Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-07-31
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 juillet 1921 31 juillet 1921
Description : 1921/07/31 (A15,N3150). 1921/07/31 (A15,N3150).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646323v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
C O M Œ D I A
Directeur: GEORGES CASELLA -
15E ANNEE -"Nt> 3150 - Quotidien
Le Numéro : * Paris. 0 fr. 20,
Hors n Pans.. 0 fr. 25.
t-ONDON 'OFFICE, 20, High Holborn W: C. 1
Tél.: Holb 5.3â3 PpincipaMîoi'resporidaiit H. Bonnaire
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS 3 MOIS -
France - 65 » 35 » 20 »
Etranger 85 » 45 » 25 »
BIMANCHË 31 JUILLET- 1921
REDACTION & ADMINISTRATION
27, Boulevard Poissonnière, PARIS (2*J
Tél.: CENTRAL 88-07, LOUVRE 18 0G
'Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
PUBLICITE
AUX BUREAUX DU JOURNAL
Téléphone : LOUVRE 18-06
PLAGIAT ET PLAGIAIRES
La question du plagiat revient sur le
lapis à propos d'un récent procès et
un roman d'aventures notoire, soi-di-
sant emprunté à un roman anglais. On
en a disserté également dans le Club du
Faubourg, à une réunion où je n'ai pu
assister. Le plagiat est d'ailleurs un
thème qui reviendra toujours périodique-
m«m et l'on ne finira jamais d'en dis-
cuber, Présentement, l'emprunt littéraire
est mal vu, les modernes se piquant de'
vouloir tout inventer et ayant la naïveté
de croire que l'originalité consiste à tirer
tout son fonds de soi-même. La plupart
des grands écrivains qui nous ont pré-
cédés n'étaient pas de cet avis., surtout
pu théâtre, où l'invention et la situation
jouent un rôle prépondérant. Quand on
^Prochait ses larcins à Shakespeare, il
rependait superbement à propos dé telle
Phrase ou de telle scène empruntée :
""C'est une fille que j'ai tirée de la mau-
vaise compagnie pour la faire entrer
dans la bonne. » Le critique anglais Ma-
tOne prétend que sur 6.043 vers de Sha-
kespeare, 1.771 ont été copiés tels quels
Sur autrui ; 2.373 ont été démarqués et
^aits, maquillés, et 1.899 seulement
j appartiennent en propre. Je n'ai pas
vérifie ce compte, mais s'il est exact,
^ùtiéndra-t-on pour cela que l'auteur
d Ifamlet n'est pas original ? M. de
J-ailhava, qui a écrit au XVIIIe siècle un
bon livre sur la Comédie, y disait :
Il L'art de l'imitation es*si difficile que
Seul Molière l'a su pratiquer supérieure-
ment. » Brunetière, qui avait un peu
Plus de lecture que nos modernes cham-
pions de l'originalité à tout prix, n'a
Pas craint de dire de Corneille: « C'é-
jait un grand emprunteur ainsi que tous
,es grands inventeurs ». Et, ailleurs, il
ajoutait: « Il pleut des inventeurs, mais
les profiteurs sont rares ». Qu'on
veuille bien méditer cet axiome.
1 S'il me fallait appuyer par des exem-
ples la pérennité du plagiat depuis la
Plus haute antiquité, plusieurs numéros
d" Comœdia n'y suffiraient pas et l'on
Y verrait, en général, les plus grands
naInS de toute la littérature et de la dra-
matique en particulier. Tout le théâtre
du seizième-siècle italien, entre autres,
dont je me suis occupé spécialement,
s'est à peu près uniquement alimenté de
Plaute et de Térence : l'Arioste, Ma-
chiavel, l'Arétin, Cecchi, d'Ambra, G'elli,
Grazzini, vingt autres ont vécu là-dessus
et s'en sont vantés, car, en ce temps-là,
limitation était bien portée. Et ces mê-
mes Italiens ont souvent servi de mo-
dèle, chacun le sait, à notre dix-septième
siècl e. Çailhava, qui a bien étudié Mo-
lière, déclare que Le Dépit Amoureux
*ent de La Creduta Maschio; Sgana-
d e d'Arlichino Cornuto ; Don Garcie
"e Navarre du Principe Geloso; L'E-
le des Mans des Adelphes et de Boc-
tce; Le Mariage Forcé du Falso Bravo ;
iJn Juan de la version italienne du Bur-
1 de Sevilla, etc..,
Iln Y a peut-être que trois ou quatre
pièces de Molière qui, d'après les éru-
dits, t Paraissent lui appartenir, notam-
ment : Tartufe et Le Misanthrope. En-
core trouve-t-on le type d'un Tartufe
dans L'Hipocrito, de l'Arétin, et la
ene d'Orgon sous la table serait dans
pfs Rieurs du brave Richard, de La
Ont'aine.
Si l'on passe au dix-neuvième siècle,
constate que La Barberine, de Mus-
tot, vient de Boccace par Cymbeline, et
^térieurement du roman de la Violette,
/ju Boccace avait trouvé le sujet de sa
nouvelle. Pour Faust, imité des livres
populaires et de la pièce de marionnettes,
Gœthe déclarait: « Je dois l'intrigue à
Calderon, la vision à Marlowe, la séré-
nari à Hamlet, le prologue au livre de
Ç- » Quel plagiaire que ce Gœthe !
Du mas Père, dans Les Louves de Ma-
checoul, a reoroduit des passages entiers
du Rob-boy, de Walter Scott. M. Claude
Mlle (Gll Blas, 7 septembre 1908) a dé-
co uvert dans les mémoires historiques
un certain Peuchet une histoire qui est
Prototype de Monte-Cristo avec les
mêms épisodes et les mêmes personna-
ges; dans Henri III et sa Cour, toutes
les situations et les trouvailles scéniques,
le f auX rendez-vous, le piège d'amour,
le m£ssage galant du page avec la clef,
]e Mouchoir perdu, viennent de Schil-
qui avait dû les trouver dans de
en"; es chroniques; Victor Hugo sest
encore moins gêné que Dumas : son
William Shakespeare contient des pages
entières paisiblement copiées et à peine
quées du Shakespeare, de Guizot ;
dtij ^~s plus beaux volumes des Misé-
l'QbLe, l'idylle rue Plumet et l'épopée
rue Saint-Denis sont étroitement imités
du Cloître Saint Méry, de Rey Dusseuil
(voyez Mercure de France, 1er mai 1911) ;
j'ai sgnalé et découvert un étonnant pla-
giat de Jules Laforgue par Jean Lorrain
(pr,0 de Paris, 10 octobre 1894) qui,
au surplus, a aussi plagié Rimbaud, em-
pruntant à tous deux des phrases entiè-
res textuelles ; la situation principale de
L'Otage, de M. Paul Claudel, rappelle
d'un manière frappante celle de La
Tosca, ^S Victorien Sardou. Du reste,
Sardou lui-même ne cessa d'être accusé
de plagiat et tout le monde se souvient
de es démêlés avec Mario Uchard. à
propos d'Odette et de La Fiammina.
Puisque je prononce le nom de Sardou,
il faut que le soulage ma conscience. On
dit couramment que cet auteur fut sur-
loui un amuseur et un incomparable
technicien de la scène, et moi-même je
vivais dans ce souvenir; or, l'autre jour,
le suis allé voir L'Affaire des Poisons,
ment jouée à Trianon par la
fr^ de l'Odéon, et j'ai été tout sur-
PrIs d entendre une comédie d'une 4ifare
élégance, sobre, concise, finement écrite,
dans la plus pure tradition de notre es-
prit et de notre langue. Ce que c'est que
les légendes ! Sardou est considéré
comme un prestidigitateur qui tire des
fleurs d'un chapeau, soit ; mais j'ai cons-
taté qu'elles n'étaient pas en papier ;
c'étaient des fleurs vraies et qui sentaient
bon. Mais revenons au plagiat. Sardou,
qui s'y connaissait, a formulé là-dessus
nettement son avis : « Nous ne faisons,
a-t-il écrit, que reprendre constamment
l'œuvre de nos devanciers. La pro-
priété n'est pas dans l'idée, elle est dans
le parti qu'on en tire. un sujet de pièce
est à tout le monde ; ce qui est à l'indi-
vidu, c'est l'aspect particulier sous le-
quel il l'envisage, la façon dont il com-
bine sa fable, bref ,sa mise en œuvre.»
Et il termine par cette comparaison frap-
pante : « Signaler dans deux pièces tout
ce qui les rapproche, c'est raisonner
comme un homme qui, mettant côte à
côte deux squelettes, vous dirait : «Voyez
comme ils se ressemblent. »
Pour le démontrer, Sardou nous ap-
porte une preuve amusante autant que
péremptoire, la similitude complète de
L'Ecole des Femmes et du Barbier de
Séville. A voir ce singulier rapproche-
ment, nos originaux d'aujourd'hui ne
manqueront pas de dire que Beaumar-
chais a plagié Molière :
« Arnolphe-Bartholo est le vieux tu-
teur d'une jeune fille, Agnès-Rosine, et
il est amoureux de sa pupille, qui ne
peut pas le souffrir et qui lui préfère un
jeune galant, Horace Almaviva. C'est
en vain que le tuteur fait bonne garde.
La pupille d'Arnolphe-Bartholo trouve
le moyen de correspondre avec Horace
Almaviva et même de le recevoir dans
la maison. Enfin, le tuteur se décide à
brusquer les choses par son mariage
avec Agnès-Rosine ; celle-ci en donne
avis à son amant, et au moment même
où le tuteur croit triompher, la jeune
fille se fait enlever par Horace AIma-
viva, à la barbe d'Arnolphe-Bartholo,
qui est forcé de consentir à cette uniQn.»
Voilà. Aujourd'hui, si pareille ressem-
blance se rencontrait, soyez certain que
l'auteur soi-disant plagié traînerait son
confrère devant la Commission de la
Société des Auteurs. Et pourtant, est-il
deux œuvres plus dissemblables que
L'Ecole des Femmes et le Barbier?
J.-J. Weiss, qui avait tout lu, disait :
« La propriété littéraire? Il n'y en a
pas. » -
Sans aller tout à fait aussi loin, disons
que cela est vrai dans tous les cas sauf
peut-être la copie textuelle.Encore a-t-on
vu Hugo, Dumas et Musset copier sans
vergogne, oui, copier littéralement (com-
parer à cet égard Musset et Carmontelle)
Molière lui-même ne s'en gênait pas et
lorsqu'il trouvait quelque part un mot
drôle, il le replaçait tel quel.
Mais, m'objectera-t-on ,cela est plu-
tôt regrettable, et ce n'est pas par là
qu'ils sont grands et originaux.
A quoi je réponds: « C'est justement
ce que je dis et votre objection me ravit.
Ce n'est point là qu'est l'originalité ni
la grandeur, mais seulement dans l'usage
qu'on fait du patrimoine - intellectuel.
Copier litéralement n'est un vol condam-
nable que parce qu'il est inutile ; à quoi
bon redire dans les mêmes termes? Pour
tout le reste licence absolue. Qui donc
oserait blâmer un Benvenuto Cellini de
voler un mauvais bronze pour en tirer
son Persée? Le plagiat est assurément
un vol aux yeux d'un pauvre esprit, de
même que l'assassinat est un crime.Mais
la guerre, la gloire ,la patrie vivent de
l'assassinat en masse, et quand un grand
peuple, un grand roi, un grand capitaine
volent des territoires incultes à des tri-
bus sauvages pour y introduire la fécon-
dité, l'ordre, la richesse et la beauté, on
les appelle des conquérants et non des
voleurs.
Alfred MORTIER.
La santé de M. A. Messager
L'état de santé de- M. André Messager est
tcuiours stationnaire. Les docteurs ne prévoient
pas de complication, et ses proches espèrent
que bientôt l'amélioration sera très sensible, et
que le célèbre compositeur pourra entrer en
convalescence.
Dans la Légion d'Honneur
Dans le monde des théâtres, une croix de ia
Légion d'honneur va être attachée sur la poi-
trine — disons même épinglée au corsage —
d'une personnalité artistique dont l'enrubanne-
ment, j'en suis certain, rencontrera l'approba-
tion de tous, ne soulèvera aucune critique et
causera une joie réelle à quiconque apprécie se-
lon sa valeur l'admirable talent de celle que M.
Léon Bérard — sans' que personne, si je suis
bien renseigné, lui ait recommandé ou suggéré
simplement cette candidature — a choisie, par-
mi beaucoup d'autres.
Et notre grand maître de l'Université l'a choi-
sie, j'en jurerais, non seulement parce qu'elle
est une grande, une très grande artiste, mais
aussi parce qu'elle est bonne et encore parce
que modeste et discrète, elle ne court jamais
après la réclame, ne demande rien et se con-
tente de posséder au plus haut degré toutes les
qualités de théâtre, sans estimer qu'il y ait lieu
de le dire, de le faire dire — ou de le rappeler
par des moyens indirects.
En vérité, je vous le déclare, nulle croix ne
sera mieux placée que celle de.
Mais il vaut mieux se taire et laisser la sur-
prise à l'intéressée qui ne sait rien encore et
qui sera 'très heureuse !
Et nous serons tous heureux aussi, et nous
couvrirons M. Léon Bérard de fleurs pour cette
croix, de théâtre, et pour une cravate de litté-
rature.
Chut ! r
CHARLES VÛGEU;
Nous publierons demain un article iô
GEORGES DELAQUYS
L'Ecole des Chsefs d'orchestre
Dons nos dernières notes sur l'Opéra-
comique, nous avons été incidemment amtt¡.
né à parler du rôle de chef d'orchestre. Ce-
sujet est vaste et comporte de multiples
développements.
On se plaint, pas toujours sans raison,
de la rareté relative des grands chefs en
France. Nous avons observé, ici même,
qu'en dépit des progrès accomplis, ni la
valeur, ni le nombre de nos vrais chete*
ne correspondent, d'une manière générale,
au développement magnifique de la musi-
que nationale.
Cette absence d'équilibre équivaut à un
grave défaut, qui n'a pas été sans nous caui-
ser un très réel préjudice, surtout à l'é-
tranger. ,
Cependant, les Français ne sont pas, à
cet égard, moins bien doués ni plus sots
que les autres. Si les troupes, chez nous,
n'ont pas à l'excès le sentiment et la dis*
cipline passive, pas plus que celui de ta
hiérarchie, le tempérament de notre race
s'adapte vite au commandement. Que mare-
que-t-il donc? La méthode et l'expériencm
En Allemagne, les futurs kapellmester
ont à la fois l'instruction préalable à l'écor
le, je veux dire dans les institutions du
genre de nos conservatoires, et la possi-
bilité de s'entraîner en conduisant les or-
chestres, associations chorales, groupe,
ments musicaux divers, qui foisonnent sur
toute l'étendue du territoire germanique.
A Zurich, nous fûmes récemment corn
viés à examiner la classe de ,. conduite d'or-
chestre. Cet enseignement donne de bonr
résultats, d'autant plus que, sitôt en état
de diriger, les apprentis se voient confier,
au théâtre municipal lui-même, ou ailleurs,
des fonctions intermittentes en rapport avec
leurs capacités. Comme formation profes-
sionnelle, c'est évidemment l'idéal.
On peut admettre le cas particulier d'uij
parfait artiste, connaissant à fond la 1-t.
nique et la littérature musicale, ayant l^uïe
fine et exercée, une mémoire infaillible et
doué, par surcroît d'un puissant ascenaaat
pur les masses. Ce pourrait être, sans
doute, incontinent, un chef d'orchestre gé-
nial. Mais cet homme-là appartient à la
catégorie des élèves exceptionnels. On
fie le rencontre pas une fois par généra-
tion.
Le métier de chef d'orchestre, prineipa-
Jhement celui de chef d'orchestre de théâ-
trè, est difficile et complexe. Il nécessite
nombre de connaissances. Pour l'exercer
proprement, il faut commencer par l'ap-
prendre.
Plusieurs manières peuvent réussir. La
meilleure et la plus sûre consiste assuré-
ment dans une longue pratique personnel-
le. On devient chef d'orchestre en condui-
sant, comme en forgeant forgeron.
Certes, à qualités égales, celui qui sera
convenablement préparé l'emportera de
beaucoup sur le chef d'orchestre de fortu-
ne. D'ailleurs, il suffit, pour être édifié sur
ce point, de comparer les résultats obtenus
avec des formations intellectuelles diffé-
rentes.
Songeons donc à préparer le terrain dès
la jeunesse. L'élève ne commencera jamais
trop tôt, concurremment avec l'étude de
la musique, dont il importe d'abord de pé-
nétrer tous les secrets, l'exercice de la
lecture, et la réduction au piano, de l'ins-
trumentation. Il sied d'acquérir aussi la
souplesse physique, puis des notions sur la
facture instrumentale et de s'initier, enfin,
«ux trucs, aux ficelles de la profession.
Il y a bien d'autres choses encore à ap-
prendre dans une classe de chefs d'orches-
tre. Je n'ai cité que l'essentiel.
Cet enseignement spécial, jadis si délais-
sé en France, commence à attirer l'atten-
tion des pouvoirs publics, mais ce n'est pas
encore suffisant. Il reste énormément, à
faire. Pour notre part, nous suivrons de
près cette question capitale. A Paris, M.
Henri Rabaud, secondé par M. Vincent
d'îndy, ne saurait d'ailleurs la négliger.
RAYMOND CHARPENTIER.
Échos
31 Juillet 1795. — Talma crée Quintus Fabius, de
Legoiivé.
p
ar ces temps où les trains sont tantôt
catastrophiques et tantôt livrés aux
bandits de grands chemins de ter, il ses
rait à craindre que des personnes s'abs-
tiennent d'y monter, quittes à se priver de
la satisfaction de s'éloigner de Paris, son
soleil et son asphalte mou.
On demandait une fois à l'acteur Dai!~
ly, qui demeurait en banlieue,, s'il n'était
pas impressionné par la crainte des dé-
raillements, des tamponnements, etc.
- Non, je voyage toujours entre deux
accidents, répondit l'artiste avec flegme.
Excellente formule 1
E
ntente cordiale.
r On sait que nos amis espagnol
* 1 1- --.
pour se aetenare ae îa cunucuanuc um
dû décréter que les possesseurs d'auto-
mobiles voulant entrer dans la péninsule
ibérique, consigneraient à la frontière, une
somme représentant plus de la valeur réek
le de la voiture. 1
Et l'autre jour, quand une charmante
artiste anglo-française quittant Cauterets-'
arriva à Hendaye, la douane espagnole lui
demanda froidement de déposer 50.00Q,
francs
On peut être à^l'abri du besoin et no
pas porter cette somme sur soi : que fan
re ? l'artiste navrée, allait faire demi-tour;
quand le Duc de Westminster, qui pass?it
aussi la frontière, voyant l'embarras de
celle qu'il avait fort applaudie à Londres,
signa un chèque de 50.000 francs comme
garantie, qui permit à Alice Delysia de
passer la frontière.
U
[n beau concours. ;■
l On a beaucoup médit des concours
- J 1 .L J,- rilûMoi'ol on ftn..
en générai ci UU v>uiiluui3 umviai vU yai-
ticulier qu'on vient die rétablir.
H n'est cependant pas sans intérêt de
parcourir parfois ses palmarès jaunis. Et
c'est ainsi que l'on peut retrouver, sur
la liste des lauréats de 1848, pour la classe
de philosophie — et la dissertation fran-
çaise, l'étonnante « équipe » que voici :
Ier Prix (prix d'honneur) : About (Ed-
mond-François-Valentin), de Dieuze (Meur
the), élève du Lycée Charlemagne.
28 Prix : Taine (Hippolyte), de Vouziers,
élève du Lycée Bonaparte.
Ier Accessit : Sarcey (Francisque), de
Dourdan (Seine-et-Oise), élève de Charle-
magne.
28 Accessit : Hugo (François-Victor),
de Paris, élève de Chariemagne. "-
Le prochain concours groupera-t-il pa-
reil ensemble de lauréats ?
Mais il est vrai qu'il faudra patienter
un peu pour savoir ceux qui seront deve>
nus célèbres.
L
'horloge de Flore.
Voilà un jeu joli et élégant pour
la campagne. Mats il faut se lever de bon-
ne heure pour s'y livrer !
On dispose en cadran, dans un jardin,
des fleurs placées selon l'heure où elles
s'ouvrent et se ferment.
A 3 heures du matin s'ouvre le salsifis
des prés; à 4 heures la chicorée sauva-
ge; à 5 le laiteron commun; à 6 l'hypo-
chœris tachetée; à 7 la laitue cultivée; à
8 le mouron des champs; à 9 le souci des
champs.
On verra se fermer à 10 heures la
chicorée sauvage; à 11 la crépide des Al-*
pes; à midi le laiteron de Laponie; à 1
heure l'œillet prolifère; à 2 l'épervière au-
ricule; à 3 le souci des champs; à 4 l'a-
lysse utriculée
A 5 heures s'ouvrira la belle-de-nuit;
à 6 le géranium triste.
A 7 heures se fermera le pavot nudi-
caule; à 8 rhimérocalle fauve.
Enfin le cierge à grandes fleurs fait
comme les théâtres, il s'ouvre à 9 heures
et se ferme à minuit.
Mais, à raison de l'heure HonnOrat,
tout l'horaire ci-dessus doit être décalé
d'une heure en avant !
Nous livrons « l'horloge de Flore »,
aux metteurs en scène de revues « à spec-
tacle Wjf
FANTAISIE
Le ReVuiste;
Voilà l'ennemi!
— Fûtes-vous à la revue des Fantaisies-Sug-
gestives ? »
Un afflux de sang colora le visage de M. Tri-
que, et ses yeux semblèrent vouloir se trans-
former en projectiles.
Comment une aussi honnête question pou-
vait-elle suffoquer, à ce point, M. Trique?
— Non, Monsieur, je ne fus pas à la revue
des Fantaisies-Suggestives! s'écria-t-il. Je n'en-
courage pas de pareils spectacles, et si tout
le monde suivait mon exemple.
— En voulez-vous tellement aux revues P
risquai-je,
— Pas tant aux revues qu'aux revuistes! Ah!
les vilains oiseaux! tonitrua mon interlocuteur.
Que ne les pend-on haut et court, afin de nous
débarrasser, une bonne fois, de leur détestable
industrie!
— Sont-ils coupables, à vos yeux, de trop
de légèreté ou d'irrévérence ? murmurai-je timi-
dement.
—— Si ce n'était que çai répondit M. Trique,
dont le ton courroucé devenait confidentiel.
Ignorez-vous donc, Monsieur, ce que sont les
revuistes ?
— Des auteurs.
Il haussa de pitié les épaules et dtf:
- Une vaste association qui dirige le monde
et qui le fait danser à sa musique (fût-elle 'd'Of-
fenbach ou de Christiné), voilà ce qu'is sont!
- Non 1
— Si. Oh! je sais. On s'imagine volontiers
qu'ils se, bornent à exploiter en commua leurs
agences, leurs entreprises et leurs usines dra-
matiques. Candeur! Apprenez, vous et ceux qui
en ignorent, que la puissance de ces diables
d'hommes est autrement considérable! Ils ne
W contentent pas d'écrire les scènes que les
actualités leur fournissent, c'est eux qui four-
nissent, à leurs scènes, les actualités !
- Hein?.
- Parfaitement. Réfléchissez un peu: la vie,
disait Alphonse Allais, est « affreusement quo-
tidienne »; que voulez-vous donc qu'inspirent
aux revuistes la banalité courante et le peu de
chose qui se passe en réalité ? Or, comme il
leur faut de la matière, encore, toujours, à tous
prix, n'en fût-il plus au monde, c'est eux qui
inventent les événements, que dis-je ? qui les
créent. Oui, Monsieur, ils sont les pourvoyeurs
de l'actualité! Et, voyez d'ici le dangerles
faits les plus familiers ne sont pas les plus scé-
niques, alors, ils en organisent d'autres. On
prétend que, pour un mot d'esprit, certains hu-
mains tueraient père et mère, les revuistes fe-
raient mieux, ils allumeraient les quatre coins
de la terre! Ainsi, tenez, la vie chère, les ban-
dits en auto, la défaite de Carpentier, la séche-
resse excessive et la taxe sur les pianos. Ne
cherchez pas, c'est eux, c'est uniquement
eux !. »
.Tout de même, si M. Trique avait raison?..
J'en étais comme deux sous de pommes de
terre frites 1
TREBLA.
M
olière au collège:
Rien de ce qui touche à Molière
ne saurait rester indiffèrent. est pour-
quoi les années de collège du jeune Po-
quelin sont attachantes entre toutes.
M. Gustave Dupont-Ferrier vient d'en
parler longuement dans un récent ouvra-
ge. Nous n'y apprenons pas que Molière
obtint ou non un prix. Mais ce détail n'a
qu'un intérêt secondaire. Ce qui importe,
par dessus, c'est de connaître l'empreinte
que reçut le jeune homme de son éduca-
tion latine.
Elle fut profonde à n'en pas douter, car
les Jésuites de ce collège de Clermont qui
devait devenir le Lycée Louis-le-Grand,
étaient passés maîtres dans l'enseignement
du latin : Les élèves, à compter de la si-
xième, ne parlaient qu'en latin. On don-
nait au collège — toujours en latin — la
comédie et le drame, mais les externes ne
devaient pas appartenir à la troupe du col-
lège, car M. Dupont-Ferrier n'a pu re-
lever parmi eux le nom de Poquelin.
Se doutait-on jamais à Clermont de la
gloire qui devait un jour s'attacher au nom
de Molière? <
Le Masque de Verre.
Abonnements de Saison
Pour répondre aux désirs de nombreux
lecteurs qui, quittant la ville pour des vil-
légiatures lointaines, redoutent de ne pas
prouver leur cher Comœdia dans leurs ré-
sidences estivales, nous avons décidé d'éta-
blir des abonnements de courte durée aux
conditions suivantes:
Abonnement de 15 jours.., 4 francs
Abonnement de 1 mois. 8 francs
Abonnement de 2 mois. 15 francs
LES ARTISTES A UX CHAMPS
Gomment Comédiens ,.
et Comédiennes emploient
leurs vacances ?
Nous sommes a l'époque de l'année où
les artistes dramatiques ne jouent pas
dans des décors de toile peinte, et ne se
contentent plus des horizons bornés « d'en-
tre cour et jardin ». Fuyant la chaleur, ils
ont profité de la clôture annuelle d'un
grand nombre de scènes parisiennes pour
boucler leurs bagages et rechercher de
fraîches et' riantes villégiatures. Que font-
ils? Comment emploient-ils leurs instants
de loisirs?
Quelques artistes nous ont donné de
leurs nouvelles, nous sommes heureux
d'en faire profiter leurs camarades et ad-
mirateurs. Loin de la scène ne veut pas
dire loin de la sympathie et de l'estime.
A la mer ou à la montagne on pense tou-
jours au partenaire qui vous a spirituelle-
ment donné la réplique, au chanteur ou
au comédien qui nous a procuré une im-
pression d'art. Les quelques lettres que
nous publierons en plusieurs articles sont
d'un grand intérêt pour touS ceux qui ai-
ment le. théâtre et ses interprètes.
M. André Brunot, le spirituel et char-
mant sociétaire de la Comédie-Française
est le premier à nous envoyer quelques
lignes :
Cabourg, 22 juillet 1921.
Mon cher, ami,
Mes vacances? , -
J'en avais, parfaitement -réglé-le program-
me en 3 parties mais la première (route du
Nivernais et du Morvan sur Harleh-Da-
widson), a été « loupée », puisque le pre-
mier jour à 60 à l'heure je suis allé embras-
ser un poteau!!! Une côle fêlée, une
cuisse entamée, et une moto plutôt défor-
mée m'ont engagé à être plus prudent dans
l'avenir et à. m'assurer, contre les ac-
cidents. Aujourd'hui, homme et machine
sont réparés. Tout va bien, tout fonctionne.
La seconde partie qui n'était qu'un in-
(Photo IiMlTi M«UliU*U
M. Aiîùré BfilirtOT
termède s'est passée normalement en don-
nanr trois représentations à Valenciennes
pendant les fêtes du bi-centençllre de Wat-
teau.
Enfin, la dernière, 'de beaucoup la plus
agréable, se déroule actuellement. Je suis
à Cabourg avec ma fille, et l'y suis bien.
J"y oublie beaucoup de choses, mais pas
encore assez le théâtre., d'ailleurs, C'est
impossible, et puis le prépare « Don César
de Bazan » que je dois jouer peu de temps
après ma rentrée à la Comédie, j'espère
avoir le plaisir de vous' serrer la main ce
soir-là.
Bien cordialement,
André BRUNOT.
M. Levesque est de la catégorie dé ces
artistes moins favorisés qui emploient leur
été à visiter de nombreuses villes avec une
pièce à succès:
Poitiers, le 22 juillet.
Vous me demandez, mon cher ami,
la façon dont je passe mes vacances ? Quel-
les vacances!!! Quatre acte et huit! lors-
que nous avons matinée ! car je fais une
tournée sous l'égide de Ch. Baret avec
les deux petits chefs-d'œuvre de Tristan-
Bernard: Le Gordon Bleu et L'Anglais
tel qu'on le parle.
Ces « vacances » doivent Jurer jus-
qu'au 28 septembre, date à laquelle je
rentrerai à Paris pour prendre le même
jour le train à destination de Rome où je
dois achever de tourner La Dame de chez
Maxims avec la grande vedette italienne
du cinéma, Piria Menichelli. Tout ceci,
si Dieu me prête vie. naturellement, et
si un déraillement (toujours possible), ne
vient pas interrompre le cours de tant de
beaux projets.
(Dessin. Ce Bouët)
M. LEVESQUE
.Mais il fait bien chaud, mon cher
ami, excusez-moi, je vais me tremper dans
la baignoire voisine«
: Cordialement votre
- MARCEL LEVESQUBJ
, Le doyen de l'Opéra-Comique, M. Lu.
cien Fugère, nous écrit de la campagne :
Mon cher ami,
Ce que je fais pendant mes vacances P „
Je roupille dans des coins inconnus de
la Vienne et de la Creuse. --
« Je me loge où je puis, et comme il
plaît à Dieu. » 1
Je pêche énormément. Je peins un
peu.
J'ai non seulement le bonheur d'être
(Plioto Hfen rî \fcuiii«y
(photo ilibnri Niaiii-,Qî
M. Lucien FUCERI:
grand-père, mais encore celui d'être erriè-i
re grand-père, et en septembre, je promè-1
nerai ma très chère toute petite Nicole'
dans la forêt de Fontainebleau. « Alors'
je serai Dieu. »
Toutes mes amitiés.
Votre - -
LUCIEN FUGERE.,
Mlle Alice Bonheur se repose des nom-
breuses représentations de Phi-Phi soul
les ombrages des environs de Paris:
Saint-Cloud.
Oui, mon cher ami,
Je profite enfin du repos! de I cté! Le*i
deux saisons précédentes je n'avais pourJ
me mettre au vert que les ramages de mes.
rideaux de cretonne dans une logé des
Bouffes-Parisiens; pour aérer mes pou-
mons qu'une fenêtre ouverte sur le pas-
sage Choiseul, pour mesurer l'espace, la-
distance qui séparait l'orchestre du poulail-
ler, la rampe du balcon. Mais quel plai-
sir c'était de voir défiler cette intermina-tl
ble foule 'de gens de tous pays, voire de'
toutes couleurs.
Pour moi c'est le passé. P.H.1. fi.N.1.<
ni. Mais comme le nègre Urban contifÍúe;
maintenant, je suis sons mes ombrages..
Rien de factice; du vrai bois, de vraies
fleurs, des fruits qui sont vrais quand ilk
sont mûrs :
Ma petite villa ne porte pas en-rore de
(Phctn Sn: :'¡j"
I
Mlle Alice BONHEUR
plaque indicatrice, mais je l'ai déjà bapx
tisée : « Chonchette - ». J'y compte passer;j
l'été et j'y élève pçur me distraire mon]
chien « Phidias », un berger allemand,-
dont vient de me faire cadeau ma ['clItillê
amie Maud Strassel en souvenir de nefs
bonnes soirées de Phi-Phi. -
Mon principal sport en ce moment, c'est
le hamac. Quoi faire en effet par ces tour-
nées équatoriales, sinon s'étendre molle-
ment et, donnant une légère impulsion au
filet, rêver d'être bercée par la brise qite.
l'on souhaite. Il y a bien le footing mais
c'est accablant! Le canotage! J'y pensel
Je l'aime. L'auto aussi. quelque fois.
Mes projets ? Rien n'est encore définitif.
Je vais à Paris vendredi pour entendre
partition reçue dans un théâtre parisien
Je serai, peut-être, plus fixée après.
Mes meilleures amitiés et à bientôt.,
ALICE BONHEUR.,
Des quatre points cardinaux de France
et même de l'Etranger, nos amis nous a
dressent chaque jour de nombreuses let
QUI contiennent des récits de vacanc
contés avec beaucoup de verve et d~~
prit; nou§ les publierons prochainemwUj
J. DELINl"
Directeur: GEORGES CASELLA -
15E ANNEE -"Nt> 3150 - Quotidien
Le Numéro : * Paris. 0 fr. 20,
Hors n Pans.. 0 fr. 25.
t-ONDON 'OFFICE, 20, High Holborn W: C. 1
Tél.: Holb 5.3â3 PpincipaMîoi'resporidaiit H. Bonnaire
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS 3 MOIS -
France - 65 » 35 » 20 »
Etranger 85 » 45 » 25 »
BIMANCHË 31 JUILLET- 1921
REDACTION & ADMINISTRATION
27, Boulevard Poissonnière, PARIS (2*J
Tél.: CENTRAL 88-07, LOUVRE 18 0G
'Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
PUBLICITE
AUX BUREAUX DU JOURNAL
Téléphone : LOUVRE 18-06
PLAGIAT ET PLAGIAIRES
La question du plagiat revient sur le
lapis à propos d'un récent procès et
un roman d'aventures notoire, soi-di-
sant emprunté à un roman anglais. On
en a disserté également dans le Club du
Faubourg, à une réunion où je n'ai pu
assister. Le plagiat est d'ailleurs un
thème qui reviendra toujours périodique-
m«m et l'on ne finira jamais d'en dis-
cuber, Présentement, l'emprunt littéraire
est mal vu, les modernes se piquant de'
vouloir tout inventer et ayant la naïveté
de croire que l'originalité consiste à tirer
tout son fonds de soi-même. La plupart
des grands écrivains qui nous ont pré-
cédés n'étaient pas de cet avis., surtout
pu théâtre, où l'invention et la situation
jouent un rôle prépondérant. Quand on
^Prochait ses larcins à Shakespeare, il
rependait superbement à propos dé telle
Phrase ou de telle scène empruntée :
""C'est une fille que j'ai tirée de la mau-
vaise compagnie pour la faire entrer
dans la bonne. » Le critique anglais Ma-
tOne prétend que sur 6.043 vers de Sha-
kespeare, 1.771 ont été copiés tels quels
Sur autrui ; 2.373 ont été démarqués et
^aits, maquillés, et 1.899 seulement
j appartiennent en propre. Je n'ai pas
vérifie ce compte, mais s'il est exact,
^ùtiéndra-t-on pour cela que l'auteur
d Ifamlet n'est pas original ? M. de
J-ailhava, qui a écrit au XVIIIe siècle un
bon livre sur la Comédie, y disait :
Il L'art de l'imitation es*si difficile que
Seul Molière l'a su pratiquer supérieure-
ment. » Brunetière, qui avait un peu
Plus de lecture que nos modernes cham-
pions de l'originalité à tout prix, n'a
Pas craint de dire de Corneille: « C'é-
jait un grand emprunteur ainsi que tous
,es grands inventeurs ». Et, ailleurs, il
ajoutait: « Il pleut des inventeurs, mais
les profiteurs sont rares ». Qu'on
veuille bien méditer cet axiome.
1 S'il me fallait appuyer par des exem-
ples la pérennité du plagiat depuis la
Plus haute antiquité, plusieurs numéros
d" Comœdia n'y suffiraient pas et l'on
Y verrait, en général, les plus grands
naInS de toute la littérature et de la dra-
matique en particulier. Tout le théâtre
du seizième-siècle italien, entre autres,
dont je me suis occupé spécialement,
s'est à peu près uniquement alimenté de
Plaute et de Térence : l'Arioste, Ma-
chiavel, l'Arétin, Cecchi, d'Ambra, G'elli,
Grazzini, vingt autres ont vécu là-dessus
et s'en sont vantés, car, en ce temps-là,
limitation était bien portée. Et ces mê-
mes Italiens ont souvent servi de mo-
dèle, chacun le sait, à notre dix-septième
siècl e. Çailhava, qui a bien étudié Mo-
lière, déclare que Le Dépit Amoureux
*ent de La Creduta Maschio; Sgana-
d e d'Arlichino Cornuto ; Don Garcie
"e Navarre du Principe Geloso; L'E-
le des Mans des Adelphes et de Boc-
tce; Le Mariage Forcé du Falso Bravo ;
iJn Juan de la version italienne du Bur-
1 de Sevilla, etc..,
Iln Y a peut-être que trois ou quatre
pièces de Molière qui, d'après les éru-
dits, t Paraissent lui appartenir, notam-
ment : Tartufe et Le Misanthrope. En-
core trouve-t-on le type d'un Tartufe
dans L'Hipocrito, de l'Arétin, et la
ene d'Orgon sous la table serait dans
pfs Rieurs du brave Richard, de La
Ont'aine.
Si l'on passe au dix-neuvième siècle,
constate que La Barberine, de Mus-
tot, vient de Boccace par Cymbeline, et
^térieurement du roman de la Violette,
/ju Boccace avait trouvé le sujet de sa
nouvelle. Pour Faust, imité des livres
populaires et de la pièce de marionnettes,
Gœthe déclarait: « Je dois l'intrigue à
Calderon, la vision à Marlowe, la séré-
nari à Hamlet, le prologue au livre de
Ç- » Quel plagiaire que ce Gœthe !
Du mas Père, dans Les Louves de Ma-
checoul, a reoroduit des passages entiers
du Rob-boy, de Walter Scott. M. Claude
Mlle (Gll Blas, 7 septembre 1908) a dé-
co uvert dans les mémoires historiques
un certain Peuchet une histoire qui est
Prototype de Monte-Cristo avec les
mêms épisodes et les mêmes personna-
ges; dans Henri III et sa Cour, toutes
les situations et les trouvailles scéniques,
le f auX rendez-vous, le piège d'amour,
le m£ssage galant du page avec la clef,
]e Mouchoir perdu, viennent de Schil-
qui avait dû les trouver dans de
en"; es chroniques; Victor Hugo sest
encore moins gêné que Dumas : son
William Shakespeare contient des pages
entières paisiblement copiées et à peine
quées du Shakespeare, de Guizot ;
dtij ^~s plus beaux volumes des Misé-
l'QbLe, l'idylle rue Plumet et l'épopée
rue Saint-Denis sont étroitement imités
du Cloître Saint Méry, de Rey Dusseuil
(voyez Mercure de France, 1er mai 1911) ;
j'ai sgnalé et découvert un étonnant pla-
giat de Jules Laforgue par Jean Lorrain
(pr,0 de Paris, 10 octobre 1894) qui,
au surplus, a aussi plagié Rimbaud, em-
pruntant à tous deux des phrases entiè-
res textuelles ; la situation principale de
L'Otage, de M. Paul Claudel, rappelle
d'un manière frappante celle de La
Tosca, ^S Victorien Sardou. Du reste,
Sardou lui-même ne cessa d'être accusé
de plagiat et tout le monde se souvient
de es démêlés avec Mario Uchard. à
propos d'Odette et de La Fiammina.
Puisque je prononce le nom de Sardou,
il faut que le soulage ma conscience. On
dit couramment que cet auteur fut sur-
loui un amuseur et un incomparable
technicien de la scène, et moi-même je
vivais dans ce souvenir; or, l'autre jour,
le suis allé voir L'Affaire des Poisons,
ment jouée à Trianon par la
fr^ de l'Odéon, et j'ai été tout sur-
PrIs d entendre une comédie d'une 4ifare
élégance, sobre, concise, finement écrite,
dans la plus pure tradition de notre es-
prit et de notre langue. Ce que c'est que
les légendes ! Sardou est considéré
comme un prestidigitateur qui tire des
fleurs d'un chapeau, soit ; mais j'ai cons-
taté qu'elles n'étaient pas en papier ;
c'étaient des fleurs vraies et qui sentaient
bon. Mais revenons au plagiat. Sardou,
qui s'y connaissait, a formulé là-dessus
nettement son avis : « Nous ne faisons,
a-t-il écrit, que reprendre constamment
l'œuvre de nos devanciers. La pro-
priété n'est pas dans l'idée, elle est dans
le parti qu'on en tire. un sujet de pièce
est à tout le monde ; ce qui est à l'indi-
vidu, c'est l'aspect particulier sous le-
quel il l'envisage, la façon dont il com-
bine sa fable, bref ,sa mise en œuvre.»
Et il termine par cette comparaison frap-
pante : « Signaler dans deux pièces tout
ce qui les rapproche, c'est raisonner
comme un homme qui, mettant côte à
côte deux squelettes, vous dirait : «Voyez
comme ils se ressemblent. »
Pour le démontrer, Sardou nous ap-
porte une preuve amusante autant que
péremptoire, la similitude complète de
L'Ecole des Femmes et du Barbier de
Séville. A voir ce singulier rapproche-
ment, nos originaux d'aujourd'hui ne
manqueront pas de dire que Beaumar-
chais a plagié Molière :
« Arnolphe-Bartholo est le vieux tu-
teur d'une jeune fille, Agnès-Rosine, et
il est amoureux de sa pupille, qui ne
peut pas le souffrir et qui lui préfère un
jeune galant, Horace Almaviva. C'est
en vain que le tuteur fait bonne garde.
La pupille d'Arnolphe-Bartholo trouve
le moyen de correspondre avec Horace
Almaviva et même de le recevoir dans
la maison. Enfin, le tuteur se décide à
brusquer les choses par son mariage
avec Agnès-Rosine ; celle-ci en donne
avis à son amant, et au moment même
où le tuteur croit triompher, la jeune
fille se fait enlever par Horace AIma-
viva, à la barbe d'Arnolphe-Bartholo,
qui est forcé de consentir à cette uniQn.»
Voilà. Aujourd'hui, si pareille ressem-
blance se rencontrait, soyez certain que
l'auteur soi-disant plagié traînerait son
confrère devant la Commission de la
Société des Auteurs. Et pourtant, est-il
deux œuvres plus dissemblables que
L'Ecole des Femmes et le Barbier?
J.-J. Weiss, qui avait tout lu, disait :
« La propriété littéraire? Il n'y en a
pas. » -
Sans aller tout à fait aussi loin, disons
que cela est vrai dans tous les cas sauf
peut-être la copie textuelle.Encore a-t-on
vu Hugo, Dumas et Musset copier sans
vergogne, oui, copier littéralement (com-
parer à cet égard Musset et Carmontelle)
Molière lui-même ne s'en gênait pas et
lorsqu'il trouvait quelque part un mot
drôle, il le replaçait tel quel.
Mais, m'objectera-t-on ,cela est plu-
tôt regrettable, et ce n'est pas par là
qu'ils sont grands et originaux.
A quoi je réponds: « C'est justement
ce que je dis et votre objection me ravit.
Ce n'est point là qu'est l'originalité ni
la grandeur, mais seulement dans l'usage
qu'on fait du patrimoine - intellectuel.
Copier litéralement n'est un vol condam-
nable que parce qu'il est inutile ; à quoi
bon redire dans les mêmes termes? Pour
tout le reste licence absolue. Qui donc
oserait blâmer un Benvenuto Cellini de
voler un mauvais bronze pour en tirer
son Persée? Le plagiat est assurément
un vol aux yeux d'un pauvre esprit, de
même que l'assassinat est un crime.Mais
la guerre, la gloire ,la patrie vivent de
l'assassinat en masse, et quand un grand
peuple, un grand roi, un grand capitaine
volent des territoires incultes à des tri-
bus sauvages pour y introduire la fécon-
dité, l'ordre, la richesse et la beauté, on
les appelle des conquérants et non des
voleurs.
Alfred MORTIER.
La santé de M. A. Messager
L'état de santé de- M. André Messager est
tcuiours stationnaire. Les docteurs ne prévoient
pas de complication, et ses proches espèrent
que bientôt l'amélioration sera très sensible, et
que le célèbre compositeur pourra entrer en
convalescence.
Dans la Légion d'Honneur
Dans le monde des théâtres, une croix de ia
Légion d'honneur va être attachée sur la poi-
trine — disons même épinglée au corsage —
d'une personnalité artistique dont l'enrubanne-
ment, j'en suis certain, rencontrera l'approba-
tion de tous, ne soulèvera aucune critique et
causera une joie réelle à quiconque apprécie se-
lon sa valeur l'admirable talent de celle que M.
Léon Bérard — sans' que personne, si je suis
bien renseigné, lui ait recommandé ou suggéré
simplement cette candidature — a choisie, par-
mi beaucoup d'autres.
Et notre grand maître de l'Université l'a choi-
sie, j'en jurerais, non seulement parce qu'elle
est une grande, une très grande artiste, mais
aussi parce qu'elle est bonne et encore parce
que modeste et discrète, elle ne court jamais
après la réclame, ne demande rien et se con-
tente de posséder au plus haut degré toutes les
qualités de théâtre, sans estimer qu'il y ait lieu
de le dire, de le faire dire — ou de le rappeler
par des moyens indirects.
En vérité, je vous le déclare, nulle croix ne
sera mieux placée que celle de.
Mais il vaut mieux se taire et laisser la sur-
prise à l'intéressée qui ne sait rien encore et
qui sera 'très heureuse !
Et nous serons tous heureux aussi, et nous
couvrirons M. Léon Bérard de fleurs pour cette
croix, de théâtre, et pour une cravate de litté-
rature.
Chut ! r
CHARLES VÛGEU;
Nous publierons demain un article iô
GEORGES DELAQUYS
L'Ecole des Chsefs d'orchestre
Dons nos dernières notes sur l'Opéra-
comique, nous avons été incidemment amtt¡.
né à parler du rôle de chef d'orchestre. Ce-
sujet est vaste et comporte de multiples
développements.
On se plaint, pas toujours sans raison,
de la rareté relative des grands chefs en
France. Nous avons observé, ici même,
qu'en dépit des progrès accomplis, ni la
valeur, ni le nombre de nos vrais chete*
ne correspondent, d'une manière générale,
au développement magnifique de la musi-
que nationale.
Cette absence d'équilibre équivaut à un
grave défaut, qui n'a pas été sans nous caui-
ser un très réel préjudice, surtout à l'é-
tranger. ,
Cependant, les Français ne sont pas, à
cet égard, moins bien doués ni plus sots
que les autres. Si les troupes, chez nous,
n'ont pas à l'excès le sentiment et la dis*
cipline passive, pas plus que celui de ta
hiérarchie, le tempérament de notre race
s'adapte vite au commandement. Que mare-
que-t-il donc? La méthode et l'expériencm
En Allemagne, les futurs kapellmester
ont à la fois l'instruction préalable à l'écor
le, je veux dire dans les institutions du
genre de nos conservatoires, et la possi-
bilité de s'entraîner en conduisant les or-
chestres, associations chorales, groupe,
ments musicaux divers, qui foisonnent sur
toute l'étendue du territoire germanique.
A Zurich, nous fûmes récemment corn
viés à examiner la classe de ,. conduite d'or-
chestre. Cet enseignement donne de bonr
résultats, d'autant plus que, sitôt en état
de diriger, les apprentis se voient confier,
au théâtre municipal lui-même, ou ailleurs,
des fonctions intermittentes en rapport avec
leurs capacités. Comme formation profes-
sionnelle, c'est évidemment l'idéal.
On peut admettre le cas particulier d'uij
parfait artiste, connaissant à fond la 1-t.
nique et la littérature musicale, ayant l^uïe
fine et exercée, une mémoire infaillible et
doué, par surcroît d'un puissant ascenaaat
pur les masses. Ce pourrait être, sans
doute, incontinent, un chef d'orchestre gé-
nial. Mais cet homme-là appartient à la
catégorie des élèves exceptionnels. On
fie le rencontre pas une fois par généra-
tion.
Le métier de chef d'orchestre, prineipa-
Jhement celui de chef d'orchestre de théâ-
trè, est difficile et complexe. Il nécessite
nombre de connaissances. Pour l'exercer
proprement, il faut commencer par l'ap-
prendre.
Plusieurs manières peuvent réussir. La
meilleure et la plus sûre consiste assuré-
ment dans une longue pratique personnel-
le. On devient chef d'orchestre en condui-
sant, comme en forgeant forgeron.
Certes, à qualités égales, celui qui sera
convenablement préparé l'emportera de
beaucoup sur le chef d'orchestre de fortu-
ne. D'ailleurs, il suffit, pour être édifié sur
ce point, de comparer les résultats obtenus
avec des formations intellectuelles diffé-
rentes.
Songeons donc à préparer le terrain dès
la jeunesse. L'élève ne commencera jamais
trop tôt, concurremment avec l'étude de
la musique, dont il importe d'abord de pé-
nétrer tous les secrets, l'exercice de la
lecture, et la réduction au piano, de l'ins-
trumentation. Il sied d'acquérir aussi la
souplesse physique, puis des notions sur la
facture instrumentale et de s'initier, enfin,
«ux trucs, aux ficelles de la profession.
Il y a bien d'autres choses encore à ap-
prendre dans une classe de chefs d'orches-
tre. Je n'ai cité que l'essentiel.
Cet enseignement spécial, jadis si délais-
sé en France, commence à attirer l'atten-
tion des pouvoirs publics, mais ce n'est pas
encore suffisant. Il reste énormément, à
faire. Pour notre part, nous suivrons de
près cette question capitale. A Paris, M.
Henri Rabaud, secondé par M. Vincent
d'îndy, ne saurait d'ailleurs la négliger.
RAYMOND CHARPENTIER.
Échos
31 Juillet 1795. — Talma crée Quintus Fabius, de
Legoiivé.
p
ar ces temps où les trains sont tantôt
catastrophiques et tantôt livrés aux
bandits de grands chemins de ter, il ses
rait à craindre que des personnes s'abs-
tiennent d'y monter, quittes à se priver de
la satisfaction de s'éloigner de Paris, son
soleil et son asphalte mou.
On demandait une fois à l'acteur Dai!~
ly, qui demeurait en banlieue,, s'il n'était
pas impressionné par la crainte des dé-
raillements, des tamponnements, etc.
- Non, je voyage toujours entre deux
accidents, répondit l'artiste avec flegme.
Excellente formule 1
E
ntente cordiale.
r On sait que nos amis espagnol
* 1 1- --.
pour se aetenare ae îa cunucuanuc um
dû décréter que les possesseurs d'auto-
mobiles voulant entrer dans la péninsule
ibérique, consigneraient à la frontière, une
somme représentant plus de la valeur réek
le de la voiture. 1
Et l'autre jour, quand une charmante
artiste anglo-française quittant Cauterets-'
arriva à Hendaye, la douane espagnole lui
demanda froidement de déposer 50.00Q,
francs
On peut être à^l'abri du besoin et no
pas porter cette somme sur soi : que fan
re ? l'artiste navrée, allait faire demi-tour;
quand le Duc de Westminster, qui pass?it
aussi la frontière, voyant l'embarras de
celle qu'il avait fort applaudie à Londres,
signa un chèque de 50.000 francs comme
garantie, qui permit à Alice Delysia de
passer la frontière.
U
[n beau concours. ;■
l On a beaucoup médit des concours
- J 1 .L J,- rilûMoi'ol on ftn..
en générai ci UU v>uiiluui3 umviai vU yai-
ticulier qu'on vient die rétablir.
H n'est cependant pas sans intérêt de
parcourir parfois ses palmarès jaunis. Et
c'est ainsi que l'on peut retrouver, sur
la liste des lauréats de 1848, pour la classe
de philosophie — et la dissertation fran-
çaise, l'étonnante « équipe » que voici :
Ier Prix (prix d'honneur) : About (Ed-
mond-François-Valentin), de Dieuze (Meur
the), élève du Lycée Charlemagne.
28 Prix : Taine (Hippolyte), de Vouziers,
élève du Lycée Bonaparte.
Ier Accessit : Sarcey (Francisque), de
Dourdan (Seine-et-Oise), élève de Charle-
magne.
28 Accessit : Hugo (François-Victor),
de Paris, élève de Chariemagne. "-
Le prochain concours groupera-t-il pa-
reil ensemble de lauréats ?
Mais il est vrai qu'il faudra patienter
un peu pour savoir ceux qui seront deve>
nus célèbres.
L
'horloge de Flore.
Voilà un jeu joli et élégant pour
la campagne. Mats il faut se lever de bon-
ne heure pour s'y livrer !
On dispose en cadran, dans un jardin,
des fleurs placées selon l'heure où elles
s'ouvrent et se ferment.
A 3 heures du matin s'ouvre le salsifis
des prés; à 4 heures la chicorée sauva-
ge; à 5 le laiteron commun; à 6 l'hypo-
chœris tachetée; à 7 la laitue cultivée; à
8 le mouron des champs; à 9 le souci des
champs.
On verra se fermer à 10 heures la
chicorée sauvage; à 11 la crépide des Al-*
pes; à midi le laiteron de Laponie; à 1
heure l'œillet prolifère; à 2 l'épervière au-
ricule; à 3 le souci des champs; à 4 l'a-
lysse utriculée
A 5 heures s'ouvrira la belle-de-nuit;
à 6 le géranium triste.
A 7 heures se fermera le pavot nudi-
caule; à 8 rhimérocalle fauve.
Enfin le cierge à grandes fleurs fait
comme les théâtres, il s'ouvre à 9 heures
et se ferme à minuit.
Mais, à raison de l'heure HonnOrat,
tout l'horaire ci-dessus doit être décalé
d'une heure en avant !
Nous livrons « l'horloge de Flore »,
aux metteurs en scène de revues « à spec-
tacle Wjf
FANTAISIE
Le ReVuiste;
Voilà l'ennemi!
— Fûtes-vous à la revue des Fantaisies-Sug-
gestives ? »
Un afflux de sang colora le visage de M. Tri-
que, et ses yeux semblèrent vouloir se trans-
former en projectiles.
Comment une aussi honnête question pou-
vait-elle suffoquer, à ce point, M. Trique?
— Non, Monsieur, je ne fus pas à la revue
des Fantaisies-Suggestives! s'écria-t-il. Je n'en-
courage pas de pareils spectacles, et si tout
le monde suivait mon exemple.
— En voulez-vous tellement aux revues P
risquai-je,
— Pas tant aux revues qu'aux revuistes! Ah!
les vilains oiseaux! tonitrua mon interlocuteur.
Que ne les pend-on haut et court, afin de nous
débarrasser, une bonne fois, de leur détestable
industrie!
— Sont-ils coupables, à vos yeux, de trop
de légèreté ou d'irrévérence ? murmurai-je timi-
dement.
—— Si ce n'était que çai répondit M. Trique,
dont le ton courroucé devenait confidentiel.
Ignorez-vous donc, Monsieur, ce que sont les
revuistes ?
— Des auteurs.
Il haussa de pitié les épaules et dtf:
- Une vaste association qui dirige le monde
et qui le fait danser à sa musique (fût-elle 'd'Of-
fenbach ou de Christiné), voilà ce qu'is sont!
- Non 1
— Si. Oh! je sais. On s'imagine volontiers
qu'ils se, bornent à exploiter en commua leurs
agences, leurs entreprises et leurs usines dra-
matiques. Candeur! Apprenez, vous et ceux qui
en ignorent, que la puissance de ces diables
d'hommes est autrement considérable! Ils ne
W contentent pas d'écrire les scènes que les
actualités leur fournissent, c'est eux qui four-
nissent, à leurs scènes, les actualités !
- Hein?.
- Parfaitement. Réfléchissez un peu: la vie,
disait Alphonse Allais, est « affreusement quo-
tidienne »; que voulez-vous donc qu'inspirent
aux revuistes la banalité courante et le peu de
chose qui se passe en réalité ? Or, comme il
leur faut de la matière, encore, toujours, à tous
prix, n'en fût-il plus au monde, c'est eux qui
inventent les événements, que dis-je ? qui les
créent. Oui, Monsieur, ils sont les pourvoyeurs
de l'actualité! Et, voyez d'ici le dangerles
faits les plus familiers ne sont pas les plus scé-
niques, alors, ils en organisent d'autres. On
prétend que, pour un mot d'esprit, certains hu-
mains tueraient père et mère, les revuistes fe-
raient mieux, ils allumeraient les quatre coins
de la terre! Ainsi, tenez, la vie chère, les ban-
dits en auto, la défaite de Carpentier, la séche-
resse excessive et la taxe sur les pianos. Ne
cherchez pas, c'est eux, c'est uniquement
eux !. »
.Tout de même, si M. Trique avait raison?..
J'en étais comme deux sous de pommes de
terre frites 1
TREBLA.
M
olière au collège:
Rien de ce qui touche à Molière
ne saurait rester indiffèrent. est pour-
quoi les années de collège du jeune Po-
quelin sont attachantes entre toutes.
M. Gustave Dupont-Ferrier vient d'en
parler longuement dans un récent ouvra-
ge. Nous n'y apprenons pas que Molière
obtint ou non un prix. Mais ce détail n'a
qu'un intérêt secondaire. Ce qui importe,
par dessus, c'est de connaître l'empreinte
que reçut le jeune homme de son éduca-
tion latine.
Elle fut profonde à n'en pas douter, car
les Jésuites de ce collège de Clermont qui
devait devenir le Lycée Louis-le-Grand,
étaient passés maîtres dans l'enseignement
du latin : Les élèves, à compter de la si-
xième, ne parlaient qu'en latin. On don-
nait au collège — toujours en latin — la
comédie et le drame, mais les externes ne
devaient pas appartenir à la troupe du col-
lège, car M. Dupont-Ferrier n'a pu re-
lever parmi eux le nom de Poquelin.
Se doutait-on jamais à Clermont de la
gloire qui devait un jour s'attacher au nom
de Molière? <
Le Masque de Verre.
Abonnements de Saison
Pour répondre aux désirs de nombreux
lecteurs qui, quittant la ville pour des vil-
légiatures lointaines, redoutent de ne pas
prouver leur cher Comœdia dans leurs ré-
sidences estivales, nous avons décidé d'éta-
blir des abonnements de courte durée aux
conditions suivantes:
Abonnement de 15 jours.., 4 francs
Abonnement de 1 mois. 8 francs
Abonnement de 2 mois. 15 francs
LES ARTISTES A UX CHAMPS
Gomment Comédiens ,.
et Comédiennes emploient
leurs vacances ?
Nous sommes a l'époque de l'année où
les artistes dramatiques ne jouent pas
dans des décors de toile peinte, et ne se
contentent plus des horizons bornés « d'en-
tre cour et jardin ». Fuyant la chaleur, ils
ont profité de la clôture annuelle d'un
grand nombre de scènes parisiennes pour
boucler leurs bagages et rechercher de
fraîches et' riantes villégiatures. Que font-
ils? Comment emploient-ils leurs instants
de loisirs?
Quelques artistes nous ont donné de
leurs nouvelles, nous sommes heureux
d'en faire profiter leurs camarades et ad-
mirateurs. Loin de la scène ne veut pas
dire loin de la sympathie et de l'estime.
A la mer ou à la montagne on pense tou-
jours au partenaire qui vous a spirituelle-
ment donné la réplique, au chanteur ou
au comédien qui nous a procuré une im-
pression d'art. Les quelques lettres que
nous publierons en plusieurs articles sont
d'un grand intérêt pour touS ceux qui ai-
ment le. théâtre et ses interprètes.
M. André Brunot, le spirituel et char-
mant sociétaire de la Comédie-Française
est le premier à nous envoyer quelques
lignes :
Cabourg, 22 juillet 1921.
Mon cher, ami,
Mes vacances? , -
J'en avais, parfaitement -réglé-le program-
me en 3 parties mais la première (route du
Nivernais et du Morvan sur Harleh-Da-
widson), a été « loupée », puisque le pre-
mier jour à 60 à l'heure je suis allé embras-
ser un poteau!!! Une côle fêlée, une
cuisse entamée, et une moto plutôt défor-
mée m'ont engagé à être plus prudent dans
l'avenir et à. m'assurer, contre les ac-
cidents. Aujourd'hui, homme et machine
sont réparés. Tout va bien, tout fonctionne.
La seconde partie qui n'était qu'un in-
(Photo IiMlTi M«UliU*U
M. Aiîùré BfilirtOT
termède s'est passée normalement en don-
nanr trois représentations à Valenciennes
pendant les fêtes du bi-centençllre de Wat-
teau.
Enfin, la dernière, 'de beaucoup la plus
agréable, se déroule actuellement. Je suis
à Cabourg avec ma fille, et l'y suis bien.
J"y oublie beaucoup de choses, mais pas
encore assez le théâtre., d'ailleurs, C'est
impossible, et puis le prépare « Don César
de Bazan » que je dois jouer peu de temps
après ma rentrée à la Comédie, j'espère
avoir le plaisir de vous' serrer la main ce
soir-là.
Bien cordialement,
André BRUNOT.
M. Levesque est de la catégorie dé ces
artistes moins favorisés qui emploient leur
été à visiter de nombreuses villes avec une
pièce à succès:
Poitiers, le 22 juillet.
Vous me demandez, mon cher ami,
la façon dont je passe mes vacances ? Quel-
les vacances!!! Quatre acte et huit! lors-
que nous avons matinée ! car je fais une
tournée sous l'égide de Ch. Baret avec
les deux petits chefs-d'œuvre de Tristan-
Bernard: Le Gordon Bleu et L'Anglais
tel qu'on le parle.
Ces « vacances » doivent Jurer jus-
qu'au 28 septembre, date à laquelle je
rentrerai à Paris pour prendre le même
jour le train à destination de Rome où je
dois achever de tourner La Dame de chez
Maxims avec la grande vedette italienne
du cinéma, Piria Menichelli. Tout ceci,
si Dieu me prête vie. naturellement, et
si un déraillement (toujours possible), ne
vient pas interrompre le cours de tant de
beaux projets.
(Dessin. Ce Bouët)
M. LEVESQUE
.Mais il fait bien chaud, mon cher
ami, excusez-moi, je vais me tremper dans
la baignoire voisine«
: Cordialement votre
- MARCEL LEVESQUBJ
, Le doyen de l'Opéra-Comique, M. Lu.
cien Fugère, nous écrit de la campagne :
Mon cher ami,
Ce que je fais pendant mes vacances P „
Je roupille dans des coins inconnus de
la Vienne et de la Creuse. --
« Je me loge où je puis, et comme il
plaît à Dieu. » 1
Je pêche énormément. Je peins un
peu.
J'ai non seulement le bonheur d'être
(Plioto Hfen rî \fcuiii«y
(photo ilibnri Niaiii-,Qî
M. Lucien FUCERI:
grand-père, mais encore celui d'être erriè-i
re grand-père, et en septembre, je promè-1
nerai ma très chère toute petite Nicole'
dans la forêt de Fontainebleau. « Alors'
je serai Dieu. »
Toutes mes amitiés.
Votre - -
LUCIEN FUGERE.,
Mlle Alice Bonheur se repose des nom-
breuses représentations de Phi-Phi soul
les ombrages des environs de Paris:
Saint-Cloud.
Oui, mon cher ami,
Je profite enfin du repos! de I cté! Le*i
deux saisons précédentes je n'avais pourJ
me mettre au vert que les ramages de mes.
rideaux de cretonne dans une logé des
Bouffes-Parisiens; pour aérer mes pou-
mons qu'une fenêtre ouverte sur le pas-
sage Choiseul, pour mesurer l'espace, la-
distance qui séparait l'orchestre du poulail-
ler, la rampe du balcon. Mais quel plai-
sir c'était de voir défiler cette intermina-tl
ble foule 'de gens de tous pays, voire de'
toutes couleurs.
Pour moi c'est le passé. P.H.1. fi.N.1.<
ni. Mais comme le nègre Urban contifÍúe;
maintenant, je suis sons mes ombrages..
Rien de factice; du vrai bois, de vraies
fleurs, des fruits qui sont vrais quand ilk
sont mûrs :
Ma petite villa ne porte pas en-rore de
(Phctn Sn: :'¡j"
I
Mlle Alice BONHEUR
plaque indicatrice, mais je l'ai déjà bapx
tisée : « Chonchette - ». J'y compte passer;j
l'été et j'y élève pçur me distraire mon]
chien « Phidias », un berger allemand,-
dont vient de me faire cadeau ma ['clItillê
amie Maud Strassel en souvenir de nefs
bonnes soirées de Phi-Phi. -
Mon principal sport en ce moment, c'est
le hamac. Quoi faire en effet par ces tour-
nées équatoriales, sinon s'étendre molle-
ment et, donnant une légère impulsion au
filet, rêver d'être bercée par la brise qite.
l'on souhaite. Il y a bien le footing mais
c'est accablant! Le canotage! J'y pensel
Je l'aime. L'auto aussi. quelque fois.
Mes projets ? Rien n'est encore définitif.
Je vais à Paris vendredi pour entendre
partition reçue dans un théâtre parisien
Je serai, peut-être, plus fixée après.
Mes meilleures amitiés et à bientôt.,
ALICE BONHEUR.,
Des quatre points cardinaux de France
et même de l'Etranger, nos amis nous a
dressent chaque jour de nombreuses let
QUI contiennent des récits de vacanc
contés avec beaucoup de verve et d~~
prit; nou§ les publierons prochainemwUj
J. DELINl"
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.36%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.36%.
- Auteurs similaires Pawlowski Gaston de Pawlowski Gaston de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pawlowski Gaston de" or dc.contributor adj "Pawlowski Gaston de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7646323v/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7646323v/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7646323v/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7646323v/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7646323v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7646323v
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7646323v/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest