin
r'e des lettres de noblesse conférées à Rameau.
u&u%+£ Dorchain fait l'histoire d'un meuble
arlt appartenu à Corneille, qu'il possède. Des
ç] piquants sont traités par Léo Claretie, Ca-
a"IlIe Le Senne, Adolphe Aderer. « Quoi qu'il
ait été fait avant nous, a dit l'un des nôtres, il
reste encore infiniment à faire. »
4 maître Saint-Saëns est assidu à nos séan-
ces quand il n'est pas en voyage. M. Stéphane
Derville abandonne un moment ses grandes oc-
cupations pour venir causer de bibliophilie. La
Société s'élargit: au premier groupe se toi-
llt Albert Carré, qui sera un des membres
les plus dévoués à l'œuvre commune et abon-
dera en idées heureuses, Adolphe Brisson, Eu-
gène Fasquelle, James Hyde, Emile Fabre, Gé-
mier, Gheusi, Raymond Recouly, Auguste Ar-
nault, quelques parlementaires que l'art délasse
de la politique, ministres de la veille ou du len-
demain, Louis Barthou, qui, du trésor de sa bi-
bliothèque, sortira unjour, pour nous, un carnet
intime de Victor Hugo, Ch. Couyba, Paul Bon-
cour, puis encore Auguste Rondel qui, à cette
époque, soutient encore des luttes. pour faire
à l'Etat un don magnifique, Maurice L'Epine,
Paul Milliset, Jacques Normand, Lucien Fugère,
Ernest d'Hauterive, Louis Schneider, d'autres,
qui nous sont chers. v
La Société die l'Histoire du Théâtre, qui se
réunira ensuite aux Beaux-Arts, aime l'intimité
de ses séances. Le recueil de ses travaux dit
son activité dans toutes les questions qui tou-
chent au monde dramatique, ses trouvailles, les
points obscurs sur lesquels elle a fait de la lu-
mière. Mais elle prendrait volontiers comme
devise ce mot d'un sage : Dedisti mihi, Domine,
artem meam mercedem. Sa récompense est dans
les études auxquelles elle se livre.
Cependant, elle sort parfois de son laborieux
recueillement. Elle reçoit. Elle a ses diners, où
elle convie des artistes, des étrangers mêlés aux
choses du théâtre, des écrivains, des décora-
teurs.
Elle a aussi ses manifestations d'art. Elle res-
suscite le théâtre de Verdure du Bois de Boulo-
gne. Elle organise ensuite, dans le parc de l'am-
bassade d'Autriche (le comte de KhévenhuHer.
mort, d'ailleurs, avant la guerre, se piquait alors
d'être un grand ami de la France), une fête qui
a laissé un inoubliable souvenir, grâce aux soin-.
d'Albert Carré: à la fin d'une radieuse journée
de juin, les ballets d'Orphée et dIphigénie sont
dansés sur les pelouses ; à cette heure apaisée,
presque crépusculaire, dans le décor que for-
ment les grands arbres, les blanches .théories de
danseuses, évoluant aux sons d'un orchestre dis-
simulé dans les massifs, offrent un spectacle
de la plus émouvante poésie. Puis, c'est une re-
présentation et une exposition « Second-Empi-
re » à l'ambassade des Etats-Unis. Un peu plus
tard, c'est dans le grand salon des Beaux-Arts,
l'évocation d'un ballet du roi Louis XIII, dont
un de nous vient de retrouver la partition authen-
tique, le Ballet de la Merlaison.
Pendant une saison, la Société 'donne, chaque
samedi, au Théâtre Sarah-Bernhardt, des mati-
nées consacrées à des curiosités lyriques et dra-
matiques, matinées, auxquelles prend part une
élite d'artistes, .précédées de causeries.
Mais voici 1914: un grand devoir de solida-
rité s'impose. Ce n'est pas à la Société de l'His-
toire du Théâtre de dire comment elle l'a com-
pris, en disposant d'une partie de ses ressour-
ces. Les publications qu'elle préparait s'impri-
maient à Lille : elles ne lui parviendront qu'après
la délivrance de la malheureuse ville. Avec
quelques retards, le Bulletin, attestant la foi
dans l'avenir, paraîtra, cependant, imprimé ail-
leurs, précédé d'un fascicule consacré au Théâ-
tre pendant la guerre, qui sera un jour, un do-
cument historique.
Quelque temps après la fin des hostilités, c'est
une réunion où Henri Lavedan salue la mémoire
de ceux des nôtres qui sont tombés à leur poste
- ft combat (où n'y a-t-il pas eu de deuils!) et
nous incite à reprendre, dans la régularité des
eémteee, 400 é-tud- qui nous intéressent.
L'an dernier, c'est, avec l'agrément de M.
Rouçhé, membre de la Société, une matinée à
la Bibliothèque de l'Opéra, où M. Bauer fait ai-
mablement l'histoire des duos célèbres, chantés
par des artistes de l'Opéra et de l'Opéra-Comi-
que. En cette occasion encore, Albert Carré té-
moigne son amicale ingéniosité.
Vingt années se sont donc écoulées. La So-
ciété de l'Histoire du Théâtre n'est aucunement
orgueilleuse, mais, au moment de cet anniversai-
re de sa fondation, elle peut dire que, par la fi-
délité de ses membres à la tâche qu'ils s'étaient
donnée, elle a accumulé une somme de travaux
dont lui sauront gré sans doute les directeurs
et les curieux. Sans les difficultés qui pèsent
actuellement sur toutes les sociétés d'études dé-
sintéressées, elle en eût déjà donné la table mé-
thodique. Elle s'engage en une nouvelle période
ave.-. la même ferveur. Elle n'est pas, au reste
« une petite chapelle » ; elle n'est pas faussée.
Ce qu'il serp permis à son secrétaire général
d'a jouter, c'est - fait assez rare pour être re-
lev4 — que, en vingt ans, s'il a le souvenir
d'opinions différentes exprimées, parfois avec
passion, sur les questions agitées, il ne se rap-
pelle pas qu'il ; y ait eu jamais, entre ceux qui
se retrouvaient souvent, cependant, l'ombre d'un
dissentiment.
Paul GINISTY.
UNE VISITE
- Chez Mme Eleonora Duse
La Compagnie Duse*Ermete Zacconi
Turin, juin 1921.
Un hôtel moderne, à proximité de la gare.
Dans ce caravansérail bourdonnant et fiévreux,
un recoin paisible, un appartement discret, où
les lumières voilées tamisent le bruit et protè-
gent le recueillement. Des fleurs partout; et.^
dans un fauteuil bas, la douce et pensive figure,,
de Mme Duse, parant d'une noblesse inattendue
ce cadre quelconque. C'est là que la grande
altiste, dont une fidèle dame de compagnie et
amie, Mlle Désirée, une Lor-raine, défend la re-
traite, veut bien nous recevoir, ma femme et
moi, et un commun ami qui nous est également
cher, le bon poète italien et français Luigi
Amaro.
Eleonora Duse est iayonranie. Elle ne serait
que contente, tout juste satisfaite d'elle-même,
si elle n'avait conscience que le triomphe qui
vient de saluer son retour à ia scène dépasse sa
(Photo Sciutto, Gênes)
Mm. Elaonora DUSE
propre personnalité, si haute soit-elle, et rejaillit,
sur le théâtre italien tout entier, en honorant sa ;
patrie. C'est dans ce sens, et dans ce sens",
seulement qu'elle accueille, avec nos compli ,,:
ments, les hommages d'admiration inoubliables,
qui de tous les points de l'Italie et de 1 ettanger
affluent ces jours-ci vers elle, dévalent en lei
tres et en articles, s'amoncellent en télégram-
mes, sur la table, tout proches.La victoire qu elle
vient de remporter — Mme Duse en a le senti-
ment précis, et c'est le seul qui la touche - a
rendu à la scène italienne une farce de premier
ordre, dont l'absence prolongée risquait de lui
être préjudiciable. Elle a reparu, intacte et com-
me neuve, prête à livrer de nouvelles batailles,
à affronter des créations nouvelles. Il ne s'agit
pas — et Mme Duse me l'affirme derechef,
sans embagcs, — de ressasser d'anciennes piè-
ces, de rabâcher de vieux rôles. Aucun « reta-
page » dans cette laborieuse et anxieuse veillée
d'armes qu'a été, des mois et des mois du-
rant, sa préparation au nouveau cycls de repré-
sentations qui vient de commencer Et c'est là,
chez cette chevronnée du succès, de la part d'u-
ne femme non plus jeune, et qui, franchement,
courageusement, d'un beau sourire amer et im-
muable et de son auréole de cheveux blancs ac-
cuse son àge sans que l'âge l'accuse, - c'est ià,
avouons-le, un acte exceptionnel, un geste uni-
que et qui plus que forcer l'admiration, attendrit
le respect et le grandit encore.
— Vous vous souvenez, me dit la voix mer-
veilleuse, demeurée si jeune ! Vous vous souve-
nez de mes hésitations à repf aaître sur le théâ-
tre et combien j'appréhendais ces jours-ci, au
bout de dix années de silence. Mes doutes, mes
atermoiements, mes scrupules vous semblaient
excessifs ; vous, et quelques 'bons amis, vous les
avez combattus. L'amour de mon art, la né-
cessité morale où je me sentais avec mon pays
tout entier de me remettre, fortement, allègre-
ment au travail (et Mme Duse appuie sur ce
mot: travail) au sortir de ces années affreuses
et glorieuses de guerre — la pensée que je
pourrais encore rendre quelques services à mes
camarades, à ma patrie, tout cela a dissipé mes
doutes sur moi-même, retrempé mon énergie.
Soit. Vous avez bien voulu juger que je ne m'é-
tais pas abusée sur mon compte; le public, ce
public de Turin, si frémissant mais si exigeant
aussi, m'a encouragée à poursuivre. c'est
bien, et je lui en suis reconnaissante de toute
mon âme. Mais de là à accueillir les suggestions
qui me sont venues de bien des côtés, les con-
seils, et les exhortations qui n'ont pas manqué,
non! me revoyez-vous en « Dame aux Camé-
lias », en « Magda », dans tout mon ancien ré-
pertoire? Moi, non, je ne m'y revois pas, je
ne veux pas, je ne peux pas me pencher sur ces
aspects défunts de moi-même. Mon miroir me
ferait horreur. Je le briserais. Quant à combat-
tre, dissimuler, maquiller, avec mon visage, les
trsite dont les années m'ont gratifiée — (je pro-
testai doucement, en parisien, mais vainement),
ah! non, je n'y songe même pas. Telle quelle,
si je puis quelque chose encore pour l'art dra-
matique, c'est, telle quelle qu'il faut me pren-
dre, ou m'accepter, ou me donner mon congé
défitrÎtivement. -
- Ce disant, le beau visage, aux lignes pures,
resté si jeune! s'animait, frémissant, et sa pâ-
leur s'avivait d'un rose comme il n'en est chez
nul parfumeur; et la voix musicale vibrait, avec
une indicible énergie.
Elle reprenait, et concluait dans cette rare
formule, puisée à la sincérité de tout l'être:
« Certes, le temps m'a retiré quelques-uns de
ses dons; mais. en échange, je crois qu'il a pu
m'apporter quelques bienfaits, une plus profonde
connaissance de la vie, un souci supérieur des
choses de l'âme, par exemple. Eh bien, c'est
cet apport nouveau du temps qu'il me faudra
utiliser, si je le puis encore. »
La question du répertoire nouveau de Mme
D¥se était ainsi posée. Nous en causâmes lon-
guement, tout en reconnaissant la difficulté de
le composer, d'après les strictes limites que la
grande artiste entend s'imposer à elle-même. —
« ) j'ai reparu dans Ellida, précisa Mme Duse,
ia Qame de la Mer n'ayant en vérité pas d'âge.
Et je continuerai, par La Porte Fermée, de mon
graad et vieil ami Marco Praga, qui m'offre un
rôle de. mère, émouvant, et dont je suis péné-
trée. Puis, ce sera « Jean-Gabriel Borkmann »,
d'Ibsen encore, dans une note à peu près sem-
blable. n
— Et après? questionnai-je. — « Je lis beau-
coup, j'hésite encore ; je me constituerai, peu à
peu. posément, ce répertoire nouveau, comme
vous dites. » — Et ici, une affirmation, une
promesse au théâtre nouveau, et aux jeunes
de toutes les patries, qui m'est allée au cœur,
et dont je suis heureux de me faire l'écho :
« Je tiendrai beaucoup à révéler des talents
nouveaux, des œuvres nouvelles, si j'ai le bon-
heur d'en trouver et j'en ai le ferme espoir;'
non seulement d'Italie, bien que je mette au
premier rang, comme de juste, mes compatrio-
tes, — mais aussi des autres pays, et du vôtre,
en particulier, dont j'ai gardé un si reconnaissant
souvenir, et dont je n'ai pais cesse de suivre le
multiple et fécond mouvement littéraire et ar-
tistique.
Je remerciai Mme Duse pour tout l'inconnu
de consécration et de gloire dont je voyais, par
avance, ses belles mains chargées. Et je lui
demandai :
— Quand aurons-nous la joie de vous revoir,
et de vous acclamer en France et à Paris?
— La joie de vous revenir me sera accordée,
me répondit-elle. Bientôt? Je ne le sais pas en-
cqre. Je le souhaite seulement. Rien n'est vrai,
lien. absolument rien, de ce qui a été annonce
à cet égard, çà et ,Là. Dites-le nettement, je'vous
en prie. Rien n'est fait, ni décidé, pour mon
passage à l'étranger. D'ailleurs, nous avons
tout le temps d'organiser cette tournée en
France, en Belgique, en Angleterre, aux Etats-
Uni& même. D'ici peu de jours nous allons à
Bologne; de là, à Venise, probablement, quoique
Naples me demande. Etje ne dois pas oublier
Rome, et d'autres grandes villes, auxquels
nous avons promis, et qui, me dit-on, récla-
ment notre présence. N'est-ce pas, cher et
vteH ami? dit Mme Duse, se tournant vers
la. puissante et tendre figure qui venait d'entrer
en ce moment, vers Ermete Zacconi.
Ermete Zacconi, s'inclinant et baisant res-
pectueusement la main de sa grande camarade,
approuva. Le magnifique tragédien, dont tout
Paris se souvient, et dont il souhaite le retour,
avait en effet voix au chapitre, e't son acquies-
cement est d'importance. Après avoir re-débuté
avec lui et avec sa troupe ( où brillent Mme
Cristina-Zaeconi et Mlle Zacconi, femme et fille
du grand maître), Mme Duse a formé — com-
me on dit en Italie — compagnie avec lui;, et
de nouveaux et brillants éléments. L'association
Duse-Zacconi est chose faite, et du meilleur au-
gure. Elle aura son effet du moins pour l'Ita-
lie. Pour l'étranger, il se pourrait qu'il y ait
deux troupes distinctes, et partant deux occa-
sions, au lieu d'une, de fêter Je théâtre italien.
Rien n'est encore fixé, rien n'est vrai encore.
Attendons.
Et, en attendant, la causerie la plus amicale
9e poursuivait, devant nous, entre ces deux
grandes gloires, unies par la plus haute estime
et la plus sûre affection, qui chez Zacconi est
dévouement et admiration sans bornes pour
Mme Duse. Des projets et des projets s'écha-
fa'udaient. Les heures s'écoulaient, rapides,
ce pendant que dans la vaste pièce voilée d'om-
bre, les fleurs offertes par toutes les actrices
Maliennes et les fleurs envoyées par Gabriele
d'Annunzio, et renouvelées, exhalaient autour
de Eleonora Dùse comme un parfum d'âmes.
ACHILLE RICHARD.
AU STUDIO PATHE
ta soirée au bénéfice y
d'Aimée Tessandier
Tout-Paris sera mardi soir à Vincennes,
, Studio Modèle de Pathé-Consortium.
thî-a représentation organisée au bénéfice d'Ai-
mée Tessandier promet d'être tout particulière-
ment brillante. Le programme, élaboré avec le
plus grand soin, sera une suite ininteirornpua
de sensationnelles attractions dont nous publie-
cdemain la liste complète. La danse fran-
çaise y aura ses principaux représentants, le
théâtre des Champs-Elysées, le théâtre Fémina
avec la Chauve-Souris, donneront quelques nu-
h eros de leurs intéressants spectacles.
Au cours de la soirée aura lieu la vente aux
enchères de nombreux dessins et tableaux.
Nous reprendrons demain la liste des œuvres
d'art qui nous sont parvenues aujourd hui. Nous
croyons devoir rappeler aux artistes que ieurj
dessins devront nous être remis demain mardi
nilt quatorze heures. Merci à tous !
NOus avons reçu hier différentes sommes, et
demain nous publierons la troisième liste de
souscription.
te Banquet Pearl White
ROPpelons que c'est demain à midi, au Res-
~~< Langer, qu'aura lieu le Banquet Pearl
se 7"us les admirateurs de la grande artiste,
F'ftJs, ses camarades ont tenu à se faire ins-
crire. Hier dans la journée nous avons reçu de
nombreuses adhésions. Aujourd'hui on peut en-
(or s'inscrire soit à Comœdia, soit au Restau-
rant Langer.
Ser(! r 30 francs on assistera au déjeûner qui
certainement très joyeux et auquel assiste-
ront les grandes étoiles parisiennes, et on sera
tilmé aux côtés de la grande étoile américaine.
Nous publierons demain un article dé.
ANDRÉ ANTOINE
et « Le Tréteau des Lettres » d. -
I.-H. ROSNY aîné
Échos
13 Juin 1826. - Talma paraît pour la dernière
fois sur la scène dans le Charles VI, de Delavule.
L
e pont coupé.
C'était au spectacle des Escho-
liers. un des interprètes porte un de ces
pantalons à pont, fort collant, de style res-
tauration: pour plus de vraisemblance, sans
doute, le pont. fatigué, avait été restauré,
Lors d'une entrée, un craquement sinis-
tre retentit. le pont venait de sauter! Grâ-
ce au ciel, la redingote n'est pas à pans
coupés et, en évitant tout mouvement im-
prudent, l'artiste-amateur put sauver, si j'o-
se dire,.Ja face.
C'est égal, j'ai idée que Cambronne eut
cette fois, bien envie de prononcer la parole
historique. Mais, au fait, ne l'a-t-il pas
dite, avant-hier, dans L'A-t-il dit?
p
publicité.
C'est une pièce qui n'a pas été ac-
cueillie fort chaleureusement a ses débuts;
aussi, le directeur — à moins que ce ne
soit l'auteur — a imaginé de faire prome-
ner sur les boulevards des hommes-sand-
wichs avec une affiche en appelant au pu-
blic du jugement de la critique; il y est dit
textuellement, que cette pièce est celle qui
a été la plus critiquée depuis Carmen! Pas
plus!
A
liez, messieurs.-
A cette Grande enfainè d'Escrime,
qui se tient dans l'ex-palais Persan de Ma-
gic-City, assistance fort parisienne, des ar-
tistes, des littérateurs, des peintres, Yette
Andreyor et Jean TouIout, Charles Henry-
Hirsch, Armand Massard, Joé Bridge, Alex.
Lippmann, etc., etc.
Bien entendu — c'est le local qui veut
cela — un orchestre vient mêler de temps
à autre ses airs de danse au cliquetis des
armes. Mais selon le choix des morceaux,
les concurrents sont plus ou moins avanta-t.
gés: un tango berceur n'incite guère le»
épéistes à beaucoup d'entrain, en revanche,
un fox-trot ou un one-step au rythme vif
et animé est un accompagnement excellent..
Il est, dit-on, question d'handicaper les
concurrents trop favorisés par des shimmies
ou des one-step. -' ,
L
es princesses du trottoir.
t Sous ce titre à la Sardou a été créé
- - - - :-.. 1 A" - - .1 - 1-
en décembre I y 11, dans les tneaires ae ia
périphérie, le drame de MM. Arthur Ber-
nède et Aristide Bruant qui devait devenir,
en 1921, Gosseline.
On y voyait déjà la famille Méjasson au
grand complet, assistant à une représenta-
tion de mélo. Seulement la foire de Neuilly
était, au quatrième tableau, « la fête de
Belleville », et on faisait l'économie de la
cage aux lions.
Détail curieux: la distribution au Théâ-
tre Montmartre, que nous retrouvons dans
Comœdia porte que le rôle de Pestaille,
tenu aujourd'hui par M. Jean Peyrière, était
distribué à M. Laperrière.
Le souvenir de ce drame très vivant est
resté si vif, sur la Butte, parmi les vieux
habitués du théâtre du quartier, qu'on n'a
cessé d'y appeler « jaja » le vin rouge qui
devait gagner la guerre sous le nom de
« pinard. »
S
le transit gloria.-
Les mémoires d'Antoine content l'é-
mulation du Cercle Gaulois et du Cercle Pi-
galle.
Nous sommes allés en pélerinage aux
endroits d'où partit un si important mouve-
ment théâtral.
Au 37 passage de l'Elysée des Beaux-
Arts, où débuta le Théâtre-Libre, s'élève
un immeuble de quatre étages, fort élégant,
construit en 1903. Sa porte est ornée d'u-
ne sculpture: une belle femme en tenue.
libre tient un feuillet, - qui n'est pas un
manuscrit de cièce.,
Quant au Cercle Pigalle, 6, Cité du Midi,
où fonctionna une scène publique et quoti-
dienne en 1901 (le « Théâtre-Pigalle »,
où fut créée la Recommandation de M. Mis
Maurey), c'est maintenant un atelier et ga-
rage de vélos et motocyclettes.
L
es invisibles.
Admirons l'ingénuité des pompiers
de service, copains des maeninistes, amis
des babilleuses, etc.
Continuellement, du moins dans les théâ-
tres sans discipline, on en aperçoit qui, der-
riète les portants ou par les diverses ou-
vertures, assistent aux pièces, et regardent
l'effet (à coup sûr curieux pour de non pro-
fessionnels) que présente une salle de théâ-
tre pleine, vue de la scène.
Oui, mais.
Mais aucune de ces personnes ne se
tuent le raisonnement, pourtant bien sim-
ple: — Puisque je vois les spectateurs,
ç£tix-ci me voient également !
* Or rien ne manque autant de ligne, et
n'empêche l'illusion théâtrale, que ces tê-
tes curieuses surgissant là où elles ne de-
vraient pas être.
Nous avons toujours envie, de notre fau-
teuil d'orchestre, de leur faire le signe fa-
milier de reconnaissance que, dans le Roi,
le secrétaire de Bourdier faisait au policier
Blond mal camouflé.
Le Masque de Verre.
La distribution solennelle
des prix aux lauréats du
Championnat de Danses au
M Restaurant Vignon Jff
C'est ce soir, à 22 heures, au roof-garden du
restaurant Vignon, 14, boulevard de la Made.
leine, qu'aura lieu la remise des prix, des di-
plômes et des médailles aux concurrents de no-
tre Championnat qui ont obtenu des récom-
penses.
Les membres du jury et les lauréats qui n'au-
raient pas encore reçu les convocations indivi-
duelles qu'on leur a adressées sont priés de se
rendre à cette soirée qui sera des plus brillantes
of des plus oarisietmer
AU THEATRE DU VAUDEVILLE
La Vérité toute nue
Comédie en trois actes, de MM. Pierre Véber et J.,.H. Montg.J)mer,
jouee pendant la guerre, au Gymnase,
la Vérité toute nue, de MM. Pierre Veber
et James H. Montgomery, est reprise au
Vaudeville, où elle mérite de faire carrière
cet été. Le dessein des auteurs est de nous
persuader que, dans l'organisation artifi-
cielle de la société moderne, il n'est pas
possible à un homme de se tenir stricte-
ment, fût-ce pendant vingt-quatre heures,
au service de la vérité pure. La vérité ne
serait-elle donc, dans les relations des hom-
mes entre eux, que la dynamite à laquelle
ne résisterait aucune construction sociale?
A vrai dire, on s'en doutait un peu ; mais la
démonstration nous en est ici fournie par le
moyen d'une succession d'incidents variés
et ingénus, mais toujours plaisants.
L'un des mérites les plus certains de cet-
te amusante somédie est de permettre à M.
TROISIEME ACTE (Photo Henri Manuel)
Mlle DUPRAY
(Susuj
Mlle Kitty OTT
(Lulu)
Mme Matfy aEARY
(Mme Ralston)
Max Dearly d'y déployer toutes les ressour-
ces de son génie comique. L'inépuisable
verve de cet acteur extraordinaire a quel-
que chose qui confond l'esprit. Sa généreu-
se fantaisie utilise tous les modes d'expres-
sion, sans omettre la danse, et, dans l'ins-
tant même où on la croirait à bout, elle se
renouvelle pour rebondir en inventions qui
tiennent du fantastique; je ne sais pas si
l'on a jamais rencontré au théâtre une puis-
sance comique plus variée, plus riche, plus
imprévue — plus réfléchie aussi, car il est
aisé, a étudier le jeu de M. Max Dearly,
de se rendre compte que rien n'y est laissé
au hasard ni à l'improvisation, et qu'il y à
de la mathématique dans son irrésistible
bouffonnerie. Mais on se tromperait singu-
lièrement en ne voyant en lui qu'un bouffon.
Son talent mérite une estime plus haute.
M. Max Dearly possède une vision très ai-
OEUXIEME ACTE
(Photo Henri Manuel)
~Mlle a
(Rose)
lOI
M. Max DEARLY
(Bob Bllrnett)
guë du ridicule, et il est avant tout un ob-
servateur intelligent de la vie; dans ses in-
ventions les plus déréglées, il est facile de
retrouver le rési'du d'une vérité exacte, et,
si les hommes et les choses lui apparais-
sent, avec une impitoyable rigueur, si folle-
ment comiques, c'est peut-être que lui-mê-
me se promène dans le monde avec une
âme pessimiste. Son Bob Barnett, dans la
Vérité toute nue, est l'un des roi is ou il
s'est donné avec la fantaisie la plus extrava-;
gante, et il est capable, à fui seul, d'assu-
rer le succès d'une reprise qui sera heu-
reuse.
Avec son joli et lumineux visage, sa voix
claire, ses gestes prompts et la gaieté mali-
cieuse de son regard, Mlle Andrée Féran-
ijeu est charmante de grâce et de jeunesse.
Elle a de la finesse et de la vivacité, et
nous lui devons une petite Maud toute pé-
tillante de gentillesse. Mlle Mady-Berry est
une Mme Ralston importante et ronde, d'un
comique un peu appuyé, et qui ne nous a
pa§ encore fait oublier sa création de lariie.
en Folie. M. GorfeÇ, corfiédien expérimenté,
à qui nul n'en remontrerait, tient solide-
ment, mais lourdement, le rôle de Ralston,
et n'est pas éclipsé par MM. Lurville et Gi-
6ard, simplement honnêtes dans les person-j
nages de ses associés. M. Cousin est assez
plaisant dans celui de l'évêque anglican.
Mlle Kitty-Hott, avec sa voix pointue et
son accent gavroche, nous rappelle un peuj
Eve Lavallière ; Mlle Guesruef est une in-;
génue qui pleure d'aussi bon cœur qu * ellel
rit, Mlles Dupray et S. Berny complètent
un ensemble fort honorable, mais écrasél
par la grandiose bouffonnerie de Mt Max
Dearly. -' -
GEORGES BOURDON. :
La Soirée
On représente d'ordinaire la Vérité au fonds
d'un puits, m'at-on appris, dans ma jeunesse,;
parce qu'elle est souvent altérée. Dans cette
hypothèse, manifestement imaginée par des mé-
chants, la Vérité est au régime de l'eau, fraîche
et au secret. D'autres cependant la placent jans
le vin ! In vino veritas.
C'est, pensons-nous, de la nécessité de t.rots»i
ver un terrain d'entente qu'est venue la 'ocu-*;
tion « Mettre de l'eau dans son vin », favori
d'exprimer les mensonges conventionnels de no-
tre civilisation, sous une forme déguisée et comr
me honteuse dont l'eau pure rougit.
Au reste, en plaçant la Vérité toute nue au
fonds d'un puits. les anciens entendaient noug'
faire comprendre combien il lui serait difficile^
d'en sortie dans cette tenue. « Mais ne te pro-
mène donc pas toute nue ! » est, sans doute, le'
premier avertissement adressé à la Vérité, qu.i';;
suivant une formul,e connue déjà dans l'antiquité
grecque, « n'avait rien à se mettre M.
Pour avoir voulu présenter ainsi la vérité enf
liberté, l'Ingénu fut mis naguère en prison; de
même Bob Barnett-Max Dearly, qui arrive pa-
reillement de cette Huronie voltairienne, se pro-
mène dans la vie comme un chien dans un jeu'
de quilles. En 24 heures, il brouille tous ses
amis, assure le divorce d'un bon ménage et,
comme tiers de banquier, pour faire de bornes
actions, il empêche ses associés d'en émettre
de mauvaises. C'est la fin de toutt
Allez-donc vous étonner, après cela, si une.,
vague de mensonge vient déferler sur la mora-
lité parisienne ! Fort heureusement, un évanouis-
sement —sans gravité — de la charmante An-
drée Féranne vient mette fin à tous ces drames.
Et l'on reconnaît que la parole comme disait
Loyola a été donnée à f'homme pour déguiser sa
pensée. Quant à la femme. Mais ceci est une
autre histoire.
Pour contempler la Vérité toute nue — qui
n'est pas visible seulement que pour les grandes
personnes — étaient venus Georges Boyer, Louis
Schneider. Merklein, Roger Cousin, Maxime Gi-
rard. Quinel, Quinson, Léopold Marchand, Pier-
re Wolff, Auguste Rondel, Henry Marx, Serge
et Gilles Veber; Mmes Suzanne Devoyod, Jua-*
nita de Frezia, Madge Damiroff, Germaine Cou"
goul, Forlys, etc., etc.
MONTBORON.
AU PERCHOIR
Où Perches=tu ?
Relue en deux actes de Hugues Delorme
M. Hugues Delorme occupe parmi les re-
vuistes une situation spéciale. Sa muse, qui de-
meure grande dame sacrifie de temps à autre
à l'actualité, mais elle ne va pas jusqu'à faire
de fameuses concessions. Hugues Delorme re-
vuiste demeure poète. Il se soucie de la fac-
ture des vers que le public sera appelé à en-
tendre. Il répugne au travail hâtif et peu soigné
et n'y eût-il qu'un connaisseur dans Ja salle, cha-
que soir, que Hugues Delorme s'obstinerait à
écrire pour celui-là.
Depuis plusieurs années, les revuistes ont cessé
de faire éditer et vendre dans la salle les cou-
plets chantés dans la revue. Ils ont abandonné
peut-être par pudeur une source de revenus im-
portants. Il leur a paru que leurs strophes
n'étaient pas dignes d'être gravées dans le mar-
bre ou même imprimées sur le. papier. Les vers
les plus médiocres peuvent paraître excellents à
la scène, mais l'imprimerie fait ressortir leurs
imperfections et leurs faiblesses. Gutenberg
exerça, par son invention, une censure rigou-
reuse sur les Trissotin et les Vadius.
Mais quoi, les revuistes ne sont pas les des-
cendants de Trissotin et Vadius et nous savons
que parmi eux il est de véritables poètes; seule-
ment, les obligations de la vie, le travail hâtif
qui les fait vivre, les nécessités de la rime et
celles de la musique les obligent à écrire des
vers indignes de leur talent. Cependant il en
est encore quelques-uns qui répugnent à ce lais-
ser-aller. Ils essaient d'accommoder les exigen-
ces dé la pièce d'actualité et celles de la ver-
sification. Hugu,es Delorme en est le meilleur
exemple. En écrivant des couplets, il ne songe
pas surtout à l'illusion de la scène et aux artis-
tes dont l'habileté peut nous faire prendre des
vessies DOue des lanternes. Ce travail de ores-
(Dessin de Victor Goursat)
Mlle MISSIA
tidigitateur ne suffit pas à son ambition. Hugues
Delorme ne se dit pas que le public n'est paa<
méticuleux et que d'ailleurs l'interprète, les de 1
cors et la musique parviendront à l'empêché
de constater la faibîesse des vers. Il ne pensai
pas qu'un bon mot piqué à la fin d'une mauv jif^
strophe suffit à la rendre bonne. Il soigne le,.-4'
moindres détails de son œuvre et n'entend pW
se brouiller avec ila syntaxe et avec sa r 'a.se,,;
même quand il l'oblige à descendre des hauteur
du Parnasse jusqu'aux réalités de Ja vie coaf
154 ÀNNÈH - N. 3101 — tJuoTTOww
te Numéro :
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ttXNfcl 13 JUIN 1921;
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Téléphone : CENTRAL 94.96, 94-97
La Société de l'Histoire du Théâtre
La Société de l'Histoire du Théâtre tiendra au-
T-JUrd'hui lundi, à 4 heures, au foyer de l'Odéon,
slol'6 la présidence de M. Henri Lavedan, sa
j^gtième assemblée générale. La bonne grâce
de M, Paul Gavault lui permet de se retrouver,
PoU'r quelques heures, en ce théâtre où elle
p'5quit.
VOici donc vingt ans que, avec une discré-
qui fut, dès l'origine, dans ses goûts, elle
^ntinue son œuvre, dont l'importance est attes-
.te Par la collection de ses.-Bulletins, riches de
arches et de travaux t'une aimable érudi-
n- Si le zèle et l'ardeur de ses fondateurs,
Aidant à ma convocation, devaient lui don-
ner de solides assises, quelque mélancolie se
nièlt à mes souvenirs de cette période de dé-
5lJt- Que de disparus, successivement parmi ses
Ambres de la première heure: deux de ses
^sidents, mon très cher ami Henry Roujon,
:u¡ apportait avec lui tant de vie, d'esprit, de
liante philosophie, et Victorien Sardou,
orÚrnpt à tempêter soudainement, s'apaisant en
^tant divinement quelque piquante anecdote ;
vice-présidents, Gustave Larroumet, Edouard
faille, grand, mince, d'une élégance militaire,
ar sien: "de Paris pour ne pas adorer le
^àtr.e sous tous ses aspects; puis Monval, l'ar-
tiste de la Comédie-Français'e, pour qui le
,~ devait être si cruel en privant de la vue
î? sagace déchiffreur de vieux papiers; Henry
,. oUcho.t le conservateur des estampes à la Na-
tale, u,ne sorte de colosse, qui semblait dé-
!|îr la maladie ; le bon Weckerlin, notre doyen
J aI°rs, avec son fort accent alsacien; Chartes
Ilh-erbe le bibliothécaire de l'Opéra, qui met-
à notre disposition le trésor de ses docu-
•ents de théâtre; Gustave Roger, Quentin-Bau-
r art, dont une rue de Paris porte aujourd'hui Le
r•°ni ; Maurice Faure, qui ne pensait qu'au- théâ-
tre d'Orange; Henry Fouquier, ce merveilleux
^'Tialiste, qui avait rédigé l'avant-propos du nu-
ero initial de notre Bulletin; Georges Gain,
î"1 remuant, si cordial, formant toujours des pro-
lek; Albert Soubies, qui institua le premier des
décerné par la société ; Mounet-Sully, Jules
7°rchevill:e, ce savant de la musique, tué glo-
r'eusement pendant la guerre.
es ombres amies repassent devant les yeux
k ceux qui demeurent, heureusement nom-
breux.
ta revois par la pensée nos premières séan-
ces, dans la bibliothèque de l'Odéon, devant
e*e de bronze — métal imposant pour sa
()jre légère —du bon Picard. L'Odéon, c'est
un théâtre où l'on répète partout, dans tous les
coins. Parfois, je dois m'excuser auprès de mes
hôtes de les faire attendre un instant la fin d'une
scène. On s'installe. Quelques-uns déposent sur
la table de précieux paquets : c'est M. G. Hart-
]"fl, qui montrera des pièces rares de sa col-
1011 d'estampes relatives à Paris; c'est M.
enri Martin, qui fera admirer les dessins d'un
manuscrit ancien; c'est M. J. d'Estournelles de
Constant, déroulant avec précaution une affi-
che de 1824, signée par le préfet de police De-
lavau, qui interdit aux acteurs et aux actrices
de reparaître sur la scène, même à la demande
du Public, après la chute du rideau, — ordon-
nance quelque peu tombée en désuétude. C'est
Georges Cain qui déploie un panorama du bou-
levard du Temple, avec ses théâtres à côté les
uns des autres.
1 ■». »Am« « -o*r—fcionnncnTtcattun des—Mé*
~ncires de Got, bien avant qu'on songe à les
publier et en lit des fragments. G. Lenôtre a
découvert dans la Gazette des Tribunaux de
?^31 l'étonnant procès, fait par Claparède, direc-
le Ur du Théâtre de Besançon, à un comédien
e sa troupe, un certain Carré, qui refusa de
1"I'r le rôle de Napoléon dans Schœnbrunn et
3 ^lnte~Hélène. Carré prétend que ce rôle n'est
pas dans ses moyens, et que le directeur, en le
lui ^^kuanî, à voulu faire l'économie de bot-
te» à t'écuyère, l'artiste en possédant une su-
perbe paire. Henri de Curzon retrace l'œuvre
le la censure impériale, qui émondait Corneil-
le et présente l'étrange travail de retouches qui
s'est exercé sur Héraclius. Funck-Brentano of-
fre son importante étude sur le For-l'Evêque, la
Bastille des comédiens. Georges Montorgueil dé-
« u le théâtre des Enfants du sieur Moreau
.! ai* Palais-Royal, en 1791. » Arthur Pougin
r'e des lettres de noblesse conférées à Rameau.
u&u%+£ Dorchain fait l'histoire d'un meuble
arlt appartenu à Corneille, qu'il possède. Des
ç] piquants sont traités par Léo Claretie, Ca-
a"IlIe Le Senne, Adolphe Aderer. « Quoi qu'il
ait été fait avant nous, a dit l'un des nôtres, il
reste encore infiniment à faire. »
4 maître Saint-Saëns est assidu à nos séan-
ces quand il n'est pas en voyage. M. Stéphane
Derville abandonne un moment ses grandes oc-
cupations pour venir causer de bibliophilie. La
Société s'élargit: au premier groupe se toi-
llt Albert Carré, qui sera un des membres
les plus dévoués à l'œuvre commune et abon-
dera en idées heureuses, Adolphe Brisson, Eu-
gène Fasquelle, James Hyde, Emile Fabre, Gé-
mier, Gheusi, Raymond Recouly, Auguste Ar-
nault, quelques parlementaires que l'art délasse
de la politique, ministres de la veille ou du len-
demain, Louis Barthou, qui, du trésor de sa bi-
bliothèque, sortira unjour, pour nous, un carnet
intime de Victor Hugo, Ch. Couyba, Paul Bon-
cour, puis encore Auguste Rondel qui, à cette
époque, soutient encore des luttes. pour faire
à l'Etat un don magnifique, Maurice L'Epine,
Paul Milliset, Jacques Normand, Lucien Fugère,
Ernest d'Hauterive, Louis Schneider, d'autres,
qui nous sont chers. v
La Société die l'Histoire du Théâtre, qui se
réunira ensuite aux Beaux-Arts, aime l'intimité
de ses séances. Le recueil de ses travaux dit
son activité dans toutes les questions qui tou-
chent au monde dramatique, ses trouvailles, les
points obscurs sur lesquels elle a fait de la lu-
mière. Mais elle prendrait volontiers comme
devise ce mot d'un sage : Dedisti mihi, Domine,
artem meam mercedem. Sa récompense est dans
les études auxquelles elle se livre.
Cependant, elle sort parfois de son laborieux
recueillement. Elle reçoit. Elle a ses diners, où
elle convie des artistes, des étrangers mêlés aux
choses du théâtre, des écrivains, des décora-
teurs.
Elle a aussi ses manifestations d'art. Elle res-
suscite le théâtre de Verdure du Bois de Boulo-
gne. Elle organise ensuite, dans le parc de l'am-
bassade d'Autriche (le comte de KhévenhuHer.
mort, d'ailleurs, avant la guerre, se piquait alors
d'être un grand ami de la France), une fête qui
a laissé un inoubliable souvenir, grâce aux soin-.
d'Albert Carré: à la fin d'une radieuse journée
de juin, les ballets d'Orphée et dIphigénie sont
dansés sur les pelouses ; à cette heure apaisée,
presque crépusculaire, dans le décor que for-
ment les grands arbres, les blanches .théories de
danseuses, évoluant aux sons d'un orchestre dis-
simulé dans les massifs, offrent un spectacle
de la plus émouvante poésie. Puis, c'est une re-
présentation et une exposition « Second-Empi-
re » à l'ambassade des Etats-Unis. Un peu plus
tard, c'est dans le grand salon des Beaux-Arts,
l'évocation d'un ballet du roi Louis XIII, dont
un de nous vient de retrouver la partition authen-
tique, le Ballet de la Merlaison.
Pendant une saison, la Société 'donne, chaque
samedi, au Théâtre Sarah-Bernhardt, des mati-
nées consacrées à des curiosités lyriques et dra-
matiques, matinées, auxquelles prend part une
élite d'artistes, .précédées de causeries.
Mais voici 1914: un grand devoir de solida-
rité s'impose. Ce n'est pas à la Société de l'His-
toire du Théâtre de dire comment elle l'a com-
pris, en disposant d'une partie de ses ressour-
ces. Les publications qu'elle préparait s'impri-
maient à Lille : elles ne lui parviendront qu'après
la délivrance de la malheureuse ville. Avec
quelques retards, le Bulletin, attestant la foi
dans l'avenir, paraîtra, cependant, imprimé ail-
leurs, précédé d'un fascicule consacré au Théâ-
tre pendant la guerre, qui sera un jour, un do-
cument historique.
Quelque temps après la fin des hostilités, c'est
une réunion où Henri Lavedan salue la mémoire
de ceux des nôtres qui sont tombés à leur poste
- ft combat (où n'y a-t-il pas eu de deuils!) et
nous incite à reprendre, dans la régularité des
eémteee, 400 é-tud- qui nous intéressent.
L'an dernier, c'est, avec l'agrément de M.
Rouçhé, membre de la Société, une matinée à
la Bibliothèque de l'Opéra, où M. Bauer fait ai-
mablement l'histoire des duos célèbres, chantés
par des artistes de l'Opéra et de l'Opéra-Comi-
que. En cette occasion encore, Albert Carré té-
moigne son amicale ingéniosité.
Vingt années se sont donc écoulées. La So-
ciété de l'Histoire du Théâtre n'est aucunement
orgueilleuse, mais, au moment de cet anniversai-
re de sa fondation, elle peut dire que, par la fi-
délité de ses membres à la tâche qu'ils s'étaient
donnée, elle a accumulé une somme de travaux
dont lui sauront gré sans doute les directeurs
et les curieux. Sans les difficultés qui pèsent
actuellement sur toutes les sociétés d'études dé-
sintéressées, elle en eût déjà donné la table mé-
thodique. Elle s'engage en une nouvelle période
ave.-. la même ferveur. Elle n'est pas, au reste
« une petite chapelle » ; elle n'est pas faussée.
Ce qu'il serp permis à son secrétaire général
d'a jouter, c'est - fait assez rare pour être re-
lev4 — que, en vingt ans, s'il a le souvenir
d'opinions différentes exprimées, parfois avec
passion, sur les questions agitées, il ne se rap-
pelle pas qu'il ; y ait eu jamais, entre ceux qui
se retrouvaient souvent, cependant, l'ombre d'un
dissentiment.
Paul GINISTY.
UNE VISITE
- Chez Mme Eleonora Duse
La Compagnie Duse*Ermete Zacconi
Turin, juin 1921.
Un hôtel moderne, à proximité de la gare.
Dans ce caravansérail bourdonnant et fiévreux,
un recoin paisible, un appartement discret, où
les lumières voilées tamisent le bruit et protè-
gent le recueillement. Des fleurs partout; et.^
dans un fauteuil bas, la douce et pensive figure,,
de Mme Duse, parant d'une noblesse inattendue
ce cadre quelconque. C'est là que la grande
altiste, dont une fidèle dame de compagnie et
amie, Mlle Désirée, une Lor-raine, défend la re-
traite, veut bien nous recevoir, ma femme et
moi, et un commun ami qui nous est également
cher, le bon poète italien et français Luigi
Amaro.
Eleonora Duse est iayonranie. Elle ne serait
que contente, tout juste satisfaite d'elle-même,
si elle n'avait conscience que le triomphe qui
vient de saluer son retour à ia scène dépasse sa
(Photo Sciutto, Gênes)
Mm. Elaonora DUSE
propre personnalité, si haute soit-elle, et rejaillit,
sur le théâtre italien tout entier, en honorant sa ;
patrie. C'est dans ce sens, et dans ce sens",
seulement qu'elle accueille, avec nos compli ,,:
ments, les hommages d'admiration inoubliables,
qui de tous les points de l'Italie et de 1 ettanger
affluent ces jours-ci vers elle, dévalent en lei
tres et en articles, s'amoncellent en télégram-
mes, sur la table, tout proches.La victoire qu elle
vient de remporter — Mme Duse en a le senti-
ment précis, et c'est le seul qui la touche - a
rendu à la scène italienne une farce de premier
ordre, dont l'absence prolongée risquait de lui
être préjudiciable. Elle a reparu, intacte et com-
me neuve, prête à livrer de nouvelles batailles,
à affronter des créations nouvelles. Il ne s'agit
pas — et Mme Duse me l'affirme derechef,
sans embagcs, — de ressasser d'anciennes piè-
ces, de rabâcher de vieux rôles. Aucun « reta-
page » dans cette laborieuse et anxieuse veillée
d'armes qu'a été, des mois et des mois du-
rant, sa préparation au nouveau cycls de repré-
sentations qui vient de commencer Et c'est là,
chez cette chevronnée du succès, de la part d'u-
ne femme non plus jeune, et qui, franchement,
courageusement, d'un beau sourire amer et im-
muable et de son auréole de cheveux blancs ac-
cuse son àge sans que l'âge l'accuse, - c'est ià,
avouons-le, un acte exceptionnel, un geste uni-
que et qui plus que forcer l'admiration, attendrit
le respect et le grandit encore.
— Vous vous souvenez, me dit la voix mer-
veilleuse, demeurée si jeune ! Vous vous souve-
nez de mes hésitations à repf aaître sur le théâ-
tre et combien j'appréhendais ces jours-ci, au
bout de dix années de silence. Mes doutes, mes
atermoiements, mes scrupules vous semblaient
excessifs ; vous, et quelques 'bons amis, vous les
avez combattus. L'amour de mon art, la né-
cessité morale où je me sentais avec mon pays
tout entier de me remettre, fortement, allègre-
ment au travail (et Mme Duse appuie sur ce
mot: travail) au sortir de ces années affreuses
et glorieuses de guerre — la pensée que je
pourrais encore rendre quelques services à mes
camarades, à ma patrie, tout cela a dissipé mes
doutes sur moi-même, retrempé mon énergie.
Soit. Vous avez bien voulu juger que je ne m'é-
tais pas abusée sur mon compte; le public, ce
public de Turin, si frémissant mais si exigeant
aussi, m'a encouragée à poursuivre. c'est
bien, et je lui en suis reconnaissante de toute
mon âme. Mais de là à accueillir les suggestions
qui me sont venues de bien des côtés, les con-
seils, et les exhortations qui n'ont pas manqué,
non! me revoyez-vous en « Dame aux Camé-
lias », en « Magda », dans tout mon ancien ré-
pertoire? Moi, non, je ne m'y revois pas, je
ne veux pas, je ne peux pas me pencher sur ces
aspects défunts de moi-même. Mon miroir me
ferait horreur. Je le briserais. Quant à combat-
tre, dissimuler, maquiller, avec mon visage, les
trsite dont les années m'ont gratifiée — (je pro-
testai doucement, en parisien, mais vainement),
ah! non, je n'y songe même pas. Telle quelle,
si je puis quelque chose encore pour l'art dra-
matique, c'est, telle quelle qu'il faut me pren-
dre, ou m'accepter, ou me donner mon congé
défitrÎtivement. -
- Ce disant, le beau visage, aux lignes pures,
resté si jeune! s'animait, frémissant, et sa pâ-
leur s'avivait d'un rose comme il n'en est chez
nul parfumeur; et la voix musicale vibrait, avec
une indicible énergie.
Elle reprenait, et concluait dans cette rare
formule, puisée à la sincérité de tout l'être:
« Certes, le temps m'a retiré quelques-uns de
ses dons; mais. en échange, je crois qu'il a pu
m'apporter quelques bienfaits, une plus profonde
connaissance de la vie, un souci supérieur des
choses de l'âme, par exemple. Eh bien, c'est
cet apport nouveau du temps qu'il me faudra
utiliser, si je le puis encore. »
La question du répertoire nouveau de Mme
D¥se était ainsi posée. Nous en causâmes lon-
guement, tout en reconnaissant la difficulté de
le composer, d'après les strictes limites que la
grande artiste entend s'imposer à elle-même. —
« ) j'ai reparu dans Ellida, précisa Mme Duse,
ia Qame de la Mer n'ayant en vérité pas d'âge.
Et je continuerai, par La Porte Fermée, de mon
graad et vieil ami Marco Praga, qui m'offre un
rôle de. mère, émouvant, et dont je suis péné-
trée. Puis, ce sera « Jean-Gabriel Borkmann »,
d'Ibsen encore, dans une note à peu près sem-
blable. n
— Et après? questionnai-je. — « Je lis beau-
coup, j'hésite encore ; je me constituerai, peu à
peu. posément, ce répertoire nouveau, comme
vous dites. » — Et ici, une affirmation, une
promesse au théâtre nouveau, et aux jeunes
de toutes les patries, qui m'est allée au cœur,
et dont je suis heureux de me faire l'écho :
« Je tiendrai beaucoup à révéler des talents
nouveaux, des œuvres nouvelles, si j'ai le bon-
heur d'en trouver et j'en ai le ferme espoir;'
non seulement d'Italie, bien que je mette au
premier rang, comme de juste, mes compatrio-
tes, — mais aussi des autres pays, et du vôtre,
en particulier, dont j'ai gardé un si reconnaissant
souvenir, et dont je n'ai pais cesse de suivre le
multiple et fécond mouvement littéraire et ar-
tistique.
Je remerciai Mme Duse pour tout l'inconnu
de consécration et de gloire dont je voyais, par
avance, ses belles mains chargées. Et je lui
demandai :
— Quand aurons-nous la joie de vous revoir,
et de vous acclamer en France et à Paris?
— La joie de vous revenir me sera accordée,
me répondit-elle. Bientôt? Je ne le sais pas en-
cqre. Je le souhaite seulement. Rien n'est vrai,
lien. absolument rien, de ce qui a été annonce
à cet égard, çà et ,Là. Dites-le nettement, je'vous
en prie. Rien n'est fait, ni décidé, pour mon
passage à l'étranger. D'ailleurs, nous avons
tout le temps d'organiser cette tournée en
France, en Belgique, en Angleterre, aux Etats-
Uni& même. D'ici peu de jours nous allons à
Bologne; de là, à Venise, probablement, quoique
Naples me demande. Etje ne dois pas oublier
Rome, et d'autres grandes villes, auxquels
nous avons promis, et qui, me dit-on, récla-
ment notre présence. N'est-ce pas, cher et
vteH ami? dit Mme Duse, se tournant vers
la. puissante et tendre figure qui venait d'entrer
en ce moment, vers Ermete Zacconi.
Ermete Zacconi, s'inclinant et baisant res-
pectueusement la main de sa grande camarade,
approuva. Le magnifique tragédien, dont tout
Paris se souvient, et dont il souhaite le retour,
avait en effet voix au chapitre, e't son acquies-
cement est d'importance. Après avoir re-débuté
avec lui et avec sa troupe ( où brillent Mme
Cristina-Zaeconi et Mlle Zacconi, femme et fille
du grand maître), Mme Duse a formé — com-
me on dit en Italie — compagnie avec lui;, et
de nouveaux et brillants éléments. L'association
Duse-Zacconi est chose faite, et du meilleur au-
gure. Elle aura son effet du moins pour l'Ita-
lie. Pour l'étranger, il se pourrait qu'il y ait
deux troupes distinctes, et partant deux occa-
sions, au lieu d'une, de fêter Je théâtre italien.
Rien n'est encore fixé, rien n'est vrai encore.
Attendons.
Et, en attendant, la causerie la plus amicale
9e poursuivait, devant nous, entre ces deux
grandes gloires, unies par la plus haute estime
et la plus sûre affection, qui chez Zacconi est
dévouement et admiration sans bornes pour
Mme Duse. Des projets et des projets s'écha-
fa'udaient. Les heures s'écoulaient, rapides,
ce pendant que dans la vaste pièce voilée d'om-
bre, les fleurs offertes par toutes les actrices
Maliennes et les fleurs envoyées par Gabriele
d'Annunzio, et renouvelées, exhalaient autour
de Eleonora Dùse comme un parfum d'âmes.
ACHILLE RICHARD.
AU STUDIO PATHE
ta soirée au bénéfice y
d'Aimée Tessandier
Tout-Paris sera mardi soir à Vincennes,
, Studio Modèle de Pathé-Consortium.
thî-a représentation organisée au bénéfice d'Ai-
mée Tessandier promet d'être tout particulière-
ment brillante. Le programme, élaboré avec le
plus grand soin, sera une suite ininteirornpua
de sensationnelles attractions dont nous publie-
cdemain la liste complète. La danse fran-
çaise y aura ses principaux représentants, le
théâtre des Champs-Elysées, le théâtre Fémina
avec la Chauve-Souris, donneront quelques nu-
h eros de leurs intéressants spectacles.
Au cours de la soirée aura lieu la vente aux
enchères de nombreux dessins et tableaux.
Nous reprendrons demain la liste des œuvres
d'art qui nous sont parvenues aujourd hui. Nous
croyons devoir rappeler aux artistes que ieurj
dessins devront nous être remis demain mardi
nilt quatorze heures. Merci à tous !
NOus avons reçu hier différentes sommes, et
demain nous publierons la troisième liste de
souscription.
te Banquet Pearl White
ROPpelons que c'est demain à midi, au Res-
~~< Langer, qu'aura lieu le Banquet Pearl
se 7"us les admirateurs de la grande artiste,
F'ftJs, ses camarades ont tenu à se faire ins-
crire. Hier dans la journée nous avons reçu de
nombreuses adhésions. Aujourd'hui on peut en-
(or s'inscrire soit à Comœdia, soit au Restau-
rant Langer.
Ser(! r 30 francs on assistera au déjeûner qui
certainement très joyeux et auquel assiste-
ront les grandes étoiles parisiennes, et on sera
tilmé aux côtés de la grande étoile américaine.
Nous publierons demain un article dé.
ANDRÉ ANTOINE
et « Le Tréteau des Lettres » d. -
I.-H. ROSNY aîné
Échos
13 Juin 1826. - Talma paraît pour la dernière
fois sur la scène dans le Charles VI, de Delavule.
L
e pont coupé.
C'était au spectacle des Escho-
liers. un des interprètes porte un de ces
pantalons à pont, fort collant, de style res-
tauration: pour plus de vraisemblance, sans
doute, le pont. fatigué, avait été restauré,
Lors d'une entrée, un craquement sinis-
tre retentit. le pont venait de sauter! Grâ-
ce au ciel, la redingote n'est pas à pans
coupés et, en évitant tout mouvement im-
prudent, l'artiste-amateur put sauver, si j'o-
se dire,.Ja face.
C'est égal, j'ai idée que Cambronne eut
cette fois, bien envie de prononcer la parole
historique. Mais, au fait, ne l'a-t-il pas
dite, avant-hier, dans L'A-t-il dit?
p
publicité.
C'est une pièce qui n'a pas été ac-
cueillie fort chaleureusement a ses débuts;
aussi, le directeur — à moins que ce ne
soit l'auteur — a imaginé de faire prome-
ner sur les boulevards des hommes-sand-
wichs avec une affiche en appelant au pu-
blic du jugement de la critique; il y est dit
textuellement, que cette pièce est celle qui
a été la plus critiquée depuis Carmen! Pas
plus!
A
liez, messieurs.-
A cette Grande enfainè d'Escrime,
qui se tient dans l'ex-palais Persan de Ma-
gic-City, assistance fort parisienne, des ar-
tistes, des littérateurs, des peintres, Yette
Andreyor et Jean TouIout, Charles Henry-
Hirsch, Armand Massard, Joé Bridge, Alex.
Lippmann, etc., etc.
Bien entendu — c'est le local qui veut
cela — un orchestre vient mêler de temps
à autre ses airs de danse au cliquetis des
armes. Mais selon le choix des morceaux,
les concurrents sont plus ou moins avanta-t.
gés: un tango berceur n'incite guère le»
épéistes à beaucoup d'entrain, en revanche,
un fox-trot ou un one-step au rythme vif
et animé est un accompagnement excellent..
Il est, dit-on, question d'handicaper les
concurrents trop favorisés par des shimmies
ou des one-step. -' ,
L
es princesses du trottoir.
t Sous ce titre à la Sardou a été créé
- - - - :-.. 1 A" - - .1 - 1-
en décembre I y 11, dans les tneaires ae ia
périphérie, le drame de MM. Arthur Ber-
nède et Aristide Bruant qui devait devenir,
en 1921, Gosseline.
On y voyait déjà la famille Méjasson au
grand complet, assistant à une représenta-
tion de mélo. Seulement la foire de Neuilly
était, au quatrième tableau, « la fête de
Belleville », et on faisait l'économie de la
cage aux lions.
Détail curieux: la distribution au Théâ-
tre Montmartre, que nous retrouvons dans
Comœdia porte que le rôle de Pestaille,
tenu aujourd'hui par M. Jean Peyrière, était
distribué à M. Laperrière.
Le souvenir de ce drame très vivant est
resté si vif, sur la Butte, parmi les vieux
habitués du théâtre du quartier, qu'on n'a
cessé d'y appeler « jaja » le vin rouge qui
devait gagner la guerre sous le nom de
« pinard. »
S
le transit gloria.-
Les mémoires d'Antoine content l'é-
mulation du Cercle Gaulois et du Cercle Pi-
galle.
Nous sommes allés en pélerinage aux
endroits d'où partit un si important mouve-
ment théâtral.
Au 37 passage de l'Elysée des Beaux-
Arts, où débuta le Théâtre-Libre, s'élève
un immeuble de quatre étages, fort élégant,
construit en 1903. Sa porte est ornée d'u-
ne sculpture: une belle femme en tenue.
libre tient un feuillet, - qui n'est pas un
manuscrit de cièce.,
Quant au Cercle Pigalle, 6, Cité du Midi,
où fonctionna une scène publique et quoti-
dienne en 1901 (le « Théâtre-Pigalle »,
où fut créée la Recommandation de M. Mis
Maurey), c'est maintenant un atelier et ga-
rage de vélos et motocyclettes.
L
es invisibles.
Admirons l'ingénuité des pompiers
de service, copains des maeninistes, amis
des babilleuses, etc.
Continuellement, du moins dans les théâ-
tres sans discipline, on en aperçoit qui, der-
riète les portants ou par les diverses ou-
vertures, assistent aux pièces, et regardent
l'effet (à coup sûr curieux pour de non pro-
fessionnels) que présente une salle de théâ-
tre pleine, vue de la scène.
Oui, mais.
Mais aucune de ces personnes ne se
tuent le raisonnement, pourtant bien sim-
ple: — Puisque je vois les spectateurs,
ç£tix-ci me voient également !
* Or rien ne manque autant de ligne, et
n'empêche l'illusion théâtrale, que ces tê-
tes curieuses surgissant là où elles ne de-
vraient pas être.
Nous avons toujours envie, de notre fau-
teuil d'orchestre, de leur faire le signe fa-
milier de reconnaissance que, dans le Roi,
le secrétaire de Bourdier faisait au policier
Blond mal camouflé.
Le Masque de Verre.
La distribution solennelle
des prix aux lauréats du
Championnat de Danses au
M Restaurant Vignon Jff
C'est ce soir, à 22 heures, au roof-garden du
restaurant Vignon, 14, boulevard de la Made.
leine, qu'aura lieu la remise des prix, des di-
plômes et des médailles aux concurrents de no-
tre Championnat qui ont obtenu des récom-
penses.
Les membres du jury et les lauréats qui n'au-
raient pas encore reçu les convocations indivi-
duelles qu'on leur a adressées sont priés de se
rendre à cette soirée qui sera des plus brillantes
of des plus oarisietmer
AU THEATRE DU VAUDEVILLE
La Vérité toute nue
Comédie en trois actes, de MM. Pierre Véber et J.,.H. Montg.J)mer,
jouee pendant la guerre, au Gymnase,
la Vérité toute nue, de MM. Pierre Veber
et James H. Montgomery, est reprise au
Vaudeville, où elle mérite de faire carrière
cet été. Le dessein des auteurs est de nous
persuader que, dans l'organisation artifi-
cielle de la société moderne, il n'est pas
possible à un homme de se tenir stricte-
ment, fût-ce pendant vingt-quatre heures,
au service de la vérité pure. La vérité ne
serait-elle donc, dans les relations des hom-
mes entre eux, que la dynamite à laquelle
ne résisterait aucune construction sociale?
A vrai dire, on s'en doutait un peu ; mais la
démonstration nous en est ici fournie par le
moyen d'une succession d'incidents variés
et ingénus, mais toujours plaisants.
L'un des mérites les plus certains de cet-
te amusante somédie est de permettre à M.
TROISIEME ACTE (Photo Henri Manuel)
Mlle DUPRAY
(Susuj
Mlle Kitty OTT
(Lulu)
Mme Matfy aEARY
(Mme Ralston)
Max Dearly d'y déployer toutes les ressour-
ces de son génie comique. L'inépuisable
verve de cet acteur extraordinaire a quel-
que chose qui confond l'esprit. Sa généreu-
se fantaisie utilise tous les modes d'expres-
sion, sans omettre la danse, et, dans l'ins-
tant même où on la croirait à bout, elle se
renouvelle pour rebondir en inventions qui
tiennent du fantastique; je ne sais pas si
l'on a jamais rencontré au théâtre une puis-
sance comique plus variée, plus riche, plus
imprévue — plus réfléchie aussi, car il est
aisé, a étudier le jeu de M. Max Dearly,
de se rendre compte que rien n'y est laissé
au hasard ni à l'improvisation, et qu'il y à
de la mathématique dans son irrésistible
bouffonnerie. Mais on se tromperait singu-
lièrement en ne voyant en lui qu'un bouffon.
Son talent mérite une estime plus haute.
M. Max Dearly possède une vision très ai-
OEUXIEME ACTE
(Photo Henri Manuel)
~Mlle a
(Rose)
lOI
M. Max DEARLY
(Bob Bllrnett)
guë du ridicule, et il est avant tout un ob-
servateur intelligent de la vie; dans ses in-
ventions les plus déréglées, il est facile de
retrouver le rési'du d'une vérité exacte, et,
si les hommes et les choses lui apparais-
sent, avec une impitoyable rigueur, si folle-
ment comiques, c'est peut-être que lui-mê-
me se promène dans le monde avec une
âme pessimiste. Son Bob Barnett, dans la
Vérité toute nue, est l'un des roi is ou il
s'est donné avec la fantaisie la plus extrava-;
gante, et il est capable, à fui seul, d'assu-
rer le succès d'une reprise qui sera heu-
reuse.
Avec son joli et lumineux visage, sa voix
claire, ses gestes prompts et la gaieté mali-
cieuse de son regard, Mlle Andrée Féran-
ijeu est charmante de grâce et de jeunesse.
Elle a de la finesse et de la vivacité, et
nous lui devons une petite Maud toute pé-
tillante de gentillesse. Mlle Mady-Berry est
une Mme Ralston importante et ronde, d'un
comique un peu appuyé, et qui ne nous a
pa§ encore fait oublier sa création de lariie.
en Folie. M. GorfeÇ, corfiédien expérimenté,
à qui nul n'en remontrerait, tient solide-
ment, mais lourdement, le rôle de Ralston,
et n'est pas éclipsé par MM. Lurville et Gi-
6ard, simplement honnêtes dans les person-j
nages de ses associés. M. Cousin est assez
plaisant dans celui de l'évêque anglican.
Mlle Kitty-Hott, avec sa voix pointue et
son accent gavroche, nous rappelle un peuj
Eve Lavallière ; Mlle Guesruef est une in-;
génue qui pleure d'aussi bon cœur qu * ellel
rit, Mlles Dupray et S. Berny complètent
un ensemble fort honorable, mais écrasél
par la grandiose bouffonnerie de Mt Max
Dearly. -' -
GEORGES BOURDON. :
La Soirée
On représente d'ordinaire la Vérité au fonds
d'un puits, m'at-on appris, dans ma jeunesse,;
parce qu'elle est souvent altérée. Dans cette
hypothèse, manifestement imaginée par des mé-
chants, la Vérité est au régime de l'eau, fraîche
et au secret. D'autres cependant la placent jans
le vin ! In vino veritas.
C'est, pensons-nous, de la nécessité de t.rots»i
ver un terrain d'entente qu'est venue la 'ocu-*;
tion « Mettre de l'eau dans son vin », favori
d'exprimer les mensonges conventionnels de no-
tre civilisation, sous une forme déguisée et comr
me honteuse dont l'eau pure rougit.
Au reste, en plaçant la Vérité toute nue au
fonds d'un puits. les anciens entendaient noug'
faire comprendre combien il lui serait difficile^
d'en sortie dans cette tenue. « Mais ne te pro-
mène donc pas toute nue ! » est, sans doute, le'
premier avertissement adressé à la Vérité, qu.i';;
suivant une formul,e connue déjà dans l'antiquité
grecque, « n'avait rien à se mettre M.
Pour avoir voulu présenter ainsi la vérité enf
liberté, l'Ingénu fut mis naguère en prison; de
même Bob Barnett-Max Dearly, qui arrive pa-
reillement de cette Huronie voltairienne, se pro-
mène dans la vie comme un chien dans un jeu'
de quilles. En 24 heures, il brouille tous ses
amis, assure le divorce d'un bon ménage et,
comme tiers de banquier, pour faire de bornes
actions, il empêche ses associés d'en émettre
de mauvaises. C'est la fin de toutt
Allez-donc vous étonner, après cela, si une.,
vague de mensonge vient déferler sur la mora-
lité parisienne ! Fort heureusement, un évanouis-
sement —sans gravité — de la charmante An-
drée Féranne vient mette fin à tous ces drames.
Et l'on reconnaît que la parole comme disait
Loyola a été donnée à f'homme pour déguiser sa
pensée. Quant à la femme. Mais ceci est une
autre histoire.
Pour contempler la Vérité toute nue — qui
n'est pas visible seulement que pour les grandes
personnes — étaient venus Georges Boyer, Louis
Schneider. Merklein, Roger Cousin, Maxime Gi-
rard. Quinel, Quinson, Léopold Marchand, Pier-
re Wolff, Auguste Rondel, Henry Marx, Serge
et Gilles Veber; Mmes Suzanne Devoyod, Jua-*
nita de Frezia, Madge Damiroff, Germaine Cou"
goul, Forlys, etc., etc.
MONTBORON.
AU PERCHOIR
Où Perches=tu ?
Relue en deux actes de Hugues Delorme
M. Hugues Delorme occupe parmi les re-
vuistes une situation spéciale. Sa muse, qui de-
meure grande dame sacrifie de temps à autre
à l'actualité, mais elle ne va pas jusqu'à faire
de fameuses concessions. Hugues Delorme re-
vuiste demeure poète. Il se soucie de la fac-
ture des vers que le public sera appelé à en-
tendre. Il répugne au travail hâtif et peu soigné
et n'y eût-il qu'un connaisseur dans Ja salle, cha-
que soir, que Hugues Delorme s'obstinerait à
écrire pour celui-là.
Depuis plusieurs années, les revuistes ont cessé
de faire éditer et vendre dans la salle les cou-
plets chantés dans la revue. Ils ont abandonné
peut-être par pudeur une source de revenus im-
portants. Il leur a paru que leurs strophes
n'étaient pas dignes d'être gravées dans le mar-
bre ou même imprimées sur le. papier. Les vers
les plus médiocres peuvent paraître excellents à
la scène, mais l'imprimerie fait ressortir leurs
imperfections et leurs faiblesses. Gutenberg
exerça, par son invention, une censure rigou-
reuse sur les Trissotin et les Vadius.
Mais quoi, les revuistes ne sont pas les des-
cendants de Trissotin et Vadius et nous savons
que parmi eux il est de véritables poètes; seule-
ment, les obligations de la vie, le travail hâtif
qui les fait vivre, les nécessités de la rime et
celles de la musique les obligent à écrire des
vers indignes de leur talent. Cependant il en
est encore quelques-uns qui répugnent à ce lais-
ser-aller. Ils essaient d'accommoder les exigen-
ces dé la pièce d'actualité et celles de la ver-
sification. Hugu,es Delorme en est le meilleur
exemple. En écrivant des couplets, il ne songe
pas surtout à l'illusion de la scène et aux artis-
tes dont l'habileté peut nous faire prendre des
vessies DOue des lanternes. Ce travail de ores-
(Dessin de Victor Goursat)
Mlle MISSIA
tidigitateur ne suffit pas à son ambition. Hugues
Delorme ne se dit pas que le public n'est paa<
méticuleux et que d'ailleurs l'interprète, les de 1
cors et la musique parviendront à l'empêché
de constater la faibîesse des vers. Il ne pensai
pas qu'un bon mot piqué à la fin d'une mauv jif^
strophe suffit à la rendre bonne. Il soigne le,.-4'
moindres détails de son œuvre et n'entend pW
se brouiller avec ila syntaxe et avec sa r 'a.se,,;
même quand il l'oblige à descendre des hauteur
du Parnasse jusqu'aux réalités de Ja vie coaf
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