Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-04-30
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 avril 1930 30 avril 1930
Description : 1930/04/30 (N13709). 1930/04/30 (N13709).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76309298
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2014
G HEURES DU MATIN
, l
LE NUMERO : 25 c. (N* 13709) & a a PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU .t..t.. MERCREDI 30 AVRIL 1930
Tél. Gtft. 81-54, 81-55, 81-56, 81-57, 81-58, 81-59
r. OSRAM
2 1
SE BRANCHANT SUR LE COURANT
E08 22I TRVISE PARIS
* ~=~ MONTRC t:
104 VOLTS
POUR 'T. S. F.
FJ6 6a'2VOLT5 ——————— *
4 POUR AUTOS
É'.S RICHARD HELLER
,20A22.CITÉ TRÉVISE , PARIS
IV
LA GRANDE CROISADE
des Compagnons de Jeanne d'Arc
« Seule, la France possède une
fleur pareille ! » m'avait dit, un
jour, à mon atelier, avec émotion,
M. Georges Clemenceau, en me
parlant de Jeanne d'Arc.
Il avait fallu, cependant, de ru-
des efforts et l'occasion du cin-
quième centenaire, pour que les
Français commençassent à com-
prendre la splendeur et la force du
capital moral que cette grande fi-
gure leur apportait par surcroît.
Je m'étais efforcé d'entraîner les
cœurs vers elle, et j'avais, dans ce
dessein, fait paraître, ici-même,
l'an passé, un article intitulé :
« Jeanne d'Arc, ange de la paix ».
J'y faisais appel aux hommes de
bonne volonté, leur rappelant qu'il
y avait cinq cents ans, une vierge
française s'était offerte pour le ra-
chat de sa patrie et qu'elle aimait
les causes justes et qu'elle aimait
la paix.
J'avais demandé que l'on m'ai-
ciât, dans une croisade sainte, à,
répandre davantage le bienfait de
sa pensée réconciliatrice et, du
monde entier, j'avais reçu d'émou-
Le motif du reliquaire* œuvre de
Maxime Real del Sarte.
vantes réponses et d'heureuses
suggestions. A Bône, déjà, sous
l'impulsion du docteur Honorât,
on inaugure cette année, pour la
première fois au delà des mers,
june statue de Jeanne messagère
pacifique.
J'avais compris qu'à une époque
aussi troublée que la nôtre, tandis
que les hommes semblent s'adon-
îier uniquement aux calculs de
leurs intérêts, j'avais compris et je
crois fermement que, du bûcher de
Jeanne, mystérieux creuset d'amour
et de sacrifice, de ce bûcher seul,
pouvait et peut surgir la grande
flamme susceptible, aux heures
graves, d'embraser les cœurs et de
les réunir.
L'adhésion des meilleurs à cette
pensée d'union sous son égide
sainte avait créé, dans mon esprit,
l'idée de l'AssociATiON DES COMPA-
GNONS DE JEANNE D'ARC, association
qui serait d'abord un rassemble-
ment des forces et des amitiés
nationales, avant d'étendre, à tra-
vers le mon.de, un vaste et mysté-
rieux réseau fait d'une commune
admiration pour l'Ange de la Paix.
Jeanne d'Arc, dont l'idée évoque
un frémissement d'ailes protecteur
et dépasse les limites de la terre,
paraît, en effet, être un ange ; elle
est autre chose et plus qu'un hom-
me dont elle a, cependant, les mâ-
les vertus et le courage ; elle est
Vautre chose et plus qu'une femme
dont elle a la tendresse, le charme
et la douceur.
Elle est exactement située sur ce
plan supérieur où l'humanité, de-
puis ses débuts, a cherché à fixer,
en le spiritualisant, un type qui fût
au-dessus des sexes, bénéficiant à
la fois des vertus de l'un et des
charmes de l'autre, associant l'idée
d'Apollon à celle de Diane, et réu-
nissant, dans une courbe frater-
nelle, la hanche de l'un, et la han-
che de l'autre.
Certes, Jeanne apparaît comme
un ange et, pour nous, comme
range même de la paix.
C'est inspirés par cette idée qui
porte en elle une si haute puis-
sance de salut que les « Compa-
gnons » se sont réunis. Ils ont
choisi pour chef le grand écrivain
qu'est notre camarade Binet-Val-
mer. Nous l'avons prié de se met-
tre à notre tête, lui à qui l'on doit
le retour et le culte du Soldat in-
connu, lui, le promoteur et le réa-
lisateur du monument de l'Armis-
tice, le fondateur de cette ardente
Ligue des chefs de section, dont le
'Journal fut l'allié si fidèle.
Grâce à l'organisation que nous
avons créée, en dehors de toute
ambition politique, de tout souci
confessionnel, les « Compagnons »
vont, d'ici quelques semaines,
rendre un magnifique hommage à
Jeanne d'Arc.
Un émouvant cortège d'hommes
au cœur dévoué, d'anciens combat-
tants et de jeunes gens, partira, à
pied, de Domrémy, au début de juin
et parcourra, pendant plus d'un an,
les étapes douloureuses suivies, il
y a cinq cents ans, par l'héroïque
enfant. Ils porteront sur leurs épau-
les un reliquaire précieux que
j'offre en hommage à Jeanne d'Arc
et que j'ai fait avec amour dans
les plus belles matières que j'ai
trouvées.
Ce reliquaire contiendra de la
terre prélevée à l'emplacement du
bûcher de Jeanne, comme l'attes-
tent deux actes authentiques dépo-
sés chez Me Perrot, notaire à Bourg-
la-Reine. L'un de ces actes est si-
gné par Sa Grandeur Monseigneur
André du Bois de la Villerabel, ar-
chevêque de Rouen.
Il n'était pas inutile de rappeler
ces choses qui ont été accomplies
avant que, dans. le èUençâ §1 l'in-
différence générale, la pioche des
ouvriers ait achevé de bouleverser
à jamais ce sol meurtri qui fut té-
moin de tant de douleurs acceptées.
Cet endroit, qui est le plus sacré
de France et l'un des plus grands
du monde, avait été volontairement
délaissé..
Le reliquaire que les « Compa-
gnons de Jeanne d'Arc » vont por-
ter, contiendra cette terre sacrée
qui fut mêlée à ses cendres et à
son sang : seule relique de Jeanne!
Il va traverser les grands champs
de bataille de la guerre, et pren-
dre, tout d'abord, contact avec cette
autre terre gonflée du sang de ceux
qui sont morts, comme elle, pour
la France. Communion émou-
vante dont Binet-Valmer (1) eut
l'idée et où les Français repren-
dront conscience de ce qu'ils se
doivent les uns aux autres et s'es-
timeront davantage, se souvenant
peut-être de l'union qui régnait
entre eux dans les tranchées. Là,
républicains et royalistes, socialis-
tes et communistes ne connais-
saient qu'une loi, celle du dévoue-
ment et du sacrifice, vraies et seu-
les bases de la fraternité.
C'est ce sentiment-là que jê rê-
verais de voir surgir à nouveau, car
rien de grand ne s'obtient que par
le sacrifice, et la leçon du bûcher
s'apparente à celle des tranchées,
où les hommes ont été vraiment di-
gnes de la reconnaissance du
monde.
Les anciens combattants entou-
reront ce reliquaire et lui feront
une garde d'honneur. Il y a là,
pour eux, une occasion de rappeler
qu'ils sont les frères de Jeanne
dans le sacrifice. En est-il de plus
complet que le leur, de plus grand
que le sien, elle qui, au printemps
de sa vie (elle n'avait pas vingt
ans) avait offert en holocauste son
cœur et toutes les promesses de sa
jeunesse pour le rachat du pays ?
De son bûcher, où domine l'idée
de la flamme, s'échappait une co-
lombe au moment de sa mort.
C'était l'emblème même de la paix,
celui qu'elle avait choisi comme
signe à Poitiers, au début de sa
mission, et nous demandons à tous
de là suivre dans son vol, sur les
routes de France, de cette France
où l'on souffre surtout de ne pas
s'entendre et de ne pas s'aimer.
MAXIME REAL DEL SARTE.
(1) Dâns un prochain article, Binet-
Valmer dira les hauts patronages qui
nous honorent et les moyens de notre
organisation.
Le sultan du Maroc
ferait prochainement
un voyage en France
RABAT, 29 avril.— Nous croyons savoir
que le sultan du Maroc ferait prochai-
nement un voyage en France. Le souve-
rain s'embarquerait le 31 mai prochain
et ferait dans la métropole un séjour de
deux mois environ. Son retour est prévu
pour les premiers jours d'août. (Journal.)
Pour défendre sa fille
un Italien tue un compatriote
- Au numéro 40 de la rue Curial de-
meure une très honorable famille ita-
lienne, dont le père, Michel, Mena.,
* Le meurtrier
50 ans, travaille comme manœuvre ma-
çon. Sa fille aînée, Angela, 23 ans, est
mariée à un ouvrier italien, Temporino,
et est employée dans une fonderie de
la rue de Flandre.
Depuis longtemps déjà la jeune fem-
me était en butte aux assiduités d'un
autre ouvrier italien, Antonio Frascagno,
31 ans, 13, rue Labois-Rouillon. Il au-
rait voulu que Mme Temporino aban-
donnât son mari pour se mettre en mé-
na.ge avec lui. Devant les refus réitérés
de cette dernière, il avait raconté à sa
propre femme que c'était Mme Tempo-
rino qui lui faisait des avances, si bien
qu'à deux reprises les deux femmes
avaient eu de violentes altercation? pu-
bliques. Se croyant offensée, Mme Fras-
cagno exigeait de Mme Temporino
qu'elle lui remit 5.000 francs
Sans ça, je dirai tout à ton mari I »
Entre temps, Frascagno, sans se rebu-
ter, ne cessait de poursuivre Mme Tem-
porino. Ces jours derniers, comprenant
qu'il ne viendrait pas à bout de la résis-
tance de la jeune Italienne, il se répan-
dit en menaces de mort:
« Je la tuerai et je tuerai toute sa
famille. »
Ces propos furent rapportés à Michel
Mella, qui, craignant pour la vie de sa
fille, s'arma d'un revolver qu'il ne por-
tait habituellement jamais et vint cha-
que jour l'attendre à la sortie de son
travail.
Hier soir, à 18 h. 30, le pèi\s et la fille
furent accostés en face du numéro 203
de la rue de Crimée, par Frascagno, qui.
sans préambule, insulta grossièrement
la jeune femme. Puis il mit la main à
sa poche de revolver.
Se croyant en état de légitime défense-,
le père sortit son arme et tira sur Fras-
cagno une balle qui l'atteignit à l'abdo-
men. Pendant que les témoins désar-
maient le meurtrier, qui n'opposa d'ail-
leurs aucune résistance, et le condui-
saient au commissariat de la rue de
Tanger, Frascagno trouvait la force de
faire quelques pas et d'entrer dans un
café, où il mourut aussitôt.
Les renseignements recueillis sur le
meurtrier sont excellents. Ceux qu'on 3
sur le compte de la victime sont détes-
iables, -'--'---',
Des cambrioleurs
tentent de piller
un château de l'Oise
et blessent un gardien
qui les met en fuite
Pour la deuxième fois en quelques
mois, le château de Glannes, situé Drès
de Clermont, dans l'Oise et propriété de
M. Gorisse, industriel, 16, rue Ampère,
à Paris, vient de recevoir la visite des
cambrioleurs. Cette fois encore, ils ont
été mis en fuite par M. Edmond Roche,
jardinier-concierge. Mais malheureuse-
ment celui-ci est tombé victime de son
courage; dérangés dans leur opération,
les bandits l'ont accueilli, à coups de re-
volver _et blessé grièvement.
Il était deux heures du matin. M. Ro-
che, qui occupait un petit pavillon près
de la porte d'entrée de la propriété, ne
dormait pas. Soudain, son attention fut
attirée par un bruit de vitres brisées. Il
se rappela que, la nuit du 18 au 19 no-
vembre dernier, des cambrioleurs étaient
entrés après avoir fracturé la porte vitrée
donnant derrière le château.
M. Roche s'habilla en hâte et s'arma
d'un revolver, puis se dirigea vers l'en-
droit d'où venait le bruit. Soudain, com-
me il contournait l'aile gauche du châ-
teau, il se trouva en présence d'un indi-
vidu qui faisait le guet.
Le malfaiteur, qui était armé d'un re-
volver, ouvrit le feu sur le jardinier.
Celui-ci riposta. Pendant ce temps, deux
autres individus sortaient du château et,
à leur tour, faisaient feu dans la direc-
tion du jardinier, tout en prenant la fuite
vers le fond du parc, où se trouve une
petite porte qu'ils avaient ouverte à l'aide
de fausses clés.
Pendant ce lemps, Mme Roche venait
au secours de son mari, et le trouvait
étendu sur le sol, la poitrine trouée d'une
balle.
M.Roche, qui a le poumon droit perforé,
a été dirigé sur la clinique- du docteur
Caragelle, à Amiens.
Grâce au courage de M. Roche les mal-
faiteurs n'avaient pas été plus heureux
que la première fois.
M. Gorisse, arrivé sur les lieux dans
la matinée, a constaté qu'on ne lui avait
M. EDMOND ROCHE
dérobé que son revolver, placé dans Je
tiroir de son bureau.
De l'enquête, menée par le lieutenant
Berstchi, il résulte que, comme la pre-
mière fois, les bandits sont venus en
auto. On a retrouvé leurs traces dans le
village de Quinquempoix, situé à trois ki-
lomètres du château, en direction de
Paris.
Le 1 er mai à Paris
Les organisations affiliées à la G. G. T.
ont « invité » leurs adhérents à
chômer demain, 1er mai. La C. G. T. U.
a donné l'ordre à ses troupes de ne pas
travailler. Invitation ou ordre, le mot ne
changera rien à la chose. Les travailleurs
du bâtiment et de la métallurgie feront
grève po.ur cette excellente raison que le 1
1er mai, afin d'éviter des incidents et
d'immobiliser inutilement des forces de
police, la plupart des usines et chantiers
sont fermés.
Les chauffeurs de taxis, unitaires ou
confédérés, chômeront également, mais
ce n'est pas une nouveauté, c'est une
habitude : ce jour-là le piéton est roi.
Les transports en surface seront as"
sures normalement, tout au moins jusqu'à
20 heures. Quant au métro, il ne connaît
plus aucune défaillance depuis que les
élèves des grandes écoles sont initiés au
pilotage des rames. Les cafés, les res-
taurants, les magasins seront ouverts
comme à l'ordinaire, les cinémas et les
théâtres également. Tout au plus pour-
rait-on constater un mouvement isolé de
la part de machinistes unitaires. En
somme, à moins d'incident imprévu et
malgré le désir des communistes de
« tenir la rue », ce fer mai se déroulera
normalement. D'ailleurs M. Chiappe et
sa garde veilleront à chaque carrefour et
ne se laisseront pas surprendre.
Une victime de l'accident du mètre
meurt à l'hôpital de Vaugirârd
Mme Madeleine Petro, 32 ans, mécani-
cienne, 25, rue Vallier, à Levallois, qu
avait été blessée dans l'accident du métro.
POlitain du 21 avril, est décédée à l'hôpita!
de Vaugrirard. où elle était en traitement
Le corps a été envoya à l'institut médico-
légal.
ON DECOUVRE DANS UN PLACARD
le cadavre d'une lemme coupée en morceaux
Le mari, auteur du crime, s'est suicidé
Le picard où l'on a retrouvé le cadavre ; les époux ALBIZÉ,
le jour de leur mariage
Voici un affreux drame dû à l'un
de ces demi'-fous, de ces psychopa-
thes sur lesquels le Dr Toulouse,
ici même, a si souvent attiré l'atten-
tion publique.
Dans un placard du logement
qu'elle habitait, 8, rue Lepeu-proje-
tée, le cadavre horriblement mutilé
de Mme Marie Albizé, âgée de vingt
ans, a été découvert, hier matin, à six
heures, par la mère de la victime,
Mme Boulon, demeurant au numéro
28 de la même rue.
Le récit de la mère
Voici les faits, tels qu'ils nous ont
été contés par l'infortunéo maman
elle-même, quelques heures seule-
ment après la macabre découverte.
Ma fille, née Marie-Albertine-Charlotte
Gros, nom de mon premier mari, le 23
juillet 1910 à Montmorency, était mariée
depuis quatre mois avec un ouvrier bou-
langer, René-Gratien Albizé, de dix-sept
ans son aîné, originaire de. Ma.gny-en-
Vexin. Brave garçon, père — d'un pre-
mier lit — d'une fillette de 7 ans, la pe-
tite Mauricette, il aurait pu être pour ma
fille un excellent mari s'il, n'avait été su-
jet à des crises qui, voici quelques an-
nées déjà, avaient nécessité son admis-
sion à l'hôpital d'Auibervilliers. De plus,
il avait, au lendemain de la mort de ea
première femme, contracté la fâcheuse
habitude de boire un peu plus que de rai-
son, et son humeur souvent s'en ressen-
tait.
11 était violent et souvent ma fille, en
pleurant, vint mé conter la scène de stu-
pide jalousie qu'il venait encore de lui
faire. Car il était jaloux comme il n'est
point possible de l'être.
Mais ma fille supportait sans mau-
gréer le mauvais caractère de son mari.
Or, jeudi soir, je reçus la visite de Marie.
Je pensai immédiatement qu'une nou-
velle querelle avait éclaté. Elle ne me
dit rien de semblable, pourtant. Le len-
demain, à midi, mon gendre vint déjeu-
ner chez moi, ma fille, étant partie le
matin pour Achères, passer la journée
chez son be-iu-frère qui est cantonnier
aux chemins de fer."
« Marie ne vous a rien dit ? Vous ne
l'avez pas vue, ce matin, avant son dé-
, I part ?» me demanda-t-il en déjeunant.
Mais à ma réponse négative, il jugea
inutile sans doute de m'en dire plus. et
je n'appris rien, ce qui me renforça dans
'l\{AURlCETTE, fille du meurtrier
1 cette-idée que de nouvelles discussions
s'étaient produites. Le soir, il partit pour
Achères chercher ma fille. et Ils ren-
trèrent ensemble à Paris, à 11 heures.
Mais je ne les revis ni l'un ni l'autre de
toute la journée de samedi.
Dimanche passa sans que je reçoive lai
visite de ma fille. Je crus qu'ils étaient
retournés à AClhères. Lundi, je m'éveHlai
inquiète et écrivis au frère de mon gen-
dre, M. Aristide Albizé, pour savoir si
mes enfants étaient dhez Luj.
A midi, une lettre de mon gendre
m'annonça qu'ils partaient tous pour
Magny-en-Vexin. Je m'en trouvai un
peu rassurée lorsque, dans la soirée,
vers 8 heures, je vis arriver M. Aristide
Docteur PAUL M. PRESSARD
Albizé qui me montra une lettre dans
laquelle son frère lui annonçait qu'il se
suicidait dans le bois de la Ballastière,
à Achères, où, en effet, on devait décou-
vrir son cadavre, la gorge tranchée d'un
coup de rasoir. M. Aristide m'apprit, du
même coup', qu'il n'avait point revu ma
fille depuis vendredi soir. Qu'était-elle
devenue, ma pauvre enfant ? Je ne fis
qu'un saut jusque chez elle. En compa-
gnie du frère de mon gendre, je visitaI
les deux pièces de son logement et la
cuisine sans rien trbuver, lettre oti pa-
pier quelconque qui pût me renseigner
sur son sort.
Je rentrai à la maison.
Mais je ne dormis guère de la nuit,
vous le pensez. Un horrible pressenti-
ment, petit à petit, se dessinait dans ma
pauvre tête. A 5 heures, je réveillai mon
mari et tous deux nous nous rendîmes de
nouveau au logement de ma fille.
Le placard macabre
Un placard, à charbon, qui se trouve
dans l'entrée et que je n'avais point pensé
à- ouvrir la veille, fut la première ca-
chette que mon mari inspecta. Il recula,
terrifié, et m'entraîna au dehors.
« C'est épouvantable, me dit-N, cou-
rons prévenir la police. Il te l'a tuée 1 »
(La suite en 3' page.)
AUTORISATION SPÉCIALE - -
Le garçon limonadier. — Et moi ? f peux t'y travailler le 1" Mai ?
-- » Bi§n sûr ! on aura besoin de loi, faut fias nous lâcher l (Dessin âe Cbt GEiNTY,}
M"* Cécile Sorel
va plaider
contre la marine nationale
qui veut installer une batterie
dans sa propriété de Sanary
Le palais de justice de Toulon, clair ef
coquet comme un casino dans sax blan-
cheur toute neuve, va retentir, après-
demain vendredi, d'un nom prestigieux:
celui de Mlle Cécile Sorel.
Notre Célimène nationale qui a tou-
jours manifesté assez peu de goût pour
jouer les Plaideurs, vient de se voir obli-
gée par certaines circonstances à attraire
en justice un adversaire peu banal, puis-
qu'il s'agit en l'espèce de la marine na-
tionale. Pas moins !.
L'histoire vaut d'être contée. Or donc
la marquise de Stgur et son mari 'on\ fait
l'acquisition à Sanary, près de Toulon,
d'une magnifique propriété. C'est là
qu'entre ses triomphes sur la scène, Céli-
mène vient goûter les charmes du repos
et les joies conjuguées de la Provence et
de la mer. C'est là qu'elle compte s'ins-
taller au temps encore'lointain où elle
songera à prendre une retraite qui na-
vrera, le monde entier.
Hélas ! la marine nationale vient de
faire une brèche importante dans le do-
maine: elle en a réquisitionné une partie
pour y installer une batterie.
Mlle Cécile Sorel espérait que la Confé-
rence navale de Londres changerait les
plans de la marine. Il n'en fut rien, et
Mlle Cécile Sorel, bien qu'elle aime les
marins presque autant que son voisin du
cap Brun, M. Félix Mayol, n'a pu se
résoudre de bonne grâce à ce sacrifice.
L'affaire vient après-demain vendredi
devant lé jury d'expropriation. M* Lucien
Lheureux, du barreau de Paris, se pré-
sente pour Mlle Cécile Sorel et le bâton-
nier Marcaggi, du barreau de Toulon,
pour la marine.
N'eût-ce été l'obligation où elle se trou-
vait de partir pour l'Algérie, Mlle Sorel
eût plaidé elle-même sa cause. Les Tou-
lonnais s'en fussent certainement montrés
ravis.
GEO LoNDON.
EN 3* PAGB :
Les événements de Ilnde.
EN 4" PAGE :
M. P.-E. Flandin nous parle
de son voyage en Italie
La musique, par Louis AUBERT.
La huitième étape du Tour de France
EN 5' PAGE :
« Mon Curé chez les pauvres »
au théâtre Sarah-Bernhardt
Le Salon de 1930,
par G. DE PAWLOWSKI
EN 6* PAGE :
La Bourse de Paris.
LES DÉGRÈVEMENTS
et le marché de Paris
Ce que pense
le syndic des agents de change
de la tenue actuelle de laBonrse
Le Parlement -a voté à la. presque
unanimité les dégrèvements fiscaux
proposés par le gouvernement. La
majeure partie de ces dégrèvements
intéresse la • Bourse et les valeurs
mobilières. et M. Charles Dumont a
fait ressortir au Sénat que le simple
fait de proposer ces réductions d'im-
pôts constituait un grand acte de
courage de la part du gouvernement,
pénétré de l'intérêt et de l'avenir du
marché de Paris. Or, il est assez cu-
rieux de remarquer que les séances.
de Bourse qui ont suivi le vote de ces
dégrèvements ont été franchement
mauvaises. Doit-on admettre que le
public attende encore une accentuas
tion plus nette de la politique d'allé- *
gements et qu'il considère le vote ré-
cent du Parlement comme une sim-
ple indication ?
Ce qui, en tout cas, est certain -c'est
que îles milieux financiers comme
M. JAOOB
(Photo H, ManueL):
les milieux parlementaires sont pré-4
occupés par l'attitude du marché
En présence de cette situation,
nous avons demandé à la peraonpa."
lité la plus qualifiée, c'est-à-dire au
syndic des agents de, change, son opi-
nion sur la tenue de la Bourse de
Paris, dont le gouvernement est en.
droit de concevoir quelque amertume
a.près le vote des dégrèvements fis-
caux. (Suite, en 2' page.)
MON FILM
Des signes de plus en plus nom-
breux, concordants et précis annon-
cent une catastrophe dont la victime.
une, fois de plus, sera M. Gogo : c'est
la faillite - j'en parlais l'autre jour
ici-même - de la peinture des gens
qui ne savent pas, ou font semblant de
ne pas savoir, composer, dessiner, pein-
dre.
Il y aura des pleurs et des grince-
ments de dents au pays des snobs qui
— sur la foi d'une réclame savamment
organisée — ont payé très cher tant
de croûtes fabriquées en série par
d'anciens professeurs de patinage à
roulettes, des dockers échappés des
quais et autres marchands de pommes
de terre frites dont la réussite ahuris-
sante justifie le mot fameux d'un mar-
chand de tableaux : « A du génie qui
nous voulons ».
Les arts plastiques ne seront pas seuls
à quitter Sainte-Anne et la Maison
blanche pour rentrer dans le temple de
Minerve. C'est ainsi que la « nouvelle
musique » — celle des nouveaux jeu-
nes — s'insurge à son tour contre la
tyrannie des formules promulguées par
des esthètes qui se croient encore ré-
volutionnaires, alors qu'ils sont devenus
les pires pompiers. La musique des né-
gateurs de l'inspiration jaillissante, des
ennemis de la sensibilité, la musique
des sans-cœur ne sera bientôt plus
qu'un souvenir grinçant.
M. Paul Le Flem, chef d'orchestre,
animateur des célèbres chanteurs de
Saint-Gervais, critique musical auto-
risé et écouté, vient d'écrire ces lignes
dans Comœdia :
Fait curieux, les plus Jeunes de ces
compositeurs qui assistèrent à l'éclosion
d'une musique, objective, par principe,
et parfois rebelle aux sollicitations de la
sensibilité, — et qui, par ailleurs, furent
mêiés, malgré eux, au prodigieux déve-
loppement de la musique mécanique,
semblent ne prêter qu'une attention loin-
taine à tout ce qui pourrait rappeler la
dure précision du machinisme.
Un Jaubert semble repousser cette
maturité décevante. « La musique, dit-il,
doit revenir à la jeunesse. » Qu'est-il
besoin d'expliquer et de comprendre
alors que la « simple émotion humaine »
est sans doute quelque chose « d'autre-
ment neuf et autrement important ? ».
Delannoy, à son tour, ne fait-il pas appel
à « l'intuition poétique » en face des
(précisions de la technique ? Sauguet dit :
« Le grand secret, suivre son cœur. »
Et Maxime Jacob, « antimoderpe »,
ajoute : « Je mets mes dilections dans
ce qui forme, pour les gens, la poésie
bébête : les fleurs, le soleil, les oiseaux.
Et le soleil, les oiseaux et les fleurs plai-
ront plus longtemps que nous. »
Propos terriblement réactionnaires 1
Formules passe-partout bonnes pour l'in-
terview ? Lassitude de sensibilités oppri-
mées par un excès d'intellectualisme ?
Sensualisme prêt à s'épanouir ? Rappel
à l'ordre de la nature méprisée ? Tout
cela n'est pas nouveau, mais combien
humain, profondément humain ! Atten-
dons et observons 1
Voilà, n'est-il pas vrai ? des paroles
qui rendent un son nouveau. Elles
sont à rapprocher de ce qu'a écrit na-
guère M. André Levinson — critique
cependant peu suspect de béotisme —
sur la déplorable rupture de la musi-
que moderne avec la mélodie.
Mais cette musique de mathémati-
ciens constipés — lesquels n'eurent
d'ailleurs jamais l'oreille d'un public
avide d'émotion, de poésie, de rêve -
cette musique va retomber dans un si-
lence d'où elle n'aurait jamais dû sor-
tir.
Car, pareille aux grandes idées, la
vraie musique vient du cœur. -
CilMENT LVAUJEL» ,
, Le magnifique effort
de l'armée américaine
*
pendant la grande guerre
Par Paul PAINLgVE
« Non, on commande ou on ne cotn v
mande pas ! », a répondu Loch, i r
25 mars, à la proposition. du géjiéra*
Wilson préconilsant la création d'un
grand chef civil de la guerre, dont1
lui, Foch, serait le chef d'état-major
général. Dans le même tragique mo-
ment, l'armée anglaise parait écrasa.
Et le lendemain 26 mars, c'est l'en-
trevue historique de Doullens. Devant
le péril croissant, tout le monde tombe;
d'accord pour confier à Foch la Ènis-4
sion de coordonner les opérations des)
armées françaises et anglaises à letuj
point de jonction. Ce n'est pas oncorai
le commandement unique, re sont.
plutôt les pouvoirs prévus à Rapallo.
Même la convention de Beauvais qui*
le 3 avril, complète celle de Doul.
lens, donne seulement à Fodh « lai
direction stratégique des opëratKMM
militaires •».
Les Anglais exigent même qu'oïl
ajoute la restriction suivante: « Cha-*
que commandant en chef aura le droit}
d'en appeler à son gouvernement si
dan, son opinion son armée se trouvât
mise en danger par toutes instnic-*
tiens reçues du général Foch », et
cette autre restriction que « chaque
autre commandant en chef exerce
dans sa plénitude la conduite de son
armée ». Quant aux Américains, o'es'
seulement le 2 mail 1918, à Abbeviille,
qu'ils participent à l'organisation dit
commandement suprême. Bien quel
son pays ne'soit pas notre allié, mai.
simplement notre associé, le général
Pershing a reçu mandat d'assister ait
conseil de guerre d'Abbeville. C'est
là que Foch reçoit le titre de. com-
mandant en chef des armées alliée.
en France, y compris l'armée amêM
ricaine. 1 ■
, Mais, là encore, combien de rgsa
tri étions !
Celle-ci, par exemple : J'anméé
américaine « sera soumise à l'auto-*
rité directe de son chef et combattra
sous son propre drapeau ». Et celle-
ci surtout, qui dit qu'au sein de cette
armée « des divisions ou des corps
d'armée seront constitués avec leur.
| propre^ artilleries et services, celui
au gré du commandant en chef du
corps expéditionnaire américain qui
devra toutefois, au préalable, prendra
l'avis du commandant en chef des
armées alitées en France. » 1
Il est bien certain, d'après ce qu!
précède, que la général Foch devait
se considérer comme investi de l'a u-4
tonte internationale et qu'il n'&v&ili
point le droit de donner des ordres
aux armées alliées au nom 'du g ou■*
vern&ment français. Il est bien cer*
tain d'autre part que des pouvons b
ce point définis et limités lui per-
mettaient tout eu plus de déplacer
sur le front, sans fractionner, des
divisions anglaises ou américaines ;
encore le maréchal Haig, en mat. i 918.
à une heure des plus critiques de la
guerre, contestait-il au général FOOlt
le droit d'employer des réserves an-
glaises gui; le front de l'armée fran-i
çaise. *
Si Foch avait prétendu exercer sur
l'une ou l'autre des deux armées
alliées un commandement despotique
ou brutal, il eût tout brisé sans autraj
résultat que de blesser profondéJDAP.j
Xair le iQurnal des 17, ge et 29 Mrrltf
, l
LE NUMERO : 25 c. (N* 13709) & a a PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU .t..t.. MERCREDI 30 AVRIL 1930
Tél. Gtft. 81-54, 81-55, 81-56, 81-57, 81-58, 81-59
r. OSRAM
2 1
SE BRANCHANT SUR LE COURANT
E08 22I TRVISE PARIS
* ~=~ MONTRC t:
104 VOLTS
POUR 'T. S. F.
FJ6 6a'2VOLT5 ——————— *
4 POUR AUTOS
É'.S RICHARD HELLER
,20A22.CITÉ TRÉVISE , PARIS
IV
LA GRANDE CROISADE
des Compagnons de Jeanne d'Arc
« Seule, la France possède une
fleur pareille ! » m'avait dit, un
jour, à mon atelier, avec émotion,
M. Georges Clemenceau, en me
parlant de Jeanne d'Arc.
Il avait fallu, cependant, de ru-
des efforts et l'occasion du cin-
quième centenaire, pour que les
Français commençassent à com-
prendre la splendeur et la force du
capital moral que cette grande fi-
gure leur apportait par surcroît.
Je m'étais efforcé d'entraîner les
cœurs vers elle, et j'avais, dans ce
dessein, fait paraître, ici-même,
l'an passé, un article intitulé :
« Jeanne d'Arc, ange de la paix ».
J'y faisais appel aux hommes de
bonne volonté, leur rappelant qu'il
y avait cinq cents ans, une vierge
française s'était offerte pour le ra-
chat de sa patrie et qu'elle aimait
les causes justes et qu'elle aimait
la paix.
J'avais demandé que l'on m'ai-
ciât, dans une croisade sainte, à,
répandre davantage le bienfait de
sa pensée réconciliatrice et, du
monde entier, j'avais reçu d'émou-
Le motif du reliquaire* œuvre de
Maxime Real del Sarte.
vantes réponses et d'heureuses
suggestions. A Bône, déjà, sous
l'impulsion du docteur Honorât,
on inaugure cette année, pour la
première fois au delà des mers,
june statue de Jeanne messagère
pacifique.
J'avais compris qu'à une époque
aussi troublée que la nôtre, tandis
que les hommes semblent s'adon-
îier uniquement aux calculs de
leurs intérêts, j'avais compris et je
crois fermement que, du bûcher de
Jeanne, mystérieux creuset d'amour
et de sacrifice, de ce bûcher seul,
pouvait et peut surgir la grande
flamme susceptible, aux heures
graves, d'embraser les cœurs et de
les réunir.
L'adhésion des meilleurs à cette
pensée d'union sous son égide
sainte avait créé, dans mon esprit,
l'idée de l'AssociATiON DES COMPA-
GNONS DE JEANNE D'ARC, association
qui serait d'abord un rassemble-
ment des forces et des amitiés
nationales, avant d'étendre, à tra-
vers le mon.de, un vaste et mysté-
rieux réseau fait d'une commune
admiration pour l'Ange de la Paix.
Jeanne d'Arc, dont l'idée évoque
un frémissement d'ailes protecteur
et dépasse les limites de la terre,
paraît, en effet, être un ange ; elle
est autre chose et plus qu'un hom-
me dont elle a, cependant, les mâ-
les vertus et le courage ; elle est
Vautre chose et plus qu'une femme
dont elle a la tendresse, le charme
et la douceur.
Elle est exactement située sur ce
plan supérieur où l'humanité, de-
puis ses débuts, a cherché à fixer,
en le spiritualisant, un type qui fût
au-dessus des sexes, bénéficiant à
la fois des vertus de l'un et des
charmes de l'autre, associant l'idée
d'Apollon à celle de Diane, et réu-
nissant, dans une courbe frater-
nelle, la hanche de l'un, et la han-
che de l'autre.
Certes, Jeanne apparaît comme
un ange et, pour nous, comme
range même de la paix.
C'est inspirés par cette idée qui
porte en elle une si haute puis-
sance de salut que les « Compa-
gnons » se sont réunis. Ils ont
choisi pour chef le grand écrivain
qu'est notre camarade Binet-Val-
mer. Nous l'avons prié de se met-
tre à notre tête, lui à qui l'on doit
le retour et le culte du Soldat in-
connu, lui, le promoteur et le réa-
lisateur du monument de l'Armis-
tice, le fondateur de cette ardente
Ligue des chefs de section, dont le
'Journal fut l'allié si fidèle.
Grâce à l'organisation que nous
avons créée, en dehors de toute
ambition politique, de tout souci
confessionnel, les « Compagnons »
vont, d'ici quelques semaines,
rendre un magnifique hommage à
Jeanne d'Arc.
Un émouvant cortège d'hommes
au cœur dévoué, d'anciens combat-
tants et de jeunes gens, partira, à
pied, de Domrémy, au début de juin
et parcourra, pendant plus d'un an,
les étapes douloureuses suivies, il
y a cinq cents ans, par l'héroïque
enfant. Ils porteront sur leurs épau-
les un reliquaire précieux que
j'offre en hommage à Jeanne d'Arc
et que j'ai fait avec amour dans
les plus belles matières que j'ai
trouvées.
Ce reliquaire contiendra de la
terre prélevée à l'emplacement du
bûcher de Jeanne, comme l'attes-
tent deux actes authentiques dépo-
sés chez Me Perrot, notaire à Bourg-
la-Reine. L'un de ces actes est si-
gné par Sa Grandeur Monseigneur
André du Bois de la Villerabel, ar-
chevêque de Rouen.
Il n'était pas inutile de rappeler
ces choses qui ont été accomplies
avant que, dans. le èUençâ §1 l'in-
différence générale, la pioche des
ouvriers ait achevé de bouleverser
à jamais ce sol meurtri qui fut té-
moin de tant de douleurs acceptées.
Cet endroit, qui est le plus sacré
de France et l'un des plus grands
du monde, avait été volontairement
délaissé..
Le reliquaire que les « Compa-
gnons de Jeanne d'Arc » vont por-
ter, contiendra cette terre sacrée
qui fut mêlée à ses cendres et à
son sang : seule relique de Jeanne!
Il va traverser les grands champs
de bataille de la guerre, et pren-
dre, tout d'abord, contact avec cette
autre terre gonflée du sang de ceux
qui sont morts, comme elle, pour
la France. Communion émou-
vante dont Binet-Valmer (1) eut
l'idée et où les Français repren-
dront conscience de ce qu'ils se
doivent les uns aux autres et s'es-
timeront davantage, se souvenant
peut-être de l'union qui régnait
entre eux dans les tranchées. Là,
républicains et royalistes, socialis-
tes et communistes ne connais-
saient qu'une loi, celle du dévoue-
ment et du sacrifice, vraies et seu-
les bases de la fraternité.
C'est ce sentiment-là que jê rê-
verais de voir surgir à nouveau, car
rien de grand ne s'obtient que par
le sacrifice, et la leçon du bûcher
s'apparente à celle des tranchées,
où les hommes ont été vraiment di-
gnes de la reconnaissance du
monde.
Les anciens combattants entou-
reront ce reliquaire et lui feront
une garde d'honneur. Il y a là,
pour eux, une occasion de rappeler
qu'ils sont les frères de Jeanne
dans le sacrifice. En est-il de plus
complet que le leur, de plus grand
que le sien, elle qui, au printemps
de sa vie (elle n'avait pas vingt
ans) avait offert en holocauste son
cœur et toutes les promesses de sa
jeunesse pour le rachat du pays ?
De son bûcher, où domine l'idée
de la flamme, s'échappait une co-
lombe au moment de sa mort.
C'était l'emblème même de la paix,
celui qu'elle avait choisi comme
signe à Poitiers, au début de sa
mission, et nous demandons à tous
de là suivre dans son vol, sur les
routes de France, de cette France
où l'on souffre surtout de ne pas
s'entendre et de ne pas s'aimer.
MAXIME REAL DEL SARTE.
(1) Dâns un prochain article, Binet-
Valmer dira les hauts patronages qui
nous honorent et les moyens de notre
organisation.
Le sultan du Maroc
ferait prochainement
un voyage en France
RABAT, 29 avril.— Nous croyons savoir
que le sultan du Maroc ferait prochai-
nement un voyage en France. Le souve-
rain s'embarquerait le 31 mai prochain
et ferait dans la métropole un séjour de
deux mois environ. Son retour est prévu
pour les premiers jours d'août. (Journal.)
Pour défendre sa fille
un Italien tue un compatriote
- Au numéro 40 de la rue Curial de-
meure une très honorable famille ita-
lienne, dont le père, Michel, Mena.,
* Le meurtrier
50 ans, travaille comme manœuvre ma-
çon. Sa fille aînée, Angela, 23 ans, est
mariée à un ouvrier italien, Temporino,
et est employée dans une fonderie de
la rue de Flandre.
Depuis longtemps déjà la jeune fem-
me était en butte aux assiduités d'un
autre ouvrier italien, Antonio Frascagno,
31 ans, 13, rue Labois-Rouillon. Il au-
rait voulu que Mme Temporino aban-
donnât son mari pour se mettre en mé-
na.ge avec lui. Devant les refus réitérés
de cette dernière, il avait raconté à sa
propre femme que c'était Mme Tempo-
rino qui lui faisait des avances, si bien
qu'à deux reprises les deux femmes
avaient eu de violentes altercation? pu-
bliques. Se croyant offensée, Mme Fras-
cagno exigeait de Mme Temporino
qu'elle lui remit 5.000 francs
Sans ça, je dirai tout à ton mari I »
Entre temps, Frascagno, sans se rebu-
ter, ne cessait de poursuivre Mme Tem-
porino. Ces jours derniers, comprenant
qu'il ne viendrait pas à bout de la résis-
tance de la jeune Italienne, il se répan-
dit en menaces de mort:
« Je la tuerai et je tuerai toute sa
famille. »
Ces propos furent rapportés à Michel
Mella, qui, craignant pour la vie de sa
fille, s'arma d'un revolver qu'il ne por-
tait habituellement jamais et vint cha-
que jour l'attendre à la sortie de son
travail.
Hier soir, à 18 h. 30, le pèi\s et la fille
furent accostés en face du numéro 203
de la rue de Crimée, par Frascagno, qui.
sans préambule, insulta grossièrement
la jeune femme. Puis il mit la main à
sa poche de revolver.
Se croyant en état de légitime défense-,
le père sortit son arme et tira sur Fras-
cagno une balle qui l'atteignit à l'abdo-
men. Pendant que les témoins désar-
maient le meurtrier, qui n'opposa d'ail-
leurs aucune résistance, et le condui-
saient au commissariat de la rue de
Tanger, Frascagno trouvait la force de
faire quelques pas et d'entrer dans un
café, où il mourut aussitôt.
Les renseignements recueillis sur le
meurtrier sont excellents. Ceux qu'on 3
sur le compte de la victime sont détes-
iables, -'--'---',
Des cambrioleurs
tentent de piller
un château de l'Oise
et blessent un gardien
qui les met en fuite
Pour la deuxième fois en quelques
mois, le château de Glannes, situé Drès
de Clermont, dans l'Oise et propriété de
M. Gorisse, industriel, 16, rue Ampère,
à Paris, vient de recevoir la visite des
cambrioleurs. Cette fois encore, ils ont
été mis en fuite par M. Edmond Roche,
jardinier-concierge. Mais malheureuse-
ment celui-ci est tombé victime de son
courage; dérangés dans leur opération,
les bandits l'ont accueilli, à coups de re-
volver _et blessé grièvement.
Il était deux heures du matin. M. Ro-
che, qui occupait un petit pavillon près
de la porte d'entrée de la propriété, ne
dormait pas. Soudain, son attention fut
attirée par un bruit de vitres brisées. Il
se rappela que, la nuit du 18 au 19 no-
vembre dernier, des cambrioleurs étaient
entrés après avoir fracturé la porte vitrée
donnant derrière le château.
M. Roche s'habilla en hâte et s'arma
d'un revolver, puis se dirigea vers l'en-
droit d'où venait le bruit. Soudain, com-
me il contournait l'aile gauche du châ-
teau, il se trouva en présence d'un indi-
vidu qui faisait le guet.
Le malfaiteur, qui était armé d'un re-
volver, ouvrit le feu sur le jardinier.
Celui-ci riposta. Pendant ce temps, deux
autres individus sortaient du château et,
à leur tour, faisaient feu dans la direc-
tion du jardinier, tout en prenant la fuite
vers le fond du parc, où se trouve une
petite porte qu'ils avaient ouverte à l'aide
de fausses clés.
Pendant ce lemps, Mme Roche venait
au secours de son mari, et le trouvait
étendu sur le sol, la poitrine trouée d'une
balle.
M.Roche, qui a le poumon droit perforé,
a été dirigé sur la clinique- du docteur
Caragelle, à Amiens.
Grâce au courage de M. Roche les mal-
faiteurs n'avaient pas été plus heureux
que la première fois.
M. Gorisse, arrivé sur les lieux dans
la matinée, a constaté qu'on ne lui avait
M. EDMOND ROCHE
dérobé que son revolver, placé dans Je
tiroir de son bureau.
De l'enquête, menée par le lieutenant
Berstchi, il résulte que, comme la pre-
mière fois, les bandits sont venus en
auto. On a retrouvé leurs traces dans le
village de Quinquempoix, situé à trois ki-
lomètres du château, en direction de
Paris.
Le 1 er mai à Paris
Les organisations affiliées à la G. G. T.
ont « invité » leurs adhérents à
chômer demain, 1er mai. La C. G. T. U.
a donné l'ordre à ses troupes de ne pas
travailler. Invitation ou ordre, le mot ne
changera rien à la chose. Les travailleurs
du bâtiment et de la métallurgie feront
grève po.ur cette excellente raison que le 1
1er mai, afin d'éviter des incidents et
d'immobiliser inutilement des forces de
police, la plupart des usines et chantiers
sont fermés.
Les chauffeurs de taxis, unitaires ou
confédérés, chômeront également, mais
ce n'est pas une nouveauté, c'est une
habitude : ce jour-là le piéton est roi.
Les transports en surface seront as"
sures normalement, tout au moins jusqu'à
20 heures. Quant au métro, il ne connaît
plus aucune défaillance depuis que les
élèves des grandes écoles sont initiés au
pilotage des rames. Les cafés, les res-
taurants, les magasins seront ouverts
comme à l'ordinaire, les cinémas et les
théâtres également. Tout au plus pour-
rait-on constater un mouvement isolé de
la part de machinistes unitaires. En
somme, à moins d'incident imprévu et
malgré le désir des communistes de
« tenir la rue », ce fer mai se déroulera
normalement. D'ailleurs M. Chiappe et
sa garde veilleront à chaque carrefour et
ne se laisseront pas surprendre.
Une victime de l'accident du mètre
meurt à l'hôpital de Vaugirârd
Mme Madeleine Petro, 32 ans, mécani-
cienne, 25, rue Vallier, à Levallois, qu
avait été blessée dans l'accident du métro.
POlitain du 21 avril, est décédée à l'hôpita!
de Vaugrirard. où elle était en traitement
Le corps a été envoya à l'institut médico-
légal.
ON DECOUVRE DANS UN PLACARD
le cadavre d'une lemme coupée en morceaux
Le mari, auteur du crime, s'est suicidé
Le picard où l'on a retrouvé le cadavre ; les époux ALBIZÉ,
le jour de leur mariage
Voici un affreux drame dû à l'un
de ces demi'-fous, de ces psychopa-
thes sur lesquels le Dr Toulouse,
ici même, a si souvent attiré l'atten-
tion publique.
Dans un placard du logement
qu'elle habitait, 8, rue Lepeu-proje-
tée, le cadavre horriblement mutilé
de Mme Marie Albizé, âgée de vingt
ans, a été découvert, hier matin, à six
heures, par la mère de la victime,
Mme Boulon, demeurant au numéro
28 de la même rue.
Le récit de la mère
Voici les faits, tels qu'ils nous ont
été contés par l'infortunéo maman
elle-même, quelques heures seule-
ment après la macabre découverte.
Ma fille, née Marie-Albertine-Charlotte
Gros, nom de mon premier mari, le 23
juillet 1910 à Montmorency, était mariée
depuis quatre mois avec un ouvrier bou-
langer, René-Gratien Albizé, de dix-sept
ans son aîné, originaire de. Ma.gny-en-
Vexin. Brave garçon, père — d'un pre-
mier lit — d'une fillette de 7 ans, la pe-
tite Mauricette, il aurait pu être pour ma
fille un excellent mari s'il, n'avait été su-
jet à des crises qui, voici quelques an-
nées déjà, avaient nécessité son admis-
sion à l'hôpital d'Auibervilliers. De plus,
il avait, au lendemain de la mort de ea
première femme, contracté la fâcheuse
habitude de boire un peu plus que de rai-
son, et son humeur souvent s'en ressen-
tait.
11 était violent et souvent ma fille, en
pleurant, vint mé conter la scène de stu-
pide jalousie qu'il venait encore de lui
faire. Car il était jaloux comme il n'est
point possible de l'être.
Mais ma fille supportait sans mau-
gréer le mauvais caractère de son mari.
Or, jeudi soir, je reçus la visite de Marie.
Je pensai immédiatement qu'une nou-
velle querelle avait éclaté. Elle ne me
dit rien de semblable, pourtant. Le len-
demain, à midi, mon gendre vint déjeu-
ner chez moi, ma fille, étant partie le
matin pour Achères, passer la journée
chez son be-iu-frère qui est cantonnier
aux chemins de fer."
« Marie ne vous a rien dit ? Vous ne
l'avez pas vue, ce matin, avant son dé-
, I part ?» me demanda-t-il en déjeunant.
Mais à ma réponse négative, il jugea
inutile sans doute de m'en dire plus. et
je n'appris rien, ce qui me renforça dans
'l\{AURlCETTE, fille du meurtrier
1 cette-idée que de nouvelles discussions
s'étaient produites. Le soir, il partit pour
Achères chercher ma fille. et Ils ren-
trèrent ensemble à Paris, à 11 heures.
Mais je ne les revis ni l'un ni l'autre de
toute la journée de samedi.
Dimanche passa sans que je reçoive lai
visite de ma fille. Je crus qu'ils étaient
retournés à AClhères. Lundi, je m'éveHlai
inquiète et écrivis au frère de mon gen-
dre, M. Aristide Albizé, pour savoir si
mes enfants étaient dhez Luj.
A midi, une lettre de mon gendre
m'annonça qu'ils partaient tous pour
Magny-en-Vexin. Je m'en trouvai un
peu rassurée lorsque, dans la soirée,
vers 8 heures, je vis arriver M. Aristide
Docteur PAUL M. PRESSARD
Albizé qui me montra une lettre dans
laquelle son frère lui annonçait qu'il se
suicidait dans le bois de la Ballastière,
à Achères, où, en effet, on devait décou-
vrir son cadavre, la gorge tranchée d'un
coup de rasoir. M. Aristide m'apprit, du
même coup', qu'il n'avait point revu ma
fille depuis vendredi soir. Qu'était-elle
devenue, ma pauvre enfant ? Je ne fis
qu'un saut jusque chez elle. En compa-
gnie du frère de mon gendre, je visitaI
les deux pièces de son logement et la
cuisine sans rien trbuver, lettre oti pa-
pier quelconque qui pût me renseigner
sur son sort.
Je rentrai à la maison.
Mais je ne dormis guère de la nuit,
vous le pensez. Un horrible pressenti-
ment, petit à petit, se dessinait dans ma
pauvre tête. A 5 heures, je réveillai mon
mari et tous deux nous nous rendîmes de
nouveau au logement de ma fille.
Le placard macabre
Un placard, à charbon, qui se trouve
dans l'entrée et que je n'avais point pensé
à- ouvrir la veille, fut la première ca-
chette que mon mari inspecta. Il recula,
terrifié, et m'entraîna au dehors.
« C'est épouvantable, me dit-N, cou-
rons prévenir la police. Il te l'a tuée 1 »
(La suite en 3' page.)
AUTORISATION SPÉCIALE - -
Le garçon limonadier. — Et moi ? f peux t'y travailler le 1" Mai ?
-- » Bi§n sûr ! on aura besoin de loi, faut fias nous lâcher l (Dessin âe Cbt GEiNTY,}
M"* Cécile Sorel
va plaider
contre la marine nationale
qui veut installer une batterie
dans sa propriété de Sanary
Le palais de justice de Toulon, clair ef
coquet comme un casino dans sax blan-
cheur toute neuve, va retentir, après-
demain vendredi, d'un nom prestigieux:
celui de Mlle Cécile Sorel.
Notre Célimène nationale qui a tou-
jours manifesté assez peu de goût pour
jouer les Plaideurs, vient de se voir obli-
gée par certaines circonstances à attraire
en justice un adversaire peu banal, puis-
qu'il s'agit en l'espèce de la marine na-
tionale. Pas moins !.
L'histoire vaut d'être contée. Or donc
la marquise de Stgur et son mari 'on\ fait
l'acquisition à Sanary, près de Toulon,
d'une magnifique propriété. C'est là
qu'entre ses triomphes sur la scène, Céli-
mène vient goûter les charmes du repos
et les joies conjuguées de la Provence et
de la mer. C'est là qu'elle compte s'ins-
taller au temps encore'lointain où elle
songera à prendre une retraite qui na-
vrera, le monde entier.
Hélas ! la marine nationale vient de
faire une brèche importante dans le do-
maine: elle en a réquisitionné une partie
pour y installer une batterie.
Mlle Cécile Sorel espérait que la Confé-
rence navale de Londres changerait les
plans de la marine. Il n'en fut rien, et
Mlle Cécile Sorel, bien qu'elle aime les
marins presque autant que son voisin du
cap Brun, M. Félix Mayol, n'a pu se
résoudre de bonne grâce à ce sacrifice.
L'affaire vient après-demain vendredi
devant lé jury d'expropriation. M* Lucien
Lheureux, du barreau de Paris, se pré-
sente pour Mlle Cécile Sorel et le bâton-
nier Marcaggi, du barreau de Toulon,
pour la marine.
N'eût-ce été l'obligation où elle se trou-
vait de partir pour l'Algérie, Mlle Sorel
eût plaidé elle-même sa cause. Les Tou-
lonnais s'en fussent certainement montrés
ravis.
GEO LoNDON.
EN 3* PAGB :
Les événements de Ilnde.
EN 4" PAGE :
M. P.-E. Flandin nous parle
de son voyage en Italie
La musique, par Louis AUBERT.
La huitième étape du Tour de France
EN 5' PAGE :
« Mon Curé chez les pauvres »
au théâtre Sarah-Bernhardt
Le Salon de 1930,
par G. DE PAWLOWSKI
EN 6* PAGE :
La Bourse de Paris.
LES DÉGRÈVEMENTS
et le marché de Paris
Ce que pense
le syndic des agents de change
de la tenue actuelle de laBonrse
Le Parlement -a voté à la. presque
unanimité les dégrèvements fiscaux
proposés par le gouvernement. La
majeure partie de ces dégrèvements
intéresse la • Bourse et les valeurs
mobilières. et M. Charles Dumont a
fait ressortir au Sénat que le simple
fait de proposer ces réductions d'im-
pôts constituait un grand acte de
courage de la part du gouvernement,
pénétré de l'intérêt et de l'avenir du
marché de Paris. Or, il est assez cu-
rieux de remarquer que les séances.
de Bourse qui ont suivi le vote de ces
dégrèvements ont été franchement
mauvaises. Doit-on admettre que le
public attende encore une accentuas
tion plus nette de la politique d'allé- *
gements et qu'il considère le vote ré-
cent du Parlement comme une sim-
ple indication ?
Ce qui, en tout cas, est certain -c'est
que îles milieux financiers comme
M. JAOOB
(Photo H, ManueL):
les milieux parlementaires sont pré-4
occupés par l'attitude du marché
En présence de cette situation,
nous avons demandé à la peraonpa."
lité la plus qualifiée, c'est-à-dire au
syndic des agents de, change, son opi-
nion sur la tenue de la Bourse de
Paris, dont le gouvernement est en.
droit de concevoir quelque amertume
a.près le vote des dégrèvements fis-
caux. (Suite, en 2' page.)
MON FILM
Des signes de plus en plus nom-
breux, concordants et précis annon-
cent une catastrophe dont la victime.
une, fois de plus, sera M. Gogo : c'est
la faillite - j'en parlais l'autre jour
ici-même - de la peinture des gens
qui ne savent pas, ou font semblant de
ne pas savoir, composer, dessiner, pein-
dre.
Il y aura des pleurs et des grince-
ments de dents au pays des snobs qui
— sur la foi d'une réclame savamment
organisée — ont payé très cher tant
de croûtes fabriquées en série par
d'anciens professeurs de patinage à
roulettes, des dockers échappés des
quais et autres marchands de pommes
de terre frites dont la réussite ahuris-
sante justifie le mot fameux d'un mar-
chand de tableaux : « A du génie qui
nous voulons ».
Les arts plastiques ne seront pas seuls
à quitter Sainte-Anne et la Maison
blanche pour rentrer dans le temple de
Minerve. C'est ainsi que la « nouvelle
musique » — celle des nouveaux jeu-
nes — s'insurge à son tour contre la
tyrannie des formules promulguées par
des esthètes qui se croient encore ré-
volutionnaires, alors qu'ils sont devenus
les pires pompiers. La musique des né-
gateurs de l'inspiration jaillissante, des
ennemis de la sensibilité, la musique
des sans-cœur ne sera bientôt plus
qu'un souvenir grinçant.
M. Paul Le Flem, chef d'orchestre,
animateur des célèbres chanteurs de
Saint-Gervais, critique musical auto-
risé et écouté, vient d'écrire ces lignes
dans Comœdia :
Fait curieux, les plus Jeunes de ces
compositeurs qui assistèrent à l'éclosion
d'une musique, objective, par principe,
et parfois rebelle aux sollicitations de la
sensibilité, — et qui, par ailleurs, furent
mêiés, malgré eux, au prodigieux déve-
loppement de la musique mécanique,
semblent ne prêter qu'une attention loin-
taine à tout ce qui pourrait rappeler la
dure précision du machinisme.
Un Jaubert semble repousser cette
maturité décevante. « La musique, dit-il,
doit revenir à la jeunesse. » Qu'est-il
besoin d'expliquer et de comprendre
alors que la « simple émotion humaine »
est sans doute quelque chose « d'autre-
ment neuf et autrement important ? ».
Delannoy, à son tour, ne fait-il pas appel
à « l'intuition poétique » en face des
(précisions de la technique ? Sauguet dit :
« Le grand secret, suivre son cœur. »
Et Maxime Jacob, « antimoderpe »,
ajoute : « Je mets mes dilections dans
ce qui forme, pour les gens, la poésie
bébête : les fleurs, le soleil, les oiseaux.
Et le soleil, les oiseaux et les fleurs plai-
ront plus longtemps que nous. »
Propos terriblement réactionnaires 1
Formules passe-partout bonnes pour l'in-
terview ? Lassitude de sensibilités oppri-
mées par un excès d'intellectualisme ?
Sensualisme prêt à s'épanouir ? Rappel
à l'ordre de la nature méprisée ? Tout
cela n'est pas nouveau, mais combien
humain, profondément humain ! Atten-
dons et observons 1
Voilà, n'est-il pas vrai ? des paroles
qui rendent un son nouveau. Elles
sont à rapprocher de ce qu'a écrit na-
guère M. André Levinson — critique
cependant peu suspect de béotisme —
sur la déplorable rupture de la musi-
que moderne avec la mélodie.
Mais cette musique de mathémati-
ciens constipés — lesquels n'eurent
d'ailleurs jamais l'oreille d'un public
avide d'émotion, de poésie, de rêve -
cette musique va retomber dans un si-
lence d'où elle n'aurait jamais dû sor-
tir.
Car, pareille aux grandes idées, la
vraie musique vient du cœur. -
CilMENT LVAUJEL» ,
, Le magnifique effort
de l'armée américaine
*
pendant la grande guerre
Par Paul PAINLgVE
« Non, on commande ou on ne cotn v
mande pas ! », a répondu Loch, i r
25 mars, à la proposition. du géjiéra*
Wilson préconilsant la création d'un
grand chef civil de la guerre, dont1
lui, Foch, serait le chef d'état-major
général. Dans le même tragique mo-
ment, l'armée anglaise parait écrasa.
Et le lendemain 26 mars, c'est l'en-
trevue historique de Doullens. Devant
le péril croissant, tout le monde tombe;
d'accord pour confier à Foch la Ènis-4
sion de coordonner les opérations des)
armées françaises et anglaises à letuj
point de jonction. Ce n'est pas oncorai
le commandement unique, re sont.
plutôt les pouvoirs prévus à Rapallo.
Même la convention de Beauvais qui*
le 3 avril, complète celle de Doul.
lens, donne seulement à Fodh « lai
direction stratégique des opëratKMM
militaires •».
Les Anglais exigent même qu'oïl
ajoute la restriction suivante: « Cha-*
que commandant en chef aura le droit}
d'en appeler à son gouvernement si
dan, son opinion son armée se trouvât
mise en danger par toutes instnic-*
tiens reçues du général Foch », et
cette autre restriction que « chaque
autre commandant en chef exerce
dans sa plénitude la conduite de son
armée ». Quant aux Américains, o'es'
seulement le 2 mail 1918, à Abbeviille,
qu'ils participent à l'organisation dit
commandement suprême. Bien quel
son pays ne'soit pas notre allié, mai.
simplement notre associé, le général
Pershing a reçu mandat d'assister ait
conseil de guerre d'Abbeville. C'est
là que Foch reçoit le titre de. com-
mandant en chef des armées alliée.
en France, y compris l'armée amêM
ricaine. 1 ■
, Mais, là encore, combien de rgsa
tri étions !
Celle-ci, par exemple : J'anméé
américaine « sera soumise à l'auto-*
rité directe de son chef et combattra
sous son propre drapeau ». Et celle-
ci surtout, qui dit qu'au sein de cette
armée « des divisions ou des corps
d'armée seront constitués avec leur.
| propre^ artilleries et services, celui
au gré du commandant en chef du
corps expéditionnaire américain qui
devra toutefois, au préalable, prendra
l'avis du commandant en chef des
armées alitées en France. » 1
Il est bien certain, d'après ce qu!
précède, que la général Foch devait
se considérer comme investi de l'a u-4
tonte internationale et qu'il n'&v&ili
point le droit de donner des ordres
aux armées alliées au nom 'du g ou■*
vern&ment français. Il est bien cer*
tain d'autre part que des pouvons b
ce point définis et limités lui per-
mettaient tout eu plus de déplacer
sur le front, sans fractionner, des
divisions anglaises ou américaines ;
encore le maréchal Haig, en mat. i 918.
à une heure des plus critiques de la
guerre, contestait-il au général FOOlt
le droit d'employer des réserves an-
glaises gui; le front de l'armée fran-i
çaise. *
Si Foch avait prétendu exercer sur
l'une ou l'autre des deux armées
alliées un commandement despotique
ou brutal, il eût tout brisé sans autraj
résultat que de blesser profondéJDAP.j
Xair le iQurnal des 17, ge et 29 Mrrltf
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.99%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.99%.
- Collections numériques similaires Hecquet Philippe Hecquet Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hecquet Philippe" or dc.contributor adj "Hecquet Philippe")Georgii Baglivi,... Opera omnia medico-practica et anatomica. Hac sexta editione post ultimam Ultrajectinam aucta novisque locupletata dissertationibus, epistolis et praefatione... Accedit tractatus de vegetatione lapidum... necnon de terrae motu romano et urbium adjacentium, anno 1703 /ark:/12148/bpt6k4228596x.highres De l'indecence aux hommes d'accoucher les femmes, et de l'obligation aux femmes de nourrir leurs enfans. 1re partie, [18]-94 p. / . Pour montrer par des raisons de physique, de morale, & de medecine, que les meres n'exposeroient ni leurs vies ni celles de leurs enfans, en se passant ordinairement d'accoucheurs & de nourrices. /ark:/12148/bpt6k1269220j.highres
- Auteurs similaires Hecquet Philippe Hecquet Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Hecquet Philippe" or dc.contributor adj "Hecquet Philippe")Georgii Baglivi,... Opera omnia medico-practica et anatomica. Hac sexta editione post ultimam Ultrajectinam aucta novisque locupletata dissertationibus, epistolis et praefatione... Accedit tractatus de vegetatione lapidum... necnon de terrae motu romano et urbium adjacentium, anno 1703 /ark:/12148/bpt6k4228596x.highres De l'indecence aux hommes d'accoucher les femmes, et de l'obligation aux femmes de nourrir leurs enfans. 1re partie, [18]-94 p. / . Pour montrer par des raisons de physique, de morale, & de medecine, que les meres n'exposeroient ni leurs vies ni celles de leurs enfans, en se passant ordinairement d'accoucheurs & de nourrices. /ark:/12148/bpt6k1269220j.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k76309298/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k76309298/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k76309298/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k76309298/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k76309298
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k76309298
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k76309298/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest