Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-01-18
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 janvier 1929 18 janvier 1929
Description : 1929/01/18 (N13242). 1929/01/18 (N13242).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76327014
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2014
6 HEURES DU ®I1ATIE\J
LE l ¡ J01RMAL
LE NUMÉRO : 25 c. (N* 13242).
*.
PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU
TéL Gut. 61-65,, 61-66, 61-67, 26-27
VENDREDI 18 JANVIER 1929
If
t
NO
le grand hebdomadaire satirique
ofFre à ses abonnés'
les meilleurs livres comme étreanes
>1 -20ek4l Il
Cyrano
publie chaque semaine
les échos les plus piquants
et les dessins les plus savoureux
1
LE HONGROIS
est l'homme soutirant
de l'Europe-
[DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
Le coup d'Etat du roi yougo-
slave, venant après le brusque
renversement des partis au pou-
vdir en Roumanie, montre les
Etats nés du' dépècement de" !a
Hongrie encore à la période d'ef-
fervescence volcanique. Il ne fau-
drait pas croire la Hongrie elle-
même moins fiévreuse. Certes, il
ne s'y prépare aucune révolution
intérieure, mais, rogné des deux
tiers, ramené de près de 21 mil-
lions d'habitants à moins de sept
et, demi, le ioyaume millénaire de
saint Etienne, avec sa capitale
d'un million d'âmes, est comme
une tête trop grosse sur un corps
à qui on vient de couper bras et
jambes. Le choc opératoire a été
trop fort. Tout le monde a la
fièvre. Le Hongrois est l'homme
Souffrant' de l'Europe.
J'avais traversé Budapest avant
la guerre. Il y avait alors trois
ou quatre Hongries distinctes et
s'ignorant : celle des magnats
possesseurs du soI~15elle des juifs
* possesseurs du commerce et des
professions libérales, celle des
paysans, qui ne comptait guère
plus qu'à l'époque féodale ! La
plus
quatrième, était représentée par
des allogènes soumis depuis mille
ans, mais qu'on ne s'était jamais
donné la peine d'assimiler. Sou-
dain le départ de ces allogènes,
emmenant forcément trois mil-
lions de Hongrois enclavés dans
leurs terres, a fait ce que mille
ans n'avaient pu faire.
Magnats, juifs et paysans brû-
lent maintenant du même patrio-
tisme ardent, mais le pis est que
ce n'est pas à l'Autriche ni à l'Al-
lemagne, causes de leur malheur,
qu'ils en veulent, ni à l'Italie
contre laquelle ils se'sont battus,
c'est à la France, gardienne du
nouvel ordre européen. -
— Ah ! me disent-ils tous, s'il
y avait à Paris un autre homme
comme lord Rothermere à Lon-
dres, cette inj ustice serait déjà
réparée ! L'Angleterre, elle, nous
comprend ! Elle comprend, que les
't Croates,, plus civilisés que les
Serbes, comme les Transylvains,
plus avancés que les Roumains,
ne peuvent accepter de petites
villes comme Belgrade, ou Buca-
rest un joug que Budapest leur
faisait si léger ! Quant aux Slova-
ques montagnards, qui vivaient de
descendre faire la moisson en
Hongrie, la Bohême les laisse
mourir de faim Vous avez dis-
loqué, pour une frivole question
de dialectes, une harmonieuse
unité économique et surtout un
précieux bastion stratégique, hier
contre les Turcs, demain contre
les soviets, qu'une poussière de
petits Etats ne remplacera pas !
Pourquoi, pourquoi la France
a-t-elle fait ça ?
Et si on leur répond simple-
ment : ..--,; *
« Et pourQlJor, vous,-Hongrois,
avez-vop.ef"'commencé par mettre
ce&£ -Imité- économique et straté-
1, gique au service de Berlin ? » ils
répondent qu'ils détestent les Alle-
1 mands, ce qui est à peu près
.exact, mais, hélas ! ne répare
pas le geste de 1914, même s'il est
vrai que le comte Tisza ait pleuré
en le faisant. Il a pleuré, mais il
l'a fait.
Un Français à Budapest ne peut
'donc que lever des bras impuis-
sants ! Il demande aux Hongrois :
- Mais enfin, qu'est-ce qu'on
devrait faire, selon vous ?
Je crois que leur rêve serait que
les morceaux qui leur ont été arra-
chés, sans leur être positivement
rendue, reçoivent des Etats voi-
sins une autonomie telle qu'ils
soient comme indépendants. Sur
cette, mosaïque de petites répu-
bliques obscures (Croatie, Tran-
sylvanie, Slovaquie, Burgenland,
Dalmatie), Budapest reprendrait
peu à peu son ascendant de
grande capitale occidentale, de
grand lustre central !
Admettre qu'un pareil morcelle-
ment dépend de la France est une
illusion que les Hongrois d'esprit
rassis commue le comte Bethlen ne
caressent évidemment pas.
Ce que Paris peut faire pour les
Hongrois est d'ordre intellectuel. Il
y a dans Budapest un très brillant
mouvement artistique sur lequel
Bous ne nous penchons pas assez !
, Iiv n'est pas vrai que le Hongrois,
malgré les écoles allemandes
d'avant-guerre, soit germanisé.
Comme nous le tenons à l'écart,
tomme il ne veut plus de Berlin,
il essaye de se raccrocher à Lon-
dres. Dans les écoles, où l'on en-
seignait hier le français, on
n'apprend aujourd'hui que l'an-
glais. Ce sont les vieux qui parlent
encore français. La jeune géné-
ration s'efforce de se britanniser.
Il est douteux qu'elle y parvienne.
C'est une bouderie artificielle,
dont un geste amical dj Paris
aurait vite raison.
Ce geste que nous ne pouvons
faire sur la carte, faisons-le dans
le royaume des âmes! Car derrière
ces querelles il y a le homo Euro-
pâsus du vingtième siècle qui
demande à vivre entre la barbarie
de Moscou et la colonisation me-
naçante par New-York.
MAURICE DE WALEFFÈ.
4 ::,'
Ce général Weygand
- est maintenu
en activité
jusqu'à 65 ans
Comme nous l'avions fait prévoir, le
général Weyg-and, l'un des membres les'
plus éminents de l'état-major général,
est maintenu en activité jusqu'à 65 ans.
(Lire les détails en 2' pane.)
La Targa Florio
dotée de 330.000 francs de prix
La Targa mlorio, qui constitue la plus
grande épreuve mondiale de l'automobi-
lisme routier, se disputera le 5 mai, en
Sicile, sur cinq tours du circuit des Ma-
donies (1.400 virages par tour), soit au
total 540 kilomètres.
L'épreuve sera dotée de 330.000 francs
de prix en espèces et le vainqueur rem-
portera pour un an la coupe-challenge
offerte par le Journal. Le dimanche pré-
cédent se disputera le Tour de Sicile
(1.000 kilomètres) pour voitures sport,
cette course étant dotée de 240.000
francs de prix en espèces. — M. Ph.
MON FILM
Très amusant, ce dessin humoristi-
que qui représente un monsieur en train
de téléphoner d'un air furibard :
— Mademoiselle, il y a quarante-cinq
minutes que je vous sonne pour vous
demander l'heure qu'il est !
Les demoiselles du téléphone pari-
sien sont, en effet, chargées de. mettre
nos horloges et montres au pas. Ces
maîtresses de l'heure doivent la don-
ner aux abonnés qui la demandent. Cela
n'empêchera d'ailleurs pas certains fan-
taisistes de téléphoner au directeur de
l'Observatoire - personnellement -
pour lui dire :
— Je crois que ma toquante retarde
un peu. Voulez-vous, monsieur le Di-
recteur, me donner l'heure exacte ?
Ce à quoi le successeur de Leverrier
pourrait répondre en fournissant l'heu-
re astronomique, laquelle n'a rien de
commun avec l'heure vulgaire.
A Marseille, les demoiselles du télé-
phone vont faire mieux encore que les
nôtres : elles réveilleront les abonnés
qui craignent de rater leur train ou
même d'arriver en retard à leur bureau.
Il suffira de les prévenir la veille :
— Mademoiselle, réveillez-moi de-
main sans faute à 7 h; 5.
Les galants pourront même ajouter :
— Si vous pouviez venir en person-
ne, ce serait encore mieux !
Mais la petite fonctionnaire ne pous-
sera pas la complaisance jusque-là. Elle
se contentera, à l'heure dite, de faire
résonner trois fois le timbre d'appel, le
règlement ne l'obligeant même pas à
dire : À
— Debout, là n'd'dans !
Cette « réforme » sera appliquée à
Marseille dès que l'automatique fonc-
tionnera sur tout le réseau. Puis il en
sera de même à Paris et ailleurs. On
peut même prévoir que, dans notre so-
ciété standardisée, taylorisée, rationa-
lisée et marxisée, il y aura un jour, au
poste téléphonique central, une 'demoi-
selle chargée de réveiller, à la y même
heure, tous les Français, — lesquels
auront tous le téléphone. Ce sera su-
perbe et bien fait pour plaire à nos
« hommes de progrès ».
En attendant, je me permettrai de
dire ceci au nom de quelques abonnés :
l'administration des téléphones est bien
gentille de mettre ses demoiselles à no-
tre disposition pour nous dire l'heure
qu'il est, et même pour nous tirer de
nos draps dès potron-minet, — mais
ces attentions-là ne peuvent suture à
notre bonheur.
L'administration nous fait penser à
un restaurateur à prix fixe qui dirait à
ses clients : -
— C'est vrai, le potage est illusoire,
le poisson n'est qu'un mythe, le rôti
se fait attendre et peut-être même ne
viendra jamais. Mais je vous promets
pour le printemps prochain de déli-
cieux radis !
Les clients du téléphone en sont là :
ils voudraient obtenir des communica-
tions rapides et ne pas être. branchés sur
des dames revêches.à qui ils n'ont heu-
reusement pas affaire ou mis en rela-
tions avec des messieurs à la fois in-
connus et nerveux. Ils voudraient, les
clients, avoir le potage, le poisson et le
rôti, c'est-à-dire le téléphone pratique,
tel qu'il a été promis, et ils ne se sou-
cient pas de ces radis dérisoires que
sont la communication de l'heure ou' )a
transformation des demoiselles du
« central » en femmes de chambre de
l'Hôtel des voyageurs.
- Time is money : avec la monnaie que
représente le temps perdu au téléphone,
nous pourrions Plus acheter une excel-
lente montre en or et un très ponctuel
réveil-matin avec cadran lumineux..—
CLÉMENT VAUTEL. -, .-" , --
L'ÉTAT
du maréchal Foch
tendrait à s'améliorer
Dans la soirée d'hier, les méde-
cins se sont rendus au chevet du
maréchal Foch. Après une assez
longue consultation, ils se sont
retirés en annonçant aux journa-
listes présents:
Etat stationnaire. Une légère
amélioration tendrait à se mani-
fester.
LE MENAGE -
de "Mme Suzanne"
tué par sa femme
C'est un drame passionnel « hors
série » qu'auront à juger, demain, sa-
medi, les jurés de la Seine.
Mme Louise Landy, femme de Paul
Grappe, a tué, le 21 juillet dernier, un
mari tout à fait exceptionnel: déserteur
du front depuis le 27 mai 1915, il rentra
au foyer conjugal et, pendant dix ans,
vécut habillé en femme. On l'appelait,
dans les quartiers des Batignolles et de
Bagnolet, où ce couple habita successive-
ment, « Mme Suzanne ». L'amitié qui
unissait les deux « femmes » n'allait pas
sans faire jaser. M. Edouard Bourdet
n'avait pas encore écrit la Prisr¡mziè.re.
On admirait Mme Louise 'qui, vail-
lante, partait tous les matins à l'usine.
On n'osait dire tout haut ce qu'on pensait
tout bas des façons de frMme Suzanne »,
qui, au lieu de travailler, allait traîner au
Bois, à Montmartre et ne rentrait pas
toujours seule. On s'extasia pourtant sur
ses exploits de parachutiste et les jour-
naux exaltèrent le courage de l'intré-
PAUL GRAPPE
pide Mme Suzanne ;Làndg§,rd, Qui n'était
autre, que le déserteur P.aul: Grappe.
Cela dura dix: ans. Mais un beau jour,
la concierge des deux amies eut la stu-
peur de voir descendre « Mme Suzanne »
en costume d'homme. Elle clama dans
tout le quartier: « Mme Suzanne est de-
venue folle ». En réalité, la dernière loi
d'amnistie étant votée, Paul Grappe pou-
vait en toute impunité se vêtir du veston,
du gilet et du pantalon qu'il avait aban-
donnés le 2 août 1914!
Redevenu un ménage normal, l'étrange
couple connut l'enfer. Détail émouvant:
le jour où Louise Landy, terrorisée par
son mari qui s'avançait, rugissant, sur
elle, l'abattit d'un coup de revolver, elle
avait, le matin même, conduit à l'hôpital
son enfant., car elle avait un enfant
que, deux jours plus tard, extraite de
Saint-Lazare et flanquée de deux inspec-
teurs de police, elle accompagnait au
cimetière.
Présidés par le conseiller Bacquart, les
débats de cette curieuse affaire attireront
certainement la foule. L'avocat général
Gaudel soutiendra l'accusation contre
M" Maurice Garçon. — Geo Londolt.
EN 3" PAGE: 1
-Les rebelles maîtres de Kaboul.
EN 4" PAGE :
La'semaine au cinéma,
: par JEAN CHATAIGNER
Le Salon des Indépendants,
par G. DE PAWLOWSKI
EN 5* PAGE : : ;
Le billet d'ANTOINE.
Arrestation d'un aventurier.
EN 6E PAGE :
La vie aux Etats-Unis,
par FERNAND CORGOS
Demain, France-Ecosse,
le grand match de rugby
Un Incident
à la Chambre
pour la mis** £ordre du jour
de la réforme judiciaire
Un débat s'est engagé hier à la Cham-
bre qui aurait pu mettre en péril le gou-
vernement. Il avait pour point de dé-
part une demande d'apparence tout à
fait innocente de M. André Hesse qui
voulait queU'on donnât à l'examen de
la reforme judiciaire la priorité sur les
interpellations relatives à la question
financière. i
Les décrets-lois de 1926 ont supprimé
pas mal de tribunaux. Ils ont atteint
dans leurs intérêts des avocats, des
avoués, des greffiers, imposé des diffi-
cultés plus grandes à certains justicia-
bles et découronné d'un de leurs fleu-
rons — le palais de justice — maintes
petites villes. Il fallait alors sauver le
franc : les économies à outrance cons-
tituaient un des moyens de redresser.
au profit du crédit public, une confiance
qui était défaillante. On s'inclina. Mais
depuis le péril financier a été écarté, le
scrutin d'arrondissement a été rétabli et
l'espoir est venu au cœur de plus d'un
parlementaire, sans distinction; de parti,
de corriger pour sa circonscription les
effets de la réforme un peu hâtive de
192a.
La commission de législation de la
Chambre a élaboré un projet qui réta-
blit un certain nombre de tribunaux sup-
primés. Conjuguer les intérêts électoraux
des députés intéressée., qui ne sont pas
tous d& roppositt& •>-?•-* une offensive
disciplinée des partis de gauche pour ob-
tenir sur la question, contre le gouverne-
ment qui veut l'étudier encore, un débat
rapproché : tel était le plan.
Il se développa pendant toute la jour-
née d'hier. L'après-midi, la conférence
des présidents, après avoir entendu M.
André Tardieu. se rendit à. ses raisons
et décida qu'on inscrirait à l'ordre du
jour d'abord les interpellations sur la
question financière et ensuite la réforme
judiciaire. Mais, à la fin de la séance pu-
blique, M. André Hesse fit appel de cette
décision devant la Chambre tout entière
Et comme M. Barthou, garde des sceaux.
avait paru laisser croire qu'il poserait la
question de confiance, on tenait en ré-
serve une demande de scrutin, grâce à
laquelle on allait pouvoir mettre le ca-
binet en minorité.
Habile manœuvrier parlementaire, M.
Barthou ne donna pas dans le panneau.
— Puisque, dit-il de sa voix la plus
douce aux conjurés, vous tenez tant à
une discussion prochaine, soit ; seule-
ment, peut-être faudra-t-il auparavant
parler d'un sujet plus brûlant, celui qui
a trait aux loyers. En tout cas, je ne
pose pas la question de confian-ce.
L'intrigue était déjouée. M. Barthou. à
qui l'on ne saurait décidément dénier en
politique de l'habileté 'et" de la déci-
sion, devait quelques instants avant ce
débat répondre à une question de M.
Baudoin-Bugnet sur le cas de M. Lau-
vray, député de l'Eure, înoulpé du délit
de coalition dans l'affaire de la hausse
du lait. M. Lauvray' n'a été l'objet d'au-
cune demande' de levée de l'immunité
parlementaire. On a mis à profit la trêve
des confiseurs pour le poursuivre. Gros
émoi parmi les fervents défenseurs de
l'inviolabilité des représentants du peu-
ple. On craignait que cela ne chauffât!
Erreur!' Le bruit se répandit dans les
couloirs que le député incriminé allait
probablement bénéficier d'une ordon-
nance de non-lieu. Et quand M. Bouisson
voulut ouvrir le débat, il se trouva que
M. Barthou n'était pas au bano du gou-
vernement et que M. Baudoin-Bugnet
n'insistait plus. - Raoul Sabatier.
EN 5° PAGE :
Séances de la Chambre et du Sénat.
Mme MONTJOVET CHANTERA
à notre concert de dimanche
(Photo R. Marchand.)
La célèbre et belle cantatrice soliste
de nos associations symphoniques, pro-
fesseur au Conservatoire de Bruxelles,
interprétera des pages classiques du
XVIIe siècle et des mélodies du réputé
compositeur Sylvio Lazzari accompa-
gnées par l'auteur. !
(Lire en 2e page le programme détaillé.)
M. HODOYER
le mari
de la mystérieuse noyée
est entendu par le juge
[DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
LYON, 17 janvier. — L'enquête sur
la mort si mystérieuse de Mme Ho-
doyer s'est poursuivie aujourd'hui.
Les policiers et magistrats, qui ne
ménagent pas leurs efforts, ont exa-
miné avec le plus grand soin les
différentes hypothèses, même celles
qui semblent extravagantes.
Certains ont définitivement écarté
l'hypothèse du suicide, tandis que
d'autres s'en montrent encore parti-
sans. Mais peut-être ces derniers
ont-iils tort de trop vouloir simpli-
fier les choses.
Nous avons dit hier que Mme Ho-
doyer n'avait jamais, à ce point de
vue, inquiété son entourage. Par
contre, nous avons appri's aujour-
d'hui que son mari avait souffert, il
y a quelques mois, d'une crise de
neurasthénie aiguë. Certaines per-
sonnes de son entourage nous ont
même déclaré qu'il avait, à plusieurs
reprises, manifesté l'intention d'at-
tenter à ses jours. C'est sans doute
pour cette raison que Mme Hodoyer
avait demandé au concierge, M. Gou-
jeau, de veiller le malade chaque
nuit.
Doit-on chercher dans lés causes
Mme HODOYER
d'après une récente photographie
de la neurasthénie de M. Hodoyer
quelque indice susceptible d'éclair-
cir le mystère de la mort de sa fem-
me ? Ceci fera sans doute demain
l'objet de la préoccupation des en-
quêteurs. >
Après la femme" mystérieuse
„ les hommes mystérieux
Ce matin, une dame habitant le
quartier des Terreaux, non loin de
l'ancienne demeure de M. Drevond,
frère de la victime, s'est présentée
au bureau de M. Sarbach, chef de la
Sûreté. Elle a fait au magistrat la
déclaration suivante :
La lecture des journaux m'a rap-
pelé un incident que je ne crois pas inu-
tile de vous révéler.
Au mois de septembre dernier, je reçus
la visite d'un. lynmme de forte' corpu-
lence, âgé d'environ 50 ans, vêtu d'un
pardessus de couleur sombre fort usagé
et coiffé d'un chapeau mou noir.
Cet inconnu me demanda des rensei-
gnements sur la sœur de M. Drevond,
Mme Hodoyer. Je connaissais fort bien
M. Drevond, mais une de ses sœurs seu-
lement. Mme Terrasse. Je crus donc que
l'inconnu voulait parler d'elle et qu'il
commettait une faible erreur de nom.
Le visiteur me déclara alors qu'une
personne de son entourage désirait trèA.
vivement voir la sœur de M. Drevond,
mais qu'à aucun prix, cependant, elle
ne voulait se rendre à son domicile. Il
me demanda si la sœur de M. Drevond
avait coutume de venir dans le quartier.
et vers quelle heure il était possible de
l'y voir. Je répondis que je n'en savais
absolument rien. ,
L'homme se retira et je ne pensai plus
ni à lui, ni à sa curiosité. Mais, en lisant
dans les journaux le nom de Mme Ho-
doyer, brusquement je me suis souvenue
de la visite dont je viens de vous parler,
et £ai compris enfin que la personne qui
intéressait cet homme n'était pas Mme
Terrasse, mais la sœur cadette de M.
Drevond.
D'autre part, un locataire de l'im-
meuble habité par M. et Mme Ho-
doyer aurait aperçu dans l'escalier,
peu de temps avant la mystérieuse
disparition, un homme qui', à sa vue,
se serait éloigné 'précipitamment.
L'escalier éta«t fort sombre, le loca-
taire n'a pu distinguer les traits de
l'inconnu. (Suite. en 6e page.)
C'EST LA M<~X~E: NOUVELLE.
— Vous avez le pied très petit pour un homme. ¡. ,'
=— Hélas ! j'en sais quelque chose : ma femme me chipe toutes mes a
H
Le coulissier Il baron Pacquement
se serait réfugié en Suisse
Lorsque le baron Pacquement quit-
ta le Palais de justice, le samedi 12
janvier dernier, après avoir été en-
tendu par M. dard, à la suite d'une
déposition d'Amar, le financier qui
reconnaissait avoir remis deux chè-
ques de 25.000 francs au nom de Mme
Hanau était enfermé dans le dilem-
me suivant .:
Ou il avait versé 50.000 francs à
la directrice de la Gazette du Franc
pour obtenir le silence de son jour-
nal sur certaines valeurs de ses syn-
dicats que Mme Hanau discréditait
et, dans ce cas, il devait porter plain-
te contre cette dernière pour'extor-
sion de fonds. Or, rappelons que
Mme Hanau niait énergiquement cet-
te menace de-chantage et déclarait
que M. Pacquement était purement
et simplement son débiteur de 60.000
francs.
Ou Mi Parqnement devait effecti-
vement cette somme à Mme Hanau
comme prix de sa participation aux
affaires de la Gazette, et il risquait
fort de se voir inculper de complicité
par M. Glard.
En même temps, et comme on va
le voir tout à l'heure^ Fernand
Pacquement s'était mis dans le
cas d'être surveillé par le syndicat
des banquiers qui attendait sa com-
parution au sujet de ses affaires de
Bourse.
Il avait engagé,' selon des chiffres,
qu'on tenait hier pour officiels, 22
millions de titres appartenant à ses
clients, dans diverses banques, et en
avait obtenu 16 millions 300.000 fr.
d'avance. Ces titres n'ayant pu être
représentés à la clientèle, dans plu-
sieurs cas de réclamation, des plain-
tes naquirent.
Au cours du dernier semestre,
Pacquement aurait réalisé, dit-on en
core, plus d'un million de francs de
bénéfice, rien que sur les courtages..
Néanmoins, son actif ne dépassera
pas 4 au 5 millions.
M. Retail a été désigné comme ex
pert ; M. Lemonnier syndic de fail-
lis, agissant en qualité d'admini'stra-
teur provisoire, serait entré en pour-
parlers avec la famille Pacquement
— à la demande de celle-ci —> afin
de rembourser les clients.
Curieuse personnalité,
De taille moyenne, distingué, beau
parleur, le « baron » Pacquement
était l'homme, de Bourse élégant par
excellence. Propriétaire de voitures
somptueuses, menant un luxueux
train d'e vie, ayant bureaux ultra-
modernes, château et propriété de
deux, cents hectares dans l'Eure, il
maniait les millions avec aisance.
Très intelligent, orgueilleux et ambi-
tieux à .l'extrême, batailleur même,
il échafaudait avec le sourire de fan-
tastiques combinaisons.
Baron, il ne le fut que dans son
imagination et dans son désir de bril-
ler auprès de riches clubmen de la
Le « baron » PACQUEMENT .1
en uniforme d'officier- de réserve
capitale qui étaient ses clients réels
ou éventuels. Une réputation plus ou
moins justifiée faisait même égale-
ment de ce mari et père de famille
un homme aux mœurs d'une anoma-
lie qu'on dit élégante.
D'associé dans diverses maisons de
coulisse ou de banque, la fortune fit
de lui, il y a trois ans environ, le
directeur d'une importante maison
de coulisse, 3, rue du Helder. C'est
alors qu'il commença ses brillantes
spéculations qui devaient lui rap-
porter, dit-on, des dizaines de mil-
lions. En fait, il constitua successi-
vement, sur diverses valeurs de la
cote, des syndicats prospères.
Mais celui qui fut heureux joueur
fut maladroit et brutal dans le succès.
Son ambition l'opposa à des groupes
aussi puissants que le sien et qui,
contrecarrés par lui^ le brisèrent.
Avec cela, mauvais organisateur,
mal. conseillé, il laissa péricliter ses
affaires dans Un désordre tel que cer-
tains de ses collaborateurs en furent
effrayés.
Les premiers échecs
C'est en juillet dernier, pour la.
première fois, que le « baron » Pac-
quement se heurta à des affaires
malheureuses. Il se fit évincer d'un •
syndicat puissant de valeurs miniè-
res, puis, fondateur à son tour d'un
gros syndicat destiné à « pousser »
une valeur mexicaine, il subit de
grosses pertes. Cependant, menacé de
demandes de remboursement, il paya
royalement. *
(La suite, eh 3* page.)
POLICIERS CONTRE MALFAITEURS
(Souvenirs de l'inspecteur principal Béthuel)
0
Comment s'organise
'e c3
la lutte contre le crime ,"
L'inspecteur principal Béthuel, l'ex-
chef de la brigade criminelle, va
expliquer aux lecteurs du Journal
comment procèdent nos « as » de
la police judiciaire dans leur lutte
quotidienne, contre les malfaiteurs.'
Un grand policier, un brave et
loyal serviteur de la société, qui,
pendant plus d'un quart de siècle, a
donné la chasse aux criminels et aux
malfaiteurs de toutes sortes, vient,
sans vain tapage, de prendre sa re-
traite. Il s'agit de M. Béthuel, ins-
pecteur principal à la police judi-
ciaire. On connaît son nom, cité tant
de fois par les journaux, mais c'est
tout ce que l'on sait de lui et le pu-
blic n'a qu'une vague idée de ce qu'a
été la carrière de cet homme qui est
de la lignée de nos plus habiles li-
miers et qui, depuis vingt-huit an-
nées, a été constamment sur la
brèche.
Dans la police active. il atout fait.
Il a d'abord recherché sur la voie
publique les malfaiteurs en quête
d'un mauvais coup qui rôdent parmi
le public ; il a surveillé et. arrêté des
voleurs à la tire, au rendez-moi. au
poivrier ; des roulottiers, que sais-
je ? Puis, après avoir passé cinq
années dans la rue, il a été admis, en
1905, dans la fameuse brigade crimi-
nelle, « l'ancienne brigade du Chef »,
où brillèrent autrefois les Jaume, les
Rossignol. Il ne l'a plus quittée et il y
a conquis tous ses galons. En 1912.
douze années après son entrée dans
l'administration, il fut nomme briga-
dier ; l'année suivante, il était bri-
gadier chef et, le ler janvier 1920, il
prenait, avec le titre d'inspecteur
principal, la direction, sous le con- J
trôle d'un commissaire divisionnaire.
de la brigade criminelle, composée de
quarante gradés et inspecteurs, qui,
tous sont des « as »,
Aucun des crimes et délits impor-
tants commis à Paris ou dans le dé-
partement de la Seine, depuis une
vingtaine d'années, ne lui est in-
connu. Il a participe à presque tou-
tes les enquêtes qu'Hs ont nécessitées
et il les a souvent conduites lui-
même. Il a pourchassé des coupables
en province, à l'étranger, et il est
allé jusqu'au Brésil pour en arrêter.
Que de choses typiques, pensais-je,
il pourrait raconter ! Que de révé-
lations il pourrait faire sur la façon
dont est pratiquée la jutie organisée
contre les malfaiteurs. Le voudrait-
il ? Je connaissais sa modestie. Néan-
moins, je tentai une démarche au-
près de lui et, avant qu'il eût aban-
donné son poste, j'allai le trouver
dans son bureau de la police judi-
ciaire, où tant de criminels et de vo-
leurs célèbres ont défilé. -
-.Mais, avant d'aller plus loin, il
faut ql-iî je ';'VOU:;' présente l'ïnspec-
teur principal Péthuel, sans quoi
v Rue reconnaîtriez pas, car il
,
n'a rien du policier tel qu'on le con- *
çoi't généralement. Sa mise ne vous
le ferait pas remarquer. Son costur
me, de ton neutre, est de bonnp cou-
L'inspecteur. BETHUEL
pe, et ses chaussures bottier, de for-
me basse, n'ont qu'une bien loin-
taine parenté avec le godillot ré-
glementaire. Son âge ? Il est né en
Bretagne en 1873. Ainsi que la plu- -
part de ses compatriotes, 11 est grand
et mince et il est demeuré alerte et
vigoureux. Des yeux bleu clair très
vifs animent un visage coioré' et
sans rides. Le cheveu est dru et,
malgré sa petite moustache blanche,
M. Béthuel ne paraît pas son âge.
Signes particuliers : il. semble tou-
jours sourire et il rougit commd une
jeune fille lorsqu'on aborde, en sa
présence, des sujets un peu égril-
lards.
Naturellement, je lui annonças
tout de go ce que j'attendais de luit.
- Pour être un bon policier, ré-
pondit-il à mes premières questions,
il faut, avant tout, aimer son mé-
tier. Moi, je l'ai aimé complètement
et, sil je devais recommencer ma vie,
je redeviendrais policier comme de-
vant. J'ai! vécu. dans ma carrière,
des heures passionnantes. On ne peut
s'imaginer la satisfaction éprouvée
lorsque, après un mois ou deux Jle
recherches, on réussit à grouper un
faisceau de preuves se complétant
les unes les autres à la, manière d'un
puzzle et qui nous mettent sur. la
piste d'un malfaiteur habile et re-
doutable.
» Il y a des arrestations dangereu-
ses à opérer, c'est certain. Il y a des
surveillances et des Lis'us ,9 qal
tiennent parfois les ; >éâies policiers
en haleitoe, jour Et nuit, durant 48 et
LE l ¡ J01RMAL
LE NUMÉRO : 25 c. (N* 13242).
*.
PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU
TéL Gut. 61-65,, 61-66, 61-67, 26-27
VENDREDI 18 JANVIER 1929
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le grand hebdomadaire satirique
ofFre à ses abonnés'
les meilleurs livres comme étreanes
>1 -20ek4l Il
Cyrano
publie chaque semaine
les échos les plus piquants
et les dessins les plus savoureux
1
LE HONGROIS
est l'homme soutirant
de l'Europe-
[DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
Le coup d'Etat du roi yougo-
slave, venant après le brusque
renversement des partis au pou-
vdir en Roumanie, montre les
Etats nés du' dépècement de" !a
Hongrie encore à la période d'ef-
fervescence volcanique. Il ne fau-
drait pas croire la Hongrie elle-
même moins fiévreuse. Certes, il
ne s'y prépare aucune révolution
intérieure, mais, rogné des deux
tiers, ramené de près de 21 mil-
lions d'habitants à moins de sept
et, demi, le ioyaume millénaire de
saint Etienne, avec sa capitale
d'un million d'âmes, est comme
une tête trop grosse sur un corps
à qui on vient de couper bras et
jambes. Le choc opératoire a été
trop fort. Tout le monde a la
fièvre. Le Hongrois est l'homme
Souffrant' de l'Europe.
J'avais traversé Budapest avant
la guerre. Il y avait alors trois
ou quatre Hongries distinctes et
s'ignorant : celle des magnats
possesseurs du soI~15elle des juifs
* possesseurs du commerce et des
professions libérales, celle des
paysans, qui ne comptait guère
plus qu'à l'époque féodale ! La
plus
quatrième, était représentée par
des allogènes soumis depuis mille
ans, mais qu'on ne s'était jamais
donné la peine d'assimiler. Sou-
dain le départ de ces allogènes,
emmenant forcément trois mil-
lions de Hongrois enclavés dans
leurs terres, a fait ce que mille
ans n'avaient pu faire.
Magnats, juifs et paysans brû-
lent maintenant du même patrio-
tisme ardent, mais le pis est que
ce n'est pas à l'Autriche ni à l'Al-
lemagne, causes de leur malheur,
qu'ils en veulent, ni à l'Italie
contre laquelle ils se'sont battus,
c'est à la France, gardienne du
nouvel ordre européen. -
— Ah ! me disent-ils tous, s'il
y avait à Paris un autre homme
comme lord Rothermere à Lon-
dres, cette inj ustice serait déjà
réparée ! L'Angleterre, elle, nous
comprend ! Elle comprend, que les
't Croates,, plus civilisés que les
Serbes, comme les Transylvains,
plus avancés que les Roumains,
ne peuvent accepter de petites
villes comme Belgrade, ou Buca-
rest un joug que Budapest leur
faisait si léger ! Quant aux Slova-
ques montagnards, qui vivaient de
descendre faire la moisson en
Hongrie, la Bohême les laisse
mourir de faim Vous avez dis-
loqué, pour une frivole question
de dialectes, une harmonieuse
unité économique et surtout un
précieux bastion stratégique, hier
contre les Turcs, demain contre
les soviets, qu'une poussière de
petits Etats ne remplacera pas !
Pourquoi, pourquoi la France
a-t-elle fait ça ?
Et si on leur répond simple-
ment : ..--,; *
« Et pourQlJor, vous,-Hongrois,
avez-vop.ef"'commencé par mettre
ce&£ -Imité- économique et straté-
1, gique au service de Berlin ? » ils
répondent qu'ils détestent les Alle-
1 mands, ce qui est à peu près
.exact, mais, hélas ! ne répare
pas le geste de 1914, même s'il est
vrai que le comte Tisza ait pleuré
en le faisant. Il a pleuré, mais il
l'a fait.
Un Français à Budapest ne peut
'donc que lever des bras impuis-
sants ! Il demande aux Hongrois :
- Mais enfin, qu'est-ce qu'on
devrait faire, selon vous ?
Je crois que leur rêve serait que
les morceaux qui leur ont été arra-
chés, sans leur être positivement
rendue, reçoivent des Etats voi-
sins une autonomie telle qu'ils
soient comme indépendants. Sur
cette, mosaïque de petites répu-
bliques obscures (Croatie, Tran-
sylvanie, Slovaquie, Burgenland,
Dalmatie), Budapest reprendrait
peu à peu son ascendant de
grande capitale occidentale, de
grand lustre central !
Admettre qu'un pareil morcelle-
ment dépend de la France est une
illusion que les Hongrois d'esprit
rassis commue le comte Bethlen ne
caressent évidemment pas.
Ce que Paris peut faire pour les
Hongrois est d'ordre intellectuel. Il
y a dans Budapest un très brillant
mouvement artistique sur lequel
Bous ne nous penchons pas assez !
, Iiv n'est pas vrai que le Hongrois,
malgré les écoles allemandes
d'avant-guerre, soit germanisé.
Comme nous le tenons à l'écart,
tomme il ne veut plus de Berlin,
il essaye de se raccrocher à Lon-
dres. Dans les écoles, où l'on en-
seignait hier le français, on
n'apprend aujourd'hui que l'an-
glais. Ce sont les vieux qui parlent
encore français. La jeune géné-
ration s'efforce de se britanniser.
Il est douteux qu'elle y parvienne.
C'est une bouderie artificielle,
dont un geste amical dj Paris
aurait vite raison.
Ce geste que nous ne pouvons
faire sur la carte, faisons-le dans
le royaume des âmes! Car derrière
ces querelles il y a le homo Euro-
pâsus du vingtième siècle qui
demande à vivre entre la barbarie
de Moscou et la colonisation me-
naçante par New-York.
MAURICE DE WALEFFÈ.
4 ::,'
Ce général Weygand
- est maintenu
en activité
jusqu'à 65 ans
Comme nous l'avions fait prévoir, le
général Weyg-and, l'un des membres les'
plus éminents de l'état-major général,
est maintenu en activité jusqu'à 65 ans.
(Lire les détails en 2' pane.)
La Targa Florio
dotée de 330.000 francs de prix
La Targa mlorio, qui constitue la plus
grande épreuve mondiale de l'automobi-
lisme routier, se disputera le 5 mai, en
Sicile, sur cinq tours du circuit des Ma-
donies (1.400 virages par tour), soit au
total 540 kilomètres.
L'épreuve sera dotée de 330.000 francs
de prix en espèces et le vainqueur rem-
portera pour un an la coupe-challenge
offerte par le Journal. Le dimanche pré-
cédent se disputera le Tour de Sicile
(1.000 kilomètres) pour voitures sport,
cette course étant dotée de 240.000
francs de prix en espèces. — M. Ph.
MON FILM
Très amusant, ce dessin humoristi-
que qui représente un monsieur en train
de téléphoner d'un air furibard :
— Mademoiselle, il y a quarante-cinq
minutes que je vous sonne pour vous
demander l'heure qu'il est !
Les demoiselles du téléphone pari-
sien sont, en effet, chargées de. mettre
nos horloges et montres au pas. Ces
maîtresses de l'heure doivent la don-
ner aux abonnés qui la demandent. Cela
n'empêchera d'ailleurs pas certains fan-
taisistes de téléphoner au directeur de
l'Observatoire - personnellement -
pour lui dire :
— Je crois que ma toquante retarde
un peu. Voulez-vous, monsieur le Di-
recteur, me donner l'heure exacte ?
Ce à quoi le successeur de Leverrier
pourrait répondre en fournissant l'heu-
re astronomique, laquelle n'a rien de
commun avec l'heure vulgaire.
A Marseille, les demoiselles du télé-
phone vont faire mieux encore que les
nôtres : elles réveilleront les abonnés
qui craignent de rater leur train ou
même d'arriver en retard à leur bureau.
Il suffira de les prévenir la veille :
— Mademoiselle, réveillez-moi de-
main sans faute à 7 h; 5.
Les galants pourront même ajouter :
— Si vous pouviez venir en person-
ne, ce serait encore mieux !
Mais la petite fonctionnaire ne pous-
sera pas la complaisance jusque-là. Elle
se contentera, à l'heure dite, de faire
résonner trois fois le timbre d'appel, le
règlement ne l'obligeant même pas à
dire : À
— Debout, là n'd'dans !
Cette « réforme » sera appliquée à
Marseille dès que l'automatique fonc-
tionnera sur tout le réseau. Puis il en
sera de même à Paris et ailleurs. On
peut même prévoir que, dans notre so-
ciété standardisée, taylorisée, rationa-
lisée et marxisée, il y aura un jour, au
poste téléphonique central, une 'demoi-
selle chargée de réveiller, à la y même
heure, tous les Français, — lesquels
auront tous le téléphone. Ce sera su-
perbe et bien fait pour plaire à nos
« hommes de progrès ».
En attendant, je me permettrai de
dire ceci au nom de quelques abonnés :
l'administration des téléphones est bien
gentille de mettre ses demoiselles à no-
tre disposition pour nous dire l'heure
qu'il est, et même pour nous tirer de
nos draps dès potron-minet, — mais
ces attentions-là ne peuvent suture à
notre bonheur.
L'administration nous fait penser à
un restaurateur à prix fixe qui dirait à
ses clients : -
— C'est vrai, le potage est illusoire,
le poisson n'est qu'un mythe, le rôti
se fait attendre et peut-être même ne
viendra jamais. Mais je vous promets
pour le printemps prochain de déli-
cieux radis !
Les clients du téléphone en sont là :
ils voudraient obtenir des communica-
tions rapides et ne pas être. branchés sur
des dames revêches.à qui ils n'ont heu-
reusement pas affaire ou mis en rela-
tions avec des messieurs à la fois in-
connus et nerveux. Ils voudraient, les
clients, avoir le potage, le poisson et le
rôti, c'est-à-dire le téléphone pratique,
tel qu'il a été promis, et ils ne se sou-
cient pas de ces radis dérisoires que
sont la communication de l'heure ou' )a
transformation des demoiselles du
« central » en femmes de chambre de
l'Hôtel des voyageurs.
- Time is money : avec la monnaie que
représente le temps perdu au téléphone,
nous pourrions Plus acheter une excel-
lente montre en or et un très ponctuel
réveil-matin avec cadran lumineux..—
CLÉMENT VAUTEL. -, .-" , --
L'ÉTAT
du maréchal Foch
tendrait à s'améliorer
Dans la soirée d'hier, les méde-
cins se sont rendus au chevet du
maréchal Foch. Après une assez
longue consultation, ils se sont
retirés en annonçant aux journa-
listes présents:
Etat stationnaire. Une légère
amélioration tendrait à se mani-
fester.
LE MENAGE -
de "Mme Suzanne"
tué par sa femme
C'est un drame passionnel « hors
série » qu'auront à juger, demain, sa-
medi, les jurés de la Seine.
Mme Louise Landy, femme de Paul
Grappe, a tué, le 21 juillet dernier, un
mari tout à fait exceptionnel: déserteur
du front depuis le 27 mai 1915, il rentra
au foyer conjugal et, pendant dix ans,
vécut habillé en femme. On l'appelait,
dans les quartiers des Batignolles et de
Bagnolet, où ce couple habita successive-
ment, « Mme Suzanne ». L'amitié qui
unissait les deux « femmes » n'allait pas
sans faire jaser. M. Edouard Bourdet
n'avait pas encore écrit la Prisr¡mziè.re.
On admirait Mme Louise 'qui, vail-
lante, partait tous les matins à l'usine.
On n'osait dire tout haut ce qu'on pensait
tout bas des façons de frMme Suzanne »,
qui, au lieu de travailler, allait traîner au
Bois, à Montmartre et ne rentrait pas
toujours seule. On s'extasia pourtant sur
ses exploits de parachutiste et les jour-
naux exaltèrent le courage de l'intré-
PAUL GRAPPE
pide Mme Suzanne ;Làndg§,rd, Qui n'était
autre, que le déserteur P.aul: Grappe.
Cela dura dix: ans. Mais un beau jour,
la concierge des deux amies eut la stu-
peur de voir descendre « Mme Suzanne »
en costume d'homme. Elle clama dans
tout le quartier: « Mme Suzanne est de-
venue folle ». En réalité, la dernière loi
d'amnistie étant votée, Paul Grappe pou-
vait en toute impunité se vêtir du veston,
du gilet et du pantalon qu'il avait aban-
donnés le 2 août 1914!
Redevenu un ménage normal, l'étrange
couple connut l'enfer. Détail émouvant:
le jour où Louise Landy, terrorisée par
son mari qui s'avançait, rugissant, sur
elle, l'abattit d'un coup de revolver, elle
avait, le matin même, conduit à l'hôpital
son enfant., car elle avait un enfant
que, deux jours plus tard, extraite de
Saint-Lazare et flanquée de deux inspec-
teurs de police, elle accompagnait au
cimetière.
Présidés par le conseiller Bacquart, les
débats de cette curieuse affaire attireront
certainement la foule. L'avocat général
Gaudel soutiendra l'accusation contre
M" Maurice Garçon. — Geo Londolt.
EN 3" PAGE: 1
-Les rebelles maîtres de Kaboul.
EN 4" PAGE :
La'semaine au cinéma,
: par JEAN CHATAIGNER
Le Salon des Indépendants,
par G. DE PAWLOWSKI
EN 5* PAGE : : ;
Le billet d'ANTOINE.
Arrestation d'un aventurier.
EN 6E PAGE :
La vie aux Etats-Unis,
par FERNAND CORGOS
Demain, France-Ecosse,
le grand match de rugby
Un Incident
à la Chambre
pour la mis** £ordre du jour
de la réforme judiciaire
Un débat s'est engagé hier à la Cham-
bre qui aurait pu mettre en péril le gou-
vernement. Il avait pour point de dé-
part une demande d'apparence tout à
fait innocente de M. André Hesse qui
voulait queU'on donnât à l'examen de
la reforme judiciaire la priorité sur les
interpellations relatives à la question
financière. i
Les décrets-lois de 1926 ont supprimé
pas mal de tribunaux. Ils ont atteint
dans leurs intérêts des avocats, des
avoués, des greffiers, imposé des diffi-
cultés plus grandes à certains justicia-
bles et découronné d'un de leurs fleu-
rons — le palais de justice — maintes
petites villes. Il fallait alors sauver le
franc : les économies à outrance cons-
tituaient un des moyens de redresser.
au profit du crédit public, une confiance
qui était défaillante. On s'inclina. Mais
depuis le péril financier a été écarté, le
scrutin d'arrondissement a été rétabli et
l'espoir est venu au cœur de plus d'un
parlementaire, sans distinction; de parti,
de corriger pour sa circonscription les
effets de la réforme un peu hâtive de
192a.
La commission de législation de la
Chambre a élaboré un projet qui réta-
blit un certain nombre de tribunaux sup-
primés. Conjuguer les intérêts électoraux
des députés intéressée., qui ne sont pas
tous d& roppositt& •>-?•-* une offensive
disciplinée des partis de gauche pour ob-
tenir sur la question, contre le gouverne-
ment qui veut l'étudier encore, un débat
rapproché : tel était le plan.
Il se développa pendant toute la jour-
née d'hier. L'après-midi, la conférence
des présidents, après avoir entendu M.
André Tardieu. se rendit à. ses raisons
et décida qu'on inscrirait à l'ordre du
jour d'abord les interpellations sur la
question financière et ensuite la réforme
judiciaire. Mais, à la fin de la séance pu-
blique, M. André Hesse fit appel de cette
décision devant la Chambre tout entière
Et comme M. Barthou, garde des sceaux.
avait paru laisser croire qu'il poserait la
question de confiance, on tenait en ré-
serve une demande de scrutin, grâce à
laquelle on allait pouvoir mettre le ca-
binet en minorité.
Habile manœuvrier parlementaire, M.
Barthou ne donna pas dans le panneau.
— Puisque, dit-il de sa voix la plus
douce aux conjurés, vous tenez tant à
une discussion prochaine, soit ; seule-
ment, peut-être faudra-t-il auparavant
parler d'un sujet plus brûlant, celui qui
a trait aux loyers. En tout cas, je ne
pose pas la question de confian-ce.
L'intrigue était déjouée. M. Barthou. à
qui l'on ne saurait décidément dénier en
politique de l'habileté 'et" de la déci-
sion, devait quelques instants avant ce
débat répondre à une question de M.
Baudoin-Bugnet sur le cas de M. Lau-
vray, député de l'Eure, înoulpé du délit
de coalition dans l'affaire de la hausse
du lait. M. Lauvray' n'a été l'objet d'au-
cune demande' de levée de l'immunité
parlementaire. On a mis à profit la trêve
des confiseurs pour le poursuivre. Gros
émoi parmi les fervents défenseurs de
l'inviolabilité des représentants du peu-
ple. On craignait que cela ne chauffât!
Erreur!' Le bruit se répandit dans les
couloirs que le député incriminé allait
probablement bénéficier d'une ordon-
nance de non-lieu. Et quand M. Bouisson
voulut ouvrir le débat, il se trouva que
M. Barthou n'était pas au bano du gou-
vernement et que M. Baudoin-Bugnet
n'insistait plus. - Raoul Sabatier.
EN 5° PAGE :
Séances de la Chambre et du Sénat.
Mme MONTJOVET CHANTERA
à notre concert de dimanche
(Photo R. Marchand.)
La célèbre et belle cantatrice soliste
de nos associations symphoniques, pro-
fesseur au Conservatoire de Bruxelles,
interprétera des pages classiques du
XVIIe siècle et des mélodies du réputé
compositeur Sylvio Lazzari accompa-
gnées par l'auteur. !
(Lire en 2e page le programme détaillé.)
M. HODOYER
le mari
de la mystérieuse noyée
est entendu par le juge
[DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL]
LYON, 17 janvier. — L'enquête sur
la mort si mystérieuse de Mme Ho-
doyer s'est poursuivie aujourd'hui.
Les policiers et magistrats, qui ne
ménagent pas leurs efforts, ont exa-
miné avec le plus grand soin les
différentes hypothèses, même celles
qui semblent extravagantes.
Certains ont définitivement écarté
l'hypothèse du suicide, tandis que
d'autres s'en montrent encore parti-
sans. Mais peut-être ces derniers
ont-iils tort de trop vouloir simpli-
fier les choses.
Nous avons dit hier que Mme Ho-
doyer n'avait jamais, à ce point de
vue, inquiété son entourage. Par
contre, nous avons appri's aujour-
d'hui que son mari avait souffert, il
y a quelques mois, d'une crise de
neurasthénie aiguë. Certaines per-
sonnes de son entourage nous ont
même déclaré qu'il avait, à plusieurs
reprises, manifesté l'intention d'at-
tenter à ses jours. C'est sans doute
pour cette raison que Mme Hodoyer
avait demandé au concierge, M. Gou-
jeau, de veiller le malade chaque
nuit.
Doit-on chercher dans lés causes
Mme HODOYER
d'après une récente photographie
de la neurasthénie de M. Hodoyer
quelque indice susceptible d'éclair-
cir le mystère de la mort de sa fem-
me ? Ceci fera sans doute demain
l'objet de la préoccupation des en-
quêteurs. >
Après la femme" mystérieuse
„ les hommes mystérieux
Ce matin, une dame habitant le
quartier des Terreaux, non loin de
l'ancienne demeure de M. Drevond,
frère de la victime, s'est présentée
au bureau de M. Sarbach, chef de la
Sûreté. Elle a fait au magistrat la
déclaration suivante :
La lecture des journaux m'a rap-
pelé un incident que je ne crois pas inu-
tile de vous révéler.
Au mois de septembre dernier, je reçus
la visite d'un. lynmme de forte' corpu-
lence, âgé d'environ 50 ans, vêtu d'un
pardessus de couleur sombre fort usagé
et coiffé d'un chapeau mou noir.
Cet inconnu me demanda des rensei-
gnements sur la sœur de M. Drevond,
Mme Hodoyer. Je connaissais fort bien
M. Drevond, mais une de ses sœurs seu-
lement. Mme Terrasse. Je crus donc que
l'inconnu voulait parler d'elle et qu'il
commettait une faible erreur de nom.
Le visiteur me déclara alors qu'une
personne de son entourage désirait trèA.
vivement voir la sœur de M. Drevond,
mais qu'à aucun prix, cependant, elle
ne voulait se rendre à son domicile. Il
me demanda si la sœur de M. Drevond
avait coutume de venir dans le quartier.
et vers quelle heure il était possible de
l'y voir. Je répondis que je n'en savais
absolument rien. ,
L'homme se retira et je ne pensai plus
ni à lui, ni à sa curiosité. Mais, en lisant
dans les journaux le nom de Mme Ho-
doyer, brusquement je me suis souvenue
de la visite dont je viens de vous parler,
et £ai compris enfin que la personne qui
intéressait cet homme n'était pas Mme
Terrasse, mais la sœur cadette de M.
Drevond.
D'autre part, un locataire de l'im-
meuble habité par M. et Mme Ho-
doyer aurait aperçu dans l'escalier,
peu de temps avant la mystérieuse
disparition, un homme qui', à sa vue,
se serait éloigné 'précipitamment.
L'escalier éta«t fort sombre, le loca-
taire n'a pu distinguer les traits de
l'inconnu. (Suite. en 6e page.)
C'EST LA M<~X~E: NOUVELLE.
— Vous avez le pied très petit pour un homme. ¡. ,'
=— Hélas ! j'en sais quelque chose : ma femme me chipe toutes mes a
H
Le coulissier Il baron Pacquement
se serait réfugié en Suisse
Lorsque le baron Pacquement quit-
ta le Palais de justice, le samedi 12
janvier dernier, après avoir été en-
tendu par M. dard, à la suite d'une
déposition d'Amar, le financier qui
reconnaissait avoir remis deux chè-
ques de 25.000 francs au nom de Mme
Hanau était enfermé dans le dilem-
me suivant .:
Ou il avait versé 50.000 francs à
la directrice de la Gazette du Franc
pour obtenir le silence de son jour-
nal sur certaines valeurs de ses syn-
dicats que Mme Hanau discréditait
et, dans ce cas, il devait porter plain-
te contre cette dernière pour'extor-
sion de fonds. Or, rappelons que
Mme Hanau niait énergiquement cet-
te menace de-chantage et déclarait
que M. Pacquement était purement
et simplement son débiteur de 60.000
francs.
Ou Mi Parqnement devait effecti-
vement cette somme à Mme Hanau
comme prix de sa participation aux
affaires de la Gazette, et il risquait
fort de se voir inculper de complicité
par M. Glard.
En même temps, et comme on va
le voir tout à l'heure^ Fernand
Pacquement s'était mis dans le
cas d'être surveillé par le syndicat
des banquiers qui attendait sa com-
parution au sujet de ses affaires de
Bourse.
Il avait engagé,' selon des chiffres,
qu'on tenait hier pour officiels, 22
millions de titres appartenant à ses
clients, dans diverses banques, et en
avait obtenu 16 millions 300.000 fr.
d'avance. Ces titres n'ayant pu être
représentés à la clientèle, dans plu-
sieurs cas de réclamation, des plain-
tes naquirent.
Au cours du dernier semestre,
Pacquement aurait réalisé, dit-on en
core, plus d'un million de francs de
bénéfice, rien que sur les courtages..
Néanmoins, son actif ne dépassera
pas 4 au 5 millions.
M. Retail a été désigné comme ex
pert ; M. Lemonnier syndic de fail-
lis, agissant en qualité d'admini'stra-
teur provisoire, serait entré en pour-
parlers avec la famille Pacquement
— à la demande de celle-ci —> afin
de rembourser les clients.
Curieuse personnalité,
De taille moyenne, distingué, beau
parleur, le « baron » Pacquement
était l'homme, de Bourse élégant par
excellence. Propriétaire de voitures
somptueuses, menant un luxueux
train d'e vie, ayant bureaux ultra-
modernes, château et propriété de
deux, cents hectares dans l'Eure, il
maniait les millions avec aisance.
Très intelligent, orgueilleux et ambi-
tieux à .l'extrême, batailleur même,
il échafaudait avec le sourire de fan-
tastiques combinaisons.
Baron, il ne le fut que dans son
imagination et dans son désir de bril-
ler auprès de riches clubmen de la
Le « baron » PACQUEMENT .1
en uniforme d'officier- de réserve
capitale qui étaient ses clients réels
ou éventuels. Une réputation plus ou
moins justifiée faisait même égale-
ment de ce mari et père de famille
un homme aux mœurs d'une anoma-
lie qu'on dit élégante.
D'associé dans diverses maisons de
coulisse ou de banque, la fortune fit
de lui, il y a trois ans environ, le
directeur d'une importante maison
de coulisse, 3, rue du Helder. C'est
alors qu'il commença ses brillantes
spéculations qui devaient lui rap-
porter, dit-on, des dizaines de mil-
lions. En fait, il constitua successi-
vement, sur diverses valeurs de la
cote, des syndicats prospères.
Mais celui qui fut heureux joueur
fut maladroit et brutal dans le succès.
Son ambition l'opposa à des groupes
aussi puissants que le sien et qui,
contrecarrés par lui^ le brisèrent.
Avec cela, mauvais organisateur,
mal. conseillé, il laissa péricliter ses
affaires dans Un désordre tel que cer-
tains de ses collaborateurs en furent
effrayés.
Les premiers échecs
C'est en juillet dernier, pour la.
première fois, que le « baron » Pac-
quement se heurta à des affaires
malheureuses. Il se fit évincer d'un •
syndicat puissant de valeurs miniè-
res, puis, fondateur à son tour d'un
gros syndicat destiné à « pousser »
une valeur mexicaine, il subit de
grosses pertes. Cependant, menacé de
demandes de remboursement, il paya
royalement. *
(La suite, eh 3* page.)
POLICIERS CONTRE MALFAITEURS
(Souvenirs de l'inspecteur principal Béthuel)
0
Comment s'organise
'e c3
la lutte contre le crime ,"
L'inspecteur principal Béthuel, l'ex-
chef de la brigade criminelle, va
expliquer aux lecteurs du Journal
comment procèdent nos « as » de
la police judiciaire dans leur lutte
quotidienne, contre les malfaiteurs.'
Un grand policier, un brave et
loyal serviteur de la société, qui,
pendant plus d'un quart de siècle, a
donné la chasse aux criminels et aux
malfaiteurs de toutes sortes, vient,
sans vain tapage, de prendre sa re-
traite. Il s'agit de M. Béthuel, ins-
pecteur principal à la police judi-
ciaire. On connaît son nom, cité tant
de fois par les journaux, mais c'est
tout ce que l'on sait de lui et le pu-
blic n'a qu'une vague idée de ce qu'a
été la carrière de cet homme qui est
de la lignée de nos plus habiles li-
miers et qui, depuis vingt-huit an-
nées, a été constamment sur la
brèche.
Dans la police active. il atout fait.
Il a d'abord recherché sur la voie
publique les malfaiteurs en quête
d'un mauvais coup qui rôdent parmi
le public ; il a surveillé et. arrêté des
voleurs à la tire, au rendez-moi. au
poivrier ; des roulottiers, que sais-
je ? Puis, après avoir passé cinq
années dans la rue, il a été admis, en
1905, dans la fameuse brigade crimi-
nelle, « l'ancienne brigade du Chef »,
où brillèrent autrefois les Jaume, les
Rossignol. Il ne l'a plus quittée et il y
a conquis tous ses galons. En 1912.
douze années après son entrée dans
l'administration, il fut nomme briga-
dier ; l'année suivante, il était bri-
gadier chef et, le ler janvier 1920, il
prenait, avec le titre d'inspecteur
principal, la direction, sous le con- J
trôle d'un commissaire divisionnaire.
de la brigade criminelle, composée de
quarante gradés et inspecteurs, qui,
tous sont des « as »,
Aucun des crimes et délits impor-
tants commis à Paris ou dans le dé-
partement de la Seine, depuis une
vingtaine d'années, ne lui est in-
connu. Il a participe à presque tou-
tes les enquêtes qu'Hs ont nécessitées
et il les a souvent conduites lui-
même. Il a pourchassé des coupables
en province, à l'étranger, et il est
allé jusqu'au Brésil pour en arrêter.
Que de choses typiques, pensais-je,
il pourrait raconter ! Que de révé-
lations il pourrait faire sur la façon
dont est pratiquée la jutie organisée
contre les malfaiteurs. Le voudrait-
il ? Je connaissais sa modestie. Néan-
moins, je tentai une démarche au-
près de lui et, avant qu'il eût aban-
donné son poste, j'allai le trouver
dans son bureau de la police judi-
ciaire, où tant de criminels et de vo-
leurs célèbres ont défilé. -
-.Mais, avant d'aller plus loin, il
faut ql-iî je ';'VOU:;' présente l'ïnspec-
teur principal Péthuel, sans quoi
v Rue reconnaîtriez pas, car il
,
n'a rien du policier tel qu'on le con- *
çoi't généralement. Sa mise ne vous
le ferait pas remarquer. Son costur
me, de ton neutre, est de bonnp cou-
L'inspecteur. BETHUEL
pe, et ses chaussures bottier, de for-
me basse, n'ont qu'une bien loin-
taine parenté avec le godillot ré-
glementaire. Son âge ? Il est né en
Bretagne en 1873. Ainsi que la plu- -
part de ses compatriotes, 11 est grand
et mince et il est demeuré alerte et
vigoureux. Des yeux bleu clair très
vifs animent un visage coioré' et
sans rides. Le cheveu est dru et,
malgré sa petite moustache blanche,
M. Béthuel ne paraît pas son âge.
Signes particuliers : il. semble tou-
jours sourire et il rougit commd une
jeune fille lorsqu'on aborde, en sa
présence, des sujets un peu égril-
lards.
Naturellement, je lui annonças
tout de go ce que j'attendais de luit.
- Pour être un bon policier, ré-
pondit-il à mes premières questions,
il faut, avant tout, aimer son mé-
tier. Moi, je l'ai aimé complètement
et, sil je devais recommencer ma vie,
je redeviendrais policier comme de-
vant. J'ai! vécu. dans ma carrière,
des heures passionnantes. On ne peut
s'imaginer la satisfaction éprouvée
lorsque, après un mois ou deux Jle
recherches, on réussit à grouper un
faisceau de preuves se complétant
les unes les autres à la, manière d'un
puzzle et qui nous mettent sur. la
piste d'un malfaiteur habile et re-
doutable.
» Il y a des arrestations dangereu-
ses à opérer, c'est certain. Il y a des
surveillances et des Lis'us ,9 qal
tiennent parfois les ; >éâies policiers
en haleitoe, jour Et nuit, durant 48 et
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