Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-08-01
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1921 01 août 1921
Description : 1921/08/01 (A15,N3151). 1921/08/01 (A15,N3151).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
Directeur : GEORGES CASELL'A ,-
l'Se ANNEE - N' 315 î - Quotidien
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ANTOINE ET LES JEUNES
Les souvenirs d'Antoine publiés par
La Revue Hebdomadaire, portent sur
trene-cinq années de notre vie artisti-
que. Cette période est l'une des plus fé-
j qu'ait connues notre littérature
dramatique. De Zola, Paul Alexis ou
Georges Ancey jusqu à Jean Sarment et
Gabriel Marcel, vingt formules nouvel-
les ont eu le loisir de naître, de mourir,
de survivre.
Ce fut, la barrière traditionnaliste
rompue, comme un splendide lâcher de
poulains sur de neuves et grasses prai-
ries toute lumineuses de libertés, de
nouveautés, d'espérances ! Quelles ca-
acGlades, quelles gambades ! On allait
en donner à coeur- joie de trouver, d in-
créer, d'avoir librement du
\JoUle, et de lancer son -en comme on
tem a!t, tant qu'on pouvait, de tout son
tem Pe- rainent- ! Cette explosion de soi-
dl "ant réalisme fut au contraire un jail-
^•errt d'idéalisme éperdu.
~~t se rend mieux compte, aujour-
qui Ut, , que, cette barrière, ce fut Antoine
sim' 1 Un,s main juvénile et résolue, tout
sl!npltni,eni l'ouvrit, tel un homme qui
air Va nt fermee une porte sur le plein
« à a,Pousse tranquillement en disant :
B, Près tout, pourquoi est-ce qu'on ne
^raH pas par-là ? »
tre t il en est passé « par là » durant
trente années ! Tous ceux qui venaient
un beau désir de mieux respirer,
ter dire quelque chose de neuf, d'appor-
ta Un savoir, une sensibilité, un point
J vytte, tme -manière ; et ceux qui ne
0 vOuaient qu'à leur art ; et ceux qui
Juchaient un foyer d'attraction, un
centre lumineux, un noyau de groupe-
et f. c eu x qui voulaient interpréter
y £ une foi plus pure des œuvres nou-
ks; et ceux que séchait la soif d'é-
tuelions meilleures et de débats intellec-
tuels. Quel temps que celui d'une si af-
collaboration entre l'auteur,
fprète et "l'auditoire* comme atta-
blé.* à Un même festin spirituel, eft ami !
Par Out cela a été dit, est dit, sera dit
pa Jes aînés, par ceux qui furent les
la tw^ de ces festins. inoubliables, en
Pehte auberge du Théâtre-Libre, Tous
^aujourd'hui: glorieux, ne peu-
jy> ravoir oublié de si franches aga-
bien d âfhe" et de ferveur. Il s'agissait
Qfent ? gagner de l'argent, à ce riio-
iiienna ! Il fallait dire sa pensée, com-
tre nier avec le public, rendre au théâ-
tre belle mission d'éducateur du peu-
pk v de distributeur de manne spirituel-
IIS 1 irônt, ceux-là qui furent de
\lie' v e phalange ,tous ceux dont la
vie va revivre sous là plume d'Antoine
et dont les souvenirs sont une part des
siens.
Jevoudrais ici, moins éloquemment
dire' lr-e, mais avec autant de. sincérité,
des jeunes, de
dire a. Antoine le merci des .jeune.s" de
ceux qu'infatigablement à chaque gé-né-
treh,, trouve, déniché avec son clair
travers- l'é p ai ss' eur de-leu-r ano-
(fo»L probablement sans exemple
un )Ieune a,uteur -
",aiti Jeune auteur de talent se soit en
Vain aPProché de cet homme au juge-
rr^nt lPproché de- cet homine au j.u
Pète Si ample et si sûr .C'est cette es
~uv de Passion qui tient Antoine pour
ilot U'vre finale et le talent nouveau qui
doit u rendre cher aux jeunes intelligen-
v^'p Var il est inouï, vraiment, si l'on
lfn regarder la chose de près,
ùn hom- tne qui joue là comédie et di-
r'£^e |11 théâtre et qui s'est acquis dans
cette double occupation renommée et
profit, ne s'en tienne pas là, ne s'orga-
nise pas béatement dans ce fromage,
n'exploite pas à fond, froidement, par
respect pour ses commanditaires et sou-
ci de ses vieux jours, une mine qui pro-
duit de si beaux dividendes ; mais, au
contraire, ainsi qu'un possédé, un mys-
tique, un astrologie, se remette, sous
l'œil ahuri.et consterné de son banquier,
à forer d'autres puits, à sonder d'autres
ceuches à chercher d'autres filons plus
neufs et plus beaux, au risque d'englou-
tir en travaux d'essai tous les bénéfices
d'une affaire qui marche si bien !
Au -lieu de s'allonger mollement sur
ses lauriers, ce pèlerin du talent, incon-
nu reprend la route et le bâton. Il cher-
che, il cherche ! H élargit le cadre de
son théâtre pour faire plus beau, plus
grand pour mieux accueillir le novice di-
gne d'entrer. A ce jeu ,il fait infortune.
Il n'a plus de théâtre: Qu'à cela ne tien-
ne ; if publie des manuscrits et én une
année révèle deux ou trois auteurs du
plus grand mérite. C'est son idée fixe,
son vice, sa grandeur. -
Car-ce :qu'il cherche avec une persé-
vérance admirable, de Biogène de l'art
dramatique, c'est, , depuis trente-cinq
ans, le Grand Homme, celui qui incar-
ne exprime et représente l'être humain
de toujours dans la société d'un mo-
ment. Ce qu'il cherche, c'est Molière,
c'est Shakespeare, c'est Ibsen. Il a trou-
vé Cure!. C'est quelque chose. II conti-
nue à chercher. Il ne le dit pas, mais
je crois bien que c'est sa pensée secrète.
Ne confiait-il pas naguère à quelques
jeunes auteurs dont il avait joué les
premières pièces : « Vous ne m'intéres-
sez plus vous autres ; courez votre
course. Ce qui m'intéresse, c'est le ty-
pe de vingt-cinq ans, inconnu, qui tra-
vaille dans une mansarde à quelque cho-
se de nouveau ! » Parole admirable
dans la bouche d'un artiste qui a tout
sacrifié dans sa vie à ce * tyranntque"
idéal ! > - • >
Les générations sont privilégiées qui
peuvenf, en venant à; la vie, aflrcmtër un
tel chef. Car c'est bien un chef, en effet,
que ce prestigieux novateur, il n'y a
qu'à bien voir, en le regardant, ce que
signifient de grand, cette carrure puis-
sante, ces traits faits pour la gloire, tout
ce, vaste visage de maître que vrillent sous
un front raisonnable, deux petits yeux
marins, immenses, nus et profonds, glau-
ques et clairs et rapprochés pour mieux
affûter la vision, comme ceux de la
Chouette athénienne. -
C'est Georges Duhamel, je crois, qui
écrivait : « Heureux le jeune auteur à
qui, au début de sa vie littéraire, il est
donné de rencontrer des yeux comme
ceux d'Antoine! »
Il me paraît qu'aujourd'hui tous ceux
qui ont rencontré ces yeux-là au début
de leur carrière, doivent s'en souvenir
et apporter leur hommage affectueux au
créateur du Théâtre-Libre. Est-ce à dire
que nous ne reverrons plus jamais ces il-
lustres moments? Nous; les vivons en-
core: Antoine le recrée, chaque jour, ce
Théâtre-Libre, par son influence mo-
rale grandissante, car ce nom glorieux
n'est pas l'enseigne d'un établissement,
miais l'énoncé d'un principe; et si les
salles de spectacle ferment quelquefois,
les principes, du moins,-eux, restent tou-
jours ouverts.
-', Georges DELAQUYS.
Échos
1" Août 1829. — A la Comédie-Française, première
^représentation du Czar Démétrtus, de Léon Ha-
]évy. ;
G
randes orgues.
Hier matin, te roi et lta tfeine de Rou-
manie, qui .appartrénwsnt, ■ comme on le sait,
à la religion catholique romaine, se sont
rendus à la messe de 10 heures, à Saint.
Sulpice. :
Les souveraiinè ont été TeçUS' au graftÉt-
portail rpar M. Gh. WidOr, sec.réta¡:re penpir
tuel de l'Académie des Beaux-Arts, qui eàr
aussi, depuis fort longtemps, organiste de
cette église. Et, en l'honneur d© Leurs Ma-
jestés, l'éminent compositeur a exécuté plu-
sieurs niorceauix de musique sacrée avec;
une incomparable maîtrise.
FANTAISIE
Exprassionisme
Il a tué l'impressionisme qui devenait aga-
çant. L'impressionisme suggérait, l'expressio-
nisme exprime. Quoi ? Tout et rien. En at-
tendant il fait fureur, même sur les plages.
., Dans une station normande où je m'étais
terré ces jours-ci c'est devenu un jeu de société !
La musique, par exemple, qui exprime tout doit
aussi traduire le visage humain. Et allez-y du
portrait en musique, du sobriquet en plusieurs
notes consonnantes ou dissonnantes. J'ai vu des,
têtes là-bas à qui l'on accolait, en guise d'éti-
quette schématique, un accord, une note orne-
mentale, parfois un simple signe de solfège. Il
y avait une grande dame anglaise, lady Eze, ;
dont vous devinez la place dans la gamme: Il
y avait Mlle Quart-de-soupir, M. Dosiré, et une
donzelle furieusement virginale, Mlle Dorêmi„
à cause de la patrie de Jeanne d'Arc. Mais ce
ne sont là que fariboles. Comment interpréter
par un accord une tête de jolie. femme. ? Tel
était le petit jeu des groupes bien stylés au
point de vue musical. On tirait les jolies lem-
mes au sort, dans un album où dominaient,
comme de- juste, les port.téits d'actrices. Celui
de Jane Renouardt m'est échu personnellement.
Une veine ! Eh bicn ! non, ce n'est pas si
facile que ça de synthétiser en un accord les
traits dominants de ce visage tout de candeur
et d'ingénuité malicieuse teintée de sentimen-
talisme. ,---
Et voici ce que j'ai imaginé- : un. ac£ard-, de,-:
..septième- degrés {de, .4? espèce du
salent nos pères). Sa couleur f maie et sobre
s'harmonise bien à ce mincis' réfléchi et non
apprêté. L'accord est compose de deux triades,
qui sè chevauchent, fane majeur# et l'autre m*
■néarè* :l& majeure pour toût lë$ Éa& dit visa.
fume ef ban enfant, lie. miuettrÀ pomr les ye&
un peu nostalgiques (elle devait penser à-son
futur théâtre encore fermai La bouche, l'est
aussi, fermée. Et c'est tant mieux, car je déteste
le sourire cher aux photographes, et j'estime
que. les. dents de femme ne sont belles qu'à la
condition de ne pas trop briller.
Le tout en fa, n'est-ce pas ? Et comme cet
accord péut-être considéré comme appogiaturll1
pourquoi ne pas bémoliser la, septième de façon
à obtenir l'antique- accord - de sixte augmentée -
qui se résoudra finalement en mi naturel, tout
ce qu'il y à de plus, naturel comme la jdlies^e,
et le taknt de là belle Jane ? , - > y.
! La formule n'est pas renversable d'ailleurs.
Qu'on se le dise. : -,
, - JULES HOCHE. .-.
A
propos de Lionel des Rieux.. V ;;
Un. de nos lecteurs, camarade de
combat, dit .poète mort au champ d'honneur, t
dont on joue £iùi;éurd'hui Guillaume d'Oran*}
ge devant le*Mur d'Orange, veut bien nous:;
signaler qu'une die ses pièces de'vers, inlv.
tulée Rêverie, fut mise en musique en 191.Ç
par le médecin, principal Gaudier, prOfe^;;
seur à la Faculté de Médecins de Lille ejj
compositeur de talent. En voici les prèmiersj
vers : -
- La lune tend son voile d'or • I
Et les nymphéas lai Voùrpfcnt, - <
Les cygnes, blanches rêveries,
Caressent l'onde qui s'endort^- - —-
Venez, c'est l'heure où le silence
Plane sur le monde muet ; - ,
Mieux que pavane et que menuet
Que cette barque nous balance.
Cette poésie fui: chantée avec suesès sur
le front jusqu'à l'armistice. -
Le Masque de Verré..
Pour le Chant
4. , - r
L'Union des Maîtres du Chant français
Avant de se disperser -aux quatre vents
qui ne ramènent nulle fraîcheur, le comité
de l' Unior sous la présidence de M. Mau-
a ratifié le contrôle des ad-
Vyv^ opérë par la commission spéciale
que composent MM. F. Boyer, Vieuille,
Et ce m'est l'occasioirii de répondre
9 c£rtai'nes demandes.d'éclaircissements qui"
sn Parvenues.. ,
L'U ^»rvenues. - '- ,
OlQins n'on est-elle un cercle fermé? Pas le
Qlfjlrbs CI U ITI-on'de. Elle entend être large-
^ent c Vert,£ en sa solidarité à tous ceux
~i ti~~?~ leuir titre d'artistes et de pro-
f' de l'exercice public et prolongé de
ar C'est la condition essentielle im-
PO.U.rquioi? Parce que nous voulons
s^'>ar'er (^'es Parce que nous voûtons
^°n.trefgûeturs. des charlatans et autres in-
CaP^i^.usurpent des fonctions dont ils
^°n,t iniCjr^u^ usuTpent des fonctitans dont ils
'Indirll-'S. Parce que tous les grands
1\ s qui a la su'te de la campagne ici
^^uivl'e, ont entrepris de sauver le chant
\Ur la n'te ^a'tale où il glisse, tous ces
Krarids nv-,rtls ont pensé il glisse, tous ces
Si '~s ont pensé qu'il s'agissait d'a-
~d l-e;s gIOU.por ceux qui ont fourni au pu-
c les .Pfle'u'V,es de leurs capacités Ils ont
fallait no jn seulement avoir appris, mais sur-
trju,t av appris, mais sur-
qUis Pa-r la n' 'a preuve des résultats ac-
s Par î" 3 ^at''ente pratique de l'art.
Libre aux autres aux chanteurs confiden-
tiles aux praticiens en chambre, de se réu-
t% Pour fat' r valoir leur inexpérience par
nir Mu,r lil(>^"e,ns propres à séduire les naïfs.
No. 1110Ye,ns propresà séd,ui,re les naïfs.
la' U'S afr
^o>u~ ^a^rmcns' nous, que pour instruire
} ieun ,:se, 1-1 en est du chant comme de l,a
1\ ",Stl'que' ,
rleit'e t'que rationnelle : il faut moins con-
e la 0r'e que la longue pratique.
Telle est notre règle dont nous avons fait
la ba^ ^erne de règle dont de défense fait
emte de notre acte de défense .-.:.
listes.
::.l'l1i-te hon? Nous l'avons prévue et dé-
,,1.1' ,« Ce ., 1
Un « n'est pas une raison, a dit quel-
$64'4n qu Je ne nommerai pas, parce qu'un
K?' Pou r °ï'u'il a obtenu des succès au théâ-
iv '; 'qu^. soit, par le fait même un
én, u-ftateur! »
ty
¿flalS
Maisnous soutenons que c'est une raison
4oUr QJJ et reste, un pitoyable maître
.Iui que 30it et reste. um pituyable maître
celui qui n'a jamais abordé, je ne dis pas
• nais les ulancb8, ,
Donc l'Union qu'honora le comité d'hon-
neur des illustres compositeurs dont nous
avons donné les noms, est un acte de dé-
fense, de lutte cont.re l'ignorance, de soli-
darité artistique et proiFession'nelle. -<
En faire partie, c'est proclamer la légi-
timité contrôlée dto breivet à l'enseignement.
Au surplus le groupement de ces maîtres
n'existait pas. Il fallait qu'il existât et qu'il
fît son « tableau », comme ont fait les avo-
cats en créant le Leur pour se distinguer des
agents d'affaires au fond de leurs officines
louches.
Ce brevet à l'enseignement que nulle
faculté ne délivre, l'Union le délivrera,
sous forme de diplôme, par le seul fait de
l'admission au titre de memibre actif.
Et le jour est proche où le public, les ap-
prentis chanteurs si exploités dans leurs il-
lusions imprudentes en apprécieront la 'y a-
leur distinctive. Un critérium sûr leur per-
mettra di3 choisir entre ceux qu'ils appelle-
ront à guider leurs pais vers le désastre ou
vers le résultat! D'un côté, le modèle et le
bénéfice de l'expérience ; die l'autre, la li-
cence et l'empirisme héfasiîie. Et quels se-
ront, en province et à Pa.ris, les "artistes qui
négligeront de se prévaloir d'un tel mono-
pole à leur portée?
D'autres avantages seront réservés aux
membres de l'Union. Elle diaiyiendra, grâce
à l'appui des pouvoirs publies, 'Ira pépinière
des nominations officielles aux Conserva-
toires et Ecoles de musique. Nous ne vou-
ions à cet égard que rappeler le geste tout
spontané du directeur du Conservatoire de
Saint-Etiemrie. Une Large solidarité se pré-
pare. Une vaste action dans l'enseignement
public et privé delà musique se prépare,
favorisée par son dévouement à notre cul-
ture nationale .La saine publicité lui est ré-
servée.
Déjà des coriicours nous parviennent, inat-
tendus. Une admiratrice de Mlle Grandjean,
membre du comité, jl'a-t-eL'e pas voulu lui
transmettre son anonyme et touchante solli-
druide pour l'œuvre qui se développe? Ce
sont nos membres bienfaiteurs, ceux qui
aiment le chant et les voix de France, ceux
dont le souci de reconnaiissance et de gra-
titude s'en vont en gestes généneux aux ar-
tistes qui se sont voués au culte die la divine
mélodie.
Et combien plus touchante encore est
cette lettre, sur quoi je veux terminer: -
« Que votre entreprise contre les faux
pontifes n'a-t-elle pu se produire plus tôt!
Peut-être m'eût-elle empêché dé sombrer
en une carrsère où m'ont entraîné lesbotih,
monts et les ooniseils intéressés d'un sinistfe
farceur dont ma voix brisée est aiuijourd.'hui
la triste vietiime J'ai trente ans, et }e ne
sais qu e - : .,,_4;
Hélas ! combien sont-ils,- les lamentabfes
deéhetô du'eharkfianrismé V ; ?
Les demandes d'aéhésion à L'Union doi-
vent m'être adressées à Comœdia, siégé
social de la société — ainsi d'ailleurs qué
toutes communications: et. dematidês d,'èriviéi
des statuts. ;,
ELles peuvent être adressées aussi à l'un
des membres du comité dont je rappelle les
noms: M. Renaud, président ; Mme Rase j
Caron, M. Allard, vice-présidents.; Mmesi
Auguez de -M'ôn>tialant,: Louise Grandjean,
Créiza, Bi Ibaut- Vauchelet,. Bru n et- L afléu r,
Béglon-Leroux, Dempil'geot, Marguerite Pi-
catrd, Marjé^de-l'îsle, MM. Boulogne, Bour-
bon, Bélhômme, Ca;rbonne, t,
b«rs,; F. Boyer, ; ï>a,ngès, •'i>ayid, * Delaquér-
rière, Delmas, Engel, Ghasne, Gresse, Htï-
bénty, Isnardon, Muratote; - Me 1 chissédec,
Narçon,. Paty, J. de Reszké; Rouard, Sali-
gnâic, Vérin; Sizés,J Moulièrat, PéicquéFy,
Dantu, Viëuillé. : ",, ,. -
;' CH. TENROe.
La santé de M. A. Messager
Les nouvelles que nous avons reçues de la
santé de M. - André Messager sont bien meil-
leures.. L'amélioration constatée les jours pré-
cédents s'est accentuée, et ses. proches espèrent
que,' * prochainement, le. brillant compositeur en-
trera' en convalescence..
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FÉLix GALIPAUX
AU THÉÂTRE ANTOINE
"Mademoiselle Josette, ma femme" ,
Comédie en quatre actes, de MM-. Vaut CaVoult et Robert CharVay <:"; :': -
C'est avec un très vif plaisir que nous
avons revu la charmante comédie de
MM. Paul Gavault et Robert Charvay.
Mademoiselle Josette, ma femme, est
l'une dés pièces d'avant-guerre qui nous
plurent par sa conception vraiment ori-
ginale. On n'y trouvait point l'apologie
de l'adultère. On riait en réfléchissant et,
par .moments, une petite pointe d'émo-
tion- très douce indiquait la ferme vo-
lonté des auteurs d'écrire mieux qu'une
couvre de fantaisie, une véritable comé-
die de mœurs et de caractères.
On a vraiment peine à croire aujour-
d'hui que les critiques de l'époque de
la création aient fait de nombreuses ré-
serves sur cette pièce dont les péripé-
ties bien conduites, le dialogue clair,
la fraîcheur, la jeunesse en un mot
dirent les surprendre quelque peu,
habitués qu'ils étaient aux comédies
psychologiques à la fois ennuyeuses et
vulgaires. .,
, Nous trouvâmes naturel, en 1906, què
je quadragénaire fêtard André Ternay,
- personnifié alors par le regretté Du-
(Dessin de Max Pinchon)
Mlle, CAILLOL. -
(Josette) .-
i' 'ny, — épousât « pour rire » sa fil-
* 3 Josette —- Marthe Régnier — 1 -
s'est éprise d'un jeune Anglais,
Joe Jackson. Lorsque ce dernier revien-
dipa d'un long voyage autour du monde,
le bon parrain doit lui rendre sa fian-
;céë. intacte. Nous n'avons pas été sur-
pris davantage, en 1921, en constatant
:que ledit parrain n'avait pu tenir sa pro-
messe. : - -' ; : : ;" ,
; Evidemment, le sujet est un peu sca-
bpeux, - mais, pour le traiter, il y a la
rnaniëre. et MM. Gavault et Charvay,
q;ui sont gens d'esprit — et d'esprit bien
hançais —'s'én tirèrent d'experte façon.
Aux côtés de l'ingénue, parfois aga-
çante d'inconsciente provocation, ils ont
ijSlaçé des personnages parfaitement
sOtiouettés que nous reconnûmes avec
jsée: les beaux-parents obsédants, l'ami
dévoué. jusqu'à la bêtise, les domesti-
ques familiers, le couple à morale fa-
4ge des hôtels de ville d'eaux, le jour-
naliste hâbleur, la théâtreuse avide de
féClame, etc. .,
, Les applaudissements qui crépitèrent
après chaque baisser de rideau démon-
trèrent suffisamment que. MM. Rivers et
Paston eurent raison de reprendre Ma-
demoiselle Josette, ma femme, qui fera,
durant cette saison d'été, les beaux soirs
da théâtre Antoine. j
; Mile Pierrette Caillol, transfuge de ,1
HOdéon, est une exquise Josette: tout
d'abord jeune fille étourdie, maladroite,
m*ré ses diplômes et sa connaissance
des langues étrangères, elle est ensuite
parfaite dans son rôle de séduction.
M. Argentin est un élégant Ternay.
Son jeu est fort correct. Sa diction est
très nette. Il montre une bonhomie et
une patience découragée qui lui valu-
rent d'emblée toutes les sympathies -
en sus de celles de sa filleule.
: QUATRIEME ACTE (Photo Henri Ma.nuel)
M. W. OHISÏ.AIN
(Joé Jackson)
- M. BAROE
(Urbain)
M. PQUGAUD
(Panand)
Le rôle de Panard, l'ami dévoué, le
Pylade d'Oreste-Ternay, était tenu par
Poueaud, le soir même où l'on reprena-it,
pREfwwr' *er* ^piioto Henri Manr.^>
M. ARGENTIN
(A. Ternay)
Mlle DELANNEY
(Myriaoaoe)
M. POUCAUD
(Panand)
au Châtelet, Le Tour du Monde en 80
jours
Cette coïncidence dut ,à coup sûr, ob-
séder l'excellent comédien, car il inter-
préta Panard comme il eut joué Passe-
partout. Fébrile, trépidant, il fif de son
personnage une charge qui n'était certai-
nement .pas dans l'intention des auteurs,
mais les rires et les bravos des specta-
teurs lui donnèrent raison.
M. W. Ghislain composa un excellent
Joé Jackson; M. P. Bernier se montra
amoureux et sarcastique, comme il con-
venait, dans le rôle de Valorbier. :
Mlle Delanney en imposa par son élé-
gance et sa vulgarité voulue et bonne en-
fant, dans le rôle de Mlle Myrianne, du
théâtre des Variétés.
Compliments à MM. Le Prin, Barge,
Legay, Eddy, Faivte, Dussaul ; à Mmes
Ducellier, Guertet, Myrciane, Monti,
Dessaigne.. - -,'
ROBERT OUDOT.
, TROISIEME AOTE
"- >' (photo Henri Manuel)
M. ARGENTIN
(A. Ternay)
Mlle CAILLOL
(Josette)
- La Soirée
Nous ne dirons pas comme Óe. çhroni-
que mr hypocondriaque et bilieüx: « la Sai-
son de Paris bat son vide. » ,
Il est encore des Parisitehs en Paris ; if y
est aussi des- dépamtementaux et des étran-
gers et à ces asplhalteux quand même il
faut donner d'aimables sipectaioles. Il est
toutefois à prévoir que si Mlle Josette ma
femme, devant que d'être le grand succès
actuel, avait été soumis à M. Paul Gavault,
directeur de l'Odéon, os dernier, tout en
louant l'esprit et. la finesse chr style, eut dit
aux auteurs que lteur sujet. offrait une situa-
tion par trop peu commune. Il eut aussi,
sans doute, fait couper le quatre. ,
Après le trois, les spectateurs qui n'a-
vaient ipas lu l'affiche ou le programme
crurent la pièce finie. La pose sentimentale
était prise par les protagonistes; le rideau
tombait à ipio- comme celui d'une alcôve;
citait touchant, charmant, heureux, pue??
qtoement égrillard et matrimonial.
Mais il faJkit savoir ce qu'était devenr,
l'Anglais. iL 'Enrenre oordiate n'eût point
SOOIffert, les britanniques de passage ixirt
plus, qu'on oubliât ainsi l'Anglais. D'où ce
quatre, quii, dilata d'ailleurs la raite des bra-
ves gens de l'orchestre.
C est égal, cette histoire de fiancé, louant
un mari. sa future.:, c'est un peu
fart de café. Il est vrai que. par ces cha-
Jours tropicales.
Je pensais à cette chanson qu'Yvette
Guillbett chante peut-être encore à l'Oasis-
Poiret et qui s'appelait La Lettre. Un per-
missionnaire allait porter une lettre de son'
camarade die régiment-à la charmante' mùî-
tresse de celui-ci et, moins d'une heuM
après. - - - —
il était devenu l'amant
- De la maîtresse.
, Le;héros de MM. Gatvatult et Charvay- se
contente jded-evenirle mari de «a femme lé-
grtime. Conclusion dont nous ne doutions
pas, dès le premier acte. ,
Notez que si le dénouement était autre,
je ne suis pas loin die croire que, noneb»-«
tant la chaleur, engendreuse- d'acceptation etJ4
d'optimisme, les banquettes eussent voidi
sur la scène. , ', , ;
Pièce facile, public facile, d'accord d'a-
vance avec les auteurs: :."
Et puis le deuxième acte nous transport
à Morniefrier, aux flancs du Salève, cett{)
montagne française dont les Genevois sont
si fiera, ii fair sHrcro, &i etewi, lenwi. !if..;
bas, qu'on s'y rendrait même en habit noir,
et sans crayaité comme 1 liimpaiyable Panard. •
Au quatrième acte, M. Argentin, qui joué
Ternay ,piorte un veston de ipyjama impres-
sionnanit. Comme ii porte avec un col ra-
battu, à la façon des boys des Collèges an-
glais et des jeunes Italiens qui en lancè-
rent la mode -sur nos plages, une dame re-
marque qu'il ressemble ainsi, de profit
aux derniers portraits die Louis XVI, ceux
faits après l'échancrage du col, quelques
heures avant. ,',
Mais ne chagrinons pas les monarchistes.
S'il eût joué, jadis, le' rôle à la création, on
eût pu croire qu'il voulait ressembler h un
roi pour Régnier. ..,'
Quelques seigneurs de lettres évoquent
pendant l'entr'acte, le souvenir de cette
Marthe pour qui furent écrites toutes cei
comédies d'ingénues casse-cou.
* (Dessin de Max PinclKî#
M. ARGENTIN
(Ternay)
M. Marcel Prévost applaudit de sa loge
et se rend ensuite dans les coulisses, to
compliment aux lèvres. M. Edmond Sée 1
passe à la brassërie attenant au théâtre
pour faire tout de suite sa copie MM*
Jean Vignaud, Dame! Riche, Charles Flo-
Jea~ Vig.tieud, Danie'l' Ridhie* C ha-riés Flo-
remm, René Wisner, É. Fernand-Xau, Mlle
jylercedes vont quérir sous les arbres du .#
boul de Strasbourg des sensations d'été.
Le spectacle est à ciel et à bureaux ou-
vepts.. C es^-pourquoi, il y a-là une-:-q-uaetité,--
d'avant-droits. J'entendis^ceiuic qiii s'étanl-
munis d un coupon contre t>oîis biHets. son -
nants (Ponson du rerra.il, paissim) avabent,
assez congrûment droit à un faoutcuil.
- Je crois avoir reconnu parmi ces dernier?
M. La.nne (de Buridan); Mlle Miquatte et sa
mère, la Tante d Honfleur, M. Lebarbier
(de Séville), M Leroy-Dys, Mlle Clairette
Angot, M. ; Lechand du Signée, Mlle Lange
du Foyer, MIles LoUlise, Mignon et Lakniâ
De assa e-l-aivart, Mlle Pascal, M. Alphonse
la t ami île Giboyer, M. et Mme Pont-biquet
-et le marquis de Cavalleria-Rusticana.
Tout ce monde applaudit fort à la fin du
trois lorsque Josette se donne à son ma;i.
On appréciait ce que Fauteur de Carmen
n eût pas manqué d'appeler le don d'J oserfe,
MM. Rivers et Paston, directeurs inté<
rimaires, autant que sympathiques, surveit.'
laient jalousement leur public et se corn
muniqu'ant l'un à l'autre leurs impressi\msf
semblaient se dire : Il y a du bon.
Il y aura du bon longtemps, souhaitons»
le pour eux. Le public ne boudera- pas 1,1
Thetre Antoine dont le rideau actuel à luI
seul, est, disons-le, merveilleusement évoi
cateur de sites alpestres.
ARMORY.
l'Se ANNEE - N' 315 î - Quotidien
Le Numéro
Paris. 0 fr. 20
Hors Paris.. 0 fr. 25 -
LONDON OFF ICE, 20, High Holborn W. C. 1
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LUNftl 1er AOUT 1921
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AUX BUREAUX DU JOURNAL
Téléphone LOUVRE 18-06
ANTOINE ET LES JEUNES
Les souvenirs d'Antoine publiés par
La Revue Hebdomadaire, portent sur
trene-cinq années de notre vie artisti-
que. Cette période est l'une des plus fé-
j qu'ait connues notre littérature
dramatique. De Zola, Paul Alexis ou
Georges Ancey jusqu à Jean Sarment et
Gabriel Marcel, vingt formules nouvel-
les ont eu le loisir de naître, de mourir,
de survivre.
Ce fut, la barrière traditionnaliste
rompue, comme un splendide lâcher de
poulains sur de neuves et grasses prai-
ries toute lumineuses de libertés, de
nouveautés, d'espérances ! Quelles ca-
acGlades, quelles gambades ! On allait
en donner à coeur- joie de trouver, d in-
créer, d'avoir librement du
\JoUle, et de lancer son -en comme on
tem a!t, tant qu'on pouvait, de tout son
tem Pe- rainent- ! Cette explosion de soi-
dl "ant réalisme fut au contraire un jail-
^•errt d'idéalisme éperdu.
~~t se rend mieux compte, aujour-
qui Ut, , que, cette barrière, ce fut Antoine
sim' 1 Un,s main juvénile et résolue, tout
sl!npltni,eni l'ouvrit, tel un homme qui
air Va nt fermee une porte sur le plein
« à a,Pousse tranquillement en disant :
B, Près tout, pourquoi est-ce qu'on ne
^raH pas par-là ? »
tre t il en est passé « par là » durant
trente années ! Tous ceux qui venaient
un beau désir de mieux respirer,
ter dire quelque chose de neuf, d'appor-
ta Un savoir, une sensibilité, un point
J vytte, tme -manière ; et ceux qui ne
0 vOuaient qu'à leur art ; et ceux qui
Juchaient un foyer d'attraction, un
centre lumineux, un noyau de groupe-
et f. c eu x qui voulaient interpréter
y £ une foi plus pure des œuvres nou-
ks; et ceux que séchait la soif d'é-
tuelions meilleures et de débats intellec-
tuels. Quel temps que celui d'une si af-
collaboration entre l'auteur,
fprète et "l'auditoire* comme atta-
blé.* à Un même festin spirituel, eft ami !
Par Out cela a été dit, est dit, sera dit
pa Jes aînés, par ceux qui furent les
la tw^ de ces festins. inoubliables, en
Pehte auberge du Théâtre-Libre, Tous
^aujourd'hui: glorieux, ne peu-
jy> ravoir oublié de si franches aga-
bien d âfhe" et de ferveur. Il s'agissait
Qfent ? gagner de l'argent, à ce riio-
iiienna ! Il fallait dire sa pensée, com-
tre nier avec le public, rendre au théâ-
tre belle mission d'éducateur du peu-
pk v de distributeur de manne spirituel-
IIS 1 irônt, ceux-là qui furent de
\lie' v e phalange ,tous ceux dont la
vie va revivre sous là plume d'Antoine
et dont les souvenirs sont une part des
siens.
Jevoudrais ici, moins éloquemment
dire' lr-e, mais avec autant de. sincérité,
des jeunes, de
dire a. Antoine le merci des .jeune.s" de
ceux qu'infatigablement à chaque gé-né-
treh,, trouve, déniché avec son clair
travers- l'é p ai ss' eur de-leu-r ano-
(fo»L probablement sans exemple
un )Ieune a,uteur -
",aiti Jeune auteur de talent se soit en
Vain aPProché de cet homme au juge-
rr^nt lPproché de- cet homine au j.u
Pète Si ample et si sûr .C'est cette es
~uv de Passion qui tient Antoine pour
ilot U'vre finale et le talent nouveau qui
doit u rendre cher aux jeunes intelligen-
v^'p Var il est inouï, vraiment, si l'on
lfn regarder la chose de près,
ùn hom- tne qui joue là comédie et di-
r'£^e |11 théâtre et qui s'est acquis dans
cette double occupation renommée et
profit, ne s'en tienne pas là, ne s'orga-
nise pas béatement dans ce fromage,
n'exploite pas à fond, froidement, par
respect pour ses commanditaires et sou-
ci de ses vieux jours, une mine qui pro-
duit de si beaux dividendes ; mais, au
contraire, ainsi qu'un possédé, un mys-
tique, un astrologie, se remette, sous
l'œil ahuri.et consterné de son banquier,
à forer d'autres puits, à sonder d'autres
ceuches à chercher d'autres filons plus
neufs et plus beaux, au risque d'englou-
tir en travaux d'essai tous les bénéfices
d'une affaire qui marche si bien !
Au -lieu de s'allonger mollement sur
ses lauriers, ce pèlerin du talent, incon-
nu reprend la route et le bâton. Il cher-
che, il cherche ! H élargit le cadre de
son théâtre pour faire plus beau, plus
grand pour mieux accueillir le novice di-
gne d'entrer. A ce jeu ,il fait infortune.
Il n'a plus de théâtre: Qu'à cela ne tien-
ne ; if publie des manuscrits et én une
année révèle deux ou trois auteurs du
plus grand mérite. C'est son idée fixe,
son vice, sa grandeur. -
Car-ce :qu'il cherche avec une persé-
vérance admirable, de Biogène de l'art
dramatique, c'est, , depuis trente-cinq
ans, le Grand Homme, celui qui incar-
ne exprime et représente l'être humain
de toujours dans la société d'un mo-
ment. Ce qu'il cherche, c'est Molière,
c'est Shakespeare, c'est Ibsen. Il a trou-
vé Cure!. C'est quelque chose. II conti-
nue à chercher. Il ne le dit pas, mais
je crois bien que c'est sa pensée secrète.
Ne confiait-il pas naguère à quelques
jeunes auteurs dont il avait joué les
premières pièces : « Vous ne m'intéres-
sez plus vous autres ; courez votre
course. Ce qui m'intéresse, c'est le ty-
pe de vingt-cinq ans, inconnu, qui tra-
vaille dans une mansarde à quelque cho-
se de nouveau ! » Parole admirable
dans la bouche d'un artiste qui a tout
sacrifié dans sa vie à ce * tyranntque"
idéal ! > - • >
Les générations sont privilégiées qui
peuvenf, en venant à; la vie, aflrcmtër un
tel chef. Car c'est bien un chef, en effet,
que ce prestigieux novateur, il n'y a
qu'à bien voir, en le regardant, ce que
signifient de grand, cette carrure puis-
sante, ces traits faits pour la gloire, tout
ce, vaste visage de maître que vrillent sous
un front raisonnable, deux petits yeux
marins, immenses, nus et profonds, glau-
ques et clairs et rapprochés pour mieux
affûter la vision, comme ceux de la
Chouette athénienne. -
C'est Georges Duhamel, je crois, qui
écrivait : « Heureux le jeune auteur à
qui, au début de sa vie littéraire, il est
donné de rencontrer des yeux comme
ceux d'Antoine! »
Il me paraît qu'aujourd'hui tous ceux
qui ont rencontré ces yeux-là au début
de leur carrière, doivent s'en souvenir
et apporter leur hommage affectueux au
créateur du Théâtre-Libre. Est-ce à dire
que nous ne reverrons plus jamais ces il-
lustres moments? Nous; les vivons en-
core: Antoine le recrée, chaque jour, ce
Théâtre-Libre, par son influence mo-
rale grandissante, car ce nom glorieux
n'est pas l'enseigne d'un établissement,
miais l'énoncé d'un principe; et si les
salles de spectacle ferment quelquefois,
les principes, du moins,-eux, restent tou-
jours ouverts.
-', Georges DELAQUYS.
Échos
1" Août 1829. — A la Comédie-Française, première
^représentation du Czar Démétrtus, de Léon Ha-
]évy. ;
G
randes orgues.
Hier matin, te roi et lta tfeine de Rou-
manie, qui .appartrénwsnt, ■ comme on le sait,
à la religion catholique romaine, se sont
rendus à la messe de 10 heures, à Saint.
Sulpice. :
Les souveraiinè ont été TeçUS' au graftÉt-
portail rpar M. Gh. WidOr, sec.réta¡:re penpir
tuel de l'Académie des Beaux-Arts, qui eàr
aussi, depuis fort longtemps, organiste de
cette église. Et, en l'honneur d© Leurs Ma-
jestés, l'éminent compositeur a exécuté plu-
sieurs niorceauix de musique sacrée avec;
une incomparable maîtrise.
FANTAISIE
Exprassionisme
Il a tué l'impressionisme qui devenait aga-
çant. L'impressionisme suggérait, l'expressio-
nisme exprime. Quoi ? Tout et rien. En at-
tendant il fait fureur, même sur les plages.
., Dans une station normande où je m'étais
terré ces jours-ci c'est devenu un jeu de société !
La musique, par exemple, qui exprime tout doit
aussi traduire le visage humain. Et allez-y du
portrait en musique, du sobriquet en plusieurs
notes consonnantes ou dissonnantes. J'ai vu des,
têtes là-bas à qui l'on accolait, en guise d'éti-
quette schématique, un accord, une note orne-
mentale, parfois un simple signe de solfège. Il
y avait une grande dame anglaise, lady Eze, ;
dont vous devinez la place dans la gamme: Il
y avait Mlle Quart-de-soupir, M. Dosiré, et une
donzelle furieusement virginale, Mlle Dorêmi„
à cause de la patrie de Jeanne d'Arc. Mais ce
ne sont là que fariboles. Comment interpréter
par un accord une tête de jolie. femme. ? Tel
était le petit jeu des groupes bien stylés au
point de vue musical. On tirait les jolies lem-
mes au sort, dans un album où dominaient,
comme de- juste, les port.téits d'actrices. Celui
de Jane Renouardt m'est échu personnellement.
Une veine ! Eh bicn ! non, ce n'est pas si
facile que ça de synthétiser en un accord les
traits dominants de ce visage tout de candeur
et d'ingénuité malicieuse teintée de sentimen-
talisme. ,---
Et voici ce que j'ai imaginé- : un. ac£ard-, de,-:
..septième- degrés {de, .4? espèce du
salent nos pères). Sa couleur f maie et sobre
s'harmonise bien à ce mincis' réfléchi et non
apprêté. L'accord est compose de deux triades,
qui sè chevauchent, fane majeur# et l'autre m*
■néarè* :l& majeure pour toût lë$ Éa& dit visa.
fume ef ban enfant, lie. miuettrÀ pomr les ye&
un peu nostalgiques (elle devait penser à-son
futur théâtre encore fermai La bouche, l'est
aussi, fermée. Et c'est tant mieux, car je déteste
le sourire cher aux photographes, et j'estime
que. les. dents de femme ne sont belles qu'à la
condition de ne pas trop briller.
Le tout en fa, n'est-ce pas ? Et comme cet
accord péut-être considéré comme appogiaturll1
pourquoi ne pas bémoliser la, septième de façon
à obtenir l'antique- accord - de sixte augmentée -
qui se résoudra finalement en mi naturel, tout
ce qu'il y à de plus, naturel comme la jdlies^e,
et le taknt de là belle Jane ? , - > y.
! La formule n'est pas renversable d'ailleurs.
Qu'on se le dise. : -,
, - JULES HOCHE. .-.
A
propos de Lionel des Rieux.. V ;;
Un. de nos lecteurs, camarade de
combat, dit .poète mort au champ d'honneur, t
dont on joue £iùi;éurd'hui Guillaume d'Oran*}
ge devant le*Mur d'Orange, veut bien nous:;
signaler qu'une die ses pièces de'vers, inlv.
tulée Rêverie, fut mise en musique en 191.Ç
par le médecin, principal Gaudier, prOfe^;;
seur à la Faculté de Médecins de Lille ejj
compositeur de talent. En voici les prèmiersj
vers : -
- La lune tend son voile d'or • I
Et les nymphéas lai Voùrpfcnt, - <
Les cygnes, blanches rêveries,
Caressent l'onde qui s'endort^- - —-
Venez, c'est l'heure où le silence
Plane sur le monde muet ; - ,
Mieux que pavane et que menuet
Que cette barque nous balance.
Cette poésie fui: chantée avec suesès sur
le front jusqu'à l'armistice. -
Le Masque de Verré..
Pour le Chant
4. , - r
L'Union des Maîtres du Chant français
Avant de se disperser -aux quatre vents
qui ne ramènent nulle fraîcheur, le comité
de l' Unior sous la présidence de M. Mau-
a ratifié le contrôle des ad-
Vyv^ opérë par la commission spéciale
que composent MM. F. Boyer, Vieuille,
Et ce m'est l'occasioirii de répondre
9 c£rtai'nes demandes.d'éclaircissements qui"
sn Parvenues.. ,
L'U ^»rvenues. - '- ,
OlQins n'on est-elle un cercle fermé? Pas le
Qlfjlrbs CI U ITI-on'de. Elle entend être large-
^ent c Vert,£ en sa solidarité à tous ceux
~i ti~~?~ leuir titre d'artistes et de pro-
f' de l'exercice public et prolongé de
ar C'est la condition essentielle im-
PO.U.rquioi? Parce que nous voulons
s^'>ar'er (^'es Parce que nous voûtons
^°n.trefgûeturs. des charlatans et autres in-
CaP^i^.usurpent des fonctions dont ils
^°n,t iniCjr^u^ usuTpent des fonctitans dont ils
'Indirll-'S. Parce que tous les grands
1\ s qui a la su'te de la campagne ici
^^uivl'e, ont entrepris de sauver le chant
\Ur la n'te ^a'tale où il glisse, tous ces
Krarids nv-,rtls ont pensé il glisse, tous ces
Si '~s ont pensé qu'il s'agissait d'a-
~d l-e;s gIOU.por ceux qui ont fourni au pu-
c les .Pfle'u'V,es de leurs capacités Ils ont
trju,t av appris, mais sur-
qUis Pa-r la n' 'a preuve des résultats ac-
s Par î" 3 ^at''ente pratique de l'art.
Libre aux autres aux chanteurs confiden-
tiles aux praticiens en chambre, de se réu-
t% Pour fat' r valoir leur inexpérience par
nir Mu,r lil(>^"e,ns propres à séduire les naïfs.
No. 1110Ye,ns propresà séd,ui,re les naïfs.
la' U'S afr
^o>u~ ^a^rmcns' nous, que pour instruire
} ieun ,:se, 1-1 en est du chant comme de l,a
1\ ",Stl'que' ,
rleit'e t'que rationnelle : il faut moins con-
e la 0r'e que la longue pratique.
Telle est notre règle dont nous avons fait
la ba^ ^erne de règle dont de défense fait
emte de notre acte de défense .-.:.
listes.
::.l'l1i-te hon? Nous l'avons prévue et dé-
,,1.1' ,« Ce ., 1
Un « n'est pas une raison, a dit quel-
$64'4n qu Je ne nommerai pas, parce qu'un
K?' Pou r °ï'u'il a obtenu des succès au théâ-
iv '; 'qu^. soit, par le fait même un
én, u-ftateur! »
ty
¿flalS
Maisnous soutenons que c'est une raison
4oUr QJJ et reste, un pitoyable maître
.Iui que 30it et reste. um pituyable maître
celui qui n'a jamais abordé, je ne dis pas
• nais les ulancb8, ,
Donc l'Union qu'honora le comité d'hon-
neur des illustres compositeurs dont nous
avons donné les noms, est un acte de dé-
fense, de lutte cont.re l'ignorance, de soli-
darité artistique et proiFession'nelle. -<
En faire partie, c'est proclamer la légi-
timité contrôlée dto breivet à l'enseignement.
Au surplus le groupement de ces maîtres
n'existait pas. Il fallait qu'il existât et qu'il
fît son « tableau », comme ont fait les avo-
cats en créant le Leur pour se distinguer des
agents d'affaires au fond de leurs officines
louches.
Ce brevet à l'enseignement que nulle
faculté ne délivre, l'Union le délivrera,
sous forme de diplôme, par le seul fait de
l'admission au titre de memibre actif.
Et le jour est proche où le public, les ap-
prentis chanteurs si exploités dans leurs il-
lusions imprudentes en apprécieront la 'y a-
leur distinctive. Un critérium sûr leur per-
mettra di3 choisir entre ceux qu'ils appelle-
ront à guider leurs pais vers le désastre ou
vers le résultat! D'un côté, le modèle et le
bénéfice de l'expérience ; die l'autre, la li-
cence et l'empirisme héfasiîie. Et quels se-
ront, en province et à Pa.ris, les "artistes qui
négligeront de se prévaloir d'un tel mono-
pole à leur portée?
D'autres avantages seront réservés aux
membres de l'Union. Elle diaiyiendra, grâce
à l'appui des pouvoirs publies, 'Ira pépinière
des nominations officielles aux Conserva-
toires et Ecoles de musique. Nous ne vou-
ions à cet égard que rappeler le geste tout
spontané du directeur du Conservatoire de
Saint-Etiemrie. Une Large solidarité se pré-
pare. Une vaste action dans l'enseignement
public et privé delà musique se prépare,
favorisée par son dévouement à notre cul-
ture nationale .La saine publicité lui est ré-
servée.
Déjà des coriicours nous parviennent, inat-
tendus. Une admiratrice de Mlle Grandjean,
membre du comité, jl'a-t-eL'e pas voulu lui
transmettre son anonyme et touchante solli-
druide pour l'œuvre qui se développe? Ce
sont nos membres bienfaiteurs, ceux qui
aiment le chant et les voix de France, ceux
dont le souci de reconnaiissance et de gra-
titude s'en vont en gestes généneux aux ar-
tistes qui se sont voués au culte die la divine
mélodie.
Et combien plus touchante encore est
cette lettre, sur quoi je veux terminer: -
« Que votre entreprise contre les faux
pontifes n'a-t-elle pu se produire plus tôt!
Peut-être m'eût-elle empêché dé sombrer
en une carrsère où m'ont entraîné lesbotih,
monts et les ooniseils intéressés d'un sinistfe
farceur dont ma voix brisée est aiuijourd.'hui
la triste vietiime J'ai trente ans, et }e ne
sais qu e - : .,,_4;
Hélas ! combien sont-ils,- les lamentabfes
deéhetô du'eharkfianrismé V ; ?
Les demandes d'aéhésion à L'Union doi-
vent m'être adressées à Comœdia, siégé
social de la société — ainsi d'ailleurs qué
toutes communications: et. dematidês d,'èriviéi
des statuts. ;,
ELles peuvent être adressées aussi à l'un
des membres du comité dont je rappelle les
noms: M. Renaud, président ; Mme Rase j
Caron, M. Allard, vice-présidents.; Mmesi
Auguez de -M'ôn>tialant,: Louise Grandjean,
Créiza, Bi Ibaut- Vauchelet,. Bru n et- L afléu r,
Béglon-Leroux, Dempil'geot, Marguerite Pi-
catrd, Marjé^de-l'îsle, MM. Boulogne, Bour-
bon, Bélhômme, Ca;rbonne, t,
b«rs,; F. Boyer, ; ï>a,ngès, •'i>ayid, * Delaquér-
rière, Delmas, Engel, Ghasne, Gresse, Htï-
bénty, Isnardon, Muratote; - Me 1 chissédec,
Narçon,. Paty, J. de Reszké; Rouard, Sali-
gnâic, Vérin; Sizés,J Moulièrat, PéicquéFy,
Dantu, Viëuillé. : ",, ,. -
;' CH. TENROe.
La santé de M. A. Messager
Les nouvelles que nous avons reçues de la
santé de M. - André Messager sont bien meil-
leures.. L'amélioration constatée les jours pré-
cédents s'est accentuée, et ses. proches espèrent
que,' * prochainement, le. brillant compositeur en-
trera' en convalescence..
Abonnements de Saison
: ■ m
Pour répondre aux désirs de nombreux
lecteurs qui, quittant la ville pour des vil-
légiatures lointaines, redoutent de ne pas
trouver leur cher Comœdia dans leurs ré-
sidences estivales, nous avons décidé d'éta-
blir des abonnements de courte durée aux
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Nous publierons demain un article MI
FÉLix GALIPAUX
AU THÉÂTRE ANTOINE
"Mademoiselle Josette, ma femme" ,
Comédie en quatre actes, de MM-. Vaut CaVoult et Robert CharVay <:"; :': -
C'est avec un très vif plaisir que nous
avons revu la charmante comédie de
MM. Paul Gavault et Robert Charvay.
Mademoiselle Josette, ma femme, est
l'une dés pièces d'avant-guerre qui nous
plurent par sa conception vraiment ori-
ginale. On n'y trouvait point l'apologie
de l'adultère. On riait en réfléchissant et,
par .moments, une petite pointe d'émo-
tion- très douce indiquait la ferme vo-
lonté des auteurs d'écrire mieux qu'une
couvre de fantaisie, une véritable comé-
die de mœurs et de caractères.
On a vraiment peine à croire aujour-
d'hui que les critiques de l'époque de
la création aient fait de nombreuses ré-
serves sur cette pièce dont les péripé-
ties bien conduites, le dialogue clair,
la fraîcheur, la jeunesse en un mot
dirent les surprendre quelque peu,
habitués qu'ils étaient aux comédies
psychologiques à la fois ennuyeuses et
vulgaires. .,
, Nous trouvâmes naturel, en 1906, què
je quadragénaire fêtard André Ternay,
- personnifié alors par le regretté Du-
(Dessin de Max Pinchon)
Mlle, CAILLOL. -
(Josette) .-
i' 'ny, — épousât « pour rire » sa fil-
* 3 Josette —- Marthe Régnier — 1 -
s'est éprise d'un jeune Anglais,
Joe Jackson. Lorsque ce dernier revien-
dipa d'un long voyage autour du monde,
le bon parrain doit lui rendre sa fian-
;céë. intacte. Nous n'avons pas été sur-
pris davantage, en 1921, en constatant
:que ledit parrain n'avait pu tenir sa pro-
messe. : - -' ; : : ;" ,
; Evidemment, le sujet est un peu sca-
bpeux, - mais, pour le traiter, il y a la
rnaniëre. et MM. Gavault et Charvay,
q;ui sont gens d'esprit — et d'esprit bien
hançais —'s'én tirèrent d'experte façon.
Aux côtés de l'ingénue, parfois aga-
çante d'inconsciente provocation, ils ont
ijSlaçé des personnages parfaitement
sOtiouettés que nous reconnûmes avec
jsée: les beaux-parents obsédants, l'ami
dévoué. jusqu'à la bêtise, les domesti-
ques familiers, le couple à morale fa-
4ge des hôtels de ville d'eaux, le jour-
naliste hâbleur, la théâtreuse avide de
féClame, etc. .,
, Les applaudissements qui crépitèrent
après chaque baisser de rideau démon-
trèrent suffisamment que. MM. Rivers et
Paston eurent raison de reprendre Ma-
demoiselle Josette, ma femme, qui fera,
durant cette saison d'été, les beaux soirs
da théâtre Antoine. j
; Mile Pierrette Caillol, transfuge de ,1
HOdéon, est une exquise Josette: tout
d'abord jeune fille étourdie, maladroite,
m*ré ses diplômes et sa connaissance
des langues étrangères, elle est ensuite
parfaite dans son rôle de séduction.
M. Argentin est un élégant Ternay.
Son jeu est fort correct. Sa diction est
très nette. Il montre une bonhomie et
une patience découragée qui lui valu-
rent d'emblée toutes les sympathies -
en sus de celles de sa filleule.
: QUATRIEME ACTE (Photo Henri Ma.nuel)
M. W. OHISÏ.AIN
(Joé Jackson)
- M. BAROE
(Urbain)
M. PQUGAUD
(Panand)
Le rôle de Panard, l'ami dévoué, le
Pylade d'Oreste-Ternay, était tenu par
Poueaud, le soir même où l'on reprena-it,
pREfwwr' *er* ^piioto Henri Manr.^>
M. ARGENTIN
(A. Ternay)
Mlle DELANNEY
(Myriaoaoe)
M. POUCAUD
(Panand)
au Châtelet, Le Tour du Monde en 80
jours
Cette coïncidence dut ,à coup sûr, ob-
séder l'excellent comédien, car il inter-
préta Panard comme il eut joué Passe-
partout. Fébrile, trépidant, il fif de son
personnage une charge qui n'était certai-
nement .pas dans l'intention des auteurs,
mais les rires et les bravos des specta-
teurs lui donnèrent raison.
M. W. Ghislain composa un excellent
Joé Jackson; M. P. Bernier se montra
amoureux et sarcastique, comme il con-
venait, dans le rôle de Valorbier. :
Mlle Delanney en imposa par son élé-
gance et sa vulgarité voulue et bonne en-
fant, dans le rôle de Mlle Myrianne, du
théâtre des Variétés.
Compliments à MM. Le Prin, Barge,
Legay, Eddy, Faivte, Dussaul ; à Mmes
Ducellier, Guertet, Myrciane, Monti,
Dessaigne.. - -,'
ROBERT OUDOT.
, TROISIEME AOTE
"- >' (photo Henri Manuel)
M. ARGENTIN
(A. Ternay)
Mlle CAILLOL
(Josette)
- La Soirée
Nous ne dirons pas comme Óe. çhroni-
que mr hypocondriaque et bilieüx: « la Sai-
son de Paris bat son vide. » ,
Il est encore des Parisitehs en Paris ; if y
est aussi des- dépamtementaux et des étran-
gers et à ces asplhalteux quand même il
faut donner d'aimables sipectaioles. Il est
toutefois à prévoir que si Mlle Josette ma
femme, devant que d'être le grand succès
actuel, avait été soumis à M. Paul Gavault,
directeur de l'Odéon, os dernier, tout en
louant l'esprit et. la finesse chr style, eut dit
aux auteurs que lteur sujet. offrait une situa-
tion par trop peu commune. Il eut aussi,
sans doute, fait couper le quatre. ,
Après le trois, les spectateurs qui n'a-
vaient ipas lu l'affiche ou le programme
crurent la pièce finie. La pose sentimentale
était prise par les protagonistes; le rideau
tombait à ipio- comme celui d'une alcôve;
citait touchant, charmant, heureux, pue??
qtoement égrillard et matrimonial.
Mais il faJkit savoir ce qu'était devenr,
l'Anglais. iL 'Enrenre oordiate n'eût point
SOOIffert, les britanniques de passage ixirt
plus, qu'on oubliât ainsi l'Anglais. D'où ce
quatre, quii, dilata d'ailleurs la raite des bra-
ves gens de l'orchestre.
C est égal, cette histoire de fiancé, louant
un mari. sa future.:, c'est un peu
fart de café. Il est vrai que. par ces cha-
Jours tropicales.
Je pensais à cette chanson qu'Yvette
Guillbett chante peut-être encore à l'Oasis-
Poiret et qui s'appelait La Lettre. Un per-
missionnaire allait porter une lettre de son'
camarade die régiment-à la charmante' mùî-
tresse de celui-ci et, moins d'une heuM
après. - - - —
il était devenu l'amant
- De la maîtresse.
, Le;héros de MM. Gatvatult et Charvay- se
contente jded-evenirle mari de «a femme lé-
grtime. Conclusion dont nous ne doutions
pas, dès le premier acte. ,
Notez que si le dénouement était autre,
je ne suis pas loin die croire que, noneb»-«
tant la chaleur, engendreuse- d'acceptation etJ4
d'optimisme, les banquettes eussent voidi
sur la scène. , ', , ;
Pièce facile, public facile, d'accord d'a-
vance avec les auteurs: :."
Et puis le deuxième acte nous transport
à Morniefrier, aux flancs du Salève, cett{)
montagne française dont les Genevois sont
si fiera, ii fair sHrcro, &i etewi, lenwi. !if..;
bas, qu'on s'y rendrait même en habit noir,
et sans crayaité comme 1 liimpaiyable Panard. •
Au quatrième acte, M. Argentin, qui joué
Ternay ,piorte un veston de ipyjama impres-
sionnanit. Comme ii porte avec un col ra-
battu, à la façon des boys des Collèges an-
glais et des jeunes Italiens qui en lancè-
rent la mode -sur nos plages, une dame re-
marque qu'il ressemble ainsi, de profit
aux derniers portraits die Louis XVI, ceux
faits après l'échancrage du col, quelques
heures avant. ,',
Mais ne chagrinons pas les monarchistes.
S'il eût joué, jadis, le' rôle à la création, on
eût pu croire qu'il voulait ressembler h un
roi pour Régnier. ..,'
Quelques seigneurs de lettres évoquent
pendant l'entr'acte, le souvenir de cette
Marthe pour qui furent écrites toutes cei
comédies d'ingénues casse-cou.
* (Dessin de Max PinclKî#
M. ARGENTIN
(Ternay)
M. Marcel Prévost applaudit de sa loge
et se rend ensuite dans les coulisses, to
compliment aux lèvres. M. Edmond Sée 1
passe à la brassërie attenant au théâtre
pour faire tout de suite sa copie MM*
Jean Vignaud, Dame! Riche, Charles Flo-
Jea~ Vig.tieud, Danie'l' Ridhie* C ha-riés Flo-
remm, René Wisner, É. Fernand-Xau, Mlle
jylercedes vont quérir sous les arbres du .#
boul de Strasbourg des sensations d'été.
Le spectacle est à ciel et à bureaux ou-
vepts.. C es^-pourquoi, il y a-là une-:-q-uaetité,--
d'avant-droits. J'entendis^ceiuic qiii s'étanl-
munis d un coupon contre t>oîis biHets. son -
nants (Ponson du rerra.il, paissim) avabent,
assez congrûment droit à un faoutcuil.
- Je crois avoir reconnu parmi ces dernier?
M. La.nne (de Buridan); Mlle Miquatte et sa
mère, la Tante d Honfleur, M. Lebarbier
(de Séville), M Leroy-Dys, Mlle Clairette
Angot, M. ; Lechand du Signée, Mlle Lange
du Foyer, MIles LoUlise, Mignon et Lakniâ
De assa e-l-aivart, Mlle Pascal, M. Alphonse
la t ami île Giboyer, M. et Mme Pont-biquet
-et le marquis de Cavalleria-Rusticana.
Tout ce monde applaudit fort à la fin du
trois lorsque Josette se donne à son ma;i.
On appréciait ce que Fauteur de Carmen
n eût pas manqué d'appeler le don d'J oserfe,
MM. Rivers et Paston, directeurs inté<
rimaires, autant que sympathiques, surveit.'
laient jalousement leur public et se corn
muniqu'ant l'un à l'autre leurs impressi\msf
semblaient se dire : Il y a du bon.
Il y aura du bon longtemps, souhaitons»
le pour eux. Le public ne boudera- pas 1,1
Thetre Antoine dont le rideau actuel à luI
seul, est, disons-le, merveilleusement évoi
cateur de sites alpestres.
ARMORY.
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