Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-03-07
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 mars 1929 07 mars 1929
Description : 1929/03/07 (N13290). 1929/03/07 (N13290).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76327511
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2014
'ii'
S HEURES OU IVSATS^I
%y
LE JOURNAL
LE NUMÉRO : 25 c. (N; 13290);
PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU
Tél. Gut. 61-65, 61-66, 61-67, 26-27,
JEUDI 7 MARS 1929
Il U B IL IES-
/Ikt eet actee^e^
eeite maneriette auaT
MAGASINS GÉNÉRAUX
D'AMEUBLEMENTS
MEUBLES
et <~~(it6~e/~
vouA ife£eArt£>L 3
p [JSJLOI éujpewe, eoôûoxequj^
CX B? MAGENTA M
00 PARI>r- X? 00
III
LE "JOURNAL" EN ESPAGNE
Au delà des monts.
[DE NOTRE ENVOYÉ
SPÉCIAL]
Madrid, maria.
Il y a encore
des Pyrénées !
Et, malgré le"
mot de Louis XIV,
il semble bien
qu'il y en ait tou-
jours eu, il sem-
ble bien qu'il y en
;tura. toujours.
Des Pyrénées à
jamais dressées
comme un mur,
escarpées, dures,
massives, conti-
nues d'une mer
à l'autre, des Py-
rénées plus hau-
tes que les plus
hautes Alpes, des
Pyrénées comme
un Him\laya\ des
Pyrénées infran-
chissables.
Elle est toute
Voisiné, 1 Espa-
gne toute proche,,
très accueillante
assurément. L'é-
tranger y entre
sans peine. Il y
reçoit la plus
courtoise hospita-
lité. Mais il pour-
Up" e. nouvelle voie de Madrid. A gauche, le palttùi
.1.^ i.. des Artsi achevé, en 1926
'À 1 --=". -::. - - -, -.
ra s y promener longtemps ; en
ouvrant bien les yeux et les oreil-
les, il court grand risque, après
des semaines et des mois, de n'en
savoir rien de plus qu'au, premier
jour. Il ne connaîtra que des appa-
rences. Il ne gépassera pas la
façade.
L'Espagnë est peut-être, de
toute l'Europe, la nation morale-
ment la plus impénétrable, la plus
difficile à comprendre et, malgré
ia vivacité, malgré l'originalité
marquée de ses coutumes, la plus
fermée, la plus retranchée, on ose-
rait dire : la plus muette.
Tout comme ses femmes, à qui
la mantille de tulle noir sert à la
fois de parure pour attirer le re-
gard et de voile pour cacher leurs
traits, elle se dérobe sous le pres-
tige éclatant de son pittoresque tra-
ditionnel. Elle vous amuse et vous
égare par le spectacle animé de
sa vie extérieure. Mais l'âme qui
respire en secret derrière ce ri-
deau bariolé, bien présomptueux
le voyageur qui se flattera de l'at-
teindre ! , ; J;
Et d'abord, combien de contras-
tes ! Parcourez les rues de Madrid.
Elles ne diffèrent pas sensible-
ment de celles de Paris ou de
Rome. Foule prompte, encombre-
ments d'autos, bruit et mouvement,
puis, le soir venu, la banale féerie
des enseignes lumineuses. Peut-
être les immeubles sont-ils un peu
plus ambitieux que chez nous. Les
banques érigent dans le ciel des
clochers vertigineux. La poste a
l'air d'une cathédrale. Peut-être
aussi, les façades sont-elles plus
claires, plus blanches, plus légè-
res. Et vous trouvez sur les boule-
vards des palmiers au lieu, de pla-
tanes. Minces'détails qui ne suf-
fisent pas à vous dépayser et que,
bientôt, vous ne remarquez plus.
N'étaient quelques hauts cha-
peaux andalous, cônes de feutre
tronqués à larges bords plats que
portent fièrement des hommes
sombres, n'étaient les capes dou-
blées de velours incarnat, où se
drapent quelques passants d'un
geste savamment hidalgo, n'é-
taient les écharpes de dentelle
dont la plupart des femmes cou-
vrent leurs cheveux nus, vous au-
riez bien vite oublié que vous
avez franchi une frontière.
Mais quittez la grand'ville. En-
foncez-vous un peu dans le pays.
Vous serez aussitôt saisi d'un sen-
timent très intense d'éloignement
i- éloignement dans l'espace et,
plus encore, éloignement dans le
M,,rrips.
Ce n'est pas seulement lë cadre
qui va vous isoler, vous tenir à
l'écart, et comme en retrait, mais
ce cadre d'abord vous halluciné.
Lignes immuables de l'horizon,
paysages indélébiles burinés à
l'eau-forte, monuments insensi-
bles à la morsure des. siècles, tout
semble fait pour vous tirer hors
du mouvement normal des âges.
Vous ne sauriez dire si vous êtes
transporté dans une époque très
ancienne ou dans une période fu-
ture. Passé, présent, avenir, ces
mots n'ont plus de sens, ces no-
tions 's'effacent pour vous dans
une étrange illusion de permanen-
ce, d'une permanence qui serait
peut-être une survie, qui serait
peut-être déjà la mort ou — qui
sait ? — une résurrection. C'est
comme si la terre avait cessé de
tourner. Vous vous croiriez dans
une demeure frappée d'on ne sait
quel envoûtement, où ne battrait
le pouls d'aucune horloge.
Et le contact des hommes, quand
vous les approchez, ne dissipe pas
cette sorcellerie.
Entrer en relations avec un Es-
pagnol. Vous trouverez chez lui
la plus exquise politesse et la plus
cérémonieuse et non seulement le
langage le plus flatteur, mais le
plus réel empressement à vous
rendre service. N'en demandez
pas plus. Ne comptez pas pénétrer
d'un pouce dans l'intimité de cet
hôte si accueillant. Il restera pour
vous impersonnel. Rien de lui ne
transparaîtra dans ses manières
obligeantes. Elles vous paraîtront
réglées comme un rite religieuse-
ment observé où n'a pas à se mê-
ler le vrai de l'âme. Elles demeu-
reront extérieures et le même
homme qui vous traitera avec une
affabilité de grand seigneur gar-
dera touj ours un peu l'air de n'a-
gir, quand il est devant vous, que
comme le majordome de lui-
même.
Le vestibule vous est ouvert.
peut-être le salon d'apparat. La
maison vous reste fermée.
Vous rappellant des notions
d'histoire, vous risquerez, alors,
des assimilations peut-être pro*
fondément fausses. Parce que les
femmes, par exemple, sont volon-
tiers tenues dans une ombre ja-'
louse, vous songerez aux Maures,
à la longue domination de l'Islam
sur la Péninsule ibérique, mais
mille traits, immédiatement, dé-
mentiront cette pensée et vous re-
connaîtrez à d'innombrables mar-
ques que nul peuple n'a si inten-
sément subi l'empreinte catholi-
que que le peuple espagnol.
Au hasard d'un arrêt du train
dans une petite gare, vous aurez
remarqué quelque adolescent
étendu dans la poussière et vous
aurez écouté, comme un écho
des nostalgies arabes, sa lente et
plaintive chanson inarticulée.
Mais avant que vous ayez réussi
à lui arracher le secret de sa mé-
lopée, des affiches frapperont vos
yeux. Elles annoncent les exposi-
tions de Séville et de Barcelone et
.vous disent que l'Espagne est aus-
si un peuple moderne qui travaille,
qui produit, qui veut faire sa per-
cée sur tous les marchés du
monde.
L'Espagne qui fut dans un
temps maîtresse de l'Europe, et
qui posséda, par 4elà les mers, le
plus magnifique! empire, n'a pas
renoncé à jouer un rôle digne de
ses hauts souvenirs.
Dans les plus récentes années,
elle a, en plusieurs circonstances,
contribué à régler de graves ques-
tions, et l'on ne. saurait oublier,
par exemple, quelle féconde acti-
vité a dépensée, à Genève, un
homme comme M. Quinones de
Léon. Il est certain que sans-son
intervention, pour ne pas citer
d'autres cas, le partage de la Hau-
te-Silésie, se fût effectué différem-
ment. Il est également évident que
la volonté clairvoyante du « dicta-
teur » Primo de Rivera réalisant.
après tant d'incertitudes, la coo-
pération franco - espagnole an
Maroc, à pesé d'un poids décisif
sur un problème qui pouvait finir
par prendre des développements
extra-européens.
Quand on croit que l'union la-
tine peut être un élément déter-
minant dans l'affermissement de
la paix, qu'elle peut aider à main-
tenir un équilibre salutaire entre
les divers rameaux de la civilisa-
tion occidentale, on ne saurait se
désintéresser de ce qui se passe
ici.
Les événements éclatent à l'im-
proviste, se déforment ou tournent
court. Quand tout annonce le cal-
me, un nuage, subitement gonflé,
fait mine de crever en grêle, mais
le , ciel est redevenu pur avant
qu'on ait eu le temps d'ouvrir
les parapluies. Des causes obscur
res agissent sourdement. De lour-
des et sombres menaces s'éva-
nouissent au moindre souffle.
■Il faut une extrême prudence
pour parler des choses d'Espagne
si l'on ne veut pas s'exposer au
brusque démenti des faits. A l'abri
de ses Pyrénées, l'Espagne est un
petit univers tellement 'différent
du nôtre que nous y sommes à
tout coup de vent déconcertes.
Oui, tout un univers riche en con-
tradictions et d'autant plus atta-
chant qu'il joint à ses autres at-
, traits la force étrange du mystère.
EDOUARD HEItSEY
(4 suivre.) - :~.
LES TABLEAUX
dérobés au Havre
sont retrouvés
Leurs voleurs sont arrêtés
L'enquête au sujet du vol des tableaux
de maîtres appartenant fit M. Fernand
(Laffitte vient d'entrer dans une nouvelle
phase.
Grâce aux efforts conjugués de M. Ga-
ranger, commissaire de police mobile au
contrôle des recherches de la Sûreté gé-
nérale, de M. Charpentier, commissaire
de police, des inspecteurs Royère, Bon-
ny. Garanger, Ravare, Girard, et de la
police du Havre, on vient de découvrir
la caisse ainsi que les tableaux qu'elle
cpntenait et d'arrêter deux des princi-
paux auteurs du vol.
11 n'est pas mutile de rappeler suc-
cinctement cette affaire. Le 30 novembre
dernier, M. Fernand Laffitte, domicilié
chez son frère, M. Gabriel Laffitte-, 6,
rue de Calais, à Paris, expédiait du Havre
à New-York, dans l'espoir de les y ven-
dre un bon prix, deux toiles du Tintoret
et une de Murillo.
Contrairement à ses prévisions, l'af-
faire ne put aboutir et il réexpédia les
chefs-d'œuvre à Paris après avoir pris
la précaution de les assurer à. une com-
pagnie de Philadelphie pour une somme
de 2.500.000 francs.
Emballés dans une caisse spéciale, les
tableaux furent chargés à New-York, le
2 février sur le paquebot Ile-de-France.
Arrivés au Havre, le 9 février, la pré-
cieuse caisse fut déchargée puis entre-
posée dans le magasin d'une entreprise
de transit où elle fut l'objet d'une sur-
veillance spéciale.
Le 18, M. Laffitte* transmit l'ordre
d'expédier la caisse au domicile de son
frère, 6, rue de Calais, à Paris. C'est
alors que les gardiens de magasin cons-
tatèrent sa disparition.
Avisé immédiatement, M. Fernand Laf-
fitte porta plainte en vol devant le com-
missaire de police du 2* arrondissement
du Havre,
Le contrôle général des recherches
de la Sûreté générale chargea le com-
missaire Garanger de procéder à une en-
quête sur ce vol mystérieux. Les inves-
tigations effectuées dans les milieux
fréquentés par les malfaiteurs interna-
tionaux spécialisés dans les vols d'ceu-
vres d'art à bord des paquebots révélè-
rent qu'un groupe d'individus suspects
avait décidé de-se rendre au Havre en
voiture, afin d'en ramener, la nuit, des
objets d'un prix inappréciable mais .d'un
placement difficile. t
D'accord avec MM. Delange, contrô-
leur général, et Le Luc, commissaire
divisionnaire, M. Garanger décida d'or-
ganiser sur les routes conduisant au
Havre des surveillances étroites..
Dans la nuit du samedi 2 au diman-
che 3 mars, les policiers à l'affût sur
la route d'Harfleur eurent leur atten-
tion attirée par une camionnette qui,
tous feux éteints, montait la côte de
Gaineville. Us s'approchèrent, mais
déjà la voiture avait fait demi-tour vers
le Havre. Ils remarquèrent alors, à. quel-
ques mètres de là, une caisse de grandes
dimensions, couchée à plat sur le talus
de la route. Ils la transportèrent à la
gendarmerie d'Harfleur, qui la fit sui-
vre au Havre chez le juge d'instruction
qui l'ouvrit et y découvrit les toiles de
Murillo et du Tintoret. (Suite en 5° page)
Un grand match
franco-italien
aux trois armes
C'est lundi prochain 11. mars, à Wa-
gram, que se déroulera pour la première
fois, à Paris, un grand match franco-ita-
lien aux trois armes. Au fleuret, Philippe
Cattiau rencontrera. Gaudini ; à l'épée,
Emile Cornie affrontera Riccardi. Enfin,
au sabre, Roger Ducret sera' opposé à
PulitU
L'issue ,de cette rencontre, qui réunit
les six meilleurs spécialistes, à chaque
EMILE CORNIO
1 ? (Photo Endrey.)
arme, ad France et d'Italie, est très in-
décise. C'est pourquoi elle suscite dans
tous les milieux un énorme intérêt spor,""
tif.
Ajoutons que ces joutes élégantes et
courtoises n'excitent chez les champions
italiens et français qu'une animosité pu-
rement sportive et que le risque n'existe
pour ainsi dire plus de discussions sur
les décisions du 'jury. D'ailleurs, jurés
français et Maliens marchent maintenant
en pleine union d'esprit et ne souhaitent
que la victoire du meilleur.
Les présidents de jury désignés pour
le 11 mars à Wa'gram sont : Adrien
Lojoux pour le fleuret, Armand Massard
pour l'éipée et Canova pour le sabre.
Mme Raymond Poincaré
prend la parole
chez les Gens de Lettres
enfaveurd&vo&es d'écrivains
Quel stafician dénombrera les discours,,
harangues, allocutions, qu'au cours de sa
longue et prestigieuse carrière M. Ray-
mond Poincaré, président du conseil,
ministre, député, sénateur, présiden de
conseil général, délégué de la France,
académicien, aura prononcés ?
Discrètement, à l'ombre de cette re-
nommée universelle, tendrement attenti-
ve, Mme Raymond Poincaré vit dans le
silence.
Hier, cependant, exceptionnellement et
pour la première fois peut-être, elle a
rompu ce silence. Qui ne lui en saurait
gré ? Elle a parlé en faveur des veuves
d'écrivains. Sujet d'actualité, hélas! La
disparition récente de Tancrède Martel,
mort de misère, mort de faim, montre
cruellement que les hommes de lettres
ne s'enrichissent pas toujours. Ceux qui
s'en vont isolés, sans famille, ne nous
laissent que l'amer remords de ne les
avoir pas aidés assez. Mais il est d'autres
détresses, plus affreuses. Des écrivains
meurent pauvres, et leurs veuves, leurs
enfants leur survivent, en proie souvent
aux plus cruelles difficultés.
C'est sur ces pauvres gens que s'est
penchée Mme Raymond Poincaré, que
l'estime des gens de lettres a portée à la
présidence d'honneur de î'œuvre du De-
nier des veuves.
Hier, au cours dVnc, réunion à la-
quelle présidaient Mine Canine Marbot
M"" PPINOmt "',
et M. Marcel Batilliat, elle dit avec sim-
plicité1 sa sympathie pour des misères qui,
par pudeur, trop souvent, se dissimulent
à ceux-là mêmes qui leur voudraient
porter secours.
Ses quelques mots venus du cœur, plus
éloquents qu'un grand discours, émurent
infiniment un aréopage d'élite, puisque
de Pierre Benoît et de Charles Le Gof-
fic à l'humoriste Jules Lévy dont les yeux
s'embuèrent de larmes, les plus hautes
personnalités de la Société des gens de
lettres étaient présentes.
Quand* Mme Raymond Poincaré se
retira, discrètement, comme' elle était
venue, tous les écrivains, debout, lui fi-
rent une ovation où il entrait autant de
respect que de gratitude-—Geo London.
Le faussaire Frank est libéré
BRUXELLES, 6 mars. - Un coup de
théâtre vient de se produire. dans l'af-
faire des faux documents d'Utrécht.- A
la suite d'un dernier interrogatoire, Al-
bert Frank-Heine vient d'être remis en
liberté. Une note officieuse, transmise
à la presse, dit textuellement ceci:
« Albert Frank a été libéré mer-
credi soir. suivant'ordonnance du juge
d'instruction, rendue sur réquisitoire
du procureur du roi. Le fait du faux
passeport, pour lequel il avait été in-
culpé, n'a pas permis de le maintenir
en prévention, l'instruct'on ayant éta-
bli que, s'il y avait faux matériel, ce-
lui-ci était sans préjudice.
» D'autre part, si l'instruction a Clé-
montré d'une manière péremptoire que
les documents publiés par le Journal
d'Utrecht sont des faux et que Frank
en est l'auteur, il n'y a pas là, d'après
le droit pénal belge, un fait permettant
de le maintenir en prévention ».
Cette libération inattendue du faus-
saire va, comme bien on le pense, pro-
voquer une sensation considérable. Dès
ce soir, il. apparaît de toute évidence
que le gouvernement belge sera inter-
pellé au Parlement. — (Journal.)
AU DISCOURS
de M. Stresemann
sur les droits des minorités
MM. Chamberlain et Briand
répondent par l'affirmation
de leurs devoirs envers l'État
GENÈVE, 6 mars. — Le grand débat
sur les minorités a été institué, ce ma-
tin, devant le conseil de la Société des
nations, en séance publique.
Dès le début de cette séance, le repré-
sentant du Canada, le sénateur Dandu-
rand, a donné lecture des propositions
déjà connues dont il est l'auteur tou-
chant les modifications à apporter à la
procédure en usage devant le conseil de
la' Société des nations pour l'examen des
pétitions des minorités.
Rappelons que les deux propositions
principales de M. Dandurand tendent 1°
à la transmission par les minorités de
leurs pétitions aux gouvernements inté-
ressés et 2° à l'institution d'un comité
général du conseil qui transformerait le
comité des Trois en un comité de qua-
torze membres.
L'exposé du chancelier du Reich
M. Stresemann a alors la parole. Il
s'exprime en allemand au milieu d'un
religieux silence.
Il jette d'abord un regard sur la der-
nière décade qui a vu naître et se déve-
lopper la Société des nations au milieu
d'événements et de difficultés de toutes
sortes. Il se demande si, au cours de
ces années, les idées maîtresses des fon-
dateurs de la Société des nations ont été
respectées et il pose notamment la ques-
tion pour le problème des minorités. Il
qualifie de très importantes aux yeux
du Reich les propositions faites par le
sénateur Dandurand.
Le représentant du Reich ne veut pas
examiner des cas concrets. Son but est
de rappeler et de préciser les droits et
les devoirs généraux de la Société des
nations au regard les minorités. Il le
fera à la lumière de l'expérience. Il
affirme à ce propos que rien ne serait
plus fâcheux que d'entretenir dans le
cœur de millions d'hommes le seepti-
cisme à l'égard de la protection des
minorités par la Société des nations,
scepticisme avant-coureur du désespoir.
L'orateur continue en affirmant que la
théorie et la pratique n'ont pas toujours
été à l'unisson, que c'est du moins l'im-
pression, qu'on a créée parmi trop de
minorités. « Quelquefois même on a
donné l'impression au monde que la
Société des nations et son conseil vou-
laient s'écarter des règles protectrices
instituées au lendemain de la guerre. »
« C'est une théorie, affirme M. Stre-
semann, à laquelle je suis obligé de
m'opposes fortement, car la protection
des minorités est, à mes yeux, un ré-
gime permanent et non point' temporaire
en vue d'aplanir certaines difficultés pas-
sagères.
» La Société des nations a le devoir de
s'assurer que les dispositions des traités
de minorités sont constamment appli-
quées. »
Le représentant de l'Allemagne nie que
ce régime aille contre la dignité et la
souveraineté dee E-tats. On a parlé d'irré1-
dentisme. M. Stresemann réplique que ce
siècle n'a pas établi un état de choses
éternel et que le pacte lui-même l'a re-
connu. Mais ceci, s'empresse-t-il d'ajou-
ter, n'a rien à voir dans cette discussion.
'« Si les minorités ne doivent pas être un
moyen de briser l'intégrité des Etats,
ceux-ci doivent se convaincre qu'ils ne
perdront rien de Jeur prestige en appli-
quant loyalement et 'de façon permanente
les dispositions protectrices des minori-
tés dont ils ont la charge. »
(La suite 'en 38 page.)
LES TROUBLES DU MEXIQUE
On lira en 3* page les dépêches sur la
situation au Mexique. Voici un des chefs
rebelles, le général FRANCISCO MANZQ,
EN 3* PAGE :
Le débat sur le « collectU')) J
EN 4, pArE •
Le Magazine littéraire
EN 5. PAGE:
Les premières : « Une vie secrète H,
par G. f)E PAWLOWSKI.
EN 6' PAGE :
La disparition de Lena Bruze
■ é , «XOXJ» XMBX 1Y%X-cAsaat,.
a', ,,',
JRR w-t: Maman 7 maman regarde lé joli jnaèquç* J '{ ; I.. D>MN de R. PALWERO:
M. Daladier expose au Congrès radical
la politique générale de son parti
Le parti radical et radical socia-
liste a tenu hier, dans une salle de
la rue Saint-Martin, un congrès es-
sentiellement municipal par son ob-
jet, mais où il était impossible, dans
Jes conjonctures présentes, qu'il ne
fût pas question de politique géné-
rale.
Au reste, M. Daladier, dont l'élo-
quence rappelle par la vigueur celle
de M. Edouard Uerriot, préluda à un
débat de pure technicité sur des pro-
blèmes édilitaires, par des déclara-
tions d'ordre général portant à la
fois sur l'action du groupe radical à
la Chambre, sur la situation minis-
térielle, sur la constitution éven-
tuelle, au Parlement, d'une majomté
de concentration républicaine et sur
son programme de réalisations.
La politique, reléguée au second
plan après le discours du président
du parti radical, revint au premier,
le soir, quand il s'agit de discuter
sur la tactique aux prochaines élec-
tions municipales. Quelles alliances
les radicaux pourront-ils conclure
avec les autres partis ? Quels barra-
ges devront-ils établir à leur droite
et à leur gauche ? Vous pensez bien
que c'était là controverse de pure po-
litique..
- Mais que fut le discours de M. Da-
ladier? Le député du Vaucluse re-
mercia d'abord, non sans fiumour, les
deux jeunes gens qui lavaient en-
levé à Saverne et qui ont fait à son
discours de Strasbourg une publicité
inespérée. Le président du parti ra-
dical adressa également des remer-
ciements à Mgr Ruch, évoque de
Strasbourg, qui a entamé avec lui
la polémique que l'on sait.
Ce fut ensuite un vaste tour d'ho-
rizon politique. Voici, d'ailleurs, les
passages essentiels de ce discours:
Que nos adversaires se résignent !
Leurs manœuvres les plus subtiles se
heurteront à notre volonté d'être fidèles
à la doctrine de notre parti.
« 0 rois, gouvernez hardiment ! » di-
sait Bossuet. Hélas 1 le gouvernement,
malgré son zèle à aider les congrégations
missionnaires ne paraît point vouloir sui-
vre le conseil de l'illustre évêque de
Meaux. Est-il divisé à son tour en trois
tronçons ou en quatre, comme le bruit
en court? Est-il indécis sur la route a
suivre ? Sa raison pratique est avec la
majorit'é'qui le soutient et son cœur avec
la minorité qui le combat. A-t-il un pro-
gramme ou en cherche-t-il un? Autant
de questions auxquelles il nous est im-
possible de répondra Mais cette incerti-
tude si contraire aux néccessités du ré-
gime parlementaire n'est pas la moindre
cause du désarroi qui, de proche en pro-
che gagne l'opinion à la grande joie des
aventuriers qui prennent pour un nouveau
Bonaparte l'homme qui consacre à son
-MON FILM
Une plaque commémorative vient
d'être apposée sur la face de la maison
de la rue La Bruyère où le peintre
Henner mourut en 1905.
Cela, m'étonne un peu : je croyais
que, depuis sa mort, Henner figurait,
lui aussi, sur la liste des ex-grands ar-
tistes auxquels la critique moderne re-
fuse tout talent.. Il me semblait que cet
évocateur de tant de nymphes rousses
et un peu pâlottes avait été précipité
dans l'enfer où rôtissent dans l'huile,
pour l'éternité ou pour un demi-siècle,
les Bonnat, les Carolus Duran, les Gé-
rôme, les Détaille et tant d'autres maî-
tres jadis admirés.
La bonne plaque devrait, me semble-
t-il, orner plutôt la maison où mourut
le douanier Rousseau. Henner, un ty-
pe qui était de l'Institut, qui peignait
des femmes bien faites, voire jolies, —
est-ce que ça existe ?
Mais ne trouvez-vou's pas — Henner
mis à part ou non — qu'on abuse un
peu, depuis quelque temps, des pla-
ques commémoratives sur les façades
des Immeubles parisiens ?
« Ici est né. Dans cette maison a
vécu. Dans cet hôtel est mort. », il y
a de ces inscriptions lapidaires sur d'in-
nombrables façades : personne, il est
vrai, ne les lit, car nous sommes très
pressés, la circulation est difficile et,
d'ailleurs, les noms de ces grands hom-
mes ne diraient à peu près rien à la
plupart des passants.
Cette mode des plaques commémora-
tives menace même de sévir. de plus en
plus. Songez qu'un grand homme, au
moins authentique ou en simili, est né, a
vécu ou a lâché la rampe dans n'impor-
te quelle maison de Paris. Nous en
avons tant, de ces gloires, demi-gloires.
quarts Ce gloires littéraires, artistiques,
politiques, théâtrales, chansonnières,
etc. ! Tous les grands hommes ne nais-
sent pas à Paris, mais la plupart y vi-
vent — en changeant parfois de do-
micile comme de chemise — et y meu-
rent. Ça en fait des (c maisons histo-
riques » à décorer d'une plaque com-
mémorative sur la proposition de l'ex-
cellent M. Léon Riotor 1
Et voici que des chroniqueurs récla-
ment des inscriptions sut les façades
des maisons où ont fictivement vécu
des personnages de romans célèbres 1
On inaugurera donc des plaques ainsi
libellées :
CÉSAR BIROTTEAU
a fait faillite dans cette maison en 1835.
Ou bien :
NANA'
habita cet hôtel en 1867.
Ce sera très littéraire, peut-être mê-
me très évocateur. Mais je commence
à comprendre le propriétaire béotien
qui dit au comité scandalisé :
— Pas de plaque sur ma maison.
D'autant plus que l'illustre locataire
dont vous me parlez ne payait pas ré-
gulièrement son terme !
Il y a, dans ces glorifications posthu-
mes, je ne sais quel fétichisme un peu
puéril. Qu'est-ce que cela peut nous
faire que le fameux Tartempion ait
habité dans cette maison ? C'est par
son œuvre que son souvenir peut durer
parmi nous.
Et je pense aussi au locataire qui,
étant chez lui et bien chez lui, ne tient
pas à savoir que, dans sa chambre à
coucher, - est mort, en 1849, tel grand
citoyen.:. Pour ma part, j'aurais hor-
reur de; ça, bien que je%e croie pas
aux revenants. ÇLÉMENT VAUTEI»
M. DALADIER
« Ennemi du peuple il un certain nombre
de ses millions gagnés alors que tant rie
Français sacrifiaient à la patrie et leurs
biens et leurs vies.
Et, sur ce point, M. Daladier S'a-,
jouter r
Dans notre pays de France, la marche
vers- la liberté de la presse a été paral-
lèle à la marche vers le suffrage univer-
sel. Les grands démocrates qui nous ont
devancés' ont, malgré les persécutions
des régimes d'oppression, réussi à faim
triompher ces deux reformes républi-
caines. Et, aujourd'hui, ce que. les ca-
chots, les prisons du second Empire n'ont
pu faire serait en train de se réaliser par
l'intermédiaire d'un mégalomane qui veut
se transformer en Premie-r Consul ?
Que les prétentions grotesques de cet
homme qui doit verser, on ne sait plus
en quelle année ni en quel siècle, 100
millions à la Caisse d'amortissement, ne
soulèvent pas les risées, c'est un signe dit
ce temps. Pour nous, qui ne craignons
pas ses menaces et méprisons ses insul-
tes, nous considérons que la seule, chance
qu'il possède provient de l'incertitude
gouvernementale dont on essaie injuste-
ment de rendra responsable la régime
parlementaire.
Et M. Daladiter demande un gou-
vernemenfc résolu, armé d'un pro-:
gramme net et précis, appuyé par une
majorité enthousiaste.
Majorité de gauche ? i
Nous pensons, poursuivi!,-!!, que, dane
les circofislcinces présentes, les préoccu-
pations de dosages de groupements sont
périmées. C'est sur un programme d'ac-
tion et* non sur des formules vagues que
doit se constituer le gouvernement d'une
démocratie. Etablir, ce programme, for-
mer pour le réaliser une coalition des
pa-rtis qui l'acceptent, telle est, selon
nous, la fâche que doit poursuivre le
parti républicain radical et radical socia-
liste, sans aucun esprit d'exclusivisme
quant aux personnes et aux groupes,
mais avec la seule préoccupation que
cette législature ne soit point stérile et
qu'elle donne à la démocratie les réfor-
mes essentielles voulues par le parti ré..
publicain.
- RAOUL SABATIER.
(La suite en 3* page.)
LE COLONEL
de lanciers
arrêté à Landres
était une femme
Il n'y a pas bien longtemps, nous
avons eu à Paris J'étonnante his-
toire de ce déserteur qui, depuis
1915, s'habillait de vêtements férni-:
nins, travaillait comme ouvrière.
dans une usine, et que sa femme
jalouse de ses succès, finit par tuer
l'an dernier.
Depuis hier, Londres n'a plus rien
à nous envier.
Et l'histoire du colonel des lan-
ciers, Leslie Iver Victor Gauntlet
Blight Barker, D. S. 0., haut de six
pieds et redoutable au sabre et à la.
boxe, qui est figuré depuis six aas
par une douce .personne du beau
sexe, arrive à point en ces jours de
mi-carême.
Donc, sur mandat d'amener de la
Haute Cour, le colonel Barker,
D. S. 0., depuis cinq mois ch réception au restaurant du Regent'
Palace, Piccadilly circus, à Londres,
à la suite d'affaires malheureuses,,
étai-t arrêté hier et mené à la pri-
son de Brixton, à Londres.. -,
« Au moment de son arrestation,
dit un employé de l'hôtel, le ëolo-
nel devint tout pâle et murmura. :
c( C'est terrible. Voici ma fin. » Je
ne compris pas de suite le sens da
ces paroles, a
Il devait le comprendre plus tard.
tard.
A la prison, en effet, on voulut
faire passer le colonel à l'inspec-
tion médicale, ainsi qu'il est d'usa-
ge. Mais il se rebiffa. le prit'de hmIt
et prétendit que ces coutumes ne-.
concernaient'pas un homme de son,
rang. Surpris, le gouverneur insista,
et ce n'est que lorsqu'il ne put p!u$
faire autrement que, du haut de ses
six pieds,'baissant les yeux, le co-,
lonel murmura de sa voix douce :
« I am a lady. »
Grand fut l'embarras du gouveN
neur. Il y avait une femme dans la-
prison des nommas ! Le ministère,
interrogé, n'hésita pas. Il fallait en-,
voyer le colonel à la prison des fem-,
mes. Et le gouverneur de Brixton
téléphona à son collègue de Holio,.
way qu'il lui envoyait par sa plus
rapide voiture Leslie Iver Vic.tor
Gauntlet Blight Barker D. S. 0., co- *
lonel des lanciers ! ,. ,
Que lui reproche-t-on ? La faillite
du restaurant qu'il ou qu'elle te-
nait, Litchfield street. Elle ou il
avait été condamné (e) en août der-
nier à payer 103 livres sterling. Il
(au fond c'est du colonel Barkec
qu'il s'-agit) avait préféré quitter
son appartement de Mayfair iaol
S HEURES OU IVSATS^I
%y
LE JOURNAL
LE NUMÉRO : 25 c. (N; 13290);
PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU
Tél. Gut. 61-65, 61-66, 61-67, 26-27,
JEUDI 7 MARS 1929
Il U B IL IES-
/Ikt eet actee^e^
eeite maneriette auaT
MAGASINS GÉNÉRAUX
D'AMEUBLEMENTS
MEUBLES
et <~~(it6~e/~
vouA ife£eArt£>L 3
p [JSJLOI éujpewe, eoôûoxequj^
CX B? MAGENTA M
00 PARI>r- X? 00
III
LE "JOURNAL" EN ESPAGNE
Au delà des monts.
[DE NOTRE ENVOYÉ
SPÉCIAL]
Madrid, maria.
Il y a encore
des Pyrénées !
Et, malgré le"
mot de Louis XIV,
il semble bien
qu'il y en ait tou-
jours eu, il sem-
ble bien qu'il y en
;tura. toujours.
Des Pyrénées à
jamais dressées
comme un mur,
escarpées, dures,
massives, conti-
nues d'une mer
à l'autre, des Py-
rénées plus hau-
tes que les plus
hautes Alpes, des
Pyrénées comme
un Him\laya\ des
Pyrénées infran-
chissables.
Elle est toute
Voisiné, 1 Espa-
gne toute proche,,
très accueillante
assurément. L'é-
tranger y entre
sans peine. Il y
reçoit la plus
courtoise hospita-
lité. Mais il pour-
Up" e. nouvelle voie de Madrid. A gauche, le palttùi
.1.^ i.. des Artsi achevé, en 1926
'À 1 --=". -::. - - -, -.
ra s y promener longtemps ; en
ouvrant bien les yeux et les oreil-
les, il court grand risque, après
des semaines et des mois, de n'en
savoir rien de plus qu'au, premier
jour. Il ne connaîtra que des appa-
rences. Il ne gépassera pas la
façade.
L'Espagnë est peut-être, de
toute l'Europe, la nation morale-
ment la plus impénétrable, la plus
difficile à comprendre et, malgré
ia vivacité, malgré l'originalité
marquée de ses coutumes, la plus
fermée, la plus retranchée, on ose-
rait dire : la plus muette.
Tout comme ses femmes, à qui
la mantille de tulle noir sert à la
fois de parure pour attirer le re-
gard et de voile pour cacher leurs
traits, elle se dérobe sous le pres-
tige éclatant de son pittoresque tra-
ditionnel. Elle vous amuse et vous
égare par le spectacle animé de
sa vie extérieure. Mais l'âme qui
respire en secret derrière ce ri-
deau bariolé, bien présomptueux
le voyageur qui se flattera de l'at-
teindre ! , ; J;
Et d'abord, combien de contras-
tes ! Parcourez les rues de Madrid.
Elles ne diffèrent pas sensible-
ment de celles de Paris ou de
Rome. Foule prompte, encombre-
ments d'autos, bruit et mouvement,
puis, le soir venu, la banale féerie
des enseignes lumineuses. Peut-
être les immeubles sont-ils un peu
plus ambitieux que chez nous. Les
banques érigent dans le ciel des
clochers vertigineux. La poste a
l'air d'une cathédrale. Peut-être
aussi, les façades sont-elles plus
claires, plus blanches, plus légè-
res. Et vous trouvez sur les boule-
vards des palmiers au lieu, de pla-
tanes. Minces'détails qui ne suf-
fisent pas à vous dépayser et que,
bientôt, vous ne remarquez plus.
N'étaient quelques hauts cha-
peaux andalous, cônes de feutre
tronqués à larges bords plats que
portent fièrement des hommes
sombres, n'étaient les capes dou-
blées de velours incarnat, où se
drapent quelques passants d'un
geste savamment hidalgo, n'é-
taient les écharpes de dentelle
dont la plupart des femmes cou-
vrent leurs cheveux nus, vous au-
riez bien vite oublié que vous
avez franchi une frontière.
Mais quittez la grand'ville. En-
foncez-vous un peu dans le pays.
Vous serez aussitôt saisi d'un sen-
timent très intense d'éloignement
i- éloignement dans l'espace et,
plus encore, éloignement dans le
M,,rrips.
Ce n'est pas seulement lë cadre
qui va vous isoler, vous tenir à
l'écart, et comme en retrait, mais
ce cadre d'abord vous halluciné.
Lignes immuables de l'horizon,
paysages indélébiles burinés à
l'eau-forte, monuments insensi-
bles à la morsure des. siècles, tout
semble fait pour vous tirer hors
du mouvement normal des âges.
Vous ne sauriez dire si vous êtes
transporté dans une époque très
ancienne ou dans une période fu-
ture. Passé, présent, avenir, ces
mots n'ont plus de sens, ces no-
tions 's'effacent pour vous dans
une étrange illusion de permanen-
ce, d'une permanence qui serait
peut-être une survie, qui serait
peut-être déjà la mort ou — qui
sait ? — une résurrection. C'est
comme si la terre avait cessé de
tourner. Vous vous croiriez dans
une demeure frappée d'on ne sait
quel envoûtement, où ne battrait
le pouls d'aucune horloge.
Et le contact des hommes, quand
vous les approchez, ne dissipe pas
cette sorcellerie.
Entrer en relations avec un Es-
pagnol. Vous trouverez chez lui
la plus exquise politesse et la plus
cérémonieuse et non seulement le
langage le plus flatteur, mais le
plus réel empressement à vous
rendre service. N'en demandez
pas plus. Ne comptez pas pénétrer
d'un pouce dans l'intimité de cet
hôte si accueillant. Il restera pour
vous impersonnel. Rien de lui ne
transparaîtra dans ses manières
obligeantes. Elles vous paraîtront
réglées comme un rite religieuse-
ment observé où n'a pas à se mê-
ler le vrai de l'âme. Elles demeu-
reront extérieures et le même
homme qui vous traitera avec une
affabilité de grand seigneur gar-
dera touj ours un peu l'air de n'a-
gir, quand il est devant vous, que
comme le majordome de lui-
même.
Le vestibule vous est ouvert.
peut-être le salon d'apparat. La
maison vous reste fermée.
Vous rappellant des notions
d'histoire, vous risquerez, alors,
des assimilations peut-être pro*
fondément fausses. Parce que les
femmes, par exemple, sont volon-
tiers tenues dans une ombre ja-'
louse, vous songerez aux Maures,
à la longue domination de l'Islam
sur la Péninsule ibérique, mais
mille traits, immédiatement, dé-
mentiront cette pensée et vous re-
connaîtrez à d'innombrables mar-
ques que nul peuple n'a si inten-
sément subi l'empreinte catholi-
que que le peuple espagnol.
Au hasard d'un arrêt du train
dans une petite gare, vous aurez
remarqué quelque adolescent
étendu dans la poussière et vous
aurez écouté, comme un écho
des nostalgies arabes, sa lente et
plaintive chanson inarticulée.
Mais avant que vous ayez réussi
à lui arracher le secret de sa mé-
lopée, des affiches frapperont vos
yeux. Elles annoncent les exposi-
tions de Séville et de Barcelone et
.vous disent que l'Espagne est aus-
si un peuple moderne qui travaille,
qui produit, qui veut faire sa per-
cée sur tous les marchés du
monde.
L'Espagne qui fut dans un
temps maîtresse de l'Europe, et
qui posséda, par 4elà les mers, le
plus magnifique! empire, n'a pas
renoncé à jouer un rôle digne de
ses hauts souvenirs.
Dans les plus récentes années,
elle a, en plusieurs circonstances,
contribué à régler de graves ques-
tions, et l'on ne. saurait oublier,
par exemple, quelle féconde acti-
vité a dépensée, à Genève, un
homme comme M. Quinones de
Léon. Il est certain que sans-son
intervention, pour ne pas citer
d'autres cas, le partage de la Hau-
te-Silésie, se fût effectué différem-
ment. Il est également évident que
la volonté clairvoyante du « dicta-
teur » Primo de Rivera réalisant.
après tant d'incertitudes, la coo-
pération franco - espagnole an
Maroc, à pesé d'un poids décisif
sur un problème qui pouvait finir
par prendre des développements
extra-européens.
Quand on croit que l'union la-
tine peut être un élément déter-
minant dans l'affermissement de
la paix, qu'elle peut aider à main-
tenir un équilibre salutaire entre
les divers rameaux de la civilisa-
tion occidentale, on ne saurait se
désintéresser de ce qui se passe
ici.
Les événements éclatent à l'im-
proviste, se déforment ou tournent
court. Quand tout annonce le cal-
me, un nuage, subitement gonflé,
fait mine de crever en grêle, mais
le , ciel est redevenu pur avant
qu'on ait eu le temps d'ouvrir
les parapluies. Des causes obscur
res agissent sourdement. De lour-
des et sombres menaces s'éva-
nouissent au moindre souffle.
■Il faut une extrême prudence
pour parler des choses d'Espagne
si l'on ne veut pas s'exposer au
brusque démenti des faits. A l'abri
de ses Pyrénées, l'Espagne est un
petit univers tellement 'différent
du nôtre que nous y sommes à
tout coup de vent déconcertes.
Oui, tout un univers riche en con-
tradictions et d'autant plus atta-
chant qu'il joint à ses autres at-
, traits la force étrange du mystère.
EDOUARD HEItSEY
(4 suivre.) - :~.
LES TABLEAUX
dérobés au Havre
sont retrouvés
Leurs voleurs sont arrêtés
L'enquête au sujet du vol des tableaux
de maîtres appartenant fit M. Fernand
(Laffitte vient d'entrer dans une nouvelle
phase.
Grâce aux efforts conjugués de M. Ga-
ranger, commissaire de police mobile au
contrôle des recherches de la Sûreté gé-
nérale, de M. Charpentier, commissaire
de police, des inspecteurs Royère, Bon-
ny. Garanger, Ravare, Girard, et de la
police du Havre, on vient de découvrir
la caisse ainsi que les tableaux qu'elle
cpntenait et d'arrêter deux des princi-
paux auteurs du vol.
11 n'est pas mutile de rappeler suc-
cinctement cette affaire. Le 30 novembre
dernier, M. Fernand Laffitte, domicilié
chez son frère, M. Gabriel Laffitte-, 6,
rue de Calais, à Paris, expédiait du Havre
à New-York, dans l'espoir de les y ven-
dre un bon prix, deux toiles du Tintoret
et une de Murillo.
Contrairement à ses prévisions, l'af-
faire ne put aboutir et il réexpédia les
chefs-d'œuvre à Paris après avoir pris
la précaution de les assurer à. une com-
pagnie de Philadelphie pour une somme
de 2.500.000 francs.
Emballés dans une caisse spéciale, les
tableaux furent chargés à New-York, le
2 février sur le paquebot Ile-de-France.
Arrivés au Havre, le 9 février, la pré-
cieuse caisse fut déchargée puis entre-
posée dans le magasin d'une entreprise
de transit où elle fut l'objet d'une sur-
veillance spéciale.
Le 18, M. Laffitte* transmit l'ordre
d'expédier la caisse au domicile de son
frère, 6, rue de Calais, à Paris. C'est
alors que les gardiens de magasin cons-
tatèrent sa disparition.
Avisé immédiatement, M. Fernand Laf-
fitte porta plainte en vol devant le com-
missaire de police du 2* arrondissement
du Havre,
Le contrôle général des recherches
de la Sûreté générale chargea le com-
missaire Garanger de procéder à une en-
quête sur ce vol mystérieux. Les inves-
tigations effectuées dans les milieux
fréquentés par les malfaiteurs interna-
tionaux spécialisés dans les vols d'ceu-
vres d'art à bord des paquebots révélè-
rent qu'un groupe d'individus suspects
avait décidé de-se rendre au Havre en
voiture, afin d'en ramener, la nuit, des
objets d'un prix inappréciable mais .d'un
placement difficile. t
D'accord avec MM. Delange, contrô-
leur général, et Le Luc, commissaire
divisionnaire, M. Garanger décida d'or-
ganiser sur les routes conduisant au
Havre des surveillances étroites..
Dans la nuit du samedi 2 au diman-
che 3 mars, les policiers à l'affût sur
la route d'Harfleur eurent leur atten-
tion attirée par une camionnette qui,
tous feux éteints, montait la côte de
Gaineville. Us s'approchèrent, mais
déjà la voiture avait fait demi-tour vers
le Havre. Ils remarquèrent alors, à. quel-
ques mètres de là, une caisse de grandes
dimensions, couchée à plat sur le talus
de la route. Ils la transportèrent à la
gendarmerie d'Harfleur, qui la fit sui-
vre au Havre chez le juge d'instruction
qui l'ouvrit et y découvrit les toiles de
Murillo et du Tintoret. (Suite en 5° page)
Un grand match
franco-italien
aux trois armes
C'est lundi prochain 11. mars, à Wa-
gram, que se déroulera pour la première
fois, à Paris, un grand match franco-ita-
lien aux trois armes. Au fleuret, Philippe
Cattiau rencontrera. Gaudini ; à l'épée,
Emile Cornie affrontera Riccardi. Enfin,
au sabre, Roger Ducret sera' opposé à
PulitU
L'issue ,de cette rencontre, qui réunit
les six meilleurs spécialistes, à chaque
EMILE CORNIO
1 ? (Photo Endrey.)
arme, ad France et d'Italie, est très in-
décise. C'est pourquoi elle suscite dans
tous les milieux un énorme intérêt spor,""
tif.
Ajoutons que ces joutes élégantes et
courtoises n'excitent chez les champions
italiens et français qu'une animosité pu-
rement sportive et que le risque n'existe
pour ainsi dire plus de discussions sur
les décisions du 'jury. D'ailleurs, jurés
français et Maliens marchent maintenant
en pleine union d'esprit et ne souhaitent
que la victoire du meilleur.
Les présidents de jury désignés pour
le 11 mars à Wa'gram sont : Adrien
Lojoux pour le fleuret, Armand Massard
pour l'éipée et Canova pour le sabre.
Mme Raymond Poincaré
prend la parole
chez les Gens de Lettres
enfaveurd&vo&es d'écrivains
Quel stafician dénombrera les discours,,
harangues, allocutions, qu'au cours de sa
longue et prestigieuse carrière M. Ray-
mond Poincaré, président du conseil,
ministre, député, sénateur, présiden de
conseil général, délégué de la France,
académicien, aura prononcés ?
Discrètement, à l'ombre de cette re-
nommée universelle, tendrement attenti-
ve, Mme Raymond Poincaré vit dans le
silence.
Hier, cependant, exceptionnellement et
pour la première fois peut-être, elle a
rompu ce silence. Qui ne lui en saurait
gré ? Elle a parlé en faveur des veuves
d'écrivains. Sujet d'actualité, hélas! La
disparition récente de Tancrède Martel,
mort de misère, mort de faim, montre
cruellement que les hommes de lettres
ne s'enrichissent pas toujours. Ceux qui
s'en vont isolés, sans famille, ne nous
laissent que l'amer remords de ne les
avoir pas aidés assez. Mais il est d'autres
détresses, plus affreuses. Des écrivains
meurent pauvres, et leurs veuves, leurs
enfants leur survivent, en proie souvent
aux plus cruelles difficultés.
C'est sur ces pauvres gens que s'est
penchée Mme Raymond Poincaré, que
l'estime des gens de lettres a portée à la
présidence d'honneur de î'œuvre du De-
nier des veuves.
Hier, au cours dVnc, réunion à la-
quelle présidaient Mine Canine Marbot
M"" PPINOmt "',
et M. Marcel Batilliat, elle dit avec sim-
plicité1 sa sympathie pour des misères qui,
par pudeur, trop souvent, se dissimulent
à ceux-là mêmes qui leur voudraient
porter secours.
Ses quelques mots venus du cœur, plus
éloquents qu'un grand discours, émurent
infiniment un aréopage d'élite, puisque
de Pierre Benoît et de Charles Le Gof-
fic à l'humoriste Jules Lévy dont les yeux
s'embuèrent de larmes, les plus hautes
personnalités de la Société des gens de
lettres étaient présentes.
Quand* Mme Raymond Poincaré se
retira, discrètement, comme' elle était
venue, tous les écrivains, debout, lui fi-
rent une ovation où il entrait autant de
respect que de gratitude-—Geo London.
Le faussaire Frank est libéré
BRUXELLES, 6 mars. - Un coup de
théâtre vient de se produire. dans l'af-
faire des faux documents d'Utrécht.- A
la suite d'un dernier interrogatoire, Al-
bert Frank-Heine vient d'être remis en
liberté. Une note officieuse, transmise
à la presse, dit textuellement ceci:
« Albert Frank a été libéré mer-
credi soir. suivant'ordonnance du juge
d'instruction, rendue sur réquisitoire
du procureur du roi. Le fait du faux
passeport, pour lequel il avait été in-
culpé, n'a pas permis de le maintenir
en prévention, l'instruct'on ayant éta-
bli que, s'il y avait faux matériel, ce-
lui-ci était sans préjudice.
» D'autre part, si l'instruction a Clé-
montré d'une manière péremptoire que
les documents publiés par le Journal
d'Utrecht sont des faux et que Frank
en est l'auteur, il n'y a pas là, d'après
le droit pénal belge, un fait permettant
de le maintenir en prévention ».
Cette libération inattendue du faus-
saire va, comme bien on le pense, pro-
voquer une sensation considérable. Dès
ce soir, il. apparaît de toute évidence
que le gouvernement belge sera inter-
pellé au Parlement. — (Journal.)
AU DISCOURS
de M. Stresemann
sur les droits des minorités
MM. Chamberlain et Briand
répondent par l'affirmation
de leurs devoirs envers l'État
GENÈVE, 6 mars. — Le grand débat
sur les minorités a été institué, ce ma-
tin, devant le conseil de la Société des
nations, en séance publique.
Dès le début de cette séance, le repré-
sentant du Canada, le sénateur Dandu-
rand, a donné lecture des propositions
déjà connues dont il est l'auteur tou-
chant les modifications à apporter à la
procédure en usage devant le conseil de
la' Société des nations pour l'examen des
pétitions des minorités.
Rappelons que les deux propositions
principales de M. Dandurand tendent 1°
à la transmission par les minorités de
leurs pétitions aux gouvernements inté-
ressés et 2° à l'institution d'un comité
général du conseil qui transformerait le
comité des Trois en un comité de qua-
torze membres.
L'exposé du chancelier du Reich
M. Stresemann a alors la parole. Il
s'exprime en allemand au milieu d'un
religieux silence.
Il jette d'abord un regard sur la der-
nière décade qui a vu naître et se déve-
lopper la Société des nations au milieu
d'événements et de difficultés de toutes
sortes. Il se demande si, au cours de
ces années, les idées maîtresses des fon-
dateurs de la Société des nations ont été
respectées et il pose notamment la ques-
tion pour le problème des minorités. Il
qualifie de très importantes aux yeux
du Reich les propositions faites par le
sénateur Dandurand.
Le représentant du Reich ne veut pas
examiner des cas concrets. Son but est
de rappeler et de préciser les droits et
les devoirs généraux de la Société des
nations au regard les minorités. Il le
fera à la lumière de l'expérience. Il
affirme à ce propos que rien ne serait
plus fâcheux que d'entretenir dans le
cœur de millions d'hommes le seepti-
cisme à l'égard de la protection des
minorités par la Société des nations,
scepticisme avant-coureur du désespoir.
L'orateur continue en affirmant que la
théorie et la pratique n'ont pas toujours
été à l'unisson, que c'est du moins l'im-
pression, qu'on a créée parmi trop de
minorités. « Quelquefois même on a
donné l'impression au monde que la
Société des nations et son conseil vou-
laient s'écarter des règles protectrices
instituées au lendemain de la guerre. »
« C'est une théorie, affirme M. Stre-
semann, à laquelle je suis obligé de
m'opposes fortement, car la protection
des minorités est, à mes yeux, un ré-
gime permanent et non point' temporaire
en vue d'aplanir certaines difficultés pas-
sagères.
» La Société des nations a le devoir de
s'assurer que les dispositions des traités
de minorités sont constamment appli-
quées. »
Le représentant de l'Allemagne nie que
ce régime aille contre la dignité et la
souveraineté dee E-tats. On a parlé d'irré1-
dentisme. M. Stresemann réplique que ce
siècle n'a pas établi un état de choses
éternel et que le pacte lui-même l'a re-
connu. Mais ceci, s'empresse-t-il d'ajou-
ter, n'a rien à voir dans cette discussion.
'« Si les minorités ne doivent pas être un
moyen de briser l'intégrité des Etats,
ceux-ci doivent se convaincre qu'ils ne
perdront rien de Jeur prestige en appli-
quant loyalement et 'de façon permanente
les dispositions protectrices des minori-
tés dont ils ont la charge. »
(La suite 'en 38 page.)
LES TROUBLES DU MEXIQUE
On lira en 3* page les dépêches sur la
situation au Mexique. Voici un des chefs
rebelles, le général FRANCISCO MANZQ,
EN 3* PAGE :
Le débat sur le « collectU')) J
EN 4, pArE •
Le Magazine littéraire
EN 5. PAGE:
Les premières : « Une vie secrète H,
par G. f)E PAWLOWSKI.
EN 6' PAGE :
La disparition de Lena Bruze
■ é , «XOXJ» XMBX 1Y%X-cAsaat,.
a', ,,',
JRR w-t: Maman 7 maman regarde lé joli jnaèquç* J '{ ; I.. D>MN de R. PALWERO:
M. Daladier expose au Congrès radical
la politique générale de son parti
Le parti radical et radical socia-
liste a tenu hier, dans une salle de
la rue Saint-Martin, un congrès es-
sentiellement municipal par son ob-
jet, mais où il était impossible, dans
Jes conjonctures présentes, qu'il ne
fût pas question de politique géné-
rale.
Au reste, M. Daladier, dont l'élo-
quence rappelle par la vigueur celle
de M. Edouard Uerriot, préluda à un
débat de pure technicité sur des pro-
blèmes édilitaires, par des déclara-
tions d'ordre général portant à la
fois sur l'action du groupe radical à
la Chambre, sur la situation minis-
térielle, sur la constitution éven-
tuelle, au Parlement, d'une majomté
de concentration républicaine et sur
son programme de réalisations.
La politique, reléguée au second
plan après le discours du président
du parti radical, revint au premier,
le soir, quand il s'agit de discuter
sur la tactique aux prochaines élec-
tions municipales. Quelles alliances
les radicaux pourront-ils conclure
avec les autres partis ? Quels barra-
ges devront-ils établir à leur droite
et à leur gauche ? Vous pensez bien
que c'était là controverse de pure po-
litique..
- Mais que fut le discours de M. Da-
ladier? Le député du Vaucluse re-
mercia d'abord, non sans fiumour, les
deux jeunes gens qui lavaient en-
levé à Saverne et qui ont fait à son
discours de Strasbourg une publicité
inespérée. Le président du parti ra-
dical adressa également des remer-
ciements à Mgr Ruch, évoque de
Strasbourg, qui a entamé avec lui
la polémique que l'on sait.
Ce fut ensuite un vaste tour d'ho-
rizon politique. Voici, d'ailleurs, les
passages essentiels de ce discours:
Que nos adversaires se résignent !
Leurs manœuvres les plus subtiles se
heurteront à notre volonté d'être fidèles
à la doctrine de notre parti.
« 0 rois, gouvernez hardiment ! » di-
sait Bossuet. Hélas 1 le gouvernement,
malgré son zèle à aider les congrégations
missionnaires ne paraît point vouloir sui-
vre le conseil de l'illustre évêque de
Meaux. Est-il divisé à son tour en trois
tronçons ou en quatre, comme le bruit
en court? Est-il indécis sur la route a
suivre ? Sa raison pratique est avec la
majorit'é'qui le soutient et son cœur avec
la minorité qui le combat. A-t-il un pro-
gramme ou en cherche-t-il un? Autant
de questions auxquelles il nous est im-
possible de répondra Mais cette incerti-
tude si contraire aux néccessités du ré-
gime parlementaire n'est pas la moindre
cause du désarroi qui, de proche en pro-
che gagne l'opinion à la grande joie des
aventuriers qui prennent pour un nouveau
Bonaparte l'homme qui consacre à son
-MON FILM
Une plaque commémorative vient
d'être apposée sur la face de la maison
de la rue La Bruyère où le peintre
Henner mourut en 1905.
Cela, m'étonne un peu : je croyais
que, depuis sa mort, Henner figurait,
lui aussi, sur la liste des ex-grands ar-
tistes auxquels la critique moderne re-
fuse tout talent.. Il me semblait que cet
évocateur de tant de nymphes rousses
et un peu pâlottes avait été précipité
dans l'enfer où rôtissent dans l'huile,
pour l'éternité ou pour un demi-siècle,
les Bonnat, les Carolus Duran, les Gé-
rôme, les Détaille et tant d'autres maî-
tres jadis admirés.
La bonne plaque devrait, me semble-
t-il, orner plutôt la maison où mourut
le douanier Rousseau. Henner, un ty-
pe qui était de l'Institut, qui peignait
des femmes bien faites, voire jolies, —
est-ce que ça existe ?
Mais ne trouvez-vou's pas — Henner
mis à part ou non — qu'on abuse un
peu, depuis quelque temps, des pla-
ques commémoratives sur les façades
des Immeubles parisiens ?
« Ici est né. Dans cette maison a
vécu. Dans cet hôtel est mort. », il y
a de ces inscriptions lapidaires sur d'in-
nombrables façades : personne, il est
vrai, ne les lit, car nous sommes très
pressés, la circulation est difficile et,
d'ailleurs, les noms de ces grands hom-
mes ne diraient à peu près rien à la
plupart des passants.
Cette mode des plaques commémora-
tives menace même de sévir. de plus en
plus. Songez qu'un grand homme, au
moins authentique ou en simili, est né, a
vécu ou a lâché la rampe dans n'impor-
te quelle maison de Paris. Nous en
avons tant, de ces gloires, demi-gloires.
quarts Ce gloires littéraires, artistiques,
politiques, théâtrales, chansonnières,
etc. ! Tous les grands hommes ne nais-
sent pas à Paris, mais la plupart y vi-
vent — en changeant parfois de do-
micile comme de chemise — et y meu-
rent. Ça en fait des (c maisons histo-
riques » à décorer d'une plaque com-
mémorative sur la proposition de l'ex-
cellent M. Léon Riotor 1
Et voici que des chroniqueurs récla-
ment des inscriptions sut les façades
des maisons où ont fictivement vécu
des personnages de romans célèbres 1
On inaugurera donc des plaques ainsi
libellées :
CÉSAR BIROTTEAU
a fait faillite dans cette maison en 1835.
Ou bien :
NANA'
habita cet hôtel en 1867.
Ce sera très littéraire, peut-être mê-
me très évocateur. Mais je commence
à comprendre le propriétaire béotien
qui dit au comité scandalisé :
— Pas de plaque sur ma maison.
D'autant plus que l'illustre locataire
dont vous me parlez ne payait pas ré-
gulièrement son terme !
Il y a, dans ces glorifications posthu-
mes, je ne sais quel fétichisme un peu
puéril. Qu'est-ce que cela peut nous
faire que le fameux Tartempion ait
habité dans cette maison ? C'est par
son œuvre que son souvenir peut durer
parmi nous.
Et je pense aussi au locataire qui,
étant chez lui et bien chez lui, ne tient
pas à savoir que, dans sa chambre à
coucher, - est mort, en 1849, tel grand
citoyen.:. Pour ma part, j'aurais hor-
reur de; ça, bien que je%e croie pas
aux revenants. ÇLÉMENT VAUTEI»
M. DALADIER
« Ennemi du peuple il un certain nombre
de ses millions gagnés alors que tant rie
Français sacrifiaient à la patrie et leurs
biens et leurs vies.
Et, sur ce point, M. Daladier S'a-,
jouter r
Dans notre pays de France, la marche
vers- la liberté de la presse a été paral-
lèle à la marche vers le suffrage univer-
sel. Les grands démocrates qui nous ont
devancés' ont, malgré les persécutions
des régimes d'oppression, réussi à faim
triompher ces deux reformes républi-
caines. Et, aujourd'hui, ce que. les ca-
chots, les prisons du second Empire n'ont
pu faire serait en train de se réaliser par
l'intermédiaire d'un mégalomane qui veut
se transformer en Premie-r Consul ?
Que les prétentions grotesques de cet
homme qui doit verser, on ne sait plus
en quelle année ni en quel siècle, 100
millions à la Caisse d'amortissement, ne
soulèvent pas les risées, c'est un signe dit
ce temps. Pour nous, qui ne craignons
pas ses menaces et méprisons ses insul-
tes, nous considérons que la seule, chance
qu'il possède provient de l'incertitude
gouvernementale dont on essaie injuste-
ment de rendra responsable la régime
parlementaire.
Et M. Daladiter demande un gou-
vernemenfc résolu, armé d'un pro-:
gramme net et précis, appuyé par une
majorité enthousiaste.
Majorité de gauche ? i
Nous pensons, poursuivi!,-!!, que, dane
les circofislcinces présentes, les préoccu-
pations de dosages de groupements sont
périmées. C'est sur un programme d'ac-
tion et* non sur des formules vagues que
doit se constituer le gouvernement d'une
démocratie. Etablir, ce programme, for-
mer pour le réaliser une coalition des
pa-rtis qui l'acceptent, telle est, selon
nous, la fâche que doit poursuivre le
parti républicain radical et radical socia-
liste, sans aucun esprit d'exclusivisme
quant aux personnes et aux groupes,
mais avec la seule préoccupation que
cette législature ne soit point stérile et
qu'elle donne à la démocratie les réfor-
mes essentielles voulues par le parti ré..
publicain.
- RAOUL SABATIER.
(La suite en 3* page.)
LE COLONEL
de lanciers
arrêté à Landres
était une femme
Il n'y a pas bien longtemps, nous
avons eu à Paris J'étonnante his-
toire de ce déserteur qui, depuis
1915, s'habillait de vêtements férni-:
nins, travaillait comme ouvrière.
dans une usine, et que sa femme
jalouse de ses succès, finit par tuer
l'an dernier.
Depuis hier, Londres n'a plus rien
à nous envier.
Et l'histoire du colonel des lan-
ciers, Leslie Iver Victor Gauntlet
Blight Barker, D. S. 0., haut de six
pieds et redoutable au sabre et à la.
boxe, qui est figuré depuis six aas
par une douce .personne du beau
sexe, arrive à point en ces jours de
mi-carême.
Donc, sur mandat d'amener de la
Haute Cour, le colonel Barker,
D. S. 0., depuis cinq mois ch
Palace, Piccadilly circus, à Londres,
à la suite d'affaires malheureuses,,
étai-t arrêté hier et mené à la pri-
son de Brixton, à Londres.. -,
« Au moment de son arrestation,
dit un employé de l'hôtel, le ëolo-
nel devint tout pâle et murmura. :
c( C'est terrible. Voici ma fin. » Je
ne compris pas de suite le sens da
ces paroles, a
Il devait le comprendre plus tard.
tard.
A la prison, en effet, on voulut
faire passer le colonel à l'inspec-
tion médicale, ainsi qu'il est d'usa-
ge. Mais il se rebiffa. le prit'de hmIt
et prétendit que ces coutumes ne-.
concernaient'pas un homme de son,
rang. Surpris, le gouverneur insista,
et ce n'est que lorsqu'il ne put p!u$
faire autrement que, du haut de ses
six pieds,'baissant les yeux, le co-,
lonel murmura de sa voix douce :
« I am a lady. »
Grand fut l'embarras du gouveN
neur. Il y avait une femme dans la-
prison des nommas ! Le ministère,
interrogé, n'hésita pas. Il fallait en-,
voyer le colonel à la prison des fem-,
mes. Et le gouverneur de Brixton
téléphona à son collègue de Holio,.
way qu'il lui envoyait par sa plus
rapide voiture Leslie Iver Vic.tor
Gauntlet Blight Barker D. S. 0., co- *
lonel des lanciers ! ,. ,
Que lui reproche-t-on ? La faillite
du restaurant qu'il ou qu'elle te-
nait, Litchfield street. Elle ou il
avait été condamné (e) en août der-
nier à payer 103 livres sterling. Il
(au fond c'est du colonel Barkec
qu'il s'-agit) avait préféré quitter
son appartement de Mayfair iaol
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.5%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"
- Auteurs similaires Xau Fernand Xau Fernand /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Xau Fernand" or dc.contributor adj "Xau Fernand")Letellier Henri Letellier Henri /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Letellier Henri" or dc.contributor adj "Letellier Henri")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/10
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k76327511/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k76327511/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k76327511/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k76327511/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k76327511
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k76327511
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k76327511/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest