Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-06-12
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 juin 1921 12 juin 1921
Description : 1921/06/12 (A15,N3100). 1921/06/12 (A15,N3100).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646821r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
Directeur: GEORGES CASELLA
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DE L'AIR
Nous voici dans le mois des grandes
épreuves sur les champs de courses - au-
tant dire dans la saison des plus bèlles fê-
tes populaires de l'année. Ce sont nos cir-
censes, et qui valent bien ceux des anciens
Romains „
On se montre très injuste vi^à-vi.s des
courses, et aussi bien l'a-t-on toujours été.
Sous la Restauration déjà, quand rien ne
Paraissait plus prodigieusement élégant que
de posséder et faire courir un « coursier
d'Albion », Mme Emile de Girardin, rédi-
geant de célèbres chroniques, sous le pseu-
donyme de vicomte de Launay, se croyait
bien spirituelle en criblant d'ironies mondai-
nes et de blâmes distingués le nouveau di-
vertissement de la bonne société. Adolphe
Dumas, dans une pièce représentée en
1847, craint de ne bientôt plus voir dans
Paris, grâce à l'envahissement des jockeys
et des courses, « ni Français, ni France,
ni patrie » ( !) Et Alphonse Karr lui-même
écrit avec trivialité, comme toujours, mais
Cette fois sans bonne humeur, dans ses
Guêpes de 1841 : « Le prétexte est l'amé-
lioration des races de chevaux en France.
Jusqu'ici, on n'a fait, pour l'amélioration
de la race, qu'estropier et tuer les indivi-
dus. » ,'
0 propos démodés! 0 jugements vieil-
lots ! 0 incompétence naïve, touchante mê-
me' On dira donc toujours les mêmes cho-
ses? Dans un petit livre de 1818, que nous
avons sous les yeux, l'autear, vertueuse-
ment indigné, parle ainsi des combats de
boxe en Angleterre:
« L'acharnement redouble, à mesure
que ces coups affreux se multiplient, et les
spéculateurs fondent leurs spéculations avi-
dee sur ces meurtrissures. » On y lit éga-
lement que le fameux Jack Broughton « au-
to toujours égard à la constitution délicate
Se ses élèves, et il les munira de mitou-
flées, pour éviter qu'on ne leur crève un
seil, ou qu'on ne leur casse le nez ou la
Mâchoire. » Voilà qui fait trembler, n'est-
pas vrai?. Or il y a pourtant des per-
sonnes un peu attardées, qui en sont encore
* ces sornettes de 1818 comme de 1847!
h Quant aux jockeys, autre antienne. « Est-
■ vieux? Est-il jeune? Nul ne le sait, pas
même lui. » Ainsi s'exprime Jules Janin
en décrivant-le jockey qui, en 1836, gagna
'e premier Derby. Et il poursuit: «N'avoir
que la peau gt les os, assez d'os pour mon-
ter à cheval et pour tenir une bride, assez
de peau pour n'en pas laisser sur la selle,
♦oilà sa gloire. Ce jeune homme, ou ce
Vieillard. on eût dit une ombre habillée
^ui allait célébrer le carnaval chez Proser-
!;lIne. »
Naguère encore, Zola définissait un jo-
ckey, dans Nana: « Ce vieil enfant dessé-
ché, cette longue figure dure et morte. »
Et Flaubert, dans l'Education sentimen-
tale: « Le cheval victorieux se traînait jus-
qu'au pesage, tandis que son cavalier, com-
nle- agonisant sur la selle, se tenait les cô-
ets. »
Terrible !
Hélas! combien tout cela semble usé,
'-It du romanesque le plus falot! Néanmoins
** reflet, un souvenir de ces vieilles igno-
rances et de ces préjugés qui furent tradi-
tionnels, flottent encore vaguement parmi
nous. Certains nous accuseraient volontiers
de nous complaire à des mœurs de Bas-
trnpire, et nous plaindraient de ne plus sa-
voir admirer que des « jockeys », comme
sous Louis-Philippe.
SOurions gaiement de ces coquecigrues.
La vérité, c'est que, grâce au ciel, Paris
tout entier s'enthousiasme pour de magnifi-
ques spectacles de sport, et que c'est tant
mieux. Ce pauvre Paris, quand il veut s'a-
muser, croyez-vous qu'il irait dans les mu-
sées contempler des statues, des tableaux,
ou qu'il parcourrait soit les rues, soit les
champs, en quête de beaux gestes et d'atti-
tudes bien choisies?.- Mais non, il irait au
café.
Au lieu que le voici, à cette heure, qui
se rue autour des rings et des hippodromes,
afin d'éprouver un des plaisirs les plus
vifs et les plus fins du monde, à savoir d'as-
sister à un effort assez énergiquement et
intelligemment accompli pour triompher glo-
rieusement d'autres efforts, dont la violence
fut moins savante et le courage moins par-
fait. Ainsi s'émouvaient déjà les compa-
gnons d'Enée, alors que ceux-ci suivaient
le match inoubliable dans lequel, en Sicile,
le fameux Entelle disputa son titre de cham-
pion méditerranéen.
Oh! parbleu! je prévois bien l'objection:
c'est le jeu, non le sport lui-même, qui pas-
sionne la foule?
Sans doute. Toutefois, il n'y à pas que le
jeu tout seul, tout nu, sur les champs de
courses et autour des rings. Quand on ad-
mire l'audace élégante et raisonnée d'un
Carpentier, croyez-vous que l'on pense uni-
quement aux quelques sous, aux quelques
louis qu'on gagne ou qu'on perd? Et lors-
qu'un champ de courses entier crie le nom
d'un cheval vainqueur, soyez certain que si
la victoire eut lieu dans un bon style, la dé-
ception des uns est un peu moins grande,
comme l'ivresse des autres encore un peu
plus joyeuse: or, il y a plus d'art et de
culture qu'on ne pense, dans ces « un
peu. »
Il ne faut pas toujours parler de byzanti-
nisme. N'oublions pas que les Anglais, ja-
dis, prétendaient s'être préparés en boxant
à la bataille de Waterloo, et qu'aux grandes
périodes des Olympiques répondait, non la
gloire de Byzance, mais celle de Salamine.
Les générations de soldats admirables qui
ont triomphé dans notre grande guerre, ont
été élevés dans un culte croissant du sport:
et aujourd'hui, même au village, les plus
jeunes « pratiquent
Ah! tant mieux!. Notre vie devient si
recherchée, si parée., on trouve tant de
« spectacles d'art partout, tant de dou-
ceur physique enfin nous environne, qu'il
y a quelque chose de délicieusement toni-
que à contempler de violents efforts, plus
simples que les pirouettes des ballets, voire
à les accomplir en personne. L'universelle
danse de Saint Gui, tant au théâtre qu'à la
ville, finit par écœurer légèrement, comme
un dîner où il n'y aurait que des gâteaux.
De lassitude, ne s'est-on pas pris à soupirer
parfois: « 0 une belle partie de football sur
une vraie pelouse, où il fait de la boue
quand il pleut! 0 un sévère laisser-courre
dans la forêt sauvage, sous la bise d'autom-
ne! 0 le galop féroce à l'arrivée d'une
grande épreuve!. »
Adieu, quinquets, vendanges d'art sont
faites! Jusqu'à l'hiver prochain, de l'air, de
l'air!. Nous voici plusieurs qui donnerions
en ce moment une cinquantaine de danseurs
danois ou sardes pour le dernier des che-
vaux à réclamer, et vingt mille entrechats
pour un bon coup de poing.
— « Votre voisin, dira-t-on, peut vous
offrir ça tous les jours. »
Oui, mais, n'est-ce pas, selon les règles.
Marcel BOULENGER.
AU STUDIO-PA THÉ
Uue grande vente artistique
au bénéfice - 1
d'Aimée Tessandier
t'inauguration du studio modèle de Pathé
Consortium, à Vincennes, mardi soir, à 11 heu-
res, aura lieu' avec un succès sans précédent,
't n'est mal présumer de l'avenir que de le
(Dessin de René Giffeyl
- ATtiOS
dire. Tout Paris viendra et Tout-Paris voudrait
venir.
Si vaste que soit l'hôtel choisi par « les Trois
Mousquetaires » pour accueillir leurs invités, dé-
sireux de se distraire en une fête d'art doublée
d'une fête de bienfaisance, on a dû limiter le
nombre des élus. MM. Denis Ricaud, adminis-
trateur délégué, et Louis Fourel, directeur artis-
tique de Pathé-Consortium-Cinéma, se voient as-
^jUis de demandes. Ils s'excusent de leur
mieux, avec un « trop tard » plein de grâce mais
définitif, semblable à celui du secrétaire du théâ-
tre , un jour de générale.
Au programme, que nous ne pouvons encore
donner tout entier, sont inscrits, grâce à l'ama-
llité inlassablement prête de M. Jacques Héber-
tot, directeur du Théâtre des Champs-Elysées:
Les Vierges Folles, perle du répertoire des bal-
Jean Borlin où Mlle Margareta Johanson et M.
Par n Borlin sont acclamés et se feront acclamer
con Ul* public d'élite. Les Soldats de Bois, qui
constituent une des merveilles de « la Chauve-
Souris n, à Femina, et que son animateur M. Ba-
leieff ch veut bien nous donner. Une étoile, dont
le charme et le talent si haut brillent. Mais
Doi Us n'avons point encore le droit de la nomer,
Ce sera pour demain. La danse française sera re-
présentée par ses sujets les plus renommés, les
plus glorieux ,les plus enviée aussi..
Pour la vente aux enchères. les lots affluent
Les commissaires-priseurs auront
fort à faire mardi.
Aux aquarelles, pastels et des-
sins reçus hier, et en attendant les
œuvres qui nous sont annoncées
pour demain, nous ajoutons aujour-
d'hui un de ces beaux et pittores-
ques dessins rehaussés de Gus
Bofa, un talent qui fait le maxi-
mum ; une somptueuse aquarelle de
Mme Lami : La perruque violette;
un% délicate sanguine de M. Henri
Guillaume ; deux excellents por-
traits par Bib. De qui?. Nous
vous en réservons la surprise pour
la nuit des enchères; un inattendu,
mais remarquable dessin de Edouard
Déverin, que nous connaissons sur-
tout comme écrivain; une carica-
ture de Bécan - lusieurs Deut-être
- largement traitée; un historique 1
et succulent dessin à la plume,
de René Giffey ; de Hernjic
une scène de la rue où l'élé-
gance la plus moderne s'allie
au sentiment le plus ancien.
puisqu'il est éternel. M. Ray-
mond Pallier nous promet un
dessin, et la légende est, nous
dit-on, digne du trait qui est
particulièrement cflimiifAnv
f Ainsi le lot grossit qui permettra aux
I gI artistes d'augmenter le bien-être dont on
veut entourer ia grande tragédienne. Car
nous pouvons, d'ores et déjà, affirmer que
les enchères seront animées autour de ces
œuvres qu'un même élan de solidarité ar-
tistique: aura groupées pour un soir, dans
le Studio Pathé.
A demain la 3e liste de souscription.
LES REPETITIONS GENERALES
"Princesse LiÏy", aux Variétés
Petite descendante des Massiques princesses
d'opérettes, reçue à une Cour où Tout n'est
que convention, présentée à un Roi grotesque
et ridicule, « Lily » roucoule agréablement des
airs écrits sur une musique facile.
Elle y chante la vie chère, les modes excen-
triques des personnes, l'amour, et la gaîté, les
combinaisons politiques, etc., etc.
Elle nous donne l'occasion d'applaudir très
chaleureusement : Mlle Jane. Saint-Bonnet, chan-
teuse d'opérette de style, qui joint le charme
à la grâce; Mlle Alice Bonheur, une reine d'o-
pérette d'une joyeuse allure, qui fredonne ses
couplets d'une voix très agréable; M. Félix Ou-
dart, un roi Pétaud d'une grande fantaisie; M.
Burnier, prince élégant et séduisant ; MM. Val-
lée et Alerme, hilarants ministres.
I D,
On déjeûnera,
on sera filmé
chez Langer mardi
, avec Pearl White
Un compte-rendu succint de la journée d'hier à
propos des inscriptions au banquet Peu* White,
fixé au mardi 14 juin, à midi. Le théâtre donne
presque autant que l'écran; les admirateurs de
la grande artiste, ses camarades, les abonnés et
les lecteurs de Comœdia, nous répondent, ac-
compagnant leur « Je viendrai » du montant
de leur cotisation. C'est bien.
Mais certains signent illisiblement; d'autres
demandent des renseignements, oubliant de com-
muniquer leur adresse. Voici donc les derniers
tuyaux :
On s'inscrit à Comœdia et au restaurant
Langer. Le reçu délivré des 30 francs servira de
carte d'entrée. En dehors de la table d'honneur
qui aura toutes ses places marquées, on pourra
s'installer, par groupes de quatre ou de six, à
de petites tables. Il est prudent de les retenir
dès maintenant car on vient en bandes, ce qui
n'a rien.d'étonnant pour des cinématographistes.
Nos confrères de la presse corporative et des
journaux quotidiens, déjà inscrits, peuvent reti-
rer leurs cartes.
On photographiera, on cinématographiera, on
autographiera (ceci pour l'exquise Pearl White 1)
J,-L. CROZE.
Mme Cora Laparcerie
quitte Paris
Après unie saison théâtrale qui n'a compté
que de grands succès, Mon homme, de Picard
et Carco, La Matrone d'Ephèse, de Jacques Ri-
chepin, Le Divan Noir, d'Edmond Guiraud. ,Mm&
Cora Laparcerie qui a donné cet hiver 350 re-
(Photo Henri Manuel)
Mme CORA LAPARCERIE
présentations à la Renaissance, est partie au-
jourd'hui, pour se reposer, donner des repré-
sentations à Liège, Bruxelles et Lyon, sous la;
direction d'Antoine Rasimi. La grande artiste,
entourée de ses brillants partenaires habituels,
Georges Colin, Argus, Max Alex, Henriette Mil-
ler, Melvil, jouera au théâtre des Galeries, à
Bruxelles, mardi prochain, Mon homme, son
succès légendaire.
Mme Cora Laparcerie fera sa rentrée à la
Renaissance le Il septembre, avec Zaza.
Echos
12 Juin 1848. — A Londres, Monte-Cristo est sif-
flé au Théâtre de Drury-Lane,
L
e Cirque Molier.
Le prochain spectacle du Cirque Mo-
lier qui s annonce fort brillant, aura DeU,
en - répétition générale le 29 juin; en gpe-
mière représentation le 1er juillet, et" en
matinée pour les jeunes filles et les enfanta
le dimanche 3 juillet. -
A
u temps des immeubles vacants.
Trois auteurs déambulaient dans les
rues du Pouliguen. Chaque fois que leurs
yeux rencontraient l'écriteau « villa àÍ
louer », ils s'arrêtaient:
— Oui, cette villa est magnifique, cla-
mait le premier.
— Et si bien bâtie : ajoutait le second.
- A nulle autre pareille, proférait le
troisième.
Tous en choeur -
— C'est là que je voudrais vivre !
Le petit manège attirait propriétaires et
badauds. Calmes et graves, les trois ami&
allaient devant une autre villa, cons-
cients d'accomplir la recommandation, en
« louant » l'immeuble.
Il n'y a plus rien à louer!
L'un des trois, Arthur Bernède, n'avait
pas encore écrit Gosseline; l'autre est un
librettiste et un critique qui fait campagne
pour la « carte rouge », Ernest Depré; le
troisième est mort au Champ d'honneur:
l'année même (1914) où le Grand-Guignofe
avait donné son spirituel Successeur: An-
dré Beury.
L
'après-midi d'une aphone. !
r C'est à un repas joyeux: il est treize
heures.
: — Allo, allo, c'est vous, mon cher Di-
recteur, dit au téléphone la grande vedette,'
d'une voix éteinte, à peine perceptible! ima-:
ginez-vous, je suis complètement aphone:'
on ne m'entend plus. Je sens que je ne
vais pas pouvoir jouer en matinée.
- Pas - jouer? Aphone? Quelle blaguer
je sais très bien que vous êtes à la noce
de. Pas jouer! C'est fort bien, je vais fai-'
re faire un constat par huissier! »
Et la grande vedette recouvrant soudain
sa voix, eng. le patron! Mais elle partit
tout de même: il y eut simplement ce jour-
là une maréchale qui n'arriva pas au théâ-
tre à l'heure militaire. Mais ne dit-on pas
aussi que la grande vedette en question doit
elle-même convoler sous peu.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain un article de
PAUL GINISTY 1.
1 A LA COMÉDIE-MONTAIGNE
"Le Bonheur à cinq sous"
Comédie en trois actes de M. Camille Dreyfus, d*après une nouvelle de M. René BoylesVe
Ce joli titre ! et comme il ferait bien, en effet,
sw un magazine populaire ! (à ce propos, je ne
pais m'empêcher de conter qu'ayant demandé à
une petite librairie le Bonheur à Cinq Sous, il
me fut répondu textuellement: « Je crois, mon-
-- (Dessin de Bib)
M. J. de FERAUDY
sièur, que nous l'avons, mais c'est à M centi-
mes » Le bonheur, comme toutes choses, a aug-
menté). M. Rampillon, directeur du magazine en
question, a remarqué, distingué Mme Jérôme
Jeton, la femme d'un jeune homme de lettres,
qui écrivaille des petits contes dans de vagues
journaux. Pour entrer dans les faveurs de l'é-
pouse, Rampillon a commandé au mari un ro-
man. Le jeune ménage loue pour l'été une mai-
son dans le Loiret, bien décidé à ce que le roman
soit terminé a la fin de la saison ; mais Jérôme
jeton est d'une espèce très rare chez les gens de
lettres: il reconnaît qu'il n'a aucun talent. Entre
tirer à la ligne et pêcher à la ligne, il n'hésite
pas : il pêche à la ligne. On s'enlise tout douce-
ment à deux et peut-être bientôt à trois, dans les
mœurs de la province ; on fait le besigue avec
l'abbé, on papote avec la châtelaine qui aime
Faust; elle l'accompagne sur un piano loué aux
deux jeunes gens qui le chantent avec une lé-
gère blague de Parisiens: la scène, d'une gaîté
fin
(Mais que le jeune ménage ne se croie pLS très
averti parce qu'il blague Faust; c'est très beau
Faust, par endroits). On va louer à bail la mai-
son et renoncer à Paris, à ses pompes et aux
œuvres qu'on voulait y produire.
Tout ce bonheur est détruit par la visite de
Rampillon. 11 vient chercher le roman: pas une
ligne n'en est écrite. Que lui dire? On s'en tire
tant bien que mal. Il demande alors à J é:ôme
le service de montrer à son chauffeur le chemin
du charron pour une réparation urgente à l'auto;
le jeune homme s'exécute avec inquiétude, et
Rampillon pousse sa pointe auprès de la jeune
femme, qui le remet en place, un peu duremant,
mais pas trop. Et Jérôme rentre avec l'intention
plus ferme que jamais de couler ses jours en
province, loin de Paris et des Rampillon.
Et puis, quelques jours après, le photographe
du Bonheur à cinq Sous se présente avec son
aide et ses ustensiles; il traite Jérôme de cher
maître, lui fait prendre des poses avantageuses,
ainsi qu'à Mme Jeton ; un vertige saisit le jeune
ménage et son entourage, même l'abbé, même la
châtelaine.
Et au photographe qui demande tout bas à
wessin de Bib}
tfi. NfWuibt
Mme Jérôme Jeton, de la part de Rampillon, si
on la verra cet hiver à Paris, elle jette: « Oui,
bientôt. »
J'ai relu le charmant chef-d'œuvre qui a servi
à M. Camille Dreyfus de noyau à sa pièce. Je
dis bien noyau car il en contient toute l'essence
concentrée. M. Dreyfus a fait un véritable tour
de force en tirant trois actes de ces quelques pa.
ges pleines et brèves. Il les a tirés, mais aussi
ua peu étirés; tels épisodes auraient besoin d'ê-
tre resserrés énergiquement; il pourrait deman-
der à René Boylesve un peu de son secret de
condensation, et de son art à la fois aigu et me-
saré.
Mais cette adaptation continue de révéler chez
M. Camille Dreyfus qui avait écrit naguère AI-
sace en collaboration avec Gaston Leroux, des
dons certains de dramaturge, le sens du pittores-
que et du dialogue; il ne lui manque qu'un cer-
tain sens des densités, des masses qui est à
vrai dire le principal don de l'auteur dramati-
Mlle FLORIAN M. NIOOLLE
Mme M.-A. FERIEL M. J. de FERAUDY
M. LAFOREST Mme GIRARDIN
que; l'expérience le lui donnera. Telle quelle, la
pièce a souvent charmé, et il faut la .^mercier
de montrer au public ce qu'il peut tenir de subs-
tance psychologique et sentimentale dans une
nouvelle, quand elle est écrite par un maître
de l'école française.
FERNAND GREGH.
N -
: L'Interprétation
Il y a d'excellents éléments dans la distribu-
tion du Bonheur à cinq sous, et pourtant l'in-
terprétation d'ensemble laisse une impression
assez terne. La faute première en est sans doute
aux inutiles et monotones bavardages qui alour-
dissent la pièce et à une absence de péripéties
qui font que les acteurs ont toujours l'air de
se mouvoir dans le vide; peut-être eût-on pu
essayer, par un mouvement général plus vif,
de donner le change; il n'en résulte pas moins
que tout cela paraît bien lent et bien long.
Ce n'est pas que M. Jacques de Féraudy ne
5e donne du mal. Ce jeune comédien porte un
nom qui oblige et il lui fait honneur. Il possède
la charmante qualité de la jeunesse, et ce n'est
pas la seule. Il a de l'intelligence, de la fan-
taisie, une voix qui rappelle celle de son père,
une diction fine et nuancée. Il a fait de son
mieux pour sauver Je rôle de Jérôme; mais ce
personnage veule se répète, de scène en scène,
avec une rigueur implacable, et il n'y a qu'à
savoir gré à M. Jacques de Féraudy de ses
efforts pour l'animer. Ici, c'est l'acteur qui
doit porter le rôle.
Mite Sybil Florian, dont le nom, si je ne me
trompe, paraît pour la première fois au théâtre,
est une grande personne de visage agréable, et
dont la voix est jolie et nette. Elle a du naturel,
de la finesse, une sûreté de jeu assez surpre-
nante chez une débutante. Il est difficile de
juger, sur cette épreuve, si elle est capabie en
même temps de sensibilité ou de force. Son
début n'est pas indifférent, et elle peut être
satisfaite.
Mlle Marie-Anse Fériel, oui semblait bouder
au théâtre, y fait sa rentrée dans un person-.
nage de dévote provinciale qu'elle joue avec
une délicate aisance, sans appuyer sur le ridi-
cule de son afféterie. C'était là le 'danger du
rôle, Mlle Fériel t'a évité avec adresse, et c'est
une Madame de Dr-acézaire très vraisemblable
qu'elle nous a présentée.
Pourquoi M. Colas exagère-t-il à ce point
la vulgarité de ce mufle de Rampillon ? Avec
sa face large et ses rudes façons, M. Colas n'a-
vait point à se forcer. Se rend-il compte que
l'excessive trivialité de cet individu enlève toute
vraisemblance au dénouement voulu par l'au-
teur ?
M. Nicollé nous montre un curé de cam-
pagne construit selon la formule et ne tente
rien pour lui conférer une apparence d'origi-
nalité. M. de Garcin est agréable dans une cour-
te scène. Mlle Lancret, élégante et jolie, manie
gentiment la rosserie. En des rôles brefs, ap-
paraissent Mlles Gira-rdin et Moreau, MM. La-
forest et Arnaud. Ce n'est pas cette fois que
nous crierons au miracle.
GEORGES BOURDON.
La Mise en scène
et les Décors
Spectacle sans outrance.
Toutes les joies de l'habitude à la portée de
l'Esprit.
Tout-le bien-être d'un moment passé au mi-
lieu de types connus, soucieux de nous épar-
gner l'agitation d'un étonnement.
Comme c'est bien, que les décors nous mè-
nent de Paris à la campagne au moment où l'été
s'annonce.
Comme le jeune ménage Jeton, le public pa-
risien , va quitter ses petits salons gris pâle et
ses acajous familiers pour les hautes cheminées
campagnardes d'une rusticité théâtrale.
Les deux derniers actes vont lui donner l'a-
vant-goût d'un bonheur qui lui coûtera beau-
coup plus que cinq sous. Hélas, il n'y a plus de
bonheur à ce prix!
Le titre de la comédie est le nom d'une revue
illustrée ; ce fait seul vieillit un peu la pièce et
recule vers l'avant-guerre ses aimables héros,
car maintenant, impossible de rencontrer un pé-
riodique illustré à cet invraisemblable prix.
Les aimables héros sont délicieusement jeu-
nes. Rampillon, malgré sa corpulence et ses
cheveux gris, est un directeur de Revue qui a
toutes les fougues de l'adolescence; le curé
poussiéreux est un doux enfant; la mère Coin-
coin est à peine plus mûre que la légendaire
Bécassine. Les bras de Sylvie plus blancs, plus
éclatants que sa robe virginale.
MAXIME DETHOMAS.
La Matinée
C'est mettre le Bonheur à bien bas prix -
autant dire en solde — que de l'afficher à vingt-
cinq centimes 1
Certes, si, au lieu d'être le titre d'un grand
magazine, Le Bonheur à cinq sous était l'en- ,
seigne d'un grand magasin, on pourrait croire
qu'il s'agit vraiment d'une « occasion exception-
nelle » : c'est l'été, on vend à perte; on liquide
et on s'en va.
Mais un poète a dit : « Tout bonheur que Ja
main n'atteint pas n'est qu'un rêve », et, ea
laissant ainsi le Bonheur à prix réduit, marqué
en chiffres connus, l'auteur a voulu— œuvrfc
pie — le mettre à la portée de toutes lIes bour-
ses. Que le ciel soit loué — et les fauteuil.
aussi — pour cette pensée charitable J
Debout dans une avant-scène, M. Camille
Dreyfus jette y coup d'œil — du cher maître
— sur la scène et dans la sa-He; lui faisant vis-
à-vis, dans une avant-scène de balcon, M. René
Boylesve est là qui cherche à l'horizon les peu-
pliers en forme de lance des bords de .la Loire,
à moins que ce ne soient les pins du Mont-
Baron.
Cependant l'auteur de la musique manquait;
car le Bonheur à cinq sous comporte une parti-
tion due à un jeune compositeur d'avenir, qui
n'a pas signé. Un air, entre autres, a obtenir
un vif succès : les paroles, d'une rare élévationi,
sont, autant qu'il m'en souvienne, les suivantes:
« Anges Purs, Anges Radieux, portez mon âmè
au sein des cieux. », etc. etc.
Chenté dans un excellent' mouvement par M,
de Féraudy et Mlle Fllorian, ce morceau ne
manquera pas de devenir populaire, j'en Jurer
rais.
Par une attention délicate à laquelle Comœdia
a été sensible, Jacques de Féraudy paraît au
troisième acte en salopette, c'est, en effet, à
quelques jours près, l'anniversaire de la fameuse
fête. Mais c'est simplement pour aller à la
« pêche aux ombres » que notre héros s'est
ainsi équipe ; cet homme de lettres prL ere, en
effet, pécher à la ligne que d'y tirer.
Si c'est une leçon. Enfin, soit, je me retira
mais Je voudrais dire pourtant que cette pièce
fit le Bonheur des Dames présentes : Mmes
Aliaimby, Hélène Dutrieu, Paule Rolle, Nadine
Picard, Madge Damiroff, Germaine Kym, Marie
Dubas, Madeleine Lin val, Andrée Féranne,
Ketty Pierson, Germaine France et sans doute
aussi celui de MM. Henri de Régnier, Georges
Boyer, Nozière, Alfred Savoir. Paul Ginisty,
Robert de Beauplan, André BeauniV, E. Sée;
Colette, Charles Méré; des contreras comme
André Chaumeix, Pierre Mortier, Géo Londeb.
Paul Granet, René Wisner," Jules Râteau. GaSot
ton Lebel, Marcel Fournier, J. M. Fçntanges,
de Montgon, GuiMot M, Saix, Gros Michau*
(Dessin, de BI*
M. COLAS
Daniel Ricne. E. Rey, Landowski, Dethomaâ;
les dessinateurs Bib et Coursât, les acteurs Jac-
ques Baumer, Bélières, F. Bastide, Gobev, etc.
MONTBORON»
Le Congrès national
des écrivains
Le congrès national des écrivains a tenu
hier ses deux dernières séances qui furent pré-
sidées, l'une et l'autre par M. André Beau-
nier.
M. Jean-Paul Belin dans un rapport lumi-
neux et applaudi, étudia le rôle de l'écrivain
dans la famille du Livre.
Le conférencier fait remarquer que !es na-
tions les plus fortes aujourd'hui, sont lec plus
fécondes et que les écrivains, artisans de ;.,..,
production intellectuelle sont un élément im-
portant de la puissance nationale. De F à ka
grouper en une profession fermée et armée se-
lon le système des classes, il n'y a qu'un pas.,
Si l'on réfléchit à Ja nature de leur travail,,
on reconnaît que les écrivains sont essentielle-
ment différents des officiers ministériels, de9
médecins, des fonctionnaires, des juristes qui
ressortissent aux « frais généraux 1), un peu
comme les services administratifs dans , un«
grande société. L'écrivain produit directement;
non seulement dans l'ordre meraS, mais en-
core dans l'ordre économique.
Cependant il est resté longtemps isolé, en
marge de la « Famille du Livre Il où se te-
naient seuls, étroitements unis, se succôdrnt
dans leur boutique, comme dans une charge, !€«
imprimeurs-éditeurs-libraires.
, Cette forte organisation de commerçants du
Livre, dissociée par la Révolution, se maintient
de nos jours sous forme de syndicats ouvrier*
et patronaux. Mais aujourd'hui les écrivains que,
depuis 1837, groupait la Société <4es C-ns cet
Lettres, ont commencé à « causer » avec k,¡
autres artisans de J'oeuvre commune : Contée
rence des auteurs et éditeurs, conférence du
papier, conseil économique du Livre ont bé-
néficié de leur concours.
La situation de l'écrivain apparaît à l'heurti
actuelle sous un jour tout à fait nouv1. If
semble qu'aujourd'hui l'aspect économique pri-
me tous les autres. Ce n'est plus senic'yenf'
avec l'intention de faire fortune que I on tra-
vaille, c'est avec le sentiment très ne; qu'urv
peuple fort, comme un homme de valeur, est
celui qui produit et qui vaut.
Or. le patrimoine intellectuel de la France
constitue une richesse universellement appré-:
ciée. Les écrivains n'auront pas de peine, t
15* ANNEE =Ni' 31. — QuotidfeL.
te Numéro "•
Pans. 0 fr. 20
Ijors Paris.. 0 fr. 25
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T61 : Holb 5.352 Principal Correspondant H. Bonnaira
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DIMANCHE 12 JUIN 102L
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Téléphone : CENTRAL 94-90, 94-97
DE L'AIR
Nous voici dans le mois des grandes
épreuves sur les champs de courses - au-
tant dire dans la saison des plus bèlles fê-
tes populaires de l'année. Ce sont nos cir-
censes, et qui valent bien ceux des anciens
Romains „
On se montre très injuste vi^à-vi.s des
courses, et aussi bien l'a-t-on toujours été.
Sous la Restauration déjà, quand rien ne
Paraissait plus prodigieusement élégant que
de posséder et faire courir un « coursier
d'Albion », Mme Emile de Girardin, rédi-
geant de célèbres chroniques, sous le pseu-
donyme de vicomte de Launay, se croyait
bien spirituelle en criblant d'ironies mondai-
nes et de blâmes distingués le nouveau di-
vertissement de la bonne société. Adolphe
Dumas, dans une pièce représentée en
1847, craint de ne bientôt plus voir dans
Paris, grâce à l'envahissement des jockeys
et des courses, « ni Français, ni France,
ni patrie » ( !) Et Alphonse Karr lui-même
écrit avec trivialité, comme toujours, mais
Cette fois sans bonne humeur, dans ses
Guêpes de 1841 : « Le prétexte est l'amé-
lioration des races de chevaux en France.
Jusqu'ici, on n'a fait, pour l'amélioration
de la race, qu'estropier et tuer les indivi-
dus. » ,'
0 propos démodés! 0 jugements vieil-
lots ! 0 incompétence naïve, touchante mê-
me' On dira donc toujours les mêmes cho-
ses? Dans un petit livre de 1818, que nous
avons sous les yeux, l'autear, vertueuse-
ment indigné, parle ainsi des combats de
boxe en Angleterre:
« L'acharnement redouble, à mesure
que ces coups affreux se multiplient, et les
spéculateurs fondent leurs spéculations avi-
dee sur ces meurtrissures. » On y lit éga-
lement que le fameux Jack Broughton « au-
to toujours égard à la constitution délicate
Se ses élèves, et il les munira de mitou-
flées, pour éviter qu'on ne leur crève un
seil, ou qu'on ne leur casse le nez ou la
Mâchoire. » Voilà qui fait trembler, n'est-
pas vrai?. Or il y a pourtant des per-
sonnes un peu attardées, qui en sont encore
* ces sornettes de 1818 comme de 1847!
h Quant aux jockeys, autre antienne. « Est-
■ vieux? Est-il jeune? Nul ne le sait, pas
même lui. » Ainsi s'exprime Jules Janin
en décrivant-le jockey qui, en 1836, gagna
'e premier Derby. Et il poursuit: «N'avoir
que la peau gt les os, assez d'os pour mon-
ter à cheval et pour tenir une bride, assez
de peau pour n'en pas laisser sur la selle,
♦oilà sa gloire. Ce jeune homme, ou ce
Vieillard. on eût dit une ombre habillée
^ui allait célébrer le carnaval chez Proser-
!;lIne. »
Naguère encore, Zola définissait un jo-
ckey, dans Nana: « Ce vieil enfant dessé-
ché, cette longue figure dure et morte. »
Et Flaubert, dans l'Education sentimen-
tale: « Le cheval victorieux se traînait jus-
qu'au pesage, tandis que son cavalier, com-
nle- agonisant sur la selle, se tenait les cô-
ets. »
Terrible !
Hélas! combien tout cela semble usé,
'-It du romanesque le plus falot! Néanmoins
** reflet, un souvenir de ces vieilles igno-
rances et de ces préjugés qui furent tradi-
tionnels, flottent encore vaguement parmi
nous. Certains nous accuseraient volontiers
de nous complaire à des mœurs de Bas-
trnpire, et nous plaindraient de ne plus sa-
voir admirer que des « jockeys », comme
sous Louis-Philippe.
SOurions gaiement de ces coquecigrues.
La vérité, c'est que, grâce au ciel, Paris
tout entier s'enthousiasme pour de magnifi-
ques spectacles de sport, et que c'est tant
mieux. Ce pauvre Paris, quand il veut s'a-
muser, croyez-vous qu'il irait dans les mu-
sées contempler des statues, des tableaux,
ou qu'il parcourrait soit les rues, soit les
champs, en quête de beaux gestes et d'atti-
tudes bien choisies?.- Mais non, il irait au
café.
Au lieu que le voici, à cette heure, qui
se rue autour des rings et des hippodromes,
afin d'éprouver un des plaisirs les plus
vifs et les plus fins du monde, à savoir d'as-
sister à un effort assez énergiquement et
intelligemment accompli pour triompher glo-
rieusement d'autres efforts, dont la violence
fut moins savante et le courage moins par-
fait. Ainsi s'émouvaient déjà les compa-
gnons d'Enée, alors que ceux-ci suivaient
le match inoubliable dans lequel, en Sicile,
le fameux Entelle disputa son titre de cham-
pion méditerranéen.
Oh! parbleu! je prévois bien l'objection:
c'est le jeu, non le sport lui-même, qui pas-
sionne la foule?
Sans doute. Toutefois, il n'y à pas que le
jeu tout seul, tout nu, sur les champs de
courses et autour des rings. Quand on ad-
mire l'audace élégante et raisonnée d'un
Carpentier, croyez-vous que l'on pense uni-
quement aux quelques sous, aux quelques
louis qu'on gagne ou qu'on perd? Et lors-
qu'un champ de courses entier crie le nom
d'un cheval vainqueur, soyez certain que si
la victoire eut lieu dans un bon style, la dé-
ception des uns est un peu moins grande,
comme l'ivresse des autres encore un peu
plus joyeuse: or, il y a plus d'art et de
culture qu'on ne pense, dans ces « un
peu. »
Il ne faut pas toujours parler de byzanti-
nisme. N'oublions pas que les Anglais, ja-
dis, prétendaient s'être préparés en boxant
à la bataille de Waterloo, et qu'aux grandes
périodes des Olympiques répondait, non la
gloire de Byzance, mais celle de Salamine.
Les générations de soldats admirables qui
ont triomphé dans notre grande guerre, ont
été élevés dans un culte croissant du sport:
et aujourd'hui, même au village, les plus
jeunes « pratiquent
Ah! tant mieux!. Notre vie devient si
recherchée, si parée., on trouve tant de
« spectacles d'art partout, tant de dou-
ceur physique enfin nous environne, qu'il
y a quelque chose de délicieusement toni-
que à contempler de violents efforts, plus
simples que les pirouettes des ballets, voire
à les accomplir en personne. L'universelle
danse de Saint Gui, tant au théâtre qu'à la
ville, finit par écœurer légèrement, comme
un dîner où il n'y aurait que des gâteaux.
De lassitude, ne s'est-on pas pris à soupirer
parfois: « 0 une belle partie de football sur
une vraie pelouse, où il fait de la boue
quand il pleut! 0 un sévère laisser-courre
dans la forêt sauvage, sous la bise d'autom-
ne! 0 le galop féroce à l'arrivée d'une
grande épreuve!. »
Adieu, quinquets, vendanges d'art sont
faites! Jusqu'à l'hiver prochain, de l'air, de
l'air!. Nous voici plusieurs qui donnerions
en ce moment une cinquantaine de danseurs
danois ou sardes pour le dernier des che-
vaux à réclamer, et vingt mille entrechats
pour un bon coup de poing.
— « Votre voisin, dira-t-on, peut vous
offrir ça tous les jours. »
Oui, mais, n'est-ce pas, selon les règles.
Marcel BOULENGER.
AU STUDIO-PA THÉ
Uue grande vente artistique
au bénéfice - 1
d'Aimée Tessandier
t'inauguration du studio modèle de Pathé
Consortium, à Vincennes, mardi soir, à 11 heu-
res, aura lieu' avec un succès sans précédent,
't n'est mal présumer de l'avenir que de le
(Dessin de René Giffeyl
- ATtiOS
dire. Tout Paris viendra et Tout-Paris voudrait
venir.
Si vaste que soit l'hôtel choisi par « les Trois
Mousquetaires » pour accueillir leurs invités, dé-
sireux de se distraire en une fête d'art doublée
d'une fête de bienfaisance, on a dû limiter le
nombre des élus. MM. Denis Ricaud, adminis-
trateur délégué, et Louis Fourel, directeur artis-
tique de Pathé-Consortium-Cinéma, se voient as-
^jUis de demandes. Ils s'excusent de leur
mieux, avec un « trop tard » plein de grâce mais
définitif, semblable à celui du secrétaire du théâ-
tre , un jour de générale.
Au programme, que nous ne pouvons encore
donner tout entier, sont inscrits, grâce à l'ama-
llité inlassablement prête de M. Jacques Héber-
tot, directeur du Théâtre des Champs-Elysées:
Les Vierges Folles, perle du répertoire des bal-
Jean Borlin où Mlle Margareta Johanson et M.
Par n Borlin sont acclamés et se feront acclamer
con Ul* public d'élite. Les Soldats de Bois, qui
constituent une des merveilles de « la Chauve-
Souris n, à Femina, et que son animateur M. Ba-
leieff ch veut bien nous donner. Une étoile, dont
le charme et le talent si haut brillent. Mais
Doi Us n'avons point encore le droit de la nomer,
Ce sera pour demain. La danse française sera re-
présentée par ses sujets les plus renommés, les
plus glorieux ,les plus enviée aussi..
Pour la vente aux enchères. les lots affluent
Les commissaires-priseurs auront
fort à faire mardi.
Aux aquarelles, pastels et des-
sins reçus hier, et en attendant les
œuvres qui nous sont annoncées
pour demain, nous ajoutons aujour-
d'hui un de ces beaux et pittores-
ques dessins rehaussés de Gus
Bofa, un talent qui fait le maxi-
mum ; une somptueuse aquarelle de
Mme Lami : La perruque violette;
un% délicate sanguine de M. Henri
Guillaume ; deux excellents por-
traits par Bib. De qui?. Nous
vous en réservons la surprise pour
la nuit des enchères; un inattendu,
mais remarquable dessin de Edouard
Déverin, que nous connaissons sur-
tout comme écrivain; une carica-
ture de Bécan - lusieurs Deut-être
- largement traitée; un historique 1
et succulent dessin à la plume,
de René Giffey ; de Hernjic
une scène de la rue où l'élé-
gance la plus moderne s'allie
au sentiment le plus ancien.
puisqu'il est éternel. M. Ray-
mond Pallier nous promet un
dessin, et la légende est, nous
dit-on, digne du trait qui est
particulièrement cflimiifAnv
f Ainsi le lot grossit qui permettra aux
I gI artistes d'augmenter le bien-être dont on
veut entourer ia grande tragédienne. Car
nous pouvons, d'ores et déjà, affirmer que
les enchères seront animées autour de ces
œuvres qu'un même élan de solidarité ar-
tistique: aura groupées pour un soir, dans
le Studio Pathé.
A demain la 3e liste de souscription.
LES REPETITIONS GENERALES
"Princesse LiÏy", aux Variétés
Petite descendante des Massiques princesses
d'opérettes, reçue à une Cour où Tout n'est
que convention, présentée à un Roi grotesque
et ridicule, « Lily » roucoule agréablement des
airs écrits sur une musique facile.
Elle y chante la vie chère, les modes excen-
triques des personnes, l'amour, et la gaîté, les
combinaisons politiques, etc., etc.
Elle nous donne l'occasion d'applaudir très
chaleureusement : Mlle Jane. Saint-Bonnet, chan-
teuse d'opérette de style, qui joint le charme
à la grâce; Mlle Alice Bonheur, une reine d'o-
pérette d'une joyeuse allure, qui fredonne ses
couplets d'une voix très agréable; M. Félix Ou-
dart, un roi Pétaud d'une grande fantaisie; M.
Burnier, prince élégant et séduisant ; MM. Val-
lée et Alerme, hilarants ministres.
I D,
On déjeûnera,
on sera filmé
chez Langer mardi
, avec Pearl White
Un compte-rendu succint de la journée d'hier à
propos des inscriptions au banquet Peu* White,
fixé au mardi 14 juin, à midi. Le théâtre donne
presque autant que l'écran; les admirateurs de
la grande artiste, ses camarades, les abonnés et
les lecteurs de Comœdia, nous répondent, ac-
compagnant leur « Je viendrai » du montant
de leur cotisation. C'est bien.
Mais certains signent illisiblement; d'autres
demandent des renseignements, oubliant de com-
muniquer leur adresse. Voici donc les derniers
tuyaux :
On s'inscrit à Comœdia et au restaurant
Langer. Le reçu délivré des 30 francs servira de
carte d'entrée. En dehors de la table d'honneur
qui aura toutes ses places marquées, on pourra
s'installer, par groupes de quatre ou de six, à
de petites tables. Il est prudent de les retenir
dès maintenant car on vient en bandes, ce qui
n'a rien.d'étonnant pour des cinématographistes.
Nos confrères de la presse corporative et des
journaux quotidiens, déjà inscrits, peuvent reti-
rer leurs cartes.
On photographiera, on cinématographiera, on
autographiera (ceci pour l'exquise Pearl White 1)
J,-L. CROZE.
Mme Cora Laparcerie
quitte Paris
Après unie saison théâtrale qui n'a compté
que de grands succès, Mon homme, de Picard
et Carco, La Matrone d'Ephèse, de Jacques Ri-
chepin, Le Divan Noir, d'Edmond Guiraud. ,Mm&
Cora Laparcerie qui a donné cet hiver 350 re-
(Photo Henri Manuel)
Mme CORA LAPARCERIE
présentations à la Renaissance, est partie au-
jourd'hui, pour se reposer, donner des repré-
sentations à Liège, Bruxelles et Lyon, sous la;
direction d'Antoine Rasimi. La grande artiste,
entourée de ses brillants partenaires habituels,
Georges Colin, Argus, Max Alex, Henriette Mil-
ler, Melvil, jouera au théâtre des Galeries, à
Bruxelles, mardi prochain, Mon homme, son
succès légendaire.
Mme Cora Laparcerie fera sa rentrée à la
Renaissance le Il septembre, avec Zaza.
Echos
12 Juin 1848. — A Londres, Monte-Cristo est sif-
flé au Théâtre de Drury-Lane,
L
e Cirque Molier.
Le prochain spectacle du Cirque Mo-
lier qui s annonce fort brillant, aura DeU,
en - répétition générale le 29 juin; en gpe-
mière représentation le 1er juillet, et" en
matinée pour les jeunes filles et les enfanta
le dimanche 3 juillet. -
A
u temps des immeubles vacants.
Trois auteurs déambulaient dans les
rues du Pouliguen. Chaque fois que leurs
yeux rencontraient l'écriteau « villa àÍ
louer », ils s'arrêtaient:
— Oui, cette villa est magnifique, cla-
mait le premier.
— Et si bien bâtie : ajoutait le second.
- A nulle autre pareille, proférait le
troisième.
Tous en choeur -
— C'est là que je voudrais vivre !
Le petit manège attirait propriétaires et
badauds. Calmes et graves, les trois ami&
allaient devant une autre villa, cons-
cients d'accomplir la recommandation, en
« louant » l'immeuble.
Il n'y a plus rien à louer!
L'un des trois, Arthur Bernède, n'avait
pas encore écrit Gosseline; l'autre est un
librettiste et un critique qui fait campagne
pour la « carte rouge », Ernest Depré; le
troisième est mort au Champ d'honneur:
l'année même (1914) où le Grand-Guignofe
avait donné son spirituel Successeur: An-
dré Beury.
L
'après-midi d'une aphone. !
r C'est à un repas joyeux: il est treize
heures.
: — Allo, allo, c'est vous, mon cher Di-
recteur, dit au téléphone la grande vedette,'
d'une voix éteinte, à peine perceptible! ima-:
ginez-vous, je suis complètement aphone:'
on ne m'entend plus. Je sens que je ne
vais pas pouvoir jouer en matinée.
- Pas - jouer? Aphone? Quelle blaguer
je sais très bien que vous êtes à la noce
de. Pas jouer! C'est fort bien, je vais fai-'
re faire un constat par huissier! »
Et la grande vedette recouvrant soudain
sa voix, eng. le patron! Mais elle partit
tout de même: il y eut simplement ce jour-
là une maréchale qui n'arriva pas au théâ-
tre à l'heure militaire. Mais ne dit-on pas
aussi que la grande vedette en question doit
elle-même convoler sous peu.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain un article de
PAUL GINISTY 1.
1 A LA COMÉDIE-MONTAIGNE
"Le Bonheur à cinq sous"
Comédie en trois actes de M. Camille Dreyfus, d*après une nouvelle de M. René BoylesVe
Ce joli titre ! et comme il ferait bien, en effet,
sw un magazine populaire ! (à ce propos, je ne
pais m'empêcher de conter qu'ayant demandé à
une petite librairie le Bonheur à Cinq Sous, il
me fut répondu textuellement: « Je crois, mon-
-- (Dessin de Bib)
M. J. de FERAUDY
sièur, que nous l'avons, mais c'est à M centi-
mes » Le bonheur, comme toutes choses, a aug-
menté). M. Rampillon, directeur du magazine en
question, a remarqué, distingué Mme Jérôme
Jeton, la femme d'un jeune homme de lettres,
qui écrivaille des petits contes dans de vagues
journaux. Pour entrer dans les faveurs de l'é-
pouse, Rampillon a commandé au mari un ro-
man. Le jeune ménage loue pour l'été une mai-
son dans le Loiret, bien décidé à ce que le roman
soit terminé a la fin de la saison ; mais Jérôme
jeton est d'une espèce très rare chez les gens de
lettres: il reconnaît qu'il n'a aucun talent. Entre
tirer à la ligne et pêcher à la ligne, il n'hésite
pas : il pêche à la ligne. On s'enlise tout douce-
ment à deux et peut-être bientôt à trois, dans les
mœurs de la province ; on fait le besigue avec
l'abbé, on papote avec la châtelaine qui aime
Faust; elle l'accompagne sur un piano loué aux
deux jeunes gens qui le chantent avec une lé-
gère blague de Parisiens: la scène, d'une gaîté
fin
(Mais que le jeune ménage ne se croie pLS très
averti parce qu'il blague Faust; c'est très beau
Faust, par endroits). On va louer à bail la mai-
son et renoncer à Paris, à ses pompes et aux
œuvres qu'on voulait y produire.
Tout ce bonheur est détruit par la visite de
Rampillon. 11 vient chercher le roman: pas une
ligne n'en est écrite. Que lui dire? On s'en tire
tant bien que mal. Il demande alors à J é:ôme
le service de montrer à son chauffeur le chemin
du charron pour une réparation urgente à l'auto;
le jeune homme s'exécute avec inquiétude, et
Rampillon pousse sa pointe auprès de la jeune
femme, qui le remet en place, un peu duremant,
mais pas trop. Et Jérôme rentre avec l'intention
plus ferme que jamais de couler ses jours en
province, loin de Paris et des Rampillon.
Et puis, quelques jours après, le photographe
du Bonheur à cinq Sous se présente avec son
aide et ses ustensiles; il traite Jérôme de cher
maître, lui fait prendre des poses avantageuses,
ainsi qu'à Mme Jeton ; un vertige saisit le jeune
ménage et son entourage, même l'abbé, même la
châtelaine.
Et au photographe qui demande tout bas à
wessin de Bib}
tfi. NfWuibt
Mme Jérôme Jeton, de la part de Rampillon, si
on la verra cet hiver à Paris, elle jette: « Oui,
bientôt. »
J'ai relu le charmant chef-d'œuvre qui a servi
à M. Camille Dreyfus de noyau à sa pièce. Je
dis bien noyau car il en contient toute l'essence
concentrée. M. Dreyfus a fait un véritable tour
de force en tirant trois actes de ces quelques pa.
ges pleines et brèves. Il les a tirés, mais aussi
ua peu étirés; tels épisodes auraient besoin d'ê-
tre resserrés énergiquement; il pourrait deman-
der à René Boylesve un peu de son secret de
condensation, et de son art à la fois aigu et me-
saré.
Mais cette adaptation continue de révéler chez
M. Camille Dreyfus qui avait écrit naguère AI-
sace en collaboration avec Gaston Leroux, des
dons certains de dramaturge, le sens du pittores-
que et du dialogue; il ne lui manque qu'un cer-
tain sens des densités, des masses qui est à
vrai dire le principal don de l'auteur dramati-
Mlle FLORIAN M. NIOOLLE
Mme M.-A. FERIEL M. J. de FERAUDY
M. LAFOREST Mme GIRARDIN
que; l'expérience le lui donnera. Telle quelle, la
pièce a souvent charmé, et il faut la .^mercier
de montrer au public ce qu'il peut tenir de subs-
tance psychologique et sentimentale dans une
nouvelle, quand elle est écrite par un maître
de l'école française.
FERNAND GREGH.
N -
: L'Interprétation
Il y a d'excellents éléments dans la distribu-
tion du Bonheur à cinq sous, et pourtant l'in-
terprétation d'ensemble laisse une impression
assez terne. La faute première en est sans doute
aux inutiles et monotones bavardages qui alour-
dissent la pièce et à une absence de péripéties
qui font que les acteurs ont toujours l'air de
se mouvoir dans le vide; peut-être eût-on pu
essayer, par un mouvement général plus vif,
de donner le change; il n'en résulte pas moins
que tout cela paraît bien lent et bien long.
Ce n'est pas que M. Jacques de Féraudy ne
5e donne du mal. Ce jeune comédien porte un
nom qui oblige et il lui fait honneur. Il possède
la charmante qualité de la jeunesse, et ce n'est
pas la seule. Il a de l'intelligence, de la fan-
taisie, une voix qui rappelle celle de son père,
une diction fine et nuancée. Il a fait de son
mieux pour sauver Je rôle de Jérôme; mais ce
personnage veule se répète, de scène en scène,
avec une rigueur implacable, et il n'y a qu'à
savoir gré à M. Jacques de Féraudy de ses
efforts pour l'animer. Ici, c'est l'acteur qui
doit porter le rôle.
Mite Sybil Florian, dont le nom, si je ne me
trompe, paraît pour la première fois au théâtre,
est une grande personne de visage agréable, et
dont la voix est jolie et nette. Elle a du naturel,
de la finesse, une sûreté de jeu assez surpre-
nante chez une débutante. Il est difficile de
juger, sur cette épreuve, si elle est capabie en
même temps de sensibilité ou de force. Son
début n'est pas indifférent, et elle peut être
satisfaite.
Mlle Marie-Anse Fériel, oui semblait bouder
au théâtre, y fait sa rentrée dans un person-.
nage de dévote provinciale qu'elle joue avec
une délicate aisance, sans appuyer sur le ridi-
cule de son afféterie. C'était là le 'danger du
rôle, Mlle Fériel t'a évité avec adresse, et c'est
une Madame de Dr-acézaire très vraisemblable
qu'elle nous a présentée.
Pourquoi M. Colas exagère-t-il à ce point
la vulgarité de ce mufle de Rampillon ? Avec
sa face large et ses rudes façons, M. Colas n'a-
vait point à se forcer. Se rend-il compte que
l'excessive trivialité de cet individu enlève toute
vraisemblance au dénouement voulu par l'au-
teur ?
M. Nicollé nous montre un curé de cam-
pagne construit selon la formule et ne tente
rien pour lui conférer une apparence d'origi-
nalité. M. de Garcin est agréable dans une cour-
te scène. Mlle Lancret, élégante et jolie, manie
gentiment la rosserie. En des rôles brefs, ap-
paraissent Mlles Gira-rdin et Moreau, MM. La-
forest et Arnaud. Ce n'est pas cette fois que
nous crierons au miracle.
GEORGES BOURDON.
La Mise en scène
et les Décors
Spectacle sans outrance.
Toutes les joies de l'habitude à la portée de
l'Esprit.
Tout-le bien-être d'un moment passé au mi-
lieu de types connus, soucieux de nous épar-
gner l'agitation d'un étonnement.
Comme c'est bien, que les décors nous mè-
nent de Paris à la campagne au moment où l'été
s'annonce.
Comme le jeune ménage Jeton, le public pa-
risien , va quitter ses petits salons gris pâle et
ses acajous familiers pour les hautes cheminées
campagnardes d'une rusticité théâtrale.
Les deux derniers actes vont lui donner l'a-
vant-goût d'un bonheur qui lui coûtera beau-
coup plus que cinq sous. Hélas, il n'y a plus de
bonheur à ce prix!
Le titre de la comédie est le nom d'une revue
illustrée ; ce fait seul vieillit un peu la pièce et
recule vers l'avant-guerre ses aimables héros,
car maintenant, impossible de rencontrer un pé-
riodique illustré à cet invraisemblable prix.
Les aimables héros sont délicieusement jeu-
nes. Rampillon, malgré sa corpulence et ses
cheveux gris, est un directeur de Revue qui a
toutes les fougues de l'adolescence; le curé
poussiéreux est un doux enfant; la mère Coin-
coin est à peine plus mûre que la légendaire
Bécassine. Les bras de Sylvie plus blancs, plus
éclatants que sa robe virginale.
MAXIME DETHOMAS.
La Matinée
C'est mettre le Bonheur à bien bas prix -
autant dire en solde — que de l'afficher à vingt-
cinq centimes 1
Certes, si, au lieu d'être le titre d'un grand
magazine, Le Bonheur à cinq sous était l'en- ,
seigne d'un grand magasin, on pourrait croire
qu'il s'agit vraiment d'une « occasion exception-
nelle » : c'est l'été, on vend à perte; on liquide
et on s'en va.
Mais un poète a dit : « Tout bonheur que Ja
main n'atteint pas n'est qu'un rêve », et, ea
laissant ainsi le Bonheur à prix réduit, marqué
en chiffres connus, l'auteur a voulu— œuvrfc
pie — le mettre à la portée de toutes lIes bour-
ses. Que le ciel soit loué — et les fauteuil.
aussi — pour cette pensée charitable J
Debout dans une avant-scène, M. Camille
Dreyfus jette y coup d'œil — du cher maître
— sur la scène et dans la sa-He; lui faisant vis-
à-vis, dans une avant-scène de balcon, M. René
Boylesve est là qui cherche à l'horizon les peu-
pliers en forme de lance des bords de .la Loire,
à moins que ce ne soient les pins du Mont-
Baron.
Cependant l'auteur de la musique manquait;
car le Bonheur à cinq sous comporte une parti-
tion due à un jeune compositeur d'avenir, qui
n'a pas signé. Un air, entre autres, a obtenir
un vif succès : les paroles, d'une rare élévationi,
sont, autant qu'il m'en souvienne, les suivantes:
« Anges Purs, Anges Radieux, portez mon âmè
au sein des cieux. », etc. etc.
Chenté dans un excellent' mouvement par M,
de Féraudy et Mlle Fllorian, ce morceau ne
manquera pas de devenir populaire, j'en Jurer
rais.
Par une attention délicate à laquelle Comœdia
a été sensible, Jacques de Féraudy paraît au
troisième acte en salopette, c'est, en effet, à
quelques jours près, l'anniversaire de la fameuse
fête. Mais c'est simplement pour aller à la
« pêche aux ombres » que notre héros s'est
ainsi équipe ; cet homme de lettres prL ere, en
effet, pécher à la ligne que d'y tirer.
Si c'est une leçon. Enfin, soit, je me retira
mais Je voudrais dire pourtant que cette pièce
fit le Bonheur des Dames présentes : Mmes
Aliaimby, Hélène Dutrieu, Paule Rolle, Nadine
Picard, Madge Damiroff, Germaine Kym, Marie
Dubas, Madeleine Lin val, Andrée Féranne,
Ketty Pierson, Germaine France et sans doute
aussi celui de MM. Henri de Régnier, Georges
Boyer, Nozière, Alfred Savoir. Paul Ginisty,
Robert de Beauplan, André BeauniV, E. Sée;
Colette, Charles Méré; des contreras comme
André Chaumeix, Pierre Mortier, Géo Londeb.
Paul Granet, René Wisner," Jules Râteau. GaSot
ton Lebel, Marcel Fournier, J. M. Fçntanges,
de Montgon, GuiMot M, Saix, Gros Michau*
(Dessin, de BI*
M. COLAS
Daniel Ricne. E. Rey, Landowski, Dethomaâ;
les dessinateurs Bib et Coursât, les acteurs Jac-
ques Baumer, Bélières, F. Bastide, Gobev, etc.
MONTBORON»
Le Congrès national
des écrivains
Le congrès national des écrivains a tenu
hier ses deux dernières séances qui furent pré-
sidées, l'une et l'autre par M. André Beau-
nier.
M. Jean-Paul Belin dans un rapport lumi-
neux et applaudi, étudia le rôle de l'écrivain
dans la famille du Livre.
Le conférencier fait remarquer que !es na-
tions les plus fortes aujourd'hui, sont lec plus
fécondes et que les écrivains, artisans de ;.,..,
production intellectuelle sont un élément im-
portant de la puissance nationale. De F à ka
grouper en une profession fermée et armée se-
lon le système des classes, il n'y a qu'un pas.,
Si l'on réfléchit à Ja nature de leur travail,,
on reconnaît que les écrivains sont essentielle-
ment différents des officiers ministériels, de9
médecins, des fonctionnaires, des juristes qui
ressortissent aux « frais généraux 1), un peu
comme les services administratifs dans , un«
grande société. L'écrivain produit directement;
non seulement dans l'ordre meraS, mais en-
core dans l'ordre économique.
Cependant il est resté longtemps isolé, en
marge de la « Famille du Livre Il où se te-
naient seuls, étroitements unis, se succôdrnt
dans leur boutique, comme dans une charge, !€«
imprimeurs-éditeurs-libraires.
, Cette forte organisation de commerçants du
Livre, dissociée par la Révolution, se maintient
de nos jours sous forme de syndicats ouvrier*
et patronaux. Mais aujourd'hui les écrivains que,
depuis 1837, groupait la Société <4es C-ns cet
Lettres, ont commencé à « causer » avec k,¡
autres artisans de J'oeuvre commune : Contée
rence des auteurs et éditeurs, conférence du
papier, conseil économique du Livre ont bé-
néficié de leur concours.
La situation de l'écrivain apparaît à l'heurti
actuelle sous un jour tout à fait nouv1. If
semble qu'aujourd'hui l'aspect économique pri-
me tous les autres. Ce n'est plus senic'yenf'
avec l'intention de faire fortune que I on tra-
vaille, c'est avec le sentiment très ne; qu'urv
peuple fort, comme un homme de valeur, est
celui qui produit et qui vaut.
Or. le patrimoine intellectuel de la France
constitue une richesse universellement appré-:
ciée. Les écrivains n'auront pas de peine, t
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