Titre : Paris-soir
Éditeur : s.n. (Paris)
Date d'édition : 1927-08-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34519208g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 août 1927 03 août 1927
Description : 1927/08/03 (A5,N1397,ED2). 1927/08/03 (A5,N1397,ED2).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG31 Collection numérique : BIPFPIG31
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76371822
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-235
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/01/2015
25 cent.
DEUXiÈME ÉDITION
6 pages
, ;1
..,
1927 Cinquième année N' 1.397
MERCREDI 3 AOUT
DIRECTION « REDACTION
ADMINISTRATION
et
U parïs- Soîr - publicité
Boulevard Montmartre, Paris
lèlêphone : SHTES3. 67-82. 67-33, LOUVRE 20-41, 28-05
IIdr. Ulégr. ; PARIS-SOIR-PARIS. Chèque postal N° 89-643
Pertelle m'a dit.
,
Je viens de bavarder, un moment,
avec Mlle Claudette, candidate
malheureuse à la dotation généreuse
de l'Américaine, Mme Bell, que M.
Mourier vient d'attribuer* à dix jeu-
nes Parisiennes, .particulièrement di-
gnes et soucieuses de fonder un
foyer. 5.000 francs leur seront payés
sitôt leur mariage et 5.000 après, si
le ménage est resté unit.
Mlle Claudette n'a pas d'amertume.
Tout au plus un peu de mélancolie ;
mais elle s'est fait une raison :
— Il y a certainement de plus mé-
ritantes que moi. Je ne suis qu'un
petit bout de femme sans impor-
tance. D'ailleurs, le monsieur venu
ienquêter m'a dit qu'il y avait eu
150 demandes pour 10 dots. Pensez
donc : une chance sur 15 !
» Ce qui m'a fait plaisir, c'est
qu'on n'a pas trop choisi de manne-
quins et de dactylos. De braves filles,
je ne le nie pas, mais elles ont la vie
moins rude que nous et, depuils quel-
que temps, on ne choisit presque plu?
qu'elles pour les royautés populai-
res. On dédaigne l'alimentation. »
Mlle Claudette a prononcé ce mot
kvec orgueil. Elle a, en effet, la fierté
de son emploi : demoiselle de bou-
tique dans' une crémerie. Elle a
même sa coquetterie professionnelle:
tablier bien blanc, corsage de tri'cot
bleu canard, citron ou lilas, tradition
de la corporation. On' laisse aux de-
moiselles de charcuterie, rivales dans
ce genre d'élégance, le, tri:cot saumon,
yert jade ou groseille. Mlle Claudette
a la nuque rasée, les cheveux courts
mais sans outrance, les talons hauts,
des bas simili-soie et les bras nus, à
« fleur de coude >> comme elle dit.
Ses mains sont impeccables et ses
jongles faits.
— Je suis « rincée », affirme-t-elle
avec satisfaction. Elle a même, sur
ses joues fraîches, un rien de pou-
dre, mais ne risque pas de parfum,
comme elle aimerait :
— C'est à cause des cœurs à la
£rème qui s'en ressentiraient !
Car elle a, chaque matin, la noble
mission da pétrir des cœurs.
- Pas des cœurs d'hommes 1 rec-
Utfte-t-elle tout de suite. Mais c'est
bien plus difficile. Tout un art, mon-
sieur, de les battre à point, avec la
crème. Ils sont célèbres dans le quar-
tier. J'en aligne cent quinze, en ce
moment. Ça me fait les bras, comme
ma tournée, ensuite, me fait les
pieds !
Mlle Claudette, enfant de Paris, a
de ces locutions familières.
Et j'aii voulu connaître un peu
l'horaire de travail dç .cettç. ~nti~e
abeille laborieuse :
— Lever à 5 heures. Heure 'épa-
tante, dit-elle, où tout le monde dort
dans les maisons. Il n'y a que moi
qui grimpe les étages en brinqueba-
lant mes bouteilles à lait. C'est toute
une comptabilité — mais j'étais
calée en calcul, quand j'étais môme
- et c'est aussi', parfois, une corres-
pondance. « Pas de lait demain. Je
qu'absente ». Evidemment, la dame
,va chez son amoureux 1 « Double
ration, demain. » Parbleu ! le mon-
sieur reçoit sa petite amie. « Un li-
tre et demi au lieu d'un demi », ça
y est, le moutard est mis au biberon.
,« La bouteille est cassée, un acci-
aent ! » Tu parles ; ils se la sont
flanquée à la tête !
» Moi aussi je mets des mots : par
exemple, à la veille de la Chande-
leur : « Avec les souhaits de votre
petite crémière dévouée qui vous
rappelle respectueusement la date
des crêpes porte-bonheur, dont elle
peut vous fournir tous les éléments. »
» Autrefois, ce jour-la, avec la
commande, on mettait une petite
pièce de monnaie. Les bonnes tradi-
tions se perdent, monsieur.
» J'ai calculé : le lait à porter dans
15 maisons, 4 étages en moyenne,
1.000 marches à monter. Autant à
descendre. Il paraît que c'est excel-
lent pour avoir les chevilles fines.
» Après cette gymnastique, je
basse la croûte. Ensuite, haut les
coeurs ! Du moins les coeurs à la
crème. A 7 h. et quart, tout doit être
aligné, par files de six, sur une
fraude table, et, en avant le nettoyage
de la boutique, aveo Agathe, ma
complice ! Hardi petite ! Eau chaude.
Savon: Balaf. Toilette des fromages
- pas mes cœurs — les autres, les
solennels. Pendant qu'Agathe fait la
devanture, j'installe les oeufs et je
les débarbouille au besoin.
On ne doit trouver sur les oeufs
Nulle tache, même légère,
me répète, je ne sais pourquoi, un
vieux maniaque qui doit être un
poète.
» A ce moment, petite leçon quoti-
dienne d'arithmétique par la direc-
tion. Dans les Beurres et œufs, les
prix sont plutôt changeants. Atten-
tion, ma fille à tes calculs 1 Le beurre
ordinaire a monté d'un sou et le fin
de deux. Le brie a diminué de trois,
mais le demi'-sel a monté d'un. Le lait
ést à vingt-neuf le litre, ce qui met
lé demi-hj-re à quinze, un jour sur
sur deux. Faut se rappeler. Faut se
rappeler aussit les gens qui ont une
petite note en souffrance et avoir le
sourire commercial, même avec les
personnes grincheuses.
» Vers dix heures, après le coup
de presse: portage en ville. Comman-
des importantes. Dix douzaines d'œufs
à l'hôpital au bout de la rue. Quinze
fromages au bout de la rue, mais ce
n'est pas le même bout. Et ne pas ou-
blier Madame Chose, la chère dame
qui, à cause de l'excellence de nos
produits, nous a conservé sa clien-
tèle. Elle n'habite même pas l'arron-
dissement.
« Déjeuner sur le pouce. J'ai cal-
culé que je sers en moyenne dix
personnes, tout en déjeunant. Mais
ça tasse la digestion, m'a expliqué
Agathe. Après déjeuner, renettoyagé
de la boutique, puis parenthèse pour
me changer et rêver un brin. J'aime
rêver. Je grimpe à mon septième —
oui monsieur, au septième, tout près
du ciel. J ai' organisé un vieux tub
et je prends une douche. Faut être
fraîche, pas vrai, après un pareil ou-
vrage ! Linge, propre. Soupçon de
poudre. Et je redescends accueillir
le monde. Coup de presse'de 5 à- 8.
t.
Alors, on songe à dîner. Je range la
boutique, et c'est moi qui ai l'hon-
neur de manœuvrer la devanture, de-
puis qu'Agathe s'est pincé les doigts.
- Et cela fait, mademoiselle Clau-
dette, combien d'heures, au total ?
— Je n'ai jamais pris le soin de
compter.
J'ai admiré ce mot charmant de
cette brave fille, pourtant si bonne
calculatrice, par ailleurs.
— Mais vos joies personnelles, di-
tes-moi ?
— Quand j'ai fini, je vais voir
grand-père et grand'mère. Je n'ai
plus qu'eux, ayant été orpheline
toute mioche. Ces bons vieux m'ai-
ment bien, et comrpe je suils libre
seulement tard, ils m'attendent. Je
joue aux cartes avec eux, et tous les
quinze jours où j'ai un après-midi
de sortie, je les emmène au cinéma.
— Ils ont des moyens Y
— Pas trop. Je leur repasse mes
mois. Faut bien. Je touche 260. Je
garde pour moi les 60. Dame, faut
être juste : ils m'ont élevée. Je suis
en place depuis neuf ans. Ce que ça
en fait de cœurs à la crème que j'ai
battus l
— Et votre cœur à vous, dans tout
cela ?
- Je suis sentimentale, je vous l'ai
dit. Eugène, le deuxième garçon de
la charcuterie à côté, est sentimen-
tal aussi. On ne s'est rien dit encore,
mais j'ai idée qu'on se le dira. Nous
autres, nous nous marions dans nos
milieux. Ça vaut mieux, n'est-ce pas,
monsieur 1
— Evidemment, cela vaut miteux.
Mais, dites-moi, quand cet enquêteur
est venu pour votre candidature à la
dotation, avez-vous expliqué que
vous faisiez vivre, avec vos gains
modestes, vos grands-parents ?
- M,a foi non, monsieur, j'ai ou-
blié !.
Et j'ai trouvé cet oubli-là très
chic, de la part de Mlle Claudette,
symbole, symbole consolant, ne trou-
vez-vous pas ?
Henry de FORGE.
LE CHOMAGE REPREND
Dans la métallurgie *
la couture et la mode
des maisons ferment
pour plusieurs jours
Voici venue la. saison des vacances,
saison de repos et de joie. saison de
misère aussi pour beaucoup. Tandis
qu'on s'amuse sur les places élégantes
et qu'aux grincements du jazz-band on
dansera dans les casinos, d'autres, en
vacances forcées, manqueront de tra-
vail, et peut-être de pain.
De nombreuses usines métallurgiques
viennent en effet de prévenir leur per-
sonnel qu'on chômerait quelques jours
durant le mois d'août. La raison? Cet
hiver, c'était l'inventaire ; maintenant,
ce sont les vacances. Toujours est-il que,
dans une grande maison d'automob'les
de la rivé gauche, la proportion des ou-
vriers mis « en congé », ou qui vont
l'être, est de quinze à vingt mille. Une
affiche-circulaire a prévenu le personnel
que les usines seraient fermées du six
au Quinze août inclus.
Malheureusement, un grand nombre
de maisons ont pris des décisions ana-
logues — décisions dont les conséquen-
ces sont aggravées par ce fait que, dans
beaucoup d'entre elles, on avait déjà di-
minué le nombre d'heures quotidiennes
de travail, et même le nombre de jours.
Voici donc, au moment où, l'été venu,
la situation économique apparemment
stabilisée, on espérait voir rapidement s'é-
teindre le chômage, voici qu'il s'accroît
de nouveau.
Dans la couture également, dans la
mode. des ouvrières sont licenciées. Un
grand nombre d'usines de. cartonnage
ou de cuir sont touchées également.
Dans quelques jours, des milliers, des
dizaines de milliers d'ouvriers et d'ou-
vrières vont se trouver sur le pavé.
Figureront-ils sur ,les statistiques de
chômage? Le mot « vacances Il, qui sert
aux patrons à masquer leur petite ma-
rceuvro, servira-t-il aussi au ministre du
Travail à négliger dans ses comptes ces
chômeurs d'été ?
L'activité du Vésuve
diminue
Naples, 2 août. — Durant les dernières
24 heures, l'activité du Vésuve, en ce
qui concerne les phénomènes explosifs,
a considérablement diminué, mais, par
contre, l'effusion de lave s'est maintenue
et s'est même accentuée par instants.
Une nouvelle coulée, poursuivant sa
route dans la vallée d'Enfer, forme deux
magnifiques cascades de feu d'une lar-
geur de 400 mètres.
L'OFFENSIVE 1
Nous avons déjà dit que certains cou-
turiers américains tentent une of-
fensive contre la jupe courte. Et ils
en reviennent, on le voit par cette
photo. à la robe large d'organdi qui
était très à ici mode en France. l'an
dernier. Il lèur faudra trouver autre
chose pour attaquer, avec une chance
de succès, les couturiers parisiens.
AU CONGRÈS DE L'INTERNATIONALE SYNDICALE
Particularisme britannique
La séance de ce matin a été prise par
l'exposé du rapport moral de l'organisation
Nos amis anglais son décidément les
enfants terribles des assemblées in-
ternationales quel qu'en soit l'objet.
Qu'il s'agisse de rédiger un traité
de paix, d'établir un statut économi-
que entre des nations ou d'orienter
le monde dans la "voie du désarme-
ment, ils sont volontiers exigeants.
pour les autres. Mais. leur égoïsme
insulaire se manifeste à tout propos
et même hors de propos.
Les délégués anglais aime volon-
tiers mettre les pieds sur la table.
La conférence syndicale qui ras-
semble actuellement au Grand-Pa-
lais les délégués ouvriers de vingt-
huit nations en fournit un nouvel
exemple.
Elle groupe actuellement plus de
quinze millions d'adhérents dans les
nations européennes. Elle commence
à attirer à elle les travailleurs de ces
vastes réservoirs de matériel hu-
main que sont les pays neufs du Sud-
Amérique, le Canada, l'Afrique du
Sud.
Dans notre vieille Europe, en
France, en Allemagne, en Pologne, en
Autriche, en Tchécoslovaquie, les ou-
vriers, groupés dans leurs organisa-
lions corporatives, constituent un
rempart solide contre l'expansion du
bolchevisme destructeur.
Aussi l'Internationale « rouge », de
Moscou, pâle et obéissant reflet de
la troisième internationale, s'est-elle
efforcée de détruire, de pénétrer ou
d'annexer cette organisation.
Toutes les tentatives « moscou-
taires » se sont brisées jusqu'ici
contre la volonté bien réfléchie des
représentants ouvriers européens..
M. Purcell, que l'Internationale a
choisi comme président, n'ignore
rien de cette lutte parfois violente
entre les deux groupements rivaux.
Mais M. Purcell est Anglais.
Isolés dans leur île, les Britanni-
ques, sont — ou se croient — à l'abri
de la menace soviétique. Ils combat-
tent d'ailleurs énergiquement le bol-
chevisme comme article d'importa-
tion à leur usage. Hier encore, le
leader travailliste, J.-H. Thomas,
dénonçait ses méfaits avec violen-
ces. Les grandes corporations an-
glaises, cheminots, mineurs, résis-
tent énergiquement aux manœuvres
des « minoritaires » qui sympathi-
sent avec Moscou.
M. Purcell appartient justement à
cette minorité. Au cours d'un voyà-
ge en Russie, il a été touché par la
grâce soviétique, ce qtti ne l'a d'ail-
leurs pas mis à l'abri des injures et
des brocards des communistes.
Peut-être le tact le plus élémentai-
re commandait-il au président de
l'Internationale, hôte de la C. G. T.
française, qui vient de se défendre
victorieusement contre l'emprise bol-
chevique, dé ne pas étaler ses senti-
ment pseudo « unitaires) dans son
discours inaugural.
Cela, du moins, lui eut épargné le
désaveu brutal que M. Jouhaux lui
infligea hier, au nom des autres
membres du bureau et atix applau-
dissements des congressistes.
L'attitude indignée ou simplement
ironique des représentants syndicaux
de l'Europe Centrale, devant la ha-
rangue présidentielle, montre du res-
te, de la façon la plus nette, que les
syndicalistes de ces pays sont les plus
résolus à ne pas se laisser contaminer.
Les quatre millions et demi de
syndiqués allemands, les millions
d'ouvriers autrichiens, tchèques, po-
lonais, sont payés pour savoir ce que
coûte aux classes ouvrières les agi-
tations fomentées sur l'ordre des So-
viets.
Ce que les Anglais estiment par-
faitement indésirable chez eux, n'est
pas davantage acceptable, comme ar-
ticle d'exportation à l'usage des pays
.continentaÍtx.
Si la question est posée devant le
Congrès, la réponse des représentants
ouvHers européens ne se fera pas at-
tendre. Ils répudieront énergique-
ment toute collusion avec ce syndi-
calisme « rouge » domestiqué par les
dictateurs de Moscou.
Mais cette nouvelle manifestation
de l'égoïsme britannique sur le ter-
rain syndical a quelque chose de dé-
concertant. Les mots Angleterre et
Internationalisme resteront-ils in-
conciliables jusqu'à la fin des temps?
HENRY PRÊTÉ.
En 3* page : la séance de ce matin.
Le bureau de la Fédération. — De gauche à droite : MM. Mertens (Belgique), Jouhaux (France), Purcell,
Brown (Angleterre), Gudeceest (Hollande), Leipart (Allemagne) et Sassenbach (Hollande).
POUR hA PRIX EUROPÉENNE
L'Autriche
doit pouvoir vivre
et se développer
normalement
L'Europe a le devoir
d'organiser équitablement
l'activité économique du pays
Les récents troubles de Vienne ont
suscité dans toute l'Europe une émo-
tion justifiée : de tels événements
sont de nature à compromettre gra-
vement l'équilibre si laborieusement
réalisé en Europe Centrale depuis la
guerre et, par suite, la paix mon-
diale.
Maie, l'alerte passée, il serait cri-
minel de ne pas tirer des faits la le-
çon qu'ils comportent, car le péril
demeure et, tant que les mêmes cau-
ses subsisteront, les mômes effets se
reproduiront avec tous les dangers
qu'ils représentent.
Les émeutes de Vienne ne sont pas
dues.Nà un mouvement populaire
spontané, pas plus qu'à 1 influence
d'éléments révolutionnaires étran-
gers. Mgr Seipel l'a constaté lui-mê-
me, mais à un état de choses déplo-
rable auquel ill faut porter remède
au plus vite. à une situation écono-
mique qu'il est indispensable, dans
l'intérêt même de l'Europe, de mo-
difier alors qu'il en est temps encore.
C'est dans le déséquilibre de la si-
tuation économique en Europe Cen-
trale, dans la politique financière et
économique de l'Autriche elle-même
que résident les causes profondes de
la crise.
En un mot, il faut, pour éviter lé
retour de pareilles éventualités,.pour
écarter de nous ce danger perma-
nent, que l'Autriche puisse vivre.
c'est-à-dire se développe économi-
quement et entretienne avec les pays
qui l'entourent, des relations écono-
miques normales, dans le cadre des
traités existant.
(Voir la suite en troisième page)
Une ville roumaine
détruite par le feu
Bucarest, 2 août. — La petite ville de
Hussl, en Moldavie, dans le district de
Falciu. a été hier en partie détruite par
un incendie..
Les dégâts matériels sont très impor-
tante
LES PETITS DESSOOS DES BitABDS RJUDS
L'Anglais Hinchlifle
voudrait bien ravir
à Drouhin
son commanditaire
Qu'il prenne Levine
mais qu'il laisse le Miss Columbia
à notre pilote !
La préparati'on du raid transatlan-
tique de retour du MiEs Columbia
tourne en roman-ciné.
Les épisodes se succèdent, pleins
d'imprévu, certes, mais dénués du
moindre attrait. pour Drouhin, qui
a autre chose à faire que de subir les
fantaisies inédites de M. Levine.
Ce dernier, qui a le tort de sorti'r
sans sa « nourrice », en l'occurrence
l'excellent M. Fraenkel, son ami et
conseiller de Paris, qui, jusqu'ici', l'a
très sagement guidé, s'engage depuis
quelques jours dans une voie où sa
popularité parmil nous n'a rien à ga-
gner.
Le célèbre passager commandi-
taire, qui semble ne pas trog savoir
exactement ce qu'il désire, après
avoir enlevé Drouhin à la maison
Farman et à l'Oiseau Bleu, après
avoir mobilisé depuis trois semâmes
toute la presse parisienne, prête, au
cours d'une nouvelle fantaisie, une
oreille attentive aux offres clandes-
tines des Anglais, désireux de réali-
ser le raid transatlantique sur l'avion
Bellarica.
Un pilote des lignes de l'Impérial
Airways, M. Hinchliffe, reconnaissa-
ble des habitués du Bourget par le
bandeau qu'il a toujours sur l'oeil.
tourne autour de M. Levine pour se
raire confier le Miss Columbia dans
un but Londreê-New-York et enlever
ainsi' à Drouhin ses chances sur
Paris-New-York.
En dehors du manque de camara-
derie -=.. Hinchliffe et Drouhin ee
sont connus longtemps sur la ligne
Paris-Amsterdam — on constate avec
regret chez le pilote britannique un
manque de loyauté professionnelle
auquel ne nous ont jamais habitués
et de tout temps, les aviateurs an-
glais.
Cet incident produit d'ailleurs une
pénible impression au Bourget.
L'avion Miss Columbia, sans toutes
ces histoires, devrait être prêt à
s'envoler depuis plusieurs jours.
On se demande même pourquoi il
n'est pas parti ? R. LABRIÇ.
(Voir la suite en troisième page).
AUX HALLES
1 -
Fruits et légumes
sont arrivés
ce matin
en abondance
A ce point que les voitures
n'ont pu être entièrement
déchargées
Par le boulevard Sébastopol, la rue
Rambuteau, la rue du Louvre, par tou-
tes les petites rues qui convergent vers
les pavillons des Halles, de bonne heure
ce matin, des caravanes de voitures les
plus diverses, oamions automobiles, voi-
tures maraîchères, tombereaux, vieille?
carrioles, ont apporté vers les postes des
mandataires l'énorme tribut de fruits et
de légumes qui nous vient des provinces.
Mais-le Midi, ce matin, avait bougé. Et
quand le Midi bouge. C'est bien sim-
ple, de vieux employés des Halles nous
ont assuré que, depuis dix ans, ils n'a-
vaient pas souvenir d'une telle abon-
dance.
De tous côtés, surgissant du sol, py-
ramides de carottes, amoncellements de
cageots de fruits, pyramides de légumes
couvraient les abords des postes. L'im-
portance des arrivages fut telle. surtout
en fruits de Provence et de la vallée
du Rhône, que des heures entières, des
files Imposantes de voitures ont embou-
teillé les voies débouchant sur les Hal-
les. Il fallut plus de trois heures pour
faire place à leur chargement..
Les mandataires, dominés par les évé-
nements, durent faire assaut Ii. la baisse.
On a eu des melons de Cavaillon, en
gros, à 1 fr. la pièce et du raisin noir
à 200 fr. les 100 kilos!
Si, par miracle, les prix de détail se
conforment aux mouvements de prix de
gros bien des Parisiens, qui en avaient
perdu le goût,pourront enfin aujourd'hui
faire une cure rafraîchissante de fruits.
Rien n'a manqué: pêches, abricots, pru-
nes, melons — melons surtout — raisins.-
Voici venu le temps des confitures.
AU commissariat des Halles, on s'est
efforcé de déverser au plus vite sur Pa-
ris cette gigantesque corne d'abondance.
On nous y a expliqué que l'embouteillage
a été provoqué par des retards de trains
oui se sont produits de telle sorte que
feurs' cargaisons ont été amenées aux
Halles presque simultanément.
Nos renseignements nous laissent plu-
tôt penser que c'est tout Je fonctionne-
ment des Halles qui doit être mis en
cause. Cet organisme jie répond plus aux
nécessités de l'approvisionnement d'une
population sans cesse accrue.
Dans totts les cas, cette abondance dé-
montre que les bruits pessimistes que
l'on fait circuler sur notre recette sont
tendancieux. Le récolte en fruits, en lé-
gumes et même en céréales est excel-
lentes et, n'était la loi sur la liberté
d'exportation, nous pourrions êlro assu-
rés à bon compte d'une lable honnête-
ment servie. — P. Toubiana. ';.:-..-.
RUE DE CRIMÉE
Un Arabe jaloux
abat son amie
, au bras
de son rival
La victime.
est dans un état grave
Au moi's de juin dernier, le ma-
nœuvre Ali Hamouda, 30 ans, qui
vivait maritalement avec une nom-
mée Georgette Loisel, âgée de 24 ans,
dut s'absenter quelques semaines
pour un voyage en Algérie. Restée
seule au Iog-ils, 4, rue Durât, Geor-
gette s'ennuya aussitôt ; elle lia con-
naissance avec un autre Arabe, Abi-
liche Ahmed, 33 ans. manœuvre éga-:
lement, et s'en alla loger avec lui, en
hôtel, 55, rue de Reuilly.
Mais l'idylle fut de courte durée :
Hamouda revint ; Georgettfe Loisel
retourna vers son premier amant.
Très vexé, Abiliiche jura de se ven-
ger
A plusieurs reprises déjà, ayant
rencontré Georgette Loisel, il t'avait
menacée de son revolver. La trou-
vant hier soir au bras de son rival,
î". suivit le couple jusque Jans la rue,
de Crimée, et, brusquement, se plan-
tant devant l'inconstante maîtresse,
il lui' tira une balle en pleine poi-
trine et s'enfuit.
La victime, dont l'état est grave, a
été transportée à Lariboisière. Ahi-
liche a été envoyé au Dépôt.
L'Administration recommande
le chèque postal
comme moyen de règlement
Mais elle ne s'en sert pas
Sur toutes leo lettres que vous rece-
vez, l'administration appose un timbre
sec vous invitant à demander l'ouver-
ture d'un compte-courant postal.
Mais son insistance n'a pas encore
décidé tous les comptables publics à
faire- usage d'un moyen de règlement
moderne et pratique.
Des professeurs partant en vacances
ont demandé à l'économe du lycée de
verser leurs traitements d'août et de
septembre au compte-courant dont ils
lui donnaient le numéro.
L'économe a répondu que cela ne se
faisait pas, et que d'ailleurs le syndicat
des économes avait décidé d'ignorer les
initiatives hardies dé l'administration des
postes.
La Ligue des Droits de l'Homme a
demandé au Ministre des Finances de
donner des instructions aux comptables
réfractaires aux méthodes nouvelles et
de calmer leurs alarmes.
Araignées du soir
M mauvaise raison
IL y a, quelque part, aux Etats-Unis,
* dans une prison, deux condamnés à
mort qui attendent depuis six ans
l'instant de monter sur le fauteuil
électrique. Depuis six ans, les autorités
supérieures d'un certain Etat améri-
cain interrogent leur conscience pour
savoir s'il y a vraiment lieu d'exécu-
ter une sentence rendue contre deux
hommes -dont la culpabilité n'a jamais
été très clairement démontrée.
Il parait que tant de réflexions ont
enfin porté leurs fruits. Après, avoir,
six années durant, pesé le pour et le
contre, les personnages responsables se
sont prononcés pour l'exécution. Dans
quelques jours, d'autres personnages
officiels entreront dams la cellule de
Sacco et Vanzetti à qui ils diront :
— Levez-vous, votre dernière heure
est arrivée. Depuis soixante-douze
mois que vous êtes ici, sans doute
croyiez-vous qu'on vous avait oubliés,
eh bien ! pas du tout, on pensait à
vous, vous allez pouvoir vous en
convaincre !
A la nouvelle de cette décision,
l'opinion publique s'est émue, un peu
partout dans le monde, et particulière-
ment en France. Des meetings ont eu
lieu, des pétitions se sont couvertes de
signatures. Les intellectuels français
adressent à leurs amis les intellectuels
américains une requête où il ett dit :
c Ne faites pas cela ! Ne laissez
pas faire cela ! Obtenez la grâce de
Sacco et de Vanzetti ; en admettant
qu'ils soient coupables du crime dont
on les accuse, ils ont assez durement
expié pendant ces six années d'an-
goisse. >
Hélas ! des gens qui prétendent
connaître les citoyens du Nouveau-
Monde nous disent :
— Vous avez tort I Votre inter-
vention en faveur des condamnés ne
peut leur être que nuisible. Les Amé-
ricains sont jaloux de leur indépen-
dance ; ils ne sauraient permettre à
quiconque de leur faire la leçon. Plu-
tôt que de paraître céder à vos
instances, ils préféreront exécuter un
verdict qui, sans doute, ne les satisfait
qu'à demi !
Voua ce qu'on nous dit, mais nous
n'en voulons rien croire. Que Sacco et
Vanzetti soient, livrés tardivement au
bourreau par un respect excessif de la
chose jugée, ce serait simplement
inhumain ; qu'on décide leur mort
pour faire pièce aux gens qui s'occu-
pent des affaires d'autrui, ça n'aurait
plus de nom ! Bernard GERVAISE
LIRE EN 2* PAGE :
Le Coin de Banlieue : La rue dAr-
thelon à Meudon, par J. Chataigner.
LIRE Elf 5* PAGE :
A l'Empire : Raquel Meller, par,
Pierre Varenm> „
Désormais sans
aucun érangement
vous y uvez utiliser
les
Petites Annonces
de
PARIS-SOIR
qui vous procureront
le client, l'employé,
l'appartement
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représentant dans
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PARIS - SOIR
Voir en sixième -page
une liste des villes où Pam-
Soir est eh vente et ou il
possède, dès à présent. des
représentants pour ses
Petites Annonces.
BOULEVARD JE CLICRi
Un inconnu tire ,
sur des passants
et s'enfuit
Deux blessés
Cette nuit, vers 2 heures 20, bou-
levard de Clichy, en face du numé-
ro 80, plusieurs coups de revoter
ont été tirés par un inconnu qui s'est
enfui.
Deux personnes, qui prétendant. ne
pas connaître le tireur, ont éié
blessées : La première Bonjleuden
Ben Ahmed, 29 ans, 5, rue ThoiozC,
a été atteint de quatre balles dans
le bras droit et d'une autre danf le -
côté droit. L'autre, M. Gasselin Ro-
land, 22 ans, demeurant au Havre,
a reçu une balle dans le genou droit.
Les deux blessés ont été transportas ,
à l'hôpital Lariboisière. L'éiai de
Bomleuden Ben Ahmed est assez
grave.
L'auteur de la fusillade est in-
connu et le commïssaiïe de police a
ouvert une enquête.
PUISSENT-ILS DIRE VRAI.
Le mois d'août sera te:;mr
disent les météorologistes,
En Bretagne et en Normandie
le ciel commence à s'éclaircir
La séance continue, comme a dit un
-personnage historique : il a plu en juil-
let, il pleut encore en août. Himier jour du mois, il ventait comme on
novembre, les cheminées résonna: ni en
tempête et, dans le haut des peupliers,
les oiseaux se faisaient petite dans leure
nids.
Aujourd'hui cependant, le ciel est plus
clair. Les nuages noirs q.ui, hier MAi;:i.
jetaient au-dessus de Paris des ombres
soudaines èt sinistres, se sont tpr:"fo!'-
mes en nuages blancs, entre 'lesqueif»,-
de-ci de-là, le soleil coule un œil luisant.
Du beau temps? non, pas encore; mais
il paraît que « ça vient ».
« Le mois d'août, assurent les météo-
rologistes, va être beau. L'amélionHion
va commencer par l'ouest. Les Pirisie!iet.
qui partent ces jours-ci pour l'Océan ou
pour la Manche, trouver at du toicil en
Normandie et'en Bretagne.
Il Le beau temps s'épandri sur toute
la France, assez rapidement. »
La Société
des Nations
n'a pas de budget
de publicité
par GEORGES 60MBMT
Lorsqu'une maison de commerce
veut prendre une place importante,
elle fait chanter ses louantes dans
les organes qui; lui paraissent les plus
capables d'agir sur l'opinion. Elie
leur abandonne, en échange llf" re
servite, un peu de son capital ou de
son bénéfice : ce sont les. frais de
publicité 1
Ces habitudes, nul ne songe à les
critiquer : il est normal qu'un com- *
merçant et un industriel veuillent
failre connaître leurs produits sous
un jour avantageux : le client con-
serve la liberté de juger et de choi-
sir. Mais s'ils interviennent dans le
domaine politique, c'est une autre
affaifre.
Or, ces procédés ne sont plus appli-
cables seulement aux affai'res. La di-
plomalie, qui s'est modernisée par ('p
seul côté, l'utilise également : elle
présente ainsi la politique qui lui
agrée sous les couleurs les p;us sé-
duisantes, comme une pâte alimen-
taire ou un produit de beauté : les
ministères des Affaires étrangères
d'un grand nombre de pays et. leurs
ambassades ont leurs a budgets de
publicité ». C'est un 'euphémisme,
mais'il ne trompe guère : on se doute
qu'ill s'agit de corruption.
Les initiés seuls le savent d'une
manière indubitable. On agit, en ef-
fet, avec une discrète prudence. Il
a fallu certaines publications df:' hoi-
cheviks pour que le public connût
les moyens mis en œuvre par les
agents du Tsat qui avaient mi^ion.
de chauffer l'enthousiasme français
au profit de l'alliance êt des em-
prunts russes.
Les choses se passent d'ordinaire
dans l'ombre des chancelleries et le
clair-obscur des arrière-boutiques de
la presse : le secret est si' bien gar-
dé que les chef» de rubrique r~- qui
DEUXiÈME ÉDITION
6 pages
, ;1
..,
1927 Cinquième année N' 1.397
MERCREDI 3 AOUT
DIRECTION « REDACTION
ADMINISTRATION
et
U parïs- Soîr - publicité
Boulevard Montmartre, Paris
lèlêphone : SHTES3. 67-82. 67-33, LOUVRE 20-41, 28-05
IIdr. Ulégr. ; PARIS-SOIR-PARIS. Chèque postal N° 89-643
Pertelle m'a dit.
,
Je viens de bavarder, un moment,
avec Mlle Claudette, candidate
malheureuse à la dotation généreuse
de l'Américaine, Mme Bell, que M.
Mourier vient d'attribuer* à dix jeu-
nes Parisiennes, .particulièrement di-
gnes et soucieuses de fonder un
foyer. 5.000 francs leur seront payés
sitôt leur mariage et 5.000 après, si
le ménage est resté unit.
Mlle Claudette n'a pas d'amertume.
Tout au plus un peu de mélancolie ;
mais elle s'est fait une raison :
— Il y a certainement de plus mé-
ritantes que moi. Je ne suis qu'un
petit bout de femme sans impor-
tance. D'ailleurs, le monsieur venu
ienquêter m'a dit qu'il y avait eu
150 demandes pour 10 dots. Pensez
donc : une chance sur 15 !
» Ce qui m'a fait plaisir, c'est
qu'on n'a pas trop choisi de manne-
quins et de dactylos. De braves filles,
je ne le nie pas, mais elles ont la vie
moins rude que nous et, depuils quel-
que temps, on ne choisit presque plu?
qu'elles pour les royautés populai-
res. On dédaigne l'alimentation. »
Mlle Claudette a prononcé ce mot
kvec orgueil. Elle a, en effet, la fierté
de son emploi : demoiselle de bou-
tique dans' une crémerie. Elle a
même sa coquetterie professionnelle:
tablier bien blanc, corsage de tri'cot
bleu canard, citron ou lilas, tradition
de la corporation. On' laisse aux de-
moiselles de charcuterie, rivales dans
ce genre d'élégance, le, tri:cot saumon,
yert jade ou groseille. Mlle Claudette
a la nuque rasée, les cheveux courts
mais sans outrance, les talons hauts,
des bas simili-soie et les bras nus, à
« fleur de coude >> comme elle dit.
Ses mains sont impeccables et ses
jongles faits.
— Je suis « rincée », affirme-t-elle
avec satisfaction. Elle a même, sur
ses joues fraîches, un rien de pou-
dre, mais ne risque pas de parfum,
comme elle aimerait :
— C'est à cause des cœurs à la
£rème qui s'en ressentiraient !
Car elle a, chaque matin, la noble
mission da pétrir des cœurs.
- Pas des cœurs d'hommes 1 rec-
Utfte-t-elle tout de suite. Mais c'est
bien plus difficile. Tout un art, mon-
sieur, de les battre à point, avec la
crème. Ils sont célèbres dans le quar-
tier. J'en aligne cent quinze, en ce
moment. Ça me fait les bras, comme
ma tournée, ensuite, me fait les
pieds !
Mlle Claudette, enfant de Paris, a
de ces locutions familières.
Et j'aii voulu connaître un peu
l'horaire de travail dç .cettç. ~nti~e
abeille laborieuse :
— Lever à 5 heures. Heure 'épa-
tante, dit-elle, où tout le monde dort
dans les maisons. Il n'y a que moi
qui grimpe les étages en brinqueba-
lant mes bouteilles à lait. C'est toute
une comptabilité — mais j'étais
calée en calcul, quand j'étais môme
- et c'est aussi', parfois, une corres-
pondance. « Pas de lait demain. Je
qu'absente ». Evidemment, la dame
,va chez son amoureux 1 « Double
ration, demain. » Parbleu ! le mon-
sieur reçoit sa petite amie. « Un li-
tre et demi au lieu d'un demi », ça
y est, le moutard est mis au biberon.
,« La bouteille est cassée, un acci-
aent ! » Tu parles ; ils se la sont
flanquée à la tête !
» Moi aussi je mets des mots : par
exemple, à la veille de la Chande-
leur : « Avec les souhaits de votre
petite crémière dévouée qui vous
rappelle respectueusement la date
des crêpes porte-bonheur, dont elle
peut vous fournir tous les éléments. »
» Autrefois, ce jour-la, avec la
commande, on mettait une petite
pièce de monnaie. Les bonnes tradi-
tions se perdent, monsieur.
» J'ai calculé : le lait à porter dans
15 maisons, 4 étages en moyenne,
1.000 marches à monter. Autant à
descendre. Il paraît que c'est excel-
lent pour avoir les chevilles fines.
» Après cette gymnastique, je
basse la croûte. Ensuite, haut les
coeurs ! Du moins les coeurs à la
crème. A 7 h. et quart, tout doit être
aligné, par files de six, sur une
fraude table, et, en avant le nettoyage
de la boutique, aveo Agathe, ma
complice ! Hardi petite ! Eau chaude.
Savon: Balaf. Toilette des fromages
- pas mes cœurs — les autres, les
solennels. Pendant qu'Agathe fait la
devanture, j'installe les oeufs et je
les débarbouille au besoin.
On ne doit trouver sur les oeufs
Nulle tache, même légère,
me répète, je ne sais pourquoi, un
vieux maniaque qui doit être un
poète.
» A ce moment, petite leçon quoti-
dienne d'arithmétique par la direc-
tion. Dans les Beurres et œufs, les
prix sont plutôt changeants. Atten-
tion, ma fille à tes calculs 1 Le beurre
ordinaire a monté d'un sou et le fin
de deux. Le brie a diminué de trois,
mais le demi'-sel a monté d'un. Le lait
ést à vingt-neuf le litre, ce qui met
lé demi-hj-re à quinze, un jour sur
sur deux. Faut se rappeler. Faut se
rappeler aussit les gens qui ont une
petite note en souffrance et avoir le
sourire commercial, même avec les
personnes grincheuses.
» Vers dix heures, après le coup
de presse: portage en ville. Comman-
des importantes. Dix douzaines d'œufs
à l'hôpital au bout de la rue. Quinze
fromages au bout de la rue, mais ce
n'est pas le même bout. Et ne pas ou-
blier Madame Chose, la chère dame
qui, à cause de l'excellence de nos
produits, nous a conservé sa clien-
tèle. Elle n'habite même pas l'arron-
dissement.
« Déjeuner sur le pouce. J'ai cal-
culé que je sers en moyenne dix
personnes, tout en déjeunant. Mais
ça tasse la digestion, m'a expliqué
Agathe. Après déjeuner, renettoyagé
de la boutique, puis parenthèse pour
me changer et rêver un brin. J'aime
rêver. Je grimpe à mon septième —
oui monsieur, au septième, tout près
du ciel. J ai' organisé un vieux tub
et je prends une douche. Faut être
fraîche, pas vrai, après un pareil ou-
vrage ! Linge, propre. Soupçon de
poudre. Et je redescends accueillir
le monde. Coup de presse'de 5 à- 8.
t.
Alors, on songe à dîner. Je range la
boutique, et c'est moi qui ai l'hon-
neur de manœuvrer la devanture, de-
puis qu'Agathe s'est pincé les doigts.
- Et cela fait, mademoiselle Clau-
dette, combien d'heures, au total ?
— Je n'ai jamais pris le soin de
compter.
J'ai admiré ce mot charmant de
cette brave fille, pourtant si bonne
calculatrice, par ailleurs.
— Mais vos joies personnelles, di-
tes-moi ?
— Quand j'ai fini, je vais voir
grand-père et grand'mère. Je n'ai
plus qu'eux, ayant été orpheline
toute mioche. Ces bons vieux m'ai-
ment bien, et comrpe je suils libre
seulement tard, ils m'attendent. Je
joue aux cartes avec eux, et tous les
quinze jours où j'ai un après-midi
de sortie, je les emmène au cinéma.
— Ils ont des moyens Y
— Pas trop. Je leur repasse mes
mois. Faut bien. Je touche 260. Je
garde pour moi les 60. Dame, faut
être juste : ils m'ont élevée. Je suis
en place depuis neuf ans. Ce que ça
en fait de cœurs à la crème que j'ai
battus l
— Et votre cœur à vous, dans tout
cela ?
- Je suis sentimentale, je vous l'ai
dit. Eugène, le deuxième garçon de
la charcuterie à côté, est sentimen-
tal aussi. On ne s'est rien dit encore,
mais j'ai idée qu'on se le dira. Nous
autres, nous nous marions dans nos
milieux. Ça vaut mieux, n'est-ce pas,
monsieur 1
— Evidemment, cela vaut miteux.
Mais, dites-moi, quand cet enquêteur
est venu pour votre candidature à la
dotation, avez-vous expliqué que
vous faisiez vivre, avec vos gains
modestes, vos grands-parents ?
- M,a foi non, monsieur, j'ai ou-
blié !.
Et j'ai trouvé cet oubli-là très
chic, de la part de Mlle Claudette,
symbole, symbole consolant, ne trou-
vez-vous pas ?
Henry de FORGE.
LE CHOMAGE REPREND
Dans la métallurgie *
la couture et la mode
des maisons ferment
pour plusieurs jours
Voici venue la. saison des vacances,
saison de repos et de joie. saison de
misère aussi pour beaucoup. Tandis
qu'on s'amuse sur les places élégantes
et qu'aux grincements du jazz-band on
dansera dans les casinos, d'autres, en
vacances forcées, manqueront de tra-
vail, et peut-être de pain.
De nombreuses usines métallurgiques
viennent en effet de prévenir leur per-
sonnel qu'on chômerait quelques jours
durant le mois d'août. La raison? Cet
hiver, c'était l'inventaire ; maintenant,
ce sont les vacances. Toujours est-il que,
dans une grande maison d'automob'les
de la rivé gauche, la proportion des ou-
vriers mis « en congé », ou qui vont
l'être, est de quinze à vingt mille. Une
affiche-circulaire a prévenu le personnel
que les usines seraient fermées du six
au Quinze août inclus.
Malheureusement, un grand nombre
de maisons ont pris des décisions ana-
logues — décisions dont les conséquen-
ces sont aggravées par ce fait que, dans
beaucoup d'entre elles, on avait déjà di-
minué le nombre d'heures quotidiennes
de travail, et même le nombre de jours.
Voici donc, au moment où, l'été venu,
la situation économique apparemment
stabilisée, on espérait voir rapidement s'é-
teindre le chômage, voici qu'il s'accroît
de nouveau.
Dans la couture également, dans la
mode. des ouvrières sont licenciées. Un
grand nombre d'usines de. cartonnage
ou de cuir sont touchées également.
Dans quelques jours, des milliers, des
dizaines de milliers d'ouvriers et d'ou-
vrières vont se trouver sur le pavé.
Figureront-ils sur ,les statistiques de
chômage? Le mot « vacances Il, qui sert
aux patrons à masquer leur petite ma-
rceuvro, servira-t-il aussi au ministre du
Travail à négliger dans ses comptes ces
chômeurs d'été ?
L'activité du Vésuve
diminue
Naples, 2 août. — Durant les dernières
24 heures, l'activité du Vésuve, en ce
qui concerne les phénomènes explosifs,
a considérablement diminué, mais, par
contre, l'effusion de lave s'est maintenue
et s'est même accentuée par instants.
Une nouvelle coulée, poursuivant sa
route dans la vallée d'Enfer, forme deux
magnifiques cascades de feu d'une lar-
geur de 400 mètres.
L'OFFENSIVE 1
Nous avons déjà dit que certains cou-
turiers américains tentent une of-
fensive contre la jupe courte. Et ils
en reviennent, on le voit par cette
photo. à la robe large d'organdi qui
était très à ici mode en France. l'an
dernier. Il lèur faudra trouver autre
chose pour attaquer, avec une chance
de succès, les couturiers parisiens.
AU CONGRÈS DE L'INTERNATIONALE SYNDICALE
Particularisme britannique
La séance de ce matin a été prise par
l'exposé du rapport moral de l'organisation
Nos amis anglais son décidément les
enfants terribles des assemblées in-
ternationales quel qu'en soit l'objet.
Qu'il s'agisse de rédiger un traité
de paix, d'établir un statut économi-
que entre des nations ou d'orienter
le monde dans la "voie du désarme-
ment, ils sont volontiers exigeants.
pour les autres. Mais. leur égoïsme
insulaire se manifeste à tout propos
et même hors de propos.
Les délégués anglais aime volon-
tiers mettre les pieds sur la table.
La conférence syndicale qui ras-
semble actuellement au Grand-Pa-
lais les délégués ouvriers de vingt-
huit nations en fournit un nouvel
exemple.
Elle groupe actuellement plus de
quinze millions d'adhérents dans les
nations européennes. Elle commence
à attirer à elle les travailleurs de ces
vastes réservoirs de matériel hu-
main que sont les pays neufs du Sud-
Amérique, le Canada, l'Afrique du
Sud.
Dans notre vieille Europe, en
France, en Allemagne, en Pologne, en
Autriche, en Tchécoslovaquie, les ou-
vriers, groupés dans leurs organisa-
lions corporatives, constituent un
rempart solide contre l'expansion du
bolchevisme destructeur.
Aussi l'Internationale « rouge », de
Moscou, pâle et obéissant reflet de
la troisième internationale, s'est-elle
efforcée de détruire, de pénétrer ou
d'annexer cette organisation.
Toutes les tentatives « moscou-
taires » se sont brisées jusqu'ici
contre la volonté bien réfléchie des
représentants ouvriers européens..
M. Purcell, que l'Internationale a
choisi comme président, n'ignore
rien de cette lutte parfois violente
entre les deux groupements rivaux.
Mais M. Purcell est Anglais.
Isolés dans leur île, les Britanni-
ques, sont — ou se croient — à l'abri
de la menace soviétique. Ils combat-
tent d'ailleurs énergiquement le bol-
chevisme comme article d'importa-
tion à leur usage. Hier encore, le
leader travailliste, J.-H. Thomas,
dénonçait ses méfaits avec violen-
ces. Les grandes corporations an-
glaises, cheminots, mineurs, résis-
tent énergiquement aux manœuvres
des « minoritaires » qui sympathi-
sent avec Moscou.
M. Purcell appartient justement à
cette minorité. Au cours d'un voyà-
ge en Russie, il a été touché par la
grâce soviétique, ce qtti ne l'a d'ail-
leurs pas mis à l'abri des injures et
des brocards des communistes.
Peut-être le tact le plus élémentai-
re commandait-il au président de
l'Internationale, hôte de la C. G. T.
française, qui vient de se défendre
victorieusement contre l'emprise bol-
chevique, dé ne pas étaler ses senti-
ment pseudo « unitaires) dans son
discours inaugural.
Cela, du moins, lui eut épargné le
désaveu brutal que M. Jouhaux lui
infligea hier, au nom des autres
membres du bureau et atix applau-
dissements des congressistes.
L'attitude indignée ou simplement
ironique des représentants syndicaux
de l'Europe Centrale, devant la ha-
rangue présidentielle, montre du res-
te, de la façon la plus nette, que les
syndicalistes de ces pays sont les plus
résolus à ne pas se laisser contaminer.
Les quatre millions et demi de
syndiqués allemands, les millions
d'ouvriers autrichiens, tchèques, po-
lonais, sont payés pour savoir ce que
coûte aux classes ouvrières les agi-
tations fomentées sur l'ordre des So-
viets.
Ce que les Anglais estiment par-
faitement indésirable chez eux, n'est
pas davantage acceptable, comme ar-
ticle d'exportation à l'usage des pays
.continentaÍtx.
Si la question est posée devant le
Congrès, la réponse des représentants
ouvHers européens ne se fera pas at-
tendre. Ils répudieront énergique-
ment toute collusion avec ce syndi-
calisme « rouge » domestiqué par les
dictateurs de Moscou.
Mais cette nouvelle manifestation
de l'égoïsme britannique sur le ter-
rain syndical a quelque chose de dé-
concertant. Les mots Angleterre et
Internationalisme resteront-ils in-
conciliables jusqu'à la fin des temps?
HENRY PRÊTÉ.
En 3* page : la séance de ce matin.
Le bureau de la Fédération. — De gauche à droite : MM. Mertens (Belgique), Jouhaux (France), Purcell,
Brown (Angleterre), Gudeceest (Hollande), Leipart (Allemagne) et Sassenbach (Hollande).
POUR hA PRIX EUROPÉENNE
L'Autriche
doit pouvoir vivre
et se développer
normalement
L'Europe a le devoir
d'organiser équitablement
l'activité économique du pays
Les récents troubles de Vienne ont
suscité dans toute l'Europe une émo-
tion justifiée : de tels événements
sont de nature à compromettre gra-
vement l'équilibre si laborieusement
réalisé en Europe Centrale depuis la
guerre et, par suite, la paix mon-
diale.
Maie, l'alerte passée, il serait cri-
minel de ne pas tirer des faits la le-
çon qu'ils comportent, car le péril
demeure et, tant que les mêmes cau-
ses subsisteront, les mômes effets se
reproduiront avec tous les dangers
qu'ils représentent.
Les émeutes de Vienne ne sont pas
dues.Nà un mouvement populaire
spontané, pas plus qu'à 1 influence
d'éléments révolutionnaires étran-
gers. Mgr Seipel l'a constaté lui-mê-
me, mais à un état de choses déplo-
rable auquel ill faut porter remède
au plus vite. à une situation écono-
mique qu'il est indispensable, dans
l'intérêt même de l'Europe, de mo-
difier alors qu'il en est temps encore.
C'est dans le déséquilibre de la si-
tuation économique en Europe Cen-
trale, dans la politique financière et
économique de l'Autriche elle-même
que résident les causes profondes de
la crise.
En un mot, il faut, pour éviter lé
retour de pareilles éventualités,.pour
écarter de nous ce danger perma-
nent, que l'Autriche puisse vivre.
c'est-à-dire se développe économi-
quement et entretienne avec les pays
qui l'entourent, des relations écono-
miques normales, dans le cadre des
traités existant.
(Voir la suite en troisième page)
Une ville roumaine
détruite par le feu
Bucarest, 2 août. — La petite ville de
Hussl, en Moldavie, dans le district de
Falciu. a été hier en partie détruite par
un incendie..
Les dégâts matériels sont très impor-
tante
LES PETITS DESSOOS DES BitABDS RJUDS
L'Anglais Hinchlifle
voudrait bien ravir
à Drouhin
son commanditaire
Qu'il prenne Levine
mais qu'il laisse le Miss Columbia
à notre pilote !
La préparati'on du raid transatlan-
tique de retour du MiEs Columbia
tourne en roman-ciné.
Les épisodes se succèdent, pleins
d'imprévu, certes, mais dénués du
moindre attrait. pour Drouhin, qui
a autre chose à faire que de subir les
fantaisies inédites de M. Levine.
Ce dernier, qui a le tort de sorti'r
sans sa « nourrice », en l'occurrence
l'excellent M. Fraenkel, son ami et
conseiller de Paris, qui, jusqu'ici', l'a
très sagement guidé, s'engage depuis
quelques jours dans une voie où sa
popularité parmil nous n'a rien à ga-
gner.
Le célèbre passager commandi-
taire, qui semble ne pas trog savoir
exactement ce qu'il désire, après
avoir enlevé Drouhin à la maison
Farman et à l'Oiseau Bleu, après
avoir mobilisé depuis trois semâmes
toute la presse parisienne, prête, au
cours d'une nouvelle fantaisie, une
oreille attentive aux offres clandes-
tines des Anglais, désireux de réali-
ser le raid transatlantique sur l'avion
Bellarica.
Un pilote des lignes de l'Impérial
Airways, M. Hinchliffe, reconnaissa-
ble des habitués du Bourget par le
bandeau qu'il a toujours sur l'oeil.
tourne autour de M. Levine pour se
raire confier le Miss Columbia dans
un but Londreê-New-York et enlever
ainsi' à Drouhin ses chances sur
Paris-New-York.
En dehors du manque de camara-
derie -=.. Hinchliffe et Drouhin ee
sont connus longtemps sur la ligne
Paris-Amsterdam — on constate avec
regret chez le pilote britannique un
manque de loyauté professionnelle
auquel ne nous ont jamais habitués
et de tout temps, les aviateurs an-
glais.
Cet incident produit d'ailleurs une
pénible impression au Bourget.
L'avion Miss Columbia, sans toutes
ces histoires, devrait être prêt à
s'envoler depuis plusieurs jours.
On se demande même pourquoi il
n'est pas parti ? R. LABRIÇ.
(Voir la suite en troisième page).
AUX HALLES
1 -
Fruits et légumes
sont arrivés
ce matin
en abondance
A ce point que les voitures
n'ont pu être entièrement
déchargées
Par le boulevard Sébastopol, la rue
Rambuteau, la rue du Louvre, par tou-
tes les petites rues qui convergent vers
les pavillons des Halles, de bonne heure
ce matin, des caravanes de voitures les
plus diverses, oamions automobiles, voi-
tures maraîchères, tombereaux, vieille?
carrioles, ont apporté vers les postes des
mandataires l'énorme tribut de fruits et
de légumes qui nous vient des provinces.
Mais-le Midi, ce matin, avait bougé. Et
quand le Midi bouge. C'est bien sim-
ple, de vieux employés des Halles nous
ont assuré que, depuis dix ans, ils n'a-
vaient pas souvenir d'une telle abon-
dance.
De tous côtés, surgissant du sol, py-
ramides de carottes, amoncellements de
cageots de fruits, pyramides de légumes
couvraient les abords des postes. L'im-
portance des arrivages fut telle. surtout
en fruits de Provence et de la vallée
du Rhône, que des heures entières, des
files Imposantes de voitures ont embou-
teillé les voies débouchant sur les Hal-
les. Il fallut plus de trois heures pour
faire place à leur chargement..
Les mandataires, dominés par les évé-
nements, durent faire assaut Ii. la baisse.
On a eu des melons de Cavaillon, en
gros, à 1 fr. la pièce et du raisin noir
à 200 fr. les 100 kilos!
Si, par miracle, les prix de détail se
conforment aux mouvements de prix de
gros bien des Parisiens, qui en avaient
perdu le goût,pourront enfin aujourd'hui
faire une cure rafraîchissante de fruits.
Rien n'a manqué: pêches, abricots, pru-
nes, melons — melons surtout — raisins.-
Voici venu le temps des confitures.
AU commissariat des Halles, on s'est
efforcé de déverser au plus vite sur Pa-
ris cette gigantesque corne d'abondance.
On nous y a expliqué que l'embouteillage
a été provoqué par des retards de trains
oui se sont produits de telle sorte que
feurs' cargaisons ont été amenées aux
Halles presque simultanément.
Nos renseignements nous laissent plu-
tôt penser que c'est tout Je fonctionne-
ment des Halles qui doit être mis en
cause. Cet organisme jie répond plus aux
nécessités de l'approvisionnement d'une
population sans cesse accrue.
Dans totts les cas, cette abondance dé-
montre que les bruits pessimistes que
l'on fait circuler sur notre recette sont
tendancieux. Le récolte en fruits, en lé-
gumes et même en céréales est excel-
lentes et, n'était la loi sur la liberté
d'exportation, nous pourrions êlro assu-
rés à bon compte d'une lable honnête-
ment servie. — P. Toubiana. ';.:-..-.
RUE DE CRIMÉE
Un Arabe jaloux
abat son amie
, au bras
de son rival
La victime.
est dans un état grave
Au moi's de juin dernier, le ma-
nœuvre Ali Hamouda, 30 ans, qui
vivait maritalement avec une nom-
mée Georgette Loisel, âgée de 24 ans,
dut s'absenter quelques semaines
pour un voyage en Algérie. Restée
seule au Iog-ils, 4, rue Durât, Geor-
gette s'ennuya aussitôt ; elle lia con-
naissance avec un autre Arabe, Abi-
liche Ahmed, 33 ans. manœuvre éga-:
lement, et s'en alla loger avec lui, en
hôtel, 55, rue de Reuilly.
Mais l'idylle fut de courte durée :
Hamouda revint ; Georgettfe Loisel
retourna vers son premier amant.
Très vexé, Abiliiche jura de se ven-
ger
A plusieurs reprises déjà, ayant
rencontré Georgette Loisel, il t'avait
menacée de son revolver. La trou-
vant hier soir au bras de son rival,
î". suivit le couple jusque Jans la rue,
de Crimée, et, brusquement, se plan-
tant devant l'inconstante maîtresse,
il lui' tira une balle en pleine poi-
trine et s'enfuit.
La victime, dont l'état est grave, a
été transportée à Lariboisière. Ahi-
liche a été envoyé au Dépôt.
L'Administration recommande
le chèque postal
comme moyen de règlement
Mais elle ne s'en sert pas
Sur toutes leo lettres que vous rece-
vez, l'administration appose un timbre
sec vous invitant à demander l'ouver-
ture d'un compte-courant postal.
Mais son insistance n'a pas encore
décidé tous les comptables publics à
faire- usage d'un moyen de règlement
moderne et pratique.
Des professeurs partant en vacances
ont demandé à l'économe du lycée de
verser leurs traitements d'août et de
septembre au compte-courant dont ils
lui donnaient le numéro.
L'économe a répondu que cela ne se
faisait pas, et que d'ailleurs le syndicat
des économes avait décidé d'ignorer les
initiatives hardies dé l'administration des
postes.
La Ligue des Droits de l'Homme a
demandé au Ministre des Finances de
donner des instructions aux comptables
réfractaires aux méthodes nouvelles et
de calmer leurs alarmes.
Araignées du soir
M mauvaise raison
IL y a, quelque part, aux Etats-Unis,
* dans une prison, deux condamnés à
mort qui attendent depuis six ans
l'instant de monter sur le fauteuil
électrique. Depuis six ans, les autorités
supérieures d'un certain Etat améri-
cain interrogent leur conscience pour
savoir s'il y a vraiment lieu d'exécu-
ter une sentence rendue contre deux
hommes -dont la culpabilité n'a jamais
été très clairement démontrée.
Il parait que tant de réflexions ont
enfin porté leurs fruits. Après, avoir,
six années durant, pesé le pour et le
contre, les personnages responsables se
sont prononcés pour l'exécution. Dans
quelques jours, d'autres personnages
officiels entreront dams la cellule de
Sacco et Vanzetti à qui ils diront :
— Levez-vous, votre dernière heure
est arrivée. Depuis soixante-douze
mois que vous êtes ici, sans doute
croyiez-vous qu'on vous avait oubliés,
eh bien ! pas du tout, on pensait à
vous, vous allez pouvoir vous en
convaincre !
A la nouvelle de cette décision,
l'opinion publique s'est émue, un peu
partout dans le monde, et particulière-
ment en France. Des meetings ont eu
lieu, des pétitions se sont couvertes de
signatures. Les intellectuels français
adressent à leurs amis les intellectuels
américains une requête où il ett dit :
c Ne faites pas cela ! Ne laissez
pas faire cela ! Obtenez la grâce de
Sacco et de Vanzetti ; en admettant
qu'ils soient coupables du crime dont
on les accuse, ils ont assez durement
expié pendant ces six années d'an-
goisse. >
Hélas ! des gens qui prétendent
connaître les citoyens du Nouveau-
Monde nous disent :
— Vous avez tort I Votre inter-
vention en faveur des condamnés ne
peut leur être que nuisible. Les Amé-
ricains sont jaloux de leur indépen-
dance ; ils ne sauraient permettre à
quiconque de leur faire la leçon. Plu-
tôt que de paraître céder à vos
instances, ils préféreront exécuter un
verdict qui, sans doute, ne les satisfait
qu'à demi !
Voua ce qu'on nous dit, mais nous
n'en voulons rien croire. Que Sacco et
Vanzetti soient, livrés tardivement au
bourreau par un respect excessif de la
chose jugée, ce serait simplement
inhumain ; qu'on décide leur mort
pour faire pièce aux gens qui s'occu-
pent des affaires d'autrui, ça n'aurait
plus de nom ! Bernard GERVAISE
LIRE EN 2* PAGE :
Le Coin de Banlieue : La rue dAr-
thelon à Meudon, par J. Chataigner.
LIRE Elf 5* PAGE :
A l'Empire : Raquel Meller, par,
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BOULEVARD JE CLICRi
Un inconnu tire ,
sur des passants
et s'enfuit
Deux blessés
Cette nuit, vers 2 heures 20, bou-
levard de Clichy, en face du numé-
ro 80, plusieurs coups de revoter
ont été tirés par un inconnu qui s'est
enfui.
Deux personnes, qui prétendant. ne
pas connaître le tireur, ont éié
blessées : La première Bonjleuden
Ben Ahmed, 29 ans, 5, rue ThoiozC,
a été atteint de quatre balles dans
le bras droit et d'une autre danf le -
côté droit. L'autre, M. Gasselin Ro-
land, 22 ans, demeurant au Havre,
a reçu une balle dans le genou droit.
Les deux blessés ont été transportas ,
à l'hôpital Lariboisière. L'éiai de
Bomleuden Ben Ahmed est assez
grave.
L'auteur de la fusillade est in-
connu et le commïssaiïe de police a
ouvert une enquête.
PUISSENT-ILS DIRE VRAI.
Le mois d'août sera te:;mr
disent les météorologistes,
En Bretagne et en Normandie
le ciel commence à s'éclaircir
La séance continue, comme a dit un
-personnage historique : il a plu en juil-
let, il pleut encore en août. Himier jour du mois, il ventait comme on
novembre, les cheminées résonna: ni en
tempête et, dans le haut des peupliers,
les oiseaux se faisaient petite dans leure
nids.
Aujourd'hui cependant, le ciel est plus
clair. Les nuages noirs q.ui, hier MAi;:i.
jetaient au-dessus de Paris des ombres
soudaines èt sinistres, se sont tpr:"fo!'-
mes en nuages blancs, entre 'lesqueif»,-
de-ci de-là, le soleil coule un œil luisant.
Du beau temps? non, pas encore; mais
il paraît que « ça vient ».
« Le mois d'août, assurent les météo-
rologistes, va être beau. L'amélionHion
va commencer par l'ouest. Les Pirisie!iet.
qui partent ces jours-ci pour l'Océan ou
pour la Manche, trouver at du toicil en
Normandie et'en Bretagne.
Il Le beau temps s'épandri sur toute
la France, assez rapidement. »
La Société
des Nations
n'a pas de budget
de publicité
par GEORGES 60MBMT
Lorsqu'une maison de commerce
veut prendre une place importante,
elle fait chanter ses louantes dans
les organes qui; lui paraissent les plus
capables d'agir sur l'opinion. Elie
leur abandonne, en échange llf" re
servite, un peu de son capital ou de
son bénéfice : ce sont les. frais de
publicité 1
Ces habitudes, nul ne songe à les
critiquer : il est normal qu'un com- *
merçant et un industriel veuillent
failre connaître leurs produits sous
un jour avantageux : le client con-
serve la liberté de juger et de choi-
sir. Mais s'ils interviennent dans le
domaine politique, c'est une autre
affaifre.
Or, ces procédés ne sont plus appli-
cables seulement aux affai'res. La di-
plomalie, qui s'est modernisée par ('p
seul côté, l'utilise également : elle
présente ainsi la politique qui lui
agrée sous les couleurs les p;us sé-
duisantes, comme une pâte alimen-
taire ou un produit de beauté : les
ministères des Affaires étrangères
d'un grand nombre de pays et. leurs
ambassades ont leurs a budgets de
publicité ». C'est un 'euphémisme,
mais'il ne trompe guère : on se doute
qu'ill s'agit de corruption.
Les initiés seuls le savent d'une
manière indubitable. On agit, en ef-
fet, avec une discrète prudence. Il
a fallu certaines publications df:' hoi-
cheviks pour que le public connût
les moyens mis en œuvre par les
agents du Tsat qui avaient mi^ion.
de chauffer l'enthousiasme français
au profit de l'alliance êt des em-
prunts russes.
Les choses se passent d'ordinaire
dans l'ombre des chancelleries et le
clair-obscur des arrière-boutiques de
la presse : le secret est si' bien gar-
dé que les chef» de rubrique r~- qui
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