Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1943-05-25
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 mai 1943 25 mai 1943
Description : 1943/05/25 (N18379). 1943/05/25 (N18379).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7632565c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/12/2014
(YI
N' 18.379
ÉDITION DE CINQ HEURES
LE JOURNAL
1 FRANC
LYON
4, rue Childêkért
Tél. Franklin
BMS
MM
'Paris
MARDI 25 MAI [1943
LE JOURNAL
SERVICE DE LA VENT»
10. rue Beilecordière
Tél. 1 Franklin 44-86
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d'adresse. Joindre une ban-
de du journal et 1 fr. 10
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ABONNEMENTS
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FRANCE ET COLONIM t
On an 81s nota Trois mêla
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Suisse 400 s 210 1 lit S
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DEMAIN
La Page de la Parisienne
SI VOUS VENEZ A PARIS
UNE CREATRICE PARISIENNE
Les opérations sur le front de l'Est
LA BATAILLE
va-t-elle se déclencher
dans le secteur de Moscou ?
• L'état-major allemand s'attend
à voir les Soviets déclencher l'of-
fensive dans le secteur central où
les pilotes du Reich signalent
tous les jours l'arrivée de nou-
veaux renforts bolcheviques.
De leur côté, les Germa'no-Al-
liés o'nt accumulé sur le front de
Moscou des masses impression-
nantes de troupes et de matériel.
Les obervateurs neutres en
conclue'nt que les Allemands ten-
teront de faire sauter le centre
du dispositif soviétique afin de
désorganiser tout le système de
défense des Rouges.
Les' aviations Sont toujours très
actives de part et d'autre.
LIRE LES COMMUNIQUES EN DEUXIEME PAGE)
La dissolution du Komintern
Une nouvelle qui ne rencontre que scepticisme
VICHY, 24 mai. — La surprenan
te nouvelle de la dissolution de la
Troisième Internationale a soulevé
à Vichy une très vive curiosité.
On doit. à la vérité, de dire qu3
dans les milieux officiels, dès >a
première surprise passée, on n'a
pas cru une seconde que cette nou-
velle correspondait à l'intention
réelle de Joseph Staline de renon-
cer à la révolution mondiale.
L'argument d'opportunité a tou-
jours eu, aussi bien au Komintern
que dans les rangs des dirigeants
communistes français, une valeur
qui primait largement le souci dp,
garder l'apparence d'une continui-
té politique. C'est l'avantage du
moment qui. au travers de mille
reniements, a toujours conduit les
communistes. Quel est cet avan-
tage aujourd'hui ? Sans doute, ce.
lui de rassurer l'opinion publique
de certains alliés de l'U. R. S. S.
et d'apaiser les inquiétudes des
neutres. -
Quant à la réalité de la disso-
lution, on soulignait qu'il suffira
de quelques jours d'attente pour
convaincre les plus crédules : l'a-
gitation communiste devrait, en
effet, si la proclamation moscou-
taire était sincère, s'éteindre daos
tout le pays Il ne sera que de
voir.
Mais, après tant de transforma-
tions, de pacifistes en patriotes
susceptibles, puis en protecteurs
de la défense nationale, pour re-
venir à un nationalisnie outran-
cier. il serait fou de croire qu'unts
sincérité soudaine est née chez les
communistes.
D'ailleurs, il existe à Moscou
trop d'organismes dans le genre
du Polit-Bureau, par exemple, qui
peuvent, au pied levé, remplacer
le Komintern, pour que la disso-
lution même la plus spectaculaire
puisse troubler pendant plus de
quelques jours le travail de révo
lution interne* mené dans tous les
pays par le Kremlin.
On aotera. non sans Ironie, que
la proclamation porte la signature
de Maurice Thorez Comment ima-
giner que celui-ci ait renoncé du
fond du cœur à revenir dans son
pays pouj y jouer un rôle politi-
que qui est le but de toute sa vtt' ?
----- S. B.
EN DEUXIEME PAPE
Les réactions à l'étranger
«( Les Etats-Unis
pratiquent
une diplomatie
de cow-boy »
affirme la revue « Llfe i
WASHINGTON, 24 mai. - « La po-
litique extérieure dts EtatS-Ueis est
absolument dénuée de principes di-
recteurs et réduite actuellamaht aune
diplomatie de cow-boy ».
C'est le magazine américaine Lifè
qui fait cette constatation. Il âjoutt :
c Il serait grand temps dé modi-
fier cet état de choses. »
C La politique étrangère », assure
l'auteur de l'article C devrait étté,
assez claire pour être aceêssibl# k
tous. Tel fut le eaa de la éàetriàè dé
Monroe. Actuellement, la plus gr*"*
de partie de la diplomatie améritain.
a été improvisée et, dans la plupart
des cas, on ne s'est inspiré que de
l'opportunité.
« Le résultat, estime Lift, n'est
pas brillant. D'un côté, le monde in*
sait jamais ce qu il doit attendre des
Etats-Unis, de l'autre, les États-
Unis ne savent jamais ce qu'ils doi-
vent exiger d'eux-mêmes.
c On ne sait pas exactement si
l'on désire réellement iàiré des
Etats-Unis, en 1946, un peuple vrai-
ment militaire et dans quel but en
le désire. La confusion vient tout
particulièrement du manque de liai-
son entre les organes dirèetëurs et
l'opinion publique qui n'est pts suf-
fisamment tenue au courait des pro-
blèmes et qui ne peut appuyer dés
solutions trop complexes péur qu'el-
le puisse les comprendre.
« D'autre part, à coMmencer par
M. Roosevèlt, chaque meMbre du
gouvernement a sa pelitiqué étran-
gère. De ce fait, les États-Uni* n'en
ont pas. C'est ainsi que k. itnix
prononce de rrand,'. discours en fA-
veur de U suprématie navale déns
le Pacifique, tandis que M. J. Wal
lace est partisan d'une propAffitien
de l'Evangile. Pendant des iéiMàinél,
M. Welles a dû reetWet ou déïriéfttir
des propos du ministre de la Màri-
ne, de l'ambassadeur en Esptgnè, dé
l'ambassadeur en Russie, été. >
La revue indique, d'autre part, que
le parti républicain ne et réveillé que
maintenant dé si longue sentnelénee
en matière de politique ëxtèriiùrà.
On note d'ailleurs dans s'oit sein les
mêmes contradictions qu'au Séitit,
danà le cabinet, ou même à la Xai-
son Blanche. (O. P. I. Hatas).
Le retour au pays natal
par Emile HENRIOT
-
D
'AUTRES que moi fe-
ront la" même expé-
rience. Le lecteur
m m'excusera donc du tour personnel
qu'il me faut donner à ces lignes. Le mal-
heur et ce qui console sont aujourd'hui cho-
ses communes à tout le monde ; il n'y a pas
d'indiscrétion à dire simplement ce qu'on
sent.
Après trois longues années d'exode, j'ai
regagné ma maison des champs, la maison
des miens et de mon enfance. J'ai vivement
désiré ce retour ; je l'appréhendais, sachant
ce qui m'attendait au logis, hélas ! dévasté,
saccagé par la guerre. De cela, je ne dirai
rien, pensant à ceux qui ont tou.t perdu. Si
- lourdes qu'elles soient à chacun, les destruc-
tions matérielles sont peu de choses, et ce
qu'on retrouve console du reste disparu,
comme Robinson ce qu'il peut tirer de son
épave. Le prodige est d'être revenu.
L'ineffable, ce sont, dès le premier ins-
tant, toutes ces voix d'autrefois qu'on n'en-
tendait plus, et qui vous parlent, à croire
qu'on n'avait pas cessé de les entendre. Ces
voix et ces choses fidèles, qui vous atten-
daient, semble-t-il, et tout de suite, vous fai-
sant tendrement accueil, vous rattachent,
sous le ciel natal, à vous-même. La partie
de soi qu'on avait laissée en arrière est tou-
jours là, qui s'intègre à vous, de nouveau. -
Je n'étais pas rentré depuis deux heures
qu'avant d'avoir même ouvert mes valises,
une fois constatés la ruine et le dégât, et visi-
tée la tombe chère au cimetière, j'étais re-
pris, comme si je n'avais jamais quitté mon
village. C'est le miracle du jardin.
Dans quel abandon, ce jardin ! Une fo-
rêt vierge. L'herbe a envahi la cour, les
allées, et le lierre chevauche les toits. Les
arbres ont crû follement, les pommiers du
verger entremêlent leurs branches et, sous
l'envahissement des feuilles mortes et des
mousses, la source ne bruit plus qu'à peine,
dans son petit bassin dallé. Que peu de
temps suffit à la nature pour effacer le tra-
vail de l'homme !
Plus une fleur dans les plates-bandes ; le
rosier du mur, non taillé, est devenu un
inextricable roncier, dont les tiges démesu-
rées cherchent vainement à se délivrer du
foisonnement de la vigne vierge qui l'étouffé.
Que de travail en perspective, quand j'aurai
retrouvé mon sécateur, disparu, naturelle-
ment ! Mais il faudra aussi se procurer une
corde, pour l'échelle coulante dont le filin,
lui aussi, a dû tenter un amateur.
N'importe ! au milieu des herbes, qui me
viennent plus haut qu'à la ceinture, comme
au temps où, petit garçon, je m'y perdais
en frissonnant, j'écoute avec ravissement le
murmure infinitésimal des choses de la terre:
le frisselis des peupliers, l'eau de la petite
rivière qui se brise au tournant, sur une
pierre ; l'appel printanier d'un coucou loin-
tain, et ce chant plus proche de cet oiseau
inconnu dont j'entends depuis quarante ans,
dans le même arbre de la haie, le trille con-
tinué de père en fils.
Une cloche sonne ; c'est l'église, qui a
toujours sa belle voix de bronze. Un chariot
passe sur la route, ou une
herse au cri grinçant. Le
pas d'un cheval martèle le
sol. Un jardinier, de 1 autre côté de ce mur,
aiguise une faux. Un pigeon traverse lé ciel,
d'ouest en est, au-dessus du jardin, et machi-
nalement, je regarde l'heure : six heures du
soir — pour me souvenir aussitôt qu'autre-
fois, à cette même heure, mon pèrê et moi
nous nous amusions de cet oiseau régulier
dans son passage, aussi réglé qu'un chrono-
mètre.
J'ai poursuivi ma promenade, pleine de
mélancolie et de douceur, lè long du Sâus-
seron qui coule au bas de mon jardin. Sous
l'herbe nouvelle, les feuilles sèches de l'au-
tre année crissaient sous mon pas. Dans l'al-
lée à peine discernable, j'ai aperçu le héris-
son. Je l'avais oublié, celui-là. Lui non
plus, il n'a rien changé dans ses habitudes.
Au premier mouvement que j'ai fait vers lui,
il s'est arrêté dans sa marche et s'est mis
en boule. Le bois sentait bon les jeunes feuil-
les, l'humus en décomposition, la terre
mouillée. Le soir est venu ; mon premier soir
dans ma campagne retrouvée. Il me semblait
que j'étais là depuis toujours — et qu'il ne
s'était rien passé dans l'intervalle de l'ib-
sence, hélas !
Le lendemain, je suis monté sur le plateâu.
Rien n'y a changé. C'est toujours, au délà
des grasses verdures, le ciel immense et lés
bois bleuâtres à l'horizon. Le vent souffle
et courbe les blés, jeunes encore. Des per-
dreaux, par couples, s'enlèvent, peu crain-
tifs, et font une remise prochaine. Ils ont dû
savoir que la chasse est fermée. Des avions
sillonnent le ciel, pour rappeler la guerre
qui n'est pas finie. De la hauteur, j'inspecte
au loin les routes. C'est par là que l'envahis-
seur est venu. Et voici celle où, aux jours
affreux de juin, l'exode a commencé pour
nous.
Dans le village, mainte figure reconnue.
Exclamations sur le retour, après une si lon-
gue absence. On s'enquiert des uns et des
autres. Tel est mort. Cet autre est parti, lui
aussi. La vie est difficile à tous, et dans cette
campagne, comme dans les villes, la question
alimentaire fait l'objet essentiel des conversa-
tions. Un voisin, pour fêter mon retour, m'a
offert à boire. un verre de lait. Ce breuvage
oublié m'a paru délicieux. « Ne vous y habi-
tuez pas, me dit le voisin, c'est quelque chose
d'aussi rare ici qu'un vieux Calvados. »
.Il y a huit jours que je suis revenu. Je
suis tout à fait réadapté. Un gros nuage
,blanc, sur le ciel bleu d'Ile-de-France, passe
comme autrefois dans ma fenêtre, et le so-
leil joue sur les pommiers en fleur. Mais je
ne me satisfais plus déjà de les trouver jo-
lis : je me demande, en vrai paysan, s'il y
aura des pommes cette année. Et en atten-
dait, quoiqu'il soit bien tard, avant même
de remettre la maison en état et de recons-
truire le mur écroulé, je vais m'occuper de
faire labourer la prairie et, comme tout le
monde autour de moi, d'y planter des pom-
mes de terre.
APRES-DEMAIN
Une grande enquête du « Journal »
- e 1
CHEMINOTS
(P. W. 17.395).
Le métier ardent et passionné
des hommes du rail
UN REPORTAGE VÉCU PAR JEAN BALENSI
Du lauréat
populiste
à l'académie
Mallarmé
PARIS, 24 mai. — Le popu.
lisme est une des rares écoles
littéraires qui tiennent à lllani-
festér lèur existence de temps à
atitre et qui y parviennent en
décernant un prix OanM"L
Le jury du prix populiste
vient J, te réunir et, dans la
plus gronde discrétion, a choisi
péuir lauréat de 1943 Marius Ri-
chard pour son livré : La nais.
éiiifé de Phèdrt. La Naissance
décrit It3 milieux des saltimbaa•
queà dont une représentante,
ffaventur^ en aventure, devient
toetétatre de la Comédie. Fran-
çèise ; une fin idijiante, s'il en
fut.
M.. Marius Richard n'est pas
un débutant. Il a dijà écrit une
douzaine de romans dont le der.
nier : La Ratée, a été comme la
ftàissàncé dé Phèdre, écrit en
captivité. Depuis sa libération,
M. Mariai Richard a repris son
activité de critique littéraire. On
se souvient qu'avant In guerre il
signait du pseudonyme de la
Pie.griiche dés billets très re*
maruéà.
A feutre bout de l'horizon
littéraire, c'tsuifdire du côté du
symbolisme, c'est'à-dife du'côté
de l'Académie Mallarmé, on ne
saurait dire qu'il y ait du nou-
veau. Toutejois, le dernier élu,
M Félix Fénéon, le considère
tomme un mal élu. Lor!lflUe le
choix dei académiciens Mallar*
mé fut porté à sa connaissance,
il manifesta, dit-on, un vif mé-
contentement. Félix Fénéon es-
time, en effet, que ce n'est pas
lorsqu'on a dépassé la t^ptaa'
têine sahs avoir obtenu et en,
core moins brigué les honneurs,
qué l'on petit accepter de sié-
ger dàns - unt Académie, même
lorsque celle-ci compte dans son
sein det omis très chers. Soli*
Ulir. Félix Fénéon fut, solitaire
il entend demeurer.
Jean ROMEIS.
LA GUERRE AÉRIENNE
La Luftwaffe bombarde
les chantiers navals
de Sunderland
BERLIN. 24 mai. — La nuit der-
nièrê, lâ Luftwaffe a attaqué en
force les chantiers maritimes de
Sunderland Où d& gramds incen
diM ont été allumés. Quelques
heures plus tôt, des bombes
avaient été lancées sur les ports
dt Hâstings et de Bournemouth.
Un raid anglo-américain
sur Dortmund
RERlJN 24 mai. — Des bombes
incendiaires et explosives ont été
lancées sur Dortmund par des for-
mitions anglo-américaines. La po-
pulation a subi des pertes et les
dégâts causés aux immeubles sont
importants.
D'après les derniers renseigne-
ments, le nombre des bombardiers
quadrimoteurs abattus s'élève à 38.
gaiement Londres annoncé .que
38 Appareils ne sont pas rentrés à
léurs bases.
Les rations du mois de juin
Les produits de biscuiterie sont désormais
réservés aux enfants et aux vieillards
VOIR LES DETAILS EN DEUXIEME PAGE
Histoire vraie
d'une petite biscotte
UNE ENQUETE
DU « JOURNAL»
Ce que j'ai vu dans une fabrique d'aliments de régime
* Pas de biscottes >. Depuis peu
de temps, ce petit écriteau se njul-
tipliait d'une façon inquiétante,
balançant son avis sec comme une
sentence à la porte vitrée du bou-
langer. Bien heureux encore si le
bec de canne ne s'opposait à une
reconnaissance plus avancée et,
qui sait ? peut-être fructueuse.
Visiter une fabrique de biscot-
tes. Je verrai au moins si, à dé-
faut de la fabrication banale du
boulanger, il est possible de trou-
ver encore de ces fameuses bis-
cottes de régime qui craquaient
si bien sous la dent, avant la
guerre.
— Je n'essaierai pas de vous
prouver, m'a dit le directeur de
l'une des plus importantes fabri-
ques françaises, que nous produi-
sons à un rythme normal. Les
chiffres ne sont que trop révéla-
teurs. Avant la guerre — je vous
donne la moyenne de notre mai-
son-mère — notre boulangerie uti-
lisait chaque jour vingt tonnes de
farine pour la fabrication des
biscottes, gressins, longuets et de
tous les pains spéciaux prescrits
aux arthritiques, diabétique, et
autres.
« On manque de biscottes,
dites-vous. Cela n'a rien d'éton-
nant. Bien qu'un kilo huit cents
de tickets de pain soit réclamé
pour chaque kilo de biscottes, les
consommateurs y trouvent encore
un avantage. Notre farine est blu.
tée à 80 Ce n'est donc pas le
pain complet ordinaire ; d'autre
part, au lieu de 40 à 45 d'eau,
la biscotte n'en contient que 7
C'est donc tout bénéfice. Beaucoup
pensent donc, à juste raison, que
la biscotte est infiniment plus nu-
tritive que le pain ordinaire. Ce-
la, c'est la solution égoïste, mais
les stocks s'épuisent et les biscot.
te devraient peut-être être réser-
vées exclusivement aux malades
et aux personnes astreintes à sui-
vre un régime.
Celui qui casse machinalement
sa tranche de biscotte dans le ca-
fé national du matin se rend-il
compte des transformations mul-
tiples que la farine a lubies au-
paravant ?. Je ne sais si l'anec-
dote du cochon entrant par la
porte des abattoirs de Chicago
pour arriver transformé en pâté
de foie c pur porc » est un my-
the. mais voici l'histoire vraie
d'une petite biscotte.
Dans le grand hall, les sacs de
farine attendent. Cent vingt kilos
vont être engloutis par l'un des
quatre pétrins électriques. On y
ajoutera 7 à 8 de graisse, de
margarine, plus exactement, qui
a remplacé le beurra des temps
sans restrictions.
— A quoi sert-elle ? commente
le directeur. Tout simplement à
donner cette friabilité spéciale à
la biscotte. Puis, dix titre, d'eau,
du sel, du sucre, des extraits dias-
tasiques, du malt, parfois, sont
encore versés dans le pétrin. Les
engrenages tournent et la grande
patte de < faucheux > se met à
brasser à coups saccadés l'amal-
game. Le pétrissage durera ving
minutes.
Un ouvrier a arrêté le travail
de la béquille. La cuve est roulée
vers la boulangerie. Ici, l'un des
boulangers taille de gros pain, de
pâte à même cette masse visquëu.
té, les pèse et les place sous la
diviseuse automatique qui les dé-
coupé et les roule en petite * pâ-
tons >. Ces boule,, de pâte, ron-
des comme un poing d'enfant, sont
ensuite couchées par douze ou
treize, en rangs d'oignons, dans
de longs moules à cake. On les
transporte alors dans l'étuve
chauffée à cinquante degrés.. Par
la porte à glissière, une buée
chaude et odorante s'échappe par
bouffées. Les pains de pâte com-
mencent à * travailler», à lever
dant leurs petites boîtes de tôle.
L'opération durera encore vingt
minutes.
Dans le four électrique
chauffé à 250 degrés -
Pas une seconde d'interruption;
à peine la porte de l'étuvé s'est-
ell* èntr'ouvérte que, déjà, les
pâtons sont à pied d'oeuvre vers
le four électrique, sorte d'im-
mense tunnel en tôle ripolinée,
long d'une quinzaine de mètres.
Les mains courantes, < regards >
et hublots permettent de suivre
la marche du cake à l'intérieur
du four, tout nets et astiqués com.
me sur un navire de guerre.
Dans ce four, les résistances
électriques rayonnent directement
sur les pains à cuire, et la tempé-
rature est réglée soit manuelle-
ment par action sur le couplage
des résistances, soit automatique-
ment au moyen de pyromètres à
double contact.
Le four était en marche. Nul
ronflement, pas d'éclàboussements
de flammes brusques. Les voyants
rouges sont allumée normalement.
C'est tout. Placés par plusieurs
rangiez sur le tapis roulant qui
va cheminer à l'intérieur du four,
les moules de cake s'engouffrent
lentement, lans à-coups, sou, !a
porte d'amiante entrebâillée. Pen.
dant vingt-cinq ou trente minutes,
ils vont poursuivre leurs pérégri-
nations tout au long du tunnel
sombre chauffé à quelque 250 de.
gréa.
Recueilli. à l'autre issue, les
ouvriers démoulent les pains do-
rés et à point. Tous ces pains
de biscottes vont être - disposés
sur des clayettes et amenés par.
des chemins de roulement appro-
priés jusqu'à la paneterie aména-
gée au sous-sol. La pâte va y re-
poser de vingt-quatre à soixante-
douze heures, suivant sa nature
car il faut que le pain rassisse
sans sécher. De temps en temps,
un ouvrier va consulter la courbe
vacillante de l'hygromètre et du
thermomètre enregistreur fixés à
l'entrée du sous-sol.
Chaque étage de cake porte
son écriteau < Mercredi 28 >,
« Jeudi 12 ». Ce sont les numéros
d'ordre des pétrins et le jour de
la cuisson première du cake.
Mais la biscotte n'est pas en-
core terminée. Remonté de la
paneterie, le pain est maintenant
avalé, découpé, par des machi-
nes automatiques. La biscotte a
pris la forme que l'on connaît.
Toute cette masse de tranches
< crues > qui se chevauchent,
défile à un rythme accéléré sur
le treillage sans fin, s'engouffrant
irrémédiablement dans un four-
tunnel à tablier. Deux ouvriers
contrôlent l'entrée des biscottes
« crues >. Je veux parler des
tranches découpées dans les pains
déjà cuits une première fois et
qui sont donc soumises à deux
cuissons différentes.
— Il y a toute une technique
du grillage, me dit alors le direc-
teur. Déjà le séchage était pri-
mordial, mais les conditions de
cuisson, couleur ou « halo sont
tout aussi importantes.
LA SUITE EN DEUXIEME PAGE
Le sanglant mystère
du château d'Escoire
Le jury de Périgueux fera-t-il la -lumière
sur la sombre tragédie qui coûta, la vie
à M. Georges Girard, à sa sœur et à leur bonne?
Henri Girard, le fils, est-il le coupable?
(Par notre envoyé spécial
Rend KERDYK)
PERIGUEUX. 24 mai. — On va
juger, ces jours-ci, aux Assise: de
Périgueux, un extraordinaire pro-
cès criminel. Il est, si l'on peut
dire, comme replié sur lui-même
et fait d'un secret.
Au matin du 25 octobre 1941, les
autorités judiciaires de la Dordo-
grie sont avisées qu'un triple
frime est découvert au château
d'Escoire. dans la commune d'An-
tonne,.à quelques kilomètres de Pé.
rigueux. Les propriétaires de ce
château, M. George* Girard, archi-
viste-adjoint au ministère de*' Af-
faires otrangè'res à Vichy, et M
soeur. Mlle Amélie Girard, ont été.
ainsi que leur vieille bonne. Louise
Soudeix, assassinés au couri de la
nuit.
Aux appels du fils unique de M.
Georges Girard, M. Henri Girard
âgé de 25 an?, étudiant à Paris,
les gens du voisinage accourent.
Les trois victimes gisent dans des
flaques de sang. Elles portent de
multiples fractures du crâne, des
plaies à la face et aux mains,
provenant de coups portés au
moyen d'une forte serpe, qui est
trouvée dans la chambre de la ser-
vante. On voit aussi des blessures
au dos d'Amélie Girard, faites
avec le même instrument ; mais
postérieurement à la mort. Amé-
lie Girard et son frère ont été tués
dans leur lit, Louise Soudeix. de-
bout vraisemblablement, au mo.
ment où, attirée par le bruit, elle
se précipite dans la chambre dp,
son maître.
Partout, désordre, pillage et
sang. Danj la chambre et le petit
salon, les meubles ont été vide's.
des tiroirs enlevés et déposés. çà
et là. Cependant-, rien ne parait
manquer de l'argenterie et les bi-
joux que portait Mlle Girard sont
retrouvés sur elle
Toutes les portes .du château,
sauf celle de la cuisine, sont fer-
mées. L'enquête ne révèle aucune
empreinte. aucune trace extérieu-
re d'effraujoii. Pourtant, le ma-
tin même du crime, sur la route
qui passe près du château, on
trouve le portefeuille de M. Henri
Girard, contenant une .somme
d'argent, son portelfnonnaie vide,
un foulard appartenant à sa tante
et également son porte-monnaie
vide.
Dès la. première minute, les
soupçons se portent sur le fils Gi- .-
rara, arrivé le 16 octobre à Es-
coire, alors qu'il n'y était pas at-
tendu. (Il a demanda, par télé-
phone à son père, avec qui il
était, dit-on, En très bons termes,
de venir le rejoindre. M. Georges
Girard est arrivé au château le
24 octobre au matin).
M. Henri Girard est arrêté, puis
inculpé de parricide, assassinat et
meurtre. Il assiste à l'enterrement
des victimes. Pas un instant, il
n'a cessé de protester de son in-
nocence, de l'affirmer, de la pro-
clamer crânement.
Un faisceau de graves
présomptions
Cependant, l'instruction prétend
avoir réuni contre lui un faisceau
de graves présomptions. En ce
préambule, rien ne nous permet
d'insister sur la vie joyeuse
qu'Henri Girard menait à Paris,
ses moyens de les justifier, sur
le fait qu'il était démuni d'argent
en arrivant à Escoire. Non plus
que nous ne relèverons la sorte
de sourde animosite qui peut en-
tourer un fils de famille, fort-in-
telligent, bon. mais prodigue,
étrange, et d'un caractère assez
renfermé et violent, parmi les
simples gens de ces profondes
campagnes. De plus troublantes :
constatations sont invoquées par
l'accusation.
Pour la première fois, l'accusé
ne couche pas dans la chambra
qu'il occupe d'habitude, attenante
a celle de son père.' Il choisit une
pièce dans l'autre aile. Dans cet-
te pièce se trouve le compteur
électrique qui permet de plonger
dans l'obscurité tout le château.
Cette question de la lumière joue
un grand rôle. M. Henri Girard
soutient que, le 24 octobre, le dî-
ner achève vers 20 heures, son Pé.
rç, sa tante et Jui, se sont rendue
dans le petit salon où tous trois
ont causé ensemble jusqu'à la
heures. M. Georges Girard se re.-
tire pour se coucher. Henri de-
meure avec sa tante jusqu'aux
environs de 23 heures, heure à la-
quelle il monte dans sa chambre
et lit, affirme-t-il," jusqu'à minuit.
Ce récit est démenti par les dô-
jclarations tonnelles du fils du
gardien du château, le jeune Re-
né Taulu. Sorti de chez lui vers
20 heures, il remarque à son re-
tour, vers 21 heures, qu'il n'y a
aucune lumière aux fenêtres, ce
qui le surprend beaucoup, la de-
meure restant d'ordinaire ttclairétl
à des heures, plus tardives. Par
ailleurs, plusieurs personnes, vers
23 heures, ont aper;u de la lumiè-
re au rez-de-chaussée du-château.
S'agit-il à cet instant de cette ma-
nière de mise en scène qui a par-
ticulièrement attiré l'attention des
enquêteurs?
D'autres charges pèseraient sur
l'accusé. N'a-t-il pas, deux jours
avant le crime, emprunté à son
métayer la vieille serpe rouillée,
avec laquelle furent frappées les
vois victimes? N'a-t-il pas nié
avoir affûté. cette serpe, alors
qu'elle présentait les traces d'un
récent aiguisage, fait avec une li-
me? N'a-t-on pas retrouvé sous ses
ongles des traces de limaille d*
.fer? Enfin ne portait-il pas à la
paume de la main droite quatre
petites blessures correspondant à
des aspérités du manche de l'ou-
til? Henri Girard affirme s'en être
servi pour couper des petits sa-
pins. Attendons-nous à des surpri-
ses, de grosses surprises.
Sous la présidence de M. le con-
seiller Hurlaux, la session de la
Cour d'assises de la Dordogne
s'ouvre demain. Henri Girard
comparaîtra devant le jury dans,
la journée du 27 mai. M. le pro-
cureur d'Etat Salingardes sou-
tient l'accusation. Au banc de la
défense, M* Maurice Garçon, as-
sisté de 1\18 Lacombe, du barreau
de Périgueux.
LE BILLET QUOTIDIEN DE NOS CORRESPONDANTS PARUSIENS
1944, une année en rose ?.
PARIS, 24 mai. - Nul ne pré-
tendra, j'imagine, que les calendriers
muraux édités par les P. T. T. à la
fin de chaque année soient des oeu-
vres d'art dignes de figurer un jour
dans la collection de quelques ama-
teurs; il semble, au contraire, que
l'Administration s'efforce de cultiver
la laideur et la banalité. Les murs
des cuisines les plus honorables sont
déshonorés par de' sempiternelles
Rentrées de Moissons, et de fasti-
dieux Paysages d'Hiver.
Mon almanach de 1942 représen-
tait un bébé joufflu tendant une poi.
gnée d'herbe à une génisse stupéfai.
te avec, en guise de légende, ces
mots sybillins : Expérience (?) et
Etude de+ réactions (sic). Celui de
1943 n'était pas moins singulier : il
me montre un enfant du sexe faible
philosophant dans les bras de sa
mère. c Dieu que je suis petite,
s'écrie la poupée, et que la terre est
loin ! a
Or, on prétend que, grâce aux ef-
forts de Paul Lavalley, président du
Salon de l'Imagerie, et de quelques
artistes, le-s P. T. T., renon.
çant aux platitudes d'antan, nous of.
friront, en étrennes, dès l'année
1944. des calendriers joliment illus.
très par les maîtres de la Décoration
moderne.
Ceux-ci s'inspireront peut-être de
ces vieux almanaeisa aux vignettes
exquises et aux allégories pastorales
qui faisaient la joie de nos aïauls.
Convenons, d'ailleurs, que le calen-
drier se prête à merveille à l'illus-
tration et que la fuite des jours ain-
si que l'alternance des saisons four-
nissent aux artistes des thèmes riches
en variations : l'hiver avec ses nei-
ges, le printemps avec ses espoirs,
l'été avec ses natures mortes, l'au-
tomne avec ses sous-bois. Tous les
peintres collaborent ainsi à l'image-
rie de l'avenir. Chaque mois mérite
un ornement. Les saints partageront
la vedette avec les fleurs. Les fruits
succéderont aux paysages. Et voilà,
sans doute, une excellente ocoasion,
n'est-ce pas ? de montrer au public
que les plus jolies roses ne sont pas
de Nice, mais de Renoir et que les
pêches les plus veloutées ne sont pas
de Montreuil, mais de Cézanne !.
L'Administration des P. T. T. ne
manquera pas de contribuer, pour
une grande part, à la renaissance de
l'imagerie — populaire — et l'on peut, d'ores et
déjà, prévoir que les facteurs deve-
nus messagers de l'art, n'auront pas
à se plaindre de leurs nouvelles
fonctions ! Les quelques œuvres dont
on nous a donné la primeur sont
signées de Charlemagne, Jean Pi-
cart, le Doux et Jean-Denis Malclés.
Elles témoignent d'une technique et
d'un goût qui briseront les dernières
résistances.
Ainsi, l'année 1944 t'annonce, grâ-
ce aux calendriers, comme une année
en rosé. Le moyen, je vous prie, de*
ne point céder aux .charmes d'un
avenir' aimable qui nous apparaît déjà
sous la forme de corbeilles de fruits,
de cornes d'abondance et de paysa-
ges ensoleillés ? Et qui sait ? C'est
peut-être l'art qui, cette fois-di, mo-
dèlera l'avenir et il se peut fort
bien — à en croire les astrologues
qui furent, ne l'oublions pas, les
créateurs des almanachs — que les
étoiles donnent raison aux artistes
et que le facteur nous apporte un
bel avenir avec un joli calendrier.
Georges CLOVERT.
Les portes des restaurants
ne doivent pas être fermées
PARIS, 24 mal. — La préfecture
de police communique :
Lors de vérifications effectuées ré-
cemment dans les restaurants par les
services de police, 11 a été constaté
que les proptiétaires de certaine éta-
blissements, dans le but évident de
retarder l'entrée deg coutr6leurs. te-
naient leurs portes fermées soit à clé
soit en bloquant te bec de cane.
Les vérifications, de ce fait, deve.
naient inopérantes.
A l'avenir, cette façon de procéder
sera considérée comme la manifesta-
lion d une volonté nettement arrêtée
des restaurateurs de dissimuler les
infractions, et sera sanctionnée sans
délai par une sévère mesure de terme-
ture.
N' 18.379
ÉDITION DE CINQ HEURES
LE JOURNAL
1 FRANC
LYON
4, rue Childêkért
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BMS
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'Paris
MARDI 25 MAI [1943
LE JOURNAL
SERVICE DE LA VENT»
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La Page de la Parisienne
SI VOUS VENEZ A PARIS
UNE CREATRICE PARISIENNE
Les opérations sur le front de l'Est
LA BATAILLE
va-t-elle se déclencher
dans le secteur de Moscou ?
• L'état-major allemand s'attend
à voir les Soviets déclencher l'of-
fensive dans le secteur central où
les pilotes du Reich signalent
tous les jours l'arrivée de nou-
veaux renforts bolcheviques.
De leur côté, les Germa'no-Al-
liés o'nt accumulé sur le front de
Moscou des masses impression-
nantes de troupes et de matériel.
Les obervateurs neutres en
conclue'nt que les Allemands ten-
teront de faire sauter le centre
du dispositif soviétique afin de
désorganiser tout le système de
défense des Rouges.
Les' aviations Sont toujours très
actives de part et d'autre.
LIRE LES COMMUNIQUES EN DEUXIEME PAGE)
La dissolution du Komintern
Une nouvelle qui ne rencontre que scepticisme
VICHY, 24 mai. — La surprenan
te nouvelle de la dissolution de la
Troisième Internationale a soulevé
à Vichy une très vive curiosité.
On doit. à la vérité, de dire qu3
dans les milieux officiels, dès >a
première surprise passée, on n'a
pas cru une seconde que cette nou-
velle correspondait à l'intention
réelle de Joseph Staline de renon-
cer à la révolution mondiale.
L'argument d'opportunité a tou-
jours eu, aussi bien au Komintern
que dans les rangs des dirigeants
communistes français, une valeur
qui primait largement le souci dp,
garder l'apparence d'une continui-
té politique. C'est l'avantage du
moment qui. au travers de mille
reniements, a toujours conduit les
communistes. Quel est cet avan-
tage aujourd'hui ? Sans doute, ce.
lui de rassurer l'opinion publique
de certains alliés de l'U. R. S. S.
et d'apaiser les inquiétudes des
neutres. -
Quant à la réalité de la disso-
lution, on soulignait qu'il suffira
de quelques jours d'attente pour
convaincre les plus crédules : l'a-
gitation communiste devrait, en
effet, si la proclamation moscou-
taire était sincère, s'éteindre daos
tout le pays Il ne sera que de
voir.
Mais, après tant de transforma-
tions, de pacifistes en patriotes
susceptibles, puis en protecteurs
de la défense nationale, pour re-
venir à un nationalisnie outran-
cier. il serait fou de croire qu'unts
sincérité soudaine est née chez les
communistes.
D'ailleurs, il existe à Moscou
trop d'organismes dans le genre
du Polit-Bureau, par exemple, qui
peuvent, au pied levé, remplacer
le Komintern, pour que la disso-
lution même la plus spectaculaire
puisse troubler pendant plus de
quelques jours le travail de révo
lution interne* mené dans tous les
pays par le Kremlin.
On aotera. non sans Ironie, que
la proclamation porte la signature
de Maurice Thorez Comment ima-
giner que celui-ci ait renoncé du
fond du cœur à revenir dans son
pays pouj y jouer un rôle politi-
que qui est le but de toute sa vtt' ?
----- S. B.
EN DEUXIEME PAPE
Les réactions à l'étranger
«( Les Etats-Unis
pratiquent
une diplomatie
de cow-boy »
affirme la revue « Llfe i
WASHINGTON, 24 mai. - « La po-
litique extérieure dts EtatS-Ueis est
absolument dénuée de principes di-
recteurs et réduite actuellamaht aune
diplomatie de cow-boy ».
C'est le magazine américaine Lifè
qui fait cette constatation. Il âjoutt :
c Il serait grand temps dé modi-
fier cet état de choses. »
C La politique étrangère », assure
l'auteur de l'article C devrait étté,
assez claire pour être aceêssibl# k
tous. Tel fut le eaa de la éàetriàè dé
Monroe. Actuellement, la plus gr*"*
de partie de la diplomatie améritain.
a été improvisée et, dans la plupart
des cas, on ne s'est inspiré que de
l'opportunité.
« Le résultat, estime Lift, n'est
pas brillant. D'un côté, le monde in*
sait jamais ce qu il doit attendre des
Etats-Unis, de l'autre, les États-
Unis ne savent jamais ce qu'ils doi-
vent exiger d'eux-mêmes.
c On ne sait pas exactement si
l'on désire réellement iàiré des
Etats-Unis, en 1946, un peuple vrai-
ment militaire et dans quel but en
le désire. La confusion vient tout
particulièrement du manque de liai-
son entre les organes dirèetëurs et
l'opinion publique qui n'est pts suf-
fisamment tenue au courait des pro-
blèmes et qui ne peut appuyer dés
solutions trop complexes péur qu'el-
le puisse les comprendre.
« D'autre part, à coMmencer par
M. Roosevèlt, chaque meMbre du
gouvernement a sa pelitiqué étran-
gère. De ce fait, les États-Uni* n'en
ont pas. C'est ainsi que k. itnix
prononce de rrand,'. discours en fA-
veur de U suprématie navale déns
le Pacifique, tandis que M. J. Wal
lace est partisan d'une propAffitien
de l'Evangile. Pendant des iéiMàinél,
M. Welles a dû reetWet ou déïriéfttir
des propos du ministre de la Màri-
ne, de l'ambassadeur en Esptgnè, dé
l'ambassadeur en Russie, été. >
La revue indique, d'autre part, que
le parti républicain ne et réveillé que
maintenant dé si longue sentnelénee
en matière de politique ëxtèriiùrà.
On note d'ailleurs dans s'oit sein les
mêmes contradictions qu'au Séitit,
danà le cabinet, ou même à la Xai-
son Blanche. (O. P. I. Hatas).
Le retour au pays natal
par Emile HENRIOT
-
D
'AUTRES que moi fe-
ront la" même expé-
rience. Le lecteur
m m'excusera donc du tour personnel
qu'il me faut donner à ces lignes. Le mal-
heur et ce qui console sont aujourd'hui cho-
ses communes à tout le monde ; il n'y a pas
d'indiscrétion à dire simplement ce qu'on
sent.
Après trois longues années d'exode, j'ai
regagné ma maison des champs, la maison
des miens et de mon enfance. J'ai vivement
désiré ce retour ; je l'appréhendais, sachant
ce qui m'attendait au logis, hélas ! dévasté,
saccagé par la guerre. De cela, je ne dirai
rien, pensant à ceux qui ont tou.t perdu. Si
- lourdes qu'elles soient à chacun, les destruc-
tions matérielles sont peu de choses, et ce
qu'on retrouve console du reste disparu,
comme Robinson ce qu'il peut tirer de son
épave. Le prodige est d'être revenu.
L'ineffable, ce sont, dès le premier ins-
tant, toutes ces voix d'autrefois qu'on n'en-
tendait plus, et qui vous parlent, à croire
qu'on n'avait pas cessé de les entendre. Ces
voix et ces choses fidèles, qui vous atten-
daient, semble-t-il, et tout de suite, vous fai-
sant tendrement accueil, vous rattachent,
sous le ciel natal, à vous-même. La partie
de soi qu'on avait laissée en arrière est tou-
jours là, qui s'intègre à vous, de nouveau. -
Je n'étais pas rentré depuis deux heures
qu'avant d'avoir même ouvert mes valises,
une fois constatés la ruine et le dégât, et visi-
tée la tombe chère au cimetière, j'étais re-
pris, comme si je n'avais jamais quitté mon
village. C'est le miracle du jardin.
Dans quel abandon, ce jardin ! Une fo-
rêt vierge. L'herbe a envahi la cour, les
allées, et le lierre chevauche les toits. Les
arbres ont crû follement, les pommiers du
verger entremêlent leurs branches et, sous
l'envahissement des feuilles mortes et des
mousses, la source ne bruit plus qu'à peine,
dans son petit bassin dallé. Que peu de
temps suffit à la nature pour effacer le tra-
vail de l'homme !
Plus une fleur dans les plates-bandes ; le
rosier du mur, non taillé, est devenu un
inextricable roncier, dont les tiges démesu-
rées cherchent vainement à se délivrer du
foisonnement de la vigne vierge qui l'étouffé.
Que de travail en perspective, quand j'aurai
retrouvé mon sécateur, disparu, naturelle-
ment ! Mais il faudra aussi se procurer une
corde, pour l'échelle coulante dont le filin,
lui aussi, a dû tenter un amateur.
N'importe ! au milieu des herbes, qui me
viennent plus haut qu'à la ceinture, comme
au temps où, petit garçon, je m'y perdais
en frissonnant, j'écoute avec ravissement le
murmure infinitésimal des choses de la terre:
le frisselis des peupliers, l'eau de la petite
rivière qui se brise au tournant, sur une
pierre ; l'appel printanier d'un coucou loin-
tain, et ce chant plus proche de cet oiseau
inconnu dont j'entends depuis quarante ans,
dans le même arbre de la haie, le trille con-
tinué de père en fils.
Une cloche sonne ; c'est l'église, qui a
toujours sa belle voix de bronze. Un chariot
passe sur la route, ou une
herse au cri grinçant. Le
pas d'un cheval martèle le
sol. Un jardinier, de 1 autre côté de ce mur,
aiguise une faux. Un pigeon traverse lé ciel,
d'ouest en est, au-dessus du jardin, et machi-
nalement, je regarde l'heure : six heures du
soir — pour me souvenir aussitôt qu'autre-
fois, à cette même heure, mon pèrê et moi
nous nous amusions de cet oiseau régulier
dans son passage, aussi réglé qu'un chrono-
mètre.
J'ai poursuivi ma promenade, pleine de
mélancolie et de douceur, lè long du Sâus-
seron qui coule au bas de mon jardin. Sous
l'herbe nouvelle, les feuilles sèches de l'au-
tre année crissaient sous mon pas. Dans l'al-
lée à peine discernable, j'ai aperçu le héris-
son. Je l'avais oublié, celui-là. Lui non
plus, il n'a rien changé dans ses habitudes.
Au premier mouvement que j'ai fait vers lui,
il s'est arrêté dans sa marche et s'est mis
en boule. Le bois sentait bon les jeunes feuil-
les, l'humus en décomposition, la terre
mouillée. Le soir est venu ; mon premier soir
dans ma campagne retrouvée. Il me semblait
que j'étais là depuis toujours — et qu'il ne
s'était rien passé dans l'intervalle de l'ib-
sence, hélas !
Le lendemain, je suis monté sur le plateâu.
Rien n'y a changé. C'est toujours, au délà
des grasses verdures, le ciel immense et lés
bois bleuâtres à l'horizon. Le vent souffle
et courbe les blés, jeunes encore. Des per-
dreaux, par couples, s'enlèvent, peu crain-
tifs, et font une remise prochaine. Ils ont dû
savoir que la chasse est fermée. Des avions
sillonnent le ciel, pour rappeler la guerre
qui n'est pas finie. De la hauteur, j'inspecte
au loin les routes. C'est par là que l'envahis-
seur est venu. Et voici celle où, aux jours
affreux de juin, l'exode a commencé pour
nous.
Dans le village, mainte figure reconnue.
Exclamations sur le retour, après une si lon-
gue absence. On s'enquiert des uns et des
autres. Tel est mort. Cet autre est parti, lui
aussi. La vie est difficile à tous, et dans cette
campagne, comme dans les villes, la question
alimentaire fait l'objet essentiel des conversa-
tions. Un voisin, pour fêter mon retour, m'a
offert à boire. un verre de lait. Ce breuvage
oublié m'a paru délicieux. « Ne vous y habi-
tuez pas, me dit le voisin, c'est quelque chose
d'aussi rare ici qu'un vieux Calvados. »
.Il y a huit jours que je suis revenu. Je
suis tout à fait réadapté. Un gros nuage
,blanc, sur le ciel bleu d'Ile-de-France, passe
comme autrefois dans ma fenêtre, et le so-
leil joue sur les pommiers en fleur. Mais je
ne me satisfais plus déjà de les trouver jo-
lis : je me demande, en vrai paysan, s'il y
aura des pommes cette année. Et en atten-
dait, quoiqu'il soit bien tard, avant même
de remettre la maison en état et de recons-
truire le mur écroulé, je vais m'occuper de
faire labourer la prairie et, comme tout le
monde autour de moi, d'y planter des pom-
mes de terre.
APRES-DEMAIN
Une grande enquête du « Journal »
- e 1
CHEMINOTS
(P. W. 17.395).
Le métier ardent et passionné
des hommes du rail
UN REPORTAGE VÉCU PAR JEAN BALENSI
Du lauréat
populiste
à l'académie
Mallarmé
PARIS, 24 mai. — Le popu.
lisme est une des rares écoles
littéraires qui tiennent à lllani-
festér lèur existence de temps à
atitre et qui y parviennent en
décernant un prix OanM"L
Le jury du prix populiste
vient J, te réunir et, dans la
plus gronde discrétion, a choisi
péuir lauréat de 1943 Marius Ri-
chard pour son livré : La nais.
éiiifé de Phèdrt. La Naissance
décrit It3 milieux des saltimbaa•
queà dont une représentante,
ffaventur^ en aventure, devient
toetétatre de la Comédie. Fran-
çèise ; une fin idijiante, s'il en
fut.
M.. Marius Richard n'est pas
un débutant. Il a dijà écrit une
douzaine de romans dont le der.
nier : La Ratée, a été comme la
ftàissàncé dé Phèdre, écrit en
captivité. Depuis sa libération,
M. Mariai Richard a repris son
activité de critique littéraire. On
se souvient qu'avant In guerre il
signait du pseudonyme de la
Pie.griiche dés billets très re*
maruéà.
A feutre bout de l'horizon
littéraire, c'tsuifdire du côté du
symbolisme, c'est'à-dife du'côté
de l'Académie Mallarmé, on ne
saurait dire qu'il y ait du nou-
veau. Toutejois, le dernier élu,
M Félix Fénéon, le considère
tomme un mal élu. Lor!lflUe le
choix dei académiciens Mallar*
mé fut porté à sa connaissance,
il manifesta, dit-on, un vif mé-
contentement. Félix Fénéon es-
time, en effet, que ce n'est pas
lorsqu'on a dépassé la t^ptaa'
têine sahs avoir obtenu et en,
core moins brigué les honneurs,
qué l'on petit accepter de sié-
ger dàns - unt Académie, même
lorsque celle-ci compte dans son
sein det omis très chers. Soli*
Ulir. Félix Fénéon fut, solitaire
il entend demeurer.
Jean ROMEIS.
LA GUERRE AÉRIENNE
La Luftwaffe bombarde
les chantiers navals
de Sunderland
BERLIN. 24 mai. — La nuit der-
nièrê, lâ Luftwaffe a attaqué en
force les chantiers maritimes de
Sunderland Où d& gramds incen
diM ont été allumés. Quelques
heures plus tôt, des bombes
avaient été lancées sur les ports
dt Hâstings et de Bournemouth.
Un raid anglo-américain
sur Dortmund
RERlJN 24 mai. — Des bombes
incendiaires et explosives ont été
lancées sur Dortmund par des for-
mitions anglo-américaines. La po-
pulation a subi des pertes et les
dégâts causés aux immeubles sont
importants.
D'après les derniers renseigne-
ments, le nombre des bombardiers
quadrimoteurs abattus s'élève à 38.
gaiement Londres annoncé .que
38 Appareils ne sont pas rentrés à
léurs bases.
Les rations du mois de juin
Les produits de biscuiterie sont désormais
réservés aux enfants et aux vieillards
VOIR LES DETAILS EN DEUXIEME PAGE
Histoire vraie
d'une petite biscotte
UNE ENQUETE
DU « JOURNAL»
Ce que j'ai vu dans une fabrique d'aliments de régime
* Pas de biscottes >. Depuis peu
de temps, ce petit écriteau se njul-
tipliait d'une façon inquiétante,
balançant son avis sec comme une
sentence à la porte vitrée du bou-
langer. Bien heureux encore si le
bec de canne ne s'opposait à une
reconnaissance plus avancée et,
qui sait ? peut-être fructueuse.
Visiter une fabrique de biscot-
tes. Je verrai au moins si, à dé-
faut de la fabrication banale du
boulanger, il est possible de trou-
ver encore de ces fameuses bis-
cottes de régime qui craquaient
si bien sous la dent, avant la
guerre.
— Je n'essaierai pas de vous
prouver, m'a dit le directeur de
l'une des plus importantes fabri-
ques françaises, que nous produi-
sons à un rythme normal. Les
chiffres ne sont que trop révéla-
teurs. Avant la guerre — je vous
donne la moyenne de notre mai-
son-mère — notre boulangerie uti-
lisait chaque jour vingt tonnes de
farine pour la fabrication des
biscottes, gressins, longuets et de
tous les pains spéciaux prescrits
aux arthritiques, diabétique, et
autres.
« On manque de biscottes,
dites-vous. Cela n'a rien d'éton-
nant. Bien qu'un kilo huit cents
de tickets de pain soit réclamé
pour chaque kilo de biscottes, les
consommateurs y trouvent encore
un avantage. Notre farine est blu.
tée à 80 Ce n'est donc pas le
pain complet ordinaire ; d'autre
part, au lieu de 40 à 45 d'eau,
la biscotte n'en contient que 7
C'est donc tout bénéfice. Beaucoup
pensent donc, à juste raison, que
la biscotte est infiniment plus nu-
tritive que le pain ordinaire. Ce-
la, c'est la solution égoïste, mais
les stocks s'épuisent et les biscot.
te devraient peut-être être réser-
vées exclusivement aux malades
et aux personnes astreintes à sui-
vre un régime.
Celui qui casse machinalement
sa tranche de biscotte dans le ca-
fé national du matin se rend-il
compte des transformations mul-
tiples que la farine a lubies au-
paravant ?. Je ne sais si l'anec-
dote du cochon entrant par la
porte des abattoirs de Chicago
pour arriver transformé en pâté
de foie c pur porc » est un my-
the. mais voici l'histoire vraie
d'une petite biscotte.
Dans le grand hall, les sacs de
farine attendent. Cent vingt kilos
vont être engloutis par l'un des
quatre pétrins électriques. On y
ajoutera 7 à 8 de graisse, de
margarine, plus exactement, qui
a remplacé le beurra des temps
sans restrictions.
— A quoi sert-elle ? commente
le directeur. Tout simplement à
donner cette friabilité spéciale à
la biscotte. Puis, dix titre, d'eau,
du sel, du sucre, des extraits dias-
tasiques, du malt, parfois, sont
encore versés dans le pétrin. Les
engrenages tournent et la grande
patte de < faucheux > se met à
brasser à coups saccadés l'amal-
game. Le pétrissage durera ving
minutes.
Un ouvrier a arrêté le travail
de la béquille. La cuve est roulée
vers la boulangerie. Ici, l'un des
boulangers taille de gros pain, de
pâte à même cette masse visquëu.
té, les pèse et les place sous la
diviseuse automatique qui les dé-
coupé et les roule en petite * pâ-
tons >. Ces boule,, de pâte, ron-
des comme un poing d'enfant, sont
ensuite couchées par douze ou
treize, en rangs d'oignons, dans
de longs moules à cake. On les
transporte alors dans l'étuve
chauffée à cinquante degrés.. Par
la porte à glissière, une buée
chaude et odorante s'échappe par
bouffées. Les pains de pâte com-
mencent à * travailler», à lever
dant leurs petites boîtes de tôle.
L'opération durera encore vingt
minutes.
Dans le four électrique
chauffé à 250 degrés -
Pas une seconde d'interruption;
à peine la porte de l'étuvé s'est-
ell* èntr'ouvérte que, déjà, les
pâtons sont à pied d'oeuvre vers
le four électrique, sorte d'im-
mense tunnel en tôle ripolinée,
long d'une quinzaine de mètres.
Les mains courantes, < regards >
et hublots permettent de suivre
la marche du cake à l'intérieur
du four, tout nets et astiqués com.
me sur un navire de guerre.
Dans ce four, les résistances
électriques rayonnent directement
sur les pains à cuire, et la tempé-
rature est réglée soit manuelle-
ment par action sur le couplage
des résistances, soit automatique-
ment au moyen de pyromètres à
double contact.
Le four était en marche. Nul
ronflement, pas d'éclàboussements
de flammes brusques. Les voyants
rouges sont allumée normalement.
C'est tout. Placés par plusieurs
rangiez sur le tapis roulant qui
va cheminer à l'intérieur du four,
les moules de cake s'engouffrent
lentement, lans à-coups, sou, !a
porte d'amiante entrebâillée. Pen.
dant vingt-cinq ou trente minutes,
ils vont poursuivre leurs pérégri-
nations tout au long du tunnel
sombre chauffé à quelque 250 de.
gréa.
Recueilli. à l'autre issue, les
ouvriers démoulent les pains do-
rés et à point. Tous ces pains
de biscottes vont être - disposés
sur des clayettes et amenés par.
des chemins de roulement appro-
priés jusqu'à la paneterie aména-
gée au sous-sol. La pâte va y re-
poser de vingt-quatre à soixante-
douze heures, suivant sa nature
car il faut que le pain rassisse
sans sécher. De temps en temps,
un ouvrier va consulter la courbe
vacillante de l'hygromètre et du
thermomètre enregistreur fixés à
l'entrée du sous-sol.
Chaque étage de cake porte
son écriteau < Mercredi 28 >,
« Jeudi 12 ». Ce sont les numéros
d'ordre des pétrins et le jour de
la cuisson première du cake.
Mais la biscotte n'est pas en-
core terminée. Remonté de la
paneterie, le pain est maintenant
avalé, découpé, par des machi-
nes automatiques. La biscotte a
pris la forme que l'on connaît.
Toute cette masse de tranches
< crues > qui se chevauchent,
défile à un rythme accéléré sur
le treillage sans fin, s'engouffrant
irrémédiablement dans un four-
tunnel à tablier. Deux ouvriers
contrôlent l'entrée des biscottes
« crues >. Je veux parler des
tranches découpées dans les pains
déjà cuits une première fois et
qui sont donc soumises à deux
cuissons différentes.
— Il y a toute une technique
du grillage, me dit alors le direc-
teur. Déjà le séchage était pri-
mordial, mais les conditions de
cuisson, couleur ou « halo sont
tout aussi importantes.
LA SUITE EN DEUXIEME PAGE
Le sanglant mystère
du château d'Escoire
Le jury de Périgueux fera-t-il la -lumière
sur la sombre tragédie qui coûta, la vie
à M. Georges Girard, à sa sœur et à leur bonne?
Henri Girard, le fils, est-il le coupable?
(Par notre envoyé spécial
Rend KERDYK)
PERIGUEUX. 24 mai. — On va
juger, ces jours-ci, aux Assise: de
Périgueux, un extraordinaire pro-
cès criminel. Il est, si l'on peut
dire, comme replié sur lui-même
et fait d'un secret.
Au matin du 25 octobre 1941, les
autorités judiciaires de la Dordo-
grie sont avisées qu'un triple
frime est découvert au château
d'Escoire. dans la commune d'An-
tonne,.à quelques kilomètres de Pé.
rigueux. Les propriétaires de ce
château, M. George* Girard, archi-
viste-adjoint au ministère de*' Af-
faires otrangè'res à Vichy, et M
soeur. Mlle Amélie Girard, ont été.
ainsi que leur vieille bonne. Louise
Soudeix, assassinés au couri de la
nuit.
Aux appels du fils unique de M.
Georges Girard, M. Henri Girard
âgé de 25 an?, étudiant à Paris,
les gens du voisinage accourent.
Les trois victimes gisent dans des
flaques de sang. Elles portent de
multiples fractures du crâne, des
plaies à la face et aux mains,
provenant de coups portés au
moyen d'une forte serpe, qui est
trouvée dans la chambre de la ser-
vante. On voit aussi des blessures
au dos d'Amélie Girard, faites
avec le même instrument ; mais
postérieurement à la mort. Amé-
lie Girard et son frère ont été tués
dans leur lit, Louise Soudeix. de-
bout vraisemblablement, au mo.
ment où, attirée par le bruit, elle
se précipite dans la chambre dp,
son maître.
Partout, désordre, pillage et
sang. Danj la chambre et le petit
salon, les meubles ont été vide's.
des tiroirs enlevés et déposés. çà
et là. Cependant-, rien ne parait
manquer de l'argenterie et les bi-
joux que portait Mlle Girard sont
retrouvés sur elle
Toutes les portes .du château,
sauf celle de la cuisine, sont fer-
mées. L'enquête ne révèle aucune
empreinte. aucune trace extérieu-
re d'effraujoii. Pourtant, le ma-
tin même du crime, sur la route
qui passe près du château, on
trouve le portefeuille de M. Henri
Girard, contenant une .somme
d'argent, son portelfnonnaie vide,
un foulard appartenant à sa tante
et également son porte-monnaie
vide.
Dès la. première minute, les
soupçons se portent sur le fils Gi- .-
rara, arrivé le 16 octobre à Es-
coire, alors qu'il n'y était pas at-
tendu. (Il a demanda, par télé-
phone à son père, avec qui il
était, dit-on, En très bons termes,
de venir le rejoindre. M. Georges
Girard est arrivé au château le
24 octobre au matin).
M. Henri Girard est arrêté, puis
inculpé de parricide, assassinat et
meurtre. Il assiste à l'enterrement
des victimes. Pas un instant, il
n'a cessé de protester de son in-
nocence, de l'affirmer, de la pro-
clamer crânement.
Un faisceau de graves
présomptions
Cependant, l'instruction prétend
avoir réuni contre lui un faisceau
de graves présomptions. En ce
préambule, rien ne nous permet
d'insister sur la vie joyeuse
qu'Henri Girard menait à Paris,
ses moyens de les justifier, sur
le fait qu'il était démuni d'argent
en arrivant à Escoire. Non plus
que nous ne relèverons la sorte
de sourde animosite qui peut en-
tourer un fils de famille, fort-in-
telligent, bon. mais prodigue,
étrange, et d'un caractère assez
renfermé et violent, parmi les
simples gens de ces profondes
campagnes. De plus troublantes :
constatations sont invoquées par
l'accusation.
Pour la première fois, l'accusé
ne couche pas dans la chambra
qu'il occupe d'habitude, attenante
a celle de son père.' Il choisit une
pièce dans l'autre aile. Dans cet-
te pièce se trouve le compteur
électrique qui permet de plonger
dans l'obscurité tout le château.
Cette question de la lumière joue
un grand rôle. M. Henri Girard
soutient que, le 24 octobre, le dî-
ner achève vers 20 heures, son Pé.
rç, sa tante et Jui, se sont rendue
dans le petit salon où tous trois
ont causé ensemble jusqu'à la
heures. M. Georges Girard se re.-
tire pour se coucher. Henri de-
meure avec sa tante jusqu'aux
environs de 23 heures, heure à la-
quelle il monte dans sa chambre
et lit, affirme-t-il," jusqu'à minuit.
Ce récit est démenti par les dô-
jclarations tonnelles du fils du
gardien du château, le jeune Re-
né Taulu. Sorti de chez lui vers
20 heures, il remarque à son re-
tour, vers 21 heures, qu'il n'y a
aucune lumière aux fenêtres, ce
qui le surprend beaucoup, la de-
meure restant d'ordinaire ttclairétl
à des heures, plus tardives. Par
ailleurs, plusieurs personnes, vers
23 heures, ont aper;u de la lumiè-
re au rez-de-chaussée du-château.
S'agit-il à cet instant de cette ma-
nière de mise en scène qui a par-
ticulièrement attiré l'attention des
enquêteurs?
D'autres charges pèseraient sur
l'accusé. N'a-t-il pas, deux jours
avant le crime, emprunté à son
métayer la vieille serpe rouillée,
avec laquelle furent frappées les
vois victimes? N'a-t-il pas nié
avoir affûté. cette serpe, alors
qu'elle présentait les traces d'un
récent aiguisage, fait avec une li-
me? N'a-t-on pas retrouvé sous ses
ongles des traces de limaille d*
.fer? Enfin ne portait-il pas à la
paume de la main droite quatre
petites blessures correspondant à
des aspérités du manche de l'ou-
til? Henri Girard affirme s'en être
servi pour couper des petits sa-
pins. Attendons-nous à des surpri-
ses, de grosses surprises.
Sous la présidence de M. le con-
seiller Hurlaux, la session de la
Cour d'assises de la Dordogne
s'ouvre demain. Henri Girard
comparaîtra devant le jury dans,
la journée du 27 mai. M. le pro-
cureur d'Etat Salingardes sou-
tient l'accusation. Au banc de la
défense, M* Maurice Garçon, as-
sisté de 1\18 Lacombe, du barreau
de Périgueux.
LE BILLET QUOTIDIEN DE NOS CORRESPONDANTS PARUSIENS
1944, une année en rose ?.
PARIS, 24 mai. - Nul ne pré-
tendra, j'imagine, que les calendriers
muraux édités par les P. T. T. à la
fin de chaque année soient des oeu-
vres d'art dignes de figurer un jour
dans la collection de quelques ama-
teurs; il semble, au contraire, que
l'Administration s'efforce de cultiver
la laideur et la banalité. Les murs
des cuisines les plus honorables sont
déshonorés par de' sempiternelles
Rentrées de Moissons, et de fasti-
dieux Paysages d'Hiver.
Mon almanach de 1942 représen-
tait un bébé joufflu tendant une poi.
gnée d'herbe à une génisse stupéfai.
te avec, en guise de légende, ces
mots sybillins : Expérience (?) et
Etude de+ réactions (sic). Celui de
1943 n'était pas moins singulier : il
me montre un enfant du sexe faible
philosophant dans les bras de sa
mère. c Dieu que je suis petite,
s'écrie la poupée, et que la terre est
loin ! a
Or, on prétend que, grâce aux ef-
forts de Paul Lavalley, président du
Salon de l'Imagerie, et de quelques
artistes, le-s P. T. T., renon.
çant aux platitudes d'antan, nous of.
friront, en étrennes, dès l'année
1944. des calendriers joliment illus.
très par les maîtres de la Décoration
moderne.
Ceux-ci s'inspireront peut-être de
ces vieux almanaeisa aux vignettes
exquises et aux allégories pastorales
qui faisaient la joie de nos aïauls.
Convenons, d'ailleurs, que le calen-
drier se prête à merveille à l'illus-
tration et que la fuite des jours ain-
si que l'alternance des saisons four-
nissent aux artistes des thèmes riches
en variations : l'hiver avec ses nei-
ges, le printemps avec ses espoirs,
l'été avec ses natures mortes, l'au-
tomne avec ses sous-bois. Tous les
peintres collaborent ainsi à l'image-
rie de l'avenir. Chaque mois mérite
un ornement. Les saints partageront
la vedette avec les fleurs. Les fruits
succéderont aux paysages. Et voilà,
sans doute, une excellente ocoasion,
n'est-ce pas ? de montrer au public
que les plus jolies roses ne sont pas
de Nice, mais de Renoir et que les
pêches les plus veloutées ne sont pas
de Montreuil, mais de Cézanne !.
L'Administration des P. T. T. ne
manquera pas de contribuer, pour
une grande part, à la renaissance de
l'imagerie —
déjà, prévoir que les facteurs deve-
nus messagers de l'art, n'auront pas
à se plaindre de leurs nouvelles
fonctions ! Les quelques œuvres dont
on nous a donné la primeur sont
signées de Charlemagne, Jean Pi-
cart, le Doux et Jean-Denis Malclés.
Elles témoignent d'une technique et
d'un goût qui briseront les dernières
résistances.
Ainsi, l'année 1944 t'annonce, grâ-
ce aux calendriers, comme une année
en rosé. Le moyen, je vous prie, de*
ne point céder aux .charmes d'un
avenir' aimable qui nous apparaît déjà
sous la forme de corbeilles de fruits,
de cornes d'abondance et de paysa-
ges ensoleillés ? Et qui sait ? C'est
peut-être l'art qui, cette fois-di, mo-
dèlera l'avenir et il se peut fort
bien — à en croire les astrologues
qui furent, ne l'oublions pas, les
créateurs des almanachs — que les
étoiles donnent raison aux artistes
et que le facteur nous apporte un
bel avenir avec un joli calendrier.
Georges CLOVERT.
Les portes des restaurants
ne doivent pas être fermées
PARIS, 24 mal. — La préfecture
de police communique :
Lors de vérifications effectuées ré-
cemment dans les restaurants par les
services de police, 11 a été constaté
que les proptiétaires de certaine éta-
blissements, dans le but évident de
retarder l'entrée deg coutr6leurs. te-
naient leurs portes fermées soit à clé
soit en bloquant te bec de cane.
Les vérifications, de ce fait, deve.
naient inopérantes.
A l'avenir, cette façon de procéder
sera considérée comme la manifesta-
lion d une volonté nettement arrêtée
des restaurateurs de dissimuler les
infractions, et sera sanctionnée sans
délai par une sévère mesure de terme-
ture.
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