Titre : Marianne : grand hebdomadaire littéraire illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1935-03-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328116004
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 mars 1935 06 mars 1935
Description : 1935/03/06 (A3,N124). 1935/03/06 (A3,N124).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7642262c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-127
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/03/2015
3* Année - N* 124 i
16 pages — 75 centimes
Mercredi 6 Mars 1935
GRAND HEBDOMADAIRE LITTÉRAIRE ILLUSTRÉ
5, Rue Sébastien-Bottin, Pari; (7")
1 Direciftur : Emmanuel B E R L
MEUBLES
GaLERIES
BARBES
ss Boul. Barbès
PARIS - 08')
BON
à découper et à faire parvenir aux
GALERIES BARBES, 55, b Barbés,
Paris (IBC), pour recevoir .gratui-
tement : 1° l'Album général
d'Ameublement 2° l'Album de
literie, divans, studios et mobiliers
sacrifiés. 588
Rayer la mention inutile.
DANS CE NlIMERO:
L'ERMITE DE
GALAMUS
Reportage inédit
de Jacques Roberti
Le Gala de l'Union
par Carlo Rim
RANÇON -
Nouvelle inédite
par Suzanne Normand
et
Carnaval, pas mort!
une page de dessins de
JEAN EFFEL
Louis
Lumière
LI
E 28 décembre 1895. Une pan-
carte arrête les passants devant la
terrasse du Grand Café, 14, boule-
vard des Capucines ; elle les invite aux
premières séances publiques consacrées
à la présentation d'un nouvel appareil
réalisant la projection de vues animées,
le cinématographe Lumière. Le prix des
places est fixé à un franc, et la recette
de la première journée s'élève à trente-
cinq francs ; un mois après l'ouverture,
on enregistre plus de deux mille entrées
par jour, et c'est la naissance d'une in-
dustrie formidable. Elle bénéficie, à
l'heure actuelle, des incessants progrès
accomplis au cours de quarante ans
d'existence, mais l'exploitation de la
petite salle du Grand Café comportait
déjà tous les éléments essentiels d'une
exploitation moderne. Louis Lumière,
en effet, bien secondé par son père,
photographe renommé, et par son
frère Auguste, ne s'était pas contenté
d'établir le premier appareil de projec-
tion permettant à tout un public de
suivre sur un écran des scènes de pho-
tographies animées; il est sans conteste
le doyen des auteurs de films, des met-
teurs en scène et des opérateurs. Dès
les premières séances publiques, un
programme fort varié avait été com-
posé ; la longueur des bandes ne
dépassait pas dix-sept mètres, et la pro-
jection des huit ou dix films constituant
ce programme demandait ainsi une
vingtaine de minutes. Les séances com-
mençaient aux heures et aux demies,
le matin de dix heures à onze heures
et demie, l'après-midi de deux heures
à six heures et demie, et le soir de
vingt heures à vingt-trois heures. Parmi
les films les plus anciens, on peut rap-
peler l'Arrivée d'un train, qui effrayait
quelque peu les spectateurs impres-
sionnables, la Sortie des ouvriers de la
maison Lumière qui fut la toute pre-
mière bande, la Partie d'écarté, etc.
Certaines controverses ont eu lieu, il
y a quelques années, à propos de l'in-
vention de l'appareil cinématographi-
que : chaque invention importante a
donné naissance à de semblables débats,
et par exemple la machine de Watt,
premier engin à vapeur d'un usage réel-
lement pratique, a été précédée des
recherches de Papin, Newcomen, etc. Ce
n'est pas diminuer le mérite de Louis
Lumière que de rappeler les travaux de
Marey, Demeny, Edison, etc.
Il est d'ailleurs incontestable qu'il fut
le premier à établir un appareil capable
d'assurer une exploitation vraiment
commerciale ; d'autrè part, ainsi que
le prouvent les faits rappelés plus haut,
il n'a pas seulement imaginé un appa-
reil, il a réellement créé de toutes piè-
ces l'industrie cinématographique ac-
tuelle.
Sorti premier de l'école de la Marti-
ni ère de Lyon, il entra vers 1880 dans
l'atelier photographique de son père,
qui fondait deux ans plus tard la célè-
bre usine de Monplaisir. Son esprit in-
ventif le conduisit bientôt à des perfec-
tionnements importants dans la prépa-
ration d'émulsions sensibles au bromure
d'argent qui assurèrent la prospérité
des nouveaux établissements. Les frères
Auguste et Louis Lumière, associés dans
la direction d'une affaire sans cesse
grandissante, organisèrent des labora-
toires où ils purent entreprendre les
études les plus variées, soit en vue
d'étendre les fabrications de leur usine,
soit pour satisfaire leur goût des re-
cherches.
J. Bethenod.
(Suite én 28 page.)
Sllenee oqu\ DtonDD4Mpmpiiro$ !
--,- "'-'--:-:-~,"'---~y- LA FRANCE IMPÉRIALE
M. Régnier, Ministre de l'Intérieur, part en tournée pour rétablir le prestige français en Afrique du Nord
a
leJÏtcnde canine ifluza
La folle journée.
La semaine parlementaire s'est terminée
en beauté. Ce n'est pas tous les jours que
l'on s'occupe « de ce sexe charmant à
qui je dois le jour ». Les femmes veulent
voter ? Les députés sont-ils de cet avis ?
Tel était le problème posé. Voyons un
peu comment on ne l'a pas résolu.
Vendredi seize heures. Dans les tri.
bunes, des femmes, rien que des femmes.
Attentives, curieuses, passionnées, déci-
dées au besoin à manifester, à chahuter
le pion qui, en l'espèce, est M. Blaisot
Camille. Les états-majors de toutes les or-
ganisations féministes sont là, et Mlle
Louise Weiss, comme un vieux parlemen.
taire, fait les couloirs avec autorité, ral.
liant les hésitants, et terrifiant les timides.
Le premier acte est déjà mouvementé.
On appelle les signataires partisans de la
discussion immédiate, et le public saura
;/, BARETY
ainsi que Min. Can-
dace et Galandou
Diouf sont noirs, fé-
ministes et chéris de
leurs collègues, que
MM. Barbot et
Couillerot, féminis-
tes eux aussi, re-
cueillent une belle
ovation, tandis que
le nom de M. Phi-
lippe tlenriot est
salué des cris : « A Bordeaux ! »
M. Baréty n'est pas féministe. Il pour-
rait s'en défendre, tant sa position est va-
gue ; mais un féministe serait plus ar-
dent à soutenir la réforme proposée, alors
que, selon le mot d'un de ses collègues,
Baréty, c'est un orateur qui vous donne
des coups d'édredon.
M. Duval-Arnould, avec son air altier
d'Œdipe égaré aux Quatre-Colonnes, sa
mèche, sa haute stature, et son air véné-
rable, ne rencontre pas généralement le
succès auquel il croit avoir droit. Heu-
nusement que certains de ses collègues
viennent parfois à son secours. Témoin
M. Graziani, qui, pour faire cesser les
clameurs, cria : « Laissez-le parler : il
a les pieds mouillés ! »
Car nul n'ignore, au Palais-Bourbon,
que M. Duval-Arnould est surtout connu
sous le surnom de « zouave du pont de
l'Alma ».
Frossard a raillé sans pitié les ouvriers
— ét ouvrières — de la 13e heure, qui
veulent engager les expériences du vote
féminin dans les conditions les plus mau-
vaises qu'on puisse rêver. La Chambre
était très divisée. De fait, si elle penche
f
pokr le vote des femmes, c'est pour un
motif très simple.
Les socialistes ayant décidé de voter
contre, les néos étaient conduits à voter
pour.
Et voilà comment s'écrit l'histoire par-
lementaire.
Les femmes ont
choisi pour ce dé-
bat, un avocat char-
mant, mais un peu
mince. Il s'agit de
M. Fayssat, député
des Alpes-Mariti-
mes, d'ailleurs très
parisien.
Le discours qu'il
prononce l'enivre si
T R O S A R. D
profondément qu'en
descendant de la tribune, il s'assoit bru-
tentent au banc du président du Conseil
Et Frossard, goguenard, de s'écrier :
— Le débat aura au moins un résul-
tat : c'est de placer M. Fayssat au gou-
vernement.
Alors, le jeune féministe se lève, très
rouge et, d'un air détaché, regagne sa
place habituelle.
Dans les couloirs où on discutait du
vote des femmes, un ministre érudit ob-
servait : « Aucun argument contre le vote
des femmes qui n'ait été employé par
Guizot, avant la révolution de 1848, con-
tre le suffrage universel. »
Metternich demandait à Guizot tom-
bé : « Pourquoi n'avez-vous pas accepté
lri réforme électorale ?
— Parce que, rétorqua Guizot, la mo-
narchie de juillet serait tombée. »
Seulement, Guizot était à Londres,
ainsi que Louis-Philippe quand il fit
cette réponse.
Affaires algériennes.
rr RConitH
Certes, nul ne
gnier, par sa gran-
de bravoure et par
sa haute taille, n'im.
pressionne vivement
les populations al.
gériennes. Il aura du
mal à rétablir sinon
l'ordre, du moins
la prospérité.
Les chiffres sui.
vnntii on fnnt fni
De 1927 à 1932, le nombre des citoyens
assujettis à l'impôt sur les bénéfices agri-
coles est passé de 639.109 à 129.812, tan-
dis que le produit de l'impôt tombait de
264.999.900 francs à 28.623.800 francs.
Voilà qui résume tragiquement une st-
tuation devant laquelle on n'a plus le
droit de rester inactif.
Messieurs les Anglais.
La conférence radio diffusée de M. John
Simon, organisée par le journal Le
Temps, a été on ne peut plus instructive
pour le public français. A la stupeur gé-
nérale, M. John Simon a dit que les mi-
nistres anglais, quand ils venaient à quit-
ter leur département, avaient l'habitude
de partir les mains vides et qu'aucun dos-
sier ministériel ne les suivait dans leur
retraite. Il a ajouté qu'on avait longtemps
critiqué l'institution des cabinets ministé.
riels en Angleterre en estimant que trop
de fonctionnaires autour d'un ministre fa-
vorisaient les fuites de documents et en
conclut qu'après trente ans de vie publi-
que, il avait pu constater que les fuites
en question n'étaient jamais venues d'un
membre ait cabinet ou de l'entourage du
ministre. Les amis personnels de M. Mal-
larmé ont éclaté en applaudissements.
M. John Simon a d'autre part insisté
~II'" la in 1t V 4rinlnfn.- 'ni',. r»„c riD
Si S .iOHM ,5(MOn
"S "'II;; '1-1 '* « #«*•>
constitution, mais un
ensemble d'usages
qu'il est d'ailleurs
toujours possible de
transgresser quand
l'intérêt public se
trouve en jeu. On
se demande si M.
John Simon a bien
médité les pages im-
mortelles de M. An-
dré Tardieu et de
ll. Gaston Doumergue sur la constitution
anglaise, qui existe nécessairement, puis.
que ceux-ci en parlent, et veulent même la
prendre en exemple.
Certains hommes politiques français qui
assistaient à cette causerie enviaient beau-
coup l'Angleterre d'avoir une constitution
aussi souple. Un très haut fonctionnaire
murmurait : « Chez nous, les lois sont
devenues tellement compliquées qu'on
peut dire que dans l'ensemble, elles jouent
contre l'ordre public ».
Une femme : 44 juges.
Il n'y a plus rien à faire pour attirer
les commissaires staviskards au travail,
sinon leur présenter une jolie femme.
Alors, mais alors seulement, ils consen-
tent à faire leur métier. Ainsi, Mme Su-
zanne Avril a-t-elle pu constater que sa
réputation de beauté était bien établie au
Palais-Bourbon. Elle est venue, on l'a vue,
nul n'a vaincu.
Quelques questions indiscrètes, une me-
nace de confrontation qui, sans doute, ne
sera pas tenue. Et passons la muscade. Ces
messieurs ne savent rien de plus, mais ils
ont tellement l'habitude !
Pourquoi ne pas convoquer, maintenant,
Lucette Aimeras, la dame des lavabos du
Claridge, la préposée au vestiaire du Fou-
quet's et les hétaïres que le beau Sacha
honora de ses faveurs ?
M. Ernest Lafont voit arriver avec ter-
reur la fin du premier trimestre. Il a
accepté de rédiger le rapport général sur
les affaires Staviski et, bien entendu, n'en
a pas écrit le premier mot. Alors, pour
gagner du temps, il déclare que le dossier
Galmot apporterait peut-être des éléments
utiles. C'est une idée. Mais, comme l'indi-
quait Jean Effel, il ne faut pas s'en tenir
là. M. Lafont devrait demander le dossier
du masque de fer et celui de Vnffaire
Naundorf, en attendant.
Echec au roi.
Il y a quelques jours, le roi Gustave
de Suède entra sur le court du Club Im-
périal à Nice.
Dix heures du matin.
Deux jeunes et charmantes jeunes filles
échangeaient quelques balles, d'une ra-
quette nonchalante.
Visiblement, elles eussent préféré quel-
que partenaire masculin pour animer un
peu le jeu.
A la vue du souverain, elles se préci-
pitèrent.
— De grâce, monsieur, une partie avec
nous.
Le temps de se débarrasser de son ves-
ton et le roi servait déjà sa première
balle.
Hélas ! en moins de dix minutes, le
royal tennisman fut battu.
Soudain, le chambellan intime de S. M.
fil irruption sur le court, s'approcha de
deux inconscientes et, furieux, leur révéla
l'identité de leur partenaire.
Emoi et confusion.
— Sire, dit la plus jeune, d'une voix
empreinte de la plus touchante humilité.
Pardonnez-nous. nous ne savions pas.
Recommençons !
Le roi força un peu son sourire.
— Non. non. Ne vous excusez pas.
Je vous en prie. Depuis que je suis sur
lit Côte d'Azur, je gagne tout le temps.
Cela me paraissait si étrange que je ne
suis pas fâché, pour une fois, d'avoir
perdu.
On cherche un grand homme.
On vient de représenter, à la Comédie-
Française, Madame Quinze, de M. Jean
Sarment, où Mme Mary Marquet joue le
rôle de Mme de Pompadour.
On sait que Mme Mary Marquet, qui
est peut-être une grande comédienne et à
coup sûr une comédienne grande. Le
metteur en scène est obligé de prévoir,
quand elle joue, des dispositifs d'esca-
liers et de praticables, sur lesquels se
juchent les acteurs mâles avec qui elle
dialogue.
Ce qui faisait dire à Tristan Bernard,
au sortir de cette générale :
— Je vais écrire une pièce spécialement
pour Mary Marquet. Elle sera amoureuse
d'un berger landais.
par Emmanuel Berl
~l
A question militaire était
depuis longtemps posée
par les armements de
l'Allemagne. On savait
que l'état-major jugeait
nécessaire le -retour au
service de deux ans. Le débat vient
d'être porté devant le public par un
grand article du maréchal Pétain et ne
peut plus être esquivé.
Ce débat, si grave, je souhaite qu'il se
déroule hors de toute démagogie. Je
souhaite qu'il ne devienne pas un débat
politique, puisque le mot politique, de
nos jours, signifie la triste rivalité des
clientèles et des clans. Je souhaite qu'il
ne devienne pas un débat électoral. Les
élections municipales approchent, les
élections sénatoriales suivront de près,
puis les élections générales. Etant de
ceux qui ne se portent candidats nulle
part, j'espère que le problème de la
Défense nationale ne sera pas traité par
rapport à elles.
Ce souhait, je n'ignore pas qu'il sera
difficilement exaucé. Dès qu'on discute
de l'armée en France, deux démagogies*
s'opposent : la démagogie de droite,
qui substitue à la question réelle « com-
ment nous défendre ? », la question
« voulons-nous être défendus ? »,
qui à toute critique répond : « Etes-
vous Français ou ne l'êtes-vous pas ? »
qui taxe aussitôt d'antipatriotisme toute
personne faisant la moindre réserve sur
les projets qu'elle désire défendre ; et
la démagogie « de gauche » qui n'est
pas moins forte, qui n'est pas moins
efficace et qui exploite la résistance na-
turelle des individus aux sacrifices
qu'on leur réclame. Démagogie de
droite spéculant sur la peur, démagogie
de gauche spéculant sur l'égoïsme :
l'une ne vaut pas mieux que l'autre et
l'une et l'autre ne sont que trop faciles
dans le pays à la fois très militaire et
très antimilitariste qu'est la France.
Très militaire, elle le demeure parce
que son sort a toujours été lié à son
armée, parce que. la Révolution lui a
enseigné de confondre le mot soldat et
le mot patriote ; très antimilitariste,
elle le demeure parce qu'elle n'aime pas
la discipline, et surtout parce qu'elle
croit, non sans raison, que l'armée est
le lieu du gâchage : gâchage d'argent,
gâchage de temps. La France est le pays
de Lyautey et le pays de Courteline, le
pays de Déroulède et le pays de Bach.
Rien donc de plus facile que d'attiser
les passions a propos du débat militaire.
Cette besogne, je ne la ferai pas. La
question de Farinée ne doit pas être
traitée dans l'esprit de la politique. Elle
doit l'être dans cet esprit de « plan »
que par toute l'Europe l'opinion de
plus en plus réclame. La durée du
temps de service ne constitue pas en soi
un problème, mais bien la défense et
d'abord le salut du pays. Les chefs mi-
litaires affirment que les fortifications
créées par Maginot réclament un nom-
bre de soldats plus grand que celui qui
s'y trouve aujourd'hui : ils affirment
que la défense du territoire exige, à
raison des classes creuses, un renforce-
ment d'effectifs des classes creuses. On
ne saurait, de bonne foi, contester leur
arithmétique.
Mais, si on a besoin de soldats, pour-
quoi n'avoir pas profité du chômage
afin de faciliter les rengagements ?
Beaucoup de personnes dignes de foi
affirment que l'état-major n'a pas
rendu les rengagements aussi faciles
qu'il aurait pu et cela précisément parce (
qu'il souhaitait le service de deux ans.
C'est ainsi qu'avant-guerre, il ne tira
pas de la loi de deux ans tout le rende-
ment possible parce qu'il voulait le
retour aux trois ans. Qu'on vote ou
qu'on ne vote pas les deux ans (et pour
ma' part, je suis persuadé qu'on les
votera), si le fait est exact, c'est là, de
la part des militaires, une mauvaise po-
litique. L'armée moderne, de plus en
plus motorisée, a de plus en plus besoin
de spécialistes. Certains ne seront pas
beaucoup mieux formés en deux ans
qu'en un an. L'armée moderne dans
une large mesure, devient usine ; il
faut des ingénieurs de l'armée comme
il y a des ingénieurs de la marine, il'
faut des contremaîtres, il faut des ou-
vriers militaires. Frossard affirme qu'on
aurait pu en trouver quatre-vingts mille
si on l'avait réellement voulu, si on
avait suscité les rengagements par une
propagande réelle. Pourquoi, en fout
état de cause, ne pas le faire et pour-
quoi ne l'avoir point fait!?
Il est impossible à quiconque a fait
la guerre de ne pas se rappeler que la
loi de trois ans n'a point pallié les in-
convénients qui résultaient de l'insuffi-
sance du matériel : carence des avions,
carence des canons, carence des mitrail-
leuses. Croit-on que nous ayons oublié ?
Emmanuel Berl.
i
(Suite en 2e page.)
16 pages — 75 centimes
Mercredi 6 Mars 1935
GRAND HEBDOMADAIRE LITTÉRAIRE ILLUSTRÉ
5, Rue Sébastien-Bottin, Pari; (7")
1 Direciftur : Emmanuel B E R L
MEUBLES
GaLERIES
BARBES
ss Boul. Barbès
PARIS - 08')
BON
à découper et à faire parvenir aux
GALERIES BARBES, 55, b Barbés,
Paris (IBC), pour recevoir .gratui-
tement : 1° l'Album général
d'Ameublement 2° l'Album de
literie, divans, studios et mobiliers
sacrifiés. 588
Rayer la mention inutile.
DANS CE NlIMERO:
L'ERMITE DE
GALAMUS
Reportage inédit
de Jacques Roberti
Le Gala de l'Union
par Carlo Rim
RANÇON -
Nouvelle inédite
par Suzanne Normand
et
Carnaval, pas mort!
une page de dessins de
JEAN EFFEL
Louis
Lumière
LI
E 28 décembre 1895. Une pan-
carte arrête les passants devant la
terrasse du Grand Café, 14, boule-
vard des Capucines ; elle les invite aux
premières séances publiques consacrées
à la présentation d'un nouvel appareil
réalisant la projection de vues animées,
le cinématographe Lumière. Le prix des
places est fixé à un franc, et la recette
de la première journée s'élève à trente-
cinq francs ; un mois après l'ouverture,
on enregistre plus de deux mille entrées
par jour, et c'est la naissance d'une in-
dustrie formidable. Elle bénéficie, à
l'heure actuelle, des incessants progrès
accomplis au cours de quarante ans
d'existence, mais l'exploitation de la
petite salle du Grand Café comportait
déjà tous les éléments essentiels d'une
exploitation moderne. Louis Lumière,
en effet, bien secondé par son père,
photographe renommé, et par son
frère Auguste, ne s'était pas contenté
d'établir le premier appareil de projec-
tion permettant à tout un public de
suivre sur un écran des scènes de pho-
tographies animées; il est sans conteste
le doyen des auteurs de films, des met-
teurs en scène et des opérateurs. Dès
les premières séances publiques, un
programme fort varié avait été com-
posé ; la longueur des bandes ne
dépassait pas dix-sept mètres, et la pro-
jection des huit ou dix films constituant
ce programme demandait ainsi une
vingtaine de minutes. Les séances com-
mençaient aux heures et aux demies,
le matin de dix heures à onze heures
et demie, l'après-midi de deux heures
à six heures et demie, et le soir de
vingt heures à vingt-trois heures. Parmi
les films les plus anciens, on peut rap-
peler l'Arrivée d'un train, qui effrayait
quelque peu les spectateurs impres-
sionnables, la Sortie des ouvriers de la
maison Lumière qui fut la toute pre-
mière bande, la Partie d'écarté, etc.
Certaines controverses ont eu lieu, il
y a quelques années, à propos de l'in-
vention de l'appareil cinématographi-
que : chaque invention importante a
donné naissance à de semblables débats,
et par exemple la machine de Watt,
premier engin à vapeur d'un usage réel-
lement pratique, a été précédée des
recherches de Papin, Newcomen, etc. Ce
n'est pas diminuer le mérite de Louis
Lumière que de rappeler les travaux de
Marey, Demeny, Edison, etc.
Il est d'ailleurs incontestable qu'il fut
le premier à établir un appareil capable
d'assurer une exploitation vraiment
commerciale ; d'autrè part, ainsi que
le prouvent les faits rappelés plus haut,
il n'a pas seulement imaginé un appa-
reil, il a réellement créé de toutes piè-
ces l'industrie cinématographique ac-
tuelle.
Sorti premier de l'école de la Marti-
ni ère de Lyon, il entra vers 1880 dans
l'atelier photographique de son père,
qui fondait deux ans plus tard la célè-
bre usine de Monplaisir. Son esprit in-
ventif le conduisit bientôt à des perfec-
tionnements importants dans la prépa-
ration d'émulsions sensibles au bromure
d'argent qui assurèrent la prospérité
des nouveaux établissements. Les frères
Auguste et Louis Lumière, associés dans
la direction d'une affaire sans cesse
grandissante, organisèrent des labora-
toires où ils purent entreprendre les
études les plus variées, soit en vue
d'étendre les fabrications de leur usine,
soit pour satisfaire leur goût des re-
cherches.
J. Bethenod.
(Suite én 28 page.)
Sllenee oqu\ DtonDD4Mpmpiiro$ !
--,- "'-'--:-:-~,"'---~y- LA FRANCE IMPÉRIALE
M. Régnier, Ministre de l'Intérieur, part en tournée pour rétablir le prestige français en Afrique du Nord
a
leJÏtcnde canine ifluza
La folle journée.
La semaine parlementaire s'est terminée
en beauté. Ce n'est pas tous les jours que
l'on s'occupe « de ce sexe charmant à
qui je dois le jour ». Les femmes veulent
voter ? Les députés sont-ils de cet avis ?
Tel était le problème posé. Voyons un
peu comment on ne l'a pas résolu.
Vendredi seize heures. Dans les tri.
bunes, des femmes, rien que des femmes.
Attentives, curieuses, passionnées, déci-
dées au besoin à manifester, à chahuter
le pion qui, en l'espèce, est M. Blaisot
Camille. Les états-majors de toutes les or-
ganisations féministes sont là, et Mlle
Louise Weiss, comme un vieux parlemen.
taire, fait les couloirs avec autorité, ral.
liant les hésitants, et terrifiant les timides.
Le premier acte est déjà mouvementé.
On appelle les signataires partisans de la
discussion immédiate, et le public saura
;/, BARETY
ainsi que Min. Can-
dace et Galandou
Diouf sont noirs, fé-
ministes et chéris de
leurs collègues, que
MM. Barbot et
Couillerot, féminis-
tes eux aussi, re-
cueillent une belle
ovation, tandis que
le nom de M. Phi-
lippe tlenriot est
salué des cris : « A Bordeaux ! »
M. Baréty n'est pas féministe. Il pour-
rait s'en défendre, tant sa position est va-
gue ; mais un féministe serait plus ar-
dent à soutenir la réforme proposée, alors
que, selon le mot d'un de ses collègues,
Baréty, c'est un orateur qui vous donne
des coups d'édredon.
M. Duval-Arnould, avec son air altier
d'Œdipe égaré aux Quatre-Colonnes, sa
mèche, sa haute stature, et son air véné-
rable, ne rencontre pas généralement le
succès auquel il croit avoir droit. Heu-
nusement que certains de ses collègues
viennent parfois à son secours. Témoin
M. Graziani, qui, pour faire cesser les
clameurs, cria : « Laissez-le parler : il
a les pieds mouillés ! »
Car nul n'ignore, au Palais-Bourbon,
que M. Duval-Arnould est surtout connu
sous le surnom de « zouave du pont de
l'Alma ».
Frossard a raillé sans pitié les ouvriers
— ét ouvrières — de la 13e heure, qui
veulent engager les expériences du vote
féminin dans les conditions les plus mau-
vaises qu'on puisse rêver. La Chambre
était très divisée. De fait, si elle penche
f
pokr le vote des femmes, c'est pour un
motif très simple.
Les socialistes ayant décidé de voter
contre, les néos étaient conduits à voter
pour.
Et voilà comment s'écrit l'histoire par-
lementaire.
Les femmes ont
choisi pour ce dé-
bat, un avocat char-
mant, mais un peu
mince. Il s'agit de
M. Fayssat, député
des Alpes-Mariti-
mes, d'ailleurs très
parisien.
Le discours qu'il
prononce l'enivre si
T R O S A R. D
profondément qu'en
descendant de la tribune, il s'assoit bru-
tentent au banc du président du Conseil
Et Frossard, goguenard, de s'écrier :
— Le débat aura au moins un résul-
tat : c'est de placer M. Fayssat au gou-
vernement.
Alors, le jeune féministe se lève, très
rouge et, d'un air détaché, regagne sa
place habituelle.
Dans les couloirs où on discutait du
vote des femmes, un ministre érudit ob-
servait : « Aucun argument contre le vote
des femmes qui n'ait été employé par
Guizot, avant la révolution de 1848, con-
tre le suffrage universel. »
Metternich demandait à Guizot tom-
bé : « Pourquoi n'avez-vous pas accepté
lri réforme électorale ?
— Parce que, rétorqua Guizot, la mo-
narchie de juillet serait tombée. »
Seulement, Guizot était à Londres,
ainsi que Louis-Philippe quand il fit
cette réponse.
Affaires algériennes.
rr RConitH
Certes, nul ne
gnier, par sa gran-
de bravoure et par
sa haute taille, n'im.
pressionne vivement
les populations al.
gériennes. Il aura du
mal à rétablir sinon
l'ordre, du moins
la prospérité.
Les chiffres sui.
vnntii on fnnt fni
De 1927 à 1932, le nombre des citoyens
assujettis à l'impôt sur les bénéfices agri-
coles est passé de 639.109 à 129.812, tan-
dis que le produit de l'impôt tombait de
264.999.900 francs à 28.623.800 francs.
Voilà qui résume tragiquement une st-
tuation devant laquelle on n'a plus le
droit de rester inactif.
Messieurs les Anglais.
La conférence radio diffusée de M. John
Simon, organisée par le journal Le
Temps, a été on ne peut plus instructive
pour le public français. A la stupeur gé-
nérale, M. John Simon a dit que les mi-
nistres anglais, quand ils venaient à quit-
ter leur département, avaient l'habitude
de partir les mains vides et qu'aucun dos-
sier ministériel ne les suivait dans leur
retraite. Il a ajouté qu'on avait longtemps
critiqué l'institution des cabinets ministé.
riels en Angleterre en estimant que trop
de fonctionnaires autour d'un ministre fa-
vorisaient les fuites de documents et en
conclut qu'après trente ans de vie publi-
que, il avait pu constater que les fuites
en question n'étaient jamais venues d'un
membre ait cabinet ou de l'entourage du
ministre. Les amis personnels de M. Mal-
larmé ont éclaté en applaudissements.
M. John Simon a d'autre part insisté
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Si S .iOHM ,5(MOn
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constitution, mais un
ensemble d'usages
qu'il est d'ailleurs
toujours possible de
transgresser quand
l'intérêt public se
trouve en jeu. On
se demande si M.
John Simon a bien
médité les pages im-
mortelles de M. An-
dré Tardieu et de
ll. Gaston Doumergue sur la constitution
anglaise, qui existe nécessairement, puis.
que ceux-ci en parlent, et veulent même la
prendre en exemple.
Certains hommes politiques français qui
assistaient à cette causerie enviaient beau-
coup l'Angleterre d'avoir une constitution
aussi souple. Un très haut fonctionnaire
murmurait : « Chez nous, les lois sont
devenues tellement compliquées qu'on
peut dire que dans l'ensemble, elles jouent
contre l'ordre public ».
Une femme : 44 juges.
Il n'y a plus rien à faire pour attirer
les commissaires staviskards au travail,
sinon leur présenter une jolie femme.
Alors, mais alors seulement, ils consen-
tent à faire leur métier. Ainsi, Mme Su-
zanne Avril a-t-elle pu constater que sa
réputation de beauté était bien établie au
Palais-Bourbon. Elle est venue, on l'a vue,
nul n'a vaincu.
Quelques questions indiscrètes, une me-
nace de confrontation qui, sans doute, ne
sera pas tenue. Et passons la muscade. Ces
messieurs ne savent rien de plus, mais ils
ont tellement l'habitude !
Pourquoi ne pas convoquer, maintenant,
Lucette Aimeras, la dame des lavabos du
Claridge, la préposée au vestiaire du Fou-
quet's et les hétaïres que le beau Sacha
honora de ses faveurs ?
M. Ernest Lafont voit arriver avec ter-
reur la fin du premier trimestre. Il a
accepté de rédiger le rapport général sur
les affaires Staviski et, bien entendu, n'en
a pas écrit le premier mot. Alors, pour
gagner du temps, il déclare que le dossier
Galmot apporterait peut-être des éléments
utiles. C'est une idée. Mais, comme l'indi-
quait Jean Effel, il ne faut pas s'en tenir
là. M. Lafont devrait demander le dossier
du masque de fer et celui de Vnffaire
Naundorf, en attendant.
Echec au roi.
Il y a quelques jours, le roi Gustave
de Suède entra sur le court du Club Im-
périal à Nice.
Dix heures du matin.
Deux jeunes et charmantes jeunes filles
échangeaient quelques balles, d'une ra-
quette nonchalante.
Visiblement, elles eussent préféré quel-
que partenaire masculin pour animer un
peu le jeu.
A la vue du souverain, elles se préci-
pitèrent.
— De grâce, monsieur, une partie avec
nous.
Le temps de se débarrasser de son ves-
ton et le roi servait déjà sa première
balle.
Hélas ! en moins de dix minutes, le
royal tennisman fut battu.
Soudain, le chambellan intime de S. M.
fil irruption sur le court, s'approcha de
deux inconscientes et, furieux, leur révéla
l'identité de leur partenaire.
Emoi et confusion.
— Sire, dit la plus jeune, d'une voix
empreinte de la plus touchante humilité.
Pardonnez-nous. nous ne savions pas.
Recommençons !
Le roi força un peu son sourire.
— Non. non. Ne vous excusez pas.
Je vous en prie. Depuis que je suis sur
lit Côte d'Azur, je gagne tout le temps.
Cela me paraissait si étrange que je ne
suis pas fâché, pour une fois, d'avoir
perdu.
On cherche un grand homme.
On vient de représenter, à la Comédie-
Française, Madame Quinze, de M. Jean
Sarment, où Mme Mary Marquet joue le
rôle de Mme de Pompadour.
On sait que Mme Mary Marquet, qui
est peut-être une grande comédienne et à
coup sûr une comédienne grande. Le
metteur en scène est obligé de prévoir,
quand elle joue, des dispositifs d'esca-
liers et de praticables, sur lesquels se
juchent les acteurs mâles avec qui elle
dialogue.
Ce qui faisait dire à Tristan Bernard,
au sortir de cette générale :
— Je vais écrire une pièce spécialement
pour Mary Marquet. Elle sera amoureuse
d'un berger landais.
par Emmanuel Berl
~l
A question militaire était
depuis longtemps posée
par les armements de
l'Allemagne. On savait
que l'état-major jugeait
nécessaire le -retour au
service de deux ans. Le débat vient
d'être porté devant le public par un
grand article du maréchal Pétain et ne
peut plus être esquivé.
Ce débat, si grave, je souhaite qu'il se
déroule hors de toute démagogie. Je
souhaite qu'il ne devienne pas un débat
politique, puisque le mot politique, de
nos jours, signifie la triste rivalité des
clientèles et des clans. Je souhaite qu'il
ne devienne pas un débat électoral. Les
élections municipales approchent, les
élections sénatoriales suivront de près,
puis les élections générales. Etant de
ceux qui ne se portent candidats nulle
part, j'espère que le problème de la
Défense nationale ne sera pas traité par
rapport à elles.
Ce souhait, je n'ignore pas qu'il sera
difficilement exaucé. Dès qu'on discute
de l'armée en France, deux démagogies*
s'opposent : la démagogie de droite,
qui substitue à la question réelle « com-
ment nous défendre ? », la question
« voulons-nous être défendus ? »,
qui à toute critique répond : « Etes-
vous Français ou ne l'êtes-vous pas ? »
qui taxe aussitôt d'antipatriotisme toute
personne faisant la moindre réserve sur
les projets qu'elle désire défendre ; et
la démagogie « de gauche » qui n'est
pas moins forte, qui n'est pas moins
efficace et qui exploite la résistance na-
turelle des individus aux sacrifices
qu'on leur réclame. Démagogie de
droite spéculant sur la peur, démagogie
de gauche spéculant sur l'égoïsme :
l'une ne vaut pas mieux que l'autre et
l'une et l'autre ne sont que trop faciles
dans le pays à la fois très militaire et
très antimilitariste qu'est la France.
Très militaire, elle le demeure parce
que son sort a toujours été lié à son
armée, parce que. la Révolution lui a
enseigné de confondre le mot soldat et
le mot patriote ; très antimilitariste,
elle le demeure parce qu'elle n'aime pas
la discipline, et surtout parce qu'elle
croit, non sans raison, que l'armée est
le lieu du gâchage : gâchage d'argent,
gâchage de temps. La France est le pays
de Lyautey et le pays de Courteline, le
pays de Déroulède et le pays de Bach.
Rien donc de plus facile que d'attiser
les passions a propos du débat militaire.
Cette besogne, je ne la ferai pas. La
question de Farinée ne doit pas être
traitée dans l'esprit de la politique. Elle
doit l'être dans cet esprit de « plan »
que par toute l'Europe l'opinion de
plus en plus réclame. La durée du
temps de service ne constitue pas en soi
un problème, mais bien la défense et
d'abord le salut du pays. Les chefs mi-
litaires affirment que les fortifications
créées par Maginot réclament un nom-
bre de soldats plus grand que celui qui
s'y trouve aujourd'hui : ils affirment
que la défense du territoire exige, à
raison des classes creuses, un renforce-
ment d'effectifs des classes creuses. On
ne saurait, de bonne foi, contester leur
arithmétique.
Mais, si on a besoin de soldats, pour-
quoi n'avoir pas profité du chômage
afin de faciliter les rengagements ?
Beaucoup de personnes dignes de foi
affirment que l'état-major n'a pas
rendu les rengagements aussi faciles
qu'il aurait pu et cela précisément parce (
qu'il souhaitait le service de deux ans.
C'est ainsi qu'avant-guerre, il ne tira
pas de la loi de deux ans tout le rende-
ment possible parce qu'il voulait le
retour aux trois ans. Qu'on vote ou
qu'on ne vote pas les deux ans (et pour
ma' part, je suis persuadé qu'on les
votera), si le fait est exact, c'est là, de
la part des militaires, une mauvaise po-
litique. L'armée moderne, de plus en
plus motorisée, a de plus en plus besoin
de spécialistes. Certains ne seront pas
beaucoup mieux formés en deux ans
qu'en un an. L'armée moderne dans
une large mesure, devient usine ; il
faut des ingénieurs de l'armée comme
il y a des ingénieurs de la marine, il'
faut des contremaîtres, il faut des ou-
vriers militaires. Frossard affirme qu'on
aurait pu en trouver quatre-vingts mille
si on l'avait réellement voulu, si on
avait suscité les rengagements par une
propagande réelle. Pourquoi, en fout
état de cause, ne pas le faire et pour-
quoi ne l'avoir point fait!?
Il est impossible à quiconque a fait
la guerre de ne pas se rappeler que la
loi de trois ans n'a point pallié les in-
convénients qui résultaient de l'insuffi-
sance du matériel : carence des avions,
carence des canons, carence des mitrail-
leuses. Croit-on que nous ayons oublié ?
Emmanuel Berl.
i
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