Titre : Le Radical
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-04
Contributeur : Maret, Henry (1837-1917). Rédacteur
Contributeur : Simond, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847124t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 juin 1908 04 juin 1908
Description : 1908/06/04 (N156,A28). 1908/06/04 (N156,A28).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645096d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-210
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/03/2015
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E.E RADICAL.
Directeur politique : GUSTAVE RIVET
28* ANNEE — N° 156 — JEUDI 4 JUIN 1908
Publicité : À rOnM d'ACTOlOEg, 10. Place de la Bourse, et au a RADICAL > Il
SaasMna» - ÀTMPrime» nrugtr IL
ABONNEMENTS 1 Trois Mois- 5 fr. t 7 fr. ;< I 10 fr. I|)l
ABONNEMENTS {Six Mois. Jg fr. j * g g. 1 319 6 fr.
Un An t8 fr. 25 fr. 36 fr.
RÉDACTION et ADMINISTRATION
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Adresse Télégraphique : Mqaobml_ ]paris.
APIŒS LA LUTTE
Uni de nos amis, récieimmen'& élu
ponse,iller général dre la Seine; disait
au lendeimain même de son Section :
,« La Lutte est terminée, il n'y a plus
maintenant qu'à oublier' lies injures,
* les calomnies, fuiS colères, et à se
mettre au travail. » C'est là, certaine»*
ment, une nobLe peŒlSoéle à laquetlle on
,në peut trop applajudir, et l'on nie s'au-
rait, certes., plus dignement clore unje
campagne électorale par-ticuliènement
onouv«:mientéeu
C'est, sous uiue autre forme, le mot
#fa,meux de Louis XII : « Le roi de
France ne se souvient pas des injures
du duc d'Orléans. » Ainsi raisonnent,
ainsi agissent Les hommes corrects,
bien élevés te¡t raisonnables, ceux que
les excès de la combativité politique ne
'transforment tuité. Il est certain que ira vite devien-
drait impraticable, qu'il n'y aurait pas
de société possible, si l'on voulait tou-
jours, de part et d'autre, rester sur le
pied de guerra Quand oin a remporté
te prix du tournoi, quand on est éllu,
on est bien obligé de poser les arme's
em exerçant de son mieux la fonction
qui vous est confiée, en remplissant
son .mandat le plus consciencieusement
possibles qui'ttJe à rentrer en ilileo quatre
ans plus tard, c'esit-à-dire à être de nou-
veau Sméconnu, diffamé, insulté, traîné
dans la boue, lapidé, après quoi on re-
commencera encore une fois à tout ou-
blier, dans le cas où l'on a l'âme haute
et le caractère bien fait.
Si ce système doit changer jamais,
je me figure que Les historiens et Les
penseurs de l'avenir s'étonneront et
s'amuseront quelque peu de nos pré-
sentes mœurs politiques. Ils trouveront
certainement bizarre que pour obtenir
des charges qui commandent le respect
à tous, la-première condition à rem-
plir, dans le temps où nous vivons,
nous autres, ait été de se montrer dis-
posé et résigné à subir lets pires humi-
Hâtions, d'être rompu à l'escrime des
outrages, de savoir dire d'es mots re-
tentissants, de consentir à se mêler aux
plus triviales bagarres,, à se jerrer plus
bas, dans les pluis abjects conflits.
« Chaque fois qu'il fallait nommer
des sénateurs, des députés, des conseil-
lers généraux, voire même des conseil-
lers municipaux, diront les historiens,
les penseurs futurs, ces opérations qui,
en soi, réclament tant de. réflexion, de
jugement et de sang-froid, s'effectuaient
à la suite de longs désordres, où les
citoyens les plus honnêtes, les plus
considérables et les plus considérés
étaient accusés- de bous les délits, de
tous lies crimes et de toutes les infa-
mies, où tout était permis, comme dans
les saturnales de Rome, plus anciennes
encore, pour' enlever à son concurrent
ou aux champions. du parti auquel on
n'appartenait pas Ha réputation et l'hon-
neur. »
« Le plus curieux de l'affaire, pour-
ront encore écrire les Tacite et les Mon-
taigne de la postérité, c'est qu'après
s'être bien houspillés, déchirés., mis en
* ipiièces, les hommes de icesi époques, en-
core embryonnaiJres au point de vue
de la formation de la conscience et du
'Q"evieiloppelm;ent de la morale, s'apail-
saimtj se calmaient à vue d'œii et pa-
raissaient trouver très bon ce que fai-
saient, une fois enitré's en fonctions, les
magistrats dont ils avaient dit pis que
peindre avant qu'ils ne fussent élus.. Il
y a: là une contradiction extraordinaire
qui ne- peut s'expliquer que par une
considération, à savoir que, dans ce
iemps-là, pour arriver, ou, ce qui re-
vient au même, pour empêcher les au-
tres de parvenir, on racontait volonr
tiers, dans le feu de la lutte, toutes les
horreurs. possibles et imaginables sur
les uns et les autres, mais qu'en gé-
néral, au fond, personne n'en croyait
un mot. »
En attendant la venue d'une réforme
qui parait encore bien lointaine, en at-
tendant que Ra cérébralité l'emporte,
dans tes élections, sur la combativité,
en attendant que lé corps électoral de-
.vienne un tribunal qui juge les candi-
dats, dans Jet calme,, dans le recueille-
ment, avec lucidité, maturité et impar-
tialité, sans autre préoccupation que de
rendre justice au talent, à la vertu au
jnéritei, ill ne serait peut-être pas impos-
sible d'arriver, si on le voulait bien à
mettre plus d'ordre, plus de rais-on et
plus de morale dans. la genèse et à
l'origine des mandats politiques.
Quelle que soit la forme du scrutin,
quel que soit le mode de votation, que
l'élection soit uninominale ou plurincv
Tninaile, n'importe-t-il pas, au plus haut
ip,o,init, que la voix de tous ceux qui sol-
licitent les suffrages de leurs conci-
toyens ait dés changes. égales d'être en-
tendue ?
Est-ce que IWUS les candidats, par
cela même qu'ils sont candidats,, ne de-
vraient pas avoir le moyen de faire par-
venir à la connaissance du suffrage
universel l'existence de leur candida-
ture d'abord, et ensuite leurs idées,
leurs vues, leurs promesses, leurs en-
gagements, sans être obligés de re-
courir à un éclat de mise en scène, à
un luxe de publicité dont "tous ne peu-
vent pas s'imposer les frais, et qui, par
Sa même, faussent les conditions de
l'élection ?
En d'autres termes, est-ce qu'une ré-
glementation de l'affichage ne s'impose
pas ? Il ne faudrait jamais avoir vu
'OOImme.llIt les choses se passent, la plu-
part du Temps, dans nos campagnes
électorales, pour n'en pas convenir.
Est-il possible tquet le législateur répu-
blicain tolère indéfiniment le scandaLe
offert trop fréquemment par les excès de
latte à coups d'affiches, lesquels ne
prouvent rien, sinon que les camcUd^M
qui se combattent ainsi ont beaucoup
d'argent ?
Quand l'affichage est prodigué en
proportions égales des deux côtés, il
constitue un geste ou un acte peu res-
pectueux pour les électeurs, qui n'ont
pas beisoin, en vérité, de tant de ré-
clames pour fixez leur choix, auxquels
le 'e:st faire inj ure de les supposer ca-
pables de se déformtiner seulement
'selon le nombre elt la force des coups
rde grosse caisse ; les esprits chagrins
peuvent en tirer des conclusions fâ-
cheuses ipour la dignité et la moralité
des élections ; et c'est regrettable, très
regrettable. Mais les inconvénients de-
viennent bien plus grands, quand la
fortune et la pauvreté sont aux prises,
lie droit d'affichage sans limites est
alors exercé sacs aucun scrupule par
le riche et se .retourne contre le pauvre.
C'e:st au profit des citoyens fortunés le
correctif de la Qoit démocratique qui
permet à tout citoyen., remplissant les
conditions d'âge et d'honorabilité que
requiert la loi, de porter sa candida-
ture. Cela éq-uivaut au rétablissement
des vieilles restrictions censitaires.
C'est la revanche de l'argent
On ne donne pas les affiches ; eilles
coûtent cher, et rien n'est vexatoire,
rien n'est déloyal comme le procédé
qui consiste, à des recouvrir au mo-
ment même où elles viennent d'être
collées. Pour beaucoup, cet exercice
constitue un jeu, un sport qui amuses
les badauds ; il n'en est pas moins une
atteinte flagrante à la propriété, à la
chose d'autrui1. On restreint, on para-
lyse, on supprime ainsi 'le droit de pro-
pagande où te droit de .réponse de son
adversaires qui sont également sacrés.
C'est, à proprement parler, du pugilat,
'de la barbarie, de l'action directe, et
aussi du sabotagè au premier chef.
Quand on a été élu grâce à l'emploi
de tels moyens, quelle autorité peut-on
se sentir poux faire les lois ou les rè-
'gLement9, pour prendre Ile's Mesures
qui ont pour but d'assurer le maintien
de l'ordre, le respect de la légalité et
des droits de tous ?
On répondra peut-être, sûrement
même, Que ces choses se font dans le
feu de la lutte et que' c'est leur excuse?.
Voilà qui est bientôt dit ; une telle opi-
nions si courante et si acceptée qu'elle
soit, n'en est pas, moins- quand on y ré-
fléchit bietn-, difficile. à justifier. On a
'l'habitude dé considérer comme véniels
les délits qui se commettent en période
électorale ; il n'ten est pas cependant
de plus graves, si l'on, y réfléchit bien,
par leur caractère et par leurs consé-
quences, puisqu'ils ne" tendent à rien
moins qu'à déshonorer le fonctionne-
ment de lu souveraineté nationale et à
en dénaturer les résultats. L'indulgence
qu'on 'professe1 à leur endroit tient sur-
tout au trop peu de cas que nous fai-
sons encore des institutions qui garan-
tissent la liberté et l'autorité du peuple.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas bien
'difficile, il nlest pas bien malin d'instà-
tuer une loi portant en Instance : « Il
y aura tant d'affiches, au maximum,
par commune ; on Lés placera dans des
endroits réservés, où tout le mande
pourra en prendre connaissance ; nuJ
ne pourra essayer de les lacérer ou de
les masquer sans être passible de
peines très sévères. » ,
Ce serait .-de l'équité, de l'honnêteté
élémentaires, — et un grand pas de fait
en démocratie,
PAUL LECONTE.
ÉVÉNEMENTS DU MAROC
Autour de Casablanca -',Iio.
Une détpèchie du générai d'Amadie, daitée
de Sidii-bieïni-SiHmaai, 2 juin, toit tairas du
soir, annonce que les troupes omit été appe-
lées .pour éteindre uin incendie die moissons,
allumé par l'imprudence des Marocains.
EILes. ont préservé ainsi plusdeun hectar-es
die récolte. La situation est calme dans
tous las ports. Les erwiiirons de Biaisait ne
sont-pas trouibîés.
Le général d'Amade s'eimipioiiie avec suc-
cès à rétablir l'autorité et à relever tes
ruintes.
L'AFFAIRE MORIZOT
ET LE TRIBUNAL DES CONFLITS
*
M. Dessoye, député de la Haute-Marne,
a l'intention d'adresser, demain vendredis
une question à M. Doumergue, ministre de
l'instruction publique, sur Ha décision prise
par le tribunal des conflits dans l'affaire de
l'instituteur Morizot.
La décision die ce tribunal, dans l'appel
formé par le gouvernement contre l'arrêt
die la couir de Dijon réformant un jugement
du tribunal de la même ville, a soulevé à la
Chambre une certaine émotion.
On connaît les faits : un instituteur,
M. Morizot, était poursuivi en dommages-
intérêts par un père de famille pour ensei-
gnement antimilitariste et ordurier.
Cette affaire fut portée devant le tribunal
de première instance de Dijon qui déclina
toute compétence estimant que le différend
relevait de d'administration.
La cour d'appel saisie infirma ce juge-
ment e't c'est alors que sur les instructions
du ministre, le préfet évoqua l'affaire de-
vant le tribunal des conflits.
Celui-ci vient de donner iraison, dit-on, à
la cour d'appel, c'est-à-dire qu'il s'est pro-
noncé et contre le tribunal et, fait plus
grave, contre l'avis formel du gouverne-
ment énoncé à la tribune de Ja Chambre
au mois de décembre dernier, par M
BriJand, alors ministre de l'instruction pu-
blique, en réponse à une interpellation de
M. Dessoye.
On ne connaissait pas hier encore le
texte même de la décision du tribunal des
conflits.
M. Dessoye a eu, à ce sujet, un entretien
avec le ministre de l'instruction publique,
auquel il a fait part de son intention de
porter à nouveau cette affaire à la tribune
de la Chambre, le tribunal des conflits
ayant commis, en 'la ciirconsta?^®». nW
$$ritable confusion des ©ou voue-
Fâclease Mentalité
On iemble faire assaut de distinguo et
de philosophie tactique, depuis quelques
jours, dans certains journaux où on s'atten-
drait le moins, cependant, à les trouver et
à les prendre au sérieux. Il paraît qu'il
faudra désormais distinguer le radicalisme
individualiste du radicalisme socialiste, le
radicalisme conservateur du radicalisme ré-
formateur, ou, pour mieux dire, le radica-
lisme clemenciste. de l'autre !
Le radicalisme clemenciste se contente de
faire voter l'impôt sur la rente et de pour-
suivre le rachat de l'Ouest, tandis que
l'autre se contenterait de l'alliance des socia-
listes unifiés, lesquels reçoivent, d'ailleurs,
tous les radicaux, indistinctement, comme
des bourgeois dans un jeu de syndicalistes
purs ! Et le fin du fin tendrait à évincer
les républicains de gauche au profit de l'ir-
réductible opposition d'extrême gauche, alors
que ce sont des membres de l'Alliance répu-
blicaine et de l'Union démocratique,
M. Caillaux à la Chambre, M. Barthou
au Sénat, qui défendent avec le talent et
l'ardeur que l'on sait, aux applaudissements
des gauches, l'impôt sur le revenu et le ra-
chat de l'Ouest.
Il n'y a pas longtemps encore, les partis
se distinguaient par leurs programmes pro-
pres, qui demeurent, d'ailleurs, leur seule
raison d'être. Aujourd'hui, ce serait par. le
coup de pied qu'ils recevraient du parti le
plus voisin que la distinction se ferait. Les
syndicalistes révolutionnaires tendraient. la
main aux socialistes unifiés, lesquels ne la
tendraient pas aux socialistes radicaux, et
ces derniers se distingueraient des autres
radicaux et républicains de gauche en pro-
nonçant l'anathème et l'exclusion contre ces
derniers et en traitant les premiers de sim-
ples conservateurs ! Et le tour serait joué !
Le numéro d'hier de la Guerre sociale
daigne consacrer un long article à cette
magistrale combinaison, sous le titre un peu
brutal de : COMBISME 1 Et nous en repro-
duisons quelques extraits, qui sont à
l'adresse des socialistes unifiés :
« Il est de mode, dit le journal d'Hervé,
qui ne se paye point d'hypocrisie, parmi les
militants qui vont prendre leur inspiration
à l'Humanité, de distinguer, depuis les der-
nières élections municipales, entre les radi-
cam-conservateurs et les radica.ux-réforma-
teurs. Ils croient cela très malin. 0 ficelles
et finesses, malices cousues de fil blanc !
Quelle piteuse habileté que de distinguer,
parmi les faméliques politiciens radicaux,
des réformateurs et des conservateurs I lik
« Si un ministère Combes revenait, Y Hu-
manité aurait vite fait d'abandonner son
allure révolutionnaire et d'opposition, pour
repiquer une crise de ministérialisme. Ce
mirage, décevant pour tant de camarades,
ce fameux « combisme », qu'a-t-il donc fait
en faveur du prolétariat ? Rien. Rien.
RiEN !!!.!! a mangé du curé ?. Pour la
gloire 1 n.
« D'ailleurs, rassurons-nous, un retour du
combisme est bien peu probable. »
C'est hier que la Lanterne traitait de
« politique fâcheuse » le fait par le sous-
secrétaire d'Etat à l'intérieur d'avoir recom-
mandé, pour les luttes contre le nationa-
lisme, dans le deuxième arrondissement,
l'alliance des radicaux et des républicains
de gauche, lesquels sont un élément du Bloc
de gauche et ont aidé — la Lanterne devrait
l'oublier moins que tout autre — à assurer
la réforme de la séparation des Eglises et
de l'Etat.
Faut-il rappeler que, il y a quelques
années, un soir de réunion électorale tenue
à la taverne du Nègre, dans ce deuxième
arrondissement, M. Adolphe Carnot fut
menacé par la tourbe nationaliste, qui avait
prémédité un mauvais coup ? Il fallait em-
pêcher à tout prix le président de l'Alliance
républicaine démocratique de démasquer son
candidat, d'entamer la campagne contre
Syveton. On employa pour cela tous les
moyens. La lutte fut chaude, une vraie
mêlée au cours de laquelle les revolvers par-
tirent. Le sang coula. Adolphe Carnot,
devant cette bande de forcenés qui l'avaient
acculé à la fenêtre et voulaient le précipiter
dehors, tint tête aux malfaiteurs, dont la
Jeunesse républicaine du deuxième arron-
dissement eut enfin raison.
Et c'est à cette Jeunesse républicaine que
M. Maujan s'adressait dimanche, et son dis-
cours fut accueilli par d'unanimes applau-
dissements.
Si la Lanterne trouve cela de la politique
fâcheuse, — et la Guerre sociale est bien de
son avis à cet égard, — nous avons bien le
droit de dire qu'une semblable critique
dénote chez notre confrère radical une bien
fâcheuse mentalité.
Élection d'un ctépué
Dans la Drôme
Les électeurs de la deuxième circonscrip-
tion de Valence (Drôme) sont convoques
pour le 28 juin, à l'effet d'élire un député
,en remplacement de M. Charles- Chabert,
élu .sénateur.
BAVARDAGE
Après avoir longtemps et obstinément tra-
vaillé, Zola était arrivé au succès, à la
gloire. Il ne lui restait Plus qu'à se laisser
vivre, en la certitude de la popularité
acquise et des tirages nombreux.
Mais un jour vint Y affaire Dreyfus. Cer-
tes, comme nous tous, il n'était pas ce qu'on
pourrait appeler dreyfusard de naissance.
Ses études, sa réflexion, sa vie avaient déve-
loppé en lui le sentiment du juste et du
vrai. De l'universel, surtout.
De l'aventure étroite de Thérèse Raquin,
il s'était élevé à la notion des idées généra-
les, des ravages de l'ivrognerie dans l'As-
sommoir, de la prostitution dans Nana; puis,
raisonnant de plus en plus, il avait étudié
lis, douleurs des travailleurs dans Germinal,
les épouvantes des suggestions organiques
dans la Bête humaine, contre-partie superbe
— et encore incomprise — de la Joie de
vivre ; les hideurs de la guerre dans la
Débâcle, et, enfin, véritable couronnement
de l'édifice, il rêvait l'épanouissement de la
joie humaine dans Fécondité, dans Travail.
Ce fut dans cette gésine des grandes idées
que vint se jeter l'injustice d'une erreur judi-
ciaire — voulue, criminelle, odieuse ; — il
oublia tout, son intérêt, sa vie faite, son
repos conquis, la tranquillité du travail ga-
ranti par la curiosité et l'estime universelles.
Il se lança à-corps perdu dans la lutte, don-
nant le plus bel exemPle d'abnégation et de
désintéressement.
Ce fut très, très beau. Combien peu sacri-
fieraient les applaudissements de la foule à
un devoir strict.
Comme le Picquart d'antan, il ne put pas
résister à l'appel de sa conscience. C'est cette
soumission à la justice intérieure, à la voix
de l'équité intime, que nous admirons et que
nous saluons en lui, désireux de timiter.
Etre honnête, même contre soi-même, ceci
est donné à très peu. Et encore est-on sûr
d'être incompris et méconnu. Il 'est d'autant
plus grand de ne pas reculer.
L'honnêteté de Zola est, plus que son
immense talent, l'honneur de notre pays et
de f humanité tout entière.
UN PARISIEN.
La Grève de Vieeux
NPRÈS LA BAGARRE
On interpellera demain vendredi
Les victimes
Les premiers résultats de l'enquête
M. Clemenceau, président du conseil, a
reçu hier matin successivement MM. Arge-
liès et Dalimier, députés de Seine-et-Oise,
qui l'ont entretenu des incidents de Dra-
veil-Vigneux.
M. Argeliès a exprimé l'intention de po-
ser une question au président du conseil,
au début de la séance de vendredi, sur ces
incidents.
M. Clemenceau a accepté de répondre.
Il a déclaré à MM. Argeliès et Dalimier
qu'il avait chargé le préfet de Seine-et-
Oise d'ouvrir immédiatement une enquête
sur ces faits. Il a annoncé en outre que
pour faire cesser toute cause d'irritation,
ordre avait été donné de remplacer, dès
hier. les vingt-cinq gendarmes mêlés aux
événements de mardi. ?
Les victimes de la bagarre
Nous avons dit hier qu'un des ouvriers
qui avaient pris part à la bagarre de Vi-
gneux avait été tué sur le coup ; il se
nomme Pierre Lefal, était âgé de qua-
rante-neuf tans 'et habitait Draveil.
Un des blessés a succombé hier matin,
c'est un jeune homme de dix-huit ans,
Pierre Giobelina, qui avait été transporté
chez ses parents, 100, rue de Paris, à Vil-
leneuve-Saint-Georges. Giobelina avait re-
çu une balle dans la tête.
Les six blessés transportés à l'hôpital de
la Charité sont : Alfred Klein, 35 ans ; Jo-
seph Nivods, 33 ans ; Angeli Pouzzoli, 41
ans ; Henri Klein, 32 ans ; Alain Emidi,
47 ans ; François Couraud, 37 ans.
Le plus gravement blessé, Pouzzoli, a été
opéré par le docteur Frédet ; il avait reçu
une balle dans le ventre ; Pouzzoli a par-
faitement subi l'opération et son état n'ins-
pirait hier aucune inquiétude.
Les gendarmes qui ont pris part à la
bagarre ont tous été plus ou moins malme-
nés, six ont été sérieusement atteints et
sont soignés à Corbeil ; parmi ces six, deux
sont dans un état assez grave. Aucun,
cependant, ne parait en danger.
L'enquête
MM. Autraqd, préfet de Sedne-et-Oise,
',et Emery, sOiUs-p:réf:et de Corbeil, étaient
accompagnés hier matin de M. Fortim,
procureur, lequel avait commis M. Régis-
manset, juge d'instruction, à l'effet d'ou-
vrir une instruction judiciaire.
Les autorités, en compagnie de M. Va-
cher, maire de Vigneux, se sont rendues
salle Ranque, où s est déroulée l'écihauffou-
rée, pour y procéder aux constatations,
mais .iils ne purent pénétrer, les grévistes
tenant à ce moment une réunion à laquelle
assistaient MM. Merrheim, de la C. G. T.,
Aulagnier, ,de l'Union des syndicats, et
Mocolim, du syndicat des terrassiers de la
Seine.
La réunion terminée, les magistrats ont
pu examiner la salle, car une version »du
triste événement prétendait q.ue les gen-
darmes avaient tiré du dehors par les fenê-
tres sur les grévistes réunis dans la salle.
Il résulte des premiers résultats de l'en-
quête du procureur de la République qu'il
n existe aucune trace de balle sur les murs
de la salle de réunion On considère donc
comme inexacte la version d'après laquelle
les gendarmes auraient tiré par la fenêtre
dans l'intérieur de la salle.
Les armes d'as gendarmes ont été exa-
minées, ii est é'tmbai qu'aucun coup de ca-
rabine n'a été li.i'é. Lies gendarmes se sont
sieirvife de ileurs xevolveis. Viinjgt-deux car-
touches ont élfé tirées, ce qui démontre que
les gendarmes ont Uéchargé leurs armes
unie première fois iein; l'air, car pressés de
iprès,* cernés absolument, s'uls avaient tiré
autour d'eux, il est certain) que les vingt-
deux bailles auraient piorté.
U;n certain nombre de dépositions ont été.
recuei'lftiie's ; ifl est probable que l'eaiqu'ète
ne poumra être terminée au plus tôt avant
ce soir jeudi, et encore ne peuit-il être ques-
tion que des constatations générales.
Un faiit qui âtnWdque combien l'enquête
est difficile, c'est que d'u côté -de l'autorité
préfectorale ou judiciaire comme du côté
des grévistes ou dtti rc/présenitant die la
C. G. T., aie oittoyeni Auilàgnier, on ignore
enciorn ie nom du igiréviistie qiue Je gJetn-
datrme vciullait arrêter at qmi a été la cause
telle< la sanictonte cofltision d'hier.
O'n connaît lapsreumère version de cette
coî'l isik>n.
De sonc6té, le Citoyen Aulagnier pro-
teste conire l'attitude des igenda/rmes du-
,ra>nt K'oiute la journée d'.h.:er ; il ajoute que
les .grévistes. contreiiiTement à certaines
informations, n'avaienit pas od'atmn¡e.s à rfeu
let qu'ils s'étaient contentés de répondre
•aux ibaTLes Ses gendarmes avec des Mottes
ide terre.
La grève
Dans da réunion; organisée hier après-
midi par le citoyen Merrheim, lies grévistes
ont déaîdé \dte xkflutimier ma. (grève.
ZOLA AU PANTHEON
J & .t .,
Le Cercueil d'Étoile Zola a été
transporté i, hiert : soir da Cime-
tière , JWôntinaiTtpe • aa Panthéon ,
LA cérémonie d'aujourd'hui
Devançant l'heure du suprême hommage
que la France rend aujourd'hui à Emile
(Zola, des milliers d'admirateurs du grand
écrivain vinrent s'incliner, hier après-midi,
devant le modeste monument qui fut élevé,
voici bientôt six ans, au cimetière Mont-
martre. Et ce fut jusqu'au soir un pieux
pèlerinage, interrompu seulement à six
heures, heure ordinaire de la fermeture du
cimetière.
Le cimetière était évacué depuis une
demi-heure environ quand arriva Mme
Zola, accompagnée des deux enfants de
l'écrivain, Denise et Emile. Après avoir dé-
posé suIt la tombe deux couronnes de
fleurs naturelles, Mme Zola s'incline pieu-
sement et reste un4a»tant en méditations,
puis pour éviter les si pénibles détails de la
cérémonie qui va avoir lieu, elle se retire
avec Denise et Emile au moment où arri-
vent MM. Alfred Bruneau et Fernand Des-
moulins qui vont présider à l'exhumation :
avec M. Lépine, préfet de police ; Touny,
directeur de la police municipale ; Grilliè-
res, commissaire divisionnaire ; Reiss,
Mulnier et Beoker, officiers de paix ; Pari-
sot, directeur des pompes funèbres, ce sont
les seules personnes qui assistaient à l'ex-
humation.
Il est un peu plus de sept heures quand
commence la triste cérémonie. Les ouvriers
des pompes funèbres descellant la lourde
dalle du tombeau et la rejettent sur le côté ;
avec de longues cordes ils entourent le cer-
cueil d'Emile Zola sur lequel est fixée une
large plaque d'argent portant le nom de
l'écrivain et les dates de sa naissance et
de sa mort.
Après six ans, la bière extérieure est
toute vermoulue et le bois en est disjoint
par places, aussi la remplace-t^on par une
bière neuve dans laquelle est transporté le
cercueil de plomb qui constitue la seconde
enveloppe du sarcophage d'Emile Zola.
C'est sous l'abri que forme le pont Cati-
laincourt .qu'est effectuée cette opération,
après laquelle le cercueil est glissé dans
un fourgon des pompes funèbres ; on y dé-
pose les fleurs qui, tout à l'heure, jon-
chaient la tombe ; MM. Fernand Desmou-
lins et Alfred Bruneau montent dans le
coupé du fourgon qui franchit la -porte, du
cimetière ouvrant sur l'avenue Rachel où
un service d'ordre important maintient
une foule assez nombreuse. La plupart de
ceux qui sont là saluent respectueusement
le grand mort qui passe ; quelques cris
sont poussés pendant que, précédé d'un
landau où ont pris place MM. Touny et
Grillières, le fourgon se dirige rapidement
vers le Panthéon en passant par le. boule-
vard de Clichy, la rue Blanche, la place de
la Trinité, la rue de la Chaussée-d'Antin,
l'avenue de l'Opéra, la rue de Rivoli, la rue
Saint-Martin, le parvis Notre-Dame, la rue
Saint-Jacques et la rue Cujas.
Le long du trajet, parcouru à -une rapide
allure, nombreux sont ceux qui saluèrent
la dépouille de l'illustre mort.
Au Panthéon , rI ;°bi:
Les abords du Panthéon ont présenté
toute l'après-midi l'animation des grands
jours qui précédèrent ces cérémonies na-
tionales : funérailles de Victor Hugo, de
Carnot, de Berthelot.
Le long du boulevard Saint-Michel, rue
Soufflot, au milieu de la foule, les came-
lots vendent l'image du grand mort qu'on
va honorer, une chanson- populaàre, pieux
et naïf hommage rendu à" Emile Zola, et
aussi, il faut bien le dire, d'immondes pla-
cards où, jusqu'au bout, on insulte à la
mémoire du mort.
C'est sous l'inspiration de ces .basses
injures et d'autres excitations aussi mé-
prisables que des bandes se forment et,
par leurs cris, tentent de dénaturer l'àtti-
tuidè générale de la foule, qui est respec-
tueuse. Les manifestations attirent Les
contre-manifestations et, de bonne heure,
la .police doit intervenir pour dégager les
abords du Panthéon.. -
Les gardes municipaux à pied et à che-
val, les gardiens de la paix du cinquième
arrondissement et des compagnies de ré-
serve déblayent complètement 'la rue Souf-
flot jusqu'à la hauteur de la .rue Saint-
Jacques ; bientôt on dégage également les
deux trottoirs devant l'Ecole de droit et la
mairie du cinquième, et, enfin, au milieu
die la place, complètement évacuée, le mo-
nument dédié aux grands hommes dresse
sa haute silhouette, dont le fronton .est
décoré de tupphées de drapeaux tricolores,
pendant que, devant le péristyle, entre de
longues .draperies noires brodées d'argent,
les initiales d'Emile Zola éclatent en blanc
sur le fond noir des écussons. En bas des
manches donnant accès au monument, de
Penseur de Rodin est drapé d'un long
crêpe qui tombe jusqu'à terre. Et, sous la'
nuit qui vient peu à .peu. on voit deux
longues flammes vertes qui jaillissent des
torchères décorant la grille de.* monument :
l'effet est saisissant et, jusqu'aux rumeurs
de la foule, qu'on' entend gronder dans le
lointain, tout concourt à donner un carac-
tère grandiose à la cérémonie qui se pré-
pare. ,
Vers sept heures et quart, venant du
cimetière Montmartre, Mme Zola et les
deux enfants d'Emile Zola arrivent en au-
lonïobile et, gravissant lès marches du
monument, vont se placer sous le pé-
ristyle, où arrivent successivement MM.
Maurice Leblond, représentant le président
du conseil, le commandant Alfred) Dreyfus,
Louis RaVlet, Paul Brulat, Théodore Duret,
le docteur Larat, Dumontier, Saint-Georgee
de Bounélier, Mme et Mlle Bruneau, etc.
M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire
d'Etat des beaux-arts, arrive quelques ins-
tants après, avec M. Paul Gervais, direc-
teur du cabinet dut ministre de l'instruc-
tion publique. M. Maurice Leblond vient se
joindre à eux et tous trois se placent, de-
vant la statue du Penseur, à l'entrée prin-
cipale du monument, pour attendre le con-
voi funèbre, qui -débouche soir au place à
'huit heures.
Le fourgon s'arrête. MM. Alfr-ed Bru-
neau et Fernand Desmoulins descendent
dju coupé et viennent .se placer aux côtés
de M. Dujardin-Beaumetz. Tout le monde
s'e découvre et, sous la jonchée de fleurs
qui te cache, les porteurs saisissent le cer-
cueil que recouvre une draperie noire bor-
dée de blanc et, lentement, après avoir
franchi la grille, ils gravissent des mar-
ches qui donnent accès au .mo.num.e-nL ,.
Eaiitre Denise et Emile, Mme Zola, à demi
inclinée, .marche derrière la dépouille de
l'illustre écrivain, puis, après M. Dujardin.
Beauanetz, les quelques intimes qui sont là
forment un respectueux cortège qui, parle
porche Largement ouvert, pénètre dans le
monument tout noyé des ombres de la nuit
qui vient.
Arrivé au centre de la vaste nef, ofl
pondent de lourdes draperies funèbres, ta
cercueil est déposé dans le soubassement)
du haut catafalque qui a été dressé sous la
coupole. Au milieu' d'un respectueux si-
lence dont l'obscurité augmente encore la
grandiose -impression, chacun s'incline tes.
pectueuseTnent, puis se retire en proie i
une émotwffi profonde.
Dans l'immense monument plongé, cetU
fois, dans une obscurité complota, que*
seule, dissipera tout à l'heure, la clarté des
torchères, Al. ne reste plus que ce.ux qwï,
par le sang ou par la pensée, sont de la fa.
mille même d'Emile Zola : Mme Zola, EmiLe
et Denise qui, après avoir salué une der-
nière fois, celui qui leur fut s.i cher, se re*
tireront eux aussi,, pour laisser à MM. Bru-
: neau,Desmoulins,Brulat,. Duret, Larat, Du.
montier, le pieux honneur de veiller toute
la nuit, au milieu des grands morts qui
reposent dans notre monument national, la
dépouille de celui que tout un peuple hono-
rera aujourd'hui.
La cérémonie d'aujourd'hui
La cérémonie officielle commencera S
neuf heures et demie. A l'arrivée du prési-
dent de la République, la musique de la
garde républicaine et trois musiques mili-
laires, groupées devant le Panthéon, joue-
ront la Marseillaise. L'hymne national
sera exécuté également dans l'intérieur dJ
monument, à l'entrée du chef de l'Etat, par
l'orchestre et les choeurs de la Société des
concerts du Conservatoire ',Un seul dis-
cours sera prononcé, .par M. Doumergue,
ministre de l'instruction publique.
Les morceaux' qui. seront exécutés au
cours de la cérémonie, sont-: le préhide de
Messidor, de Bruneau ; la Marelle (unèbré
de l'a Symphonie héroïque, de Beethoven,
puis, après le discours du ininistre, la
finale de la Symphonie avec chceurs, da
Beethoven, et le Chant du départ.
A l'issue de la cérémonie, le président dÈ
la 4 République, les ministres, les corps
constitués se placeront devant le Panthéon
pour assister au défilé des troupes de la
garnison de Paris. Ceis* troupes arriveront
sur la place du Panthéon par la rue d'Ulm..
Elles seront sous lès ordres du gouverneur,
militaire, qui se placera à l'entrée de lai
rue Soufflot, en face du chef de l'Etat,
Les invités entreront par cinq portes : les
portes A et B, qui s'ouvrent sur la façade
du Panthéon, et les portes* latérales M -
(côté rue d'Ulm) et 0 (côté bibliothèque
.Sainte-Geneviève). -
Lorsque la cérémonie sera terminée, If
corps d'Emile Zola sera iimniédiatemen4
descendu dans les caveaux du Panthéon.
Ce monument restera fermé jusqu'à ,saJ
medi midi. Il sera alors trouvent au public,
qui y sera admis comme à l'ordinaire. La
décoration intérieure sera conservée pent
dant quelques jours. J.
La soirée au Quartier Latin ,
L'arrivée dets cendres d'Emile Zola a été
le point de départ d'une vive agitation qui
s'est maintenue a.u Quartier lalàn pendant
toute ia soirée. En prévision des maniles*
tations, «n service d'ordre des pins impor4
tants avait été organisé sur la place du
Panthéon, dont l'accès- fut interdit à parti* •
de'cinq heures. Déjà, aux environs de la
Sorbonne, d-es. bandes dè jeunes gêna
s'étai'enil rassemblées. Sur un signal donné,
ces jeunes gens, adversaires Résolus du
grand écrivain-, s'élancèrent dans la ru.
Saint-Jacques et essayèrent de rompre Tt
cordon de gardes républicain© qui ceav
naient .16 place. 1
Dans l'impossibilité de parvenir jusqu'à
l'édifice, les perturbateurs rebroussèrent
chemin et débouchèrent sur lé boulevard
Saint-Michel, en criant à- tue-tête : a" Cons-
puez Zola ! » Tout d'abord, cette prome->
nade bien inutile ne fut accueillie que par.
des huées. Mais bientôt, surexcités par les
provocations qu'on leur adressait, ..iC',s étu-J
d'ianits se groupèrent à teur tour pour p¡zu.
tester avec véhémence contre ces manifeso;
tations vraiment déplacées. De là desi
heurts, des défis et certains pugilats qui sa
sont termines ,par la déroute complète des
adversaires de Zola.
Les agents n'ont eu que peu d'occasions
d'intervenir. Ils ont dû pourtant dégager,
à plusieurs reprises, la rue Soufflot où l'ef-
fervescence était particulièrement. à son
comble. L'affluence de la foule, à cet. eylà
droit, était devenue dangereuse. On y chaaw
tait en même temps la Marseillaise et
Y Internationale. Il y eut là plus d'un conpal
à corps. A un moment même, des étudiants
facétieux achetèrent un lot de numéros de
la Libre Parole et firent du tas un autodaf
qui s'élevait à une hauteur respectable.
Comme des accidents étaient à craindre
l'officier de paix donna l'ordre de faire éva.
euer complètement la rue Soufflot. Il était
alors onze heures et demie. Ce fut le com)
mencement de la débandade.
Complètement désemparés, les perburba
teuns durent se disperser dans les rues avoi
sinantes. Il n'y a eu, en somme, feucun iài
cident grave.
Les étudiants républicains
Vingt-cinq étudiants du groupe radical
et radical-socialiste de l'Association des
étudiants assisteront .ce matin, officielll&
ment, à la cérémonie du Panthéon.
n .paraîtrait qu'une bande de ps-eudo-é
diants, émissaires de J-Action français
se proposent d'assaillir, à la sortie du Pan1
tliéon, les vingt-cinq étudiants chargés da
représenter la jeunesse républicaine deS
écoles.. -
Les petits jeunes gens, échappés de i
suiiltièresi, qui ont ainsi l'intention; de coras}
ip'liClr et d'a,1rtlBq,.u.er les wnigit-cùnq (délégués
de la Jeunesse des écoles, feront bien da
réfléchir que ces derniers ne représentent
pas celle-ci en vain. Si à l'intérieur ils rit
seront que vingt-cinq, à l'extérieur c'est
par centaines que se compteront les étiw
diants venus pour acclamer le nom à j
mais iltastre et yéoéPé de Zola. .C;.<¡. - j!'-
E.E RADICAL.
Directeur politique : GUSTAVE RIVET
28* ANNEE — N° 156 — JEUDI 4 JUIN 1908
Publicité : À rOnM d'ACTOlOEg, 10. Place de la Bourse, et au a RADICAL > Il
SaasMna» - ÀTMPrime» nrugtr IL
ABONNEMENTS 1 Trois Mois- 5 fr. t 7 fr. ;< I 10 fr. I|)l
ABONNEMENTS {Six Mois. Jg fr. j * g g. 1 319 6 fr.
Un An t8 fr. 25 fr. 36 fr.
RÉDACTION et ADMINISTRATION
142, Rue Montmartre, PARIS (2e)
TÉLÉPHONE : 102-55 — 102-68
Adresse Télégraphique : Mqaobml_ ]paris.
APIŒS LA LUTTE
Uni de nos amis, récieimmen'& élu
ponse,iller général dre la Seine; disait
au lendeimain même de son Section :
,« La Lutte est terminée, il n'y a plus
maintenant qu'à oublier' lies injures,
* les calomnies, fuiS colères, et à se
mettre au travail. » C'est là, certaine»*
ment, une nobLe peŒlSoéle à laquetlle on
,në peut trop applajudir, et l'on nie s'au-
rait, certes., plus dignement clore unje
campagne électorale par-ticuliènement
onouv«:mientéeu
C'est, sous uiue autre forme, le mot
#fa,meux de Louis XII : « Le roi de
France ne se souvient pas des injures
du duc d'Orléans. » Ainsi raisonnent,
ainsi agissent Les hommes corrects,
bien élevés te¡t raisonnables, ceux que
les excès de la combativité politique ne
'transforment
drait impraticable, qu'il n'y aurait pas
de société possible, si l'on voulait tou-
jours, de part et d'autre, rester sur le
pied de guerra Quand oin a remporté
te prix du tournoi, quand on est éllu,
on est bien obligé de poser les arme's
em exerçant de son mieux la fonction
qui vous est confiée, en remplissant
son .mandat le plus consciencieusement
possibles qui'ttJe à rentrer en ilileo quatre
ans plus tard, c'esit-à-dire à être de nou-
veau Sméconnu, diffamé, insulté, traîné
dans la boue, lapidé, après quoi on re-
commencera encore une fois à tout ou-
blier, dans le cas où l'on a l'âme haute
et le caractère bien fait.
Si ce système doit changer jamais,
je me figure que Les historiens et Les
penseurs de l'avenir s'étonneront et
s'amuseront quelque peu de nos pré-
sentes mœurs politiques. Ils trouveront
certainement bizarre que pour obtenir
des charges qui commandent le respect
à tous, la-première condition à rem-
plir, dans le temps où nous vivons,
nous autres, ait été de se montrer dis-
posé et résigné à subir lets pires humi-
Hâtions, d'être rompu à l'escrime des
outrages, de savoir dire d'es mots re-
tentissants, de consentir à se mêler aux
plus triviales bagarres,, à se jerrer plus
bas, dans les pluis abjects conflits.
« Chaque fois qu'il fallait nommer
des sénateurs, des députés, des conseil-
lers généraux, voire même des conseil-
lers municipaux, diront les historiens,
les penseurs futurs, ces opérations qui,
en soi, réclament tant de. réflexion, de
jugement et de sang-froid, s'effectuaient
à la suite de longs désordres, où les
citoyens les plus honnêtes, les plus
considérables et les plus considérés
étaient accusés- de bous les délits, de
tous lies crimes et de toutes les infa-
mies, où tout était permis, comme dans
les saturnales de Rome, plus anciennes
encore, pour' enlever à son concurrent
ou aux champions. du parti auquel on
n'appartenait pas Ha réputation et l'hon-
neur. »
« Le plus curieux de l'affaire, pour-
ront encore écrire les Tacite et les Mon-
taigne de la postérité, c'est qu'après
s'être bien houspillés, déchirés., mis en
* ipiièces, les hommes de icesi époques, en-
core embryonnaiJres au point de vue
de la formation de la conscience et du
'Q"evieiloppelm;ent de la morale, s'apail-
saimtj se calmaient à vue d'œii et pa-
raissaient trouver très bon ce que fai-
saient, une fois enitré's en fonctions, les
magistrats dont ils avaient dit pis que
peindre avant qu'ils ne fussent élus.. Il
y a: là une contradiction extraordinaire
qui ne- peut s'expliquer que par une
considération, à savoir que, dans ce
iemps-là, pour arriver, ou, ce qui re-
vient au même, pour empêcher les au-
tres de parvenir, on racontait volonr
tiers, dans le feu de la lutte, toutes les
horreurs. possibles et imaginables sur
les uns et les autres, mais qu'en gé-
néral, au fond, personne n'en croyait
un mot. »
En attendant la venue d'une réforme
qui parait encore bien lointaine, en at-
tendant que Ra cérébralité l'emporte,
dans tes élections, sur la combativité,
en attendant que lé corps électoral de-
.vienne un tribunal qui juge les candi-
dats, dans Jet calme,, dans le recueille-
ment, avec lucidité, maturité et impar-
tialité, sans autre préoccupation que de
rendre justice au talent, à la vertu au
jnéritei, ill ne serait peut-être pas impos-
sible d'arriver, si on le voulait bien à
mettre plus d'ordre, plus de rais-on et
plus de morale dans. la genèse et à
l'origine des mandats politiques.
Quelle que soit la forme du scrutin,
quel que soit le mode de votation, que
l'élection soit uninominale ou plurincv
Tninaile, n'importe-t-il pas, au plus haut
ip,o,init, que la voix de tous ceux qui sol-
licitent les suffrages de leurs conci-
toyens ait dés changes. égales d'être en-
tendue ?
Est-ce que IWUS les candidats, par
cela même qu'ils sont candidats,, ne de-
vraient pas avoir le moyen de faire par-
venir à la connaissance du suffrage
universel l'existence de leur candida-
ture d'abord, et ensuite leurs idées,
leurs vues, leurs promesses, leurs en-
gagements, sans être obligés de re-
courir à un éclat de mise en scène, à
un luxe de publicité dont "tous ne peu-
vent pas s'imposer les frais, et qui, par
Sa même, faussent les conditions de
l'élection ?
En d'autres termes, est-ce qu'une ré-
glementation de l'affichage ne s'impose
pas ? Il ne faudrait jamais avoir vu
'OOImme.llIt les choses se passent, la plu-
part du Temps, dans nos campagnes
électorales, pour n'en pas convenir.
Est-il possible tquet le législateur répu-
blicain tolère indéfiniment le scandaLe
offert trop fréquemment par les excès de
latte à coups d'affiches, lesquels ne
prouvent rien, sinon que les camcUd^M
qui se combattent ainsi ont beaucoup
d'argent ?
Quand l'affichage est prodigué en
proportions égales des deux côtés, il
constitue un geste ou un acte peu res-
pectueux pour les électeurs, qui n'ont
pas beisoin, en vérité, de tant de ré-
clames pour fixez leur choix, auxquels
le 'e:st faire inj ure de les supposer ca-
pables de se déformtiner seulement
'selon le nombre elt la force des coups
rde grosse caisse ; les esprits chagrins
peuvent en tirer des conclusions fâ-
cheuses ipour la dignité et la moralité
des élections ; et c'est regrettable, très
regrettable. Mais les inconvénients de-
viennent bien plus grands, quand la
fortune et la pauvreté sont aux prises,
lie droit d'affichage sans limites est
alors exercé sacs aucun scrupule par
le riche et se .retourne contre le pauvre.
C'e:st au profit des citoyens fortunés le
correctif de la Qoit démocratique qui
permet à tout citoyen., remplissant les
conditions d'âge et d'honorabilité que
requiert la loi, de porter sa candida-
ture. Cela éq-uivaut au rétablissement
des vieilles restrictions censitaires.
C'est la revanche de l'argent
On ne donne pas les affiches ; eilles
coûtent cher, et rien n'est vexatoire,
rien n'est déloyal comme le procédé
qui consiste, à des recouvrir au mo-
ment même où elles viennent d'être
collées. Pour beaucoup, cet exercice
constitue un jeu, un sport qui amuses
les badauds ; il n'en est pas moins une
atteinte flagrante à la propriété, à la
chose d'autrui1. On restreint, on para-
lyse, on supprime ainsi 'le droit de pro-
pagande où te droit de .réponse de son
adversaires qui sont également sacrés.
C'est, à proprement parler, du pugilat,
'de la barbarie, de l'action directe, et
aussi du sabotagè au premier chef.
Quand on a été élu grâce à l'emploi
de tels moyens, quelle autorité peut-on
se sentir poux faire les lois ou les rè-
'gLement9, pour prendre Ile's Mesures
qui ont pour but d'assurer le maintien
de l'ordre, le respect de la légalité et
des droits de tous ?
On répondra peut-être, sûrement
même, Que ces choses se font dans le
feu de la lutte et que' c'est leur excuse?.
Voilà qui est bientôt dit ; une telle opi-
nions si courante et si acceptée qu'elle
soit, n'en est pas, moins- quand on y ré-
fléchit bietn-, difficile. à justifier. On a
'l'habitude dé considérer comme véniels
les délits qui se commettent en période
électorale ; il n'ten est pas cependant
de plus graves, si l'on, y réfléchit bien,
par leur caractère et par leurs consé-
quences, puisqu'ils ne" tendent à rien
moins qu'à déshonorer le fonctionne-
ment de lu souveraineté nationale et à
en dénaturer les résultats. L'indulgence
qu'on 'professe1 à leur endroit tient sur-
tout au trop peu de cas que nous fai-
sons encore des institutions qui garan-
tissent la liberté et l'autorité du peuple.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas bien
'difficile, il nlest pas bien malin d'instà-
tuer une loi portant en Instance : « Il
y aura tant d'affiches, au maximum,
par commune ; on Lés placera dans des
endroits réservés, où tout le mande
pourra en prendre connaissance ; nuJ
ne pourra essayer de les lacérer ou de
les masquer sans être passible de
peines très sévères. » ,
Ce serait .-de l'équité, de l'honnêteté
élémentaires, — et un grand pas de fait
en démocratie,
PAUL LECONTE.
ÉVÉNEMENTS DU MAROC
Autour de Casablanca -',Iio.
Une détpèchie du générai d'Amadie, daitée
de Sidii-bieïni-SiHmaai, 2 juin, toit tairas du
soir, annonce que les troupes omit été appe-
lées .pour éteindre uin incendie die moissons,
allumé par l'imprudence des Marocains.
EILes. ont préservé ainsi plusdeun hectar-es
die récolte. La situation est calme dans
tous las ports. Les erwiiirons de Biaisait ne
sont-pas trouibîés.
Le général d'Amade s'eimipioiiie avec suc-
cès à rétablir l'autorité et à relever tes
ruintes.
L'AFFAIRE MORIZOT
ET LE TRIBUNAL DES CONFLITS
*
M. Dessoye, député de la Haute-Marne,
a l'intention d'adresser, demain vendredis
une question à M. Doumergue, ministre de
l'instruction publique, sur Ha décision prise
par le tribunal des conflits dans l'affaire de
l'instituteur Morizot.
La décision die ce tribunal, dans l'appel
formé par le gouvernement contre l'arrêt
die la couir de Dijon réformant un jugement
du tribunal de la même ville, a soulevé à la
Chambre une certaine émotion.
On connaît les faits : un instituteur,
M. Morizot, était poursuivi en dommages-
intérêts par un père de famille pour ensei-
gnement antimilitariste et ordurier.
Cette affaire fut portée devant le tribunal
de première instance de Dijon qui déclina
toute compétence estimant que le différend
relevait de d'administration.
La cour d'appel saisie infirma ce juge-
ment e't c'est alors que sur les instructions
du ministre, le préfet évoqua l'affaire de-
vant le tribunal des conflits.
Celui-ci vient de donner iraison, dit-on, à
la cour d'appel, c'est-à-dire qu'il s'est pro-
noncé et contre le tribunal et, fait plus
grave, contre l'avis formel du gouverne-
ment énoncé à la tribune de Ja Chambre
au mois de décembre dernier, par M
BriJand, alors ministre de l'instruction pu-
blique, en réponse à une interpellation de
M. Dessoye.
On ne connaissait pas hier encore le
texte même de la décision du tribunal des
conflits.
M. Dessoye a eu, à ce sujet, un entretien
avec le ministre de l'instruction publique,
auquel il a fait part de son intention de
porter à nouveau cette affaire à la tribune
de la Chambre, le tribunal des conflits
ayant commis, en 'la ciirconsta?^®». nW
$$ritable confusion des ©ou voue-
Fâclease Mentalité
On iemble faire assaut de distinguo et
de philosophie tactique, depuis quelques
jours, dans certains journaux où on s'atten-
drait le moins, cependant, à les trouver et
à les prendre au sérieux. Il paraît qu'il
faudra désormais distinguer le radicalisme
individualiste du radicalisme socialiste, le
radicalisme conservateur du radicalisme ré-
formateur, ou, pour mieux dire, le radica-
lisme clemenciste. de l'autre !
Le radicalisme clemenciste se contente de
faire voter l'impôt sur la rente et de pour-
suivre le rachat de l'Ouest, tandis que
l'autre se contenterait de l'alliance des socia-
listes unifiés, lesquels reçoivent, d'ailleurs,
tous les radicaux, indistinctement, comme
des bourgeois dans un jeu de syndicalistes
purs ! Et le fin du fin tendrait à évincer
les républicains de gauche au profit de l'ir-
réductible opposition d'extrême gauche, alors
que ce sont des membres de l'Alliance répu-
blicaine et de l'Union démocratique,
M. Caillaux à la Chambre, M. Barthou
au Sénat, qui défendent avec le talent et
l'ardeur que l'on sait, aux applaudissements
des gauches, l'impôt sur le revenu et le ra-
chat de l'Ouest.
Il n'y a pas longtemps encore, les partis
se distinguaient par leurs programmes pro-
pres, qui demeurent, d'ailleurs, leur seule
raison d'être. Aujourd'hui, ce serait par. le
coup de pied qu'ils recevraient du parti le
plus voisin que la distinction se ferait. Les
syndicalistes révolutionnaires tendraient. la
main aux socialistes unifiés, lesquels ne la
tendraient pas aux socialistes radicaux, et
ces derniers se distingueraient des autres
radicaux et républicains de gauche en pro-
nonçant l'anathème et l'exclusion contre ces
derniers et en traitant les premiers de sim-
ples conservateurs ! Et le tour serait joué !
Le numéro d'hier de la Guerre sociale
daigne consacrer un long article à cette
magistrale combinaison, sous le titre un peu
brutal de : COMBISME 1 Et nous en repro-
duisons quelques extraits, qui sont à
l'adresse des socialistes unifiés :
« Il est de mode, dit le journal d'Hervé,
qui ne se paye point d'hypocrisie, parmi les
militants qui vont prendre leur inspiration
à l'Humanité, de distinguer, depuis les der-
nières élections municipales, entre les radi-
cam-conservateurs et les radica.ux-réforma-
teurs. Ils croient cela très malin. 0 ficelles
et finesses, malices cousues de fil blanc !
Quelle piteuse habileté que de distinguer,
parmi les faméliques politiciens radicaux,
des réformateurs et des conservateurs I lik
« Si un ministère Combes revenait, Y Hu-
manité aurait vite fait d'abandonner son
allure révolutionnaire et d'opposition, pour
repiquer une crise de ministérialisme. Ce
mirage, décevant pour tant de camarades,
ce fameux « combisme », qu'a-t-il donc fait
en faveur du prolétariat ? Rien. Rien.
RiEN !!!.!! a mangé du curé ?. Pour la
gloire 1 n.
« D'ailleurs, rassurons-nous, un retour du
combisme est bien peu probable. »
C'est hier que la Lanterne traitait de
« politique fâcheuse » le fait par le sous-
secrétaire d'Etat à l'intérieur d'avoir recom-
mandé, pour les luttes contre le nationa-
lisme, dans le deuxième arrondissement,
l'alliance des radicaux et des républicains
de gauche, lesquels sont un élément du Bloc
de gauche et ont aidé — la Lanterne devrait
l'oublier moins que tout autre — à assurer
la réforme de la séparation des Eglises et
de l'Etat.
Faut-il rappeler que, il y a quelques
années, un soir de réunion électorale tenue
à la taverne du Nègre, dans ce deuxième
arrondissement, M. Adolphe Carnot fut
menacé par la tourbe nationaliste, qui avait
prémédité un mauvais coup ? Il fallait em-
pêcher à tout prix le président de l'Alliance
républicaine démocratique de démasquer son
candidat, d'entamer la campagne contre
Syveton. On employa pour cela tous les
moyens. La lutte fut chaude, une vraie
mêlée au cours de laquelle les revolvers par-
tirent. Le sang coula. Adolphe Carnot,
devant cette bande de forcenés qui l'avaient
acculé à la fenêtre et voulaient le précipiter
dehors, tint tête aux malfaiteurs, dont la
Jeunesse républicaine du deuxième arron-
dissement eut enfin raison.
Et c'est à cette Jeunesse républicaine que
M. Maujan s'adressait dimanche, et son dis-
cours fut accueilli par d'unanimes applau-
dissements.
Si la Lanterne trouve cela de la politique
fâcheuse, — et la Guerre sociale est bien de
son avis à cet égard, — nous avons bien le
droit de dire qu'une semblable critique
dénote chez notre confrère radical une bien
fâcheuse mentalité.
Élection d'un ctépué
Dans la Drôme
Les électeurs de la deuxième circonscrip-
tion de Valence (Drôme) sont convoques
pour le 28 juin, à l'effet d'élire un député
,en remplacement de M. Charles- Chabert,
élu .sénateur.
BAVARDAGE
Après avoir longtemps et obstinément tra-
vaillé, Zola était arrivé au succès, à la
gloire. Il ne lui restait Plus qu'à se laisser
vivre, en la certitude de la popularité
acquise et des tirages nombreux.
Mais un jour vint Y affaire Dreyfus. Cer-
tes, comme nous tous, il n'était pas ce qu'on
pourrait appeler dreyfusard de naissance.
Ses études, sa réflexion, sa vie avaient déve-
loppé en lui le sentiment du juste et du
vrai. De l'universel, surtout.
De l'aventure étroite de Thérèse Raquin,
il s'était élevé à la notion des idées généra-
les, des ravages de l'ivrognerie dans l'As-
sommoir, de la prostitution dans Nana; puis,
raisonnant de plus en plus, il avait étudié
lis, douleurs des travailleurs dans Germinal,
les épouvantes des suggestions organiques
dans la Bête humaine, contre-partie superbe
— et encore incomprise — de la Joie de
vivre ; les hideurs de la guerre dans la
Débâcle, et, enfin, véritable couronnement
de l'édifice, il rêvait l'épanouissement de la
joie humaine dans Fécondité, dans Travail.
Ce fut dans cette gésine des grandes idées
que vint se jeter l'injustice d'une erreur judi-
ciaire — voulue, criminelle, odieuse ; — il
oublia tout, son intérêt, sa vie faite, son
repos conquis, la tranquillité du travail ga-
ranti par la curiosité et l'estime universelles.
Il se lança à-corps perdu dans la lutte, don-
nant le plus bel exemPle d'abnégation et de
désintéressement.
Ce fut très, très beau. Combien peu sacri-
fieraient les applaudissements de la foule à
un devoir strict.
Comme le Picquart d'antan, il ne put pas
résister à l'appel de sa conscience. C'est cette
soumission à la justice intérieure, à la voix
de l'équité intime, que nous admirons et que
nous saluons en lui, désireux de timiter.
Etre honnête, même contre soi-même, ceci
est donné à très peu. Et encore est-on sûr
d'être incompris et méconnu. Il 'est d'autant
plus grand de ne pas reculer.
L'honnêteté de Zola est, plus que son
immense talent, l'honneur de notre pays et
de f humanité tout entière.
UN PARISIEN.
La Grève de Vieeux
NPRÈS LA BAGARRE
On interpellera demain vendredi
Les victimes
Les premiers résultats de l'enquête
M. Clemenceau, président du conseil, a
reçu hier matin successivement MM. Arge-
liès et Dalimier, députés de Seine-et-Oise,
qui l'ont entretenu des incidents de Dra-
veil-Vigneux.
M. Argeliès a exprimé l'intention de po-
ser une question au président du conseil,
au début de la séance de vendredi, sur ces
incidents.
M. Clemenceau a accepté de répondre.
Il a déclaré à MM. Argeliès et Dalimier
qu'il avait chargé le préfet de Seine-et-
Oise d'ouvrir immédiatement une enquête
sur ces faits. Il a annoncé en outre que
pour faire cesser toute cause d'irritation,
ordre avait été donné de remplacer, dès
hier. les vingt-cinq gendarmes mêlés aux
événements de mardi. ?
Les victimes de la bagarre
Nous avons dit hier qu'un des ouvriers
qui avaient pris part à la bagarre de Vi-
gneux avait été tué sur le coup ; il se
nomme Pierre Lefal, était âgé de qua-
rante-neuf tans 'et habitait Draveil.
Un des blessés a succombé hier matin,
c'est un jeune homme de dix-huit ans,
Pierre Giobelina, qui avait été transporté
chez ses parents, 100, rue de Paris, à Vil-
leneuve-Saint-Georges. Giobelina avait re-
çu une balle dans la tête.
Les six blessés transportés à l'hôpital de
la Charité sont : Alfred Klein, 35 ans ; Jo-
seph Nivods, 33 ans ; Angeli Pouzzoli, 41
ans ; Henri Klein, 32 ans ; Alain Emidi,
47 ans ; François Couraud, 37 ans.
Le plus gravement blessé, Pouzzoli, a été
opéré par le docteur Frédet ; il avait reçu
une balle dans le ventre ; Pouzzoli a par-
faitement subi l'opération et son état n'ins-
pirait hier aucune inquiétude.
Les gendarmes qui ont pris part à la
bagarre ont tous été plus ou moins malme-
nés, six ont été sérieusement atteints et
sont soignés à Corbeil ; parmi ces six, deux
sont dans un état assez grave. Aucun,
cependant, ne parait en danger.
L'enquête
MM. Autraqd, préfet de Sedne-et-Oise,
',et Emery, sOiUs-p:réf:et de Corbeil, étaient
accompagnés hier matin de M. Fortim,
procureur, lequel avait commis M. Régis-
manset, juge d'instruction, à l'effet d'ou-
vrir une instruction judiciaire.
Les autorités, en compagnie de M. Va-
cher, maire de Vigneux, se sont rendues
salle Ranque, où s est déroulée l'écihauffou-
rée, pour y procéder aux constatations,
mais .iils ne purent pénétrer, les grévistes
tenant à ce moment une réunion à laquelle
assistaient MM. Merrheim, de la C. G. T.,
Aulagnier, ,de l'Union des syndicats, et
Mocolim, du syndicat des terrassiers de la
Seine.
La réunion terminée, les magistrats ont
pu examiner la salle, car une version »du
triste événement prétendait q.ue les gen-
darmes avaient tiré du dehors par les fenê-
tres sur les grévistes réunis dans la salle.
Il résulte des premiers résultats de l'en-
quête du procureur de la République qu'il
n existe aucune trace de balle sur les murs
de la salle de réunion On considère donc
comme inexacte la version d'après laquelle
les gendarmes auraient tiré par la fenêtre
dans l'intérieur de la salle.
Les armes d'as gendarmes ont été exa-
minées, ii est é'tmbai qu'aucun coup de ca-
rabine n'a été li.i'é. Lies gendarmes se sont
sieirvife de ileurs xevolveis. Viinjgt-deux car-
touches ont élfé tirées, ce qui démontre que
les gendarmes ont Uéchargé leurs armes
unie première fois iein; l'air, car pressés de
iprès,* cernés absolument, s'uls avaient tiré
autour d'eux, il est certain) que les vingt-
deux bailles auraient piorté.
U;n certain nombre de dépositions ont été.
recuei'lftiie's ; ifl est probable que l'eaiqu'ète
ne poumra être terminée au plus tôt avant
ce soir jeudi, et encore ne peuit-il être ques-
tion que des constatations générales.
Un faiit qui âtnWdque combien l'enquête
est difficile, c'est que d'u côté -de l'autorité
préfectorale ou judiciaire comme du côté
des grévistes ou dtti rc/présenitant die la
C. G. T., aie oittoyeni Auilàgnier, on ignore
enciorn ie nom du igiréviistie qiue Je gJetn-
datrme vciullait arrêter at qmi a été la cause
telle< la sanictonte cofltision d'hier.
O'n connaît lapsreumère version de cette
coî'l isik>n.
De sonc6té, le Citoyen Aulagnier pro-
teste conire l'attitude des igenda/rmes du-
,ra>nt K'oiute la journée d'.h.:er ; il ajoute que
les .grévistes. contreiiiTement à certaines
informations, n'avaienit pas od'atmn¡e.s à rfeu
let qu'ils s'étaient contentés de répondre
•aux ibaTLes Ses gendarmes avec des Mottes
ide terre.
La grève
Dans da réunion; organisée hier après-
midi par le citoyen Merrheim, lies grévistes
ont déaîdé \dte xkflutimier ma. (grève.
ZOLA AU PANTHEON
J & .t .,
Le Cercueil d'Étoile Zola a été
transporté i, hiert : soir da Cime-
tière , JWôntinaiTtpe • aa Panthéon ,
LA cérémonie d'aujourd'hui
Devançant l'heure du suprême hommage
que la France rend aujourd'hui à Emile
(Zola, des milliers d'admirateurs du grand
écrivain vinrent s'incliner, hier après-midi,
devant le modeste monument qui fut élevé,
voici bientôt six ans, au cimetière Mont-
martre. Et ce fut jusqu'au soir un pieux
pèlerinage, interrompu seulement à six
heures, heure ordinaire de la fermeture du
cimetière.
Le cimetière était évacué depuis une
demi-heure environ quand arriva Mme
Zola, accompagnée des deux enfants de
l'écrivain, Denise et Emile. Après avoir dé-
posé suIt la tombe deux couronnes de
fleurs naturelles, Mme Zola s'incline pieu-
sement et reste un4a»tant en méditations,
puis pour éviter les si pénibles détails de la
cérémonie qui va avoir lieu, elle se retire
avec Denise et Emile au moment où arri-
vent MM. Alfred Bruneau et Fernand Des-
moulins qui vont présider à l'exhumation :
avec M. Lépine, préfet de police ; Touny,
directeur de la police municipale ; Grilliè-
res, commissaire divisionnaire ; Reiss,
Mulnier et Beoker, officiers de paix ; Pari-
sot, directeur des pompes funèbres, ce sont
les seules personnes qui assistaient à l'ex-
humation.
Il est un peu plus de sept heures quand
commence la triste cérémonie. Les ouvriers
des pompes funèbres descellant la lourde
dalle du tombeau et la rejettent sur le côté ;
avec de longues cordes ils entourent le cer-
cueil d'Emile Zola sur lequel est fixée une
large plaque d'argent portant le nom de
l'écrivain et les dates de sa naissance et
de sa mort.
Après six ans, la bière extérieure est
toute vermoulue et le bois en est disjoint
par places, aussi la remplace-t^on par une
bière neuve dans laquelle est transporté le
cercueil de plomb qui constitue la seconde
enveloppe du sarcophage d'Emile Zola.
C'est sous l'abri que forme le pont Cati-
laincourt .qu'est effectuée cette opération,
après laquelle le cercueil est glissé dans
un fourgon des pompes funèbres ; on y dé-
pose les fleurs qui, tout à l'heure, jon-
chaient la tombe ; MM. Fernand Desmou-
lins et Alfred Bruneau montent dans le
coupé du fourgon qui franchit la -porte, du
cimetière ouvrant sur l'avenue Rachel où
un service d'ordre important maintient
une foule assez nombreuse. La plupart de
ceux qui sont là saluent respectueusement
le grand mort qui passe ; quelques cris
sont poussés pendant que, précédé d'un
landau où ont pris place MM. Touny et
Grillières, le fourgon se dirige rapidement
vers le Panthéon en passant par le. boule-
vard de Clichy, la rue Blanche, la place de
la Trinité, la rue de la Chaussée-d'Antin,
l'avenue de l'Opéra, la rue de Rivoli, la rue
Saint-Martin, le parvis Notre-Dame, la rue
Saint-Jacques et la rue Cujas.
Le long du trajet, parcouru à -une rapide
allure, nombreux sont ceux qui saluèrent
la dépouille de l'illustre mort.
Au Panthéon , rI ;°bi:
Les abords du Panthéon ont présenté
toute l'après-midi l'animation des grands
jours qui précédèrent ces cérémonies na-
tionales : funérailles de Victor Hugo, de
Carnot, de Berthelot.
Le long du boulevard Saint-Michel, rue
Soufflot, au milieu de la foule, les came-
lots vendent l'image du grand mort qu'on
va honorer, une chanson- populaàre, pieux
et naïf hommage rendu à" Emile Zola, et
aussi, il faut bien le dire, d'immondes pla-
cards où, jusqu'au bout, on insulte à la
mémoire du mort.
C'est sous l'inspiration de ces .basses
injures et d'autres excitations aussi mé-
prisables que des bandes se forment et,
par leurs cris, tentent de dénaturer l'àtti-
tuidè générale de la foule, qui est respec-
tueuse. Les manifestations attirent Les
contre-manifestations et, de bonne heure,
la .police doit intervenir pour dégager les
abords du Panthéon.. -
Les gardes municipaux à pied et à che-
val, les gardiens de la paix du cinquième
arrondissement et des compagnies de ré-
serve déblayent complètement 'la rue Souf-
flot jusqu'à la hauteur de la .rue Saint-
Jacques ; bientôt on dégage également les
deux trottoirs devant l'Ecole de droit et la
mairie du cinquième, et, enfin, au milieu
die la place, complètement évacuée, le mo-
nument dédié aux grands hommes dresse
sa haute silhouette, dont le fronton .est
décoré de tupphées de drapeaux tricolores,
pendant que, devant le péristyle, entre de
longues .draperies noires brodées d'argent,
les initiales d'Emile Zola éclatent en blanc
sur le fond noir des écussons. En bas des
manches donnant accès au monument, de
Penseur de Rodin est drapé d'un long
crêpe qui tombe jusqu'à terre. Et, sous la'
nuit qui vient peu à .peu. on voit deux
longues flammes vertes qui jaillissent des
torchères décorant la grille de.* monument :
l'effet est saisissant et, jusqu'aux rumeurs
de la foule, qu'on' entend gronder dans le
lointain, tout concourt à donner un carac-
tère grandiose à la cérémonie qui se pré-
pare. ,
Vers sept heures et quart, venant du
cimetière Montmartre, Mme Zola et les
deux enfants d'Emile Zola arrivent en au-
lonïobile et, gravissant lès marches du
monument, vont se placer sous le pé-
ristyle, où arrivent successivement MM.
Maurice Leblond, représentant le président
du conseil, le commandant Alfred) Dreyfus,
Louis RaVlet, Paul Brulat, Théodore Duret,
le docteur Larat, Dumontier, Saint-Georgee
de Bounélier, Mme et Mlle Bruneau, etc.
M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire
d'Etat des beaux-arts, arrive quelques ins-
tants après, avec M. Paul Gervais, direc-
teur du cabinet dut ministre de l'instruc-
tion publique. M. Maurice Leblond vient se
joindre à eux et tous trois se placent, de-
vant la statue du Penseur, à l'entrée prin-
cipale du monument, pour attendre le con-
voi funèbre, qui -débouche soir au place à
'huit heures.
Le fourgon s'arrête. MM. Alfr-ed Bru-
neau et Fernand Desmoulins descendent
dju coupé et viennent .se placer aux côtés
de M. Dujardin-Beaumetz. Tout le monde
s'e découvre et, sous la jonchée de fleurs
qui te cache, les porteurs saisissent le cer-
cueil que recouvre une draperie noire bor-
dée de blanc et, lentement, après avoir
franchi la grille, ils gravissent des mar-
ches qui donnent accès au .mo.num.e-nL ,.
Eaiitre Denise et Emile, Mme Zola, à demi
inclinée, .marche derrière la dépouille de
l'illustre écrivain, puis, après M. Dujardin.
Beauanetz, les quelques intimes qui sont là
forment un respectueux cortège qui, parle
porche Largement ouvert, pénètre dans le
monument tout noyé des ombres de la nuit
qui vient.
Arrivé au centre de la vaste nef, ofl
pondent de lourdes draperies funèbres, ta
cercueil est déposé dans le soubassement)
du haut catafalque qui a été dressé sous la
coupole. Au milieu' d'un respectueux si-
lence dont l'obscurité augmente encore la
grandiose -impression, chacun s'incline tes.
pectueuseTnent, puis se retire en proie i
une émotwffi profonde.
Dans l'immense monument plongé, cetU
fois, dans une obscurité complota, que*
seule, dissipera tout à l'heure, la clarté des
torchères, Al. ne reste plus que ce.ux qwï,
par le sang ou par la pensée, sont de la fa.
mille même d'Emile Zola : Mme Zola, EmiLe
et Denise qui, après avoir salué une der-
nière fois, celui qui leur fut s.i cher, se re*
tireront eux aussi,, pour laisser à MM. Bru-
: neau,Desmoulins,Brulat,. Duret, Larat, Du.
montier, le pieux honneur de veiller toute
la nuit, au milieu des grands morts qui
reposent dans notre monument national, la
dépouille de celui que tout un peuple hono-
rera aujourd'hui.
La cérémonie d'aujourd'hui
La cérémonie officielle commencera S
neuf heures et demie. A l'arrivée du prési-
dent de la République, la musique de la
garde républicaine et trois musiques mili-
laires, groupées devant le Panthéon, joue-
ront la Marseillaise. L'hymne national
sera exécuté également dans l'intérieur dJ
monument, à l'entrée du chef de l'Etat, par
l'orchestre et les choeurs de la Société des
concerts du Conservatoire ',Un seul dis-
cours sera prononcé, .par M. Doumergue,
ministre de l'instruction publique.
Les morceaux' qui. seront exécutés au
cours de la cérémonie, sont-: le préhide de
Messidor, de Bruneau ; la Marelle (unèbré
de l'a Symphonie héroïque, de Beethoven,
puis, après le discours du ininistre, la
finale de la Symphonie avec chceurs, da
Beethoven, et le Chant du départ.
A l'issue de la cérémonie, le président dÈ
la 4 République, les ministres, les corps
constitués se placeront devant le Panthéon
pour assister au défilé des troupes de la
garnison de Paris. Ceis* troupes arriveront
sur la place du Panthéon par la rue d'Ulm..
Elles seront sous lès ordres du gouverneur,
militaire, qui se placera à l'entrée de lai
rue Soufflot, en face du chef de l'Etat,
Les invités entreront par cinq portes : les
portes A et B, qui s'ouvrent sur la façade
du Panthéon, et les portes* latérales M -
(côté rue d'Ulm) et 0 (côté bibliothèque
.Sainte-Geneviève). -
Lorsque la cérémonie sera terminée, If
corps d'Emile Zola sera iimniédiatemen4
descendu dans les caveaux du Panthéon.
Ce monument restera fermé jusqu'à ,saJ
medi midi. Il sera alors trouvent au public,
qui y sera admis comme à l'ordinaire. La
décoration intérieure sera conservée pent
dant quelques jours. J.
La soirée au Quartier Latin ,
L'arrivée dets cendres d'Emile Zola a été
le point de départ d'une vive agitation qui
s'est maintenue a.u Quartier lalàn pendant
toute ia soirée. En prévision des maniles*
tations, «n service d'ordre des pins impor4
tants avait été organisé sur la place du
Panthéon, dont l'accès- fut interdit à parti* •
de'cinq heures. Déjà, aux environs de la
Sorbonne, d-es. bandes dè jeunes gêna
s'étai'enil rassemblées. Sur un signal donné,
ces jeunes gens, adversaires Résolus du
grand écrivain-, s'élancèrent dans la ru.
Saint-Jacques et essayèrent de rompre Tt
cordon de gardes républicain© qui ceav
naient .16 place. 1
Dans l'impossibilité de parvenir jusqu'à
l'édifice, les perturbateurs rebroussèrent
chemin et débouchèrent sur lé boulevard
Saint-Michel, en criant à- tue-tête : a" Cons-
puez Zola ! » Tout d'abord, cette prome->
nade bien inutile ne fut accueillie que par.
des huées. Mais bientôt, surexcités par les
provocations qu'on leur adressait, ..iC',s étu-J
d'ianits se groupèrent à teur tour pour p¡zu.
tester avec véhémence contre ces manifeso;
tations vraiment déplacées. De là desi
heurts, des défis et certains pugilats qui sa
sont termines ,par la déroute complète des
adversaires de Zola.
Les agents n'ont eu que peu d'occasions
d'intervenir. Ils ont dû pourtant dégager,
à plusieurs reprises, la rue Soufflot où l'ef-
fervescence était particulièrement. à son
comble. L'affluence de la foule, à cet. eylà
droit, était devenue dangereuse. On y chaaw
tait en même temps la Marseillaise et
Y Internationale. Il y eut là plus d'un conpal
à corps. A un moment même, des étudiants
facétieux achetèrent un lot de numéros de
la Libre Parole et firent du tas un autodaf
qui s'élevait à une hauteur respectable.
Comme des accidents étaient à craindre
l'officier de paix donna l'ordre de faire éva.
euer complètement la rue Soufflot. Il était
alors onze heures et demie. Ce fut le com)
mencement de la débandade.
Complètement désemparés, les perburba
teuns durent se disperser dans les rues avoi
sinantes. Il n'y a eu, en somme, feucun iài
cident grave.
Les étudiants républicains
Vingt-cinq étudiants du groupe radical
et radical-socialiste de l'Association des
étudiants assisteront .ce matin, officielll&
ment, à la cérémonie du Panthéon.
n .paraîtrait qu'une bande de ps-eudo-é
diants, émissaires de J-Action français
se proposent d'assaillir, à la sortie du Pan1
tliéon, les vingt-cinq étudiants chargés da
représenter la jeunesse républicaine deS
écoles.. -
Les petits jeunes gens, échappés de i
suiiltièresi, qui ont ainsi l'intention; de coras}
ip'liClr et d'a,1rtlBq,.u.er les wnigit-cùnq (délégués
de la Jeunesse des écoles, feront bien da
réfléchir que ces derniers ne représentent
pas celle-ci en vain. Si à l'intérieur ils rit
seront que vingt-cinq, à l'extérieur c'est
par centaines que se compteront les étiw
diants venus pour acclamer le nom à j
mais iltastre et yéoéPé de Zola. .C;.<¡. - j!'-
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