Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-07-12
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 juillet 1936 12 juillet 1936
Description : 1936/07/12 (N15973). 1936/07/12 (N15973).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7634756q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/12/2014
ÉDITION DE 5 HEURES
Le numéro : 25 cent. (N° 15973)
PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU
Téléph. : Richelieu 81-54 et la suite
Dimanche 12 Juillet 1936
1 AUJOURD'HUI 1
r A LA GARE DES INVALIDES
à partir de 14 heures
GRANDE FINALE 1
du plus bel athlète de ii rance
organisée par la Fédération française
de culture physique sous le patronage
1. du JOURNAL, de L'intran-Match et de L'Auto
==== PENDANT LE TOUR DE FRANCE 1=
Nos lecteurs trouveront chaque jour
— les dernières dépêches de l'étape ;
— !e classement général de l'épreuve ;
— le reportage photographique du « Tour »
dans nos vitrines, au « Journal », 100, rue de Ri-
chelieu, dans nos salles de dépêches, à Cinéac-
Gare-Montparnasse et à Cinéac-Rivoli (78).
- VII
N'avez-vous pas entendu ?
Comme le rayon à travers le
nuage, une musique a percé les
clameurs de la grève et du forum,
une musique venue du Comtat,
du Var, de la Crau, un chœur in-
nombrable et lumineux de clo-
chettes. C'est le temps de la pas-
torale.
Le long des oliviers taillés en
corbeille, des cyprès obscurs, des
platanes trapus comme des pi-
liers romans, dans un martèle-
ment de grêlons, un concert de
bêlements, un aigre et chaud
relent de poussière et de suint —
et le mordant aboi des chiens en
flanc-garde — monte vers les
hauts plateaux de l'Ubaye et du
Verdon la vaste marée des trou-
peaux transhumants.
Par la toile et le livre, on con-
naît cette route de printemps et
d'automne qui roule et houle, les
grands bergers en cape à pèlerine,
le sceptre de bois et de fer dans
leur poing dru, les ânes à banas-
tes pour recueillir le cabri vacil-
lant et le tendre agnelet, les bé-
liers et les boucs aux cornes en
arc ou recourbées en trompe de
triton. Ajoutez les couleurs bibli-
ques : l'azur dévoré de soleil, l'ocre
jaune des. terres et des murs, le
gris des olivetttt; et des tuiles, les
torrents pareils à des ossuaires
calcinés. L'immense troupeau em-
prunte ces antiques traverses, les
carraires, analogues à la mesta
des estivants de Castille, grevées
d'une servitude de passage — ser-
vitude souvent contestée, aujour-
d'hui fort réduite, mais dont il
convient, en raison des risques
bilatéraux de la circulation auto-
mobile, d'envisager le rétablisse-
ment intégral.
—Ce concert d'églogue a eu son
prélude 1 la Foire aux sonnailles
qui se tient, d'Arles à Sisteron, en
dix belles cités dorées de ruines
romaines. De toutes parts s'y sont
rendus pâtres et .maîtres de mas.
On les a vus choisir la forme
« campanulée, tubulaire, pan-
sae. », estimer le métal et le ton.
En si bémol, en ut, en la.
La tintante clarine d'une che-
vrette ou d'une agnelle « n'a rien
à faire » avec le grave et rauqué
battant - d'un bélier. Il s'agit ici
Sauveteur
; à l'honneur
Une figure bien pittoresque et bien sympa-
thique que celle du père Chartier, le sauve-
teur du pont Saint-Michel qui a retiré de
la Seine près de cent désespérés. On voit
souvent le nouveau légionnaire dans les
cérémonies officielles, portant le drapeau de
telle société patriotique. Sa poitrine est
bardée de rubans tricolores. Le ruban rouge
fera, certes, très bien dans cet ensemble
héroïqu". r
d'un signal de groupe et de clan.
Le grand troupeau est une confé-
dération de petites républiques
particulières dont chacun a ses
couleurs, sa marque, son chef à
cornes et à sonnaille. Celle-ci, les
moutons la connaissent vite et s'y
rallient au plus tôt s'ils ont, par
caprice ou gourmandise, outre-
passé l'aire de vibration. C'est la
voix de la paroisse.
Il faut se souvenir de Mistral
entrant par fortune chez un fon-
deur, dans l'ancienne capitale du
Comtat Venaissin devenue un des
chefs-lieux du berlingot et de la
fraise, Carpentras. Barrés a rap-
porté la surprise heureuse de Mis-
tral et l'admirable sérénité de
l'artisan-musicien, mestre Si-
moun.
c Si je fabrique des sonnail-
les.? J'en fournis toute la Pro-
vence et là Suisse latine. et la
Catalogne. et l'Italie. et l'Amé-
rique, le Texas, le Mexique, la Ré-
publique Argentine. (Tout en
parlant il montrait au fur et à
mesure les factures). Chaque na-
tion réclame un ton particulier.
C'est en tôle baignée dans une
sauce de cuivre. Ah! les belles
choses, surtout des chandeliers de
synagogues, que j'ai fondues pour
faire mes sauces. Pour honorer
sa femme, qui était une Simon,
l'amiral Hamelin avait fait sculp-
ter une sonnaille sur la proue de
son vaisseau amiral ».
Dans cette petite boutique com-
tadine — trois siècles de no-
blesse. de cloche — se forgeaient,
se fondaient, s'orchestraient les
symphonies pastorales des deux
mondes.
C'est ainsi que, à travers la Pro-
vence et la poésie, s'en vont esti-
ver les troupeaux. Les grands
bergers pareils à ceux que pei-
gnirent les enlumineurs de psau-
tiers, portent aux plis de leur li-
mousine toutes sortes de légen-
des, de sorts et de secrets. Pres-
tige et magie des solitudes et du
silence ! Astrologues, devins, mé-
dicastres, ils savent, ces pâtres,
rebouter les entorses, traiter le
claveau et le tournis, déchiffrer
les signes des étoiles, cueillir aux
lunes propices ces fameuses her-
bes de la Saint-Jean toujours de
bonne vente à Marseille.
L'alpage provençal, le plus
connu, le mieux chanté, ne doit
pas couvrir la voix des bergeries
dauphinoises, pyrénéennes, au-
vergnates.. Ces carillons diffé-
rents de timbre, de facture et
d'accord — les sonnailles du
causse de Gramat ont pour bat-
tant un os d'âne — ce sont les
Pâques du pacage. Tout se tait
durant les mois d'étable et de
froid.' Paroles et notes gelées.
Mais Rabelais l'a chanté dans une
jolie phrase à cadence latine. « A
cette heure, la rigueur de l'hiver
passée, advenante la sérénité et
tempérie du bon temps, elles fon-
dent et sont ouïes ».
« Tant que la vestale gravira
les degrés de l'autel. » disait Ho-
race. La vestale et le tèmple ont
disparu "(mais voici renaître la
grandeur romaine) .cependant les
troupeaux, par les chemins sécu-
laires, montent toujours au flanc
de l'Alpe reverdie. C'est la même
grêle de pattes sèches et d'accords
tintants, le même berger de Mis-
tral, de Daudet, de Jehan de
Brie, ce sont les mêmes bêlements
éternellement résignés sous la
géométrie éternelle des astres.
EN 2E PAGE :
SECRETS DE PARIS
Le Mur illustré
D' .jr pour 1937.
par FERNANI". LÉGER.
L'ACCORD AUSTRO-ALLEMAND
Bit définitivement lédliié
Le Reich reconnaît l'indépendance
territoriale et politique de l'Autriche
Hier soir, le chancelier Schuschnigg et le docteur Goebbels ont annoncé, par radio,
aux « peuples allemands » que le malaise qui pesait sur les relations de l'Allemagne
et de l'Autriche était dissipé et que désormais, formant deux nations d'une même
'race, ils vivraient en bon voisinage. Lire en 58 page, les dépêches de SUZANNE
race, CLAUSER, de GEORGES BLUN et les commentaires de SAINT-BRICE.
Accident ou
drame passionnel?
UN ARTISAN
SE SUICIDE
APRÈS
AVOIR BLESSÉ
SON EMPLOYÉE
-
Détails en 4e page, 2* colonne.
MON FILM
La Liberté a cinquante ans : il s'agit
de la Liberté qui éclaire le monde tout
en annonçant aux voyageurs la fin de
leur voyage vers le pays des gratte-ciel et des stars.
L'anniversaire de cette femme de bronze sera célébré par
diverses cérémonies franco-américaines. Ainsi, le comman-
dant Pugnet, petit-neveu de Bartholdi, remettra à la muni-
cipalité de New- Y ork un album où sont rassemblées des
gravures qui évoquent le souvenir du fameux sculpteur et
rappellent comment naquit cette gigantesque porteuse de
torche : on sait que la Liberté fut modelée, coulée en bronze
à Paris et offerte aux Etats-Unis par la France. En ce
temps-là, nous ne recevions pas de cadeaux des Américains :
nous leur en faisions, et c'était bien mieux.
J'imagine que l'album du commandant Pugnet contient
l'image où l'on voit Victor Hugo visitant l'immense atelier
situé, je crois, avenue de VersaiHes, où Bartholdi terminait
le modelage de la « Liberté éclairant le monde ». Le vieux
poète, qui avait si lyriquement et si naïvement célébré la
Liberté, contemple la tête — alors détachée — de l'idole du
dix-neuvième siècle et médite. Il allait bientôt mourir et
elle n'en avait pas non plus pour longtemps.
Car cette quinquagénaire est bien malade, et c'est avec
de moins en moins de force et de conviction qu'elle brandit
ce qui fut une flamme éclatante et n'est plus aujourd'hui
qu'un pâle lumignon.
La Liberté éclairant le monde ? Elles deviennent rares,
les nations qui ne trouvent pas rococo ce système d'éclai-
rage jadis si vanté. Même en Amérique,
où s'élève la colossale idole, la Liberté
n'est plus qu'une déesse périmée et partout
sur la terre se raréfient les derniers fidèles, ceux qui
ont encore la foi et pratiquent encore le culte.
Les temps nouveaux ne comprennent pas la Liberté : dans
tous les systèmes politiques à la mode, il n'est pas du tout
question d'elle.
— La liberté, keksekça ?
Le socialisme, le communisme, le fascisme haïssent,
méprisent ou ignorent cette ancienne belle pour laquelle tant
d'hommes se sont fait tuer. Les bourgeois libéraux et les
camarades libertaires se rejoignent dans la catégorie négli-
geable, dérisoire, des attardés, des « types qui ne sont plus
à la page ».
Que ce soit sous une forme ou sous une autre, l'étatisme
l'emporte, et c'est une tyrannie infiniment plus liberticide que
celle des pires autocrates du passé.
L'individu — c'est-à-dire l'homme libre — se meurt et,
dans bien des pays, il est mort. Place au « rouage social »,
au numéroté, au catalogué, au moderne esclave, esclave de
l'Etat-dictateur, de T Etat-dieu !
Entre nous, je crois que les foules n'ont jamais aimé vrai-
ment, sincèrement, la liberté. Car elles sont femmes et leur
sexe ne trouve ou ne croit trouver le vrai bonheur que dans
une sorte de servitude amoureuse.
Le cinquantenaire de la Liberté éclairant le monde
tombe décidément bien mal. — CLÉMENT VAUTEL.
LE TOUR DE FRANCE
A Le Grevés Belfort-Evian
Les « Tour de France », partis hier matin de Belfort, sont arrivés l'après-midi
à Evian, après avoir fait un petit « crochet » par la Suisse et traversé Genève.
La montée du col de la Faucille ne provoqua pas les « lâchages » escomptés, mais
la descente, effectuée sous l'averse fut très pénible. C'est Le Grèves qui triompha
au sprint, devant les Belges Wierinckx et Danneels. On voit, sur notre cliché,
Archambaud félicitant son co-équipier après sa victoire. — (En 6* page les dépêches
de nos envoyés spéciaux Jacques Vidal-Lablache et Lucien Avocat.)
Manuel Rodriguez
assassin du fermier
Zurletti
est condamné
à mort
Détails en 4* page 1colonne
Quatre niveaux champions
de France d'athlétisme:
100 m. plat Robert Paul
400 m. haies : Joye
10.000 m. : Tostain
3.000 m. : Cuzol
Cet après-midi à Colombes
suite des Championnats de France
(Détails en 7* page, 1" colonne.)
EN 3E PAGE, 2e COLONNE :
L'application des quarante heures dans
le « bâtiment ».
par JEAN BOTROT.
EN 39 PAGE, 5E COLONNE :
M. Pierre Cot expose devant un audi-
toire de personnalités de l'aviation
sa politique de l'air.
EN 69 PAGE
LES LETTRES
UNE BONNE PRISE
- Nestor ! - veuxétu le filet à papillons ? (Dessih de YALLEE.)
1 1 LES LAURÉATS
du Concours général
reçoivent leurs prix
A l'issue de la distribution des prix du concours général dont on lira le compte
rendu en 4e page, lra colonne, un des lauréats, M. LOUIS PAMPLUME, chargé d'in-
nombrables prix, se repose au pied de la statue de Victor Hugo. — A gauche, pendant
la cérémonie, M. LEBRUN félicite Mlle CLAIRE LAMY 1
LA FÊTE
-
: cet après-midi
:' iIIU Bouroet
La fête de l'air qui se dérou-
lera cet après-midi, au Bour.
get, groupera d'innombrables
avions dont les évolutions
seront dirigées par le général
Vuillemin, que l'on voit ci-
contre. Voir - en 3e page.
MISS SANTÉ
Le temps n'est plus où « Gavarni, poète des chloroses », mettait à la mode les
« beautés d'hôpital ». Beauté et Santé, en 1936, vont heureusement de pair.
ainsi qu'en témoigne le titre même du c Salon » actuellement installé dans
le hall de la gare des Invalides. Voici — symbole vivant de cette gracieuse
et sage union — Mlle MADELEINE LEGRAND, qui vient d'être élue miss Santé 1936,
et-qu'entourent ses demoiselles d'h,onneur:Mlles RIGAUD et SILVERT. Voir en 2E p.
Le numéro : 25 cent. (N° 15973)
PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU
Téléph. : Richelieu 81-54 et la suite
Dimanche 12 Juillet 1936
1 AUJOURD'HUI 1
r A LA GARE DES INVALIDES
à partir de 14 heures
GRANDE FINALE 1
du plus bel athlète de ii rance
organisée par la Fédération française
de culture physique sous le patronage
1. du JOURNAL, de L'intran-Match et de L'Auto
==== PENDANT LE TOUR DE FRANCE 1=
Nos lecteurs trouveront chaque jour
— les dernières dépêches de l'étape ;
— !e classement général de l'épreuve ;
— le reportage photographique du « Tour »
dans nos vitrines, au « Journal », 100, rue de Ri-
chelieu, dans nos salles de dépêches, à Cinéac-
Gare-Montparnasse et à Cinéac-Rivoli (78).
- VII
N'avez-vous pas entendu ?
Comme le rayon à travers le
nuage, une musique a percé les
clameurs de la grève et du forum,
une musique venue du Comtat,
du Var, de la Crau, un chœur in-
nombrable et lumineux de clo-
chettes. C'est le temps de la pas-
torale.
Le long des oliviers taillés en
corbeille, des cyprès obscurs, des
platanes trapus comme des pi-
liers romans, dans un martèle-
ment de grêlons, un concert de
bêlements, un aigre et chaud
relent de poussière et de suint —
et le mordant aboi des chiens en
flanc-garde — monte vers les
hauts plateaux de l'Ubaye et du
Verdon la vaste marée des trou-
peaux transhumants.
Par la toile et le livre, on con-
naît cette route de printemps et
d'automne qui roule et houle, les
grands bergers en cape à pèlerine,
le sceptre de bois et de fer dans
leur poing dru, les ânes à banas-
tes pour recueillir le cabri vacil-
lant et le tendre agnelet, les bé-
liers et les boucs aux cornes en
arc ou recourbées en trompe de
triton. Ajoutez les couleurs bibli-
ques : l'azur dévoré de soleil, l'ocre
jaune des. terres et des murs, le
gris des olivetttt; et des tuiles, les
torrents pareils à des ossuaires
calcinés. L'immense troupeau em-
prunte ces antiques traverses, les
carraires, analogues à la mesta
des estivants de Castille, grevées
d'une servitude de passage — ser-
vitude souvent contestée, aujour-
d'hui fort réduite, mais dont il
convient, en raison des risques
bilatéraux de la circulation auto-
mobile, d'envisager le rétablisse-
ment intégral.
—Ce concert d'églogue a eu son
prélude 1 la Foire aux sonnailles
qui se tient, d'Arles à Sisteron, en
dix belles cités dorées de ruines
romaines. De toutes parts s'y sont
rendus pâtres et .maîtres de mas.
On les a vus choisir la forme
« campanulée, tubulaire, pan-
sae. », estimer le métal et le ton.
En si bémol, en ut, en la.
La tintante clarine d'une che-
vrette ou d'une agnelle « n'a rien
à faire » avec le grave et rauqué
battant - d'un bélier. Il s'agit ici
Sauveteur
; à l'honneur
Une figure bien pittoresque et bien sympa-
thique que celle du père Chartier, le sauve-
teur du pont Saint-Michel qui a retiré de
la Seine près de cent désespérés. On voit
souvent le nouveau légionnaire dans les
cérémonies officielles, portant le drapeau de
telle société patriotique. Sa poitrine est
bardée de rubans tricolores. Le ruban rouge
fera, certes, très bien dans cet ensemble
héroïqu". r
d'un signal de groupe et de clan.
Le grand troupeau est une confé-
dération de petites républiques
particulières dont chacun a ses
couleurs, sa marque, son chef à
cornes et à sonnaille. Celle-ci, les
moutons la connaissent vite et s'y
rallient au plus tôt s'ils ont, par
caprice ou gourmandise, outre-
passé l'aire de vibration. C'est la
voix de la paroisse.
Il faut se souvenir de Mistral
entrant par fortune chez un fon-
deur, dans l'ancienne capitale du
Comtat Venaissin devenue un des
chefs-lieux du berlingot et de la
fraise, Carpentras. Barrés a rap-
porté la surprise heureuse de Mis-
tral et l'admirable sérénité de
l'artisan-musicien, mestre Si-
moun.
c Si je fabrique des sonnail-
les.? J'en fournis toute la Pro-
vence et là Suisse latine. et la
Catalogne. et l'Italie. et l'Amé-
rique, le Texas, le Mexique, la Ré-
publique Argentine. (Tout en
parlant il montrait au fur et à
mesure les factures). Chaque na-
tion réclame un ton particulier.
C'est en tôle baignée dans une
sauce de cuivre. Ah! les belles
choses, surtout des chandeliers de
synagogues, que j'ai fondues pour
faire mes sauces. Pour honorer
sa femme, qui était une Simon,
l'amiral Hamelin avait fait sculp-
ter une sonnaille sur la proue de
son vaisseau amiral ».
Dans cette petite boutique com-
tadine — trois siècles de no-
blesse. de cloche — se forgeaient,
se fondaient, s'orchestraient les
symphonies pastorales des deux
mondes.
C'est ainsi que, à travers la Pro-
vence et la poésie, s'en vont esti-
ver les troupeaux. Les grands
bergers pareils à ceux que pei-
gnirent les enlumineurs de psau-
tiers, portent aux plis de leur li-
mousine toutes sortes de légen-
des, de sorts et de secrets. Pres-
tige et magie des solitudes et du
silence ! Astrologues, devins, mé-
dicastres, ils savent, ces pâtres,
rebouter les entorses, traiter le
claveau et le tournis, déchiffrer
les signes des étoiles, cueillir aux
lunes propices ces fameuses her-
bes de la Saint-Jean toujours de
bonne vente à Marseille.
L'alpage provençal, le plus
connu, le mieux chanté, ne doit
pas couvrir la voix des bergeries
dauphinoises, pyrénéennes, au-
vergnates.. Ces carillons diffé-
rents de timbre, de facture et
d'accord — les sonnailles du
causse de Gramat ont pour bat-
tant un os d'âne — ce sont les
Pâques du pacage. Tout se tait
durant les mois d'étable et de
froid.' Paroles et notes gelées.
Mais Rabelais l'a chanté dans une
jolie phrase à cadence latine. « A
cette heure, la rigueur de l'hiver
passée, advenante la sérénité et
tempérie du bon temps, elles fon-
dent et sont ouïes ».
« Tant que la vestale gravira
les degrés de l'autel. » disait Ho-
race. La vestale et le tèmple ont
disparu "(mais voici renaître la
grandeur romaine) .cependant les
troupeaux, par les chemins sécu-
laires, montent toujours au flanc
de l'Alpe reverdie. C'est la même
grêle de pattes sèches et d'accords
tintants, le même berger de Mis-
tral, de Daudet, de Jehan de
Brie, ce sont les mêmes bêlements
éternellement résignés sous la
géométrie éternelle des astres.
EN 2E PAGE :
SECRETS DE PARIS
Le Mur illustré
D' .jr pour 1937.
par FERNANI". LÉGER.
L'ACCORD AUSTRO-ALLEMAND
Bit définitivement lédliié
Le Reich reconnaît l'indépendance
territoriale et politique de l'Autriche
Hier soir, le chancelier Schuschnigg et le docteur Goebbels ont annoncé, par radio,
aux « peuples allemands » que le malaise qui pesait sur les relations de l'Allemagne
et de l'Autriche était dissipé et que désormais, formant deux nations d'une même
'race, ils vivraient en bon voisinage. Lire en 58 page, les dépêches de SUZANNE
race, CLAUSER, de GEORGES BLUN et les commentaires de SAINT-BRICE.
Accident ou
drame passionnel?
UN ARTISAN
SE SUICIDE
APRÈS
AVOIR BLESSÉ
SON EMPLOYÉE
-
Détails en 4e page, 2* colonne.
MON FILM
La Liberté a cinquante ans : il s'agit
de la Liberté qui éclaire le monde tout
en annonçant aux voyageurs la fin de
leur voyage vers le pays des gratte-ciel et des stars.
L'anniversaire de cette femme de bronze sera célébré par
diverses cérémonies franco-américaines. Ainsi, le comman-
dant Pugnet, petit-neveu de Bartholdi, remettra à la muni-
cipalité de New- Y ork un album où sont rassemblées des
gravures qui évoquent le souvenir du fameux sculpteur et
rappellent comment naquit cette gigantesque porteuse de
torche : on sait que la Liberté fut modelée, coulée en bronze
à Paris et offerte aux Etats-Unis par la France. En ce
temps-là, nous ne recevions pas de cadeaux des Américains :
nous leur en faisions, et c'était bien mieux.
J'imagine que l'album du commandant Pugnet contient
l'image où l'on voit Victor Hugo visitant l'immense atelier
situé, je crois, avenue de VersaiHes, où Bartholdi terminait
le modelage de la « Liberté éclairant le monde ». Le vieux
poète, qui avait si lyriquement et si naïvement célébré la
Liberté, contemple la tête — alors détachée — de l'idole du
dix-neuvième siècle et médite. Il allait bientôt mourir et
elle n'en avait pas non plus pour longtemps.
Car cette quinquagénaire est bien malade, et c'est avec
de moins en moins de force et de conviction qu'elle brandit
ce qui fut une flamme éclatante et n'est plus aujourd'hui
qu'un pâle lumignon.
La Liberté éclairant le monde ? Elles deviennent rares,
les nations qui ne trouvent pas rococo ce système d'éclai-
rage jadis si vanté. Même en Amérique,
où s'élève la colossale idole, la Liberté
n'est plus qu'une déesse périmée et partout
sur la terre se raréfient les derniers fidèles, ceux qui
ont encore la foi et pratiquent encore le culte.
Les temps nouveaux ne comprennent pas la Liberté : dans
tous les systèmes politiques à la mode, il n'est pas du tout
question d'elle.
— La liberté, keksekça ?
Le socialisme, le communisme, le fascisme haïssent,
méprisent ou ignorent cette ancienne belle pour laquelle tant
d'hommes se sont fait tuer. Les bourgeois libéraux et les
camarades libertaires se rejoignent dans la catégorie négli-
geable, dérisoire, des attardés, des « types qui ne sont plus
à la page ».
Que ce soit sous une forme ou sous une autre, l'étatisme
l'emporte, et c'est une tyrannie infiniment plus liberticide que
celle des pires autocrates du passé.
L'individu — c'est-à-dire l'homme libre — se meurt et,
dans bien des pays, il est mort. Place au « rouage social »,
au numéroté, au catalogué, au moderne esclave, esclave de
l'Etat-dictateur, de T Etat-dieu !
Entre nous, je crois que les foules n'ont jamais aimé vrai-
ment, sincèrement, la liberté. Car elles sont femmes et leur
sexe ne trouve ou ne croit trouver le vrai bonheur que dans
une sorte de servitude amoureuse.
Le cinquantenaire de la Liberté éclairant le monde
tombe décidément bien mal. — CLÉMENT VAUTEL.
LE TOUR DE FRANCE
A Le Grevés Belfort-Evian
Les « Tour de France », partis hier matin de Belfort, sont arrivés l'après-midi
à Evian, après avoir fait un petit « crochet » par la Suisse et traversé Genève.
La montée du col de la Faucille ne provoqua pas les « lâchages » escomptés, mais
la descente, effectuée sous l'averse fut très pénible. C'est Le Grèves qui triompha
au sprint, devant les Belges Wierinckx et Danneels. On voit, sur notre cliché,
Archambaud félicitant son co-équipier après sa victoire. — (En 6* page les dépêches
de nos envoyés spéciaux Jacques Vidal-Lablache et Lucien Avocat.)
Manuel Rodriguez
assassin du fermier
Zurletti
est condamné
à mort
Détails en 4* page 1colonne
Quatre niveaux champions
de France d'athlétisme:
100 m. plat Robert Paul
400 m. haies : Joye
10.000 m. : Tostain
3.000 m. : Cuzol
Cet après-midi à Colombes
suite des Championnats de France
(Détails en 7* page, 1" colonne.)
EN 3E PAGE, 2e COLONNE :
L'application des quarante heures dans
le « bâtiment ».
par JEAN BOTROT.
EN 39 PAGE, 5E COLONNE :
M. Pierre Cot expose devant un audi-
toire de personnalités de l'aviation
sa politique de l'air.
EN 69 PAGE
LES LETTRES
UNE BONNE PRISE
- Nestor ! - veuxétu le filet à papillons ? (Dessih de YALLEE.)
1 1 LES LAURÉATS
du Concours général
reçoivent leurs prix
A l'issue de la distribution des prix du concours général dont on lira le compte
rendu en 4e page, lra colonne, un des lauréats, M. LOUIS PAMPLUME, chargé d'in-
nombrables prix, se repose au pied de la statue de Victor Hugo. — A gauche, pendant
la cérémonie, M. LEBRUN félicite Mlle CLAIRE LAMY 1
LA FÊTE
-
: cet après-midi
:' iIIU Bouroet
La fête de l'air qui se dérou-
lera cet après-midi, au Bour.
get, groupera d'innombrables
avions dont les évolutions
seront dirigées par le général
Vuillemin, que l'on voit ci-
contre. Voir - en 3e page.
MISS SANTÉ
Le temps n'est plus où « Gavarni, poète des chloroses », mettait à la mode les
« beautés d'hôpital ». Beauté et Santé, en 1936, vont heureusement de pair.
ainsi qu'en témoigne le titre même du c Salon » actuellement installé dans
le hall de la gare des Invalides. Voici — symbole vivant de cette gracieuse
et sage union — Mlle MADELEINE LEGRAND, qui vient d'être élue miss Santé 1936,
et-qu'entourent ses demoiselles d'h,onneur:Mlles RIGAUD et SILVERT. Voir en 2E p.
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